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#78 Services en or Cher haut de gamme Février 2013 Régulation La banque face à ses nouveaux défis le magazine de l’industrie bancaire et des moyens de paiement Dématérialisation des contrats La bancassurance danse-t-elle sur un volcan ? PCI-DSS Entreprises : elles rentrent dans le rang ! L’euro unifié ? Sepa, c’ e st pasça Les vraies causes d’un rendezvous difficile éditorial est publié par Publi-News 23 bis rue Danjou, 92100 Boulogne-Billancourt Directeur de la publication Marc Laufer E-mail publi.news @publi-new s.fr Tél. 01 41 49 93 60 Fax 01 47 57 37 25 rédaction Rédacteur en chef Olivier Magnan, olivier.magnan @publi-news.fr Rédactrice en chef adjointe Andréa Toucinho, andrea.toucinho @publi-news.fr Conception artistique Bertrand Grousset Publi-News. Toute l’information des professionnels de la banque et de l’assurance. ÉTUDES & GUIDES En format Print u Point Banque (magazine) u Banques des Particuliers u Financement des Particuliers u Banques des Professionnels u Banques des Entreprises u L’Observatoire des Produits Bancaires u L’Observatoire des Produits d’Assurance u Assurances des Particuliers u La Lettre du Conseil En format électronique u Technologies Bancaires u Banques Hebdo u Banking in France u Sécurité Informatique u Systèmes de Paiement SUR LE WEB u www.pointbanque.fr u Cartes Innovantes 2013 u Guide des Produits Bancaires u Guide des Produits d’Assurance u Guide de la Fidélisation u Guide pratique des Progiciels bancaires SALONS u PayFORUM 2013 - 20-21 mars 2013 u Solutions Bancaires 2013 – 4 juin 2013 CONFÉRENCES & ÉVÉNEMENTS u Trophées des Cartes Innovantes 2013 u Trophées des Paiements Innovants 2013 u Trophées des Solutions Bancaires Innovantes 2013 23 bis rue Danjou, 92100 Boulogne-Billancourt – France – Tél : +33 (0)1 75 60 28 40 Fax : +33 (0)1 47 57 37 25 – E-mail : [email protected] – www.pointbanque.fr Publicité Publi-News Régie Directeur général Pierre Sacksteder, 01 75 60 28 40, pierre.sacksteder @publi-news.fr Directeur de clientèle David Toboul, 01 75 60 28 55, [email protected] Responsable marketing Aurélien Virard, 01 75 60 28 59, aurelien.virard @publi-news.fr Traffic Manager Laure Méry, 01 75 60 28 51, [email protected] Abonnements Isabelle Lancry Tél : 01 41 49 93 63/64 SIREN 330 394 834 ISSN 1953-5538 N° de commission paritaire 0317 T 79528 Imprimerie MauryImprimeur/Manchecourt RN 152, 45300 Manchecourt Toute reproduction ou représentation, intégrale ou partielle quel qu’en soit le procédé, le support ou le média, est strictement interdite sans l’autotisation de l’éditeur, sauf dans les cas prévus par l’article L.122-5 du Code la propriété intellectuelle. Commission d’interchange L’Europe aveugle 1,5 Md€ : la commission multilatérale d’échange annuelle encaissée par les banques grâce aux transactions. Menacée. 1 Décidément, « elles » sont dans le collimateur. Les banques, bien sûr. Responsables de tous les maux de la planète finance. Oui, certes, elles ont eu de quoi battre leur coulpe quand les bulles spéculatives éclatées ont montré la « misère de la finance moderne », pour reprendre partiellement le titre d’un ouvrage exceptionnel*. Mais le même livre ose aussi le mot « grandeur » : la banque OLIVIER a-t-elle réussi, oui ou non, à mettre en MAGNAN place un système universel de carte de Rédacteur paiement, acceptée partout, reconnue en chef par tous les canaux, sécurisée à un degré qui tient du prodige compte tenu des milliards de transactions et du « génie » des fraudeurs : 0,077 % de taux de fraude ! (chiffre Banque de France, 2011). Or la toute-puissance d’autorités européennes non élues, incapables de bâtir une Europe unie dans le respect des états, est en train d’essayer de casser cette réussite au nom d’un péché mortel dont se seraient rendues coupables les banques : l’accord. L’accord entre elles sur les commissions d’interchange. Ah ! les pelées, les galeuses, d’où venait tout le mal. Les suceuses de sang d’un consommateur matraqué ! Ramener le taux d’interchange à zéro ? Dans les salons feutrés où se réunissent les banquiers, la menace, cette fois, confine à une déclaration de guerre. La suppression de cette commission, loin de bénéficier à leurs clients, risque tout simplement de transformer une carte bancaire en lingot d’or inaccessible… La Fédération bancaire française se rebelle. Elle ira jusqu’au bout. à juste titre. Déjà minorée de 36 % en 2011 par l’Autorité de la concurrence en France, la commission d’interchange réduite à néant par Bruxelles serait le point de départ d’une crise quasi systémique dont les obsédés d’une concurrence faussée imaginaire ne semblent pas avoir idée. La banque française est résiliente, elle l’a montrée. Jusqu’au moment où faute de ressources légitimes, elle s’effondrera. Mais c’est peut-être bien ce que veut une Commission européenne aveugle ? * Grandeur et misère de la finance moderne où s’expriment 45 économistes, Cercle Turgot, Eyrolles. Toute l’info bancaire, tout le temps sur www.pointbanques.fr 3 point banque février 2013 #78 Février 2013 sommaire Ayez toutes les cartes en mains pour développer vos offres de paiement corporate & stratégies éTUDE CARTES INNOVANTES 2013 500 offres de cartes bancaires parmi les plus innovantes au monde éditorial 3 briefing tableau de bord 7 8 produits & innovation 14 marketing & communication 17 J -1 an, les normes européennes des moyens de paiement encore en retard 8e édition u Cartes de fidélité u Cartes prépayées u Cartes personnalisées u CARTES Sans contact u Paiement mobile u et aussi les paiements alternatifs Régulation L’interview18 Ronan Le Moal rendez-vous nominations chroniques Index annonceur 23 bis rue Danjou 92100 Boulogne-Billancourt – France – Tél : +33 (0)1 75 60 28 40 Fax : +33 (0)1 47 57 37 25 – E-mail : [email protected] – www.pointbanque.fr SEPA,c’est pasça 40 Atos Worldline 54 56 60 22 Bâle III, Solvency II : banques et assureurs sereins ? 26 Comment les services en or s’organisent PCI-DSS Haut de gamme 34 Dématérialisation 37 30 Attention ! La signature électronique et ses pièges... Les entreprises françaises ont plié Cartes entreprises Pourquoi elles sont plébiscitées 5 point banque février 2013 Tous les jours toute l’actualité toutes les banques /// tous les produits /// tous les moyens de paiement /// toutes les technologies /// toute la sécurité /// toute l’assurance /// tous les mouvements… briefing Banque de détail : et si on reparlait des conseillers ? tableau de bord Comment évolue votre opinion dans ces domaines ? Ressenti de bien-être au travail (% d’opinions tout à fait /plutôt positives) Comment évolue votre opinion sur ces points précis ? Confiance personnelle des Confiance personnelle clients à l’égard de votre des clients à l’égard des entreprise en général conseillers qui les suivent (% d’opinions tout à fait /plutôt positives) 54 % moins de 35 ans 50 % 35-44 ans 41 % 45 ans et plus Abonné à l’une des 14 lettres de l’offre éditoriale PubliNews ? Retrouvezla en libre accès avant sa parution imprimée. MOYENNE (% d’opinions tout à fait /plutôt positives) Pour ne pas perdre le fil… le fil d’infos en continu 50 % moins de 35 ans 45 ans et plus Besoin de la totalité d’un article d’une autre lettre : achetez-le en ligne. 49% Soutien de la hiérarchie via ses méthodes d’animation et management pour augmenter la satisfaction clients 35-44 ans 73% MOYENNE 35 % 35 % MOYENNE 41% Les réseaux d’agences bancaires sont sous la pression de plusieurs évolutions structurelles (nouveaux comportements des clients, baisse de fréquentation importante, montée en puissance du numérique…) Un impératif : s’adapter. Dans une étude récente conduite par Stanwell Consulting auprès de 300 conseillers (tous les réseaux confondus), plus de 40 % des conseillers clientèle (% d’opinions tout à fait /plutôt positives) MOYENNE 79% 49% 52% 24% 27% 11% 16% l de + en + positive l plutôt positive mais sans évolution Combien de fois avez-vous changé d’agence au cours des 10 dernières années (mobilité) ? expriment une opinion négative. Sur… l’accompagnement de leur management dans l’atteinte de leurs objectifs. Sur… la confiance vis-à-vis de leurs états-majors à donner des réponses appropriées face aux attentes des clients. Ils révèlent ainsi un besoin de clarification sur leurs devenirs, rôles et méthodes pour mettre en cohérence les enjeux de la banque et les défis de demain. Pour apaiser ces angoisses, ils 9% 12% 4 fois et + 3 fois 2 fois 1 fois jamais l plutôt négative mais sans évolution 24% 22% 21% 17% 16% se rangent aux côtés de leurs clients avec lesquels ils estiment développer une relation de confiance. Avec le risque, pour les états-majors des banques de détail, s’ils tardaient à proposer un nouvel élan porteur d’avenir et de sens ,tant dans le discours que dans les actes, que la fracture ne se creuse. Au moment où les grands réseaux repensent leur structure de coûts et organisent la montée l de + en + négative 46 % des conseillers ont changé au moins 3 fois d’agence sur les 10 dernières années en charge du numérique, ce risque n’est pas à négliger : dans la banque de détail, la bataille se gagne toujours sur le terrain ! Nicolas Floquet, président de Stanwell Consulting. • L’étude : L’évolution des réseaux bancaires vue par les conseillers • Les contacts : Nicolas Floquet, [email protected], et Thomas Tugendhat, associé, [email protected]. www.stanwell.fr 7 point banque février 2013 briefing 8 % de progression des transactions Visa en un an corporate & stratégies Visa Europe mise sur « la Déploiement du portefeuille électronique de dépenses sur ce type de cartes. Philippe Menier prévoit 70 millions de cartes V PAY en Europe en 2015. 2013 verra l’e-wallet V.me s’ouvrir à toutes les cartes. Il sera accessible via la banque, il assurera un paiement sécurisé sur Internet. « Les premiers marchés de V.me sont le Royaume-Uni, l’Espagne et la France avec onze banques déjà engagées. Nous travaillons avec trois marchés. Certaines banques sont en train d’intégrer la plate-forme V.me pour un lancement au second trimestre 2013. Nous prévoyons de lancer la solution en Irlande, Pologne et Allemagne d’ici à la fin 2013 », détaille Philippe Menier. La promesse : tous les paiements en ligne à partir d’un seul portefeuille. Il sera progressivement complété par des services à valeur ajoutée tels que le paiement de personne à personne. Investir dans les nouveaux moyens de paiement L’association a consacré 18 % des 1 110 M€ de son chiffre d’affaires 2012 à des investissements dans les nouveaux moyens de paiement. Avec, en première ligne, « la révolution mobile ». « Notre priorité immédiate est de donner aux consommateurs des moyens de paiement mobiles plus rapides et plus sécurisés », estime Philippe Menier. En 2020, ajoute-t-il, « 50 % des transactions Visa transiteront par un support mobile ». De quoi justifier l’alliance de l’entité avec Monitise, Vodafone, Telefonica ou encore Samsung pour se positionner sur les supports mobiles. prochaine génération de paiements » Philippe Menier Visa Europe France enrichit sa palette de cartes en 2013 Le système de paiement leader en Europe annonce 8 % de progression des transactions Visa en un an. « Nous sommes, a dit le directeur général délégué, Philippe Menier, dans un monde de standards qui nécessite des investissements massifs pour installer durablement une solution. » 1 Quand l’un des réseaux géants de paiement annonce ses résultats, la planète finance s’arrête de tourner. Ce qui est arrivé le 15 janvier : Visa Europe a présenté ses chiffres annuels en Europe et en France. Avec 1 300 Md€ de dépenses annuelles en 2012 en Europe, dont 1 000 Md par carte de débit, l’association européenne s’est félicitée à bon droit : la conjoncture 8 point banque février 2013 difficile aurait pu plomber des chiffres somme toute « encourageants ». Le chiffre d’affaires 2012 de Visa Europe atteint 1 110 M€, pour 466 millions de cartes en circulation en Europe, soit une hausse de 5 % par rapport à l’année précédente. Le débit continue de jouer les moteurs de croissance Avec 307 millions de cartes de débit en circulation (+ 6,4 %) et une hausse de 10,9 % des transactions de débit et 79 % des dépenses par cartes de débit, les chiffres en croissance de Visa Europe marquent aussi les dépenses par carte entreprise (+ 17,6 %) et par carte prépayée (+18,3 %). « La croissance de V PAY – carte de paiement EMV sans piste magnétique – va également se poursuivre », selon Philippe Menier, deputy CEO de Visa Europe. Elle enregistre une hausse de 49,2 % en nombre et de 81,4 % La France ? Second marché de Visa en Europe après le Royaume-Uni, rappelle Gérard Nébouy, executive director de Visa Europe France. De quoi donner des ailes à l’association européenne qui mise en 2013 sur l’enrichissement de son parc de cartes dans l’Hexagone. Avec 36,6 millions de cartes de paiement en circulation en France, dont 34,7 millions dans les portefeuilles des particuliers et 1,9 million en entreprises, Visa Europe France mise à la fois sur des outils d’entrée de gamme et des supports premium. « Visa Europe compte en France 5 millions de cartes Visa Electron, 370 000 cartes V PAY, 23,5 millions de cartes Visa Classic et 1 million de cartes prépayées, la plupart distribuées en marque blanche sous la forme de cartes cadeaux », détaille Gérard Nébouy. Côté cartes premium, Visa Europe n’est pas en reste en France avec une progression de 8,3 %. À la de huit sur dix au service de conciergerie qui y est inclus » : on pavoise chez Visa. 2013, année de déploiement du sans contact ? Gérard Nébouy Visa Premier s’ajoute la Visa Platinum, déployée en plusieurs dizaines de milliers d’unités par le groupe BPCE qui sera, selon Gérard Nébouy, prochainement rejoint par au moins deux autres banques courant 2013. Sans oublier Visa Infinite et ses 160 000 porteurs, actuellement en cours d’enrichissement. « 90 % des porteurs de la carte Infinite sont satisfaits et 80 % d’entre eux attribuent une note Le marché des cartes entreprises, avec 1,4 million de Visa Business et un taux de satisfaction de 95 % enregistrés sur ces outils, connaît lui aussi une évolution sensible. « Deux tiers des entrepreneurs équipés d’une carte professionnelle détiennent une Visa Business », revendique Gérard Nébouy. La carte Visa Affaires a rassemblé 430 000 porteurs et représente plus de 3 Md€ de chiffre d’affaires en 2012. Quant à Visa Purchasing, déployée à hauteur de 20 000 unités, on l’annonce en croissance de 50 % pour un chiffre d’affaires de 200 M€. Elle se fait plus discrète en France que dans d’autres pays européens : au Royaume-Uni, les pouvoirs publics semblent l’apprécier… Autre évolution liée aux cartes de paiement : l’avènement de la technologie sans contact. Visa Europe recense 5 millions de cartes sans contact en France et une progression de 500 000 unités chaque mois, notamment en raison de la politique de déploiement en renouvellement systématique mise en place par la plupart des banques françaises. Une carte sur sept, soit 13,4 % du parc de cartes Visa, est sans contact. Côté acceptation, Visa Europe compte 100 000 terminaux activés dans l’Hexagone et 200 000 d’ici à fin 2013. Une progression qui sera assurée par l’éducation et la communication, notamment à travers la vitrophanie que Visa Europe souhaite renforcer en 2013. andréa toucinho 9 point banque février 2013 briefing corporate & stratégies Réforme bancaire, le scénario français 1 « Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti. Il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. » Celui qui n’était pas encore président de la République avait prévenu. Près d’un an plus tard, on a vu : le grand dessein de la séparation nette des banques de dépôt et des banques dites d’affaires, de marché, n’a pas eu lieu. Et d’évoquer, parmi les déçus, le grand lobby bancaire pour expliquer un projet de loi sur la réforme en demi-teinte. En réalité, crise à l’appui, revenir sur la dérégulation des années 1980 aura été le leitmotiv de trois G20 consécutifs : il fallait stigmatiser les banques ! Au final, en cette fin d’année 2012, la présentation, à Bercy, par le ministre 10 point banque février 2013 de l’économie Pierre Moscovici, du projet de loi sur la réforme bancaire prévue par le programme de François Hollande pour « remettre la finance au service de l’économie » aura abouti à un compromis : « Plus vraiment de séparation institutionnelle ! » s’est exclamé sur son blog l’économiste « de gauche » Jean Matouk dont l’analyse nuancée ne dit pas s’il le regrette vraiment. Variantes européennes • Aux États-Unis : la loi « Volcker » très remaniée par le Sénat autorise les banques de retail à prendre des risques de banque d’affaire La Banque publique d’investissement est opérationnelle Elle a longtemps fait les beaux jours de la presse française. La Banque publique d’investissement (BPI), dédiée au financement des PME, tiendra son premier conseil d’administration le 23 février à Dijon. Pour le gouvernement, l’initiative vise à soutenir les PME et favoriser l’émergence de nouvelles entreprises de taille intermédiaire afin de favoriser l’activité économique française. Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a proposé, le 9 janvier, la nomination de Nicolas Dufourcq en qualité de directeur général de la société anonyme BPI-Groupe. Il était le numéro deux de Capgemini. Son second, choisi par ses soins, sera l’actuel directeur financier d’Oséo. Dufourq semble avoir impressionné la commission des Finances du Sénat... sur 3 % de leurs fonds propres. Au passage, les Américains refusent les règles prudentielles de Bâle III (lire dans ce numéro page 22). • Au Royaume-Uni : la réforme Vickers écarte le principe de la séparation. Mais impose aux banques, qu’il s’agisse d’encours de crédit ou de risques spéculatifs, 10 % des actifs en fonds propres (plus sévère, donc, que les 7 % de Bâle III). Et 17 % d’actifs très liquides. Pas de précipitation : ces dispositions seront présentées « avant 2015 » au Parlement, avec application progressive jusqu’en 2019. • En France : on en passera par la filialisation des activités de dépôt et de crédit. Voici le rappel du détail des « vingt mesures phares » en quatre objectifs : « séparer les activités utiles à l’économie des activités spéculatives », « renforcer la capacité d’intervention des autorités publiques lors d’une crise bancaire », « prévenir et limiter les risques systémiques » et « protéger le consommateur bancaire ». om 20 « mesures phares pour les banques » 1 Le texte vise, selon Pierre Moscovici, à « casser l’incitation malsaine reposant sur l’idée que l’État sauve les banques » en favorisant les comportements qui évitent la prise de risques. Le texte prévoit notamment de transformer l’actuel fonds de garantie des dépôts en un fonds de garantie des dépôts et de résolution de crise qui devrait atteindre 10 Md€ en 2020 pour contribuer au paiement du coût d’un éventuel sinistre bancaire. « J’ai conçu cette réforme pour qu’il change le secteur, qu’il soit une référence en Europe, et modifie le paysage bancaire », affirme le ministre de l’économie et des Finances. « Il s’inscrit dans le contexte général de grand chantier, avec notamment la création de la Banque publique d’investissement (lire p. 10) qui a été votée par les deux assemblées, la réforme de l’épargne réglementée et la hausse du plafond du Livret A de 25 % au 1er janvier 2013. » at Charles Hendelus « Je pense que le Parti socialiste est un parti qui, à la fois est très déterminé à réformer la finance, à lutter contre la spéculation et qui, en même temps, est aussi attaché à cette industrie bancaire. 400 000 emplois, tout de même ! » Pierre Moscovici (octobre 2012) 1 1 1 1 Interdire aux banques de mener des activités de spéculation qui engagent leur propre bilan, sauf à les cantonner dans des filiales strictement séparées de l’entité principale recevant des dépôts du public et soumises à des exigences prudentielles sévères. 1 2 Interdire aux banques d’être actionnaires d’un fonds spéculatif de type hedge fund ou de lui accorder des financements non sécurisés. Définir limitativement et encadrer les activités réalisées via le compte propre de la banque et qui ne peuvent pas faire l’objet d’un cantonnement parce qu’elles sont réalisées in fine pour le compte ou dans l’intérêt d’un client. 3 Interdire aux filiales cantonnées de mener certaines activités spéculatives comme le trading à haute fréquence et les opérations sur les marchés de dérivés de matières premières agricoles. 4 1 1 1 1 Renforcer la capacité de l’Autorité de contrôle prudentiel (ACP) – devenue ACP « R » pour « résolution » – de surveiller et d’intervenir dans les activités de marché des banques et de leur interdire, le cas échéant, d’opérer sur certains types de produits ou de mener certains types d’opérations. 5 Obliger les banques à élaborer préventivement des plans de rétablissement de leur activité en cas de crise. De même, l’ACPR devra prévoir des plans de résolution des banques qui guideront son intervention en cas de faillite d’un établissement. 6 Permettre à l’ACPR, si le plan fait apparaître des obstacles à une bonne résolution, d’obliger la banque à prendre les mesures pour y remédier, y compris par une évolution de sa propre structure (filialisation et cantonnement de certaines activités…). 7 8 Doter l’ACPR des structures et des compétences pour qu’elle intervienne efficacement en cas de faillite bancaire. 11 point banque février 2013 briefing corporate & stratégies 1 1 1 1 1 1 1 9 Donner les moyens à l’ACPR d’éviter la faillite d’une banque tout en faisant peser les pertes sur les actionnaires et certains créanciers. Transformer le fonds de garantie des dépôts en un fonds de garantie des dépôts et de résolution, financé par les banques elles-mêmes, et dont la capacité d’intervention sera fortement augmentée. 10 Créer une nouvelle autorité, le Conseil de stabilité financière, chargée de surveiller et de prévenir le développement des risques systémiques. 11 Doter cette nouvelle autorité de pouvoirs extensifs et notamment de la capacité d’imposer des exigences de fonds propres additionnelles pour limiter les risques systémiques. 12 Éviter le développement de bulles spéculatives en autorisant le Conseil de stabilité financière à encadrer la politique d’octroi de crédit des banques. 13 Renforcer la transparence sur le coût de l’assurance souscrite par l’emprunteur afin de renforcer la concurrence, favoriser une baisse des tarifs et améliorer les garanties offertes. 14 Supprimer les obstacles qui empêchent un consommateur de choisir librement une assurance emprunteur individuelle différente de l’assurance de groupe offerte par la banque. 15 12 point banque février 2013 1 1 1 1 Plafonner les frais pratiqués pour le traitement du fonctionnement irrégulier du compte (« commissions d’intervention ») pour les consommateurs qui présentent des revenus modestes et qui multiplient les incidents. 16 Faciliter l’exercice du « droit au compte » par lequel toute personne se voit reconnaître le droit à un compte bancaire accompagné d’un ensemble de services bancaires de base gratuits. 17 Permettre à des tiers (centre communal d’action sociale, conseil général, caisse d’allocations familiales) de saisir la Banque de France pour exercer le droit au compte au nom de la personne concernée. 18 Réduire la durée de la procédure de surendettement en autorisant les commissions de surendettement, si elles le jugent nécessaire, d’imposer des mesures aux parties ou de recommander des mesures au juge sans passer préalablement par une phase de négociation amiable qui requiert de trouver un accord avec les créanciers 19 1 Simplifier la procédure de traitement du surendettement pour rendre possible le gel du cours des intérêts des crédits dès la décision de recevabilité du dossier. 20 Réactions en chaîne 1 « Il y a bien en France un problème de banques trop grosses pour faire faillite. D’ailleurs, sur la liste des 29 banques mondiales systémiques (« SiFis », pour Systemically Important Financial Institutions) établie par le Conseil de stabilité financière, cinq sont des banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale, BPCE et Dexia virtuellement en faillite). » Laurence Scialom, professeure à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense, EconomiX (octobre 2012). 