point banque - Publi-News

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point banque - Publi-News
#78
Services
en or
Cher haut
de gamme
Février 2013
Régulation
La banque
face à ses
nouveaux
défis
le magazine de l’industrie bancaire
et des moyens de paiement
Dématérialisation
des contrats
La bancassurance
danse-t-elle sur
un volcan ?
PCI-DSS
Entreprises :
elles rentrent
dans le rang !
L’euro unifié ?
Sepa,
c’
e
st
pasça
Les vraies
causes
d’un rendezvous difficile
éditorial
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Commission
d’interchange L’Europe
aveugle
1,5 Md€ : la commission multilatérale
d’échange annuelle encaissée par les banques
grâce aux transactions. Menacée.
1
Décidément, « elles »
sont dans le collimateur.
Les banques, bien sûr.
Responsables de tous les
maux de la planète finance.
Oui, certes, elles ont eu de quoi battre
leur coulpe quand les bulles spéculatives
éclatées ont montré la « misère de la
finance moderne », pour reprendre
partiellement le titre d’un ouvrage
exceptionnel*. Mais le même livre ose
aussi le mot « grandeur » : la banque
OLIVIER a-t-elle réussi, oui ou non, à mettre en
MAGNAN place un système universel de carte de
Rédacteur paiement, acceptée partout, reconnue
en chef par tous les canaux, sécurisée à un
degré qui tient du prodige compte tenu
des milliards de transactions et du « génie » des
fraudeurs : 0,077 % de taux de fraude ! (chiffre
Banque de France, 2011). Or la toute-puissance
d’autorités européennes non élues, incapables de
bâtir une Europe unie dans le respect des états,
est en train d’essayer de casser cette réussite au
nom d’un péché mortel dont se seraient rendues
coupables les banques : l’accord. L’accord entre
elles sur les commissions d’interchange. Ah ! les
pelées, les galeuses, d’où venait tout le mal. Les
suceuses de sang d’un consommateur matraqué !
Ramener le taux d’interchange à zéro ? Dans les
salons feutrés où se réunissent les banquiers, la
menace, cette fois, confine à une déclaration de
guerre. La suppression de cette commission, loin
de bénéficier à leurs clients, risque tout simplement
de transformer une carte bancaire en lingot d’or
inaccessible… La Fédération bancaire française
se rebelle. Elle ira jusqu’au bout. à juste titre.
Déjà minorée de 36 % en 2011 par l’Autorité
de la concurrence en France, la commission
d’interchange réduite à néant par Bruxelles serait le
point de départ d’une crise quasi systémique dont
les obsédés d’une concurrence faussée imaginaire
ne semblent pas avoir idée. La banque française
est résiliente, elle l’a montrée. Jusqu’au moment où
faute de ressources légitimes, elle s’effondrera. Mais
c’est peut-être bien ce que veut une Commission
européenne aveugle ?
* Grandeur et misère de la finance moderne où
s’expriment 45 économistes, Cercle Turgot, Eyrolles.
Toute l’info bancaire, tout le temps
sur www.pointbanques.fr
3
point banque février 2013 #78
Février 2013
sommaire
Ayez toutes
les cartes
en mains pour
développer
vos offres
de paiement
corporate & stratégies
éTUDE CARTES
INNOVANTES 2013
500 offres de cartes
bancaires parmi les plus
innovantes au monde
éditorial 3
briefing
tableau de bord
7
8
produits & innovation 14
marketing
& communication 17
J -1 an, les normes européennes des
moyens de paiement encore en retard
8e édition
u Cartes de fidélité
u Cartes prépayées
u Cartes personnalisées
u CARTES Sans contact
u Paiement mobile
u et aussi les paiements alternatifs
Régulation
L’interview18
Ronan Le Moal rendez-vous nominations
chroniques
Index annonceur
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SEPA,c’est pasça
40
Atos Worldline
54
56
60
22
Bâle III, Solvency II : banques
et assureurs sereins ?
26
Comment les services
en or s’organisent
PCI-DSS
Haut de gamme
34
Dématérialisation
37
30
Attention ! La signature
électronique et ses pièges...
Les entreprises
françaises ont plié
Cartes
entreprises
Pourquoi elles
sont plébiscitées
5
point banque février 2013 Tous les jours
toute l’actualité
toutes les banques /// tous les produits /// tous les moyens
de paiement /// toutes les technologies /// toute la sécurité
/// toute l’assurance /// tous les mouvements…
briefing
Banque de détail :
et si on reparlait des conseillers ?
tableau
de bord
Comment évolue votre opinion
dans ces domaines ?
Ressenti de bien-être au travail
(% d’opinions tout à fait /plutôt positives)
Comment évolue votre opinion sur ces points précis ?
Confiance personnelle des
Confiance personnelle
clients à l’égard de votre
des clients à l’égard des
entreprise en général
conseillers qui les suivent
(% d’opinions tout à fait /plutôt positives)
54 %
moins de 35 ans
50 %
35-44 ans
41 %
45 ans et plus
Abonné à
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14 lettres de l’offre
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MOYENNE
(% d’opinions tout à fait /plutôt positives)
Pour ne pas perdre le fil…
le fil d’infos en continu
50 %
moins de 35 ans
45 ans et plus
Besoin de la
totalité d’un article
d’une autre lettre :
achetez-le
en ligne.
49%
Soutien de la hiérarchie via
ses méthodes d’animation et
management pour augmenter
la satisfaction clients
35-44 ans
73%
MOYENNE
35 %
35 %
MOYENNE
41%
Les réseaux d’agences bancaires
sont sous la pression de plusieurs
évolutions structurelles
(nouveaux comportements des
clients, baisse de fréquentation
importante, montée en
puissance du numérique…)
Un impératif : s’adapter.
Dans une étude récente
conduite par Stanwell Consulting
auprès de 300 conseillers (tous
les réseaux confondus), plus de
40 % des conseillers clientèle
(% d’opinions tout à fait /plutôt positives)
MOYENNE
79%
49%
52%
24%
27%
11% 16%
l de + en +
positive
l plutôt positive
mais sans évolution
Combien de fois
avez-vous changé
d’agence au cours
des 10 dernières
années (mobilité) ?
expriment une opinion négative.
Sur… l’accompagnement de leur
management dans l’atteinte de
leurs objectifs. Sur… la confiance
vis-à-vis de leurs états-majors à
donner des réponses appropriées
face aux attentes des clients.
Ils révèlent ainsi un besoin de
clarification sur leurs devenirs,
rôles et méthodes pour mettre
en cohérence les enjeux de la
banque et les défis de demain.
Pour apaiser ces angoisses, ils
9% 12%
4 fois et +
3 fois
2 fois
1 fois
jamais
l plutôt négative
mais sans évolution
24%
22%
21%
17%
16%
se rangent aux côtés de leurs
clients avec lesquels ils estiment
développer une relation de
confiance. Avec le risque, pour
les états-majors des banques
de détail, s’ils tardaient à
proposer un nouvel élan porteur
d’avenir et de sens ,tant dans
le discours que dans les actes,
que la fracture ne se creuse.
Au moment où les grands
réseaux repensent leur structure
de coûts et organisent la montée
l de + en +
négative
46 % des conseillers
ont changé au moins
3 fois d’agence sur les
10 dernières années
en charge du numérique, ce
risque n’est pas à négliger : dans
la banque de détail, la bataille se
gagne toujours sur le terrain !
Nicolas Floquet, président de
Stanwell Consulting.
• L’étude : L’évolution des réseaux
bancaires vue par les conseillers
• Les contacts : Nicolas Floquet,
[email protected], et
Thomas Tugendhat, associé,
[email protected].
www.stanwell.fr
7
point banque février 2013 briefing
8 %
de progression
des transactions
Visa en un an
corporate & stratégies
Visa
Europe
mise sur « la
Déploiement du
portefeuille électronique
de dépenses sur ce type de cartes.
Philippe Menier prévoit 70 millions
de cartes V PAY en Europe en 2015.
2013 verra l’e-wallet V.me s’ouvrir
à toutes les cartes. Il sera accessible
via la banque, il assurera un
paiement sécurisé sur Internet.
« Les premiers marchés de V.me
sont le Royaume-Uni, l’Espagne et
la France avec onze banques déjà
engagées. Nous travaillons avec trois
marchés. Certaines banques sont
en train d’intégrer la plate-forme
V.me pour un lancement au second
trimestre 2013. Nous prévoyons
de lancer la solution en Irlande,
Pologne et Allemagne d’ici à la fin
2013 », détaille Philippe Menier. La
promesse : tous les paiements en ligne
à partir d’un seul portefeuille. Il sera
progressivement complété par des
services à valeur ajoutée tels que le
paiement de personne à personne.
Investir dans les nouveaux
moyens de paiement
L’association a consacré 18 % des
1 110 M€ de son chiffre d’affaires
2012 à des investissements dans les
nouveaux moyens de paiement. Avec,
en première ligne, « la révolution
mobile ». « Notre priorité immédiate
est de donner aux consommateurs
des moyens de paiement mobiles
plus rapides et plus sécurisés »,
estime Philippe Menier. En 2020,
ajoute-t-il, « 50 % des transactions
Visa transiteront par un support
mobile ». De quoi justifier l’alliance
de l’entité avec Monitise, Vodafone,
Telefonica ou encore Samsung pour se
positionner sur les supports mobiles.
prochaine génération
de paiements »
Philippe Menier
Visa Europe France enrichit
sa palette de cartes en 2013
Le système de paiement leader en Europe annonce 8 % de progression
des transactions Visa en un an. « Nous sommes, a dit le directeur général
délégué, Philippe Menier, dans un monde de standards qui nécessite des
investissements massifs pour installer durablement une solution. »
1
Quand l’un des réseaux
géants de paiement
annonce ses résultats, la
planète finance s’arrête
de tourner. Ce qui est
arrivé le 15 janvier : Visa Europe
a présenté ses chiffres annuels en
Europe et en France. Avec 1 300 Md€
de dépenses annuelles en 2012 en
Europe, dont 1 000 Md par carte de
débit, l’association européenne s’est
félicitée à bon droit : la conjoncture
8 point banque février 2013
difficile aurait pu plomber des chiffres
somme toute « encourageants ».
Le chiffre d’affaires 2012 de Visa
Europe atteint 1 110 M€, pour
466 millions de cartes en circulation
en Europe, soit une hausse de 5 %
par rapport à l’année précédente.
Le débit continue de jouer
les moteurs de croissance
Avec 307 millions de cartes de débit
en circulation (+ 6,4 %) et une hausse
de 10,9 % des transactions de débit
et 79 % des dépenses par cartes de
débit, les chiffres en croissance de Visa
Europe marquent aussi les dépenses
par carte entreprise (+ 17,6 %) et
par carte prépayée (+18,3 %). « La
croissance de V PAY – carte de
paiement EMV sans piste magnétique
– va également se poursuivre », selon
Philippe Menier, deputy CEO de Visa
Europe. Elle enregistre une hausse
de 49,2 % en nombre et de 81,4 %
La France ? Second marché
de Visa en Europe après le
Royaume-Uni, rappelle Gérard
Nébouy, executive director de
Visa Europe France. De quoi
donner des ailes à l’association
européenne qui mise en 2013
sur l’enrichissement de son parc
de cartes dans l’Hexagone.
Avec 36,6 millions de cartes
de paiement en circulation en
France, dont 34,7 millions dans
les portefeuilles des particuliers
et 1,9 million en entreprises,
Visa Europe France mise à
la fois sur des outils d’entrée
de gamme et des supports
premium. « Visa Europe compte
en France 5 millions de cartes
Visa Electron, 370 000 cartes V
PAY, 23,5 millions de cartes Visa
Classic et 1 million de cartes
prépayées, la plupart distribuées
en marque blanche sous la
forme de cartes cadeaux »,
détaille Gérard Nébouy. Côté
cartes premium, Visa Europe
n’est pas en reste en France avec
une progression de 8,3 %. À la
de huit sur dix au
service de conciergerie
qui y est inclus » : on
pavoise chez Visa.
2013, année de
déploiement du
sans contact ?
Gérard Nébouy
Visa Premier s’ajoute la Visa
Platinum, déployée en plusieurs
dizaines de milliers d’unités par
le groupe BPCE qui sera, selon
Gérard Nébouy, prochainement
rejoint par au moins deux
autres banques courant 2013.
Sans oublier Visa Infinite et ses
160 000 porteurs, actuellement
en cours d’enrichissement.
« 90 % des porteurs de la carte
Infinite sont satisfaits et 80 %
d’entre eux attribuent une note
Le marché des cartes
entreprises, avec
1,4 million de Visa
Business et un taux
de satisfaction de
95 % enregistrés sur
ces outils, connaît lui aussi
une évolution sensible. « Deux
tiers des entrepreneurs équipés
d’une carte professionnelle
détiennent une Visa Business »,
revendique Gérard Nébouy. La
carte Visa Affaires a rassemblé
430 000 porteurs et représente
plus de 3 Md€ de chiffre
d’affaires en 2012. Quant à Visa
Purchasing, déployée à hauteur
de 20 000 unités, on l’annonce
en croissance de 50 % pour un
chiffre d’affaires de 200 M€. Elle
se fait plus discrète en France que
dans d’autres pays européens :
au Royaume-Uni, les pouvoirs
publics semblent l’apprécier…
Autre évolution liée aux cartes
de paiement : l’avènement de
la technologie sans contact.
Visa Europe recense 5 millions
de cartes sans contact en
France et une progression de
500 000 unités chaque mois,
notamment en raison de la
politique de déploiement en
renouvellement systématique
mise en place par la plupart des
banques françaises. Une carte
sur sept, soit 13,4 % du parc de
cartes Visa, est sans contact.
Côté acceptation, Visa Europe
compte 100 000 terminaux
activés dans l’Hexagone et
200 000 d’ici à fin 2013. Une
progression qui sera assurée par
l’éducation et la communication,
notamment à travers la
vitrophanie que Visa Europe
souhaite renforcer en 2013.
andréa toucinho
9
point banque février 2013 briefing
corporate & stratégies
Réforme bancaire,
le scénario français
1
« Mon véritable adversaire
n’a pas de nom, pas de
visage, pas de parti. Il
ne présentera jamais sa
candidature, il ne sera
donc pas élu, et pourtant il gouverne.
Cet adversaire, c’est le monde de la
finance. » Celui qui n’était pas encore
président de la République avait
prévenu. Près d’un an plus tard, on a
vu : le grand dessein de la séparation
nette des banques de dépôt et des
banques dites d’affaires, de marché,
n’a pas eu lieu. Et d’évoquer, parmi
les déçus, le grand lobby bancaire
pour expliquer un projet de loi
sur la réforme en demi-teinte.
En réalité, crise à l’appui, revenir sur la
dérégulation des années 1980 aura été
le leitmotiv de trois G20 consécutifs :
il fallait stigmatiser les banques ! Au
final, en cette fin d’année 2012, la
présentation, à Bercy, par le ministre
10 point banque février 2013
de l’économie Pierre Moscovici, du
projet de loi sur la réforme bancaire
prévue par le programme de
François Hollande pour « remettre
la finance au service de l’économie »
aura abouti à un compromis :
« Plus vraiment de séparation
institutionnelle ! » s’est exclamé sur
son blog l’économiste « de gauche »
Jean Matouk dont l’analyse nuancée
ne dit pas s’il le regrette vraiment.
Variantes européennes
• Aux États-Unis : la loi « Volcker »
très remaniée par le Sénat autorise
les banques de retail à prendre
des risques de banque d’affaire
La Banque publique
d’investissement est opérationnelle
Elle a longtemps fait les beaux jours de la presse
française. La Banque publique d’investissement
(BPI), dédiée au financement des PME, tiendra
son premier conseil d’administration le 23 février
à Dijon. Pour le gouvernement, l’initiative vise
à soutenir les PME et favoriser l’émergence de
nouvelles entreprises de taille intermédiaire
afin de favoriser l’activité économique française.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a
proposé, le 9 janvier, la nomination de Nicolas
Dufourcq en qualité de directeur général de
la société anonyme BPI-Groupe. Il était le
numéro deux de Capgemini. Son second, choisi
par ses soins, sera l’actuel directeur financier
d’Oséo. Dufourq semble avoir impressionné
la commission des Finances du Sénat...
sur 3 % de leurs fonds propres. Au
passage, les Américains refusent
les règles prudentielles de Bâle III
(lire dans ce numéro page 22).
• Au Royaume-Uni : la réforme
Vickers écarte le principe de la
séparation. Mais impose aux banques,
qu’il s’agisse d’encours de crédit ou
de risques spéculatifs, 10 % des actifs
en fonds propres (plus sévère, donc,
que les 7 % de Bâle III). Et 17 % d’actifs
très liquides. Pas de précipitation :
ces dispositions seront présentées
« avant 2015 » au Parlement, avec
application progressive jusqu’en 2019.
• En France : on en passera
par la filialisation des activités
de dépôt et de crédit.
Voici le rappel du détail des « vingt
mesures phares » en quatre objectifs :
« séparer les activités utiles à
l’économie des activités spéculatives »,
« renforcer la capacité d’intervention
des autorités publiques lors d’une
crise bancaire », « prévenir et limiter
les risques systémiques » et « protéger
le consommateur bancaire ». om
20 « mesures phares
pour les banques »
1
Le texte vise, selon Pierre Moscovici, à « casser l’incitation
malsaine reposant sur l’idée que l’État sauve les banques »
en favorisant les comportements qui évitent la prise de
risques. Le texte prévoit notamment de transformer l’actuel
fonds de garantie des dépôts en un fonds de garantie
des dépôts et de résolution de crise qui devrait atteindre 10 Md€ en
2020 pour contribuer au paiement du coût d’un éventuel sinistre
bancaire. « J’ai conçu cette réforme pour qu’il change le secteur,
qu’il soit une référence en Europe, et modifie le paysage bancaire »,
affirme le ministre de l’économie et des Finances. « Il s’inscrit dans
le contexte général de grand chantier, avec notamment la création
de la Banque publique d’investissement (lire p. 10) qui a été votée
par les deux assemblées, la réforme de l’épargne réglementée et la
hausse du plafond du Livret A de 25 % au 1er janvier 2013. » at
Charles Hendelus
« Je pense que le
Parti socialiste est
un parti qui, à la fois
est très déterminé à
réformer la finance,
à lutter contre la
spéculation et qui,
en même temps, est
aussi attaché à cette
industrie bancaire.
400 000 emplois,
tout de même ! »
Pierre Moscovici
(octobre 2012)
1
1
1
1
Interdire aux banques
de mener des activités de
spéculation qui engagent
leur propre bilan, sauf
à les cantonner dans
des filiales strictement séparées
de l’entité principale recevant des
dépôts du public et soumises à des
exigences prudentielles sévères.
1
2
Interdire aux banques d’être
actionnaires d’un fonds
spéculatif de type hedge
fund ou de lui accorder des
financements non sécurisés.
Définir limitativement
et encadrer les activités
réalisées via le compte
propre de la banque et
qui ne peuvent pas faire
l’objet d’un cantonnement parce
qu’elles sont réalisées in fine pour le
compte ou dans l’intérêt d’un client.
3
Interdire aux filiales
cantonnées de mener
certaines activités
spéculatives comme
le trading à haute
fréquence et les opérations
sur les marchés de dérivés de
matières premières agricoles.
4
1
1
1
1
Renforcer la capacité de
l’Autorité de contrôle
prudentiel (ACP) –
devenue ACP « R » pour
« résolution » – de surveiller
et d’intervenir dans les activités
de marché des banques et de leur
interdire, le cas échéant, d’opérer
sur certains types de produits ou de
mener certains types d’opérations.
5
Obliger les banques à
élaborer préventivement
des plans de rétablissement
de leur activité en cas
de crise. De même,
l’ACPR devra prévoir des plans
de résolution des banques qui
guideront son intervention en cas
de faillite d’un établissement.
6
Permettre à l’ACPR, si
le plan fait apparaître
des obstacles à une
bonne résolution,
d’obliger la banque
à prendre les mesures pour y
remédier, y compris par une
évolution de sa propre structure
(filialisation et cantonnement
de certaines activités…).
7
8
Doter l’ACPR des structures
et des compétences
pour qu’elle intervienne
efficacement en cas
de faillite bancaire.
11
point banque février 2013 briefing
corporate & stratégies
1
1
1
1
1
1
1
9
Donner les moyens à l’ACPR
d’éviter la faillite d’une
banque tout en faisant peser
les pertes sur les actionnaires
et certains créanciers.
Transformer le fonds
de garantie des
dépôts en un fonds de
garantie des dépôts et
de résolution, financé
par les banques elles-mêmes, et
dont la capacité d’intervention
sera fortement augmentée.
10
Créer une nouvelle
autorité, le Conseil de
stabilité financière,
chargée de surveiller et de
prévenir le développement
des risques systémiques.
11
Doter cette nouvelle
autorité de pouvoirs
extensifs et notamment
de la capacité d’imposer
des exigences de fonds
propres additionnelles pour
limiter les risques systémiques.
12
Éviter le développement
de bulles spéculatives
en autorisant le Conseil
de stabilité financière
à encadrer la politique
d’octroi de crédit des banques.
13
Renforcer la transparence
sur le coût de
l’assurance souscrite par
l’emprunteur afin de
renforcer la concurrence,
favoriser une baisse des tarifs et
améliorer les garanties offertes.
14
Supprimer les obstacles
qui empêchent un
consommateur de
choisir librement une
assurance emprunteur
individuelle différente de l’assurance
de groupe offerte par la banque.
15
12 point banque février 2013
1
1
1
1
Plafonner les frais pratiqués
pour le traitement du
fonctionnement irrégulier
du compte (« commissions
d’intervention »)
pour les consommateurs qui
présentent des revenus modestes
et qui multiplient les incidents.
16
Faciliter l’exercice du
« droit au compte » par
lequel toute personne se
voit reconnaître le droit
à un compte bancaire
accompagné d’un ensemble de
services bancaires de base gratuits.
17
Permettre à des tiers (centre
communal d’action sociale,
conseil général, caisse
d’allocations familiales) de
saisir la Banque de France
pour exercer le droit au compte au
nom de la personne concernée.
18
Réduire la durée
de la procédure de
surendettement en
autorisant les commissions
de surendettement, si
elles le jugent nécessaire, d’imposer
des mesures aux parties ou de
recommander des mesures au
juge sans passer préalablement
par une phase de négociation
amiable qui requiert de trouver
un accord avec les créanciers
19
1
Simplifier la procédure
de traitement du
surendettement
pour rendre possible
le gel du cours des
intérêts des crédits dès la décision
de recevabilité du dossier.
20
Réactions
en chaîne
1
« Il y a bien en France un problème de
banques trop grosses pour faire faillite.
D’ailleurs, sur la liste des 29 banques
mondiales systémiques (« SiFis »,
pour Systemically Important Financial
Institutions) établie par le Conseil de stabilité
financière, cinq sont des banques françaises
(BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale,
BPCE et Dexia virtuellement en faillite). »
Laurence Scialom, professeure à
l’Université Paris Ouest Nanterre La
Défense, EconomiX (octobre 2012).
1
1
1
1
1
La séparation des activités de
spéculation ne concernera
que 2 % du bilan des banques
(Un banquier, chiffre repris
par l’ensemble des médias).
« Je n’ai jamais fait partie de ceux
qui, à gauche, considéraient que
l’alpha et l’oméga d’une réforme
bancaire, c’était la séparation entre
les activités spéculatives et de dépôt.
La preuve, c’est que Lehmann Brothers n’était
pas une banque universelle comme l’est la BNP
mais une pure banque d’activité de marché. »
Pascal Canfin, ministre délégué au
Développement, face à Patrick Cohen, France Inter.
« Cette réforme reconnaît le
principe de réalité, donc pour
moi c’est une bonne réforme. »
François Pérol, président
du directoire de BPCE.
« Une contrainte nouvelle qui s’ajoute
au même moment à d’autres et qui
va nous compliquer la vie. » Frédéric
Oudéa, PDG de Société Générale.
« La séparation des activités est
un leurre : le modèle de banque
universelle à la française a fait la
preuve de son efficacité comme
amortisseur de crise. Les banques
les plus touchées par la crise sont les banques
spécialisées anglo-saxonnes ou les petites
caisses d’épargne espagnoles. La séparation
des activités risquerait donc de pénaliser
des entreprises aujourd’hui en pleine santé
et qui au final ont réussi à faire de la crise
une opportunité, comme BNP Paribas avec
Fortis. » Éric Delannoy, vice-président de
Weave, spécialiste des questions bancaires.
