Université de Paris-Sud - Membres du Departement d`Informatique
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Université de Paris-Sud U.F.R. Scientifique d’Orsay THESE présentée pour obtenir Le GRADE de DOCTEUR EN SCIENCES Spécialité : INFORMATIQUE par Irena Rusu Sujet : Graphes parfaits : étude structurelle et algorithmes de coloration soutenue le 2 Décembre 1994 devant la Commission d’examen MM. Claude BERGE Président Vašek CHVATAL Jean-Luc FOUQUET Marie-Claude GAUDEL Myriam PREISSMANN Dominique SOTTEAU Remerciements Je remercie particulièrement les six membres du jury : • Claude Berge, qui m’a fait l’honneur de présider ce jury, pour tous ses encouragements et pour sa constante gentillesse ; • Vašek Chvátal, pour sa rigueur scientifique et ses suggestions pertinentes à la fois sur le fond et sur la forme de ce travail ; • Jean-Luc Fouquet, pour la confiance qu’ il m’a accordée dès le début, pour sa délicatesse à diriger mes recherches, sans jamais m’ imposer son point de vue, et pour son permanent enthousiasme ; • Marie-Claude Gaudel, pour avoir eu l’extrême gentillesse de participer à ce jury et pour tout le respect que sa personnalité m’ inspire ; • Myriam Preissmann, pour sa lecture rigoureuse, ses nombreuses suggestions et sa touchante compréhension ; • Dominique Sotteau, responsable de l’équipe Graphes, pour m’avoir si chaleureusement accueillie au L.R.I. et pour ses constantes preuves d’amitié. C’est avec grand plaisir que je compte parmi mes professeurs Cornelius Croitoru, l’ initiateur de mes recherches, sans l’aide permanente duquel ce travail n’aurait jamais vu le jour. J’ai été et je suis toujours très impressionnée par l’ harmonie qui règne dans l’équipe Graphes du L.R.I. à laquelle je dois le calme et le bien-être qui ont accompagné ces deux ans de travail. Que chacun de ses membres trouve ici ma gratitude. Avant-propos Cette thèse porte sur une classe de graphes définie il y a déjà une trentaine d’années et qui, depuis, ne cesse pas de poser de nouveaux problèmes sans permettre, pour autant, la résolution complète des anciens. L’exemple le plus convaincant en faveur de l’ idée que les graphes parfaits sont une classe qui réfuse de dévoiler ses secrets est la fameuse Conjecture Forte des Graphes Parfaits, dont l’énoncé, très simple, cache des difficultés infranchies jusqu’ ici. Outre le chapitre introductif, les quatre autres chapitres de la thèse portent chacun sur un aspect précis des graphes parfaits : la coloration, l’(α, ω)-structure, la parité et les chaı̂nes induites à quatre sommets. L’intérêt de ces sujets dans l’étude des graphes parfaits est brièvement présentée en début de chapitre ; les résultats sur lesquels s’appuie notre raisonnement suivent dans la section numéro 1 ; à partir de la section numéro 2 sont exposés les résultats personnels, obtenus parfois en collaboration avec d’autres chercheurs : V. Chvátal, J.-L. Fouquet, F. Maire, H. Thuillier. Afin de faciliter le travail des lecteurs qui ne sont pas familiarisés avec la terminologie, un index des définitions et notations est prévu vers la fin de la thèse. Enfin, les titres des articles (ou livres) contenus dans la bibliographie peuvent être un bon point de départ à l’étude des graphes parfaits pour n’ importe quel lecteur plus ou moins avisé, comme ils l’ont été pour l’auteur lui-même. Sommaire Chapitre 1. Présentation générale 5 1.1. Définitions et notations 5 1.2. Les conjectures de C. Berge 8 1.3. Graphes minimaux imparfaits 10 1.3.1. Ensembles déconnectants dans les minimaux imparfaits 11 1.3.2. Paires de sommets dans les minimaux imparfaits 13 1.4. Quelques classes de graphes parfaits 14 1.5. Complexité 