1 1 1 1 1 La séparation des activités de spéculation ne concernera que 2 % du bilan des banques (Un banquier, chiffre repris par l’ensemble des médias). « Je n’ai jamais fait partie de ceux qui, à gauche, considéraient que l’alpha et l’oméga d’une réforme bancaire, c’était la séparation entre les activités spéculatives et de dépôt. La preuve, c’est que Lehmann Brothers n’était pas une banque universelle comme l’est la BNP mais une pure banque d’activité de marché. » Pascal Canfin, ministre délégué au Développement, face à Patrick Cohen, France Inter. « Cette réforme reconnaît le principe de réalité, donc pour moi c’est une bonne réforme. » François Pérol, président du directoire de BPCE. « Une contrainte nouvelle qui s’ajoute au même moment à d’autres et qui va nous compliquer la vie. » Frédéric Oudéa, PDG de Société Générale. « La séparation des activités est un leurre : le modèle de banque universelle à la française a fait la preuve de son efficacité comme amortisseur de crise. Les banques les plus touchées par la crise sont les banques spécialisées anglo-saxonnes ou les petites caisses d’épargne espagnoles. La séparation des activités risquerait donc de pénaliser des entreprises aujourd’hui en pleine santé et qui au final ont réussi à faire de la crise une opportunité, comme BNP Paribas avec Fortis. » Éric Delannoy, vice-président de Weave, spécialiste des questions bancaires. Hémorragie de banques EN ZONE EURO 7 059 banques* au 1 janvier 2013 - 474 - 30% - 8% - 22% - 8% - 9% Luxembourg er par rapport au 1er janvier 2012 Slovaquie * ensemble des établissements financiers, avec banques centrales, établissements de crédit et de dépôt, fonds monétaires installés en zone euro. France Pertes d’établissements en zone euro depuis sa création (1999) Espagne –28 % Finlande Source : Banque centrale européenne (21 janvier 2013) la phrase ”On nous reproche souvent de vouloir reconstruire l’Union soviétique. Ce sont des conneries. Commerzbank RegardezSi la banque allemande moi bien. supprime 6 000 postes… Ce n’est pas vrai.“ ©T. Jones/Creative Commons 20 « mesures phares pour les banques » (suite) tout compte fait Dimitri Medvedev, au sommet de Davos, 23 au 27 janvier 2013, au moment où des intervenants reprochaient à l’état russe sa dépendance au pétrole et au gaz. La seconde banque allemande (que l’état possède à hauteur de 25 %) reste muette face aux informations du Wall Street Journal : un plan de restructuration, affirme le quotidien financier fort des confidences de « trois personnes proches du dossier », envisagerait la suppression de 6 000 à 6 500 postes, soit 18 % des effectifs. On en saura plus à la mi-février si les négociations prévues avec les partenaires sociaux se déroulent normalement. En novembre, Commerzbank avait bel et bien annoncé un tel plan, étalé sur quatre ans, sans citer de projections, tout en parlant, par la bouche du président du directoire, Martin Blessing, de « grandes coupes ». L’information du WSJ pourrait donc s’approcher de la réalité. Blessing avait alors aussi parlé d’investissements à hauteur de deux milliards d’euros pour « réorganiser la banque de détail » et « renforcer les autres activités, notamment le financement des PME ». 13 point banque février 2013 briefing produits & innovation Progiciels de core banking : Fiserv rachète Open Solutions BPCE unifie sa gestion des ressources humaines La consolidation se poursuit chez les éditeurs de progiciels bancaires, y compris aux États-Unis. En vente depuis plus d’un an, Open Solutions finit dans les bras de l’éditeur américain Fiserv pour un montant de 55 M$. à ce prix, le racheteur hérite aussi de la dette de 960 M$ d’Open Solutions, mais bénéficie d’un crédit d’impôt d’environ 165 M$. Créé au début des années 1990, Open Solutions fournit aux marchés américain et canadien des banques de petite et de moyenne importance une large gamme de progiciels. Également présent dans le core banking, Fiserv hérite d’un portefeuille technologique fourni et rachète surtout une base installée de 3 300 sites. Gestion de titres : SunGard fait main basse sur XSP Xcitek Solutions Plus (XSP), spécialiste de l’automatisation de la gestion de titres pour les entreprises financières, passe sous l’enseigne SunGard. La firme entend proposer ainsi des solutions complètes pour améliorer le STP et rationaliser l’automatisation de la gestion des titres. Créé en 1996, XSP propose en mode classique, hébergé ou en mode SaaS des solutions qui aident les entreprises à automatiser leurs opérations de gestion du cycle de vie des titres : traitement des données, nettoyage, contrôle de position, notification, réponse et traitement de l’admissibilité. jc Référentiel des pratiques marketing et digitales 2013 EBG et Infosys publient le « guide du (super) directeur marketing digital » (étude auprès de 90 directeurs marketing/numérique) 14 point banque février 2013 Depuis le 1er janvier, les processus de gestion des ressources humaines des réseaux Banque Populaire et Caisse d’Épargne (groupe BPCE) utilisent le même outil Talentlink de l’éditeur Lumesse pour traiter les quelque 200 000 candidatures internes et externes reçues annuellement. Cette étape consacre l’aboutissement d’un projet d’unification d’envergure, mené enseigne par enseigne dans un contexte de dématérialisation des processus RH afin de gérer conjointement le recrutement et la mobilité. Fort de plusieurs références dans le monde bancaire, Lumesse a participé au déploiement de l’outil avec la participation de Logica Business Consulting, filiale du groupe canadien CGI depuis l’été 2012. Wall Street Systems se renforce dans le cash management avec IT2 Consolidation chez les éditeurs de progiciels de gestion de trésorerie : Wall Street Systems prend le contrôle de son rival britannique IT2 Treasury Solutions en rachetant la totalité des parts au fonds privé CapMan Technology, actionnaire depuis 2007. Plus de 280 sociétés grandes ou moyennes ont installé des solutions IT2, parmi lesquelles Rémy Cointreau, Hayatt, Volkswagen, Tyco et Bank of China. Cette acquisition devrait renforcer le leadership de Wall Street Systems dont les solutions sont utilisées dans 500 des plus grandes entreprises dans le monde ainsi que dans de nombreuses banques centrales. 65 % du numérique est intégré à la fonction marketing 9 % dépendant de la DSI ou du marketing opérationnel 10 % en support de la fonction marketing Trois modèles dominants : le « digital indépendant » (marketing opérationnel + direction du numérique), le « digital en support » (interaction entre les deux fonctions), le « digital intégré » (le marketing coiffe le numérique) : c’est le modèle dominant (65 % du panel). Barclays réduit ses coûts IT grâce à l’open source Ce billet va s’autodétruire dans 6 mois… La Banque d’Angleterre envisage sérieusement la mise au point de billets plastifiés. Plus exactement polymérisés. Raison : un billet de papier comme celui de 5 £ doit être retiré de la circulation en six mois environ. Elle ne ferait que suivre les exemples australien, roumain, vietnamien, mexicain et malais ! Les mêmes 5 £ australiennes « tiennent » plus de trois ans… Autre avantage du polymère : sa résistance à la contrefaçon. Livres détruites par le feu ou des inondations 8,625 747 000 millions 946 000 Livres détruites par l’eau, entre 2003 et 2011 Jusque-là, dans le monde de la finance, Linux et les logiciels en open source n’avaient conquis que la niche des applications Internet. La surprenante volte-face de Barclays début 2013 marque-t-elle un tournant en la matière ? La question est posée. Acculé à réduire ses coûts, Barclays Bank a ouvert une partie substantielle de son système d’information à Linux et développé parallèlement son propre cloud interne. Objectif : réduire certaines lignes de la dépense IT de près de 90 % en jouant sur la baisse des coûts de développement induits par le cloud interne et par le nouveau système d’exploitation dont l’impact sur les licences logicielles est substantiel ! jc billets mangés ou mâchonnés Turquie : retrait de cash via smartphone sans modifier le Dab... La banque turque IsBank propose le retrait de cash sur ses 5 000 automates en scannant un QR code sur leur smartphone. Ce nouveau service a été développé par la société de servise SoftTech. Authentification et demande de cash passent directement sur le mobile. La transaction, finalisée lorsque le client scanne le QR code, demande une dizaine de secondes, soit une économie de près des deux tiers du temps d’attente devant l’automate. Le tout sans ajout de matériel sur les automates bancaires de plusieurs constructeurs. jc 15 point banque février 2013 briefing produits & innovation marketing & communication Ingenico et Microsoft sur le point de vente Main dans la main, Ingenico et Microsoft vont développer des équipements au point de vente autour de la toute nouvelle plate-forme Windows Embedded 8 Handheld (WE8H), basée sur Windows Phone 8. L’enseigne française rejoint ainsi le consortium fondé par l’éditeur de Redmond, aux côtés de Motorola Solutions, Intermec, Honeywell, et Bluebird. Le partenariat avec Ingenico vise à développer des terminaux portables Windows Embedded 8 Handheld inspirés par l’expertise des paiements mobiles du fabricant français et sa technologie EMV sécurisée. Objectif : une acceptation totalement intégrée des modes de paiement actuels et futurs, basés notamment sur la piste magnétique, la puce EMV, la technologie sans contact et les transactions NFC. au fait… … Michel Léger, executive vice-president, R&D and Technology d’Ingenico… n’aurait-il pas été plus logique de vous allier à Google dont la plate-forme Android domine le marché mondial des smartphones ? Aujourd’hui, le marché des smartphones est fortement segmenté. L’accord que nous avons avec Microsoft n’a aucun caractère d’exclusivité. Donc, rien ne nous interdit de développer des solutions de paiements en nous appuyant aussi sur Android. Le partenariat avec Microsoft et sa nouvelle plate-forme Windows Embedded 8 Handheld, dérivée de Windows Phone 8, est dédié au monde du retail dans Chasse au rachat d’entreprises en zone euro : Accenture modélise le safari Exploring the eurozone : l’étude Accenture réalisée auprès de 450 dirigeants et publiée en fin d’année 2012 a été menée auprès des firmes américaines, chinoises ou européennes qui dépassent le milliard de dollars en chiffre d’affaires. Constat : la moitié 16 point banque février 2013 des entreprises implantées en zone euro sont en quête d’acquisitions immédiates. Une nuance : les Européens s’intéressent majoritairement au montage de coentreprises (45 % des réponses). « Il s’agit d’entreprises affûtant leur compétitivité qui cherchent à lequel l’éditeur occupe une place de leader mondial avec des serveurs Windows qui servent de cœur à bien des architectures de monétique. Sur ces questions de platesformes, nous tenons une position « agnostique ». Nous développerons des gammes de TPE sur toutes les technologies adoptées par le marché, y compris WE8H. Comme avec la gamme iSMP, nous développerons des terminaux portables gagner des parts de marché », souligne Pierre-François Kaltenbach, responsable conseil en management d’Accenture France. Les Chinois se montrent beaucoup plus actifs (71 % des dirigeants interrogés se disent en recherche) que les Américains (20 % ). Toutes origines confondues, l’appétit de croissance externe se conjugue avec une recherche d’efficacité opérationnelle : plus d’externalisation, des chaînes logistiques plus souples, une reposant sur notre expertise technologique des paiements sécurisés pour préparer l’avenir de l’acceptation des paiements dans le secteur de la distribution et garantir une expérience client personnalisée, intégrée et différenciée. C’est ce qui nous a poussés à rejoindre des acteurs tels que Motorola Solutions, Intermec, Honeywell, et Bluebird dans le cadre du consortium établi par Microsoft. meilleure gestion des risques, la mise en œuvre de services partagés. En dépit d’un accès au financement relativement entravé (45 % des dirigeants européens le signalent). Mais moins d’un patron sur trois estime que la crise de la zone euro éloigne tout espoir de gain de compétitivité. « Les entreprises qui cherchent à tirer parti des opportunités créées par les perspectives incertaines de la zone euro vont intensifier leurs demandes à l’égard du secteur bancaire », conclut le consultant. le mot Mot-dièse On a appris à user du hashtag, ou mot-clé, symbolisé sur Twitter par le signe # (dièse). Il sert à rassembler les messages d’un seul thème. La commission de terminologie lui a trouvé son équivalent français : le « mot-dièse ». Officiel. Paru à ce titre au JO du 24 janvier. Ainsi défini : « suite signifiante de caractères sans espace commençant par le signe # (dièse), qui signale un sujet d’intérêt, et insérée dans un message par son rédacteur afin d’en faciliter le repérage. » Joli nom, non ? Les banques remboursent La Banque centrale européenne l’a annoncé : 278 banques vont rembourser à hauteur de 137,2 Md€ les prêts qui leur avaient été accordés il y a trois ans dans le cadre des opérations de refinancement à plus long terme (LTRO) en décembre 2011 et en février 2012. Faisons les comptes : la BCE avait prêté 1 000 Md€ à 523 banques de la zone euro dans le cadre du premier LTRO. Les remboursements anticipés seront reçus chaque semaine. Baromètre RH • 69 % des salariés des banques gardent une image positive de leur secteur d’activité (78 % en 2011). • 80 % sont motivés par un changement de poste au regard d’une meilleure rémunération. • 97 % se disent « à l’ écoute du marché » (+ 5 % par rapport à 2011). • 53 % sont en recherche active (45 % en 2011). • Se sont déclarés favorables à la séparation banque de détail/ banque de financement et d’investissement : 51 %. Source : RH Banque, réalisé par Michael Page en partenariat avec l’Agefi. B for Bank, trois ans, nouveau look La banque en ligne dont la communication envahit panneaux publicitaires et chaînes télé a confié à Raymond Interactive (Saguez & Partners) le soin de rebâtir un site accessible sur n’importe quel écran, avec application pour mobile sur l’App Store d’Apple et sur Google Play. La création des caisses régionales du Crédit Agricole (en 2009) remonte à tout juste trois ans. Sondages à gogo Vital : les banques veulent connaître le comportement de leurs clients. À l’image d’une certaine classe politique, elles multiplient les sondages : 120 000 personnes par an, 6 900 « visites mystère » en agences en 2012 pour la seule Société Générale. Interrogé par Les échos, Armand Sanchez, directeur des études et du marketing France de BNP Paribas en donne les vraies raisons : « Nous interrogeons aussi davantage nos clients car leur comportement évolue, ils deviennent de plus en plus autonomes et informés. » à l’aide d’un baromètre spécialisé, la banque capte l’opinion de quelque 66 000 clients chaque année ! Un signe positif qui ne trompe pas et que privilégie, selon le quotidien économique, le Crédit Agricole : un client qui recommande la banque à son entourage. Parmi les vecteurs du questionnement, le téléphone, le mail et les réseaux sociaux. Qu’en tirent les sondeurs ? La création de nouveaux produits, des campagnes inspirées. Et même, révèle notre consœur, « une partie de la rémunération variable des conseillers » ! ”Nos clients deviennent de plus en plus autonomes et informés.“ 17 point banque février 2013 briefing l’interview Crédit Mutuel Arkéa : « L’un de nos meilleurs produits ? Les parts sociales souscrites par nos sociétaires ! » Crédit Mutuel Arkéa, fiche d’identité √ Composé depuis 2002 par la réunion des fédérations du Crédit mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central, plus une vingtaine de filiales spécialisées (Suravenir, Fortuneo, Financo, Federal Finance, Monext, Arkéa Assistance, etc.). √ Siège social : Le Relecq-Kerhuon (Finistère). √ Années 1990, rachat de la BPE, Banque privée européenne (cédée en 2013 à La Banque Postale). √ Jean-Pierre Denis, président, Ronan Le Moal, directeur général. Partir d’un ancrage régional pour asseoir sa présence sur le territoire national. Aborder l’innovation par le partenariat. La stratégie du fort breton Crédit Mutuel Arkéa a l’avantage de la limpidité. Servie par son directeur général, Ronan Le Moal, face à Andréa Toucinho. Crédit Mutuel Arkéa est un acteur phare du secteur bancaire historiquement positionné en Bretagne mais de plus en plus actif à l’échelle nationale. Le Breton part à la conquête de l’Hexagone ? L’on pourrait imaginer que l’ancrage régional est une faiblesse. Crédit Mutuel Arkéa a voulu transformer cette apparente faiblesse Central. Dans un autre registre, les partenariats industriels que nous développons en marque blanche – prestations, titres, monétique, système d’information, etc. – nous donnent, là encore, de quoi transformer notre dimension régionale en dimension nationale : quand nous ne pouvons pas distribuer nos produits à l’échelle du pays, de nos territoires. Nos encours de crédits ont d’ailleurs progressé significativement ces dernières années. Accompagner les entreprises, c’est aussi les aider à se financer en capital, ce que nous menons activement depuis de nombreuses années, notamment avec notre filiale Arkéa Capital Investissement. Depuis un an, nous avons renforcé notre dispositif ”Nous sommes avant tout un financeur des projets de particuliers, d’entreprises et de collectivités de nos territoires.“ en réelle force. Comment ? En positionnant l’enseigne notamment sur des métiers susceptibles de nous donner un rayonnement national. Tout en affirmant notre territorialité. Démonstration : lorsque nous avons lancé la banque en ligne Fortuneo, nous avons fait de la distribution par Internet un vecteur de conquête « France entière » – et même Belgique –, totalement complémentaire de notre réseau d’agences bancaires implanté sur les trois territoires historiques du groupe : Bretagne, Sud-Ouest et Massif 18 point banque février 2013 nous agissons en « producteur de distributeurs ». Nous nous développons en accompagnant la croissance de nos partenaires comme LBP, Carrefour, Banque Accord, Allianz Banque, etc. Il n’empêche que l’une de vos particularités est le financement de projets locaux. Ce sera toujours le cas en 2013 ? Cette activité se justifie naturellement par notre ancrage territorial fort. Nous sommes avant tout un financeur des projets de particuliers, d’entreprises et de collectivités d’accompagnement en fonds propres des entreprises en investissant directement aux côtés de grands acteurs industriels, c’est le métier de notre filiale Arkéa Capital Partenaire. L’objectif est d’accompagner des chefs d’entreprise dans l’organisation de leur transmission ou encore dans leur projet de développement. Le recours à des capitaux français offre la possibilité à ces belles entreprises d’asseoir leur ancrage territorial. Ce qui nous renforce nous-mêmes dans notre dimension régionale. Nous sommes là dans une véritable logique gagnant/ gagnant dont l’enjeu essentiel porte sur la vitalité économique des territoires. Dans un autre registre, nous avons lancé tout récemment un fonds commun de titrisation à destination des collectivités territoriales. Dans un contexte de problématiques de liquidité qui pèse actuellement sur le monde bancaire, nous nous organisons pour continuer à financer les collectivités, clientes de nos réseaux ou de notre pôle entreprises et institutionnels, notamment via l’actif général de notre compagnie d’assurance. Nous sommes actuellement en réflexion sur la partie corporate. C’est une façon pour nous de réaffirmer notre rôle d’acteur économique au service du développement de ses territoires. Quelques chiffres de repérage, si vous le voulez bien : combien comptez-vous de clients en France ? Quid de la répartition particuliers/professionnels ? Crédit Mutuel Arkéa emploie 9 000 collaborateurs. Il représentera environ 1,8 milliard d’euros de PNBA en 2012. Nous comptons 3,2 millions de clients, dont 300 000 clients Fortuneo, 250 000 clients professionnels et une centaine de clients b to b comme Allianz Banque et La Banque Postale, par exemple. Vos produits phares ? Laissez-moi préciser avant tout que notre modèle de banque coopérative se distingue nettement de celui des banques que je vais qualifier de « classiques » : nos clients sont sociétaires, et donc actionnaires de notre banque. À ce titre, l’un des produits qui rencontrent le plus de succès, ce sont les parts sociales souscrites par nos sociétaires ! Nous connaissons ces dernières années un développement soutenu sur ce produit. Que tire d’abord l’élargissement du nombre de sociétaires détenteurs de parts sociales, mais également l’attractivité du rendement proposé, particulièrement dans un contexte boursier pour le moins incertain. Autre vrai succès de ces dernières années, l’épargne financière de Federal Finance, notamment distribuée en assurance-vie, avec une offre de produits à capital garanti dont Federal Finance s’est fait un spécialiste. L’aversion au risque des sociétaires et clients se révèle assez forte actuellement. Elle renforce l’attrait de tels produits dont la promesse repose d’abord sur la préservation du capital et une 19 point banque février 2013 briefing l’interview indexation sur la performance des marchés actions en général. Enfin, nous croyons beaucoup au développement des offres de prévoyance que nous avons complétées ces dernières années. Elles deviennent une préoccupation importante de la population française. Le cinquième pilier de la Sécurité sociale, celui de la dépendance, ne verra sans doute pas le jour : nous avons donc un rôle majeur à jouer en la matière en tant que bancassureur de proximité. Un maître mot, dans le secteur, c’est l’innovation. Elle passe par le mobile, les réseaux sociaux ou encore le sans contact. Quelles sont vos innovations à vous, celles dans lesquelles vous investissez complètement ? Crédit Mutuel Arkéa a l’intime conviction que l’univers de la banque est en pleine mutation. Mais une mutation qui va progressivement retrouver le contact avec des « individus », alors que pendant longtemps s’est forgé un clivage entre banque et « personnes ». C’est vraiment pour répondre à cette tendance que nous avons investi l’année dernière le secteur des jeunes en lançant l’offre Bemix, avec Fun Radio. Le système bancaire et des paiements intègre progressivement les réseaux sociaux. Crédit Mutuel Arkéa a ainsi été la première banque en France à se positionner sur l’iPhone, mais nous étions parmi les premiers sur l’iPad il y a deux ans ! Le sans contact aussi, nous y sommes, en gardant toutefois une certaine vigilance sur le standard choisi. De même, nous renforçons notre présence sur la Toile tout en restant conscients que le réseau physique d’agences demeure tout aussi important dans la mesure où tous les segments de clients, y compris celui des jeunes, aspirent à une relation individualisée avec un conseiller bancaire. Nous allons d’ailleurs infléchir légèrement le positionnement de notre offre Bemix avec Fun Radio en exploitant davantage les synergies avec notre réseau d’agences bancaires. Vous insistez sur les jeunes… Et les autres segments ? Des efforts aussi ? Nous misons sur trois segments ”Nous sommes avant tout un financeur des projets de particuliers, d’entreprises et de collectivités de nos territoires.