Hémorragie
de banques EN ZONE EURO
7 059
banques*
au 1 janvier 2013
- 474
- 30%
- 8%
- 22%
- 8%
- 9%
Luxembourg
er
par rapport au 1er janvier 2012
Slovaquie
* ensemble des établissements financiers, avec banques
centrales, établissements de crédit
et de dépôt, fonds
monétaires installés
en zone euro.
France
Pertes
d’établissements
en zone euro
depuis sa
création (1999) Espagne
–28 %
Finlande
Source : Banque
centrale européenne
(21 janvier 2013)
la phrase
”On nous
reproche
souvent
de vouloir
reconstruire
l’Union
soviétique.
Ce sont des
conneries.
Commerzbank RegardezSi la banque allemande
moi bien.
supprime 6 000 postes…
Ce n’est
pas vrai.“
©T. Jones/Creative Commons
20 « mesures phares
pour les banques » (suite)
tout compte fait
Dimitri Medvedev, au sommet de Davos,
23 au 27 janvier 2013, au moment où des
intervenants reprochaient à l’état russe
sa dépendance au pétrole et au gaz.
La seconde banque allemande (que l’état
possède à hauteur de 25 %) reste muette face
aux informations du Wall Street Journal : un
plan de restructuration, affirme le quotidien
financier fort des confidences de « trois
personnes proches du dossier », envisagerait la
suppression de 6 000 à 6 500 postes, soit 18 %
des effectifs. On en saura plus à la mi-février
si les négociations prévues avec les partenaires
sociaux se déroulent normalement. En
novembre, Commerzbank avait bel et bien
annoncé un tel plan, étalé sur quatre ans,
sans citer de projections, tout en parlant, par
la bouche du président du directoire, Martin
Blessing, de « grandes coupes ». L’information
du WSJ pourrait donc s’approcher de la
réalité. Blessing avait alors aussi parlé
d’investissements à hauteur de deux milliards
d’euros pour « réorganiser la banque de
détail » et « renforcer les autres activités,
notamment le financement des PME ».
13
point banque février 2013 briefing
produits & innovation
Progiciels de
core banking :
Fiserv rachète
Open Solutions
BPCE unifie
sa gestion des
ressources
humaines
La consolidation se poursuit chez les
éditeurs de progiciels bancaires, y
compris aux États-Unis. En vente depuis
plus d’un an, Open Solutions finit dans
les bras de l’éditeur américain Fiserv
pour un montant de 55 M$.
à ce prix, le racheteur hérite aussi de la
dette de 960 M$ d’Open Solutions, mais
bénéficie d’un crédit d’impôt d’environ
165 M$. Créé au début des années 1990,
Open Solutions fournit aux marchés
américain et canadien des banques
de petite et de moyenne importance
une large gamme de progiciels.
Également présent dans le core
banking, Fiserv hérite d’un portefeuille
technologique fourni et rachète surtout
une base installée de 3 300 sites.
Gestion de titres :
SunGard fait main
basse sur XSP
Xcitek Solutions Plus (XSP), spécialiste
de l’automatisation de la gestion de
titres pour les entreprises financières,
passe sous l’enseigne SunGard. La firme
entend proposer ainsi des solutions
complètes pour améliorer le STP et
rationaliser l’automatisation de la
gestion des titres. Créé en 1996, XSP
propose en mode classique, hébergé
ou en mode SaaS des solutions qui
aident les entreprises à automatiser
leurs opérations de gestion du cycle
de vie des titres : traitement des
données, nettoyage, contrôle de
position, notification, réponse et
traitement de l’admissibilité. jc
Référentiel des
pratiques marketing
et digitales 2013 EBG et Infosys publient le « guide du (super)
directeur marketing digital » (étude auprès
de 90 directeurs marketing/numérique)
14 point banque février 2013
Depuis le 1er janvier, les processus de
gestion des ressources humaines des
réseaux Banque Populaire et Caisse
d’Épargne (groupe BPCE) utilisent
le même outil Talentlink de l’éditeur
Lumesse pour traiter les quelque
200 000 candidatures internes et
externes reçues annuellement. Cette
étape consacre l’aboutissement d’un
projet d’unification d’envergure,
mené enseigne par enseigne dans
un contexte de dématérialisation
des processus RH afin de gérer
conjointement le recrutement et la
mobilité. Fort de plusieurs références
dans le monde bancaire, Lumesse a
participé au déploiement de l’outil
avec la participation de Logica
Business Consulting, filiale du groupe
canadien CGI depuis l’été 2012.
Wall Street Systems
se renforce dans le cash
management avec IT2
Consolidation chez les éditeurs de progiciels de gestion de trésorerie : Wall
Street Systems prend le contrôle de son rival britannique IT2 Treasury
Solutions en rachetant la totalité des parts au fonds privé CapMan Technology,
actionnaire depuis 2007. Plus de 280 sociétés grandes ou moyennes ont installé
des solutions IT2, parmi lesquelles Rémy Cointreau, Hayatt, Volkswagen,
Tyco et Bank of China. Cette acquisition devrait renforcer le leadership de
Wall Street Systems dont les solutions sont utilisées dans 500 des plus grandes
entreprises dans le monde ainsi que dans de nombreuses banques centrales.
65 %
du numérique
est intégré à la
fonction marketing
9 %
dépendant
de la DSI ou
du marketing
opérationnel
10 %
en support
de la fonction
marketing
Trois modèles dominants : le
« digital indépendant » (marketing
opérationnel + direction du
numérique), le « digital en support »
(interaction entre les deux fonctions),
le « digital intégré » (le marketing
coiffe le numérique) : c’est le modèle
dominant (65 % du panel).
Barclays réduit
ses coûts IT grâce
à l’open source
Ce billet va s’autodétruire
dans 6 mois…
La Banque d’Angleterre envisage sérieusement la mise au point de billets
plastifiés. Plus exactement polymérisés. Raison : un billet de papier
comme celui de 5 £ doit être retiré de la circulation en six mois environ.
Elle ne ferait que suivre les exemples australien, roumain, vietnamien,
mexicain et malais ! Les mêmes 5 £ australiennes « tiennent » plus de
trois ans… Autre avantage du polymère : sa résistance à la contrefaçon.
Livres détruites
par le feu ou des
inondations
8,625
747 000 millions 946 000
Livres détruites par
l’eau, entre 2003 et 2011
Jusque-là, dans le monde de la finance,
Linux et les logiciels en open source
n’avaient conquis que la niche des
applications Internet. La surprenante
volte-face de Barclays début 2013
marque-t-elle un tournant en la
matière ? La question est posée. Acculé
à réduire ses coûts, Barclays Bank
a ouvert une partie substantielle de
son système d’information à Linux et
développé parallèlement son propre
cloud interne. Objectif : réduire
certaines lignes de la dépense IT de
près de 90 % en jouant sur la baisse des
coûts de développement induits par le
cloud interne et par le nouveau système
d’exploitation dont l’impact sur les
licences logicielles est substantiel ! jc
billets mangés
ou mâchonnés
Turquie : retrait de cash
via smartphone sans modifier le Dab...
La banque turque IsBank propose
le retrait de cash sur ses 5 000
automates en scannant un QR
code sur leur smartphone. Ce
nouveau service a été développé
par la société de servise SoftTech.
Authentification et demande de
cash passent directement sur le
mobile. La transaction, finalisée
lorsque le client scanne le QR code,
demande une dizaine de secondes,
soit une économie de près des deux
tiers du temps d’attente devant
l’automate. Le tout sans ajout de
matériel sur les automates bancaires
de plusieurs constructeurs. jc
15
point banque février 2013 briefing
produits & innovation
marketing & communication
Ingenico et Microsoft
sur le point de vente
Main dans la main, Ingenico
et Microsoft vont développer
des équipements au point
de vente autour de la toute
nouvelle plate-forme Windows
Embedded 8 Handheld (WE8H),
basée sur Windows Phone 8.
L’enseigne française rejoint
ainsi le consortium fondé par
l’éditeur de Redmond, aux
côtés de Motorola Solutions,
Intermec, Honeywell, et
Bluebird. Le partenariat avec
Ingenico vise à développer des
terminaux portables Windows
Embedded 8 Handheld inspirés
par l’expertise des paiements
mobiles du fabricant français et
sa technologie EMV sécurisée.
Objectif : une acceptation
totalement intégrée des modes
de paiement actuels et futurs,
basés notamment sur la piste
magnétique, la puce EMV,
la technologie sans contact
et les transactions NFC.
au fait… … Michel Léger,
executive vice-president, R&D and Technology
d’Ingenico… n’aurait-il pas été plus logique de
vous allier à Google dont la plate-forme Android
domine le marché mondial des smartphones ?
Aujourd’hui, le marché des
smartphones est fortement
segmenté. L’accord que nous
avons avec Microsoft n’a
aucun caractère d’exclusivité.
Donc, rien ne nous interdit
de développer des solutions
de paiements en nous
appuyant aussi sur Android.
Le partenariat avec Microsoft
et sa nouvelle plate-forme
Windows Embedded 8
Handheld, dérivée de
Windows Phone 8, est dédié
au monde du retail dans
Chasse au rachat d’entreprises
en zone euro : Accenture
modélise le safari
Exploring the eurozone :
l’étude Accenture réalisée
auprès de 450 dirigeants et
publiée en fin d’année 2012 a
été menée auprès des firmes
américaines, chinoises ou
européennes qui dépassent le
milliard de dollars en chiffre
d’affaires. Constat : la moitié
16 point banque février 2013
des entreprises implantées
en zone euro sont en quête
d’acquisitions immédiates.
Une nuance : les Européens
s’intéressent majoritairement
au montage de coentreprises
(45 % des réponses). « Il s’agit
d’entreprises affûtant leur
compétitivité qui cherchent à
lequel l’éditeur occupe une
place de leader mondial avec
des serveurs Windows qui
servent de cœur à bien des
architectures de monétique.
Sur ces questions de platesformes, nous tenons une
position « agnostique ».
Nous développerons des
gammes de TPE sur toutes
les technologies adoptées par
le marché, y compris WE8H.
Comme avec la gamme
iSMP, nous développerons
des terminaux portables
gagner des parts de marché »,
souligne Pierre-François
Kaltenbach, responsable conseil
en management d’Accenture
France. Les Chinois se montrent
beaucoup plus actifs (71 %
des dirigeants interrogés
se disent en recherche) que
les Américains (20 % ).
Toutes origines confondues,
l’appétit de croissance externe
se conjugue avec une recherche
d’efficacité opérationnelle : plus
d’externalisation, des chaînes
logistiques plus souples, une
reposant sur notre expertise
technologique des paiements
sécurisés pour préparer
l’avenir de l’acceptation des
paiements dans le secteur de
la distribution et garantir
une expérience client
personnalisée, intégrée et
différenciée. C’est ce qui
nous a poussés à rejoindre
des acteurs tels que Motorola
Solutions, Intermec,
Honeywell, et Bluebird dans
le cadre du consortium
établi par Microsoft.
meilleure gestion des risques,
la mise en œuvre de services
partagés. En dépit d’un accès au
financement relativement entravé
(45 % des dirigeants européens
le signalent). Mais moins d’un
patron sur trois estime que la
crise de la zone euro éloigne tout
espoir de gain de compétitivité.
« Les entreprises qui cherchent à
tirer parti des opportunités créées
par les perspectives incertaines de
la zone euro vont intensifier leurs
demandes à l’égard du secteur
bancaire », conclut le consultant.
le mot
Mot-dièse
On a appris à user du
hashtag, ou mot-clé,
symbolisé sur Twitter par
le signe # (dièse). Il sert à
rassembler les messages
d’un seul thème. La commission de
terminologie lui a trouvé son équivalent
français : le « mot-dièse ». Officiel.
Paru à ce titre au JO du 24 janvier.
Ainsi défini : « suite signifiante de
caractères sans espace commençant
par le signe # (dièse), qui signale un
sujet d’intérêt, et insérée dans un
message par son rédacteur afin d’en
faciliter le repérage. » Joli nom, non ?
Les banques
remboursent
La Banque centrale européenne
l’a annoncé : 278 banques vont
rembourser à hauteur de
137,2 Md€ les prêts qui leur avaient
été accordés il y a trois ans dans le
cadre des opérations de refinancement
à plus long terme (LTRO) en
décembre 2011 et en février 2012.
Faisons les comptes : la BCE avait
prêté 1 000 Md€ à 523 banques de la
zone euro dans le cadre du premier
LTRO. Les remboursements anticipés
seront reçus chaque semaine.
Baromètre RH
• 69 % des salariés des banques
gardent une image positive de leur
secteur d’activité (78 % en 2011).
• 80 % sont motivés par un
changement de poste au regard
d’une meilleure rémunération.
• 97 % se disent « à l’ écoute du
marché » (+ 5 % par rapport à 2011).
• 53 % sont en recherche
active (45 % en 2011).
• Se sont déclarés favorables à
la séparation banque de détail/
banque de financement et
d’investissement : 51 %.
Source : RH Banque,
réalisé par Michael Page en
partenariat avec l’Agefi.
B for Bank, trois ans, nouveau look
La banque en ligne dont la communication envahit panneaux publicitaires et chaînes télé
a confié à Raymond Interactive (Saguez & Partners) le soin de rebâtir un site accessible sur
n’importe quel écran, avec application pour mobile sur l’App Store d’Apple et sur Google Play.
La création des caisses régionales du Crédit Agricole (en 2009) remonte à tout juste trois ans.
Sondages à gogo
Vital : les banques veulent connaître le
comportement de leurs clients. À l’image
d’une certaine classe politique, elles
multiplient les sondages : 120 000 personnes
par an, 6 900 « visites mystère » en agences en
2012 pour la seule Société Générale. Interrogé
par Les échos, Armand Sanchez, directeur
des études et du marketing France de BNP
Paribas en donne les vraies raisons : « Nous
interrogeons aussi davantage nos clients car
leur comportement évolue, ils deviennent de
plus en plus autonomes et informés. » à l’aide
d’un baromètre spécialisé, la banque capte
l’opinion de quelque 66 000 clients chaque
année ! Un signe positif qui ne trompe
pas et que privilégie, selon le quotidien
économique, le Crédit Agricole : un client
qui recommande la banque à son entourage.
Parmi les vecteurs du questionnement, le
téléphone, le mail et les réseaux sociaux.
Qu’en tirent les sondeurs ? La création de
nouveaux produits, des campagnes inspirées.
Et même, révèle notre consœur, « une partie
de la rémunération variable des conseillers » !
”Nos clients deviennent de plus
en plus autonomes et informés.“
17
point banque février 2013 briefing
l’interview
Crédit Mutuel Arkéa :
« L’un de nos meilleurs
produits ? Les parts
sociales souscrites par
nos sociétaires ! »
Crédit Mutuel Arkéa, fiche d’identité
√ Composé depuis 2002 par la réunion des fédérations du
Crédit mutuel de Bretagne, du Sud-Ouest et du Massif central,
plus une vingtaine de filiales spécialisées (Suravenir, Fortuneo,
Financo, Federal Finance, Monext, Arkéa Assistance, etc.).
√ Siège social : Le Relecq-Kerhuon (Finistère).
√ Années 1990, rachat de la BPE, Banque privée
européenne (cédée en 2013 à La Banque Postale).
√ Jean-Pierre Denis, président, Ronan Le Moal, directeur général.
Partir d’un ancrage régional pour asseoir sa présence sur le territoire
national. Aborder l’innovation par le partenariat. La stratégie du fort
breton Crédit Mutuel Arkéa a l’avantage de la limpidité. Servie par
son directeur général, Ronan Le Moal, face à Andréa Toucinho.
Crédit Mutuel Arkéa est un
acteur phare du secteur
bancaire historiquement
positionné en Bretagne mais
de plus en plus actif à l’échelle
nationale. Le Breton part à la
conquête de l’Hexagone ?
L’on pourrait imaginer que
l’ancrage régional est une
faiblesse. Crédit Mutuel
Arkéa a voulu transformer
cette apparente faiblesse
Central. Dans un autre registre,
les partenariats industriels
que nous développons en
marque blanche – prestations,
titres, monétique, système
d’information, etc. – nous
donnent, là encore, de quoi
transformer notre dimension
régionale en dimension
nationale : quand nous ne
pouvons pas distribuer nos
produits à l’échelle du pays,
de nos territoires. Nos encours
de crédits ont d’ailleurs
progressé significativement ces
dernières années. Accompagner
les entreprises, c’est aussi les
aider à se financer en capital, ce
que nous menons activement
depuis de nombreuses années,
notamment avec notre filiale
Arkéa Capital Investissement.
Depuis un an, nous avons
renforcé notre dispositif
”Nous sommes avant tout un financeur
des projets de particuliers, d’entreprises
et de collectivités de nos territoires.“
en réelle force. Comment ?
En positionnant l’enseigne
notamment sur des métiers
susceptibles de nous donner un
rayonnement national. Tout en
affirmant notre territorialité.
Démonstration : lorsque nous
avons lancé la banque en ligne
Fortuneo, nous avons fait de
la distribution par Internet un
vecteur de conquête « France
entière » – et même Belgique –,
totalement complémentaire de
notre réseau d’agences bancaires
implanté sur les trois territoires
historiques du groupe :
Bretagne, Sud-Ouest et Massif
18 point banque février 2013
nous agissons en « producteur
de distributeurs ». Nous nous
développons en accompagnant
la croissance de nos partenaires
comme LBP, Carrefour, Banque
Accord, Allianz Banque, etc.
Il n’empêche que l’une de vos
particularités est le financement
de projets locaux. Ce sera
toujours le cas en 2013 ?
Cette activité se justifie
naturellement par notre ancrage
territorial fort. Nous sommes
avant tout un financeur
des projets de particuliers,
d’entreprises et de collectivités
d’accompagnement en fonds
propres des entreprises en
investissant directement
aux côtés de grands acteurs
industriels, c’est le métier de
notre filiale Arkéa Capital
Partenaire. L’objectif est
d’accompagner des chefs
d’entreprise dans l’organisation
de leur transmission ou
encore dans leur projet de
développement. Le recours
à des capitaux français offre
la possibilité à ces belles
entreprises d’asseoir leur
ancrage territorial. Ce qui nous
renforce nous-mêmes dans
notre dimension régionale.
Nous sommes là dans une
véritable logique gagnant/
gagnant dont l’enjeu essentiel
porte sur la vitalité économique
des territoires. Dans un autre
registre, nous avons lancé
tout récemment un fonds
commun de titrisation à
destination des collectivités
territoriales. Dans un contexte
de problématiques de liquidité
qui pèse actuellement sur le
monde bancaire, nous nous
organisons pour continuer à
financer les collectivités, clientes
de nos réseaux ou de notre pôle
entreprises et institutionnels,
notamment via l’actif général de
notre compagnie d’assurance.
Nous sommes actuellement en
réflexion sur la partie corporate.
C’est une façon pour nous de
réaffirmer notre rôle d’acteur
économique au service du
développement de ses territoires.
Quelques chiffres de repérage,
si vous le voulez bien : combien
comptez-vous de clients en
France ? Quid de la répartition
particuliers/professionnels ?
Crédit Mutuel Arkéa emploie
9 000 collaborateurs. Il
représentera environ
1,8 milliard d’euros de PNBA
en 2012. Nous comptons
3,2 millions de clients, dont
300 000 clients Fortuneo, 250
000 clients professionnels et
une centaine de clients b to b
comme Allianz Banque et La
Banque Postale, par exemple.
Vos produits phares ?
Laissez-moi préciser avant tout
que notre modèle de banque
coopérative se distingue
nettement de celui des banques
que je vais qualifier de
« classiques » : nos clients sont
sociétaires, et donc actionnaires
de notre banque. À ce titre, l’un
des produits qui rencontrent
le plus de succès, ce sont les
parts sociales souscrites par nos
sociétaires ! Nous connaissons
ces dernières années un
développement soutenu sur
ce produit. Que tire d’abord
l’élargissement du nombre
de sociétaires détenteurs de
parts sociales, mais également
l’attractivité du rendement
proposé, particulièrement
dans un contexte boursier
pour le moins incertain.
Autre vrai succès de ces
dernières années, l’épargne
financière de Federal Finance,
notamment distribuée en
assurance-vie, avec une offre
de produits à capital garanti
dont Federal Finance s’est
fait un spécialiste. L’aversion
au risque des sociétaires et
clients se révèle assez forte
actuellement. Elle renforce
l’attrait de tels produits dont la
promesse repose d’abord sur la
préservation du capital et une
19
point banque février 2013 briefing
l’interview
indexation sur la performance
des marchés actions en général.
Enfin, nous croyons beaucoup
au développement des offres
de prévoyance que nous avons
complétées ces dernières
années. Elles deviennent une
préoccupation importante de
la population française. Le
cinquième pilier de la Sécurité
sociale, celui de la dépendance,
ne verra sans doute pas le jour :
nous avons donc un rôle majeur
à jouer en la matière en tant que
bancassureur de proximité.
Un maître mot, dans le secteur,
c’est l’innovation. Elle passe par
le mobile, les réseaux sociaux ou
encore le sans contact. Quelles
sont vos innovations à vous,
celles dans lesquelles vous
investissez complètement ?
Crédit Mutuel Arkéa a l’intime
conviction que l’univers de la
banque est en pleine mutation.
Mais une mutation qui va
progressivement retrouver le
contact avec des « individus »,
alors que pendant longtemps
s’est forgé un clivage entre
banque et « personnes ». C’est
vraiment pour répondre à cette
tendance que nous avons investi
l’année dernière le secteur des
jeunes en lançant l’offre Bemix,
avec Fun Radio. Le système
bancaire et des paiements
intègre progressivement
les réseaux sociaux. Crédit
Mutuel Arkéa a ainsi été la
première banque en France
à se positionner sur l’iPhone,
mais nous étions parmi les
premiers sur l’iPad il y a deux
ans ! Le sans contact aussi, nous
y sommes, en gardant toutefois
une certaine vigilance sur le
standard choisi. De même, nous
renforçons notre présence sur la
Toile tout en restant conscients
que le réseau physique d’agences
demeure tout aussi important
dans la mesure où tous les
segments de clients, y compris
celui des jeunes, aspirent à
une relation individualisée
avec un conseiller bancaire.
Nous allons d’ailleurs infléchir
légèrement le positionnement
de notre offre Bemix avec Fun
Radio en exploitant davantage
les synergies avec notre
réseau d’agences bancaires.
Vous insistez sur les jeunes…
Et les autres segments ?
Des efforts aussi ?
Nous misons sur trois segments
”Nous sommes avant tout un financeur
des projets de particuliers, d’entreprises
et de collectivités de nos territoires.“
20 point banque février 2013
essentiels. Tout d’abord, oui,
j’y reviens, nous pensons qu’il
existe un vrai défi sur la clientèle
des jeunes. Plusieurs études
démontrent l’existence d’une
fuite de clients bancaires entre
25 et 30 ans. Nous misons
donc sur l’accompagnement
de cette clientèle dans ses
projets de vie, une réelle attente
aujourd’hui. Ensuite, nous
parions sur la cible des seniors
qui expriment un véritable
besoin d’accompagnement et
de préparation dans le passage
à la retraite, notamment sur
toutes les questions liées à la
dépendance et à la prévoyance.
Des solutions nouvelles sont à
créer sur ce segment, surtout
en termes d’épargne retraite
et de prévoyance. Enfin, les
clients fortunés constituent un
vecteur de développement non
négligeable. À une différence
près par rapport aux autres
acteurs bancaires, nous sommes
davantage en accompagnement
de nos réseaux sur la clientèle
patrimoniale : la conquête
hors territoire n’est pas notre
enjeu sur ce segment.
Autre démarquage de Crédit
Mutuel Arkéa sensible, vous
vous placez volontiers comme
partenaire des nouveaux
acteurs du paiement. Comment
lire votre stratégie sur ce
point ? La transposition de
la DME 2 va-t-elle modifier
votre positionnement ?
