La pratique sportive, une demande forte sur des espaces extérieurs

Transcription

La pratique sportive, une demande forte sur des espaces extérieurs
Territoires, incubateurs de santé ?
Les Cahiers de l’IAU îdF
n° 170-171 - septembre 2014
Benoit Chardon
IRDS
La pratique d’une activité
physique régulière
et d’intensité modérée
a un effet bénéfique sur
la santé des populations.
Compte tenu de ces
bienfaits et de la demande
de pratique en plein air,
il paraît important
de développer des espaces
urbains incitatifs,
permettant au plus grand
nombre de pratiquer
des activités physiques
dans un cadre favorable.
Le dispositif d’enquête EPSF
Le dispositif d’Enquête sur les pratiques
sportives des Franciliens (EPSF)
a été mis en place en 2007 par l’Institut
régional de développement du sport
(IRDS). Il concerne les Franciliens âgés
de 15 ans et plus. Il a pour objectif
de mesurer leur activité physique
et sportive hors du cadre scolaire ou
professionnel. Chaque année, 3 000
Franciliens sont interrogés par téléphone
sur les disciplines qu’ils exercent et les
modalités de leurs pratiques (fréquence,
lieu, moment…). Un pratiquant
est autonome s’il s’adonne à son activité
en dehors de tout encadrement.
Construire des territoires en santé
Des réponses par l’aménagement urbain
La pratique sportive, une demande
forte sur des espaces extérieurs
L’Île-de-France, une région sportive
En Île-de-France, la demande en pratique sportive est forte :
6 millions de Franciliens âgés de plus de 15 ans s’y adonnent
au moins une fois par semaine. Une majorité d’entre eux
pratiquent entre trois et quatre activités différentes dans
l’année, les plus courantes étant la marche, la gymnastique
et le vélo. Dans la région, 83 % de ces sportifs exercent une
activité dans le but d’améliorer leur santé et/ou de préserver
leur forme physique. Il s’agit de l’une de leurs principales
motivations avec le loisir et la détente et ce, quels que soient
le sexe, l’âge ou le niveau d’études de la personne interrogée.
La recherche de pratique de plein air
Pour 65 % des sportifs franciliens, faire du sport est un moyen
de sortir de chez soi, et plus de la moitié (54 %) s’y adonnent
pour être en contact avec la nature. Ils sont, ainsi,
plus nombreux à pratiquer une activité sportive en extérieur
(3,5 millions) que dans une installation (2,8 millions).
Bien que la région Île-de-France soit très urbanisée,
plus de 5 millions de personnes marchent, pédalent, courent,
ou glissent (roller, skate) régulièrement pour le plaisir
de faire du sport et/ou pour se déplacer. Ces activités
ne nécessitent pas systématiquement d’encadrement,
ni d’équipements sportifs spécifiques et peuvent se pratiquer
dans la rue, les espaces publics en général (parcs, places,
voies de bus…), ou en milieu naturel. Plus qu’ailleurs, les
Franciliens doivent, en effet, faire face à de fortes contraintes
de temps (travail, déplacement, vie familiale). La recherche
d’une pratique sportive à faible contrainte les amène pour
la plupart (67 % des sportifs) à exercer leur activité
de manière autonome afin de pratiquer quand, où et comme
ils le souhaitent. Dans les zones les plus denses, faute
d’espaces disponibles, les sportifs adaptent leur pratique
à leur environnement : en milieu urbain on pratique la rando
citadine, ou la gym urbaine… Des installations sont mises
en place afin de rapprocher les zones urbaines des sports
de nature : on s’initie à l’escalade sur des murs artificiels,
ou au rafting et au kayak sur des rivières artificielles.
On retrouve, également, une saisonnalité de la pratique : en
hiver des patinoires extérieures et des mini-stations de ski sont
installées, en été des terrains de beach-volley sont aménagés…
Cependant, en 2011, 26 % des Franciliens n’ont pu exercer
une activité sportive extérieure à laquelle ils souhaitaient
pourtant s’adonner. Le plus souvent, il s’agit du vélo (15 %),
de la marche (11 %) ou de la gymnastique (11 %).
Les principaux freins évoqués sont le manque d’endroits
adaptés à proximité du domicile (46 % des répondants)
et le manque d’aménagement des espaces publics (29 %).
Une véritable demande pour des lieux partagés, laissés
libres et dans lesquels il serait possible de pratiquer
du sport moins normalisé semble s’affirmer.
Des aménagements urbains incitatifs,
favorisant les activités physiques
Le potentiel de développement de sites de plein air en zone
dense, et en particulier à Paris, est effectivement assez faible
en raison du manque d’espaces disponibles, du prix du foncier
et de la concurrence avec d’autres usages du sol. Cependant,
plusieurs solutions existent.
Une première solution peut passer par la mutualisation
du foncier (équipements sportifs sur les toits par exemple)
et par des espaces urbains multifonctionnels qui permettent
la pratique sportive. À Paris, la place de la République
accueille sur des temps différents des manifestations,
des concerts, des touristes, des sportifs (skate et roller,
notamment).
Une autre solution consiste à proposer une offre moins
consommatrice en espace en aménageant les voies urbaines
ou en créant des « parcs linéaires » (liaisons vertes) propices
aux modes doux et actifs (marche, vélo, course à pied, roller,
skate…), éloignés de la circulation automobile.
Les voies sur berges à Paris sont ainsi devenues un espace libre
que les citadins s’approprient au travers d’une variété d’activités.
Enfin, des espaces délaissés sont encore à reconquérir.
En Seine-Saint-Denis, la base de loisirs de la Corniche des
Forts a été récemment aménagée sur d’anciennes carrières
de gypse. Ce site, accessible à tous, est dédié aux activités
récréatives, sportives, culturelles et éducatives. Au total,
l’Île-de-France compte douze bases de ce type,
dont 6 en zone urbaine, fortement fréquentées (2 millions
de visites par an), qui répondent aux attentes
des Franciliens en termes de cadre naturel de proximité.
Les dix principales motivations des sportifs réguliers, en pourcentage
(plusieurs réponses possibles)
Sensations fortes
Se surpasser, performances
Le contact avec la nature
Pratiquer seul
Défoulement
Le plaisir d'être avec des proches
S. Gueymard/IAU îdF
Sortir de chez soi
Santé
Entretien physique
Loisir, détente
%
0
10
20
30
40
50
60
70
80
90
Source : Enquête sur les pratiques sportives des Franciliens (2007), réalisée par l’IRDS auprès de 3 000 personnes
âgées de 15 ans et plus.
La pointe de l’Île aux cygnes, nouvellement
réaménagée, offre des usages libres et variés.
153