“ 20 point banque février 2013 essentiels. Tout d’abord, oui, j’y reviens, nous pensons qu’il existe un vrai défi sur la clientèle des jeunes. Plusieurs études démontrent l’existence d’une fuite de clients bancaires entre 25 et 30 ans. Nous misons donc sur l’accompagnement de cette clientèle dans ses projets de vie, une réelle attente aujourd’hui. Ensuite, nous parions sur la cible des seniors qui expriment un véritable besoin d’accompagnement et de préparation dans le passage à la retraite, notamment sur toutes les questions liées à la dépendance et à la prévoyance. Des solutions nouvelles sont à créer sur ce segment, surtout en termes d’épargne retraite et de prévoyance. Enfin, les clients fortunés constituent un vecteur de développement non négligeable. À une différence près par rapport aux autres acteurs bancaires, nous sommes davantage en accompagnement de nos réseaux sur la clientèle patrimoniale : la conquête hors territoire n’est pas notre enjeu sur ce segment. Autre démarquage de Crédit Mutuel Arkéa sensible, vous vous placez volontiers comme partenaire des nouveaux acteurs du paiement. Comment lire votre stratégie sur ce point ? La transposition de la DME 2 va-t-elle modifier votre positionnement ? Notre enseigne porte dans son ADN un côté « ingénieur » qui nous tire tout naturellement vers des idées et des projets novateurs. En visant des alliances avec des acteurs qui placent l’avance technologique et la flexibilité au cœur de leurs priorités, nous mettons à disposition de nos partenaires la force de frappe d’un groupe bancaire tout en servant notre stratégie de développement dont l’un des axes majeurs repose sur la conclusion de partenariats. Et puis la désintermédiation actuellement en route transforme progressivement le métier de banquier. Crédit Mutuel Arkéa est toujours en recherche de valeur ailleurs. Nous travaillons par exemple avec Oney Banque Accord. Nous avons créé avec eux il y a trois ans un GIE pour gérer les flux monétiques sur une même plate-forme de paiement. Un complément à l’activité de notre filiale Monext, acquise il y a trois ans, justement, pour enrichir nos réflexions sur l’évolution des moyens de paiement. Alors oui, parmi nos projets figurent des réflexions sur l’utilisation du support mobile comme terminal de paiement à l’image de ce que propose Square aux États-Unis. Nous sommes bien conscients que les solutions de paiement sont en train d’évoluer : il faut donc rester en alerte et développer des outils, pourquoi pas avec des partenaires, pour répondre à l’évolution des besoins des clients. L’idée est de créer un réel écosystème autour de notre structure pour nourrir nos réflexions internes. Mais vous développez d’autres partenariats, les uns connus, les autres… peut-être pour 2013 ? Tout le monde sait que nous avons signé au début de l’année 2012 un accord avec RCI Banque, Allianz Banque et plus récemment avec La Banque Postale. Nous nous devons d’abord de bien accompagner nos nouveaux partenaires, c’est notre priorité. Plusieurs partenariats b to b sont « dans ”Alors, oui, parmi nos projets figure l’utilisation du support mobile comme terminal de paiement.“ les tuyaux », comme on dit, en 2013, dont nous pourrons reparler au cours du premier trimestre 2013. Nous voulons également saisir les multiples initiatives liées au secteur des paiements : nous sommes à l’écoute de tout ce qui se passe et sommes en contact avec des jeunes entrepreneurs très en initiative sur ces sujets. Nos objectifs poursuivent deux logiques : partenariats et veille du marché. Avez-vous des ambitions internationales ? L’international n’a de sens pour nous que s’il s’inscrit dans une brèche réglementaire ou si le marché visé est similaire au nôtre. À titre d’exemple, nous avons lancé Fortuneo en Belgique en 2007 car nous avons constaté que le marché belge est similaire au marché français dans le domaine de la banque en ligne. L’autre raison qui expliquerait une éventuelle offensive à l’étranger est la présence de nos partenaires dans d’autres pays. Lorsqu’Oney Banque Accord se positionne en Italie ou au Portugal, nous devons les accompagner en tant que partenaires. L’international n’est donc pas une fin en soi pour l’acteur bancaire que nous sommes. En la matière, nous tissons notre toile progressivement avec toujours le souci d’apporter des solutions là où nos clients et partenaires ont besoin de nous. Propos recueillis par Andréa Toucinho Photos Cyril étien 21 point banque février 2013 points majeurs Quels chantiers.. réglementaires! Reportés, contestés, mais prioritaires. Bâle III, Solvabilité II : où en est-on ? Renaud Chaléon, SAS Parce que les États-Unis ont fait volte-face devant la mise en œuvre de Bâle III, l’Europe bouscule son calendrier. Les lourds chantiers réglementaires n’en restent pas moins la priorité des banques avant l’échéance de 2019. Quant à l’assurance, elle doit solder Solvabilité II en 2016. Le point sur ces ardentes obligations d’un xxie siècle mouvementé. enquête Jo Cohen 1 Trois mois ? Six mois ? Un an ? Le report de l’entrée en vigueur de Bâle III retourne à la case discussions depuis que le secteur financier américain a reporté sine die l’échéance du 1er janvier 2013. Et appelé à revoir les fondements de la nouvelle réglementation, plus stricte en matière de fonds propres. Motif de cette soudaine volte-face à tout juste un mois de l’échéance ? « Les règles de Bâle III risquent d’affecter les petites banques et les compagnies d’assurance » ! Ce motif n’étonne guère Stéphane Dalifard, directeur associé du secteur banque chez Logica Business Consulting/CGI. Il y voit l’expression « du poids du lobby bancaire américain face aux autorités de régulation du pays ». Lesquelles exigent plus de flexibilité dans Bâle III afin de prendre en compte « les nombreux modèles économiques en vigueur outre-Atlantique ». Pour le moins, la décision américaine retarde l’entrée en vigueur d’une réglementation censée s’appliquer progressivement jusqu’en 2019 afin d’éviter une nouvelle crise financière, alors que la dette souveraine plombe la zone euro et que le « mur budgétaire » menace les États-Unis. Même si les Républicains ont mis de l’eau dans leur gin. 22 point banque février 2013 L’introduction de Bâle III repoussée à janvier 2014 Contraint de négocier avec son homologue, le secteur financier européen a demandé un report du durcissement des règles de solvabilité : les banques européennes ont demandé à la Commission européenne de repousser au 1er janvier 2014 l’introduction de Bâle III alors que Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur, a écrit au président de la Réserve fédérale pour lui exprimer son inquiétude face à cette situation. « J’attends la réponse de Monsieur Bernanke à qui j’ai écrit pour savoir la réalité de ce délai. S’il s’agit d’un délai technique, nous pouvons discuter. S’il s’agit d’une remise en cause de l’engagement pris, c’est une autre question », déclarait-il récemment à nos confrères de BFM Business. En attendant, la directive CRD 4 qui transpose en droit européen les règles du Comité de Bâle devra fixer un nouveau calendrier. « La demande de report des banques européennes est parfaitement logique car le coût de la liquidité avec Bâle III aurait faussé le jeu de la concurrence avec leurs consœurs américaines », explique pour sa part Renaud Chaléon, directeur de la stratégie du secteur banque chez l’éditeur SAS, ancien du cabinet Accenture. En clair, les banques européennes ne veulent pas se retrouver pénalisées en anticipant l’application de Bâle III par rapport à leurs consœurs américaines. Mais quel que soit le nouveau calendrier, elles doivent maintenir la priorité sur leurs principaux chantiers réglementaires, et notamment Bâle III. Comme l’exprime Marc Van Caeneghem, associé risk advisory industrie financière chez Deloitte, « on n’arrête pas brusquement un TGV qui roule à pleine vitesse » ! Le délai de quelques mois accordé par le report est « non-sujet », « une soupape supplémentaire », certes, mais qui ne modifie en rien les plannings des banques dans la mise en œuvre du successeur de Bâle II. Que 2013 soit ou non une année de transition, et malgré un contexte de budgets restreints, les banques devraient maintenir le cap et la vitesse par peur de démobiliser les équipes travaillant sur Bâle III. Il faut rappeler que la nouvelle réglementation représente pour certaines banques un projet de plusieurs milliers de jours x hommes. S’ils sont de moindre ampleur par rapport aux chantiers Bâle II – qui ont demandé la mise en place d’infrastructures étoffées en termes d’entrepôts de données et d’outils de gestion de la qualité de ces données – les projets Bâle III restent néanmoins lourds. Selon Stéphane Dalifard, beaucoup de banques de taille moyenne ont profité de ce contexte pour abandonner le modèle d’appréciation du risque crédit « IRB standard » de Bâle II et appliquer le modèle plus pertinent, dit « IRB avancé », déjà en application dans les grandes banques plus matures. Rappel : la méthode « IRB standard » consiste à utiliser des systèmes de notation fournis par des organismes externes telles les agences de notation. Alors que celle du « IRB avancé » implique une méthodologie interne d’évaluation, propre à chaque établissement financier, qui évalue le risque relatif du crédit. « Le passage à l’IRB avancé a alimenté de nombreux “projets retards” censés améliorer l’image des établissements grâce à une meilleure gestion des risques crédit », glisse Stéphane Dalifard. Des systèmes d’information « impactés » La disposition clé de la réforme Bâle III reste sans nul doute l’introduction de deux ratios de liquidité : le LCR (Liquidity Coverage Ratio) et le NSFR (Net Stable Funding Ratio). Le LCR est un ratio à un mois censé donner aux banques le moyen de résister à des crises de liquidité aiguës Marc Van sur une durée… d’un mois. Caeneghem, Deloitte 23 point banque février 2013 points majeurs Alexandre Kurtz, SAS Le NSFR joue le même rôle à un an pour contrer une situation de crise spécifique à l’établissement. Or, l’articulation avec le projet de norme IFRS des ratios de liquidité Bâle III – qui sont encore en révision au Comité de Bâle – pose un « casse-tête comptable » aux banques. Raison : si les actifs liquides à détenir devaient être comptabilisés à leur juste valeur, les banques subiraient une très grande volatilité de leurs fonds propres. Le point reste à clarifier. L’Autorité de contrôle prudentiel devrait se prononcer sur cette épineuse question dans les mois à venir. Certes, la pondération des risques de contrepartie représente moins de développements qu’avec Bâle II. Mais l’impact de Bâle III sur le système d’information ne sera pas le même, affirment certains, selon le métier de la banque. Tous les observateurs ne partagent pas ce point de vue. Pour Alexandre Kurtz, responsable de l’offre risque et fraude chez SAS, « dans tous les cas de figure, l’impact sera important sur les systèmes d’information car Bâle III impose une nouvelle architecture et de nouveaux outils, notamment en ma- Bâle III : un cadre plus contraignant Par rapport à Bâle II, Bâle III se définit comme dispositif prudentiel destiné à mieux appréhender les risques bancaires. Ce nouveau cadre se révèle plus contraignant puisque la réforme prévoit entre autres le renforcement du niveau et de la qualité des fonds propres (tier one et core tier one), la mise en place d’un ratio de levier (leverage ratio) ainsi que l’amélioration de la gestion du risque de liquidité par la création de deux ratios de liquidité (ratio de liquidité à un mois, Liquidity coverage ratio, et ratio de liquidité à un an, Net stable funding ratio). Ces deux ratios seront-ils la clé d’une amélioration de gestion ? Ils offrent au moins le mérite de partager une nomenclature commune entre établissements bancaires. 24 point banque février 2013 Bâle III prévoit en outre de renforcer les exigences prudentielles du risque de contrepartie et le suivi des activités de marché (Bâle II.5). à cet effet, du côté du risque de contrepartie, le régulateur introduit une mesure de risque supplémentaire IRC ainsi qu’un alignement du traitement des positions de titrisation sur celui du portefeuille bancaire. La résilience des grandes banques internationales ainsi que des mesures spécifiques sur le risque de liquidité font également l’objet de mesures spécifiques. L’ensemble des dispositions de Bâle III devra entrer en application au plus tard le 1er janvier 2019. Le projet européen CRD 4 est censé mettre en œuvre Bâle III en Europe. tière de risques ». Dans la banque de financement et d’investissement (BFI), les conséquences seront lourdes : les outils comme les processus sont concernés. Dès lors, de nombreux projets ont été déployés dans les BFI. Les modalités de calcul vont intégrer l’entrée en vigueur de la norme comptable IFRS 13. La gestion des risques et du ratio de levier a déjà conduit certaines banques de financement et d’investissement à réduire leur bilan ainsi que leurs coûts. Comment ? En complément et afin de maintenir les niveaux de rentabilité des activités de BFI, Natixis, Société Générale ou BNP Paribas CIB ont réduit leurs effectifs d’environ 20 % par la mise en place de plans de départ volontaires. « Désormais, plusieurs BFI s’orientent vers des centres de services partagés offshore, voire vers l’externalisation de certaines activités », constate Renaud Chaléon. Ces changements interviennent alors qu’on assiste à une véritable mutation des modèles économiques de ces banques. Elles n’hésitent plus à mutualiser middle et back-office afin de piloter les coûts et de s’aligner sur les réglementations en vigueur. Ces établissements vont plus ou moins abandonner les activités mangeuses de liquidités alors que les financements longs souffrent déjà, avant même que Bâle III ne soit applicable ! Rien d’étonnant à tous ces changements quand on sait que « la stratégie de crédit des banques européennes et le financement de l’économie sont en voie de mutation », comme l’affirme l’étude Credit Strategies of European banks réalisée par Kurt Salmon et HEC. La même étude constate en outre un retour des banques à leur cœur de métier. Il se traduira par de nombreuses cessions d’actifs d’activités jugées non stratégiques. Vers une nouvelle consolidation Du côté des banques de détail, la mise en œuvre de la nouvelle réglementation ne sera pas plus facile. Surtout pour les plus grandes. Les enjeux de solvabilité et de liquidités représentent pour ces grands établissements une nouvelle consolidation, donc des dispositifs plus structurés, donc des projets appropriés. « Les calculs de ratios, qui conditionnent crédit et croissance, doivent s’industrialiser », préconise même le spécialiste Alexandre Kurtz. Dans les plus grandes banques, les projets de liquidités doivent converger avec la gestion ALM (actif-passif) de façon à mettre en place des chaînes applicatives communes. À une gestion Asset and Liability par pôle va donc se substituer un système d’information complet qui puise ses données dans les multiples pôles de la banque pour piloter les entrepôts de données mutualisés. Le nouveau contexte réglementaire va obliger ces grandes banques à se montrer plus sélectives vis-à-vis de leur clientèle afin de mieux traiter les clients retenus. C’est à ces conditions qu’elles assureront une meilleure collecte, si vitale dans une logique de désintermédiation. La question clé des marges deviendra celle du pilotage financier que les banques devront mettre en place, quel que soit leur métier. Si la scission par métier des banques paraît engagée, les nouveaux modèles restent à définir. Et le chemin sera long jusqu’en 2019. Reste que l’application stricte de Bâle III fait craindre aux économistes que l’Europe ne devienne la grande perdante : le changement de modèle de financement de l’économie induit par les nouvelles normes de solvabilité et de liquidité de Bâle III induit une sévère récession sur le Vieux Continent. Solvabilité II : report probable à 2016 À en croire Gabriel Bernardino, président de l’instance de la profession à l’échelon de l’Europe (Eiopa), la réforme de régulation de l’assurance, encore en cours de calibrage, est prévue pour 2016. Elle est bien accueillie dans la mesure où elle va proportionner les exigences en fonds propres des assureurs à l’ensemble de leurs risques, « un principe fondamentalement adéquat ». Lors de la conférence annuelle de l’Eiopa, tenue fin novembre, et bien que la Commission européenne n’ait pas confirmé cette nouvelle échéance, Gabriel Bernardino affirmait « qu’une mise en place avant 2016 ne serait pas crédible ». Plus que probable désormais pour beaucoup d’observateurs, cette nouvelle échéance sera certainement tenue puisque la mise en place de la régulation sera progressive. Certains éléments seront même opérationnels bien avant 2016, poussés par les bonnes pratiques promues par l’ACP. « Sur certains points, la pratique devancera Solvabilité II », confirme Michel de la Bellière, associé conseil industrie financière chez Deloitte. Sur le terrain, « les projets Solvabilité II des compagnies d’assurance et des banques présentes sur ce marché, telles BNP Assurance ou Crédit Agricole Assurance, sont assez avancés », estime Stéphane Dalifard. C’est sur le Pilier 1 de cette autre vaste réforme après Bâle III que les investissements se sont focalisés. Et pour cause : le Pilier 1 donne accès au calcul du SCR (Solvency Capital Requirement), c’est-àdire des fonds propres. Le SCR représente bien le capital cible nécessaire pour absorber le choc provoqué par un risque majeur. « Après avoir participé aux études d’impact, les grands acteurs s’astreignent à présent à calculer leur SCR de leur propre Michel de la Bellière, Deloitte initiative », précise Michel de la Bellière. Selon un sondage de l’ACP sur l’état d’avancement de Solvabilité II, 78 % de la profession auraient réalisé plus de la moitié du parcours du Pilier 1, contre 60 % pour le Pilier 2 et seulement 8 % pour le Pilier 3 ! « Il reste à terminer la mise en œuvre des outils pour le Pilier 1 », diagnostique Alexandre Kurtz de SAS. L’éditeur a accompagné des groupes tels Predica, EPS et la Coface à mettre en place certaines briques de sa solution ouverte Risk Management for Insurance en France, AXA et Dexia Assurances en Belgique, Arag en Allemagne ou encore RBS au RoyaumeUni. Ce framework à base de composants conformes à Solvabilité II accepte les calculs de progiciels tiers ainsi que les applications déjà en place. Il capitalise sur un existant (moteur de modélisation tiers ou autres applications en place), le complète, positionne une infrastructure de type Système d’information de gestion des risques (SIGR), garantie d’auditabilité et de traçabilité du dispositif final, ainsi qu’un dispositif de pilotage du triptyque stratégie, risques et solvabilité. Et les deux autres « Piliers » ? Au sujet du Pilier 2, centré autour de l’évaluation interne des risques et de la solvabilité (exercice de l’ORSA, Own Risk and Solvency Assessment, mécanisme de gestion du risque et du capital), les grands assureurs auraient déjà constitué des pilotes. « Le Pilier 2, à travers, notamment, l’ORSA, sera une priorité de la profession en 2013, affirme Michel de la Bellière. Les assureurs auront jusqu’en 2016 pour maîtriser ce volet de gouvernance et le faire entrer dans le quotidien », ajoute le consultant. Car si les Piliers 1 et 3 sont assez techniques, l’intégration au quotidien du Pilier 2 ne va pas de soi. C’est une affaire de comportement qui ne se décrète pas et qui exige d’animer la filière risque, ce qui est nouveau dans le monde de l’assurance. Dernier volet de Solvabilité II, le Pilier 3 implique une mise à niveau des entrepôts de données et la mise en place d’outils de business intelligence afin de répondre aux exigences de qualité des données de la nouvelle réglementation. Une démarche nouvelle pour nombre d’acteurs de l’assurance. « Les projets liés au Pilier 3 se mettent tout juste en place. Ils comportent un important volet sur l’architecture du système de reporting prudentiel et ses liens avec le reporting comptable et financier », remarque Michel de la Bellière (du reste, de nombreux éditeurs, tels Invoke, proposent des templates de reporting prêts à l’emploi). Si le report à 2016 se confirme, une phase de transition destinée à installer certains éléments de gouvernance comme l’ORSA, Pilier 2, et de communication financière, Pilier 3, semblent souhaités. « Un pilotage global des trois piliers s’imposera lorsque le Pilier 3 sera plus avancé », confirme Stéphane Dalifard. En attendant que Bruxelles confirme le nouveau calendrier, une étude d’impact devrait être conduite. 25 point banque février 2013 points majeurs Chers Premier, Premium, Platinum… le 1er janvier 2013 au programme Priceless Paris. Nos clients bénéficient d’avantages exclusifs », détaille avec gourmandise José Fernandez, responsable marketing produits de Barclays. Ce qui s’ajoute à un livret à taux boosté – 4 % pendant trois mois dans la limite de 150 000 € – et à des assurances et assistances telles qu’une protection d’achat. José Fernandez : « Nous venons de lancer le Livret A pour compléter l’offre d’épargne et nous proposons également une offre de financement de crédit immobilier, surtout patrimonial, ainsi qu’une gamme de produits de placements financiers assez vaste avec, notamment, de l’assurance-vie, offre constituée en interne ou par le biais de partenariats. » Créer un réseau et animer une communauté Les banques à la conquête d’une cible « en or » Crise et montée en gamme, mariage impossible ? Pas du tout. La banque française chouchoute ses clients fortunés. Jamais la clientèle en gold n’a été autant convoitée par les entités financières. Voyage au pays des services à valeur surajoutée. enquête et interview Andréa Toucinho 1 Conseil personnalisé, agences bancaires dédiées, services exclusifs… Les banques françaises regorgent d’inventivité pour séduire une clientèle haut de gamme de plus en plus exigeante et soucieuse de reconnaissance. C’est vrai en France comme à l’étranger. La dernière initiative phare de la banque traditionnelle dans ce domaine n’est autre que l’offre Priority lancée par BNP Paribas dans cinq pays européens – France, Belgique, Luxembourg, Italie, Turquie. Elle mêle local et international pour séduire une clientèle caractérisée par son côté cosmopolite (lire encadré). Mais la création par Visa Europe France de la carte de paiement haut de gamme Visa Platinum, actuellement déployée par le groupe BPCE, sous peu par deux autres réseaux, obéit aux mêmes critères. Idem pour l’évolution de la carte Visa Infinite prévue en 2013. Même ambiance luxe pour les montées en gamme orchestrées par MasterCard avec le programme Priceless Paris et la carte World Elite, lancée à l’international. Autant dire que la banque et les moyens de paiement multiplient les services dorés sur tranche tandis que les pure players semblent renforcer leur positionnement spécifique à coups de conseil individualisé et d’animation de la relation clients. Conseil « d’excellence » et reconnaissance internationale « Devenir la banque de référence en matière de gestion de patrimoine. » C’est l’objectif affirmé de HSBC. Ses 823 000 clients en France appartiennent clairement à une CSP aisée et « patri- 26 point banque février 2013 moniale », dont les attentes très fortes en matière de qualité de services et de conseils bénéficient d’une écoute attentive. De quoi justifier que HSBC mise sur un « conseil d’excellence ». Un pool de conseillers et d’ingénieurs financiers et patrimoniaux capables d’anticiper les besoins et de « pousser » vers leurs « chers clients » des informations juridiques, fiscales et financières si possible des plus pertinentes. Significative : la distinction claire entre HSBC Premier, service réservé aux clients qui confient au moins 75 000 € d’avoirs à la banque ou qui y domicilient au moins 4 500 € de revenus mensuels, et HSBC Advance, dédié aux clients dits « emerging affluent », âgés pour la plupart de 25 à 45 ans, disposant de 2 500 € de revenus mensuels et/ou de 30 000 € d’avoirs ou crédits. Un « gratin » qui ne se loge pas à la même enseigne : HSBC accueille ses clients haut de gamme dans des agences dédiées de trois types. HSBC Premier International Direct pour les clients étrangers résidant en France, HSBC Premier Direct pour la clientèle HSBC Premier de France et l’agence à distance Advance Direct. De là à affirmer que la reconnaissance internationale est inhérente à la banque haut de gamme… « Un client HSBC Premier est reconnu et identifié dans les multiples pays où la banque est présente. Nous lui proposons un service pour faciliter les ouvertures de compte à l’étranger avant son arrivée sur place. Nous dépannons également nos clients HSBC Premier en déplacement qui ont besoin d’argent immédiatement en cas de vol ou de perte », confirme HSBC. Dont le service Global Transfers disponible sur Internet garantit au client l’accès à tous ses comptes HSBC dans le monde avec fonction de virements instantanés. La banque est « accro » aux études et sondages qui lui servent bien sûr à peaufiner son activité de conseil. Même focus sur le conseil chez Barclays qui compte 170 000 clients en France, dont 70 000 « Premier » : « La valeur ajoutée de notre offre repose sur le conseil individualisé. Nos clients Premier sont suivis par des conseillers patrimoniaux dont le portefeuille ne dépasse pas en moyenne 250 clients afin qu’ils se consacrent pleinement à chaque profil », explique Caroline Marion, responsable marketing clients de Barclays. Côté offre, la banque mise sur une gamme la plus large possible afin