Notre enseigne porte dans son
ADN un côté « ingénieur » qui
nous tire tout naturellement
vers des idées et des projets
novateurs. En visant des
alliances avec des acteurs qui
placent l’avance technologique
et la flexibilité au cœur de
leurs priorités, nous mettons à
disposition de nos partenaires
la force de frappe d’un groupe
bancaire tout en servant notre
stratégie de développement dont
l’un des axes majeurs repose sur
la conclusion de partenariats.
Et puis la désintermédiation
actuellement en route
transforme progressivement
le métier de banquier. Crédit
Mutuel Arkéa est toujours en
recherche de valeur ailleurs.
Nous travaillons par exemple
avec Oney Banque Accord.
Nous avons créé avec eux il y
a trois ans un GIE pour gérer
les flux monétiques sur une
même plate-forme de paiement.
Un complément à l’activité de
notre filiale Monext, acquise
il y a trois ans, justement,
pour enrichir nos réflexions
sur l’évolution des moyens de
paiement. Alors oui, parmi nos
projets figurent des réflexions
sur l’utilisation du support
mobile comme terminal de
paiement à l’image de ce que
propose Square aux États-Unis.
Nous sommes bien conscients
que les solutions de paiement
sont en train d’évoluer : il
faut donc rester en alerte et
développer des outils, pourquoi
pas avec des partenaires, pour
répondre à l’évolution des
besoins des clients. L’idée est
de créer un réel écosystème
autour de notre structure pour
nourrir nos réflexions internes.
Mais vous développez d’autres
partenariats, les uns connus, les
autres… peut-être pour 2013 ?
Tout le monde sait que nous
avons signé au début de l’année
2012 un accord avec RCI
Banque, Allianz Banque et plus
récemment avec La Banque
Postale. Nous nous devons
d’abord de bien accompagner
nos nouveaux partenaires,
c’est notre priorité. Plusieurs
partenariats b to b sont « dans
”Alors, oui, parmi nos projets figure
l’utilisation du support mobile
comme terminal de paiement.“
les tuyaux », comme on dit,
en 2013, dont nous pourrons
reparler au cours du premier
trimestre 2013. Nous voulons
également saisir les multiples
initiatives liées au secteur des
paiements : nous sommes à
l’écoute de tout ce qui se passe
et sommes en contact avec
des jeunes entrepreneurs très
en initiative sur ces sujets.
Nos objectifs poursuivent
deux logiques : partenariats
et veille du marché.
Avez-vous des ambitions
internationales ?
L’international n’a de sens pour
nous que s’il s’inscrit dans
une brèche réglementaire ou
si le marché visé est similaire
au nôtre. À titre d’exemple,
nous avons lancé Fortuneo
en Belgique en 2007 car nous
avons constaté que le marché
belge est similaire au marché
français dans le domaine de la
banque en ligne. L’autre raison
qui expliquerait une éventuelle
offensive à l’étranger est la
présence de nos partenaires
dans d’autres pays. Lorsqu’Oney
Banque Accord se positionne
en Italie ou au Portugal, nous
devons les accompagner
en tant que partenaires.
L’international n’est donc pas
une fin en soi pour l’acteur
bancaire que nous sommes. En
la matière, nous tissons notre
toile progressivement avec
toujours le souci d’apporter des
solutions là où nos clients et
partenaires ont besoin de nous.
Propos recueillis par
Andréa Toucinho
Photos Cyril étien
21
point banque février 2013 points majeurs
Quels
chantiers..
réglementaires!
Reportés, contestés, mais
prioritaires. Bâle III,
Solvabilité II : où en est-on ?
Renaud Chaléon, SAS
Parce que les États-Unis ont fait volte-face devant la mise
en œuvre de Bâle III, l’Europe bouscule son calendrier.
Les lourds chantiers réglementaires n’en restent pas moins
la priorité des banques avant l’échéance de 2019.
Quant à l’assurance, elle doit solder Solvabilité II en 2016.
Le point sur ces ardentes obligations
d’un xxie siècle mouvementé.
enquête Jo Cohen
1
Trois mois ? Six mois ? Un an ? Le report de
l’entrée en vigueur de Bâle III retourne à la case
discussions depuis que le secteur financier américain a reporté sine die l’échéance du 1er janvier
2013. Et appelé à revoir les fondements de la nouvelle réglementation, plus stricte en matière de fonds propres.
Motif de cette soudaine volte-face à tout juste un mois de
l’échéance ? « Les règles de Bâle III risquent d’affecter les
petites banques et les compagnies d’assurance » ! Ce motif
n’étonne guère Stéphane Dalifard, directeur associé du secteur banque chez Logica Business Consulting/CGI. Il y voit
l’expression « du poids du lobby bancaire américain face aux
autorités de régulation du pays ». Lesquelles exigent plus de
flexibilité dans Bâle III afin de prendre en compte « les nombreux modèles économiques en vigueur outre-Atlantique ».
Pour le moins, la décision américaine retarde l’entrée en
vigueur d’une réglementation censée s’appliquer progressivement jusqu’en 2019 afin d’éviter une nouvelle crise financière, alors que la dette souveraine plombe la zone euro et
que le « mur budgétaire » menace les États-Unis. Même si les
Républicains ont mis de l’eau dans leur gin.
22 point banque février 2013
L’introduction de Bâle III
repoussée à janvier 2014
Contraint de négocier avec son homologue, le secteur financier européen a demandé un report du durcissement des
règles de solvabilité : les banques européennes ont demandé
à la Commission européenne de repousser au 1er janvier 2014
l’introduction de Bâle III alors que Michel Barnier, commissaire européen au Marché intérieur, a écrit au président de la
Réserve fédérale pour lui exprimer son inquiétude face à cette
situation. « J’attends la réponse de Monsieur Bernanke à qui
j’ai écrit pour savoir la réalité de ce délai. S’il s’agit d’un délai
technique, nous pouvons discuter. S’il s’agit d’une remise en
cause de l’engagement pris, c’est une autre question », déclarait-il récemment à nos confrères de BFM Business.
En attendant, la directive CRD 4 qui transpose en droit
européen les règles du Comité de Bâle devra fixer un nouveau calendrier. « La demande de report des banques européennes est parfaitement logique car le coût de la liquidité
avec Bâle III aurait faussé le jeu de la concurrence avec leurs
consœurs américaines », explique pour sa part Renaud
Chaléon, directeur de la stratégie du secteur banque chez
l’éditeur SAS, ancien du cabinet Accenture. En clair, les
banques européennes ne veulent pas se retrouver pénalisées en anticipant l’application de Bâle III par rapport
à leurs consœurs américaines. Mais quel que soit le
nouveau calendrier, elles doivent maintenir la priorité
sur leurs principaux chantiers réglementaires, et notamment Bâle III. Comme l’exprime Marc Van Caeneghem,
associé risk advisory industrie financière chez Deloitte,
« on n’arrête pas brusquement un TGV qui roule à pleine
vitesse » ! Le délai de quelques mois accordé par le report
est « non-sujet », « une soupape supplémentaire », certes,
mais qui ne modifie en rien les plannings des banques dans
la mise en œuvre du successeur de Bâle II. Que 2013 soit
ou non une année de transition, et malgré un contexte de
budgets restreints, les banques devraient maintenir le cap
et la vitesse par peur de démobiliser les équipes travaillant
sur Bâle III. Il faut rappeler que la nouvelle réglementation
représente pour certaines banques un projet de plusieurs
milliers de jours x hommes. S’ils sont de moindre ampleur
par rapport aux chantiers Bâle II – qui ont demandé la mise
en place d’infrastructures étoffées en termes d’entrepôts de
données et d’outils de gestion de la qualité de ces données –
les projets Bâle III restent néanmoins lourds. Selon Stéphane
Dalifard, beaucoup de banques de taille moyenne ont profité
de ce contexte pour abandonner le modèle d’appréciation
du risque crédit « IRB standard » de Bâle II et appliquer le
modèle plus pertinent, dit « IRB avancé », déjà en application
dans les grandes banques plus matures.
Rappel : la méthode « IRB standard » consiste à utiliser
des systèmes de notation fournis par des organismes externes telles les agences de notation. Alors que celle du « IRB
avancé » implique une méthodologie interne d’évaluation,
propre à chaque établissement financier, qui évalue le risque
relatif du crédit. « Le passage à l’IRB avancé a alimenté de
nombreux “projets retards” censés améliorer l’image des
établissements grâce à une meilleure gestion des risques
crédit », glisse Stéphane Dalifard.
Des systèmes d’information
« impactés »
La disposition clé de la réforme Bâle III reste sans
nul doute l’introduction de deux ratios de liquidité :
le LCR (Liquidity Coverage Ratio) et le NSFR (Net
Stable Funding Ratio). Le LCR est un ratio à un mois
censé donner aux banques le moyen de résister à des
crises de liquidité aiguës
Marc Van
sur une durée… d’un mois.
Caeneghem, Deloitte
23
point banque février 2013 points majeurs
Alexandre Kurtz, SAS
Le NSFR joue le même rôle à un an pour contrer une situation de crise spécifique à l’établissement. Or, l’articulation
avec le projet de norme IFRS des ratios de liquidité Bâle III
– qui sont encore en révision au Comité de Bâle – pose un
« casse-tête comptable » aux banques. Raison : si les actifs
liquides à détenir devaient être comptabilisés à leur juste
valeur, les banques subiraient une très grande volatilité de
leurs fonds propres. Le point reste à clarifier. L’Autorité de
contrôle prudentiel devrait se prononcer sur cette épineuse
question dans les mois à venir.
Certes, la pondération des risques de contrepartie représente moins de développements qu’avec Bâle II. Mais l’impact de Bâle III sur le système d’information ne sera pas
le même, affirment certains, selon le métier de la banque.
Tous les observateurs ne partagent pas ce point de vue. Pour
Alexandre Kurtz, responsable de l’offre risque et fraude chez
SAS, « dans tous les cas de figure, l’impact sera important
sur les systèmes d’information car Bâle III impose une nouvelle architecture et de nouveaux outils, notamment en ma-
Bâle III : un cadre
plus contraignant
Par rapport à Bâle II, Bâle III se définit
comme dispositif prudentiel destiné
à mieux appréhender les risques
bancaires. Ce nouveau cadre se révèle
plus contraignant puisque la réforme
prévoit entre autres le renforcement
du niveau et de la qualité des fonds
propres (tier one et core tier one), la
mise en place d’un ratio de levier
(leverage ratio) ainsi que l’amélioration
de la gestion du risque de liquidité
par la création de deux ratios de
liquidité (ratio de liquidité à un mois,
Liquidity coverage ratio, et ratio de
liquidité à un an, Net stable funding
ratio). Ces deux ratios seront-ils la clé
d’une amélioration de gestion ? Ils
offrent au moins le mérite de partager
une nomenclature commune entre
établissements bancaires.
24 point banque février 2013
Bâle III prévoit en outre de renforcer
les exigences prudentielles du risque
de contrepartie et le suivi des activités
de marché (Bâle II.5). à cet effet,
du côté du risque de contrepartie,
le régulateur introduit une mesure
de risque supplémentaire IRC ainsi
qu’un alignement du traitement des
positions de titrisation sur celui du
portefeuille bancaire. La résilience
des grandes banques internationales
ainsi que des mesures spécifiques sur
le risque de liquidité font également
l’objet de mesures spécifiques.
L’ensemble des dispositions de
Bâle III devra entrer en application
au plus tard le 1er janvier 2019. Le
projet européen CRD 4 est censé
mettre en œuvre Bâle III en Europe.
tière de risques ». Dans la banque de financement et d’investissement (BFI), les conséquences seront lourdes : les outils
comme les processus sont concernés. Dès lors, de nombreux
projets ont été déployés dans les BFI. Les modalités de calcul
vont intégrer l’entrée en vigueur de la norme comptable
IFRS 13. La gestion des risques et du ratio de levier a déjà
conduit certaines banques de financement et d’investissement à réduire leur bilan ainsi que leurs coûts. Comment ?
En complément et afin de maintenir les niveaux de rentabilité des activités de BFI, Natixis, Société Générale ou BNP
Paribas CIB ont réduit leurs effectifs d’environ 20 % par la
mise en place de plans de départ volontaires. « Désormais,
plusieurs BFI s’orientent vers des centres de services partagés
offshore, voire vers l’externalisation de certaines activités »,
constate Renaud Chaléon. Ces changements interviennent
alors qu’on assiste à une véritable mutation des modèles économiques de ces banques. Elles n’hésitent plus à mutualiser
middle et back-office afin de piloter les coûts et de s’aligner
sur les réglementations en vigueur. Ces établissements vont
plus ou moins abandonner les activités mangeuses de liquidités alors que les financements longs souffrent déjà, avant
même que Bâle III ne soit applicable ! Rien d’étonnant à tous
ces changements quand on sait que « la stratégie de crédit des
banques européennes et le financement de l’économie sont
en voie de mutation », comme l’affirme l’étude Credit Strategies of European banks réalisée par Kurt Salmon et HEC. La
même étude constate en outre un retour des banques à leur
cœur de métier. Il se traduira par de nombreuses cessions
d’actifs d’activités jugées non stratégiques.
Vers une nouvelle consolidation
Du côté des banques de détail, la mise en œuvre de la nouvelle réglementation ne sera pas plus facile. Surtout pour les
plus grandes. Les enjeux de solvabilité et de liquidités représentent pour ces grands établissements une nouvelle consolidation, donc des dispositifs plus structurés, donc des projets
appropriés. « Les calculs de ratios, qui conditionnent crédit
et croissance, doivent s’industrialiser », préconise même le
spécialiste Alexandre Kurtz. Dans les plus grandes banques,
les projets de liquidités doivent converger avec la gestion
ALM (actif-passif) de façon à mettre en place des chaînes applicatives communes. À une gestion Asset and Liability par
pôle va donc se substituer un système d’information complet
qui puise ses données dans les multiples pôles de la banque
pour piloter les entrepôts de données mutualisés. Le nouveau contexte réglementaire va obliger ces grandes banques
à se montrer plus sélectives vis-à-vis de leur clientèle afin de
mieux traiter les clients retenus. C’est à ces conditions qu’elles
assureront une meilleure collecte, si vitale dans une logique
de désintermédiation.
La question clé des marges deviendra celle du pilotage
financier que les banques devront mettre en place, quel que
soit leur métier. Si la scission par métier des banques paraît
engagée, les nouveaux modèles restent à définir. Et le chemin sera long jusqu’en 2019. Reste que l’application stricte de
Bâle III fait craindre aux économistes que l’Europe ne devienne la grande perdante : le changement de modèle de financement de l’économie induit par les nouvelles normes de
solvabilité et de liquidité de Bâle III induit une sévère récession sur le Vieux Continent.
Solvabilité II : report probable à 2016
À en croire Gabriel Bernardino,
président de l’instance de
la profession à l’échelon de
l’Europe (Eiopa), la réforme
de régulation de l’assurance,
encore en cours de calibrage, est
prévue pour 2016. Elle est bien
accueillie dans la mesure où elle
va proportionner les exigences
en fonds propres des assureurs à
l’ensemble de leurs risques, « un
principe fondamentalement
adéquat ». Lors de la conférence
annuelle de l’Eiopa, tenue
fin novembre, et bien que la
Commission européenne n’ait
pas confirmé cette nouvelle
échéance, Gabriel Bernardino
affirmait « qu’une mise en
place avant 2016 ne serait pas
crédible ». Plus que probable
désormais pour beaucoup
d’observateurs, cette nouvelle
échéance sera certainement
tenue puisque la mise en place
de la régulation sera progressive.
Certains éléments seront
même opérationnels bien avant
2016, poussés par les bonnes
pratiques promues par l’ACP.
« Sur certains points, la pratique
devancera Solvabilité II »,
confirme Michel de la Bellière,
associé conseil industrie
financière chez Deloitte.
Sur le terrain, « les projets
Solvabilité II des compagnies
d’assurance et des banques
présentes sur ce marché, telles
BNP Assurance ou Crédit
Agricole Assurance, sont assez
avancés », estime Stéphane
Dalifard. C’est sur le Pilier 1 de
cette autre vaste réforme après
Bâle III que les investissements
se sont focalisés. Et pour
cause : le Pilier 1 donne accès
au calcul du SCR (Solvency
Capital Requirement), c’est-àdire des fonds propres. Le SCR
représente bien le capital cible
nécessaire pour absorber le
choc provoqué par un risque
majeur. « Après avoir participé
aux études d’impact, les grands
acteurs s’astreignent à présent à
calculer leur SCR de leur propre
Michel de la Bellière, Deloitte
initiative », précise Michel de la
Bellière. Selon un sondage de
l’ACP sur l’état d’avancement
de Solvabilité II, 78 % de la
profession auraient réalisé plus
de la moitié du parcours du
Pilier 1, contre 60 % pour le
Pilier 2 et seulement 8 % pour
le Pilier 3 ! « Il reste à terminer
la mise en œuvre des outils
pour le Pilier 1 », diagnostique
Alexandre Kurtz de SAS.
L’éditeur a accompagné des
groupes tels Predica, EPS et
la Coface à mettre en place
certaines briques de sa solution
ouverte Risk Management
for Insurance en France,
AXA et Dexia Assurances en
Belgique, Arag en Allemagne
ou encore RBS au RoyaumeUni. Ce framework à base
de composants conformes à
Solvabilité II accepte les calculs
de progiciels tiers ainsi que
les applications déjà en place.
Il capitalise sur un existant
(moteur de modélisation tiers
ou autres applications en
place), le complète, positionne
une infrastructure de type
Système d’information de
gestion des risques (SIGR),
garantie d’auditabilité et de
traçabilité du dispositif final,
ainsi qu’un dispositif de
pilotage du triptyque stratégie,
risques et solvabilité.
Et les deux autres
« Piliers » ?
Au sujet du Pilier 2, centré
autour de l’évaluation interne
des risques et de la solvabilité
(exercice de l’ORSA, Own
Risk and Solvency Assessment,
mécanisme de gestion du
risque et du capital), les
grands assureurs auraient
déjà constitué des pilotes. « Le
Pilier 2, à travers, notamment,
l’ORSA, sera une priorité de
la profession en 2013, affirme
Michel de la Bellière. Les
assureurs auront jusqu’en 2016
pour maîtriser ce volet de
gouvernance et le faire entrer
dans le quotidien », ajoute le
consultant. Car si les Piliers
1 et 3 sont assez techniques,
l’intégration au quotidien du
Pilier 2 ne va pas de soi. C’est
une affaire de comportement
qui ne se décrète pas et qui
exige d’animer la filière risque,
ce qui est nouveau dans le
monde de l’assurance.
Dernier volet de Solvabilité II,
le Pilier 3 implique une mise à
niveau des entrepôts de données
et la mise en place d’outils
de business intelligence afin
de répondre aux exigences
de qualité des données de
la nouvelle réglementation.
Une démarche nouvelle pour
nombre d’acteurs de l’assurance.
« Les projets liés au Pilier 3 se
mettent tout juste en place. Ils
comportent un important volet
sur l’architecture du système de
reporting prudentiel et ses liens
avec le reporting comptable et
financier », remarque Michel
de la Bellière (du reste, de
nombreux éditeurs, tels Invoke,
proposent des templates de
reporting prêts à l’emploi).
Si le report à 2016 se confirme,
une phase de transition destinée
à installer certains éléments de
gouvernance comme l’ORSA,
Pilier 2, et de communication
financière, Pilier 3, semblent
souhaités. « Un pilotage global
des trois piliers s’imposera
lorsque le Pilier 3 sera plus
avancé », confirme Stéphane
Dalifard. En attendant que
Bruxelles confirme le nouveau
calendrier, une étude d’impact
devrait être conduite.
25
point banque février 2013 points majeurs
Chers Premier,
Premium,
Platinum…
le 1er janvier 2013 au programme Priceless Paris. Nos clients
bénéficient d’avantages exclusifs », détaille avec gourmandise
José Fernandez, responsable marketing produits de Barclays.
Ce qui s’ajoute à un livret à taux boosté – 4 % pendant trois
mois dans la limite de 150 000 € – et à des assurances et assistances telles qu’une protection d’achat. José Fernandez : « Nous
venons de lancer le Livret A pour compléter l’offre d’épargne et
nous proposons également une offre de financement de crédit
immobilier, surtout patrimonial, ainsi qu’une gamme de produits de placements financiers assez vaste avec, notamment,
de l’assurance-vie, offre constituée en interne ou par le biais de
partenariats. »
Créer un réseau
et animer une communauté
Les banques à la conquête
d’une cible « en or »
Crise et montée en gamme, mariage impossible ? Pas du tout.
La banque française chouchoute ses clients fortunés. Jamais
la clientèle en gold n’a été autant convoitée par les entités
financières. Voyage au pays des services à valeur surajoutée.
enquête et interview Andréa Toucinho
1
Conseil personnalisé, agences bancaires dédiées,
services exclusifs… Les banques françaises regorgent d’inventivité pour séduire une clientèle
haut de gamme de plus en plus exigeante et soucieuse de reconnaissance. C’est vrai en France
comme à l’étranger. La dernière initiative phare de la banque
traditionnelle dans ce domaine n’est autre que l’offre Priority
lancée par BNP Paribas dans cinq pays européens – France,
Belgique, Luxembourg, Italie, Turquie. Elle mêle local et international pour séduire une clientèle caractérisée par son côté
cosmopolite (lire encadré). Mais la création par Visa Europe
France de la carte de paiement haut de gamme Visa Platinum,
actuellement déployée par le groupe BPCE, sous peu par deux
autres réseaux, obéit aux mêmes critères. Idem pour l’évolution
de la carte Visa Infinite prévue en 2013. Même ambiance luxe
pour les montées en gamme orchestrées par MasterCard avec
le programme Priceless Paris et la carte World Elite, lancée à
l’international. Autant dire que la banque et les moyens de paiement multiplient les services dorés sur tranche tandis que les
pure players semblent renforcer leur positionnement spécifique
à coups de conseil individualisé et d’animation de la relation
clients.
Conseil « d’excellence » et
reconnaissance internationale
« Devenir la banque de référence en matière de gestion de patrimoine. » C’est l’objectif affirmé de HSBC. Ses 823 000 clients
en France appartiennent clairement à une CSP aisée et « patri-
26 point banque février 2013
moniale », dont les attentes très fortes en matière de qualité de
services et de conseils bénéficient d’une écoute attentive. De
quoi justifier que HSBC mise sur un « conseil d’excellence ».
Un pool de conseillers et d’ingénieurs financiers et patrimoniaux capables d’anticiper les besoins et de « pousser » vers
leurs « chers clients » des informations juridiques, fiscales et
financières si possible des plus pertinentes. Significative : la distinction claire entre HSBC Premier, service réservé aux clients
qui confient au moins 75 000 € d’avoirs à la banque ou qui y
domicilient au moins 4 500 € de revenus mensuels, et HSBC
Advance, dédié aux clients dits « emerging affluent », âgés pour
la plupart de 25 à 45 ans, disposant de 2 500 € de revenus mensuels et/ou de 30 000 € d’avoirs ou crédits.
Un « gratin » qui ne se loge pas à la même enseigne : HSBC
accueille ses clients haut de gamme dans des agences dédiées
de trois types. HSBC Premier International Direct pour les
clients étrangers résidant en France, HSBC Premier Direct
pour la clientèle HSBC Premier de France et l’agence à distance
Advance Direct. De là à affirmer que la reconnaissance internationale est inhérente à la banque haut de gamme… « Un
client HSBC Premier est reconnu et identifié dans les multiples
pays où la banque est présente. Nous lui proposons un service pour faciliter les ouvertures de compte à l’étranger avant
son arrivée sur place. Nous dépannons également nos clients
HSBC Premier en déplacement qui ont besoin d’argent immédiatement en cas de vol ou de perte », confirme HSBC. Dont
le service Global Transfers disponible sur Internet garantit au
client l’accès à tous ses comptes HSBC dans le monde avec
fonction de virements instantanés. La banque est « accro » aux
études et sondages qui lui servent bien sûr à peaufiner son activité de conseil.