17 Chapitre 2. A propos de la coloration 19 2.1. Un algorithme immédiat 19 2.2. Un algorithme glouton tempéré 22 2.3. Graphes proprement ordonnables 25 2.3.1. Une généralisation des graphes parfaitement ordonnables 25 2.3.2. ... et une généralisation de l’algorithme glouton 27 2.4. Graphes de parité ordonnables 31 2.4.1. Une généralisation des graphes de parité 31 2.4.2. ... et une généralisation de l’algorithme glouton 32 2.5. La classe N*(K1 + K2 ) 34 2.6. Coloration localement parfaite 37 1 2 Sommaire Sommaire Chapitre 3. A propos de l’(α, ω)-structure 3 47 3.1. Les graphes partitionnables et leurs propriétés 47 3.2. Du petit transversal au petit 2-transversal 49 3.2.1. Résultats préliminaires 51 3.2.2. Les preuves 54 Chapitre 4. A propos de la parité 61 4.1. Des résultats aux conjectures 61 4.2. Une conjecture sur les graphes parfaits 63 4.2.1. Le couplage et les graphes de base 64 4.2.2. Une classe de graphes parfaits 72 4.2.3. Contre-exemples 76 4.3. De la quasi-parité à la perfection 79 4.3.1. Comment détruire les paires d’amis ? 79 4.3.2. Une équivalence polynomiale 84 Chapitre 5. A propos des P4 85 5.1. Généralités sur les P4 85 5.2. Une conjecture sur les graphes sans trous 87 5.3. Sur les graphes de Hoàng 89 5.3.1. Graphes de Hoàng réductibles 91 5.3.2. Les preuves 95 Conclusion 107 Index 109 Bibliographie 113 Présentation générale 5 Chapitre 1. Présentation générale L’ histoire des graphes parfaits commence en 1961 lorsque Claude Berge a eu l’ intuition de ce qu’ il appelait la ”belle propriété” et qui porte aujourd’ hui le nom de perfection. Les deux conjectures qu’ il a formulées à cette époque constituent toujours les deux idées fondamentales de la théorie des graphes parfaits. Des deux conjectures, l’une a été démontrée par Lovász, tandis que l’autre est encore le but de la plupart des recherches effectuées dans ce domaine. 1.1. Définitions et notations Pour introduire les données du problème, soit G = (V, E) un graphe non-orienté fini et simple, dont l’ensemble des sommets V a la cardinalité n (ou parfois nG ) et l’ensemble des arêtes E a la cardinalité m (parfois mG ). Les sommets de G seront notés de manière classique x, y, z, . . . ; quant à l’arête ayant les extrémités x et y, la notation utilisée pour la désigner sera xy. Si xy est une arête de G, les sommets x et y sont dits adjacents dans G. Sous-graphes Plusieurs façons de définir de nouveaux graphes à partir d’un graphe donné G = (V, E) sont disponibles. Avant d’en indiquer quelques-unes, notons E l’ensemble de toutes les paires xy de sommets distincts de G. Evidemment, on a E ⊆ E. Le graphe G′ = (V ′ , E ′ ) s’appelle sous-graphe partiel de G si V ′ ⊆ V , E ′ ⊆ E ; il est dit sous-graphe induit de G (ou, plus simplement, lorsqu’ il n’y a pas de risque de confusion, 6 Présentation générale sous-graphe de G) si V ′ ⊆ V , E ′ = {xy ∈ E | x, y ∈ V ′ } ; enfin, il s’appelle graphe complémentaire de G si V ′ = V , E ′ = E \E. Les notations utilisées seront, respectivement, G′ = (V ′ , E ′ ) pour le sous-graphe partiel, [V ′ ]G pour le sous-graphe induit et Ḡ pour le complémentaire. De plus, si V ′ = V \ {v}, alors le graphe induit par V ′ sera dénoté par G − v. Une classe G de graphes telle que, pour tout graphe G de G, chacun de ses sous-graphes induits est aussi dans G sera dite héréditaire. Cycles et chaı̂nes Dans le cas où les sommets d’un sous-graphe partiel peuvent être étiquetés x1 , x2 , . . . , xk (xi 6= xj pour i 6= j) de façon que xi xi+1 ∈ E pour tout i = 1, 2, . . . , k (par convention xk+1 = x1 ), le sous-graphe sera dit un cycle d’ordre (ou de longueur) k de G. Il sera appelé un cycle induit d’ordre