de répondre à tous les besoins spécifiques. « Notre offre phare est Barclays Premier Life : la banque au quotidien gratuite avec accès à une carte MasterCard Platinum adossée depuis Barclays ne néglige pas l’importance du réseau. L’enseigne crée ce qu’elle nomme des « événements clients » pour échanger sur des thématiques liées à l’actualité financière et fiscale. « Une centaine de cocktails de ce type sont organisés chaque année dans nos locaux », chiffre Caroline Marion. La banque mise ainsi sur une relation personnalisée et adaptée aux préférences et aux modes de vie de chacun, en face à face ou à distance. « Nos clients apprécient particulièrement d’avoir accès à la ligne directe de leur conseiller et de pouvoir le joindre facilement. Il est vrai que notre clientèle est également de plus en plus utilisatrice de nos services de banque en ligne, synonymes de souplesse et liberté pour la gestion et le suivi de ses comptes ». Un équilibre a été trouvé avec le lancement il y a trois ans du cercle Premier : un réseau social réservé à la banque et à ses clients. Ils déposent leurs questions et commentaires, les partagent avec d’autres clients tandis qu’une équipe d’experts du service Internet de Barclays répond quotidiennement à leurs interrogations. Caroline Marion, fait ses comptes : « Entre 12 000 et 15 000 clients utilisent ce service accessible sur abonnement. D’ailleurs, plus de la moitié de nos clients Premier sont utilisateurs de nos services numériques : après le lancement en 2011 de l’application Barclays France sur iPhone, nous avons lancé en 2012 l’application iPad. Et très prochainement les ouvertures de comptes seront activées via ces tablettes car nous savons que les clients haut de gamme sont de fervents utilisateurs des nouvelles technologies. » Ce que confirme étienne-Marie Airiau, directeur général de la Banque privée européenne (BPE), dans le giron de La Banque Postale : « Nous utilisons beaucoup les nouvelles technologies pour faciliter les contacts banque/clients. Lesquels ont ainsi accès à une messagerie instantanée sécurisée pour communiquer avec leur conseiller. Une présence sur le mobile se traduit par des applications iPhone, Android et d’autres environnements conçues pour autoriser les virements et la consultation des opérations. La BPE n’a cependant pas vocation à se positionner, pour l’instant, sur les réseaux sociaux, faute de demande en ce sens. À notre avis, les réseaux sociaux s’inscrivent plus dans la stratégie des banques de détail face à une clientèle plus large. » En 2013, les services bancaires haut de gamme semblent tous converger vers le conseil et la proximité clients : « Nous misons sur des produits simples afin d’éviter l’exotisme, car nous pensons que notre clientèle aspire essentiellement à un conseil dédié qui l’aiguille sur le bon produit à souscrire au bon moment. Par exemple, nous sommes actuellement focalisés sur le soutien des clients dans l’adaptation à la loi de finances. Nous misons ainsi sur un conseil en amont pour répondre à 27 point banque février 2013 points majeurs des questions clés : comment réorganiser son patrimoine avec la nouvelle donne fiscale ? Quid de l’allocation d’actifs en 2013 ? etc. Nous nous positionnons sur l’expertise et le conseil parce que les clients haut de gamme ont également été échaudés par la crise financière de 2008 et ont besoin d’aide », analyse José Fernandez, Barclays. La banque vise en France un cœur de cible de clients Premier disposant d’au moins 50 000 € d’avoirs ou de revenus. Elle mise également sur le renforcement du parrainage Premier lancé en 2009, forte du constat qu’un tiers de ses clients arrivent sur recommandation. « Depuis octobre 2012, nous avons renouvelé notre Caroline Marion, Barclays offre pour remercier ceux qui nous font confiance : tout client qui a recommandé un proche devenu effectivement client reçoit une enveloppe cadeau de 400 € ouverte sur une sélection de présents à s’offrir ou à partager, dans les univers du high-tech, de la gastronomie ou du prestige. Cette initiative se prolonge jusqu’en février 2013. Elle est une façon de doper la conquête de clients : désormais, la moitié de notre clientèle provient du parrainage. D’où notre volonté de poursuivre ce programme en faisant évoluer la procédure et en élargissant la gamme de récompenses », dixit Caroline Marion. Assurer la filiation et la transmission patrimoniale Autre tendance de la banque haut de gamme : l’accent sur la filiation et la transmission patrimoniale. À l’instar du parrainage et des clients Premier « en devenir », les enfants de clients et plus généralement la famille de client haut de gamme constituent une cible de plus en plus convoitée par les banques. Barclays le démontre en chiffres avec 100 000 clients qui appartiennent au cercle familial des clients Premier ou sont des clients Premier en devenir. La BPE renforce ainsi de plus en plus son positionnement sur cette niche spécifique comme le prouve sa dernière initiative à destination des jeunes, MyBPE, tout récemment lancée en 2012. Étienne-Marie Airiau, directeur général de la BPE, l’explique : « Notre offre complète veut répondre à tous les besoins bancaires des clients aisés et fortunés, qu’il s’agisse de banque au quotidien, de placements, d’investissement ou encore de conseil patrimonial. Nous nous positionnons comme banquier privé complet de la famille. Cette activité de banque au quotidien constitue d’ailleurs le signe distinctif de la BPE par rapport aux banques privées traditionnelles. » Avec 40 000 familles clientes et une activité concentrée en France, la BPE opère une autre différenciation, toujours fondée sur l’avoir : les clients aisés et fortunés sont certes privilégiés, mais les millionnaires en euros, eux, disposent carrément d’un réseau spécifique de gestion de fortune… Comme pour Barclays et HSBC, 2013 sera pour la filiale de LBP l’occasion de poursuivre cette stratégie. « 2013 sera une année très spéciale ! Ainsi, l’intégration de la BPE dans le groupe La Banque Postale en avril 2013 nous permettra d’élargir notre offre, notamment en termes d’OPCVM. Cet enrichissement de l’offre ne révolutionnera cependant pas notre philosophie et notre positionnement commercial. Au contraire : notre positionnement haut de gamme est préservé et affirmé car c’est justement lui qui a motivé l’achat. » La Banque Postale, celle du Français moyen, s’est offert un beau bijou… La conciergerie haut de gamme prend des couleurs Parallèlement aux initiatives des acteurs bancaires, la « conciergerie haut de gamme » enrichit son offre en prenant en compte les innovations technologiques et les besoins des clients. La conciergerie privée John Paul, créée en 2008, partenaire de Visa Europe France notamment sur la carte Visa Platinum, témoigne de cette évolution : « Depuis 2011, plusieurs éléments ont structuré le développement de la conciergerie haut de gamme John Paul. Dans la mesure où les banques sont de plus en plus attentives à des programmes relationnels alliant contenu et base de données pour fidéliser leurs clients, nous avons évolué vers un contenu personnalisé qui ajoute 28 point banque février 2013 à l’affinitaire la géolocalisation. Concrètement, nous proposons avantages, privilèges et contenu par région et par affinité. Autre évolution technologique : nous avons pris notre virage numérique Et négocié une sérieuse avance sur le marché, notamment grâce à notre logiciel de CRM propriétaire qui intègre des fonctions uniques de profilage et de connaissance client. Aujourd’hui, toutes nos solutions mises en œuvre sont déployées en multicanal étendu car nous sommes convaincus que chaque canal est dédié à un usage propre : le mobile pour l’immédiateté, grâce à la géolocalisation, la tablette pour les loisirs, etc. » Vision de David Amsellem, président de la conciergerie privée John Paul. La société traite 400 000 membres à l’heure actuelle et a récemment signé un accord avec deux nouveaux clients, Samsung et Air France. « Nous continuons notre développement en répondant aux sollicitations de nos clients sur des problématiques de conquête et de fidélisation innovantes : nous sommes devenus un acteur de référence en la matière avec une expertise dans les secteurs bancaires et automobiles. Pour 2013, nous avons prévu de doubler notre chiffre d’affaires 2012 qui atteint 9 M€ », révèle David Amsellem. Parmi les projets de la société figurent la poursuite du partenariat avec Visa Europe France sur la Visa Platinum et probablement d’autres cartes Visa entreprises. Comme le lancement, courant février, d’une application similaire à Siri, disponible sur iPhone. « L’objectif est de donner le moyen au client d’interroger, via son smartphone, la conciergerie John Paul simplement en passant par l’application. » Depuis deux ans en Angleterre avec six premiers gros clients de référence et le rachat d’un acteur anglais spécialisé dans les offres aux entreprises, la conciergerie privée John Paul a ouvert des bureaux au Maroc et ambitionne de s’étendre en Belgique, en Allemagne, en Italie et en Asie, notamment à Singapour et en Chine. Martin Favre, responsable développement International retail banking de BNP Paribas : « Parmi les pays ciblés figurent le Maroc et les États-Unis » BNP Paribas veut séduire les clients haut de gamme cosmopolites avec l’offre Priority BNP Paribas a innové dans le segment haut de gamme en lançant BNP Paribas Priority, offre commune aux clients de cinq pays européens. Comment est né ce projet ? Avec l’intégration de Fortis en 2009, le groupe BNP Paribas a renforcé son empreinte européenne et dispose aujourd’hui d’une présence conséquente dans quatre pays de la zone euro, la Belgique, la France, l’Italie et le Luxembourg, ainsi qu’en Turquie. C’est cette solide implantation qui nous a permis une telle initiative. BNP Paribas Priority s’adresse au segment haut de gamme du retail qui, dans les marchés d’Europe de l’Ouest, représente 10 % de cette clientèle, mais contribue pour près d’un quart à son PNB. L’enjeu est important ! Or, plusieurs études ont démontré que ces clients ont des attentes et des besoins semblables dans les cinq pays : ils sont généralement un peu plus exigeants que les autres en matière d’offre bancaire, ils développent une appétence pour l’international, se révèlent un peu plus multibancarisés et aspirent à une reconnaissance de leur statut et/ou de leur fidélité. BNP Paribas considère en outre que l’association d’une offre à une marque globale constitue un point de réassurance positif pour ces clients. L’offre allie services locaux et communs aux cinq pays. Vous nous en donnez le détail ? BNP Paribas Priority repose pilier, l’offre inclut des composantes locales adaptées à chaque pays : produits spécifiques, conditions tarifaires préférentielles et privilèges dédiés. sur trois grands piliers. Tout d’abord, une offre de services relationnels, formalisée dans une charte commune aux cinq pays où entrent, notamment, une relation privilégiée avec un conseiller – ce qui était déjà le cas en France mais pas forcément dans tous les pays –, un checkup annuel, un engagement d’accessibilité… autant d’initiatives qui contribuent à établir une relation personnalisée avec le client. Ensuite, l’offre comprend des produits et services communs : le statut Priority est acquis pour les cinq pays. Les clients bénéficient de services internationaux comme des tarifs privilégiés sur les virements bancaires au sein du groupe ou des conditions spéciales pour les retraits et, demain, une carte de crédit Priority avec des services transversaux dont nous vous reparlerons bientôt. Enfin, troisième Où en est le déploiement ? Les objectifs fixés dans les cinq pays ont été dépassés. Nous comptons déjà plus de 300 000 clients Priority dans cinq pays : autant dire que le démarrage est bon ! La France compte ainsi 40 000 clients Priority à fin 2012. La Belgique a dépassé son objectif à fin septembre et compte à ce jour 225 000 clients Priority. En Turquie, en Italie et au Luxembourg, BNP Paribas recense respectivement 38 000, 5 200 et 2 000 clients Priority. Les clients haut de gamme aspirent à un service dédié et personnalisé. Envisagezvous la création d’agences Priority spécifiquement dédiées à ces clients ? Pas pour l’instant. Dans nos études, ce n’est pas apparu comme une attente clé de nos clients Priority. Il s’agit plutôt d’une pratique angloaméricaine. Dans le modèle BNP Paribas, ce service est offert aux clients banque privée qui sont reçus dans des centres privés ou dans des bureaux bien séparés. Quelles évolutions préparez-vous ? Les clients BNP Paribas Priority bénéficient déjà d’un site Internet dédié, mais nous avons également des projets sur le mobile. D’autant que certains pays, comme l’Italie, qui propose, elle, de nombreux services accessibles sur mobile, sont fortement positionnés sur ce support. Un ajout aux événements bancaires et non bancaires organisés pour les clients de chaque pays comme en Belgique sur les thèmes du passage à la retraite ou de la succession, en France avec des soldes privés, ou encore en Italie avec des invitations à des avant-premières au cinéma. Dès 2013, nous offrirons des privilèges communs aux cinq pays autour d’un événement global. Envisagez-vous de donner la Priority à d’autres pays ? Nous attendons les premiers retours car nous voulons finaliser l’établissement de l’offre dans les cinq pays concernés avant de l’envisager. Mais nous sommes très contents du démarrage et nous recevons des sollicitations d’autres pays, ce qui confirme qu’il existe un vrai besoin de capitaliser sur la taille du groupe. Parmi les pays ciblés figurent le Maroc et les États-Unis. Mais il faut évidemment assurer l’homogénéité de traitement : chaque pays doit délivrer la promesse Priority à ses clients retail haut de gamme. Propos recueillis par Andréa Toucinho 29 point banque février 2013 points majeurs Des contrats électroniques parfaitement légaux, mais dont la preuve reste complexe à rapporter… Contrats 100 % numériques ? Attention ! 1 isabelle renard, docteur ingénieur, est avocat associée du cabinet racine, [email protected] Un contrat 100 % numérique est créé sous forme électronique, signé électroniquement et conservé sous forme électronique. S’il est imprimé, c’est uniquement pour des raisons de commodité ou pour le produire lors d’un litige. Mais en tout état de cause, cette impression papier ne sera juridiquement qu’une copie de l’« original électronique » et ne comportera pas les signes visibles et rassurants d’un original papier : une date écrite à la main et une signature manuscrite notamment. Cette immatérialité a poussé certains tribunaux à considérer que le contrat électronique n’existait tout simplement pas, et ceci bien sûr à l’entier bénéfice du consommateur. Ainsi, le tribunal d’instance d’Épinal, dans une décision rendue le 12 décembre 2011 (RG n° 11-11000080/Minute 1042/2011) a refusé de reconnaître l’existence d’un contrat signé électroniquement (il s’agissait de l’avenant d’un contrat de revolving), dont on lui produisait d’un côté une impression papier et de l’autre un « fichier de preuve de la transaction » ! Le commentaire de cette décision est livré en détails page 56. « Comment s’assurer que le document n’a pas été modifié ? » Même si la décision a de quoi surprendre – car le procédé de signature électronique employé en l’espèce était conforme à l’état de l’art et fiable –, elle est riche d’enseignement. La notion de preuve électronique est complexe. Il est très difficile, pour le non-spécialiste, de rentrer dans les arcanes de la tech- Dans le monde de la banque et de l’assurance, le 100 % numérique fait rage. Établissements virtuels aux services alors exclusivement accessibles en ligne ou certains contrats proposés en « zéro papier », la dématérialisation cache des pièges juridiques. L’une des rares spécialistes de la question met en garde… 30 point banque février 2013 nologie sous-jacente à la conclusion et à la conservation d’un contrat électronique. Comment s’assurer que c’est la bonne personne qui a signé le contrat à distance, et même qu’il a bien été signé ? Comment s’assurer que le document n’a pas été modifié, entre le texte présenté au consommateur et celui produit par la banque lors d’un litige ? Ces questions sont tout à fait légitimes, car, on le sait, il n’existe pas encore d’« identité numérique » et l’authentification d’une personne à distance est toujours entachée d’un doute. La signature électronique n’est, elle, pas conforme à ce qui avait été prévu par les textes du début des années 2000 : il s’est avéré quasiment impossible de délivrer des signatures électroniques interopérables entre elles, à des coûts raisonnables, aux particuliers. Quant à l’intégrité du document, elle est en théorie garantie par sa signature électronique et son horodatage, mais encore faut-il prouver qu’il n’existe pas de maillon faible dans le cheminement du document entre le moment où il a été mis en forme par l’établissement bancaire puis signé et versé en archive. « Nous pensons qu’il faut évaluer les processus de conclusion des contrats 100 % numériques » Depuis quelque temps, les établissements bancaires et les assureurs prennent le soin, sous l’impulsion de leurs directions juridiques, de demander à des cabinets d’avocat d’établir des avis juridiques sur la valeur probante de ces contrats électroniques. L’élaboration de tels avis exige de repartir des critères de haut niveau posés par le Code civil dans ses articles 1316 et suivants, relatifs à l’écrit numérique et à la signature électronique, et de vérifier leur respect par le processus technique mis en œuvre. Ils sont souvent très qualitatifs, car, en matière de preuve, il n’existe pas de « garantie 100 % ». La valeur probante d’un écrit risque toujours d’être contestée et ce sera au professionnel d’apporter la démonstration de cette valeur probante et de la validité de la signature électronique (la signature « présumée fiable » n’est en effet actuellement pas accessible aux consommateurs). Nous pensons qu’il faut évaluer les processus de conclusion des contrats 100 % numériques de manière, non pas qualitative, mais quantitative, autrement dit en leur attribuant une « note » de fiabilité, fondée sur le respect de critères objectifs. Ainsi, pourra-t-on coter la qualité de la documentation du processus au regard de l’état de l’art en la matière, très déve- loppé dans la sphère publique. On peut évaluer la qualité de la signature électronique, en s’appuyant sur les critères mentionnés dans le décret « signature électronique » du 30 mars 2001. On peut noter ce que l’on appelle le « cycle de vie » du contrat, c’est-à-dire notamment sa capacité à garantir sa traçabilité et son intégrité, sur la base de critères normatifs. Et enfin on peut mesurer la qualité de son archivage, toujours sur la base de critères normatifs. L’ensemble de ces « notes » donne une idée assez précise de la fiabilité du processus dans son ensemble et, surtout, elle en détecte les points faibles avant de les améliorer. Au final, nous aboutissons à une documentation claire et didactique reposant sur des références factuelles. « La découverte d’une faille dans un processus numérique pourrait entraîner la remise en cause systématique de tous les contrats conclus » Cette analyse technico-juridique doit être mise en perspective avec l’environnement de risque, qui n’est pas du tout le même selon qu’on parle d’un crédit à la consommation de 3 000 € ou d’une assurance-vie. Sachant qu’en tout état de cause, le zéro risque est illusoire, tout comme le processus 100 % fiable. Mais au bout du compte, l’objectif des professionnels de la banque et de l’assurance qui se lancent dans le 100 % numérique est de vendre plus, d’attaquer des parts de marché inaccessibles à leur réseau classique. Ce qui suppose que le processus de vente de contrats 100 % électronique ne soit pas alourdi par de multiples vérifications au point de le priver de tout intérêt. Or, il n’est pas facile de placer le curseur entre les rêves des directions marketing et les impératifs de sécurité des directions juridiques ! Disposer d’une notation objective du processus de conclusion du contrat aide à placer ce curseur en fonction de l’environnement risque du produit considéré : là où une note x sera acceptable pour un crédit à la consommation de quelques milliers d’euros, elle ne le sera peut-être plus pour une assu- rance-vie dont les montants sont susceptibles d’atteindre quelques centaines de milliers d’euros. C’est d’autant plus vrai que l’action collective, avatar français de la « class action », va finir par voir le jour. La découverte d’une faille dans un processus numérique pourrait entraîner, si la conjoncture était telle que les clients y aient un intérêt particulier, la remise en cause systématique de tous les contrats conclus. Ce qui, en matière d’assurance-vie par exemple, aurait des conséquences financières désastreuses. Remarquons que cette démarche d’objectivation du risque s’inscrit de façon très cohérente dans le contexte de l’obligation de vigilance des établissements de banque/assurance pour la prévention du blanchiment et du financement du terrorisme1. L’idée directrice de cette législation est l’approche fondée sur les risques, recommandée par le Groupe d’action financière dès 2003. Il y apparaît notamment qu’une entrée en relation réalisée en l’absence du client est une situation de risque élevé. L’approche risque a pour objectif de responsabiliser les établissements financiers et de leur permettre l’optimisation des moyens mis en œuvre en fonction du contexte de chaque établissement, et non plus sur la base d’une norme uniforme. Or, il est très difficile pour des décideurs de s’inscrire dans cette tendance s’ils ne disposent pas d’une vision « élevée » de la qualité des dispositifs techniques complexes mis en œuvre pour conclure des contrats 100 % numériques. C’est la raison pour laquelle il nous semble pertinent de développer et d’appliquer une méthode de notation objective de ces processus de contractualisation 100 % numériques. De quoi donner à chaque acteur au sein de la banque, selon sa fonction, une appréciation factuelle de son rapport au risque*. 1. Introduite dans notre droit par l’ordonnance n° 2009-104 du 30 janvier 2009 transposant la directive européenne n° 2005/60/ CE du 26/10/2005. * Le cabinet Racine a développé, en partenariat avec Fedisa, une méthode d’évaluation reposant sur quatre volets : Eval_ doc©,Eval_SE©, Eval_ILM©, et Eval_Arc. 31 point banque février 2013 Votre rendez-vous annuel des technologies de la monétique et des paiements PCI-DSS P. 34 Cartes de paiement pros et entreprises P. 37 SEPA P. 42 Carte et innovation, mariage possible ? éditorial Union sacrée sur fond d’interrogations 6 édition 20 et 21 mars 2013 e Espace Étoile Saint-Honoré 21/25 rue Balzac 75008 Paris Pour vous inscrire, contactez-nous : [email protected] Tél : 01 75 60 28 40 u Paiement mobile u Paiement sécurisé sur Internet u Authentification forte u Lutte contre la fraude u Personnalisation des cartes u Instant issuing u Traitement des cartes privatives u Prépayé u Multi-acquisitions transfrontières u Avenir du TPE u Solutions de passage au SEPA Pour être exposant, contactez David Toboul : [email protected] Tél : 01 75 60 28 55 23 bis rue Danjou, 92100 Boulogne-Billancourt – France – Tél : +33 (0)1 75 60 28 40 Fax : +33 (0)1 47 57 37 25 – E-mail : [email protected] – www.pointbanque.fr Le secteur des cartes de paiement navigue dans les 40e Rugissants : marqué par les évolutions réglementaires que sont les transpositions de la directive sur les Services de paiement (DSP), et, plus récemment, de la deuxième directive monnaie électronique (DME2), le voilà par nature voué à une concurrence de plus en plus accrue, suscitée par l’ouverture du marché. Que ce soit sur l’affinitaire ou le prépayé, et même sur des marchés complexes et réglementés tels que les titres restaurants, les acteurs non bancaires, tels Aqoba ou encore Moneo Applicam, se andréa positionnent sur le sacro-saint outil carte considéré fer de lance de la relation clients. toucinho comme Face à cette concurrence, les banques semblent Rédactrice en chef adjointe avoir franchi le cap de l’innovation pour donner du relief à l’outil carte. Les multiples exemples cités dans Point Banque en décembre (n° 77) en témoignent. Mais pas seulement. Si le marché des cartes de paiement dédiées aux particuliers semble être arrivé à maturité, celui des cartes de paiement pour professionnels et entreprises, qui bénéficie d’une marge de progression indéniable, prend lui aussi les couleurs de l’affinitaire et du sans contact pour séduire une clientèle de plus en plus exigeante (lire l’enquête p. 38). Autre source d’inspiration des banques, les cartes de paiement haut de gamme, de plus en plus adossées à des services internationaux et à des avantages 2.0 pour répondre aux besoins d’une clientèle cosmopolite et hyperconnectée (dans ce numéro p. 26). Parallèlement à cette tendance, la technologie sans contact prend peu à peu possession de la carte, elle lui confère un rôle dans les micropaiements, en remplacement des espèces. À supposer avant tout que les acteurs fassent preuve de pédagogie et investissent dans la communication pour éduquer les porteurs et les commerçants ! Des initiatives verront le jour en 2013 dans ce domaine (lire en pages Briefing) pour préparer le terrain du mobile, alors même que les business models semblent, eux, encore à définir… À quoi s’ajoutent les prévisions des professionnels sur une possible fusion entre les statuts d’établissement de paiement et de monnaie électronique qui pourrait changer la donne. L’évolution du design et de la sécurité, qui suscite encore des interrogations, notamment dans le secteur du prépayé et/ou encore sur la technologie sans contact comme le démontrent les derniers rapports de l’Observatoire de la sécurité des cartes de paiement (OSCP). De quoi confirmer que si l’union entre carte et innovation est possible, elle doit se célébrer sous le signe de la sécurité. février 2013 33 l’événement enjeu PCI-DSS ”La conformité à PCI-DSS est une garantie pour la survie de l’entreprise.