Même focus sur le conseil chez Barclays qui compte 170 000
clients en France, dont 70 000 « Premier » : « La valeur ajoutée
de notre offre repose sur le conseil individualisé. Nos clients
Premier sont suivis par des conseillers patrimoniaux dont le
portefeuille ne dépasse pas en moyenne 250 clients afin qu’ils
se consacrent pleinement à chaque profil », explique Caroline
Marion, responsable marketing clients de Barclays. Côté offre,
la banque mise sur une gamme la plus large possible afin de
répondre à tous les besoins spécifiques. « Notre offre phare
est Barclays Premier Life : la banque au quotidien gratuite
avec accès à une carte MasterCard Platinum adossée depuis
Barclays ne néglige pas l’importance du réseau. L’enseigne crée
ce qu’elle nomme des « événements clients » pour échanger sur
des thématiques liées à l’actualité financière et fiscale. « Une
centaine de cocktails de ce type sont organisés chaque année
dans nos locaux », chiffre Caroline Marion. La banque mise
ainsi sur une relation personnalisée et adaptée aux préférences
et aux modes de vie de chacun, en face à face ou à distance.
« Nos clients apprécient particulièrement d’avoir accès à la
ligne directe de leur conseiller et de pouvoir le joindre facilement. Il est vrai que notre clientèle est également de plus en plus
utilisatrice de nos services de banque en ligne, synonymes de
souplesse et liberté pour la gestion et le suivi de ses comptes ».
Un équilibre a été trouvé avec le lancement il y a trois ans
du cercle Premier : un réseau social réservé à la banque et à ses
clients. Ils déposent leurs questions et commentaires, les partagent avec d’autres clients tandis qu’une équipe d’experts du
service Internet de Barclays répond quotidiennement à leurs
interrogations. Caroline Marion, fait ses comptes : « Entre
12 000 et 15 000 clients utilisent ce service accessible sur abonnement. D’ailleurs, plus de la moitié de nos clients Premier sont
utilisateurs de nos services numériques : après le lancement en
2011 de l’application Barclays France sur iPhone, nous avons
lancé en 2012 l’application iPad. Et très prochainement les ouvertures de comptes seront activées via ces tablettes car nous
savons que les clients haut de gamme sont de fervents utilisateurs des nouvelles technologies. »
Ce que confirme étienne-Marie Airiau, directeur général de
la Banque privée européenne (BPE), dans le giron de La Banque
Postale : « Nous utilisons beaucoup les nouvelles technologies
pour faciliter les contacts banque/clients. Lesquels ont ainsi accès à une messagerie instantanée sécurisée pour communiquer
avec leur conseiller. Une présence sur le mobile se traduit par
des applications iPhone, Android et d’autres environnements
conçues pour autoriser les virements et la consultation des opérations. La BPE n’a cependant pas vocation à se positionner,
pour l’instant, sur les réseaux sociaux, faute de demande en ce
sens. À notre avis, les réseaux sociaux s’inscrivent plus dans la
stratégie des banques de détail face à une clientèle plus large. »
En 2013, les services bancaires haut de gamme semblent
tous converger vers le conseil et la proximité clients : « Nous
misons sur des produits simples afin d’éviter l’exotisme, car
nous pensons que notre clientèle aspire essentiellement à un
conseil dédié qui l’aiguille sur le bon produit à souscrire au bon
moment. Par exemple, nous sommes actuellement focalisés
sur le soutien des clients dans l’adaptation à la loi de finances.
Nous misons ainsi sur un conseil en amont pour répondre à
27
point banque février 2013 points majeurs
des questions clés : comment réorganiser
son patrimoine avec la nouvelle donne fiscale ? Quid de l’allocation d’actifs en 2013 ?
etc. Nous nous positionnons sur l’expertise et le conseil parce que les clients haut
de gamme ont également été échaudés par
la crise financière de 2008 et ont besoin
d’aide », analyse José Fernandez, Barclays.
La banque vise en France un cœur de
cible de clients Premier disposant d’au
moins 50 000 € d’avoirs ou de revenus.
Elle mise également sur le renforcement
du parrainage Premier lancé en 2009,
forte du constat qu’un tiers de ses clients
arrivent sur recommandation. « Depuis
octobre 2012, nous avons renouvelé notre
Caroline Marion, Barclays offre pour remercier ceux qui nous font
confiance : tout client qui a recommandé
un proche devenu effectivement client
reçoit une enveloppe cadeau de 400 €
ouverte sur une sélection de présents à s’offrir ou à partager,
dans les univers du high-tech, de la gastronomie ou du prestige.
Cette initiative se prolonge jusqu’en février 2013. Elle est une
façon de doper la conquête de clients : désormais, la moitié de
notre clientèle provient du parrainage. D’où notre volonté de
poursuivre ce programme en faisant évoluer la procédure et en
élargissant la gamme de récompenses », dixit Caroline Marion.
Assurer la filiation
et la transmission patrimoniale
Autre tendance de la banque haut de gamme : l’accent sur
la filiation et la transmission patrimoniale. À l’instar du
parrainage et des clients Premier « en devenir », les enfants
de clients et plus généralement la famille de client haut
de gamme constituent une cible de plus en plus convoitée par les banques. Barclays le démontre en chiffres avec
100 000 clients qui appartiennent au cercle familial des
clients Premier ou sont des clients Premier en devenir.
La BPE renforce ainsi de plus en plus son positionnement
sur cette niche spécifique comme le prouve sa dernière initiative à destination des jeunes, MyBPE, tout récemment lancée
en 2012. Étienne-Marie Airiau, directeur général de la BPE,
l’explique : « Notre offre complète veut répondre à tous les
besoins bancaires des clients aisés et fortunés, qu’il s’agisse
de banque au quotidien, de placements, d’investissement
ou encore de conseil patrimonial. Nous nous positionnons
comme banquier privé complet de la famille. Cette activité
de banque au quotidien constitue d’ailleurs le signe distinctif
de la BPE par rapport aux banques privées traditionnelles. »
Avec 40 000 familles clientes et une activité concentrée en
France, la BPE opère une autre différenciation, toujours fondée sur l’avoir : les clients aisés et fortunés sont certes privilégiés, mais les millionnaires en euros, eux, disposent carrément d’un réseau spécifique de gestion de fortune…
Comme pour Barclays et HSBC, 2013 sera pour la filiale
de LBP l’occasion de poursuivre cette stratégie. « 2013 sera
une année très spéciale ! Ainsi, l’intégration de la BPE dans
le groupe La Banque Postale en avril 2013 nous permettra
d’élargir notre offre, notamment en termes d’OPCVM. Cet
enrichissement de l’offre ne révolutionnera cependant pas
notre philosophie et notre positionnement commercial. Au
contraire : notre positionnement haut de gamme est préservé et affirmé car c’est justement lui qui a motivé l’achat. »
La Banque Postale, celle du Français moyen, s’est offert un
beau bijou…
La conciergerie haut de gamme
prend des couleurs
Parallèlement aux initiatives des
acteurs bancaires, la « conciergerie
haut de gamme » enrichit son
offre en prenant en compte les
innovations technologiques
et les besoins des clients. La
conciergerie privée John Paul,
créée en 2008, partenaire de Visa
Europe France notamment sur
la carte Visa Platinum, témoigne
de cette évolution : « Depuis
2011, plusieurs éléments ont
structuré le développement de
la conciergerie haut de gamme
John Paul. Dans la mesure où
les banques sont de plus en plus
attentives à des programmes
relationnels alliant contenu et base
de données pour fidéliser leurs
clients, nous avons évolué vers un
contenu personnalisé qui ajoute
28 point banque février 2013
à l’affinitaire la géolocalisation.
Concrètement, nous proposons
avantages, privilèges et contenu
par région et par affinité. Autre
évolution technologique : nous
avons pris notre virage numérique
Et négocié une sérieuse avance sur
le marché, notamment grâce à
notre logiciel de CRM propriétaire
qui intègre des fonctions uniques
de profilage et de connaissance
client. Aujourd’hui, toutes nos
solutions mises en œuvre sont
déployées en multicanal étendu
car nous sommes convaincus
que chaque canal est dédié à
un usage propre : le mobile
pour l’immédiateté, grâce à
la géolocalisation, la tablette
pour les loisirs, etc. » Vision de
David Amsellem, président de la
conciergerie privée John Paul.
La société traite 400 000
membres à l’heure actuelle et
a récemment signé un accord
avec deux nouveaux clients,
Samsung et Air France. « Nous
continuons notre développement
en répondant aux sollicitations de
nos clients sur des problématiques
de conquête et de fidélisation
innovantes : nous sommes
devenus un acteur de référence
en la matière avec une expertise
dans les secteurs bancaires et
automobiles. Pour 2013, nous
avons prévu de doubler notre
chiffre d’affaires 2012 qui atteint
9 M€ », révèle David Amsellem.
Parmi les projets de la
société figurent la poursuite du
partenariat avec Visa Europe
France sur la Visa Platinum et
probablement d’autres cartes Visa
entreprises. Comme le lancement,
courant février, d’une application
similaire à Siri, disponible sur
iPhone. « L’objectif est de donner
le moyen au client d’interroger, via
son smartphone, la conciergerie
John Paul simplement en
passant par l’application. »
Depuis deux ans en Angleterre
avec six premiers gros clients
de référence et le rachat d’un
acteur anglais spécialisé dans
les offres aux entreprises, la
conciergerie privée John Paul
a ouvert des bureaux au Maroc
et ambitionne de s’étendre en
Belgique, en Allemagne, en
Italie et en Asie, notamment
à Singapour et en Chine.
Martin Favre, responsable développement
International retail banking de BNP Paribas :
« Parmi les pays ciblés figurent le
Maroc et les États-Unis »
BNP Paribas veut séduire les clients haut de gamme cosmopolites avec l’offre Priority
BNP Paribas a innové dans le
segment haut de gamme en
lançant BNP Paribas Priority,
offre commune aux clients
de cinq pays européens.
Comment est né ce projet ?
Avec l’intégration de Fortis
en 2009, le groupe BNP
Paribas a renforcé son
empreinte européenne et
dispose aujourd’hui d’une
présence conséquente dans
quatre pays de la zone euro,
la Belgique, la France, l’Italie
et le Luxembourg, ainsi qu’en
Turquie. C’est cette solide
implantation qui nous a permis
une telle initiative. BNP Paribas
Priority s’adresse au segment
haut de gamme du retail qui,
dans les marchés d’Europe
de l’Ouest, représente 10 % de
cette clientèle, mais contribue
pour près d’un quart à son
PNB. L’enjeu est important !
Or, plusieurs études ont
démontré que ces clients ont
des attentes et des besoins
semblables dans les cinq
pays : ils sont généralement
un peu plus exigeants que
les autres en matière d’offre
bancaire, ils développent une
appétence pour l’international,
se révèlent un peu plus
multibancarisés et aspirent à
une reconnaissance de leur
statut et/ou de leur fidélité.
BNP Paribas considère en outre
que l’association d’une offre à
une marque globale constitue
un point de réassurance
positif pour ces clients.
L’offre allie services locaux
et communs aux cinq pays.
Vous nous en donnez le détail ?
BNP Paribas Priority repose
pilier, l’offre inclut des
composantes locales adaptées
à chaque pays : produits
spécifiques, conditions
tarifaires préférentielles
et privilèges dédiés.
sur trois grands piliers. Tout
d’abord, une offre de services
relationnels, formalisée dans
une charte commune aux cinq
pays où entrent, notamment,
une relation privilégiée
avec un conseiller – ce qui
était déjà le cas en France
mais pas forcément dans
tous les pays –, un checkup annuel, un engagement
d’accessibilité… autant
d’initiatives qui contribuent
à établir une relation
personnalisée avec le client.
Ensuite, l’offre comprend
des produits et services
communs : le statut Priority
est acquis pour les cinq
pays. Les clients bénéficient
de services internationaux
comme des tarifs privilégiés
sur les virements bancaires
au sein du groupe ou des
conditions spéciales pour
les retraits et, demain, une
carte de crédit Priority avec
des services transversaux
dont nous vous reparlerons
bientôt. Enfin, troisième
Où en est le déploiement ?
Les objectifs fixés dans les
cinq pays ont été dépassés.
Nous comptons déjà plus de
300 000 clients Priority dans
cinq pays : autant dire que le
démarrage est bon ! La France
compte ainsi 40 000 clients
Priority à fin 2012. La Belgique
a dépassé son objectif à fin
septembre et compte à ce
jour 225 000 clients Priority.
En Turquie, en Italie et au
Luxembourg, BNP Paribas
recense respectivement 38 000,
5 200 et 2 000 clients Priority.
Les clients haut de gamme
aspirent à un service dédié
et personnalisé. Envisagezvous la création d’agences
Priority spécifiquement
dédiées à ces clients ?
Pas pour l’instant. Dans nos
études, ce n’est pas apparu
comme une attente clé de
nos clients Priority. Il s’agit
plutôt d’une pratique angloaméricaine. Dans le modèle
BNP Paribas, ce service est
offert aux clients banque
privée qui sont reçus dans
des centres privés ou dans
des bureaux bien séparés.
Quelles évolutions
préparez-vous ?
Les clients BNP Paribas
Priority bénéficient déjà d’un
site Internet dédié, mais nous
avons également des projets
sur le mobile. D’autant que
certains pays, comme l’Italie,
qui propose, elle, de nombreux
services accessibles sur mobile,
sont fortement positionnés
sur ce support. Un ajout aux
événements bancaires et non
bancaires organisés pour les
clients de chaque pays comme
en Belgique sur les thèmes
du passage à la retraite ou de
la succession, en France avec
des soldes privés, ou encore
en Italie avec des invitations
à des avant-premières au
cinéma. Dès 2013, nous
offrirons des privilèges
communs aux cinq pays
autour d’un événement global.
Envisagez-vous de donner la
Priority à d’autres pays ?
Nous attendons les premiers
retours car nous voulons
finaliser l’établissement de
l’offre dans les cinq pays
concernés avant de l’envisager.
Mais nous sommes très
contents du démarrage et nous
recevons des sollicitations
d’autres pays, ce qui confirme
qu’il existe un vrai besoin
de capitaliser sur la taille
du groupe. Parmi les pays
ciblés figurent le Maroc
et les États-Unis. Mais il
faut évidemment assurer
l’homogénéité de traitement :
chaque pays doit délivrer
la promesse Priority à ses
clients retail haut de gamme.
Propos recueillis par
Andréa Toucinho
29
point banque février 2013 points majeurs
Des contrats électroniques parfaitement légaux,
mais dont la preuve reste complexe à rapporter…
Contrats 100 %
numériques ? Attention !
1
isabelle
renard,
docteur ingénieur,
est avocat
associée du
cabinet racine,
[email protected]
Un contrat 100 % numérique est créé sous forme
électronique, signé électroniquement et conservé sous
forme électronique. S’il est
imprimé, c’est uniquement pour des
raisons de commodité ou pour le produire lors d’un litige. Mais en tout état
de cause, cette impression papier ne sera
juridiquement qu’une copie de l’« original électronique » et ne comportera pas
les signes visibles et rassurants d’un original papier : une date écrite à la main et
une signature manuscrite notamment.
Cette immatérialité a poussé certains
tribunaux à considérer que le contrat
électronique n’existait tout simplement
pas, et ceci bien sûr à l’entier bénéfice
du consommateur. Ainsi, le tribunal d’instance d’Épinal,
dans une décision rendue le 12 décembre 2011 (RG n° 11-11000080/Minute 1042/2011) a refusé de reconnaître l’existence
d’un contrat signé électroniquement (il s’agissait de l’avenant
d’un contrat de revolving), dont on lui produisait d’un côté
une impression papier et de l’autre un « fichier de preuve de
la transaction » ! Le commentaire de cette décision est livré en
détails page 56.
« Comment s’assurer que le
document n’a pas été modifié ? »
Même si la décision a de quoi surprendre – car le procédé de
signature électronique employé en l’espèce était conforme à
l’état de l’art et fiable –, elle est riche d’enseignement. La notion de preuve électronique est complexe. Il est très difficile,
pour le non-spécialiste, de rentrer dans les arcanes de la tech-
Dans le monde de la banque et de l’assurance, le
100 % numérique fait rage. Établissements virtuels
aux services alors exclusivement accessibles en ligne
ou certains contrats proposés en « zéro papier », la
dématérialisation cache des pièges juridiques. L’une
des rares spécialistes de la question met en garde…
30 point banque février 2013
nologie sous-jacente à la conclusion et à la conservation d’un
contrat électronique. Comment s’assurer que c’est la bonne
personne qui a signé le contrat à distance, et même qu’il a
bien été signé ? Comment s’assurer que le document n’a pas
été modifié, entre le texte présenté au consommateur et celui
produit par la banque lors d’un litige ? Ces questions sont tout
à fait légitimes, car, on le sait, il n’existe pas encore d’« identité
numérique » et l’authentification d’une personne à distance
est toujours entachée d’un doute. La signature électronique
n’est, elle, pas conforme à ce qui avait été prévu par les textes
du début des années 2000 : il s’est avéré quasiment impossible de délivrer des signatures électroniques interopérables
entre elles, à des coûts raisonnables, aux particuliers. Quant
à l’intégrité du document, elle est en théorie garantie par sa
signature électronique et son horodatage, mais encore faut-il
prouver qu’il n’existe pas de maillon faible dans le cheminement du document entre le moment où il a été mis en forme
par l’établissement bancaire puis signé et versé en archive.
« Nous pensons qu’il faut évaluer
les processus de conclusion des
contrats 100 % numériques »
Depuis quelque temps, les établissements bancaires et les assureurs prennent le soin, sous l’impulsion de leurs directions
juridiques, de demander à des cabinets d’avocat d’établir des
avis juridiques sur la valeur probante de ces contrats électroniques.
L’élaboration de tels avis exige de repartir des critères de
haut niveau posés par le Code civil dans ses articles 1316 et
suivants, relatifs à l’écrit numérique et à la signature électronique, et de vérifier leur respect par le processus technique mis
en œuvre. Ils sont souvent très qualitatifs, car, en matière de
preuve, il n’existe pas de « garantie 100 % ». La valeur probante
d’un écrit risque toujours d’être contestée et ce sera au professionnel d’apporter la démonstration de cette valeur probante
et de la validité de la signature électronique (la signature « présumée fiable » n’est en effet actuellement pas accessible aux
consommateurs).
Nous pensons qu’il faut évaluer les processus de conclusion
des contrats 100 % numériques de manière, non pas qualitative, mais quantitative, autrement dit en leur attribuant une
« note » de fiabilité, fondée sur le respect de critères objectifs.
Ainsi, pourra-t-on coter la qualité de la documentation du
processus au regard de l’état de l’art en la matière, très déve-
loppé dans la sphère publique. On peut évaluer la qualité de la
signature électronique, en s’appuyant sur les critères mentionnés dans le décret « signature électronique » du 30 mars 2001.
On peut noter ce que l’on appelle le « cycle de vie » du contrat,
c’est-à-dire notamment sa capacité à garantir sa traçabilité et
son intégrité, sur la base de critères normatifs. Et enfin on peut
mesurer la qualité de son archivage, toujours sur la base de
critères normatifs. L’ensemble de ces « notes » donne une idée
assez précise de la fiabilité du processus dans son ensemble et,
surtout, elle en détecte les points faibles avant de les améliorer. Au final, nous aboutissons à une documentation claire et
didactique reposant sur des références factuelles.
« La découverte d’une faille dans un
processus numérique pourrait entraîner
la remise en cause systématique
de tous les contrats conclus »
Cette analyse technico-juridique doit être mise en perspective
avec l’environnement de risque, qui n’est pas du tout le même
selon qu’on parle d’un crédit à la consommation de 3 000 € ou
d’une assurance-vie. Sachant qu’en tout état de cause, le zéro
risque est illusoire, tout comme le processus 100 % fiable. Mais
au bout du compte, l’objectif des professionnels de la banque
et de l’assurance qui se lancent dans le 100 % numérique est
de vendre plus, d’attaquer des parts de marché inaccessibles
à leur réseau classique. Ce qui suppose que le processus de
vente de contrats 100 % électronique ne soit pas alourdi par
de multiples vérifications au point de le priver de tout intérêt.
Or, il n’est pas facile de placer le curseur entre les rêves des directions marketing et les impératifs de sécurité des directions
juridiques ! Disposer d’une notation objective du processus de
conclusion du contrat aide à placer ce curseur en fonction de
l’environnement risque du produit considéré : là où une note x
sera acceptable pour un crédit à la consommation de quelques
milliers d’euros, elle ne le sera peut-être plus pour une assu-
rance-vie dont les montants sont susceptibles d’atteindre
quelques centaines de milliers d’euros. C’est d’autant plus vrai
que l’action collective, avatar français de la « class action », va
finir par voir le jour. La découverte d’une faille dans un processus numérique pourrait entraîner, si la conjoncture était
telle que les clients y aient un intérêt particulier, la remise en
cause systématique de tous les contrats conclus. Ce qui, en
matière d’assurance-vie par exemple, aurait des conséquences
financières désastreuses.
Remarquons que cette démarche d’objectivation du risque
s’inscrit de façon très cohérente dans le contexte de l’obligation
de vigilance des établissements de banque/assurance pour la
prévention du blanchiment et du financement du terrorisme1.
L’idée directrice de cette législation est l’approche fondée sur
les risques, recommandée par le Groupe d’action financière
dès 2003. Il y apparaît notamment qu’une entrée en relation réalisée en l’absence du client est une situation de risque
élevé. L’approche risque a pour objectif de responsabiliser les
établissements financiers et de leur permettre l’optimisation
des moyens mis en œuvre en fonction du contexte de chaque
établissement, et non plus sur la base d’une norme uniforme.
Or, il est très difficile pour des décideurs de s’inscrire dans
cette tendance s’ils ne disposent pas d’une vision « élevée » de
la qualité des dispositifs techniques complexes mis en œuvre
pour conclure des contrats 100 % numériques. C’est la raison pour laquelle il nous semble pertinent de développer et
d’appliquer une méthode de notation objective de ces processus de contractualisation 100 % numériques. De quoi donner
à chaque acteur au sein de la banque, selon sa fonction, une
appréciation factuelle de son rapport au risque*.
1. Introduite dans notre droit par l’ordonnance n° 2009-104 du
30 janvier 2009 transposant la directive européenne n° 2005/60/
CE du 26/10/2005.
* Le cabinet Racine a développé, en partenariat avec Fedisa,
une méthode d’évaluation reposant sur quatre volets : Eval_
doc©,Eval_SE©, Eval_ILM©, et Eval_Arc.
31
point banque février 2013 Votre rendez-vous annuel
des technologies de la monétique
et des paiements
PCI-DSS P. 34
Cartes de paiement
pros et entreprises P. 37
SEPA P. 42
Carte et innovation,
mariage possible ?
éditorial
Union sacrée sur fond d’interrogations
6 édition
20 et 21 mars 2013
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Fax : +33 (0)1 47 57 37 25 – E-mail : [email protected] – www.pointbanque.fr
Le secteur des cartes de paiement navigue dans
les 40e Rugissants : marqué par les évolutions
réglementaires que sont les transpositions de
la directive sur les Services de paiement (DSP),
et, plus récemment, de la deuxième directive
monnaie électronique (DME2), le voilà par
nature voué à une concurrence de plus en plus
accrue, suscitée par l’ouverture du marché. Que
ce soit sur l’affinitaire ou le prépayé, et même sur
des marchés complexes et réglementés tels que
les titres restaurants, les acteurs non bancaires,
tels Aqoba ou encore Moneo Applicam, se
andréa positionnent sur le sacro-saint outil carte considéré
fer de lance de la relation clients.
toucinho comme
Face
à
cette
concurrence, les banques semblent
Rédactrice
en chef adjointe avoir franchi le cap de l’innovation pour donner
du relief à l’outil carte. Les multiples exemples cités
dans Point Banque en décembre (n° 77) en témoignent.
Mais pas seulement. Si le marché des cartes de paiement
dédiées aux particuliers semble être arrivé à maturité,
celui des cartes de paiement pour professionnels et
entreprises, qui bénéficie d’une marge de progression
indéniable, prend lui aussi les couleurs de l’affinitaire et
du sans contact pour séduire une clientèle de plus en plus
exigeante (lire l’enquête p. 38). Autre source d’inspiration
des banques, les cartes de paiement haut de gamme, de
plus en plus adossées à des services internationaux et à des
avantages 2.0 pour répondre aux besoins d’une clientèle
cosmopolite et hyperconnectée (dans ce numéro p. 26).
Parallèlement à cette tendance, la technologie sans contact
prend peu à peu possession de la carte, elle lui confère un
rôle dans les micropaiements, en remplacement des espèces.