k de G (notation Ck ) si aucune autre arête à part xi xi+1 (i = 1, 2, . . . , k) n’est présente dans le graphe. Afin de simplifier l’exposé, on va utiliser aussi le terme de trou pour désigner un cycle induit sans cordes de longueur au moins cinq. Le trou sera dit pair si la longueur du cycle est un nombre pair et impair dans le cas contraire. Le complémentaire d’un trou (pair, respectivement impair) sera appelé anti-trou (pair, respectivement impair). De même façon, si les sommets d’un sous-graphe partiel admettent un ordonnancement x1 , x2 , . . . , xk+1 (xi 6= xj pour i 6= j) tel que xi xi+1 ∈ E pour tout i = 1, 2, . . . , k (mais xk x1 6∈ E), alors le sous-graphe est dit une chaı̂ne d’ordre (ou de longueur) k. La chaı̂ne est induite dans G (notation Pk+1 ) si aucune autre arête à part xi xi+1 (i = 1, 2, . . . , k) n’est présente dans le graphe induit par les sommets xi (i = 1, 2, . . . , k). La chaı̂ne sera appelée paire ou impaire en fonction de la parité de k. Le graphe P4 obtenu dans le cas particulier k = 3 sera parfois noté abcd, avec ab, bc, cd ∈ E. Dans une chaı̂ne ou un cycle, toute arête reliant des sommets non-consécutifs s’appelle une corde. Pour deux sommets x, y, la distance entre x et y dans G est la longueur de la plus courte chaı̂ne induite reliant x et y dans G. Le diamètre de G est la plus grande distance entre deux sommets de G. Alors que la notion de sous-graphe partiel est peu utilisée au cours de ce travail, les autres joueront un très grand rôle, ainsi que les notions suivantes qui sont d’une grande importance dans la théorie des graphes parfaits. Présentation générale 7 Paramètres Une clique de G est un sous-ensemble Q de V tel que pour tous x, y de Q on a xy ∈ E. Au contraire, un ensemble stable de G (ou simplement un stable) est un sous-ensemble S de V tel que pour tous x, y de S on a xy 6∈ E. Une clique (respectivement un stable) à r sommets se dit de dimension r et s’appelle r-clique (respectivement r-stable). Afin de simplifier les notations, une clique Q sera d’habitude identifiée au sous-graphe [Q]G et de même pour un stable. On remarque que tout graphe G peut être réduit à un ensemble stable en effaçant ses arêtes et peut être complété en une clique en ajoutant les arêtes qui manquent. A chaque étape, le passage d’un graphe à un autre par retrait (respectivement par adjonction) d’une arête représente en fait le passage d’un graphe à un de ses sous-graphes partiels (respectivement, l’ inverse). Parfois, ces opérations peuvent se faire d’une manière reflétant la structure du graphe. La taille maximum d’une clique de G s’appelle le nombre de densité du graphe (notation ω(G)), tandis que la taille maximum d’un ensemble stable de G porte le nom de nombre de stabilité (notation α(G)). On a évidemment les relations ω(G) = α(Ḡ) α(G) = ω(Ḡ). Si on essaie de colorier les sommets du graphe G de sorte que deux sommets adjacents n’aient jamais la même couleur (une telle atribution de couleurs sera appelée coloration de G), on a clairement besoin d’au moins ω(G) couleurs pour y arriver. De plus, si on essaie de couvrir G par des cliques, le nombre de cliques est au moins α(G). Mais quelles sont les classes de graphes pour lesquelles les égalités sont vraies ? Est-ce qu’ il existe un lien entre ces classes ? Pour cela, notons χ(G) le nombre minimum de couleurs nécessaires pour colorier le graphe G de la manière précédente et θ(G) le nombre minimum de cliques d’une couverture de G. Le premier paramètre est le nombre chromatique de G, et le deuxième s’appelle nombre de couverture par des cliques. Avec ces nouvelles notations, aux relations entre les paramètres introduites auparavant on peut ajouter les suivantes : χ(G) = θ(Ḡ) θ(G) = χ(Ḡ) et, de plus, χ(G) ≥ ω(G) θ(G) ≥ α(G). 