“ Les entreprises françaises rentrent dans le rang ! La fronde touche à sa fin. Les entreprises françaises adoptent enfin le standard PCI-DSS pour protéger les données des cartes bancaires de leurs clients. 1 Premier round : voilà les entreprises françaises qui rejettent, non sans panache, les exigences de l’organisme américain PCI1, au motif que la technologie EMV est assez sûre pour les dispenser de s’y soumettre. Deuxième round : elles jettent l’éponge. Depuis le 1er janvier 2013, toutes celles qui stockent les données des cartes bancaires de leurs clients doivent respecter les douze commandements du standard PCI-DSS2. Pourquoi cette volte-face ? Parce que les grands émetteurs de cartes comme les banques ont fait le forcing à coups de menaces à peine voilées. En clair, le niveau dissuasif des pénalités, capables de mettre en danger une entreprise en cas de vol de données ! Longtemps perçu comme un organisme opaque au service de Visa et de MasterCard, PCI a partiellement corrigé cette image en impliquant plus d’acteurs européens dans le cadre de son Conseil des normes de sécurité PCI-SSC3. À l’heure où les États-Unis accomplissent leurs premiers pas dans le monde EMV, il est réconfortant de penser que les compétences européennes en la matière risquent de donner à terme plus de poids aux acteurs du Vieux Continent au sein de l’organisation. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, le courant a fini par passer. Au prix d’importants efforts de communication, l’organisme a réussi à faire accepter l’idée que ses standards, PCI-DSS en tête, étaient destinés à protéger les transactions de paiement des porteurs de cartes partout dans le monde, qu’ils soient rattachés au modèle « chip&PIN » de l’EMV ou au modèle de la piste magnétique. Un défi qui n’était pas facile à relever. Contrairement aux états-uniennes, les entreprises européennes ne sont pas encore tenues de rendre publics les attaques ou les vols de données dont elles auraient été victimes. Ce « silence radio » conforte l’illusion qu’il n’existerait pas de failles de sécurité en Europe. Or la fraude en ligne passe même pour le danger numéro un de l’EMV. « Les données des cartes de paiement sont toujours très fortement menacées, y compris en France », rappelle avec force Rodolphe Simonetti, global PCI-DSS director chez Verizon, acteur 34 février 2013 majeur de la conformité avec un statut de QSA4. La fraude en ligne représente en Angleterre 65 % de la fraude à la carte bancaire en général, 70 % en France. Elle est en moyenne de 50 % à l’échelle européenne. « La seule différence est qu’aux États-Unis les vols de données portent sur des millions de cartes, alors qu’en Europe, ils touchent en moyenne entre 50 000 à 100 000 cartes », estime Jeremy King, directeur européen de PCI. Même si la différence est de taille, la mise en conformité avec PCI-DSS en environnement EMV reste, selon lui, « la meilleure façon de barrer la route aux cybercriminels et d’assurer la survie de l’entreprise ». Principale raison ? Une récente étude montre qu’une perte des données de 100 000 cartes est de nature à engendrer une perte financière de 9 à 12 M$, ce qui justifie amplement l’investissement PCI-DSS. Pas étonnant qu’en maniant habilement le bâton et la carotte, PCI ait réussi à obtenir des entreprises françaises – y compris celles qui furent pionnières de la fronde comme Leroy-Merlin ou Pixmania – qu’elles adoptent le standard en plaçant leur infrastructure en accord avec ses exigences et en se soumettant à un audit régulier de conformité (ou en faisant appel à un prestataire dont les infrastructures répondent déjà à tout ou partie de ces exigences). Jeremy King, directeur européen de PCI ISO 27001 contre PCI DSS Différences PCI DSS ISO 27001 Sélection des mesures de sécurité Imposée Principalement basée sur l’appréciation des risques Niveau de granularité Important Libre Niveau de flexibilité Faible Important Périmètre Défini par le standard Défini par l’audité Exigibilité Contrainte externe Démarche spontanée Objectif principal Niveau de sécurité de la carte bancaire Organisation de la sécurité Aide au management du SI Faible contribution Contribution majeure Des contraintes fonction du nombre de transactions Heureusement, les contraintes du standard ne concernent pas toutes les entreprises manipulatrices des données bancaires5, commerces, commerces en ligne, banques, hôtels, voyagistes, etc. Les exigences sont fonction du nombre de transactions passées. Les entreprises qui totalisent plus de six millions de transactions par an avec Visa ou MasterCard (niveau 1) sont soumises aux exigences les plus draconiennes. Elles doivent entre autres renouveler leur certification chaque année. Trois autres niveaux sont pris en compte par le standard : entre un et six millions de transactions par an avec Visa ou MasterCard (niveau 2), entre 20 000 et 1 million de transactions par an sur Internet avec Visa ou MasterCard (niveau 3) et enfin moins de 20 000 transactions en ligne par an ou moins d’un million de transactions tous les canaux confondus avec Visa ou MasterCard (niveau 4). Les entreprises du niveau 1 doivent faire certifier leurs processus de sécurité en se soumettant à un audit annuel sur site et en réalisant chaque trimestre un scan de vulnérabilités sur les points d’accès externes (site Web, messagerie, etc.). La certification comporte à présent 257 points de vérification, du contrôle de la gestion des données des cartes à l’homolo- gation des tests de sécurité mené sur le système de sécurité. Les entreprises des niveaux 2, 3 et 4 ne sont pas soumises à un audit annuel. Elles doivent seulement répondre à un questionnaire d’autoévaluation. S’il paraît moins contraignant, ce questionnaire reste néanmoins efficace car il fait porter l’attention de l’entreprise sur les risques de sécurité à échéance régulière. En revanche, quel que soit leur niveau, toutes les entreprises sont tenues à un scan de vulnérabilité trimestriel. L’externalisation de la conformité à PCI-DSS prédomine Acculées par l’échéance du 1er janvier 2013, nombre d’entreprises françaises candidates à la conformité PCI-DSS ont choisi d’externaliser au maximum tout ce qui pouvait l’être afin d’obtenir au plus vite la fameuse certification chez des opérateurs de datacenters, tel Interoute, ou encore des opérateurs de paiements. Plusieurs datacenters proposent des services qui couvrent quatre à six des points les plus sensibles du standard. Pour leur part, les opérateurs de paiement offrent la conformité sur l’ensemble des douze points, y compris aux commerces qui totalisent plus de six millions de transactions par an et pour lesquels une offre spéciale a été concoctée l’été février 2013 35 l’événement enjeu enquête ”En France, trois quarts des entreprises ont choisi d’externaliser la conformité à PCI-DSS de leur infrastructure.“ Rodolphe Simonetti, global PCIDSS director chez Verizon dernier par plusieurs prestataires. « Cette démarche d’externalisation est tout à fait naturelle », estime Rodolphe Simonetti : contrairement aux autres pays européens, la France compte de très nombreux prestataires dans les services de paiements, j’ai nommé Atos Worldline, Paybox, Monext, Ingenico, etc. « L’externalisation s’impose pour toute entreprise qui veut se focaliser sur son cœur de métier », estime encore Rodolphe Simonetti. Selon une estimation de la filiale de Verizon, trois entreprises françaises sur quatre auraient externalisé leur mise en conformité. Ce choix tactique leur laisse le loisir de réfléchir à l’implémentation du chiffrement sans la pression d’une quelconque échéance. Toujours selon Verizon, seulement une entreprise sur quatre aurait traité la conformité par ses propres moyens, espérant ainsi apporter de la valeur ajoutée dans l’usage des données cartes. C’est entre autres le cas de sociétés d’autoroutes, des voyagistes, des banques et des compagnies aériennes. À l’évidence, les entreprises françaises rentrent dans le rang. C’est une étape significative, certes, mais qui ne doit cependant pas cacher les nombreuses difficultés de terrain qui restent à régler. L’expérience montre en effet que maintenir la conformité est un défi permanent et que réussir l’audit de certification ne suffit plus. Au sein de l’Acsel, l’association qui regroupe les principaux sites de commerces en ligne, qui figura également au nombre des réfractaires à PCI-DSS, contraintes et coûts de certification ont pris le relais des sujets de mécontentement. L’autre préoccupation de terrain concerne l’évolution de la version 2.0 du standard. Y figurent entre autres des questions touchant au cloud, au paiement mobile… sans oublier l’harmonisation du périmètre avec celui de la norme ISO 27001 ou encore la pertinence à long terme du modèle de PCI à l’heure où les solutions dites de dépérimétrisation (ouverture) prennent leur envol. À ce sujet, « le standard évoluera certainement », commente, confiant, Rodolphe Simonetti. Le chiffrement point à point, qui sera assorti de compléments d’ici peu, fait déjà voler en éclat la notion de périmètre attaché à PCI-DSS. En attendant, Verizon conseille de placer le maximum de données hors du périmètre actuel du standard. Jo Cohen 1 Payment Card Industry 2 PCI-DSS : Payment Card Industry-Data Security Standard 3 PCI-SSC : PCI Security Standards Council, conseil de définition des standards de sécurité de PCI 4 QSA : Qualified Security Assessors 5 Les opérateurs de paiement sont soumis à d’autres contraintes, mais toujours fonction du nombre de transactions. Les douze commandements de PCI-DSS Au nombre de douze, les exigences de PCI-DSS ont toujours rebuté les entreprises concernées. Principaux motifs évoqués : projets aux coûts prohibitifs sans espoir de ROI par temps de crise, inadaptation au monde de l’EMV d’un standard pensé à l’origine pour les cartes à pistes magnétiques et double emploi avec la norme de sécurité ISO 27001, plus familière à la culture technique de DSI enclins à l’adopter sans rechigner. Dans sa version 1.2.1, PCIDSS obligeait les entreprises à installer et maintenir un firewall pour protéger les données, à ne pas utiliser les mots de passe par défaut fournis avec les 36 février 2013 équipements et les logiciels, à protéger les données stockées, à chiffrer correctement au travers de réseaux virtuels partagés VPN et du protocole SSL toutes les transmissions contenant des données bancaires destinées à circuler sur les réseaux publics (Internet, X25…), à utiliser et maintenir des antivirus à jour, à développer et maintenir la sécurité des systèmes et des applications en mettant à jour systématiquement les correctifs de sécurité des éditeurs, en restreignant l’accès aux seules données dont les utilisateurs ont besoin, en créant un identifiant unique pour chaque utilisateur, en restreignant l’accès physique aux serveurs contenant des données sur les cartes bancaires des clients, en surveillant et en stockant les événements d’accès aux ressources et aux données bancaires des clients (conservation et analyse de logs), en testant régulièrement la sécurité des systèmes et des processus par des audits de sécurité et enfin en assurant le maintien et la communication de la politique de sécurité pour tous les collaborateurs ! La version PCI-DSS 2.0, en vigueur depuis le 1er janvier 2012, apporte surtout des clarifications, à l’instar de l’obligation de ne pas stocker à proximité un numéro de carte et sa version hachée. Outre la tokénisation, la version 2.0 propose l’option du chiffrement point à point dans les transactions en ligne, une pratique qui simplifie grandement les processus de PCI-DSS et en réduit les coûts d’implémentation. Notons aussi que les standards utilisés pour le chiffrement sont ceux retenus dans le cadre de la norme ISO 27001, deux démarches jugées complémentaires par PCI. La version 2.0 apporte aussi un certain nombre de précisions pour l’implémentation en environnement virtuel. Au total, elle ne compte pas moins de 257 points de contrôle, contre 185 pour la version 1.2.1. Cartes de paiement pros et entreprises Le plébiscite Gestion des comptes, reporting, accompagnement des entrepreneurs… Les cartes de paiement dédiées aux entreprises et aux professionnels s’enrichissent de nouveaux services. Et pour cause : avec près de la moitié des TPE et PME non encore équipées, la marge de progression est « importante ». 1 « Contrairement au segment des particuliers où la CB connaît un fort taux de pénétration, le segment des entreprises et des professionnels est encore faiblement attaché aux cartes de paiement. » Constat de Pascal Burg, directeur du cabinet Edgar Dunn & Company. Il plante le décor d’un marché « cartes entreprises » en pleine évolution dans l’Hexagone. « L’étude que nous avons réalisée avec le CCSF1 démontre ainsi que parmi les 500 entreprises interrogées par le CSA2, seules 52 % des PME et 58 % des professionnels sont équipés en cartes de paiement. Ce segment garde une préférence pour le chèque et le virement », ajoute Pascal Burg. Autant dire que la marge de progression est importante dans ce marché. Banques et réseaux de cartes l’ont d’ailleurs bien compris qui misent sur des offres sans cesse enrichies au gré des besoins de ces clients. Visa compte plus d’un million de cartes Visa Business dans l’Hexagone. Son taux de satisfaction avoisine les 90 %. Fort de 400 000 cartes Visa Affaires en circulation en France, le réseau mise par exemple sur la progression du segment d’entrée de gamme avec la reconnaissance du statut d’auto-entrepreneur. D’où l’évolution vers une segmentation des services pour les professionnels, selon le secteur d’activité. « Les besoins des entreprises diffèrent avec les segments. L’Oréal n’a par exemple pas les mêmes besoins qu’un commerce de proximité ! Les grandes entreprises, utilisatrices de cartes affaires, sont soucieuses de réduction des dépenses et de renforcement de la gestion des liquidités. Elles aspirent donc à des outils de reporting, capables par exemple de contrôler qu’un vol a bien été réservé selon la politique de voyages de l’entreprise, ou encore de négocier des tarifs avec des fournisseurs fortement plébiscités. De leur côté, les entreprises utilisatrices de cartes business veulent segmenter les dépenses professionnelles et personnelles et éviter au maximum d’avancer des fonds personnels au nom de la société », expliquent Céline Dolla et Hélène Soulages, respectivement responsable produit cartes business et responsable produit cartes affaires de Visa Europe France. Affiner la gestion des dépenses entreprises Renforcer la gestion des dépenses dans un contexte économique morose : ce besoin commun à toutes les entreprises a été clairement identifié par les acteurs des paiements. Hélène Soulages, Visa Europe France Jean Sidéris, head of sales, MasterCard France, témoigne : « L’évolution la plus flagrante est le renforcement des besoins en termes de reporting, de gestion des dépenses et d’outils analytiques, aussi bien pour les grandes entreprises que pour les PME. D’où le lancement de notre offre Smart Data, module de reporting avec interface Web paramétrable par type de dépenses, par pays et par département. L’outil est disponible sur la carte MasterCard Corporate et la carte Achat, et s’ajoute à la solution MasterCard inControl conçue pour modifier en temps réel plusieurs paramètres liés à l’utilisation de la carte – comme les horaires ou les postes d’utilisation. » Un aspect particulièrement prisé par les cartes affinitaires professionnelles dédiées février 2013 37 enjeu enquête aux transporteurs routiers comme France Truck et C2A. Même son de cloche chez American Express qui cite la carte Business Gold comme « la plus appréciée par les clients professionnels » car « avantageuse en termes de gestion des dépenses et de trésorerie ». Avec, par exemple, jusqu’à 58 jours d’avance sur trésorerie gratuite. « L’outil est souvent adopté par les chefs d’entreprise, lesquels vont également profiter d’avantages via le programme Membership Rewards, constamment enrichi avec de nouveaux services utiles pour leur société. Pascal Burg, Edgar Dunn & Co American Express leur propose ensuite une montée en gamme avec la carte Business Platinum, appréciée pour la conciergerie qui répond aux problématiques des chefs d’entreprise souvent pressés et soucieux par exemple de trouver une salle de réunion en urgence », détaille Caroline Gaye, vice-présidente marketing & acquisition, American Express. « Nous avons récemment mené une étude sur les attentes et priorités des TPE-PME. Outre les traditionnels outils dédiés à la gestion financière, les services les plus plébiscités aujourd’hui sont ceux qui leur donnent les moyens de gagner du temps et qui incluent des facilités de paiement, de la sécurité et de la sérénité. » Sur le terrain, BNP Paribas, qui se distingue avec la carte logée BNP Paribas AirPlus (lire encadré), propose plusieurs outils d’optimisation de la gestion des dépenses professionnelles des salariés. La carte Corporate BNP Paribas, disponible en Visa et en MasterCard, « facilite la maîtrise du budget déplacements grâce à la restitution des informations nécessaires à l’analyse des dépenses et au suivi de la politique de voyages mise en place par l’entreprise », souligne Jean-Paul Lalain, responsable marketing cartes entreprises et professionnels de BNP Paribas. La carte d’Achat BNP Paribas, acceptée par les réseaux Cartes Bancaires et Visa, optimise à son tour les achats de réapprovisionnement de biens et services des entreprises du secteur privé et public. Une carte virtuelle autorise le paiement des achats professionnels à distance. Côté professionnels, la banque propose les cartes Visa Business et Visa Gold Business sans pour autant opter pour une segmentation, même si « le besoin d’appartenance à une même communauté est sensible chez certains professionnels », selon Jean-Paul Lalain. Vers une segmentation des services « pros » Société Générale l’a démontré avec la déclinaison des cartes Collection au segment des professionnels (lire interview) : il s’agit d’un enjeu à part entière dans le marché des cartes entreprises. « Trois tendances cohabitent en termes de services. 38 février 2013 D’abord, la progression du segment d’entrée de gamme avec la reconnaissance du statut d’auto-entrepreneur. Ensuite, l’évolution du très haut de gamme avec des offres sur-mesure dédiées aux professions libérales. Enfin, une segmentation des services par métiers et secteurs d’activité. De nombreuses professions, telles que les plombiers ou les avocats, aspirent ainsi à des offres personnalisées incluant des assurances et assistances liées à leur activité et des réductions chez des fournisseurs reconnus », affirme-t-on chez Visa Europe France. De même pour MasterCard qui mise, notamment via les nouveaux acteurs tels qu’Aqoba, sur la flexibilité et l’affinitaire dans le secteur des cartes professionnelles (comme le démontrent les cartes dédiées aux transporteurs routiers, la carte dédiée aux professions juridiques ou encore la carte pour les auto-entrepreneurs conçue avec le Crédit Mutuel-CIC). « En plus des offres générales, nous construisons des cartes professionnelles pour des segments précis avec des acteurs traditionnels et de nouveaux entrants. Après avoir exploré l’affinitaire dans les cartes pour particuliers, nous allons le développer dans le segment des professionnels et des entreprises », assure Jean Sidéris. American Express se distingue dans ce domaine avec sa carte Flying Blue co-marquée avec Air France. C’est la poursuite de la même logique à travers des études sur l’évolution de certaines professions, comme les chirurgiens-dentistes, pour enrichir l’offre de produits et proposer des services adaptés. « Nous complétons notre catalogue avec des primes spécialisées en fonction des secteurs d’activité des entreprises. Et l’organisation d’événements et de rencontres qui visent à créer une communauté pour les professions diverses et variées, qui demandent à connaître leurs pairs pour échanger sur les meilleures pratiques », explique Caroline Gaye. De l’affinitaire mesuré, donc, pour American Express qui ne mise pas dans l’Hexagone sur des cartes dédiées à des professions spécifiques comme c’est le cas dans d’autres pays, tel le Portugal via le partenariat avec Millennium BCP. « En France, nous misons sur des cartes génériques tout en enrichissant les programmes avec des services dédiés. Ainsi, nous avons, parmi nos clients, des populations bien définies, les pharmacies, les chirurgiens dentistes, les avocats, les architectes, les agences de communication ou encore les PME spécialisées dans l’import/export. Le segment des professionnels est difficile à appréhender car très fragmenté, mais il est en forte croissance », analyse la VP du marketing d’American Express. Accompagner les entrepreneurs De quoi justifier le renforcement de l’accompagnement des entrepreneurs, à l’image de ce que poursuit American Express grâce à son événementiel dédié. Visa Europe France s’est distingué dans ce domaine en 2012 avec le lancement du site « jesuispro », qui s’inscrit dans une logique de dépassement des simples services pour positionner la carte de paiement comme « réel partenaire » de l’entreprise ou du professionnel. « Outre les informations sur les moyens de paiement, le site Internet propose des services pratiques aux entreprises et laisse la parole aux entrepreneurs qui apparaissent comme légitimes pour parler à leurs pairs. » Le chef d’entreprise va ainsi y puiser des dossiers sur des thèmes pratiques, comme un recensement des meilleures applications ou encore un mode d’emploi du recrutement. Ce qui s’ajoute aux rendez-vous live mensuels avec un chef d’entreprise chevronné face aux questions d’entrepreneurs. « En décembre 2012, le créateur de Viadeo a partagé son Société Générale va « enrichir la Collection cartes business » Poursuivre la déclinaison du catalogue de cartes Collections au segment des professionnels. C’est l’un des objectifs affirmés de Société Générale en 2013. Entretien avec élodie Trouillaud, responsable marketing-services monétiques entreprises, et Carole Massa, chef de produit cartes business à Société Générale. cartes Business entrepreneurs lancées il y a quelques mois ? Carole Massa : Après seulement quelques mois de commercialisation, il est trop tôt pour dresser un bilan chiffré, mais les premiers retours de nos clients et des conseillers de clientèle sont très positifs. Élodie Trouillaud et Carole Massa Société Générale décline désormais ses cartes Collection au segment professionnel. Pourquoi ce choix ? Comment cette offre va-t-elle évoluer ? Carole Massa : Une étude réalisée en 2010 avait démontré que les clients professionnels, notamment les plus haut