À supposer avant tout que les acteurs fassent preuve de
pédagogie et investissent dans la communication pour
éduquer les porteurs et les commerçants ! Des initiatives
verront le jour en 2013 dans ce domaine (lire en pages
Briefing) pour préparer le terrain du mobile, alors même
que les business models semblent, eux, encore à définir…
À quoi s’ajoutent les prévisions des professionnels sur
une possible fusion entre les statuts d’établissement de
paiement et de monnaie électronique qui pourrait changer
la donne. L’évolution du design et de la sécurité, qui suscite
encore des interrogations, notamment dans le secteur du
prépayé et/ou encore sur la technologie sans contact comme
le démontrent les derniers rapports de l’Observatoire
de la sécurité des cartes de paiement (OSCP). De quoi
confirmer que si l’union entre carte et innovation est
possible, elle doit se célébrer sous le signe de la sécurité.
février 2013 33 l’événement
enjeu
PCI-DSS
”La conformité
à PCI-DSS est
une garantie
pour la survie
de l’entreprise.“
Les entreprises françaises
rentrent dans le rang !
La fronde touche à sa fin. Les entreprises françaises
adoptent enfin le standard PCI-DSS pour protéger
les données des cartes bancaires de leurs clients.
1
Premier round : voilà les entreprises françaises
qui rejettent, non sans panache, les exigences de
l’organisme américain PCI1, au motif que la technologie EMV est assez sûre pour les dispenser
de s’y soumettre. Deuxième round : elles jettent
l’éponge. Depuis le 1er janvier 2013, toutes celles qui stockent
les données des cartes bancaires de leurs clients doivent respecter les douze commandements du standard PCI-DSS2.
Pourquoi cette volte-face ? Parce que les grands émetteurs
de cartes comme les banques ont fait le forcing à coups de
menaces à peine voilées. En clair, le niveau dissuasif des pénalités, capables de mettre en danger une entreprise en cas
de vol de données !
Longtemps perçu comme un organisme opaque au service
de Visa et de MasterCard, PCI a partiellement corrigé cette
image en impliquant plus d’acteurs européens dans le cadre
de son Conseil des normes de sécurité PCI-SSC3. À l’heure
où les États-Unis accomplissent leurs premiers pas dans le
monde EMV, il est réconfortant de penser que les compétences européennes en la matière risquent de donner à terme
plus de poids aux acteurs du Vieux Continent au sein de l’organisation. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, le courant a fini
par passer. Au prix d’importants efforts de communication,
l’organisme a réussi à faire accepter l’idée que ses standards,
PCI-DSS en tête, étaient destinés à protéger les transactions
de paiement des porteurs de cartes partout dans le monde,
qu’ils soient rattachés au modèle « chip&PIN » de l’EMV
ou au modèle de la piste magnétique. Un défi qui n’était pas
facile à relever. Contrairement aux états-uniennes, les entreprises européennes ne sont pas encore tenues de rendre publics les attaques ou les vols de données dont elles auraient été
victimes. Ce « silence radio » conforte l’illusion qu’il n’existerait pas de failles de sécurité en Europe. Or la fraude en ligne
passe même pour le danger numéro un de l’EMV. « Les données des cartes de paiement sont toujours très fortement menacées, y compris en France », rappelle avec force Rodolphe
Simonetti, global PCI-DSS director chez Verizon, acteur
34 février 2013
majeur de la conformité avec un statut de QSA4. La fraude
en ligne représente en Angleterre 65 % de la fraude à la carte
bancaire en général, 70 % en France. Elle est en moyenne de
50 % à l’échelle européenne. « La seule différence est qu’aux
États-Unis les vols de données portent sur des millions de
cartes, alors qu’en Europe, ils touchent en moyenne entre
50 000 à 100 000 cartes », estime Jeremy King, directeur
européen de PCI. Même si la différence est de taille, la mise
en conformité avec PCI-DSS en environnement EMV reste,
selon lui, « la meilleure façon de barrer la route aux cybercriminels et d’assurer la survie de l’entreprise ». Principale
raison ? Une récente étude montre qu’une perte des données
de 100 000 cartes est de nature à engendrer une perte financière de 9 à 12 M$, ce qui justifie amplement l’investissement
PCI-DSS. Pas étonnant qu’en maniant habilement le bâton et
la carotte, PCI ait réussi à obtenir des entreprises françaises
– y compris celles qui furent pionnières de la fronde comme
Leroy-Merlin ou Pixmania – qu’elles adoptent le standard en
plaçant leur infrastructure en accord avec ses exigences et en
se soumettant à un audit régulier de conformité (ou en faisant appel à un prestataire dont les infrastructures répondent
déjà à tout ou partie de ces exigences).
Jeremy King, directeur
européen de PCI
ISO 27001 contre PCI DSS
Différences
PCI DSS
ISO 27001
Sélection des mesures de sécurité
Imposée
Principalement basée sur
l’appréciation des risques
Niveau de granularité
Important
Libre
Niveau de flexibilité
Faible
Important
Périmètre
Défini par le standard
Défini par l’audité
Exigibilité
Contrainte externe
Démarche spontanée
Objectif principal
Niveau de sécurité de la carte bancaire
Organisation de la sécurité
Aide au management du SI
Faible contribution
Contribution majeure
Des contraintes fonction du
nombre de transactions
Heureusement, les contraintes du standard ne concernent
pas toutes les entreprises manipulatrices des données bancaires5, commerces, commerces en ligne, banques, hôtels,
voyagistes, etc. Les exigences sont fonction du nombre de
transactions passées. Les entreprises qui totalisent plus de
six millions de transactions par an avec Visa ou MasterCard (niveau 1) sont soumises aux exigences les plus draconiennes. Elles doivent entre autres renouveler leur certification chaque année. Trois autres niveaux sont pris en compte
par le standard : entre un et six millions de transactions par
an avec Visa ou MasterCard (niveau 2), entre 20 000 et 1 million de transactions par an sur Internet avec Visa ou MasterCard (niveau 3) et enfin moins de 20 000 transactions en
ligne par an ou moins d’un million de transactions tous les
canaux confondus avec Visa ou MasterCard (niveau 4). Les
entreprises du niveau 1 doivent faire certifier leurs processus de sécurité en se soumettant à un audit annuel sur site
et en réalisant chaque trimestre un scan de vulnérabilités
sur les points d’accès externes (site Web, messagerie, etc.). La
certification comporte à présent 257 points de vérification,
du contrôle de la gestion des données des cartes à l’homolo-
gation des tests de sécurité mené sur le système de sécurité.
Les entreprises des niveaux 2, 3 et 4 ne sont pas soumises
à un audit annuel. Elles doivent seulement répondre à un
questionnaire d’autoévaluation. S’il paraît moins contraignant, ce questionnaire reste néanmoins efficace car il fait
porter l’attention de l’entreprise sur les risques de sécurité à
échéance régulière. En revanche, quel que soit leur niveau,
toutes les entreprises sont tenues à un scan de vulnérabilité
trimestriel.
L’externalisation de la conformité
à PCI-DSS prédomine
Acculées par l’échéance du 1er janvier 2013, nombre d’entreprises françaises candidates à la conformité PCI-DSS ont
choisi d’externaliser au maximum tout ce qui pouvait l’être
afin d’obtenir au plus vite la fameuse certification chez des
opérateurs de datacenters, tel Interoute, ou encore des opérateurs de paiements. Plusieurs datacenters proposent des services qui couvrent quatre à six des points les plus sensibles du
standard. Pour leur part, les opérateurs de paiement offrent
la conformité sur l’ensemble des douze points, y compris aux
commerces qui totalisent plus de six millions de transactions
par an et pour lesquels une offre spéciale a été concoctée l’été
février 2013 35 l’événement
enjeu
enquête
”En France,
trois quarts
des entreprises
ont choisi
d’externaliser
la conformité à
PCI-DSS de leur
infrastructure.“
Rodolphe Simonetti, global PCIDSS director chez Verizon
dernier par plusieurs prestataires. « Cette démarche d’externalisation est tout à fait naturelle », estime Rodolphe Simonetti : contrairement aux autres pays européens, la France
compte de très nombreux prestataires dans les services de
paiements, j’ai nommé Atos Worldline, Paybox, Monext,
Ingenico, etc. « L’externalisation s’impose pour toute entreprise qui veut se focaliser sur son cœur de métier », estime
encore Rodolphe Simonetti. Selon une estimation de la filiale
de Verizon, trois entreprises françaises sur quatre auraient
externalisé leur mise en conformité. Ce choix tactique leur
laisse le loisir de réfléchir à l’implémentation du chiffrement
sans la pression d’une quelconque échéance. Toujours selon
Verizon, seulement une entreprise sur quatre aurait traité la
conformité par ses propres moyens, espérant ainsi apporter
de la valeur ajoutée dans l’usage des données cartes. C’est
entre autres le cas de sociétés d’autoroutes, des voyagistes,
des banques et des compagnies aériennes.
À l’évidence, les entreprises françaises rentrent dans le
rang. C’est une étape significative, certes, mais qui ne doit
cependant pas cacher les nombreuses difficultés de terrain
qui restent à régler. L’expérience montre en effet que maintenir la conformité est un défi permanent et que réussir l’audit
de certification ne suffit plus. Au sein de l’Acsel, l’association
qui regroupe les principaux sites de commerces en ligne,
qui figura également au nombre des réfractaires à PCI-DSS,
contraintes et coûts de certification ont pris le relais des
sujets de mécontentement. L’autre préoccupation de terrain
concerne l’évolution de la version 2.0 du standard. Y figurent
entre autres des questions touchant au cloud, au paiement
mobile… sans oublier l’harmonisation du périmètre avec
celui de la norme ISO 27001 ou encore la pertinence à long
terme du modèle de PCI à l’heure où les solutions dites de dépérimétrisation (ouverture) prennent leur envol. À ce sujet,
« le standard évoluera certainement », commente, confiant,
Rodolphe Simonetti. Le chiffrement point à point, qui sera
assorti de compléments d’ici peu, fait déjà voler en éclat la
notion de périmètre attaché à PCI-DSS. En attendant, Verizon conseille de placer le maximum de données hors du
périmètre actuel du standard. Jo Cohen
1 Payment Card Industry
2 PCI-DSS : Payment Card Industry-Data Security Standard
3 PCI-SSC : PCI Security Standards Council, conseil
de définition des standards de sécurité de PCI
4 QSA : Qualified Security Assessors
5 Les opérateurs de paiement sont soumis à d’autres contraintes,
mais toujours fonction du nombre de transactions.
Les douze commandements de PCI-DSS
Au nombre de douze, les
exigences de PCI-DSS ont
toujours rebuté les entreprises
concernées. Principaux motifs
évoqués : projets aux coûts
prohibitifs sans espoir de ROI par
temps de crise, inadaptation au
monde de l’EMV d’un standard
pensé à l’origine pour les cartes
à pistes magnétiques et double
emploi avec la norme de sécurité
ISO 27001, plus familière à la
culture technique de DSI enclins
à l’adopter sans rechigner.
Dans sa version 1.2.1, PCIDSS obligeait les entreprises à
installer et maintenir un firewall
pour protéger les données, à ne
pas utiliser les mots de passe
par défaut fournis avec les
36 février 2013
équipements et les logiciels, à
protéger les données stockées, à
chiffrer correctement au travers
de réseaux virtuels partagés
VPN et du protocole SSL toutes
les transmissions contenant des
données bancaires destinées à
circuler sur les réseaux publics
(Internet, X25…), à utiliser et
maintenir des antivirus à jour,
à développer et maintenir la
sécurité des systèmes et des
applications en mettant à jour
systématiquement les correctifs
de sécurité des éditeurs, en
restreignant l’accès aux seules
données dont les utilisateurs ont
besoin, en créant un identifiant
unique pour chaque utilisateur,
en restreignant l’accès physique
aux serveurs contenant des
données sur les cartes bancaires
des clients, en surveillant et
en stockant les événements
d’accès aux ressources et aux
données bancaires des clients
(conservation et analyse de
logs), en testant régulièrement
la sécurité des systèmes et des
processus par des audits de
sécurité et enfin en assurant le
maintien et la communication
de la politique de sécurité pour
tous les collaborateurs !
La version PCI-DSS 2.0, en
vigueur depuis le 1er janvier 2012,
apporte surtout des clarifications,
à l’instar de l’obligation de ne
pas stocker à proximité un
numéro de carte et sa version
hachée. Outre la tokénisation,
la version 2.0 propose l’option
du chiffrement point à point
dans les transactions en ligne,
une pratique qui simplifie
grandement les processus de
PCI-DSS et en réduit les coûts
d’implémentation. Notons aussi
que les standards utilisés pour
le chiffrement sont ceux retenus
dans le cadre de la norme ISO
27001, deux démarches jugées
complémentaires par PCI. La
version 2.0 apporte aussi un
certain nombre de précisions
pour l’implémentation en
environnement virtuel. Au total,
elle ne compte pas moins de
257 points de contrôle, contre
185 pour la version 1.2.1.
Cartes de paiement pros et entreprises
Le plébiscite
Gestion des comptes, reporting, accompagnement des entrepreneurs… Les
cartes de paiement dédiées aux entreprises et aux professionnels s’enrichissent
de nouveaux services. Et pour cause : avec près de la moitié des TPE et PME
non encore équipées, la marge de progression est « importante ».
1
« Contrairement au segment des particuliers où la
CB connaît un fort taux de pénétration, le segment
des entreprises et des professionnels est encore faiblement attaché aux cartes de paiement. » Constat
de Pascal Burg, directeur du cabinet Edgar Dunn
& Company. Il plante le décor d’un marché « cartes entreprises » en pleine évolution dans l’Hexagone. « L’étude que
nous avons réalisée avec le CCSF1 démontre ainsi que parmi les
500 entreprises interrogées par le CSA2, seules 52 % des PME et
58 % des professionnels sont équipés en cartes de paiement. Ce
segment garde une préférence pour le chèque et le virement »,
ajoute Pascal Burg. Autant dire que la marge de progression est
importante dans ce marché.
Banques et réseaux de cartes l’ont d’ailleurs bien compris qui
misent sur des offres sans cesse enrichies au gré des besoins
de ces clients. Visa compte plus d’un million de cartes Visa
Business dans l’Hexagone. Son taux de satisfaction avoisine
les 90 %. Fort de 400 000 cartes Visa Affaires en circulation en
France, le réseau mise par exemple sur la progression du segment d’entrée de gamme avec la reconnaissance du statut d’auto-entrepreneur. D’où l’évolution vers une segmentation des
services pour les professionnels, selon le secteur d’activité. « Les
besoins des entreprises diffèrent avec les segments. L’Oréal n’a
par exemple pas les mêmes besoins qu’un commerce de proximité ! Les grandes entreprises, utilisatrices de cartes affaires,
sont soucieuses de réduction des dépenses et de renforcement
de la gestion des liquidités. Elles aspirent donc à des outils de
reporting, capables par exemple de contrôler qu’un vol a bien été
réservé selon la politique de voyages de l’entreprise, ou encore
de négocier des tarifs avec des fournisseurs fortement plébiscités. De leur côté, les entreprises utilisatrices de cartes business
veulent segmenter les dépenses professionnelles et personnelles
et éviter au maximum d’avancer des fonds personnels au nom
de la société », expliquent Céline Dolla et Hélène Soulages, respectivement responsable produit cartes business et responsable
produit cartes affaires de Visa Europe France.
Affiner la gestion des dépenses entreprises
Renforcer la gestion des dépenses dans un contexte économique morose : ce besoin commun à toutes les entreprises
a été clairement identifié par les acteurs des paiements.
Hélène Soulages,
Visa Europe
France
Jean Sidéris, head of sales, MasterCard France, témoigne :
« L’évolution la plus flagrante est le renforcement des besoins
en termes de reporting, de gestion des dépenses et d’outils analytiques, aussi bien pour les grandes entreprises que pour les
PME. D’où le lancement de notre offre Smart Data, module
de reporting avec interface Web paramétrable par type de dépenses, par pays et par département. L’outil est disponible sur la
carte MasterCard Corporate et la carte Achat, et s’ajoute à la solution MasterCard inControl conçue pour modifier en temps
réel plusieurs paramètres liés à l’utilisation de la carte – comme
les horaires ou les postes d’utilisation. » Un aspect particulièrement prisé par les cartes affinitaires professionnelles dédiées
février 2013 37 enjeu
enquête
aux transporteurs routiers
comme France Truck et
C2A.
Même son de cloche chez
American Express qui cite la
carte Business Gold comme
« la plus appréciée par les
clients professionnels 
» car
« 
avantageuse en termes
de gestion des dépenses et
de trésorerie 
». Avec, par
exemple, jusqu’à 58 jours
d’avance sur trésorerie gratuite. « 
L’outil est souvent
adopté par les chefs d’entreprise, lesquels vont également profiter d’avantages via
le programme Membership
Rewards, constamment enrichi avec de nouveaux services utiles pour leur société.
Pascal Burg, Edgar Dunn & Co American Express leur propose ensuite une montée en
gamme avec la carte Business
Platinum, appréciée pour la
conciergerie qui répond aux
problématiques des chefs
d’entreprise souvent pressés
et soucieux par exemple de trouver une salle de réunion en
urgence », détaille Caroline Gaye, vice-présidente marketing &
acquisition, American Express. « Nous avons récemment mené
une étude sur les attentes et priorités des TPE-PME. Outre les
traditionnels outils dédiés à la gestion financière, les services
les plus plébiscités aujourd’hui sont ceux qui leur donnent les
moyens de gagner du temps et qui incluent des facilités de paiement, de la sécurité et de la sérénité. »
Sur le terrain, BNP Paribas, qui se distingue avec la carte logée BNP Paribas AirPlus (lire encadré), propose plusieurs outils
d’optimisation de la gestion des dépenses professionnelles des
salariés. La carte Corporate BNP Paribas, disponible en Visa
et en MasterCard, « facilite la maîtrise du budget déplacements
grâce à la restitution des informations nécessaires à l’analyse
des dépenses et au suivi de la politique de voyages mise en place
par l’entreprise », souligne Jean-Paul Lalain, responsable marketing cartes entreprises et professionnels de BNP Paribas.
La carte d’Achat BNP Paribas, acceptée par les réseaux
Cartes Bancaires et Visa, optimise à son tour les achats de réapprovisionnement de biens et services des entreprises du secteur
privé et public. Une carte virtuelle autorise le paiement des
achats professionnels à distance. Côté professionnels, la banque
propose les cartes Visa Business et Visa Gold Business sans
pour autant opter pour une segmentation, même si « le besoin
d’appartenance à une même communauté est sensible chez
certains professionnels », selon Jean-Paul Lalain.
Vers une segmentation
des services « pros »
Société Générale l’a démontré avec la déclinaison des cartes
Collection au segment des professionnels (lire interview) : il
s’agit d’un enjeu à part entière dans le marché des cartes entreprises. « Trois tendances cohabitent en termes de services.
38 février 2013
D’abord, la progression du segment d’entrée de gamme avec la
reconnaissance du statut d’auto-entrepreneur. Ensuite, l’évolution du très haut de gamme avec des offres sur-mesure dédiées
aux professions libérales. Enfin, une segmentation des services
par métiers et secteurs d’activité. De nombreuses professions,
telles que les plombiers ou les avocats, aspirent ainsi à des offres
personnalisées incluant des assurances et assistances liées à
leur activité et des réductions chez des fournisseurs reconnus », affirme-t-on chez Visa Europe France. De même pour
MasterCard qui mise, notamment via les nouveaux acteurs
tels qu’Aqoba, sur la flexibilité et l’affinitaire dans le secteur
des cartes professionnelles (comme le démontrent les cartes
dédiées aux transporteurs routiers, la carte dédiée aux professions juridiques ou encore la carte pour les auto-entrepreneurs
conçue avec le Crédit Mutuel-CIC). « En plus des offres générales, nous construisons des cartes professionnelles pour des
segments précis avec des acteurs traditionnels et de nouveaux
entrants. Après avoir exploré l’affinitaire dans les cartes pour
particuliers, nous allons le développer dans le segment des professionnels et des entreprises », assure Jean Sidéris.
American Express se distingue dans ce domaine avec sa
carte Flying Blue co-marquée avec Air France. C’est la poursuite de la même logique à travers des études sur l’évolution de
certaines professions, comme les chirurgiens-dentistes, pour
enrichir l’offre de produits et proposer des services adaptés.
« Nous complétons notre catalogue avec des primes spécialisées en fonction des secteurs d’activité des entreprises. Et
l’organisation d’événements et de rencontres qui visent à créer
une communauté pour les professions diverses et variées,
qui demandent à connaître leurs pairs pour échanger sur les
meilleures pratiques », explique Caroline Gaye. De l’affinitaire
mesuré, donc, pour American Express qui ne mise pas dans
l’Hexagone sur des cartes dédiées à des professions spécifiques
comme c’est le cas dans d’autres pays, tel le Portugal via le partenariat avec Millennium BCP. « En France, nous misons sur
des cartes génériques tout en enrichissant les programmes
avec des services dédiés. Ainsi, nous avons, parmi nos clients,
des populations bien définies, les pharmacies, les chirurgiens
dentistes, les avocats, les architectes, les agences de communication ou encore les PME spécialisées dans l’import/export. Le
segment des professionnels est difficile à appréhender car très
fragmenté, mais il est en forte croissance », analyse la VP du
marketing d’American Express.
Accompagner les entrepreneurs
De quoi justifier le renforcement de l’accompagnement des
entrepreneurs, à l’image de ce que poursuit American Express
grâce à son événementiel dédié. Visa Europe France s’est distingué dans ce domaine en 2012 avec le lancement du site
« jesuispro », qui s’inscrit dans une logique de dépassement des
simples services pour positionner la carte de paiement comme
« réel partenaire » de l’entreprise ou du professionnel. « Outre
les informations sur les moyens de paiement, le site Internet
propose des services pratiques aux entreprises et laisse la parole
aux entrepreneurs qui apparaissent comme légitimes pour
parler à leurs pairs. » Le chef d’entreprise va ainsi y puiser des
dossiers sur des thèmes pratiques, comme un recensement des
meilleures applications ou encore un mode d’emploi du recrutement. Ce qui s’ajoute aux rendez-vous live mensuels avec un
chef d’entreprise chevronné face aux questions d’entrepreneurs. « En décembre 2012, le créateur de Viadeo a partagé son
Société Générale va « enrichir la
Collection cartes business »
Poursuivre la déclinaison du catalogue de cartes Collections au segment des
professionnels. C’est l’un des objectifs affirmés de Société Générale en 2013.
Entretien avec élodie Trouillaud, responsable marketing-services monétiques
entreprises, et Carole Massa, chef de produit cartes business à Société Générale.
cartes Business entrepreneurs
lancées il y a quelques mois ?
Carole Massa : Après
seulement quelques mois
de commercialisation, il
est trop tôt pour dresser
un bilan chiffré, mais les
premiers retours de nos
clients et des conseillers de
clientèle sont très positifs.
Élodie Trouillaud et Carole Massa
Société Générale décline
désormais ses cartes Collection
au segment professionnel.
Pourquoi ce choix ? Comment
cette offre va-t-elle évoluer ?
Carole Massa : Une étude
réalisée en 2010 avait démontré
que les clients professionnels,
notamment les plus haut de
gamme, expriment de fortes
attentes en termes de services
liés à leur carte bancaire.
Et comme notre gamme de
cartes affinitaires proposée
depuis maintenant quatre
ans à nos clients particuliers
rencontrait un franc succès,
nous avons décidé de lancer en
mars 2012 le premier modèle
de cartes Collection dédiée
au segment business, la carte
Visa Gold Business class.
Nous avons enrichi cette offre
en juin 2012 avec les cartes
Collection entrepreneur cobrandées avec Initiative France,
disponibles en Visa Business et
Visa Gold Business. Elles sont
construites selon le modèle
de nos cartes caritatives.
Nos clients professionnels y
trouvent le moyen de soutenir
activement l’entrepreneuriat
local et le développement
économique de leur région
grâce au versement de 5
centimes d’euro à chaque
paiement réalisé. Cette offre
est vouée à se développer avec
de nouveaux modèles de cartes
qui intégreront le catalogue
de cartes Collection 2013.