de gamme, expriment de fortes attentes en termes de services liés à leur carte bancaire. Et comme notre gamme de cartes affinitaires proposée depuis maintenant quatre ans à nos clients particuliers rencontrait un franc succès, nous avons décidé de lancer en mars 2012 le premier modèle de cartes Collection dédiée au segment business, la carte Visa Gold Business class. Nous avons enrichi cette offre en juin 2012 avec les cartes Collection entrepreneur cobrandées avec Initiative France, disponibles en Visa Business et Visa Gold Business. Elles sont construites selon le modèle de nos cartes caritatives. Nos clients professionnels y trouvent le moyen de soutenir activement l’entrepreneuriat local et le développement économique de leur région grâce au versement de 5 centimes d’euro à chaque paiement réalisé. Cette offre est vouée à se développer avec de nouveaux modèles de cartes qui intégreront le catalogue de cartes Collection 2013. Quels sont les bilans que vous dressez des cartes Visa Gold Business class et des Comment évoluent les besoins des professionnels et des entreprises en matière de cartes de paiement ? Carole Massa : Les professionnels sont en attente de services associés en adéquation avec leur activité professionnelle et leur quotidien. Par exemple, pour ceux qui se déplacent beaucoup, il est important de bénéficier de services exclusifs, liés aux voyages, tels que l’accès aux salons privés d’aéroport. Élodie Trouillaud : Et pour nos clients entreprises, il est primordial, dans une logique économique actuelle de réduction des coûts, de suivre et de contrôler les dépenses de manière optimale. Notre priorité est donc de développer des services de reporting innovants. Dans ce cadre, nous avons lancé en mai le site Sogecarte Net sur mobile. Les titulaires de cartes affaires suivent leurs dépenses à tout moment depuis leur téléphone. Quels types de nouveaux services spécifiques envisagez-vous ? Carole Massa : Nous souhaitons enrichir la Collection avec de nouveaux modèles tournés vers l’accompagnement et l’aide à la création d’entreprise. Et dès le 1er trimestre 2013, Société Générale proposera des cartes professionnelles sans contact à la demande du client. Élodie Trouillaud : Pour toutes les cartes affaires entreprises Société Générale, en standard, l’affinité est liée à l’environnement. En plus d’un visuel connoté environnement, nous proposons avec ces cartes de remplacer les relevés papier par un accès gratuit au site de reporting Sogecarte Net et de reverser 5 centimes d’euro à l’ONF1 pour chaque paiement. L’idée est de financer des projets de reforestation. Quid de la personnalisation ? Envisagez-vous des cartes entreprises sur-mesure avec un logo personnalisable aux couleurs de la société ? Élodie Trouillaud : Société Générale propose déjà depuis plusieurs années aux grandes entreprises la personnalisation de leurs cartes affaires. Par exemple, SNCF a intégré son logo et personnalisé le visuel de ses cartes affaires aux couleurs de la société. La personnalisation du visuel à la volée, qui permettrait d’étendre ce service à de petites séries, est un projet d’évolution plus global qui concerne toutes nos cartes. février 2013 39 enquête enjeu American Express mise sur « la co-création des services avec les clients » La carte logée AirPlus : un joker signé BNP Paribas Signe distinctif sur le marché des cartes de paiement dédiées aux entreprises : la carte logée BNP Paribas AirPlus vise l’optimisation des achats de billets d’avion et de train. Moyen de paiement centralisé, « logé » auprès de l’agence de voyages de l’entreprise, l’outil offre un reporting détaillé : nom de la compagnie et du voyageur, villes de départ et d’arrivée, classe, pour le suivi des dépenses et leur comptabilisation. Elle inclut les services d’assurance et d’assistance spécialement conçus pour les voyages d’affaires. « Sur le marché des entreprises, le partenariat avec AirPlus constitue un cas à part. La carte logée est un moyen de paiement à part entière émis par BNP Paribas. Depuis 2004, nous avons souhaité nous appuyer sur l’expertise et le professionnalisme d’AirPlus, devenu désormais un acteur mondial incontournable de ce métier », commente Jean-Paul Lalain, responsable marketing cartes entreprises et professionnels de BNP Paribas. De même, l’accord avec Global Alliance, signé entre plusieurs banques mondiales dont BNP Paribas, autorise les retraits gratuits à l’étranger avec une carte BNP Paribas sur tout le réseau de distributeurs Global Network. « D’autres partenariats répondent aux besoins spécifiques des entreprises, détaille Jean-Paul Lalain. Notamment en matière de récupération de TVA avec TVA Conseil, de tarifs négociés d’hôtellerie en ligne avec HRS, d’achat et de livraison de devises aux voyageurs avec Travelex, de logiciels de notes de frais avec Concur. Quant aux partenariats attachés à la détention et à l’utilisation de la carte Business, nous proposons un partenariat exclusif avec HRS histoire d’accéder à la réservation hôtelière en ligne, à des conditions négociées. Puis nous nous appuyons sur un autre acteur mondial, Visa, qui a spécialement sélectionné une douzaine de partenaires pour répondre aux besoins les plus divers de nos professionnels. Depuis les conditions préférentielles auprès d’éditeurs de revues professionnelles avec les éditions Francis Lefebvre, en passant par les imprimeurs, comme Copy-Top, les locations de véhicules avec Avis, les repas traiteur avec Lenôtre, l’optimisation publicitaire sur Google, etc. » expérience sur l’utilisation des réseaux sociaux », rappellent les représentantes de Visa Europe France. Depuis son lancement en septembre 2012, « jesuispro » enregistre une hausse naturelle du trafic de 30 %, un taux de rebond faible et une bonne circulation entre les pages. Les tests en focus group ont en outre démontré un « réel intérêt » de la cible pour le partage d’expé- ”Nous envisageons de transformer le mobile en terminal de paiement pour les professionnels.“ riences d’entrepreneurs. Fort de ce constat, Visa Europe France actualise tous les mois les contenus diffusés sur le site et mise sur un nouveau programme de fidélisation des porteurs professionnels avec notamment l’envoi d’une e-newsletter. « L’objectif est de créer un vrai lien avec les professionnels. » De là à glisser vers la personnalisation totale de la carte, il n’y a qu’un pas : « La demande existe ! Certaines banques, à l’instar de LCL et BNP Paribas, proposent d’ailleurs déjà ce service sur les cartes 40 février 2013 Caroline Gaye, American Express affaires avec l’intégration du logo et la photo de l’entreprise sur la carte de paiement, de quoi transformer l’outil en une réelle carte de visite. » « La tendance s’inscrit dans le besoin de reconnaissance des professionnels », affirme la société. Course à l’innovation Segmentation et accompagnement constituent donc les maîtres mots de l’évolution du marché des cartes de paiement dédiées aux professionnels en 2013. Côté entreprises, les acteurs convergent tous vers le renforcement des outils dédiés à la gestion des dépenses, notamment en misant sur les innovations. « Au vu de la position des cartes dédiées aux professionnels et aux entreprises en termes de taux d’équipement, l’avenir est rose pour ce secteur ! Nous prévoyons ainsi un taux de progression à deux chiffres en 2013. Les offres vont continuer à s’enrichir, mais moins du côté voyages déjà bien rempli que du côté nouvelles technologies avec des offres adossées au mobile et des services de back-office pour la gestion des dépenses et l’aide à l’analyse », prédit Pascal Burg. Il ajoutera que de nouveaux cas d’utilisation émergeront avec le prépayé, comme les cartes de paiement dédiées aux collaborateurs temporaires. Côté innovations, American Express mise sur le développement du programme Membership Rewards afin que le chef d’entreprise accède à de multiples avantages liés à son secteur d’activité. La société poursuit ses études sur les segments de professionnels : « Nous nous sommes associés avec un groupe dentaire à la création d’un livre blanc : comment faciliter la gestion du cabinet dentaire ? Nous envisageons de décliner cette expérience auprès d’autres professions courant 2013. » Même course à la segmentation chez Visa qui proposera une offre très haut de gamme sur la carte Business en 2013, en plus de la technologie sans contact actuellement en cours de déploiement sur ce type de cartes. « Alors même que nous étions jusqu’alors positionnés forts d’une offre généraliste sur le segment des professionnels et des entreprises, nous poursuivons en 2013 une logique de segmentation par secteur d’activité afin de répondre à la demande de reconnaissance de cette cible. Ce qui s’ajoute à des développements sur les offres très haut de gamme. Et à des initiatives sur le mobile que nous envisageons de transformer en terminal de paiement pour les professionnels mobiles tels que les infirmières et les plombiers. » Tendance forte. enquête et entretiens andréa Toucinho 1. Comité consultatif du secteur financier. 2. L’institut de sondage, www.csa-fr.com Stéphanie Laroque, directrice marketing France et Pays-Bas d’American Express cartes et solutions corporate : « Crise oblige, l’évolution est axée sur la vigilance et le contrôle des dépenses » Quelle est la proposition d’American Express en matière de cartes corporate ? Comment évolue votre offre ? Elle se déploie depuis la carte traditionnelle à la carte haut de gamme pour répondre à tous les segments d’entreprises, de la multinationale qui veut bénéfices et services communs à plusieurs pays, à la PME/ PMI de plus d’un million d’euros de chiffre d’affaires qui souhaite des outils universels de paiement. Toutes les cartes corporate American Express sont basées sur un différé de paiement de 45 jours en moyenne et sur un service de reporting, c’est-à-dire la consolidation des données restituées via un outil Web, accessible facilement et sous forme variée. Une entreprise cliente d’American Express va ainsi par exemple recevoir un rapport détaillé sur les dépenses d’une équipe envoyée en voyage d’affaires à Shanghai. Nos outils deviennent une base de meilleure négociation des budgets voyages pour une société, sachant que nous misons sur un équilibre entre les avantages pour l’entreprise et le porteur. Ces outils incluent en outre des bénéfices spécifiques tels que des assurances voyages et un programme de fidélisation individuel en option. Pour les PME/PMI, nous proposons également la carte co-marquée avec Air France, lancée en 1998, et qui a évolué l’année dernière. Ce moyen de b to b. Dans la mesure où Amex dispose, via son business model, d’une relation triangulaire, c’est-à-dire d’un lien direct avec les clients et les fournisseurs, la création d’un produit ad hoc n’est pas forcément la solution qui s’impose. Nous préférons décliner ou ajuster nos produits selon les attentes spécifiques de nos clients sur certains segments, comme le démontre le lancement de l’offre vPayment qui répond à une véritable problématique sectorielle pour les dépenses hôtels. paiement vise à reconnaître la fidélité des collaborateurs et des entreprises vis-à-vis du partenaire Air France. Nous proposons également une carte logée au sein de l’agence de voyages. Elle centralise et consolide les dépenses liées à la billetterie. L’outil remporte un franc succès car les entreprises veulent de plus en plus garder la main sur ce type de dépenses. Dans cette logique de centralisation, nous avons lancé l’offre vPayment qui facilite le contrôle, elle est notamment adaptée au domaine des dépenses hôtelières. Elle est une carte virtuelle de paiement à usage unique, de quoi pré-établir le niveau des dépenses. Elle s’inscrit donc dans le respect de la politique de voyages de l’entreprise. Combien comptez-vous de porteurs de ces cartes corporate dans le monde ? Un peu plus de 97 millions pour un total de volume de transactions de 822 Md$. Quid des retours clients ? Comment évoluent les besoins des entreprises ? La tendance est à la centralisation et au contrôle des dépenses aussi bien a priori qu’a posteriori. Nous enregistrons notamment un gros focus sur l’hôtellerie et les MICE1, notamment sur les dépenses liées aux conférences et à l’événementiel, qui reste un domaine où subsistent encore des efforts de rationalisation. La tendance semble être à l’affinitaire pour les cartes de paiement dédiées aux particuliers. Cette évolution touche-t-elle également les cartes corporate ? L’alternative affinitaire n’est pas toujours appropriée, notamment dans l’univers Quels sont les projets de cartes corporate d’American Express en France ? L’évolution est axée sur la vigilance et le contrôle. Crise oblige, les entreprises recherchent des économies dans plusieurs postes de dépenses. American Express mise donc sur la création de services conçus pour gérer non seulement la totalité des dépenses dans leur ensemble, mais également les typologies budgétaires spécifiques aux divers secteurs, ceux des voyages, des hôtels… La force d’American Express, c’est la prise en compte des besoins spécifiques de nos clients et leur accompagnement quotidien grâce à une centaine de commerciaux sur le terrain. Notre stratégie repose sur la co-création des services avec les clients. 1. Meeting Incentives Congress Expo/Events février 2013 41 enjeu L’euro unifié le 1er février 2014 ? SEPA, c’est pas encore ça Les vraies causes d’un rendez-vous difficile enquête et entretiens Anne-Marie Rouzeré 1 O-bli-ga-toire ! Faudra-t-il un battage médiatique – comme la campagne de publicité orchestrée depuis mi-2012 par la banque centrale du PaysBas (DNB) – pour que les chefs d’entreprise français réalisent l’inéluctabilité du passage aux normes européennes des moyens de paiement ? Le 1er février 2014, a priori, tout virement ou prélèvement passé au format national et non pas selon les standards SEPA (Single European Payment Area) serait légalement refoulé. Or, au dernier pointage officiel (fin du premier semestre 2012), avec moins d’un tiers des virements conformes, la France faisait partie du peloton de queue : sept pays affichent déjà un score supérieur à 90 % (voire 100 % pour le Royaume-Uni, la Finlande et la Pologne). Et que dire des prélèvements ! Moins de 1 % reconnu conforme pour l’Hexagone (2,07 % pour l’ensemble des pays concernés en novembre 2012) à douze mois de la date butoir du 1er février 2014. Bref, nous voilà les mauvais élèves de l’euro(pe). Pour un chantier lancé depuis cinq ans, avec des standards disponibles depuis janvier 2008 pour les virements, depuis novembre 2010 pour les prélèvements, force est de constater que la communication institutionnelle (Europe, Comité national SEPA), même relayée par les banques et autres acteurs impliqués, n’a guère réussi à convaincre les intéressés que le 42 février 2013 février 2013 43 enjeu Jean-Luc Frétard, directeur de l’innovation chez Docapost BPO Isabelle Grenier, responsable des moyens de paiement, Société Générale « 86 % des émetteurs de prélèvements assurent moins de 500 transactions par mois » Opérationnelle depuis 2010, l’offre de Docapost pour la gestion 100 % numérique d’une relation client fondée sur la souscription inclut en natif la gestion de paiement version SEPA. Compagnies d’assurance, mutuelles, opérateurs de services en tout genre, les entreprises adeptes de la solution Contralia (elle couvre, comme son nom l’indique, le volet de la gestion des contrats, depuis leur préparation et l’enregistrement jusqu’à l’archivage) se voient, en toute logique, proposer une extension jusqu’à la gestion de paiement avec Sepalia, offre de gestion des mandats et des prélèvements. À leur égard, le message est clair : « N’attendez pas le dernier moment pour vous mettre en conformité ». Et il commence à prendre effet. Résultat pour Docapost : près d’un million de prélèvements SDD (conformes SEPA) gérés en 2012. Mieux encore : « N’y voyez pas une simple question de réglementation pour votre seule trésorerie, ou la seule gestion des mandats, là où vous pourriez en tirer un avantage concurrentiel, étoffer ou ouvrir un nouveau canal de relation client, par exemple. » C’est précisément sur cette autre partie du message que le bât blesse. « Plus l’échéance de 2014 se rapproche, moins on aura tendance à voir le projet SEPA autrement que comme une contrainte », regrette Jean-Luc Frétard, directeur de l’innovation de Docapost-BPO. Quelle que soit la taille d’entreprise ? « Les grands créanciers sont en ordre Pour l’Association des trésoriers d’entreprises, 100 % des adhérents disent tout faire pour être prêts avant un an. temps était compté. Inconscience ? Arrogance à la française ? Tout juste a-t-on vu un regain de curiosité face à la relance de cette communication – depuis mars 2012 – liée à l’officialisation de la date butoir. Un passage net à l’action du côté des grands opérateurs de réseaux (énergie, télécoms, assurances, etc.) et des grandes multinationales – la moitié des transactions de prélèvements en France – se fait sentir. Mais il n’est pas encore massif. Prudence oblige. Projets en cours chez les grands émetteurs D’après le suivi trimestriel de l’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprises), 50 % des entreprises interrogées à la fin de septembre 2012 (134 réponses dont 60 % em- 44 février 2013 de marche. On est consulté toutes les semaines », constate le responsable de cette gamme de services. Au-delà de la gestion des mandats en masse de ces grands créanciers (plus de 50 000 transactions par mois), il reste à convaincre quelque 70 000 organismes émetteurs de prélèvements, jusqu’aux plus petites structures : 86 % des entreprises concernées assurent moins de 500 transactions par mois. 11 % des émetteurs de prélèvements comptent de 500 à 50 000 transactions par mois. Foi de Docapost et de sa maison mère : le maillage fin du groupe y pourvoira. ploient plus de 2 500 salariés) ont déjà adopté le format SEPA (SCT, SEPA Credit Transfer) pour plus de la moitié de leurs opérations de virement. De même, parmi les entreprises qui émettent des prélèvements (115 réponses), une bonne moitié a lancé son projet d’adoption du standard européen (SDD, SEPA Direct Debit) et 28 % d’entre elles prévoyaient de finaliser au 1er semestre 2013. Près d’une sur quatre (23 %) estimait pouvoir émettre ses premiers prélèvements SEPA avant juin 2013. « 100 % de nos adhérents se tiennent informés depuis l’origine du chantier européen et 100 % disent tout faire pour être prêts avant février 2014 », assure Olivier Bornecque, président honoraire de l’AFTE, représentant de l’association au Comité national SEPA. La sphère de l’administration au sens large (fiscale et sociale, état et collectivités), autre locomotive de la migration avec 45 % des virements émis en France et 18 % des prélèvements, est à mi-parcours. Quoique… Si 75 % des virements sont d’ores et déjà SEPA et si les 25 % restants (régies, GIE, etc.) devraient se « SEPAcifier » avant l’été, pour les prélèvements en revanche, au-delà de la mise à niveau de l’infrastructure déjà accomplie, vu l’énorme volume de données (identifiants et compagnie) à mettre à jour, les tests ne seront commencés au mieux qu’à mi-2013 (fisc, Urssaf) : près de 8 000 organismes sont concernés. « Communication et back-office en sortiront renforcés » Olivier Bornecque, AFTE Le tableau est tout autre pour le tissu des PME. Elles pèsent plus du quart des prélèvements du tissu hexagonal. Au vu des relevés transmis par le Comité national SEPA à la CGPME, sur un échantillon de 398 entreprises de moins de 250 salariés, deux tiers des réponses évoquent une méconnaissance totale des moyens de paiement SEPA. Et ce, même si un dirigeant sur cinq dit avoir déjà effectué des virements SEPA. C’est dire la confusion ! Deux tiers de ces PME-TPE confirment émettre des prélèvements, mais rares sont celles qui ont déjà lancé (3 %) ou planifié (pas plus) le projet de migration. Les tuyaux et moteurs sont prêts Vu de la fenêtre du Comité national SEPA, sous bi-présidence de la Banque de France et de la Fédération bancaire française (FBF), la balle est désormais plutôt dans le camp des entreprises. « Sans équivoque, les banques sont déjà prêtes et toutes le seront pour au 1er février 2014 », avance Willy Dubost, directeur du département systèmes et moyens de paiement à la FBF. « Les petits établissements spécialisés, banques captives de groupe de la grande distribution ou banques privées, ont lancé leurs projets en 2012 », confirme Bernard Ramé, responsable de l’offre paiements de Sopra Banking Software. Techniquement, les tuyaux, moteurs et instruments SEPA des banques sont prêts, même chez les moins promptes à s’y mettre. Même constat pour les entreprises traitant (ou sous-traitant) des flux importants de virements et/ou prélèvements. Par la force des choses, puisque l’obligation de quitter l’ancien support de communication banques-entreprises, Etebac/X25 pour les supports Swift ou Ebics (lire encadré Les aides abondent, p. 47) les a incitées à « Avec l’expérience d’autres contraintes, notamment la migration Etebac/X25 de l’an dernier, nous avons amorcé l’effort de communication autour du SEPA auprès de nos clients assez tôt, depuis septembre 2012. La campagne de sensibilisation est actuellement relancée, avec une lettre SG dédiée au projet. De même, du côté de la préparation de notre réseau commercial chargé de relayer l’information, le coup d’accélérateur date de septembre. Deux mois après son lancement, notre offre SEPA Solutions, développée avec Atos pour la gestion du cycle de vie des mandats, n’avait toujours qu’un grand client, pilote depuis juillet de l’année passée sur des flux transfrontières. Fin décembre, trois autres clients s’y sont mis, et la demande commence à monter. » Pour justifier ce temps de latence du côté des grandes entreprises, la plupart disaient vouloir boucler le projet X25 avant d’entrer dans le dur du projet prélèvements SEPA. Comme tous les acteurs concernés, on s’attend à une première évolution significative sur ce front-là à partir du second trimestre 2013. Mais plus la date butoir se rapproche, plus on en voit revenir vers nous, même parmi celles qui avaient entamé leur projet SEPA. Surtout des multinationales, qui craignent que douze mois ne suffisent pas. Chaque petit-déjeuner organisé par notre réseau commercial attire entre 30 et 50 clients. Qui viennent par curiosité, découvrent et repartent quelque peu inquiets. Jusque-là, la tendance générale était d’y voir d’abord un ajustement technique, confié à la DSI. Mais quand on les interroge, comme le font régulièrement les instances représentatives, les chefs d’entreprises associent SEPA et “international”. Beaucoup n’ont pas encore réalisé que même les opérations domestiques franco-françaises sont concernées. Compte tenu du déroulé habituel d’un tel projet, avec une phase d’analyse d’impact, d’organisation et de mobilisation des ressources, puis le tour des partenaires bancaires et éditeurs de logiciels, avant d’entrer dans la phase opérationnelle avec son lot de tests, il y aura forcément une phase d’engorgement. Et des retardataires. Les banques anticipent, en renforçant leur back-office, avec une offre de test automatisée, par exemple. Et pour les grands émetteurs, un accompagnement sur la durée du projet. » mener de front cette migration technique et le lancement du projet SEPA. « Les banques ont pour la plupart déjà mené leurs tests de charge pour vérifier la capacité de leurs systèmes à traiter les flux aux formats SEPA », réassure Bernard Ramé. Aux premières loges, puisque l’offre d’outils et de services Evolan de Sopra, couvrant l’ensemble de la problématique SEPA, sécurisation de la montée en charge incluse, équipe une vingtaine de réseaux bancaires français. Le goulot d’étranglement des tests Une chose est d’être prêt à échanger de part et d’autre. Une autre, l’existence des flux ! Il faut bien qu’ils existent pour éprouver le dispositif, en volumétrie et surtout en tests février 2013 45 enjeu Communication technique banques-entreprises ADP, géant de la paie « L’affaire est close depuis six mois » Parmi les 9 200 entreprises dont le traitement de la paie est confié au leader mondial ADP, seule une centaine n’a pas encore franchi le pas du virement SEPA. « Nous nous sommes emparés du sujet il y a deux ans. Pour nous, l’affaire est close depuis six mois », mitraille calmement Françoise Breux, directrice marketing de la relation client ADP. Avec quelque 130 banques impliquées pour ce prestataire de gestion de paie, l’agenda de la migration a été calé sur le changement de protocole de communication avec le monde bancaire (d’Etebac3 à Ebics) qui, lui, n’attendait pas. Une façon d’échapper à l’incertitude sur les dates butoir de la migration SEPA. « Nous avons fait d’une pierre deux coups, en y ajoutant le passage au format de fichier d’échange avec les banques, du format CFONB au XML ISO 20022. » Un chantier décliné auprès de chaque entreprise cliente, étalé généralement sur trois mois, rythmé en trois étapes, avant la bascule définitive de l’ensemble de la paie : 1) audit du système d’information de paie afin de repérer les points d’impact sur les autres composantes (gestion de notes de frais, de la participation, consolidation de la paie au sein d’un groupe, etc.) qui se partagent les données salariés. 