Quels sont les bilans que
vous dressez des cartes Visa
Gold Business class et des
Comment évoluent les
besoins des professionnels
et des entreprises en matière
de cartes de paiement ?
Carole Massa : Les
professionnels sont en attente de
services associés en adéquation
avec leur activité professionnelle
et leur quotidien. Par exemple,
pour ceux qui se déplacent
beaucoup, il est important de
bénéficier de services exclusifs,
liés aux voyages, tels que l’accès
aux salons privés d’aéroport.
Élodie Trouillaud : Et pour
nos clients entreprises, il est
primordial, dans une logique
économique actuelle de
réduction des coûts, de suivre
et de contrôler les dépenses
de manière optimale. Notre
priorité est donc de développer
des services de reporting
innovants. Dans ce cadre,
nous avons lancé en mai le
site Sogecarte Net sur mobile.
Les titulaires de cartes affaires
suivent leurs dépenses à tout
moment depuis leur téléphone.
Quels types de nouveaux
services spécifiques
envisagez-vous ?
Carole Massa : Nous souhaitons
enrichir la Collection avec de
nouveaux modèles tournés vers
l’accompagnement et l’aide à
la création d’entreprise. Et dès
le 1er trimestre 2013, Société
Générale proposera des cartes
professionnelles sans contact
à la demande du client.
Élodie Trouillaud : Pour
toutes les cartes affaires
entreprises Société Générale,
en standard, l’affinité est liée à
l’environnement. En plus d’un
visuel connoté environnement,
nous proposons avec ces
cartes de remplacer les relevés
papier par un accès gratuit
au site de reporting Sogecarte
Net et de reverser 5 centimes
d’euro à l’ONF1 pour chaque
paiement. L’idée est de financer
des projets de reforestation.
Quid de la personnalisation ?
Envisagez-vous des cartes
entreprises sur-mesure avec
un logo personnalisable aux
couleurs de la société ?
Élodie Trouillaud : Société
Générale propose déjà depuis
plusieurs années aux grandes
entreprises la personnalisation
de leurs cartes affaires. Par
exemple, SNCF a intégré
son logo et personnalisé le
visuel de ses cartes affaires
aux couleurs de la société. La
personnalisation du visuel
à la volée, qui permettrait
d’étendre ce service à de
petites séries, est un projet
d’évolution plus global qui
concerne toutes nos cartes.
février 2013 39 enquête
enjeu
American Express
mise sur « la co-création des
services avec les clients »
La carte logée AirPlus :
un joker signé BNP Paribas
Signe distinctif sur le marché des cartes
de paiement dédiées aux entreprises :
la carte logée BNP Paribas AirPlus
vise l’optimisation des achats de billets
d’avion et de train. Moyen de paiement
centralisé, « logé » auprès de l’agence
de voyages de l’entreprise, l’outil
offre un reporting détaillé : nom de la
compagnie et du voyageur, villes de
départ et d’arrivée, classe, pour le suivi
des dépenses et leur comptabilisation.
Elle inclut les services d’assurance et
d’assistance spécialement conçus pour
les voyages d’affaires. « Sur le marché
des entreprises, le partenariat avec
AirPlus constitue un cas à part. La carte
logée est un moyen de paiement à part
entière émis par BNP Paribas. Depuis
2004, nous avons souhaité nous appuyer
sur l’expertise et le professionnalisme
d’AirPlus, devenu désormais un
acteur mondial incontournable de
ce métier », commente Jean-Paul
Lalain, responsable marketing cartes
entreprises et professionnels de BNP
Paribas. De même, l’accord avec Global
Alliance, signé entre plusieurs banques
mondiales dont BNP Paribas, autorise
les retraits gratuits à l’étranger avec une
carte BNP Paribas sur tout le réseau
de distributeurs Global Network.
« D’autres partenariats répondent aux
besoins spécifiques des entreprises,
détaille Jean-Paul Lalain. Notamment
en matière de récupération de TVA
avec TVA Conseil, de tarifs négociés
d’hôtellerie en ligne avec HRS, d’achat
et de livraison de devises aux voyageurs
avec Travelex, de logiciels de notes
de frais avec Concur. Quant aux
partenariats attachés à la détention et
à l’utilisation de la carte Business, nous
proposons un partenariat exclusif avec
HRS histoire d’accéder à la réservation
hôtelière en ligne, à des conditions
négociées. Puis nous nous appuyons
sur un autre acteur mondial, Visa,
qui a spécialement sélectionné une
douzaine de partenaires pour répondre
aux besoins les plus divers de nos
professionnels. Depuis les conditions
préférentielles auprès d’éditeurs de
revues professionnelles avec les éditions
Francis Lefebvre, en passant par les
imprimeurs, comme Copy-Top, les
locations de véhicules avec Avis, les repas
traiteur avec Lenôtre, l’optimisation
publicitaire sur Google, etc. »
expérience sur l’utilisation des réseaux sociaux », rappellent les
représentantes de Visa Europe France. Depuis son lancement
en septembre 2012, « jesuispro » enregistre une hausse naturelle du trafic de 30 %, un taux de rebond faible et une bonne
circulation entre les pages. Les tests en focus group ont en outre
démontré un « réel intérêt » de la cible pour le partage d’expé-
”Nous envisageons de
transformer le mobile
en terminal de paiement
pour les professionnels.“
riences d’entrepreneurs. Fort de ce constat, Visa Europe France
actualise tous les mois les contenus diffusés sur le site et mise
sur un nouveau programme de fidélisation des porteurs professionnels avec notamment l’envoi d’une e-newsletter. « L’objectif
est de créer un vrai lien avec les professionnels. » De là à glisser vers la personnalisation totale de la carte, il n’y a qu’un pas :
« La demande existe ! Certaines banques, à l’instar de LCL et
BNP Paribas, proposent d’ailleurs déjà ce service sur les cartes
40 février 2013
Caroline Gaye, American Express
affaires avec l’intégration du logo et la photo de l’entreprise sur
la carte de paiement, de quoi transformer l’outil en une réelle
carte de visite. » « La tendance s’inscrit dans le besoin de reconnaissance des professionnels », affirme la société.
Course à l’innovation
Segmentation et accompagnement constituent donc les
maîtres mots de l’évolution du marché des cartes de paiement
dédiées aux professionnels en 2013. Côté entreprises, les acteurs
convergent tous vers le renforcement des outils dédiés à la gestion des dépenses, notamment en misant sur les innovations.
« Au vu de la position des cartes dédiées aux professionnels et
aux entreprises en termes de taux d’équipement, l’avenir est
rose pour ce secteur ! Nous prévoyons ainsi un taux de progression à deux chiffres en 2013. Les offres vont continuer à s’enrichir, mais moins du côté voyages déjà bien rempli que du côté
nouvelles technologies avec des offres adossées au mobile et des
services de back-office pour la gestion des dépenses et l’aide à
l’analyse », prédit Pascal Burg. Il ajoutera que de nouveaux cas
d’utilisation émergeront avec le prépayé, comme les cartes de
paiement dédiées aux collaborateurs temporaires.
Côté innovations, American Express mise sur le développement du programme Membership Rewards afin que le chef
d’entreprise accède à de multiples avantages liés à son secteur
d’activité. La société poursuit ses études sur les segments de
professionnels : « Nous nous sommes associés avec un groupe
dentaire à la création d’un livre blanc : comment faciliter la gestion du cabinet dentaire ? Nous envisageons de décliner cette
expérience auprès d’autres professions courant 2013. » Même
course à la segmentation chez Visa qui proposera une offre
très haut de gamme sur la carte Business en 2013, en plus de la
technologie sans contact actuellement en cours de déploiement
sur ce type de cartes. « Alors même que nous étions jusqu’alors
positionnés forts d’une offre généraliste sur le segment des professionnels et des entreprises, nous poursuivons en 2013 une
logique de segmentation par secteur d’activité afin de répondre
à la demande de reconnaissance de cette cible. Ce qui s’ajoute
à des développements sur les offres très haut de gamme. Et à
des initiatives sur le mobile que nous envisageons de transformer en terminal de paiement pour les professionnels mobiles
tels que les infirmières et les plombiers. » Tendance forte.
enquête et entretiens andréa Toucinho
1. Comité consultatif du secteur financier.
2. L’institut de sondage, www.csa-fr.com
Stéphanie Laroque, directrice marketing France et Pays-Bas
d’American Express cartes et solutions corporate : « Crise oblige,
l’évolution est axée sur la vigilance et le contrôle des dépenses »
Quelle est la proposition
d’American Express en
matière de cartes corporate ?
Comment évolue votre offre ?
Elle se déploie depuis la carte
traditionnelle à la carte haut
de gamme pour répondre à
tous les segments d’entreprises,
de la multinationale qui veut
bénéfices et services communs
à plusieurs pays, à la PME/
PMI de plus d’un million
d’euros de chiffre d’affaires qui
souhaite des outils universels
de paiement. Toutes les cartes
corporate American Express
sont basées sur un différé
de paiement de 45 jours en
moyenne et sur un service
de reporting, c’est-à-dire la
consolidation des données
restituées via un outil Web,
accessible facilement et sous
forme variée. Une entreprise
cliente d’American Express
va ainsi par exemple recevoir
un rapport détaillé sur les
dépenses d’une équipe envoyée
en voyage d’affaires à Shanghai.
Nos outils deviennent une
base de meilleure négociation
des budgets voyages pour
une société, sachant que nous
misons sur un équilibre entre
les avantages pour l’entreprise et
le porteur. Ces outils incluent en
outre des bénéfices spécifiques
tels que des assurances voyages
et un programme de fidélisation
individuel en option. Pour les
PME/PMI, nous proposons
également la carte co-marquée
avec Air France, lancée en
1998, et qui a évolué l’année
dernière. Ce moyen de
b to b. Dans la mesure où Amex
dispose, via son business model,
d’une relation triangulaire,
c’est-à-dire d’un lien direct avec
les clients et les fournisseurs,
la création d’un produit ad hoc
n’est pas forcément la solution
qui s’impose. Nous préférons
décliner ou ajuster nos produits
selon les attentes spécifiques
de nos clients sur certains
segments, comme le démontre
le lancement de l’offre vPayment
qui répond à une véritable
problématique sectorielle
pour les dépenses hôtels.
paiement vise à reconnaître
la fidélité des collaborateurs
et des entreprises vis-à-vis du
partenaire Air France. Nous
proposons également une
carte logée au sein de l’agence
de voyages. Elle centralise et
consolide les dépenses liées à la
billetterie. L’outil remporte un
franc succès car les entreprises
veulent de plus en plus
garder la main sur ce type de
dépenses. Dans cette logique de
centralisation, nous avons lancé
l’offre vPayment qui facilite le
contrôle, elle est notamment
adaptée au domaine des
dépenses hôtelières. Elle
est une carte virtuelle de
paiement à usage unique, de
quoi pré-établir le niveau des
dépenses. Elle s’inscrit donc
dans le respect de la politique
de voyages de l’entreprise.
Combien comptez-vous
de porteurs de ces cartes
corporate dans le monde ?
Un peu plus de 97 millions
pour un total de volume de
transactions de 822 Md$.
Quid des retours clients ?
Comment évoluent les
besoins des entreprises ?
La tendance est à la
centralisation et au contrôle
des dépenses aussi bien a
priori qu’a posteriori. Nous
enregistrons notamment un
gros focus sur l’hôtellerie et
les MICE1, notamment sur les
dépenses liées aux conférences
et à l’événementiel, qui reste un
domaine où subsistent encore
des efforts de rationalisation.
La tendance semble être à
l’affinitaire pour les cartes
de paiement dédiées aux
particuliers. Cette évolution
touche-t-elle également
les cartes corporate ?
L’alternative affinitaire n’est
pas toujours appropriée,
notamment dans l’univers
Quels sont les projets de
cartes corporate d’American
Express en France ?
L’évolution est axée sur
la vigilance et le contrôle.
Crise oblige, les entreprises
recherchent des économies
dans plusieurs postes de
dépenses. American Express
mise donc sur la création de
services conçus pour gérer
non seulement la totalité des
dépenses dans leur ensemble,
mais également les typologies
budgétaires spécifiques aux
divers secteurs, ceux des
voyages, des hôtels… La force
d’American Express, c’est la
prise en compte des besoins
spécifiques de nos clients
et leur accompagnement
quotidien grâce à une
centaine de commerciaux
sur le terrain. Notre stratégie
repose sur la co-création des
services avec les clients.
1. Meeting Incentives
Congress Expo/Events
février 2013 41 enjeu
L’euro unifié
le 1er février 2014 ?
SEPA,
c’est pas
encore ça
Les vraies causes
d’un rendez-vous difficile
enquête et entretiens
Anne-Marie Rouzeré
1
O-bli-ga-toire ! Faudra-t-il un battage médiatique
– comme la campagne de publicité orchestrée
depuis mi-2012 par la banque centrale du PaysBas (DNB) – pour que les chefs d’entreprise
français réalisent l’inéluctabilité du passage aux
normes européennes des moyens de paiement ? Le 1er février
2014, a priori, tout virement ou prélèvement passé au format
national et non pas selon les standards SEPA (Single European Payment Area) serait légalement refoulé. Or, au dernier
pointage officiel (fin du premier semestre 2012), avec moins
d’un tiers des virements conformes, la France faisait partie
du peloton de queue : sept pays affichent déjà un score supérieur à 90 % (voire 100 % pour le Royaume-Uni, la Finlande
et la Pologne). Et que dire des prélèvements ! Moins de 1 %
reconnu conforme pour l’Hexagone (2,07 % pour l’ensemble
des pays concernés en novembre 2012) à douze mois de la
date butoir du 1er février 2014.
Bref, nous voilà les mauvais élèves de l’euro(pe).
Pour un chantier lancé depuis cinq ans, avec des standards
disponibles depuis janvier 2008 pour les virements, depuis
novembre 2010 pour les prélèvements, force est de constater
que la communication institutionnelle (Europe, Comité national SEPA), même relayée par les banques et autres acteurs
impliqués, n’a guère réussi à convaincre les intéressés que le
42 février 2013
février 2013 43 enjeu
Jean-Luc Frétard, directeur de l’innovation chez Docapost BPO
Isabelle Grenier, responsable des
moyens de paiement, Société Générale
« 86 % des émetteurs de prélèvements
assurent moins de 500 transactions par mois »
Opérationnelle depuis 2010,
l’offre de Docapost pour la
gestion 100 % numérique d’une
relation client fondée sur la
souscription inclut en natif la
gestion de paiement version
SEPA. Compagnies d’assurance,
mutuelles, opérateurs de
services en tout genre, les
entreprises adeptes de la
solution Contralia (elle couvre,
comme son nom l’indique, le
volet de la gestion des contrats,
depuis leur préparation et
l’enregistrement jusqu’à
l’archivage) se voient, en toute
logique, proposer une extension
jusqu’à la gestion de paiement
avec Sepalia, offre de gestion des
mandats et des prélèvements.
À leur égard, le message est
clair : « N’attendez pas le dernier
moment pour vous mettre en
conformité ». Et il commence
à prendre effet. Résultat pour
Docapost : près d’un million de
prélèvements SDD (conformes
SEPA) gérés en 2012. Mieux
encore : « N’y voyez pas une
simple question de
réglementation pour
votre seule trésorerie,
ou la seule gestion
des mandats, là où
vous pourriez en
tirer un avantage
concurrentiel, étoffer
ou ouvrir un nouveau
canal de relation client,
par exemple. » C’est
précisément sur cette
autre partie du message
que le bât blesse. « Plus
l’échéance de 2014
se rapproche, moins
on aura tendance à
voir le projet SEPA
autrement que comme
une contrainte »,
regrette Jean-Luc
Frétard, directeur
de l’innovation de
Docapost-BPO. Quelle que
soit la taille d’entreprise ? « Les
grands créanciers sont en ordre
Pour l’Association des
trésoriers d’entreprises, 100 %
des adhérents disent tout faire
pour être prêts avant un an.
temps était compté. Inconscience ? Arrogance à la française ?
Tout juste a-t-on vu un regain de curiosité face à la relance de
cette communication – depuis mars 2012 – liée à l’officialisation de la date butoir. Un passage net à l’action du côté des
grands opérateurs de réseaux (énergie, télécoms, assurances,
etc.) et des grandes multinationales – la moitié des transactions de prélèvements en France – se fait sentir. Mais il n’est
pas encore massif. Prudence oblige.
Projets en cours
chez les grands émetteurs
D’après le suivi trimestriel de l’AFTE (Association française
des trésoriers d’entreprises), 50 % des entreprises interrogées
à la fin de septembre 2012 (134 réponses dont 60 % em-
44 février 2013
de marche. On est consulté
toutes les semaines », constate le
responsable de cette gamme de
services. Au-delà de la gestion
des mandats en masse de ces
grands créanciers (plus de 50
000 transactions par mois),
il reste à convaincre quelque
70 000 organismes émetteurs
de prélèvements, jusqu’aux
plus petites structures :
86 % des entreprises
concernées assurent moins de
500 transactions par mois.
11 % des émetteurs de
prélèvements comptent de
500 à 50 000 transactions
par mois. Foi de Docapost et
de sa maison mère : le maillage
fin du groupe y pourvoira.
ploient plus de 2 500 salariés) ont déjà adopté le format SEPA
(SCT, SEPA Credit Transfer) pour plus de la moitié de leurs
opérations de virement. De même, parmi les entreprises
qui émettent des prélèvements (115 réponses), une bonne
moitié a lancé son projet d’adoption du standard européen
(SDD, SEPA Direct Debit) et 28 % d’entre elles prévoyaient
de finaliser au 1er semestre 2013. Près d’une sur quatre (23 %)
estimait pouvoir émettre ses premiers prélèvements SEPA
avant juin 2013. « 100 % de nos adhérents se tiennent informés depuis l’origine du chantier européen et 100 % disent
tout faire pour être prêts avant février 2014 », assure Olivier
Bornecque, président honoraire de l’AFTE, représentant de
l’association au Comité national SEPA.
La sphère de l’administration au sens large (fiscale et sociale, état et collectivités), autre locomotive de la migration
avec 45 % des virements émis en France et 18 % des prélèvements, est à mi-parcours. Quoique… Si 75 % des virements
sont d’ores et déjà SEPA et si les 25 % restants (régies, GIE,
etc.) devraient se « SEPAcifier » avant l’été, pour les prélèvements en revanche, au-delà de la mise à niveau de l’infrastructure déjà accomplie, vu l’énorme volume de données
(identifiants et compagnie) à mettre à jour, les tests ne seront
commencés au mieux qu’à mi-2013 (fisc, Urssaf) : près de 8
000 organismes sont concernés.
« Communication
et back-office en
sortiront renforcés »
Olivier Bornecque, AFTE
Le tableau est tout autre pour le tissu des PME. Elles pèsent
plus du quart des prélèvements du tissu hexagonal. Au vu des
relevés transmis par le Comité national SEPA à la CGPME,
sur un échantillon de 398 entreprises de moins de 250 salariés, deux tiers des réponses évoquent une méconnaissance
totale des moyens de paiement SEPA. Et ce, même si un dirigeant sur cinq dit avoir déjà effectué des virements SEPA.
C’est dire la confusion ! Deux tiers de ces PME-TPE confirment émettre des prélèvements, mais rares sont celles qui ont
déjà lancé (3 %) ou planifié (pas plus) le projet de migration.
Les tuyaux et moteurs sont prêts
Vu de la fenêtre du Comité national SEPA, sous bi-présidence de la Banque de France et de la Fédération bancaire
française (FBF), la balle est désormais plutôt dans le camp
des entreprises. « Sans équivoque, les banques sont déjà
prêtes et toutes le seront pour au 1er février 2014 », avance
Willy Dubost, directeur du département systèmes et moyens
de paiement à la FBF. « Les petits établissements spécialisés,
banques captives de groupe de la grande distribution ou
banques privées, ont lancé leurs projets en 2012 », confirme
Bernard Ramé, responsable de l’offre paiements de Sopra
Banking Software. Techniquement, les tuyaux, moteurs et
instruments SEPA des banques sont prêts, même chez les
moins promptes à s’y mettre. Même constat pour les entreprises traitant (ou sous-traitant) des flux importants de virements et/ou prélèvements. Par la force des choses, puisque
l’obligation de quitter l’ancien support de communication
banques-entreprises, Etebac/X25 pour les supports Swift ou
Ebics (lire encadré Les aides abondent, p. 47) les a incitées à
« Avec l’expérience d’autres
contraintes, notamment la migration
Etebac/X25 de l’an dernier, nous avons
amorcé l’effort de communication
autour du SEPA auprès de nos clients
assez tôt, depuis septembre 2012.
La campagne de sensibilisation est
actuellement relancée, avec une
lettre SG dédiée au projet. De même,
du côté de la préparation de notre
réseau commercial chargé de relayer
l’information, le coup d’accélérateur
date de septembre. Deux mois
après son lancement, notre offre
SEPA Solutions, développée avec
Atos pour la gestion du cycle de
vie des mandats, n’avait toujours
qu’un grand client, pilote depuis
juillet de l’année passée sur des
flux transfrontières. Fin décembre,
trois autres clients s’y sont mis, et la
demande commence à monter. »
Pour justifier ce temps de latence du
côté des grandes entreprises, la plupart
disaient vouloir boucler le projet X25
avant d’entrer dans le dur du projet
prélèvements SEPA. Comme tous les
acteurs concernés, on s’attend à une
première évolution significative sur ce
front-là à partir du second trimestre
2013. Mais plus la date butoir se
rapproche, plus on en voit revenir vers
nous, même parmi celles qui avaient
entamé leur projet SEPA. Surtout des
multinationales, qui craignent que
douze mois ne suffisent pas. Chaque
petit-déjeuner organisé par notre
réseau commercial attire entre 30 et
50 clients. Qui viennent par curiosité,
découvrent et repartent quelque
peu inquiets. Jusque-là, la tendance
générale était d’y voir d’abord un
ajustement technique, confié à la DSI.
Mais quand on les interroge, comme
le font régulièrement les instances
représentatives, les chefs d’entreprises
associent SEPA et “international”.
Beaucoup n’ont pas encore réalisé que
même les opérations domestiques
franco-françaises sont concernées.
Compte tenu du déroulé habituel
d’un tel projet, avec une phase
d’analyse d’impact, d’organisation et
de mobilisation des ressources, puis
le tour des partenaires bancaires et
éditeurs de logiciels, avant d’entrer
dans la phase opérationnelle avec
son lot de tests, il y aura forcément
une phase d’engorgement. Et des
retardataires. Les banques anticipent,
en renforçant leur back-office,
avec une offre de test automatisée,
par exemple. Et pour les grands
émetteurs, un accompagnement
sur la durée du projet. »
mener de front cette migration technique et le lancement du
projet SEPA. « Les banques ont pour la plupart déjà mené
leurs tests de charge pour vérifier la capacité de leurs systèmes à traiter les flux aux formats SEPA », réassure Bernard
Ramé. Aux premières loges, puisque l’offre d’outils et de
services Evolan de Sopra, couvrant l’ensemble de la problématique SEPA, sécurisation de la montée en charge incluse,
équipe une vingtaine de réseaux bancaires français.
Le goulot d’étranglement des tests
Une chose est d’être prêt à échanger de part et d’autre. Une
autre, l’existence des flux ! Il faut bien qu’ils existent pour
éprouver le dispositif, en volumétrie et surtout en tests
février 2013 45 enjeu
Communication technique
banques-entreprises
ADP, géant de la paie
« L’affaire est close depuis six mois »
Parmi les 9 200 entreprises
dont le traitement de la paie
est confié au leader mondial
ADP, seule une centaine n’a
pas encore franchi le pas du
virement SEPA. « Nous nous
sommes emparés du sujet
il y a deux ans. Pour nous,
l’affaire est close depuis six
mois », mitraille calmement
Françoise Breux, directrice
marketing de la relation client
ADP. Avec quelque 130 banques
impliquées pour ce prestataire
de gestion de paie, l’agenda de
la migration a été calé sur le
changement de protocole de
communication avec le monde
bancaire (d’Etebac3 à Ebics) qui,
lui, n’attendait pas. Une façon
d’échapper à l’incertitude sur
les dates butoir de la migration
SEPA. « Nous avons fait d’une
pierre deux coups, en y
ajoutant le passage au format
de fichier d’échange avec les
banques, du format CFONB
au XML ISO 20022. » Un
chantier décliné auprès de
chaque entreprise cliente,
étalé généralement sur
trois mois, rythmé en trois
étapes, avant la bascule
définitive de l’ensemble
de la paie : 1) audit du
système d’information
de paie afin de repérer
les points d’impact sur
les autres composantes
(gestion de notes de
frais, de la participation,
consolidation de la paie au
sein d’un groupe, etc.) qui
se partagent les données
salariés. 2) modification des
interfaces concernées, tests
”L’heure est venue de
passer en mode alerte“. José
Teixera, chef de marché
communication bancaire et
moyens de paiement, Sage.
d’homologation (vérification des contenus échangés).