2) modification des interfaces concernées, tests ”L’heure est venue de passer en mode alerte“. José Teixera, chef de marché communication bancaire et moyens de paiement, Sage. d’homologation (vérification des contenus échangés). « Dans la mesure où la bascule n’est effective que pour 30 % des virements et 1 % des paiements, le plus gros du chemin reste à faire », note Bernard Ramé. « L’heure est venue de passer en mode alerte, résume José Teixeira, chef de marché communication bancaire et moyens de paiement chez Sage. Depuis août, nous recevons deux ou trois appels d’offres par semaine, avec des délais de réaction de plus en plus courts. Les grandes entreprises sont passées du mode planning au mode rétroplanning. Neuf ou dix mois ne seront pas de trop pour que les entreprises se montrent opérationnelles », témoigne Gaston Rechenmann, responsable solutions SEPA de Tessi. Tous les fournisseurs de technologies et prestataires, dont les banques prêtes à aider leurs clients retardataires à opérer cette migration, le claironnent maintenant : question tests, plus la date butoir sera proche, plus la situation se ten- 46 février 2013 avec les banques, conversion automatisée des coordonnées bancaires mises au format BIC IBAN. 3) Mise en place à blanc de la vérification, avec implication, cette fois, de l’entreprise cliente. Temps facturé de la transformation ? Pour une PME de 300 à 500 salariés, quatre jours de prestation mis bout à bout. Pour la sphère plus personnalisée des plus grandes (3 000-10 000 salariés), dix à quinze jours. Pour les plus petites davantage adossées à des prestations standardisées, un ou deux jours. Le coût de changement de la plate-forme ADP (passage à Ebics) aura été lui-même mutualisé, et non répercuté sur les clients. dra. Attention au goulot d’étranglement imparable. Plus grave, le risque de voir le rendez-vous de la simplification des flux, objectif principal de SEPA, complètement escamoté. Avec notamment un retour en force du chèque et les coûts associés. « De 3-4 % des paiements par an actuellement, à 10-15 % Gaston Rechenmann, Tessi en 2014 », avançait-on lors de la présentation d’une étude Steria/ Edgar, Dunn & Co qui soulignait une fois encore le défaut de compréhension du SEPA, de ses impacts et enjeux. D’où les projets abordés sous l’angle d’une contrainte. Jusqu’à les limiter à une « simple » affaire d’ajustement de l’informatique de l’entreprise. Ce qui est vrai pour les émetteurs de virements, et qui, dans un premier temps, a pu aussi s’avérer utile pour les émetteurs de prélèvements. « En s’intéressant aux points d’impact dans leurs systèmes d’information, certaines entreprises ont pris conscience des processus qu’ils ont à faire évoluer », commente Jean-Sébastien Corbeels, responsable de l’activité moyens de paiement chez Steria. Les aides abondent À quand le branle-bas de combat des organisations patronales ? Sauf qu’à se focaliser sur le volet technique, les autres dimensions, organisationnelles, juridiques, sont aussi perçues comme des contraintes plutôt que des opportunités. D’où le peu de motivation – et l’attentisme – pour les aborder de front. Trop d’entreprises n’ont pas encore pris conscience notamment du transfert de responsabilité lié au changement du circuit d’autorisation des prélèvements avec le règlement Jean-Sébastien Corbeels, Steria SEPA. Et que ce sont elles qui auront à conserver et gérer les mandats aux lieu et place des banques. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir eu accès aux explications de ces changements dans les documents diffusés par le Comité national SEPA, la FBF, les banques, l’AFTE, les éditeurs de logiciels… Lesquels, depuis l’annonce de la date butoir, ont pris leur bâton de pèlerin pour un tour de France des régions. Leurs auditoires ? Encore souvent clairsemés. Les relais potentiels d’information – Medef, CGPME, ordre des experts-comptables – bien qu’attentifs aux signes de trop faible mobilisation, sont restés en retrait. Jusqu’à quand ? Swiftnet ou Ebics ? Les directions informatiques concernées ont d’ores et déjà tranché. Par la force des choses. L’ancien protocole de communication banques/entreprises Etebac est désormais inopérant (et X25 débranché) depuis juin 2012. Plus adapté au contexte des grandes entreprises, Swiftnet (en tant que réseau interbancaire au service de 8 000 institutions financières) leur apporte la conformité SEPA assurée aux banques membres de son réseau. Une sécurité recherchée par les multinationales, d’autant plus garantie que les autorités européennes (European Payment Council) ont confié à Swift la définition du standard de communication pour l’espace européen SEPA. « En tant que Registration Authority pour ISO 20022, pour avoir participé à la construction du format SEPA, il nous revenait de nous assurer que le système de messagerie entre banques et avec les entreprises serait capable de transporter ce format », explique Thierry Chilosi, responsable Payment Initiatives de Swift. Même évidence pour Ebics : solution moins haut de gamme que Swiftnet puisqu’elle utilise Internet, néanmoins sécurisée, Ebics transfère les fichiers au format SEPA (XML). Une trésorerie sur un serveur Ebics est déjà techniquement SEPA-compatible. Des outils multiples d’aide au passage Dans les deux cas, même si les entreprises sont parées du côté de la communication avec leur(s) banque(s), elles ne sont en rien exonérées de l’obligation de passer au bon format XML tous les fichiers liés aux virements et prélèvements. Avec les complications habituelles de non-interopérabilité car, en face, d’un pays à l’autre, les banques et leurs produits et applications opposent une diversité de formats (standards métiers et/ ou techniques). Des outils ont été conçus pour aider au passage. « Pour ce volet de migration des données référentielles, l’offre de service d’aide à la migration des formats domestiques vers le format SEPA ne manque pas », observe Thierry Chilosi. Pour sa part, parallèlement à son offre d’accompagnement des plans de migration SEPA des entreprises, ainsi que des programmes de tests, Swift propose MyStandards. Il a été adopté depuis l’été 2012 par les structures de compensation et les grands réseaux bancaires (dont Crédit Agricole). Un outil en ligne destiné à aider les établissements à publier leurs standards de façon structurée et à faciliter du même coup leur gestion. Plus grave, le risque de voir l’enjeu de la simplification des flux, objectif principal du SEPA, escamoté : avec notamment le retour en force du chèque et des coûts associés. février 2013 47 enjeu Les banques accompagneront leurs clients sur les virements autant que le règlement européen les y autorise. Genèse laborieuse d’un SEPA contrarié… 1 « Au départ, les instruments de paiement nationaux devaient être remplacés par les instruments SEPA dès lors que le seuil de 75 % des transactions serait atteint par 50 % des donneurs d’ordre ». Processus simple et lumineux, tel que le rappelle Bernard Ramé (Sopra Group). « Ce qui pouvait faire décoller les statistiques, c’était l’avancement dans le projet des grandes administrations », complète Gaston Rechenmann (Tessi). Conscientes de l’inadéquation de cette règle, les instances européennes ont voulu la modifier en fixant une date butoir. Ce qui a pris de longs mois de débats, jusqu’à l’annonce de mi-février 2012 : ladite date butoir était fixée au 1er février 2014 pour les virements et prélèvements. Au 1er février 2016 pour les produits de niche comme le TIP ou le télérèglement en France. Solution hébergée ? Le SaaS se referme Dans la période de flou sur les dates d’échéance, les entreprises qui avaient lancé des avant-projets et projets SEPA les ont gelés pour la plupart face à une conjoncture économique qui a réduit les budgets. D’autant plus qu’il leur fallait déjà payer la facture du changement d’infrastructure de communication banque-entreprise (d’Etebac vers Ebics). Si bien qu’aujourd’hui, l’ensemble des acteurs de cette migration 48 février 2013 sont condamnés à une course contre la montre. Qui passe par la question rituelle des entreprises : peut-on tout faire nous-mêmes et rester dans les clous ? Ou va-t-on externaliser un maximum ? SaaS (solution hébergée) ou pas SaaS ? Les éditeurs et prestataires se sont préparés pour répondre à la montée de la sollicitation. « Ce qui implique de la part de l’éditeur de prévoir une offre hypersouple, avec complète réversibilité, compatible à la fois avec le fonctionnement des grandes entreprises et le mode solution packagée pour les PME », diagnostique Gaston Rechenmann. « Avant l’annonce de la date butoir, les grandes entreprises voyaient un intérêt au passage par une solution hébergée pour assurer un basculement progressif. Mais dans le quasi big bang du moment, avec des projets de neuf à quinze mois à boucler dans l’année, elles ont tendance à mettre cette option SaaS de côté », remarque Bernard Ramé. Les entreprises, grandes et moyennes, concernées par un volume modéré de prélèvements, largement équipées d’ERP, ont attendu que leurs éditeurs donnent le « la » avec des versions SEPA livrées ces derniers mois. Ce qui réduit d’autant la fenêtre de tir pour aborder le projet comme il leur est généralement conseillé : « En impliquant toutes les fonctions de l’entreprise, pour ne pas négliger les impacts administratifs, organisationnels, juridiques », conseille José Teixeira (Sage). Surtout pour le changement du circuit d’autorisation des prélèvements (gestion des mandats) qui risque de générer un impact majeur sur les processus de vente et de facturation. Les offres de gestion de mandats, outils et sous-traitance, ne manquent pas, mises sur pied par des éditeurs spécialisés et par les banques. « Pour les prélèvements, ces offres donneront le moyen, sans doute, aux retardataires, de passer le cap », commente Isabelle Grenier (Société Générale). « Plus gênant pour la partie virements : les entreprises retardataires ne peuvent avoir recours à une telle prestation de la part des banques, dans l’état actuel de la réglementation qui l’interdit. » Mais les banques ne laisseront pas leurs clients démunis. Des négociations sont en cours. En fonction du rythme d’avancement de la migration, le tir sera probablement ajusté. De cela, les banques ne font pas état. Tout juste peuvent-elles en profiter, comme les éditeurs de logiciels, pour mettre en avant une offre d’accompagnement en amont, avec outils de conversion de coordonnées bancaires (de RIB à BIC/IBAN) par exemple, autrement dit sur la partie la plus simple de la migration. En attendant, après les plâtres de la partie technique, pas tous encore essuyés, il reste à surmonter les nombreuses complications, flous de réglementation et subtilités des projets. Dont rendent compte notamment les publications de l’AFTE et les alertes du Club Sepa (2CE2S, lire encadré p. 52) : défaut d’interopérabilité d’un pays à l’autre, failles du circuit de gestion des mandats dans le suivi de la gestion des rejets, par exemple. Quant aux sanctions applicables en cas de non-respect des dates butoirs, qui relèvent de l’État, elles devraient être annoncées vers la mi-février. Prosodie Vers un multicanal simplifié par SEPA Sur le marché de niche des outils de gestion des transactions issues du commerce multicanal, Capgemini s’est offert, en juin 2011, un bras armé avec Prosodie. L’entreprise fut rachetée 381 M€ pour un chiffre d’affaires, à l’époque de la transaction, de 172 M€, et une marge opérationnelle de 15 %. Autant dire que l’activité de cette filiale tient lieu, pour le ténor du conseil et de l’ingénierie informatique, d’aiguillon auprès des entreprises clientes Étude Experian Les erreurs et données périmées, un risque évalué à 20 Md€ Pas moins de 12 % des paiements électroniques passés ou encaissés par les entreprises européennes se calculent sur la base de données erronées (codes bancaires périmés, formats incorrects, etc.). Fort de ce constat, après passage en revue de 650 000 comptes bancaires et 220 000 identifiants IBAN, l’analyse d’Experian évalue à 20 milliards d’euros le surcoût que pourraient subir les entreprises dans l’aventure de la bascule SEPA de 2014. La logique du calcul ? 34 milliards de transactions réalisées en euros chaque année, 50 € de surcoût par transaction échouée : pour une organisation qui encaisse auprès de 100 000 comptes bancaires, le surcoût potentiel, avec 12 % d’erreur, serait de… 600 000 €. Un surcoût car jusqu’à présent c’est au crible des banques et via d’autres dispositifs disparates, outillés en conséquence, que l’on pallie en grande partie à ces erreurs, de manière transparente pour les entreprises. SEPA en place, le filtre des banques ne disparaît pas. Mais selon cette étude, seuls 45 % des numéros de compte bancaires internationaux (IBAN) conformes pour les projets d’optimisation de la gestion des flux financiers. Où entre la migration SEPA. En soi l’occasion d’intensifier la dématérialisation à tous les échelons. Et de réduire d’autant les coûts liés aux traitements des documents, mais aussi – multicanal oblige – ceux qui naissent des efforts d’acquisition et de fidélisation de clients. Large perspective ! D’après Ronan Souberbielle, directeur de la division paiement de Prosodie, elle « commence à faire bouger les lignes ». Simplifier, réduire les coûts, mais surtout dématérialiser L’attentisme des entreprises côté prélèvements de la migration SEPA justifie directement l’activité de Prosodie qui a placé sous le SEPA ne sont pas accompagnés d’un code BIC valide (identifiant de banque qui, à terme, est lui aussi appelé à disparaître). Plus question de compter à tous les coups sur les banques (non ou mal identifiées) pour corriger le tir. « Dans le cadre SEPA, les outils mis en place à l’échelon local, et qui suffisaient dans une large mesure, deviennent caducs », prévenait déjà Jonathan Williams, directeur du département stratégie de paiements d’Experian, dans une interview menée par Jo Cohen pour la Lettre des technologies bancaires du 19 octobre 2012. Moralité : les entreprises doivent réaliser qu’elles devront traiter (vérifier, corriger) les données BIC/ IBAN. Les services et les outils ne manquent pas et vont évoluer. L’étude d’Experian démontre qu’entre une démarche outillée et une vérification compte par compte, le coût de vérification passe de 1 à 10. Et là encore, si les entreprises sont toutes concernées, quelle que soit leur taille, ce sont sans nul doute les PME qui y sont moins préparées. signe de cette facilitation du multicanal le lancement en septembre 2012 de Pay²SaaS : une solution tout-en-un de gestion de souscription, dématérialisée de bout en bout, depuis la gestion des mandats jusqu’à l’émission des ordres de paiement. De quoi accompagner – et relooker avantageusement – les parcours clients multicanal. Pas sûr encore que l’enjeu soit perçu sous cet angle. « Au vu de l’impératif des délais, qui accentue l’aspect contrainte de la migration SEPA, rares sont les projets sous cette égide qui vont au-delà de la perspective d’une réduction des coûts ». Mais au moins l’attentisme est-il en partie rompu. « De nombreux appels d’offres sont en cours », constate Ronan Souberbielle. février 2013 49 enjeu Club SEPA : le grain de sel des experts grain de sel dans l’interprétation de ce que la réglementation ne dit pas (les business practices), afin que tous les acteurs – banques, associations professionnelles, chambres de commerce ou de métiers – en retirent autant que possible la même compréhension. Autrement dit, il s’agit de jouer les aiguillons pour définir des règles pratiques opérationnelles. Exemple : dans le domaine du prélèvement, le principe du double mandat, matérialisé par un formulaire et une « référence unique de mandat » (RUM) par lequel le débiteur autorise à la fois le créancier à émettre des prélèvements. « Quid de cette RUM, protégée par une clé de contrôle, s’il se glisse une erreur de saisie ? Et quid du risque de rejet y afférant ? » demande Jean-Yves Garnier. Une réunion par mois : rien de trop pour l’animation d’un groupe de travail autour de ces règles qui parvient à plonger dans le concret de ce type d’aléas. Attention aux coûts de mise à jour progicielles… Faciliter l’échange d’expérience : comme tous les clubs de gens avertis, la quarantaine de sociétés membres du 2CE2S (Club des conseils, experts et SSII SEPA), regroupement de conseils, d’experts, de SSII, fournisseurs d’outils et de services autour de la problématique SEPA, pratiquent cet échange à grande échelle. Sauf que, dans l’état de relative incurie (déficit d’intérêt, voire désinformation) du tissu d’entreprises auquel se heurtent 50 février 2013 les instances nationales (dont le Comité national SEPA), il s’agit encore et toujours de pallier ce déficit en relayant la communication de ces instances. « Non pas pour la suppléer, mais pour aider ceux qui peuvent porter la bonne parole, à commencer par nos adhérents », souligne JeanYves Garnier, ancien banquier et consultant indépendant. Un kit de formation est prévu à cet usage. Il s’agit aussi et surtout de mettre son Le club se veut aussi relais d’information tout au long de la migration, sur les initiatives intéressantes des entreprises et des prestataires qui les accompagnent. Ceux qui pensent en profiter, par exemple, pour mettre un peu d’ordre dans la brique financière de leurs divers systèmes d’information. Et pas seulement les plus en vue, ceux qui, à grand renfort de ré-ingénierie, pensent et agissent en termes de « payment factory ». Sans oublier de glisser un autre grain – de poivre, cette fois – dans le flux d’information pour déjouer le risque de mauvaise vue des dirigeants concernés. « Se rendentils compte que pour la mise à jour de leurs progiciels que proposeront à coup sûr les éditeurs, la facture ne sera pas celle d’une release habituelle, mais probablement beaucoup plus lourde ? », requestionne Jean-Yves Garnier. « Et surtout, mesurent-ils que ces nouveaux instruments font l’objet de mise à jour annuelle, alors que les clients des banques étaient habitués à une stabilité des formats ? » Les experts-comptables auront besoin d’une boîte à outils Pour Hervé Sitruk, président du Club, « une chose est claire : les fournisseurs de solutions, fabricants de progiciels ou SSII, sont sur le pied de guerre et les solutions sont prêtes, et même avec un luxe de solutions et des approches marketing assez sophistiquées. Les consultants sont mobilisés et se démènent sur tous les fronts, mais une grande part de l’effort d’explication sur les règles a dû être mené par les fournisseurs eux-mêmes, au détriment du travail d’implémentation. » Et les points de vérité qu’il liste gagnent à être gravés dans le marbre : • Le passage au SEPA va au-delà de l’évolution des composants informatiques des fonctions financières de l’entreprise, recèle des enjeux stratégiques et peut conduire à réexaminer tous les métiers de l’entreprise, dans ses outils ou ses relations avec les tiers (salariés, clients et fournisseurs, administrations publiques…). • Même le volet strictement technique recèle des difficultés opérationnelles, que nous avons pu constater sur divers projets, aussi bien d’entreprises que d’administrations, pourtant parfois très au fait des sujets. • Ces difficultés sont accentuées quand le projet concerne plusieurs pays européens : il doit se conduire plutôt comme plusieurs projets nationaux pour prendre en compte des spécificités locales très diverses. • Enfin, cette migration conduit à mettre en place de nouveaux instruments de paiements, qui sont assimilés dans les divers supports de communication aux instruments historiques existant actuellement en France (virement, prélèvement), mais qui s’en différencient, parfois très fortement, comme pour le SDD. Et les appellations « virement européen » ou « prélèvement européen » sont abusives, car elles recouvrent des différences majeures, y compris dans les usages qui sont et seront faits demain de ces instruments en Europe. Surtout pour le SDD : l’expression de « débit direct européen » aurait été plus judicieuse. que la quasi-totalité des expertscomptables n’a encore aucunement pris conscience. Bien que l’on compte notamment sur eux, et sur les banques locales et autres chambres consulaires pour passer le mot aux PME-TPE (soit 98 % des entités du tissu économique, concernées par 25 % des prélèvements). L’ordre, à travers ses 23 conseils régionaux, prévoit de lancer les actions d’information au printemps 2013 auprès de ses ressortissants. Lesquels, il est vrai, ont pris le pli de la dématérialisation (normes Edificas et autres), et sont habitués aux aides de style boîte à outils. « C’est ce que nous leur préparerons », précise Jean Saphores. Sous-entendu : quand nous aurons des réponses claires leur garantissant la sécurité juridique contractuelle nécessaire à leur activité. Creuser le sillon depuis 2010 Les banques sont prêtes, mais les règles du jeu le sont-elles ? Rien n’est moins sûr du point de vue des experts-comptables. « La problématique technique s’efface largement derrière les incertitudes juridiques qui restent à lever », estime Jean Saphores, président de la commission informatique de l’ordre des experts-comptables. Exemple : pour les millions de téléprocédures et prélèvements (donc mandats à venir) des taxes fiscales et autres charges des PME-TPE (Urssaf, Afirg, Arcco, etc.), quid de la continuité ? Faudra-til tous les faire resigner ? Une paille, parmi d’autres, dont l’ordre pressent Certains éditeurs de logiciels (dont Cegid) tiennent le même discours. Ils expliquent que, sur un plan technique (migration Etebac/Ebics) tout est déjà fait en complète transparence pour leurs clients comptables. « Pour la partie virements, nous avons commencé notre travail d’information dès le deuxième semestre 2010, avec les conseils habituels : depuis l’analyse de l’existant, repérage des logiciels concernés, des identifiants BIC/ IBAN, choix du protocole Ebics ou Swift selon les besoins d’échanges bancaires, jusqu’à la prise de contact/ négociation avec les banques et l’organisation des tests », explique Bertrand Gall, directeur marketing opérationnel professions comptables et TPE. Pour le volet prélèvements, une même campagne d’information est prévue courant 2013. ”Le passage au SEPA recèle des enjeux stratégiques.