« Dans la mesure où la bascule n’est effective que pour 30 %
des virements et 1 % des paiements, le plus gros du chemin
reste à faire », note Bernard Ramé. « L’heure est venue de
passer en mode alerte, résume José Teixeira, chef de marché
communication bancaire et moyens de paiement chez Sage.
Depuis août, nous recevons deux ou trois appels d’offres par
semaine, avec des délais de réaction de plus en plus courts.
Les grandes entreprises sont passées du mode planning au
mode rétroplanning. Neuf ou dix mois ne seront pas de
trop pour que les entreprises se montrent opérationnelles »,
témoigne Gaston Rechenmann, responsable solutions SEPA
de Tessi. Tous les fournisseurs de technologies et prestataires,
dont les banques prêtes à aider leurs clients retardataires à
opérer cette migration, le claironnent maintenant : question
tests, plus la date butoir sera proche, plus la situation se ten-
46 février 2013
avec les banques, conversion
automatisée des coordonnées
bancaires mises au format
BIC IBAN. 3) Mise en place
à blanc de la vérification,
avec implication, cette fois,
de l’entreprise cliente. Temps
facturé de la transformation ?
Pour une PME de 300 à
500 salariés, quatre jours
de prestation mis bout à
bout. Pour la sphère plus
personnalisée des plus grandes
(3 000-10 000 salariés), dix à
quinze jours. Pour les plus
petites davantage adossées à
des prestations standardisées,
un ou deux jours. Le coût de
changement de la plate-forme
ADP (passage à Ebics) aura
été lui-même mutualisé, et
non répercuté sur les clients.
dra. Attention au goulot
d’étranglement
imparable.
Plus grave, le risque
de voir le rendez-vous
de la simplification des
flux, objectif principal
de SEPA, complètement
escamoté. Avec notamment un retour en force
du chèque et les coûts
associés. « De 3-4 %
des paiements par an
actuellement, à 10-15 %
Gaston Rechenmann, Tessi
en 2014 », avançait-on
lors de la présentation
d’une étude Steria/
Edgar, Dunn & Co qui soulignait une fois encore le défaut
de compréhension du SEPA, de ses impacts et enjeux. D’où
les projets abordés sous l’angle d’une contrainte. Jusqu’à les
limiter à une « simple » affaire d’ajustement de l’informatique de l’entreprise. Ce qui est vrai pour les émetteurs de
virements, et qui, dans un premier temps, a pu aussi s’avérer
utile pour les émetteurs de prélèvements. « En s’intéressant
aux points d’impact dans leurs systèmes d’information, certaines entreprises ont pris conscience des processus qu’ils
ont à faire évoluer », commente Jean-Sébastien Corbeels,
responsable de l’activité moyens de paiement chez Steria.
Les aides abondent
À quand le branle-bas de combat
des organisations patronales ?
Sauf qu’à se focaliser sur le volet technique, les autres dimensions, organisationnelles, juridiques, sont aussi perçues
comme des contraintes plutôt que des opportunités. D’où
le peu de motivation – et l’attentisme – pour les aborder de
front. Trop d’entreprises n’ont pas encore pris conscience
notamment du transfert de responsabilité lié au changement
du circuit d’autorisation des prélèvements avec le règlement
Jean-Sébastien
Corbeels, Steria
SEPA. Et que ce sont elles qui auront à conserver et gérer les
mandats aux lieu et place des banques. Ce n’est pourtant pas
faute d’avoir eu accès aux explications de ces changements
dans les documents diffusés par le Comité national SEPA, la
FBF, les banques, l’AFTE, les éditeurs de logiciels… Lesquels,
depuis l’annonce de la date butoir, ont pris leur bâton de pèlerin pour un tour de France des régions. Leurs auditoires ?
Encore souvent clairsemés. Les relais potentiels d’information – Medef, CGPME, ordre des experts-comptables – bien
qu’attentifs aux signes de trop faible mobilisation, sont restés
en retrait. Jusqu’à quand ?
Swiftnet ou Ebics ? Les directions
informatiques concernées ont
d’ores et déjà tranché. Par la force
des choses. L’ancien protocole de
communication banques/entreprises
Etebac est désormais inopérant (et
X25 débranché) depuis juin 2012.
Plus adapté au contexte des grandes
entreprises, Swiftnet (en tant que
réseau interbancaire au service
de 8 000 institutions financières)
leur apporte la conformité SEPA
assurée aux banques membres de
son réseau. Une sécurité recherchée
par les multinationales, d’autant plus
garantie que les autorités européennes
(European Payment Council)
ont confié à Swift la définition du
standard de communication pour
l’espace européen SEPA. « En tant
que Registration Authority pour
ISO 20022, pour avoir participé à
la construction du format SEPA, il
nous revenait de nous assurer que le
système de messagerie entre banques
et avec les entreprises serait capable
de transporter ce format », explique
Thierry Chilosi, responsable Payment
Initiatives de Swift. Même évidence
pour Ebics : solution moins haut
de gamme que Swiftnet puisqu’elle
utilise Internet, néanmoins sécurisée,
Ebics transfère les fichiers au
format SEPA (XML). Une trésorerie
sur un serveur Ebics est déjà
techniquement SEPA-compatible.
Des outils multiples
d’aide au passage
Dans les deux cas, même si les
entreprises sont parées du côté
de la communication avec leur(s)
banque(s), elles ne sont en rien
exonérées de l’obligation de passer
au bon format XML tous les fichiers
liés aux virements et prélèvements.
Avec les complications habituelles
de non-interopérabilité car, en face,
d’un pays à l’autre, les banques
et leurs produits et applications
opposent une diversité de
formats (standards métiers et/
ou techniques). Des outils ont été
conçus pour aider au passage. « Pour
ce volet de migration des données
référentielles, l’offre de service
d’aide à la migration des formats
domestiques vers le format SEPA
ne manque pas », observe Thierry
Chilosi. Pour sa part, parallèlement
à son offre d’accompagnement
des plans de migration SEPA
des entreprises, ainsi que des
programmes de tests, Swift propose
MyStandards. Il a été adopté depuis
l’été 2012 par les structures de
compensation et les grands réseaux
bancaires (dont Crédit Agricole).
Un outil en ligne destiné à aider
les établissements à publier leurs
standards de façon structurée et à
faciliter du même coup leur gestion.
Plus grave, le risque de voir
l’enjeu de la simplification
des flux, objectif principal
du SEPA, escamoté : avec
notamment le retour
en force du chèque et
des coûts associés.
février 2013 47 enjeu
Les banques
accompagneront
leurs clients
sur les virements
autant que le
règlement européen
les y autorise.
Genèse laborieuse
d’un SEPA contrarié…
1
« Au départ, les instruments de paiement nationaux devaient être remplacés par les instruments SEPA dès lors que le seuil de 75 % des
transactions serait atteint par 50 % des donneurs
d’ordre ». Processus simple et lumineux, tel que
le rappelle Bernard Ramé (Sopra Group). « Ce qui pouvait
faire décoller les statistiques, c’était l’avancement dans le projet des grandes administrations », complète Gaston Rechenmann (Tessi). Conscientes de l’inadéquation de cette règle,
les instances européennes ont voulu la modifier en fixant
une date butoir. Ce qui a pris de longs mois de débats, jusqu’à
l’annonce de mi-février 2012 : ladite date butoir était fixée
au 1er février 2014 pour les virements et prélèvements. Au
1er février 2016 pour les produits de niche comme le TIP ou le
télérèglement en France.
Solution hébergée ? Le SaaS se referme
Dans la période de flou sur les dates d’échéance, les entreprises qui avaient lancé des avant-projets et projets SEPA les
ont gelés pour la plupart face à une conjoncture économique
qui a réduit les budgets. D’autant plus qu’il leur fallait déjà
payer la facture du changement d’infrastructure de communication banque-entreprise (d’Etebac vers Ebics). Si bien
qu’aujourd’hui, l’ensemble des acteurs de cette migration
48 février 2013
sont condamnés à une course contre la montre. Qui passe
par la question rituelle des entreprises : peut-on tout faire
nous-mêmes et rester dans les clous ? Ou va-t-on externaliser
un maximum ? SaaS (solution hébergée) ou pas SaaS ?
Les éditeurs et prestataires se sont préparés pour répondre
à la montée de la sollicitation. « Ce qui implique de la part
de l’éditeur de prévoir une offre hypersouple, avec complète
réversibilité, compatible à la fois avec le fonctionnement des
grandes entreprises et le mode solution packagée pour les
PME », diagnostique Gaston Rechenmann. « Avant l’annonce de la date butoir, les grandes entreprises voyaient un
intérêt au passage par une solution hébergée pour assurer
un basculement progressif. Mais dans le quasi big bang du
moment, avec des projets de neuf à quinze mois à boucler
dans l’année, elles ont tendance à mettre cette option SaaS
de côté », remarque Bernard Ramé. Les entreprises, grandes
et moyennes, concernées par un volume modéré de prélèvements, largement équipées d’ERP, ont attendu que leurs
éditeurs donnent le « la » avec des versions SEPA livrées ces
derniers mois. Ce qui réduit d’autant la fenêtre de tir pour
aborder le projet comme il leur est généralement conseillé :
« En impliquant toutes les fonctions de l’entreprise, pour ne
pas négliger les impacts administratifs, organisationnels,
juridiques », conseille José Teixeira (Sage). Surtout pour
le changement du circuit d’autorisation des prélèvements
(gestion des mandats) qui risque de générer un impact majeur sur les processus de vente et de facturation. Les offres
de gestion de mandats, outils et sous-traitance, ne manquent
pas, mises sur pied par des éditeurs spécialisés et par les
banques. « Pour les prélèvements, ces offres donneront le
moyen, sans doute, aux retardataires, de passer le cap », commente Isabelle Grenier (Société Générale). « Plus gênant pour
la partie virements : les entreprises retardataires ne peuvent
avoir recours à une telle prestation de la part des banques,
dans l’état actuel de la réglementation qui l’interdit. »
Mais les banques ne laisseront pas leurs clients démunis.
Des négociations sont en cours. En fonction du rythme
d’avancement de la migration, le tir sera probablement ajusté.
De cela, les banques ne font pas état. Tout juste peuvent-elles
en profiter, comme les éditeurs de logiciels, pour mettre en
avant une offre d’accompagnement en amont, avec outils de
conversion de coordonnées bancaires (de RIB à BIC/IBAN)
par exemple, autrement dit sur la partie la plus simple de la
migration.
En attendant, après les plâtres de la partie technique, pas
tous encore essuyés, il reste à surmonter les nombreuses
complications, flous de réglementation et subtilités des
projets. Dont rendent compte notamment les publications
de l’AFTE et les alertes du Club Sepa (2CE2S, lire encadré
p. 52) : défaut d’interopérabilité d’un pays à l’autre, failles du
circuit de gestion des mandats dans le suivi de la gestion des
rejets, par exemple. Quant aux sanctions applicables en cas
de non-respect des dates butoirs, qui relèvent de l’État, elles
devraient être annoncées vers la mi-février.
Prosodie
Vers un multicanal
simplifié par SEPA
Sur le marché de niche des outils de gestion
des transactions issues du commerce
multicanal, Capgemini s’est offert, en
juin 2011, un bras armé avec Prosodie.
L’entreprise fut rachetée 381 M€ pour un
chiffre d’affaires, à l’époque de la transaction,
de 172 M€, et une marge opérationnelle
de 15 %. Autant dire que l’activité de
cette filiale tient lieu, pour le ténor du
conseil et de l’ingénierie informatique,
d’aiguillon auprès des entreprises clientes
Étude Experian
Les erreurs et données périmées,
un risque évalué à 20 Md€
Pas moins de 12 % des paiements
électroniques passés ou encaissés
par les entreprises européennes se
calculent sur la base de données
erronées (codes bancaires périmés,
formats incorrects, etc.). Fort de ce
constat, après passage en revue de
650 000 comptes bancaires et 220
000 identifiants IBAN, l’analyse
d’Experian évalue à 20 milliards
d’euros le surcoût que pourraient
subir les entreprises dans l’aventure
de la bascule SEPA de 2014.
La logique du calcul ? 34 milliards
de transactions réalisées en euros
chaque année, 50 € de surcoût par
transaction échouée : pour une
organisation qui encaisse auprès
de 100 000 comptes bancaires, le
surcoût potentiel, avec 12 % d’erreur,
serait de… 600 000 €. Un surcoût
car jusqu’à présent c’est au crible des
banques et via d’autres dispositifs
disparates, outillés en conséquence,
que l’on pallie en grande partie à ces
erreurs, de manière transparente
pour les entreprises. SEPA en place,
le filtre des banques ne disparaît pas.
Mais selon cette étude, seuls 45 %
des numéros de compte bancaires
internationaux (IBAN) conformes
pour les projets d’optimisation de la
gestion des flux financiers. Où entre
la migration SEPA. En soi l’occasion
d’intensifier la dématérialisation à tous
les échelons. Et de réduire d’autant les
coûts liés aux traitements des documents,
mais aussi – multicanal oblige – ceux qui
naissent des efforts d’acquisition et de
fidélisation de clients. Large perspective !
D’après Ronan Souberbielle, directeur
de la division paiement de Prosodie, elle
« commence à faire bouger les lignes ».
Simplifier, réduire les coûts,
mais surtout dématérialiser
L’attentisme des entreprises côté prélèvements
de la migration SEPA justifie directement
l’activité de Prosodie qui a placé sous le
SEPA ne sont pas accompagnés
d’un code BIC valide (identifiant
de banque qui, à terme, est lui aussi
appelé à disparaître). Plus question
de compter à tous les coups sur les
banques (non ou mal identifiées)
pour corriger le tir. « Dans le cadre
SEPA, les outils mis en place à
l’échelon local, et qui suffisaient
dans une large mesure, deviennent
caducs », prévenait déjà Jonathan
Williams, directeur du département
stratégie de paiements d’Experian,
dans une interview menée par Jo
Cohen pour la Lettre des technologies
bancaires du 19 octobre 2012.
Moralité : les entreprises doivent
réaliser qu’elles devront traiter
(vérifier, corriger) les données BIC/
IBAN. Les services et les outils
ne manquent pas et vont évoluer.
L’étude d’Experian démontre
qu’entre une démarche outillée et
une vérification compte par compte,
le coût de vérification passe de 1 à 10.
Et là encore, si les entreprises sont
toutes concernées, quelle que soit
leur taille, ce sont sans nul doute les
PME qui y sont moins préparées.
signe de cette facilitation du multicanal le
lancement en septembre 2012 de Pay²SaaS :
une solution tout-en-un de gestion de
souscription, dématérialisée de bout en
bout, depuis la gestion des mandats jusqu’à
l’émission des ordres de paiement. De quoi
accompagner – et relooker avantageusement
– les parcours clients multicanal. Pas sûr
encore que l’enjeu soit perçu sous cet angle.
« Au vu de l’impératif des délais, qui accentue
l’aspect contrainte de la migration SEPA,
rares sont les projets sous cette égide qui vont
au-delà de la perspective d’une réduction des
coûts ». Mais au moins l’attentisme est-il en
partie rompu. « De nombreux appels d’offres
sont en cours », constate Ronan Souberbielle.
février 2013 49 enjeu
Club SEPA : le grain de sel des experts
grain de sel dans l’interprétation de
ce que la réglementation ne dit pas
(les business practices), afin que tous
les acteurs – banques, associations
professionnelles, chambres de commerce
ou de métiers – en retirent autant que
possible la même compréhension.
Autrement dit, il s’agit de jouer les
aiguillons pour définir des règles
pratiques opérationnelles. Exemple :
dans le domaine du prélèvement, le
principe du double mandat, matérialisé
par un formulaire et une « référence
unique de mandat » (RUM) par lequel
le débiteur autorise à la fois le créancier
à émettre des prélèvements. « Quid de
cette RUM, protégée par une clé de
contrôle, s’il se glisse une erreur de saisie ?
Et quid du risque de rejet y afférant ? »
demande Jean-Yves Garnier. Une
réunion par mois : rien de trop pour
l’animation d’un groupe de travail autour
de ces règles qui parvient à plonger
dans le concret de ce type d’aléas.
Attention aux coûts de
mise à jour progicielles…
Faciliter l’échange d’expérience :
comme tous les clubs de gens avertis,
la quarantaine de sociétés membres du
2CE2S (Club des conseils, experts et
SSII SEPA), regroupement de conseils,
d’experts, de SSII, fournisseurs
d’outils et de services autour de la
problématique SEPA, pratiquent cet
échange à grande échelle. Sauf que,
dans l’état de relative incurie (déficit
d’intérêt, voire désinformation) du
tissu d’entreprises auquel se heurtent
50 février 2013
les instances nationales (dont le
Comité national SEPA), il s’agit encore
et toujours de pallier ce déficit en
relayant la communication de ces
instances. « Non pas pour la suppléer,
mais pour aider ceux qui peuvent
porter la bonne parole, à commencer
par nos adhérents », souligne JeanYves Garnier, ancien banquier et
consultant indépendant. Un kit de
formation est prévu à cet usage. Il
s’agit aussi et surtout de mettre son
Le club se veut aussi relais d’information
tout au long de la migration, sur
les initiatives intéressantes des
entreprises et des prestataires qui les
accompagnent. Ceux qui pensent en
profiter, par exemple, pour mettre un
peu d’ordre dans la brique financière
de leurs divers systèmes d’information.
Et pas seulement les plus en vue, ceux
qui, à grand renfort de ré-ingénierie,
pensent et agissent en termes de
« payment factory ». Sans oublier de
glisser un autre grain – de poivre, cette
fois – dans le flux d’information pour
déjouer le risque de mauvaise vue des
dirigeants concernés. « Se rendentils compte que pour la mise à jour
de leurs progiciels que proposeront
à coup sûr les éditeurs, la facture ne
sera pas celle d’une release habituelle,
mais probablement beaucoup plus
lourde ? », requestionne Jean-Yves
Garnier. « Et surtout, mesurent-ils
que ces nouveaux instruments font
l’objet de mise à jour annuelle, alors
que les clients des banques étaient
habitués à une stabilité des formats ? »
Les experts-comptables
auront besoin d’une boîte à outils
Pour Hervé Sitruk, président du Club,
« une chose est claire : les fournisseurs
de solutions, fabricants de progiciels
ou SSII, sont sur le pied de guerre et
les solutions sont prêtes, et même avec
un luxe de solutions et des approches
marketing assez sophistiquées. Les
consultants sont mobilisés et se
démènent sur tous les fronts, mais une
grande part de l’effort d’explication
sur les règles a dû être mené par les
fournisseurs eux-mêmes, au détriment
du travail d’implémentation. »
Et les points de vérité qu’il liste
gagnent à être gravés dans le marbre :
• Le passage au SEPA va au-delà
de l’évolution des composants
informatiques des fonctions
financières de l’entreprise, recèle
des enjeux stratégiques et peut
conduire à réexaminer tous les
métiers de l’entreprise, dans ses
outils ou ses relations avec les tiers
(salariés, clients et fournisseurs,
administrations publiques…).
• Même le volet strictement technique
recèle des difficultés opérationnelles,
que nous avons pu constater sur
divers projets, aussi bien d’entreprises
que d’administrations, pourtant
parfois très au fait des sujets.
• Ces difficultés sont accentuées
quand le projet concerne plusieurs
pays européens : il doit se conduire
plutôt comme plusieurs projets
nationaux pour prendre en compte
des spécificités locales très diverses.
• Enfin, cette migration conduit
à mettre en place de nouveaux
instruments de paiements, qui sont
assimilés dans les divers supports
de communication aux instruments
historiques existant actuellement
en France (virement, prélèvement),
mais qui s’en différencient, parfois
très fortement, comme pour le
SDD. Et les appellations « virement
européen » ou « prélèvement
européen » sont abusives, car elles
recouvrent des différences majeures,
y compris dans les usages qui
sont et seront faits demain de ces
instruments en Europe. Surtout pour
le SDD : l’expression de « débit direct
européen » aurait été plus judicieuse.
que la quasi-totalité des expertscomptables n’a encore aucunement
pris conscience. Bien que l’on compte
notamment sur eux, et sur les banques
locales et autres chambres consulaires
pour passer le mot aux PME-TPE
(soit 98 % des entités du tissu
économique, concernées par 25 % des
prélèvements). L’ordre, à travers ses
23 conseils régionaux, prévoit de lancer
les actions d’information au printemps
2013 auprès de ses ressortissants.
Lesquels, il est vrai, ont pris le pli de
la dématérialisation (normes Edificas
et autres), et sont habitués aux aides
de style boîte à outils. « C’est ce que
nous leur préparerons », précise Jean
Saphores. Sous-entendu : quand
nous aurons des réponses claires leur
garantissant la sécurité juridique
contractuelle nécessaire à leur activité.
Creuser le sillon
depuis 2010
Les banques sont prêtes, mais les
règles du jeu le sont-elles ? Rien
n’est moins sûr du point de vue
des experts-comptables. « La
problématique technique s’efface
largement derrière les incertitudes
juridiques qui restent à lever »,
estime Jean Saphores, président de la
commission informatique de l’ordre
des experts-comptables. Exemple :
pour les millions de téléprocédures et
prélèvements (donc mandats à venir)
des taxes fiscales et autres charges
des PME-TPE (Urssaf, Afirg, Arcco,
etc.), quid de la continuité ? Faudra-til tous les faire resigner ? Une paille,
parmi d’autres, dont l’ordre pressent
Certains éditeurs de logiciels (dont
Cegid) tiennent le même discours. Ils
expliquent que, sur un plan technique
(migration Etebac/Ebics) tout est
déjà fait en complète transparence
pour leurs clients comptables. « Pour
la partie virements, nous avons
commencé notre travail d’information
dès le deuxième semestre 2010, avec
les conseils habituels : depuis l’analyse
de l’existant, repérage des logiciels
concernés, des identifiants BIC/
IBAN, choix du protocole Ebics ou
Swift selon les besoins d’échanges
bancaires, jusqu’à la prise de contact/
négociation avec les banques et
l’organisation des tests », explique
Bertrand Gall, directeur marketing
opérationnel professions comptables
et TPE. Pour le volet prélèvements,
une même campagne d’information
est prévue courant 2013.
”Le passage au SEPA recèle des
enjeux stratégiques.“ Hervé Sitruk,
président du Club SEPA.
février 2013 51 enjeu
rendez-vous
mouvements
agenda
L’exemple d’EDF : gestion de mandats tout-en-un
Crédit Immobilier de France
« La seule façon de faire passer le budget
d’une telle opération est de monter un
projet rentable dans sa globalité. »
Pour gérer quelque 40 millions
de mandats de prélèvements,
la direction financière d’EDF
se fie aux caractéristiques
de la solution proposée par
Tessi. Explication de Gilbert
Labbé, directeur de la division
trésorerie et financement
intragroupe d’EDF, et président
de la commission SEPA de
l’AFTE (Association française
des trésoriers d’entreprise).
Comment avez-vous organisé
votre recherche de solution de
gestion de mandats SEPA pour
l’ensemble du groupe EDF ?
Avec 77 % de nos encaissements
sous forme de prélèvements,
de longue date, nous avions
écarté l’idée d’une gestion
externalisée. La solution que
nous voulions exploiter en
interne se devait essentiellement
que prestataire, assure déjà
pour EDF le traitement d’une
partie des TIP et des chèques.
Robustesse, mais encore ?
Quels critères ont-ils
été déterminants ?