“ Hervé Sitruk, président du Club SEPA. février 2013 51 enjeu rendez-vous mouvements agenda L’exemple d’EDF : gestion de mandats tout-en-un Crédit Immobilier de France « La seule façon de faire passer le budget d’une telle opération est de monter un projet rentable dans sa globalité. » Pour gérer quelque 40 millions de mandats de prélèvements, la direction financière d’EDF se fie aux caractéristiques de la solution proposée par Tessi. Explication de Gilbert Labbé, directeur de la division trésorerie et financement intragroupe d’EDF, et président de la commission SEPA de l’AFTE (Association française des trésoriers d’entreprise). Comment avez-vous organisé votre recherche de solution de gestion de mandats SEPA pour l’ensemble du groupe EDF ? Avec 77 % de nos encaissements sous forme de prélèvements, de longue date, nous avions écarté l’idée d’une gestion externalisée. La solution que nous voulions exploiter en interne se devait essentiellement que prestataire, assure déjà pour EDF le traitement d’une partie des TIP et des chèques. Robustesse, mais encore ? Quels critères ont-ils été déterminants ? Lors d’un maquettage, on a pu vérifier que l’outil de Tessi nous assurait une couverture complète des fonctions recherchées sans le besoin d’une phase ultérieure de développement. Et surtout, l’approche proposée était en phase avec notre schéma d’architecture pour la gestion des mandats. Autrement dit : une base de données vivante pour gérer la création et la modification de mandats, une base archives contenant et gérant les preuves de mandats et éléments de preuve, les deux françaises, ERDF, Électricité de Strasbourg, notamment. Votre décision date du début de l’année. Quand le projet en sera-t-il au stade opérationnel ? Globalement, nous procédons en deux étapes : une phase de démarrage sur la base des prélèvements existants, c’est-àdire la conversion des anciennes autorisations de prélèvements en mandats SEPA, comme l’autorise la règle de continuité de SEPA. Étape qui va prendre place début avril. Elle est censée couvrir tout le stock. L’issue de la seconde phase, la mise en production de la gestion des flux, devrait se situer vers octobre. Les délais sont courts. Les premiers ateliers de cadrage du projet ont été concluants. Nous pensons boucler le cycle des spécifications Depuis mi-2011, 100 % des virements émis sont au format SEPA. de se montrer robuste et performante pour porter la gestion d’un flux annuel de près de 4 millions de mandats de clients. En estimant que sur les 40 millions de mandats en stock, chaque année, 10 % sont à modifier, éliminer, renouveler. D’où l’appel d’offres européen lancé en deux temps, request for information en juillet, puis request for proposal qui a suscité une dizaine de réponses. À l’issue de la phase écrite, nous avons considéré – sur présentation orale – l’offre de cinq ou six éditeurs. Dont celle de Tessi. Lequel, en tant 52 février 2013 bases pleinement intégrées, capables de coupler l’acquisition de mandats et l’archivage avec la garantie de respect des dispositions du Code civil sur la preuve. Les autres solutions présentées rendaient possible cette articulation de la gestion et de l’archivage, mais celle de Tessi était la seule à assurer ce couplage de façon pleinement intégrée. La facilité de paramétrage de la solution rendait possible une présentation de cette solution aux filiales du groupe, en Belgique, en Italie, comme à nos filiales générales, intégration, tests et recettes à la fin du premier trimestre 2013. Comme la solution se révèle proche de ce que nous voulions dès le départ, nous n’avons pas trop d’inquiétude. Même si l’on n’est jamais à l’abri de difficultés. Comme on l’a vu avec le passage au virement SEPA qui, tout compte fait, s’est déroulé de manière relativement indolore. Depuis mi-2011, 100 % des virements émis par le groupe sont au format SEPA. Ne craignez-vous pas d’essuyer quelques plâtres, là encore ? À bien regarder, les gros Yannick Borde président émetteurs ne sont pas nombreux. Nous sommes forcément en situation de pionniers. Pas seulement pour l’aspect technique, mais aussi sur le volet organisationnel et ses impacts. C’est un travail de longue haleine, mais amorcé chez nous de longue date. Des exemples d’impacts organisationnels ? Pour la partie virements, le retour sur investissement était non négligeable, ne serait-ce qu’avec nos 10 000 transferts internationaux transformés en virements domestiques SEPA et l’écart de tarification. Pour les prélèvements devenant SDD, l’intérêt est à long terme. Sûrement pas à court terme. La seule façon de faire passer le budget d’une telle opération est de monter un projet rentable dans sa globalité. Pour EDF, la migration SEPA relève d’un projet global de rénovation de notre centrale d’encaissement, entamée il y a quatre ans. Ce projet inclut en outre un changement de maîtrise d’ouvrage, passée de la direction commerciale à la direction financière. Et une rénovation de notre centrale d’encaissement avec l’acquisition et l’installation de l’outil Cash Pooler de Datalog pour une bonne maîtrise de tous les aspects d’interfaçage avec le monde bancaire pour l’ensemble des flux d’encaissement. La base de gestion des mandats est un sous-ensemble de la centrale d’encaissement qui dialoguera avec l’outil Cash Pooler. La Banque Postale Yves Brassart Après le refus de la nomination de Michel Bouvard par l’AG de l’établissement de crédit, c’est Yannick Borde qui va présider à la « gestion extinctive » des activités historiques du CIF sauvé par l’état en septembre, comme l’exprime le communiqué. La gouvernance de Yannick Borde sera partagée par un nouveau directeur général, François directoire et comité opérationnel La Banque Postale Marc Batave secrétaire général C’est le 9 janvier que Marc Batave a pris ses fonctions. Il était jusqu’alors directeur des activités entreprises et professionnels du groupe et membre du comité exécutif. Il succède à Philippe Bajou, nommé le 19 décembre 2012 au poste de directeur général adjoint du groupe et directeur général de l’enseigne La Poste. À 54 ans, Marc Batave a successivement occupé les postes de président du directoire de la banque Courtois puis de directeur général délégué et membre du comité exécutif du Groupe Crédit du Nord. Il a intégré La Banque Postale en 2012. ... intégrés le 9 janvier. À 52 ans, Yves Brassart a mené sa carrière au sein du groupe La Poste où il exerce actuellement les fonctions de directeur Finances et Stratégie. Le directoire et le comité opérationnel ont pour fonction de définir la stratégie et les orientations opérationnelles du groupe. et de l’intermédiation. Il a précédemment occupé des fonctions similaires au sein des cabinets Norton Rose, Célice-Blancpain-Soltner, Bops et Coste-Floret. EasyVista Andy White Chief Marketing Officer (CMO) Beauquier Belloy Gauvain Franck Poindessault activité assurance réassurance Il sera en charge du développement de l’activité assurance/réassurance du cabinet tant en contentieux qu’en conseil. Depuis 1999, Franck Poindessault, conseille les grands acteurs du marché français de l’assurance, de la réassurance Cet expert sur le marché de l’IT Service Management vient de rejoindre l’équipe dirigeante. Il aura pour mission de définir la stratégie marketing de l’éditeur de solutions d’ITSM dans le cloud et de développer ses parts de marché au plan mondial. Il est également en charge de piloter les directions marketing basées notamment en France, en Espagne, au Portugal, en Italie et aux États-Unis. Morlat. Yannick Borde, 46 ans, qui a rejoint le mouvement UDI de Jean-Louis Borloo, est maire de Saint-Berthevin, conseiller général et directeur d’un groupe immobilier de Mayenne. Il était déjà à la tête de l’UESAP (Union d’économie sociale pour l’accession à la propriété), l’organisation qui chapeaute les actionnaires du CIF. CIC Sud-Ouest Pascale Ribault présidente-directrice générale ... depuis le 2 janvier. Pascale Ribault, Essec était, depuis 2009, directrice générale déléguée de CIC Sud-Ouest. Elle a intégré le groupe en 1994 et a occupé de multiples postes dans le secteur des grands comptes. Elle succède à Jean-Jacques Tamburini dont le mandat a pris fin le 31 décembre et qui occupait les fonctions de PDG depuis mai 2004. Amlin France Kevin Aspignon G. Goldstein La branche française de la compagnie d’assurance et de réassurance renforce ses branches risques industriels et loisirs et immeubles. Le groupe a accueilli au mois de janvier Kevin Aspignon, venu renforcer l’équipe dommages grands compte, dirigée par Sylvie Forestier, en tant que souscripteur risque industriel. Le département Loisirs et Immeubles a connu l’arrivée de Guénaelle Goldstein, ancienne d’Axiome, CAEG/Assur et AXA. Elle sera souscriptrice dans l’équipe de Line Martin. 53 point banque février 2013 rendez-vous agenda mouvements Mercer France MetLife Bruno Rocquemont François Bloch directeur accident et santé pour la zone EMEA. American Express Carte France Ludovic Joly directeur assurances Romain Bureau Le cabinet de conseil en ressources humaines vient d’annoncer la nomination de Bruno Rocquemont au poste de Market Business Leader pour Talent et de Romain Bureau à celui de Market Development Leader. Ces nominations s’inscrivent dans la stratégie d’évolution du groupe qui a récemment fusionné ses activités capital humain, enquêtes de rémunération et mobilité internationale pour créer une nouvelle ligne de métier sous le nom de Talent. 54 point banque février 2013 American Express Carte France confie à Ludovic Joly le poste de directeur assurances. Il prend en charge la gamme d’assurances intégrées aux cartes ainsi que les produits d’assurance optionnels. Il encadre une équipe de plus de 40 collaborateurs dédiés au marketing, au commercial et à la relation clients. Ludovic Joly a intégré le groupe American Express en 2005 après avoir occupé les fonctions de chef de produit chez Bouygues Télécom puis responsable développement au sein d’Universal Music Mobile. Entré chez MetLife en 2009, François Bloch a d’abord occupé les fonctions de vice-président des réseaux de distribution EMEA. Il se voit aujourd’hui confier la direction des services Accident Santé pour la même zone. Il aura en charge le développement des activités accident et santé à travers les multiples canaux de distribution (marketing direct, bancassurance et partenariats, agents généraux et courtage) des pays de la zone Europe, Moyen-Orient, Afrique. Après une carrière à AIG, il entre chez MetLife en 2009 comme directeur des réseaux agents et courtiers Europe de l’Ouest puis directeur courtage de la zone Europe, Moyen-Orient, Afrique. Humanis Jean-Paul Lacam intérim de la direction générale MNRA Sylvie Malécot directrice technique et financière La Mutuelle des artisans a accueilli sa directrice technique le 7 janvier. Elle est en charge de l’actuariat, de la gestion des passifs, du pilotage technique de l’activité, de la gestion actif/ passif et du suivi de la gestion financière déléguée de la mutuelle. Elle est également membre du comité de direction du groupe. Son rôle consistera, notamment, en la mise en œuvre de la directive européenne Solvabilité II. que Jean-Paul Lacam assurera ses fonctions, « dans l’attente du recrutement et de la nomination d’un nouveau directeur général ». CTIP Strego Pays de Loire Trois nouveaux associés Catherine Mayenobe Bred directrice du cabinet du directeur général Olivier Lendrevie directeur financier Jean-Paul Segade, qui quitte la direction générale de l’AP-HM, appelé à l’Inspection générale des Affaires sociales (Igas). Bernard Lemée président Bernard Daeschler vice-président Le conseil d’administration du Centre technique des institutions de prévoyance (CTIP), conformément au principe de l’alternance paritaire, a élu le 15 janvier Bernard Lemée président, anciennement viceprésident du CTIP. Il succède à Alain Tisserant et prend la présidence de l’organisme. À 66 ans, Bernard Daeschler, retraité de la sidérurgie mosellane, accède à la vice-présidence. La société d’experts comptables et de conseil Strego a annoncé la nomination de trois nouveaux associés. Christelle BretonSiret (photo), expert-comptable et commissaire aux comptes au Mans (72), Ludovic Griveau, expert-comptable à Cholet, Olivier Feys, en outre associé du cabinet Oratio avocats à Cholet (49), partenaire historique du groupe Strego. Apici Philippe Hassel directeur de la communication Groupement des sociétés de protection juridique (GSPJ) à la suite au départ de Damien Vandorpe, directeur général d’Humanis, le 16 janvier, JeanPaul Lacam, directeur général délégué, a pris la direction du groupe de protection sociale. Dans un communiqué, le groupe explique que « le conseil d’administration de l’association sommitale du groupe Humanis, réuni le 16 janvier 2013, a pris aujourd’hui la décision de se séparer de M. Damien Vandorpe, directeur général du groupe Humanis ». Il ajoute Groupe Caisse des dépôts relations médias. Depuis 2003, Philippe Hassel assurait les fonctions de directeur général de l’agence de communication institutionnelle Kaélia. Jean-Paul Sabet La banque commerciale du Groupe BPCE a confié à Olivier Lendrevie la direction financière de la Bred et de ses filiales. Une fonction nouvellement créée. Dans le même temps, il intègre le comité exécutif de la banque. Cet ancien diplômé d’HEC a débuté sa carrière au sein de la Bred en 1996 en qualité de responsable de la gestion financière. Il a ensuite intégré le siège londonien de la société de crédit immobilier GMAC-ResCap. En 2008, il devient consultant indépendant avant d’intégrer la BCI en qualité de directeur général adjoint. En 2012, il rejoint la Bred en tant que conseiller de la direction générale. Sham Hervé Jubeau directeur général Il prend la succession de MarieEmmanuelle Schiltz, directrice générale de Juridica. Il occupait depuis 2009 les fonctions de directeur général d’Assistance protection juridique (APJ). Hervé Jubeau a débuté sa carrière dans le conseil, puis a travaillé à la direction des sinistres de la GMF avant d’être nommé directeur régional en RhôneAlpes (1995) puis à Paris (2000). BNP Paribas International Retail Banking Il a rejoint le 7 janvier le spécialiste français de protection sociale. Il succède à Nathalie Gateau, nommée directrice de l’Action sociale et de la Prévention. Rattaché au pôle développement, Produits & Services, il est notamment en charge de la gestion de la marque, de la conception et du suivi stratégique des campagnes de communication et des Dominique Montégu vice-présidente La Société des hospitalières d’assurances mutuelles a nommé sa vice-présidente qui assurera également la présidence du comité technique de Sham. Actuellement directrice générale du Centre hospitalier Saint-Joseph-Saint-Luc à Lyon, Mme Montégu succède à responsable adjoint Nommée par Jean-Pierre Jouyet, directeur général de la Caisse des dépôts, Catherine Mayenobe a pris ses fonctions de directrice de cabinet du directeur général le 15 janvier. Elle conserve ses fonctions de directrice de la mission Programme d’investissements d’avenir de la Caisse des dépôts et la mission de préfiguration Paris capitale numérique. IRB, la banque de détail hors zone euro du groupe BNP Paribas s’est doté d’un responsable adjoint. Jean-Paul Sabet assurera notamment la supervision de l’Europe centrale & orientale et de l’Asie, en plus de la Turquie dont il avait déjà la responsabilité depuis 2010. Il sera également en charge de la stratégie et du développement d’IRB, sous la direction de Stefaan Decraene, responsable d’IRB et membre du comité exécutif de BNP Paribas. Fédération française des sociétés d’assurances Christian Pierotti directeur des affaires européennes et internationales Il a rejoint la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA) début janvier pour prendre en charge la direction des affaires européennes et internationales. Sous l’autorité du président, Bernard Spitz, et du délégué général, Jean-François Lequoy, il aura en charge le développement du bureau de la FFSA à Bruxelles et les relations avec les interlocuteurs européens et internationaux de la Fédération. 55 point banque février 2013 rendez-vous agenda chronique Signature électronique des contrats bancaires Une décision dramatique Isabelle Renard Avocat associée du Cabinet Racine, docteur ingénieur 1 Le Tribunal d’instance d’Épinal a rendu le 12 décembre 2011 (RG n° 11-11000080/Minute 1042/2011) une décision affligeante tant pour les banquiers en ligne que pour les prestataires de signature électronique. Cette décision, rendue dans un contexte banal de litige sur un crédit renouvelable consenti par Carrefour Banque à M. X, n’a pas été publiée, alors même que ses enseignements sont essentiels pour les acteurs du domaine. Les faits Carrefour Banque consent un crédit renouvelable à M. X le 23 septembre 1996, d’un montant de 304,90 €. Il est successivement porté à 3 000 €, par avenant du 30 janvier 2003, puis à 7 000 € par avenant du 1er mars 2006, et enfin à 9 000 € par une dernière offre de prêt conclue ultérieurement et qui, contrairement aux précédentes (sous forme papier), est signée électroniquement. M. X cesse tout 56 point banque février 2013 remboursement le 5 avril 2009. Le prêteur l’assigne devant le TI d’Épinal le 21 janvier 2011, en paiement de la somme de 9 921, 64 €, comprenant le principal et les intérêts. La décision M. X n’était ni représenté ni présent à l’audience. Le tribunal rejette l’ensemble des prétentions du prêteur, se saisissant d’office de l’argument de forclusion de l’action de ce dernier. Il faut en effet rappeler qu’aux termes des dispositions d’ordre public de l’article L311-52 du Code de la consommation : « Le tribunal d’instance connaît des litiges nés de l’application du présent chapitre. Les actions en paiement engagées devant lui à l’occasion de la défaillance de l’emprunteur doivent être formées dans les deux ans de l’événement qui leur a donné naissance à peine de forclusion. » Pour le tribunal, le point de départ du délai de forclusion est le 20 septembre 2008, date à laquelle le découvert autorisé de 7 000 € est dépassé. Selon ce calcul, l’action en paiement introduite par le prêteur le 21 janvier 2011 était donc forclose depuis quatre mois. Le prêteur conteste cette date et produit un contrat signé électroniquement, indiquant que le découvert autorisé avait été porté à 9 000 €, de sorte que ce n’est que le 5 avril 2011, deux ans après le premier incident de paiement, qu’expirait le délai de forclusion, et ainsi son action introduite en janvier 2011 était parfaitement recevable. Le tribunal balaie l’argument d’un trait, et avec lui tout le savant échafaudage de l’écrit électronique : « […] Or d’une part, en vertu de l’article L 311-8 du Code de la consommation, “les opérations de crédit visées à l’article L 311-2 sont conclues dans les termes d’une offre préalable, remise en double exemplaire à l’emprunteur”, ce qui implique la remise d’une offre écrite en double exemplaire. D’autre part, le document “fichier preuve de la transaction” est à lui seul insuffisant pour s’assurer non seulement de l’engagement de M. X puisqu’aucun élément de la prétendue signature électronique ne permet de faire le lien entre l’offre de prêt non signée et le document produit, en l’état simple document imprimé sans garantie d’authenticité ni justification de la sécurisation employée. » le magazine de l’industrie bancaire et des moyens de paiement Or, il faut savoir qu’en l’espèce le contrat avait bel et bien été signé électroniquement, en utilisant un procédé de signature fourni par un des prestataires de signature électronique les plus anciens et les mieux implantés dans le monde bancaire. Alors pourquoi un résultat aussi aberrant ? Le magazine de l’industrie bancaire et des moyens de paiement Chaque mois, un point complet sur l’actualité du secteur Produire devant un tribunal une copie d’un original numérique Cette décision, étrangement passée inaperçue, pose en réalité de façon très aiguë une question qui est la plupart du temps totalement passée sous silence lors de la mise en œuvre par les établissements financiers et les assureurs des processus de signature électronique de leurs contrats par les particuliers : comment va-t-on produire en justice la preuve d’un contrat qui a été établi nativement sous forme électronique ? Comment expliquer à un juge que la copie papier, évidemment non datée et non visiblement signée, qu’on lui présente, a bien fait l’objet d’un processus de signature électronique ? Tous les techniciens savent que la signature consiste à crypter le condensat du fichier avec une clé privée avant de le décrypter avec une clé publique (résumé ultrarapide), mais comment expliquer au magistrat la présence de cette mystérieuse alchimie derrière la copie papier sortie la veille de l’imprimante ? Nous ne pouvons que répéter ici un enseignement essentiel, tant pour ceux qui implémentent les processus que pour les juristes et les conseils qui ont à connaître de ce type de contentieux : il est indispensable de documenter et d’expliquer le processus, et la façon dont on peut le vérifier. Nous constatons quotidiennement que les techniciens qui implémentent ces projets oublient qu’au bout du compte, il y aura une preuve à produire à un juge. u Corporate & stratégie u Marketing & communication u Produits & innovation u Distribution & réseau u Ressources humaines & Juridique u Cartes & moyens de paiement u Technologie & sécurité Mensuel – 10 numéros par an Format papier ou PDF Une publication Retrouvez-nous sur www.pointbanque.fr Abonnez-vous Format PDF l 1 an – 10 n° : 216 € HT au lieu de 270 €, soit 258,34 € TTC Format papier l 1 an – 10 n° : 240 € HT au lieu de 300 €, soit 245,04 € TTC Package papier/PDF l 1 an – 10 n° : 280 € HT au lieu de 350 €, soit 292,88 € TTC Offre spécia le –20% jusqu’au 15 mars 2013 * Votre abonnement peut être pris en compte dans vos frais généraux ou votre budget formation. 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Mais il aura fallu attendre janvier 2013 pour que la réglementation applicable aux offres de paiement en monnaie électronique (cartes prépayées, e-wallet de monnaie électronique) soit enfin sur le point d’être mise à jour en France… Cette « petite loi » devrait être promulguée au moment où vous me lisez, et publiée au Journal officiel sauf saisie du Conseil constitutionnel ou demande de nouvelle délibération par le président de la République. Le texte sera ensuite complété de décrets et d’arrêtés d’application. Les établissements de crédit et les établissements de monnaie électronique seront autorisés à émettre de la monnaie électronique dans le respect des nouvelles règles. Cabinet Ulys www.ulys.net 58 point banque février 2013 Un nouveau statut financier, l’établissement de monnaie électronique Le nouveau statut d’établissement de monnaie électronique (allégé par rapport à celui de société financière émetteur de monnaie électronique tel qu’il résultait de la DME1) se rapproche de celui des établissements de paiement : capital minimum de 350 000 €, possibilité de statut hybride (un établissement sera autorisé à proposer des services commerciaux en plus de ses activités réglementées), possibilité de proposer des services de monnaie électronique ainsi que des services de paiement, évolution des conditions de remboursement de la monnaie électronique et des frais applicables, etc. Nouveau régime de distribution de monnaie électronique Le texte définit la distribution de monnaie électronique comme la mise en circulation, le rechargement et le remboursement de la monnaie électronique. Pour ces activités de distribution, il ne sera donc plus exigé de recourir à un statut spécifique tel qu’IOB/ SP. Le distributeur de monnaie électronique agit sous la responsabilité de l’émetteur et le contrat de distribution doit respecter les dispositions relatives à l’externalisation (règlement 97-02 notamment), avec communication des informations relatives à l’externalisation à l’ACP. Le distributeur doit communiquer à la clientèle des informations précises sur l’émetteur (les règles applicables à la distribution seront précisées par arrêté). Les établissements agréés dans un autre état membre mais qui distribuent leurs services en France via un réseau de distribution physique, devront désigner un représentant permanent résidant en France. Lequel procède au nom de l’établissement aux déclarations Tracfin, ainsi qu’à toute demande émanant de l’Autorité de contrôle prudentiel, de l’autorité judiciaire et des officiers de police judiciaire. Six mois pour la conformation des contrats Pour les contrats conclus avec les détenteurs de monnaie électronique, le texte prévoit que les émetteurs de monnaie électronique devront informer leurs clients des nouvelles dispositions applicables (au guichet ou par tout autre moyen approprié). Ils se voient accorder un délai de six mois pour mettre leur contrat en conformité avec les nouvelles dispositions. ”Le texte définit la distribution de monnaie électronique comme la mise en circulation, le rechargement et le remboursement de la monnaie électronique.“ 2013 DOC & FINANCES Le rendez-vous des professionnels de la dématique, de la finance opérationnelle et de la dématérialisation. 27/28 février - CNIT Paris - www.docetfinances.fr DEV PRO Le seul congrès du développement, de la formation professionnelle et du e-learning. 20/21 février - CNIT Paris - www.dev-pro.fr TIME 2 MARKETING Après Paris et Lyon avec plus de 6000 visiteurs et 180 participants, les leaders du marketing 3.0 reviennent. 22/23 mai - PORTE DE VERSAILLES Paris - www.time2marketing.fr et en Novembre à Lyon - hôtel Château-Perrache One Place Associates - LYON PARIS MIAMI - 04 37 49 61 60