Lors d’un maquettage, on a
pu vérifier que l’outil de Tessi
nous assurait une couverture
complète des fonctions
recherchées sans le besoin
d’une phase ultérieure de
développement. Et surtout,
l’approche proposée était
en phase avec notre schéma
d’architecture pour la gestion
des mandats. Autrement dit :
une base de données vivante
pour gérer la création et la
modification de mandats, une
base archives contenant et
gérant les preuves de mandats
et éléments de preuve, les deux
françaises, ERDF, Électricité
de Strasbourg, notamment.
Votre décision date du début
de l’année. Quand le projet en
sera-t-il au stade opérationnel ?
Globalement, nous procédons
en deux étapes : une phase
de démarrage sur la base des
prélèvements existants, c’est-àdire la conversion des anciennes
autorisations de prélèvements
en mandats SEPA, comme
l’autorise la règle de continuité
de SEPA. Étape qui va prendre
place début avril. Elle est censée
couvrir tout le stock. L’issue de
la seconde phase, la mise en
production de la gestion des flux,
devrait se situer vers octobre. Les
délais sont courts. Les premiers
ateliers de cadrage du projet ont
été concluants. Nous pensons
boucler le cycle des spécifications
Depuis mi-2011, 100 % des virements
émis sont au format SEPA.
de se montrer robuste et
performante pour porter la
gestion d’un flux annuel de
près de 4 millions de mandats
de clients. En estimant que sur
les 40 millions de mandats en
stock, chaque année, 10 % sont
à modifier, éliminer, renouveler.
D’où l’appel d’offres européen
lancé en deux temps, request
for information en juillet,
puis request for proposal qui a
suscité une dizaine de réponses.
À l’issue de la phase écrite,
nous avons considéré – sur
présentation orale – l’offre
de cinq ou six éditeurs. Dont
celle de Tessi. Lequel, en tant
52 février 2013
bases pleinement intégrées,
capables de coupler l’acquisition
de mandats et l’archivage
avec la garantie de respect
des dispositions du Code
civil sur la preuve. Les autres
solutions présentées rendaient
possible cette articulation de
la gestion et de l’archivage,
mais celle de Tessi était la
seule à assurer ce couplage de
façon pleinement intégrée.
La facilité de paramétrage de
la solution rendait possible
une présentation de cette
solution aux filiales du
groupe, en Belgique, en
Italie, comme à nos filiales
générales, intégration, tests
et recettes à la fin du premier
trimestre 2013. Comme la
solution se révèle proche de ce que
nous voulions dès le départ, nous
n’avons pas trop d’inquiétude.
Même si l’on n’est jamais à l’abri
de difficultés. Comme on l’a
vu avec le passage au virement
SEPA qui, tout compte fait, s’est
déroulé de manière relativement
indolore. Depuis mi-2011,
100 % des virements émis par le
groupe sont au format SEPA.
Ne craignez-vous pas d’essuyer
quelques plâtres, là encore ?
À bien regarder, les gros
Yannick Borde
président
émetteurs ne sont pas
nombreux. Nous sommes
forcément en situation de
pionniers. Pas seulement pour
l’aspect technique, mais aussi
sur le volet organisationnel et
ses impacts. C’est un travail de
longue haleine, mais amorcé
chez nous de longue date.
Des exemples d’impacts
organisationnels ?
Pour la partie virements, le
retour sur investissement était
non négligeable, ne serait-ce
qu’avec nos 10 000 transferts
internationaux transformés en
virements domestiques SEPA
et l’écart de tarification. Pour
les prélèvements devenant
SDD, l’intérêt est à long terme.
Sûrement pas à court terme.
La seule façon de faire passer
le budget d’une telle opération
est de monter un projet
rentable dans sa globalité.
Pour EDF, la migration SEPA
relève d’un projet global de
rénovation de notre centrale
d’encaissement, entamée il y
a quatre ans. Ce projet inclut
en outre un changement de
maîtrise d’ouvrage, passée
de la direction commerciale
à la direction financière.
Et une rénovation de notre
centrale d’encaissement avec
l’acquisition et l’installation
de l’outil Cash Pooler de
Datalog pour une bonne
maîtrise de tous les aspects
d’interfaçage avec le monde
bancaire pour l’ensemble des
flux d’encaissement. La base
de gestion des mandats est un
sous-ensemble de la centrale
d’encaissement qui dialoguera
avec l’outil Cash Pooler.
La Banque Postale
Yves Brassart
Après le refus de la nomination
de Michel Bouvard par l’AG de
l’établissement de crédit, c’est
Yannick Borde qui va présider
à la « gestion extinctive » des
activités historiques du CIF sauvé
par l’état en septembre, comme
l’exprime le communiqué. La
gouvernance de Yannick Borde
sera partagée par un nouveau
directeur général, François
directoire et comité
opérationnel
La Banque Postale
Marc Batave
secrétaire général
C’est le 9 janvier que Marc
Batave a pris ses fonctions. Il était
jusqu’alors directeur des activités
entreprises et professionnels du
groupe et membre du comité
exécutif. Il succède à Philippe
Bajou, nommé le
19 décembre 2012 au poste de
directeur général adjoint du
groupe et directeur général de
l’enseigne La Poste. À 54 ans,
Marc Batave a successivement
occupé les postes de président
du directoire de la banque
Courtois puis de directeur
général délégué et membre
du comité exécutif du Groupe
Crédit du Nord. Il a intégré
La Banque Postale en 2012.
... intégrés le 9 janvier. À 52 ans,
Yves Brassart a mené sa carrière
au sein du groupe La Poste
où il exerce actuellement les
fonctions de directeur Finances
et Stratégie. Le directoire et
le comité opérationnel ont
pour fonction de définir la
stratégie et les orientations
opérationnelles du groupe.
et de l’intermédiation. Il a
précédemment occupé des
fonctions similaires au sein
des cabinets Norton Rose,
Célice-Blancpain-Soltner,
Bops et Coste-Floret.
EasyVista
Andy White
Chief Marketing Officer (CMO)
Beauquier Belloy
Gauvain
Franck
Poindessault
activité assurance réassurance
Il sera en charge du
développement de l’activité
assurance/réassurance du
cabinet tant en contentieux qu’en
conseil. Depuis 1999, Franck
Poindessault, conseille les grands
acteurs du marché français de
l’assurance, de la réassurance
Cet expert sur le marché de l’IT
Service Management vient de
rejoindre l’équipe dirigeante. Il
aura pour mission de définir la
stratégie marketing de l’éditeur
de solutions d’ITSM dans le
cloud et de développer ses parts
de marché au plan mondial.
Il est également en charge de
piloter les directions marketing
basées notamment en France,
en Espagne, au Portugal, en
Italie et aux États-Unis.
Morlat. Yannick Borde, 46 ans,
qui a rejoint le mouvement UDI
de Jean-Louis Borloo, est maire
de Saint-Berthevin, conseiller
général et directeur d’un groupe
immobilier de Mayenne. Il
était déjà à la tête de l’UESAP
(Union d’économie sociale
pour l’accession à la propriété),
l’organisation qui chapeaute
les actionnaires du CIF.
CIC Sud-Ouest
Pascale Ribault
présidente-directrice générale
... depuis le 2 janvier. Pascale
Ribault, Essec était, depuis 2009,
directrice générale déléguée de
CIC Sud-Ouest. Elle a intégré le
groupe en 1994 et a occupé de
multiples postes dans le secteur
des grands comptes. Elle succède
à Jean-Jacques Tamburini dont le
mandat a pris fin le 31 décembre
et qui occupait les fonctions
de PDG depuis mai 2004.
Amlin France
Kevin Aspignon
G. Goldstein
La branche française de la
compagnie d’assurance et
de réassurance renforce ses
branches risques industriels
et loisirs et immeubles. Le
groupe a accueilli au mois de
janvier Kevin Aspignon, venu
renforcer l’équipe dommages
grands compte, dirigée par
Sylvie Forestier, en tant que
souscripteur risque industriel.
Le département Loisirs et
Immeubles a connu l’arrivée de
Guénaelle Goldstein, ancienne
d’Axiome, CAEG/Assur et
AXA. Elle sera souscriptrice
dans l’équipe de Line Martin.
53
point banque février 2013 rendez-vous
agenda
mouvements
Mercer France
MetLife
Bruno
Rocquemont
François Bloch
directeur accident et santé
pour la zone EMEA.
American Express
Carte France
Ludovic Joly
directeur assurances
Romain Bureau
Le cabinet de conseil en
ressources humaines vient
d’annoncer la nomination de
Bruno Rocquemont au poste de
Market Business Leader pour
Talent et de Romain Bureau à
celui de Market Development
Leader. Ces nominations
s’inscrivent dans la stratégie
d’évolution du groupe qui
a récemment fusionné ses
activités capital humain,
enquêtes de rémunération et
mobilité internationale pour
créer une nouvelle ligne de
métier sous le nom de Talent.
54 point banque février 2013
American Express Carte France
confie à Ludovic Joly le poste de
directeur assurances. Il prend en
charge la gamme d’assurances
intégrées aux cartes ainsi
que les produits d’assurance
optionnels. Il encadre une équipe
de plus de 40 collaborateurs
dédiés au marketing, au
commercial et à la relation
clients. Ludovic Joly a intégré
le groupe American Express
en 2005 après avoir occupé les
fonctions de chef de produit
chez Bouygues Télécom puis
responsable développement au
sein d’Universal Music Mobile.
Entré chez MetLife en 2009,
François Bloch a d’abord occupé
les fonctions de vice-président des
réseaux de distribution EMEA.
Il se voit aujourd’hui confier la
direction des services Accident
Santé pour la même zone. Il
aura en charge le développement
des activités accident et santé à
travers les multiples canaux de
distribution (marketing direct,
bancassurance et partenariats,
agents généraux et courtage)
des pays de la zone Europe,
Moyen-Orient, Afrique. Après
une carrière à AIG, il entre
chez MetLife en 2009 comme
directeur des réseaux agents et
courtiers Europe de l’Ouest puis
directeur courtage de la zone
Europe, Moyen-Orient, Afrique.
Humanis
Jean-Paul
Lacam
intérim de la direction générale
MNRA
Sylvie Malécot
directrice technique
et financière
La Mutuelle des artisans a
accueilli sa directrice technique
le 7 janvier. Elle est en charge
de l’actuariat, de la gestion des
passifs, du pilotage technique
de l’activité, de la gestion actif/
passif et du suivi de la gestion
financière déléguée de la
mutuelle. Elle est également
membre du comité de
direction du groupe. Son rôle
consistera, notamment, en la
mise en œuvre de la directive
européenne Solvabilité II.
que Jean-Paul Lacam assurera
ses fonctions, « dans l’attente du
recrutement et de la nomination
d’un nouveau directeur général ».
CTIP
Strego Pays de Loire
Trois nouveaux
associés
Catherine
Mayenobe
Bred
directrice du cabinet
du directeur général
Olivier Lendrevie
directeur financier
Jean-Paul Segade, qui quitte la
direction générale de l’AP-HM,
appelé à l’Inspection générale
des Affaires sociales (Igas).
Bernard Lemée
président
Bernard
Daeschler
vice-président
Le conseil d’administration
du Centre technique des
institutions de prévoyance (CTIP),
conformément au principe de
l’alternance paritaire, a élu
le 15 janvier Bernard Lemée
président, anciennement viceprésident du CTIP. Il succède
à Alain Tisserant et prend la
présidence de l’organisme.
À 66 ans, Bernard Daeschler,
retraité de la sidérurgie mosellane,
accède à la vice-présidence.
La société d’experts comptables
et de conseil Strego a annoncé la
nomination de trois nouveaux
associés. Christelle BretonSiret (photo), expert-comptable
et commissaire aux comptes
au Mans (72), Ludovic Griveau,
expert-comptable à Cholet,
Olivier Feys, en outre associé
du cabinet Oratio avocats
à Cholet (49), partenaire
historique du groupe Strego.
Apici
Philippe Hassel
directeur de la communication
Groupement des
sociétés de protection
juridique (GSPJ)
à la suite au départ de Damien
Vandorpe, directeur général
d’Humanis, le 16 janvier, JeanPaul Lacam, directeur général
délégué, a pris la direction du
groupe de protection sociale.
Dans un communiqué, le
groupe explique que « le conseil
d’administration de l’association
sommitale du groupe Humanis,
réuni le 16 janvier 2013, a
pris aujourd’hui la décision
de se séparer de M. Damien
Vandorpe, directeur général
du groupe Humanis ». Il ajoute
Groupe Caisse
des dépôts
relations médias. Depuis 2003,
Philippe Hassel assurait les
fonctions de directeur général
de l’agence de communication
institutionnelle Kaélia.
Jean-Paul Sabet
La banque commerciale du
Groupe BPCE a confié à Olivier
Lendrevie la direction financière
de la Bred et de ses filiales. Une
fonction nouvellement créée.
Dans le même temps, il intègre le
comité exécutif de la banque. Cet
ancien diplômé d’HEC a débuté
sa carrière au sein de la Bred en
1996 en qualité de responsable de
la gestion financière. Il a ensuite
intégré le siège londonien de
la société de crédit immobilier
GMAC-ResCap. En 2008, il
devient consultant indépendant
avant d’intégrer la BCI en
qualité de directeur général
adjoint. En 2012, il rejoint la
Bred en tant que conseiller
de la direction générale.
Sham
Hervé Jubeau
directeur général
Il prend la succession de MarieEmmanuelle Schiltz, directrice
générale de Juridica. Il occupait
depuis 2009 les fonctions de
directeur général d’Assistance
protection juridique (APJ).
Hervé Jubeau a débuté sa carrière
dans le conseil, puis a travaillé
à la direction des sinistres de
la GMF avant d’être nommé
directeur régional en RhôneAlpes (1995) puis à Paris (2000).
BNP Paribas
International
Retail Banking
Il a rejoint le 7 janvier le
spécialiste français de protection
sociale. Il succède à Nathalie
Gateau, nommée directrice
de l’Action sociale et de la
Prévention. Rattaché au pôle
développement, Produits &
Services, il est notamment
en charge de la gestion de la
marque, de la conception et du
suivi stratégique des campagnes
de communication et des
Dominique
Montégu
vice-présidente
La Société des hospitalières
d’assurances mutuelles a nommé
sa vice-présidente qui assurera
également la présidence du
comité technique de Sham.
Actuellement directrice
générale du Centre hospitalier
Saint-Joseph-Saint-Luc à Lyon,
Mme Montégu succède à
responsable adjoint
Nommée par Jean-Pierre
Jouyet, directeur général de la
Caisse des dépôts, Catherine
Mayenobe a pris ses fonctions
de directrice de cabinet du
directeur général le 15 janvier.
Elle conserve ses fonctions
de directrice de la mission
Programme d’investissements
d’avenir de la Caisse des dépôts
et la mission de préfiguration
Paris capitale numérique.
IRB, la banque de détail
hors zone euro du groupe
BNP Paribas s’est doté d’un
responsable adjoint. Jean-Paul
Sabet assurera notamment la
supervision de l’Europe centrale
& orientale et de l’Asie, en plus
de la Turquie dont il avait déjà
la responsabilité depuis 2010. Il
sera également en charge de la
stratégie et du développement
d’IRB, sous la direction de
Stefaan Decraene, responsable
d’IRB et membre du comité
exécutif de BNP Paribas.
Fédération française
des sociétés
d’assurances
Christian Pierotti
directeur des affaires
européennes et internationales
Il a rejoint la Fédération française
des sociétés d’assurances (FFSA)
début janvier pour prendre en
charge la direction des affaires
européennes et internationales.
Sous l’autorité du président,
Bernard Spitz, et du délégué
général, Jean-François Lequoy, il
aura en charge le développement
du bureau de la FFSA à
Bruxelles et les relations avec
les interlocuteurs européens et
internationaux de la Fédération.
55
point banque février 2013 rendez-vous
agenda
chronique
Signature électronique des contrats bancaires
Une décision dramatique
Isabelle Renard
Avocat associée du Cabinet
Racine, docteur ingénieur
1
Le Tribunal
d’instance d’Épinal a
rendu le 12 décembre
2011 (RG n° 11-11000080/Minute
1042/2011) une décision
affligeante tant pour les
banquiers en ligne que pour
les prestataires de signature
électronique. Cette décision,
rendue dans un contexte
banal de litige sur un crédit
renouvelable consenti par
Carrefour Banque à M. X, n’a
pas été publiée, alors même que
ses enseignements sont essentiels
pour les acteurs du domaine.
Les faits Carrefour Banque
consent un crédit renouvelable
à M. X le 23 septembre 1996,
d’un montant de 304,90 €. Il est
successivement porté à 3 000 €,
par avenant du 30 janvier 2003,
puis à 7 000 € par avenant
du 1er mars 2006, et enfin à
9 000 € par une dernière offre
de prêt conclue ultérieurement
et qui, contrairement aux
précédentes (sous forme papier),
est signée électroniquement.
M. X cesse tout
56 point banque février 2013
remboursement le 5 avril 2009.
Le prêteur l’assigne devant le
TI d’Épinal le 21 janvier 2011,
en paiement de la somme
de 9 921, 64 €, comprenant
le principal et les intérêts.
La décision M. X n’était ni
représenté ni présent à l’audience.
Le tribunal rejette l’ensemble
des prétentions du prêteur, se
saisissant d’office de l’argument
de forclusion de l’action de ce
dernier. Il faut en effet rappeler
qu’aux termes des dispositions
d’ordre public de l’article L311-52
du Code de la consommation :
« Le tribunal d’instance connaît
des litiges nés de l’application
du présent chapitre. Les actions
en paiement engagées devant
lui à l’occasion de la défaillance
de l’emprunteur doivent être
formées dans les deux ans de
l’événement qui leur a donné
naissance à peine de forclusion. »
Pour le tribunal, le point de
départ du délai de forclusion
est le 20 septembre 2008, date
à laquelle le découvert autorisé
de 7 000 € est dépassé. Selon
ce calcul, l’action en paiement
introduite par le prêteur le
21 janvier 2011 était donc
forclose depuis quatre mois.
Le prêteur conteste cette
date et produit un contrat signé
électroniquement, indiquant
que le découvert autorisé avait
été porté à 9 000 €, de sorte que
ce n’est que le 5 avril 2011, deux
ans après le premier incident
de paiement, qu’expirait le
délai de forclusion, et ainsi son
action introduite en janvier 2011
était parfaitement recevable.
Le tribunal balaie l’argument
d’un trait, et avec lui tout
le savant échafaudage de
l’écrit électronique :
« […] Or d’une part, en
vertu de l’article L 311-8 du
Code de la consommation, “les
opérations de crédit visées à
l’article L 311-2 sont conclues
dans les termes d’une offre
préalable, remise en double
exemplaire à l’emprunteur”, ce
qui implique la remise d’une
offre écrite en double exemplaire.
D’autre part, le document
“fichier preuve de la
transaction” est à lui seul
insuffisant pour s’assurer non
seulement de l’engagement de
M. X puisqu’aucun élément
de la prétendue signature
électronique ne permet de faire
le lien entre l’offre de prêt non
signée et le document produit,
en l’état simple document
imprimé sans garantie
d’authenticité ni justification
de la sécurisation employée. »
le magazine de l’industrie bancaire
et des moyens de paiement
Or, il faut savoir qu’en l’espèce
le contrat avait bel et bien été
signé électroniquement, en
utilisant un procédé de signature
fourni par un des prestataires de
signature électronique les plus
anciens et les mieux implantés
dans le monde bancaire.
Alors pourquoi un
résultat aussi aberrant ?
Le magazine de l’industrie bancaire
et des moyens de paiement
Chaque mois,
un point
complet
sur l’actualité
du secteur
Produire devant un
tribunal une copie d’un
original numérique
Cette décision, étrangement
passée inaperçue, pose en réalité
de façon très aiguë une question
qui est la plupart du temps
totalement passée sous silence
lors de la mise en œuvre par
les établissements financiers et
les assureurs des processus de
signature électronique de leurs
contrats par les particuliers :
comment va-t-on produire en
justice la preuve d’un contrat
qui a été établi nativement
sous forme électronique ?
Comment expliquer à un juge
que la copie papier, évidemment
non datée et non visiblement
signée, qu’on lui présente, a bien
fait l’objet d’un processus de
signature électronique ? Tous
les techniciens savent que la
signature consiste à crypter le
condensat du fichier avec une
clé privée avant de le décrypter
avec une clé publique (résumé
ultrarapide), mais comment
expliquer au magistrat la
présence de cette mystérieuse
alchimie derrière la copie papier
sortie la veille de l’imprimante ?
Nous ne pouvons que
répéter ici un enseignement
essentiel, tant pour ceux qui
implémentent les processus que
pour les juristes et les conseils
qui ont à connaître de ce type de
contentieux : il est indispensable
de documenter et d’expliquer
le processus, et la façon dont on
peut le vérifier. Nous constatons
quotidiennement que les
techniciens qui implémentent
ces projets oublient qu’au
bout du compte, il y aura une
preuve à produire à un juge.
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rendez-vous
ONE PLACE Associates,
des rendez-vous par les pros, pour les pros.
chronique
agenda
Nouveau statut, nouvelles règles de
distribution, nouveaux contrats clients
e-monnaie, enfin la
nouvelle réglementation…
Maître
CathieRosalie
Joly
Avocat
associée
1
La réglementation des
services de paiement
avait été mise déjà
à jour en 2009. Elle
renforçait ainsi la
protection des consommateurs,
et la directive du 16 septembre
2009 sur la monnaie électronique
(dite DME2) aurait dû être
transposée en France avant le
1er mai 2011. Mais il aura fallu
attendre janvier 2013 pour que
la réglementation applicable aux
offres de paiement en monnaie
électronique (cartes prépayées,
e-wallet de monnaie électronique)
soit enfin sur le point d’être
mise à jour en France…
Cette « petite loi » devrait être
promulguée au moment où vous
me lisez, et publiée au Journal
officiel sauf saisie du Conseil
constitutionnel ou demande
de nouvelle délibération par le
président de la République. Le
texte sera ensuite complété de
décrets et d’arrêtés d’application.
Les établissements de
crédit et les établissements de
monnaie électronique seront
autorisés à émettre de la
monnaie électronique dans le
respect des nouvelles règles.
Cabinet Ulys
www.ulys.net
58 point banque février 2013
Un nouveau
statut financier,
l’établissement de
monnaie électronique
Le nouveau statut d’établissement
de monnaie électronique (allégé
par rapport à celui de société
financière émetteur de monnaie
électronique tel qu’il résultait
de la DME1) se rapproche de
celui des établissements de
paiement : capital minimum
de 350 000 €, possibilité de
statut hybride (un établissement
sera autorisé à proposer des
services commerciaux en plus
de ses activités réglementées),
possibilité de proposer des
services de monnaie électronique
ainsi que des services de
paiement, évolution des
conditions de remboursement
de la monnaie électronique
et des frais applicables, etc.
Nouveau régime
de distribution de
monnaie électronique
Le texte définit la distribution
de monnaie électronique
comme la mise en circulation,
le rechargement et le
remboursement de la monnaie
électronique. Pour ces activités
de distribution, il ne sera donc
plus exigé de recourir à un
statut spécifique tel qu’IOB/
SP. Le distributeur de monnaie
électronique agit sous la
responsabilité de l’émetteur
et le contrat de distribution
doit respecter les dispositions
relatives à l’externalisation
(règlement 97-02 notamment),
avec communication des
informations relatives à
l’externalisation à l’ACP. Le
distributeur doit communiquer
à la clientèle des informations
précises sur l’émetteur (les règles
applicables à la distribution
seront précisées par arrêté).
Les établissements agréés
dans un autre état membre mais
qui distribuent leurs services
en France via un réseau de
distribution physique, devront
désigner un représentant
permanent résidant en
France. Lequel procède au
nom de l’établissement aux
déclarations Tracfin, ainsi qu’à
toute demande émanant de
l’Autorité de contrôle prudentiel,
de l’autorité judiciaire et des
officiers de police judiciaire.
Six mois pour
la conformation
des contrats
Pour les contrats conclus avec
les détenteurs de monnaie
électronique, le texte prévoit
que les émetteurs de monnaie
électronique devront informer
leurs clients des nouvelles
dispositions applicables (au
guichet ou par tout autre moyen
approprié). Ils se voient accorder
un délai de six mois pour mettre
leur contrat en conformité avec
les nouvelles dispositions.
”Le texte définit la distribution
de monnaie électronique
comme la mise en circulation, le
rechargement et le remboursement
de la monnaie électronique.“
2013
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