8 Présentation générale La question qui pourrait se poser est si, outre les inégalités précédentes, d’autres relations reliant χ et ω existent pour un graphe G arbitraire. La réponse est non, car pour tout nombre naturel r, il existe un graphe de nombre chromatique r et de nombre de densité 2 (voir, par exemple, Mycielsky [79]). La seule condition ”limite” concernant χ et ω reste, donc, leur égalité et de même pour les deux autres paramètres. Les graphes ”limite” obtenus à partir de cette condition sont définis comme suit : Définition 1.1. Un graphe G est dit χ-parfait si l’égalité χ = ω est valable pour G, ainsi que pour tous ses sous-graphes induits. Définition 1.2. Un graphe G est dit α-parfait si l’égalité α = θ est valable pour G, ainsi que pour tous ses sous-graphes induits. 1.2. Les conjectures de C. Berge Les premiers résultats concernant la χ-perfection de certaines classes de graphes sont ceux de Hajnal, Surányi [45] et Berge [1] qui ont démontré que les graphes complémentaires des graphes triangulés, respectivement les graphes triangulés eux-mêmes, sont des graphes χ-parfaits (un graphe G est dit triangulé si tout cycle de longueur au moins 4 a une corde). Cumulés aux remarques précédentes concernant les relations entre les paramètres pour G et Ḡ, ces résultats ont permis à Berge [2] de formuler la Conjecture Faible des Graphes Parfaits (abrégée WPGC, acronyme de l’anglais ”weak perfect graph conjecture”) : Conjecture 1.3. α-parfait. (WPGC) Un graphe est χ-parfait si, et seulement si, il est En même temps, la nouvelle notion de perfection des graphes est apparue pour faire la synthèse des deux classes supposées identiques : Définition 1.4. Un graphe est dit parfait s’ il est χ-parfait et α-parfait. De plus, à cette époque – et même aujourd’ hui – les trous et les anti-trous impairs étaient les seuls graphes connus comme ayant χ 6= ω, alors que l’égalité restait vraie pour Présentation générale 9 tous leurs sous-graphes. C’est la raison pour laquelle une deuxième conjecture – appelée la Conjecture Forte des Graphes Parfaits (abrégée SPGC, acronyme de l’anglais ”strong perfect graph conjecture”) – s’ imposa à C. Berge : Conjecture 1.5. (SPGC) Un graphe est parfait si, et seulement si, il ne contient pas de trous ou d’anti-trous impairs comme sous-graphes induits. Les graphes ne contenant pas de trous ou anti-trous impairs comme sous-graphes induits seront dorénavant appelés graphes de Berge. Deux remarques sont à faire concernant les deux conjectures. Premièrement, la Conjecture Faible est équivalente à l’affirmation (WPGC′ ) Un graphe G est χ-parfait si et seulement si son complémentaire Ḡ est χ-parfait. Deuxièmement, la Conjecture Forte implique la Conjecture Faible. Il n’est donc pas étonnant que pour la Conjecture Faible on a déjà trouvé des preuves, tandis que la Conjecture Forte reste encore irrésolue. La preuve de la Conjecture Faible est due à Lovász [67, 68] dont le Théorème des Graphes Parfaits sera ultérieurement le premier pas vers une autre façon de regarder cette classe de graphes : Théorème 1.6. (Lovász, [67]) Un graphe G est χ-parfait si, et seulement si, pour tout sous-graphe H de G on a α(H)ω(H) ≥ |H|. Par conséquent, les trois types de perfection considérés jusqu’ici s’identifient. Ce résultat peut être considéré comme essentiel dans la théorie des graphes minimaux imparfaits (ou, plus généralement, des graphes partitionnables), qui sont aujourd’ hui au coeur du problème. 10 Présentation générale 1.3. Graphes minimaux imparfaits Un graphe est dit minimal imparfait si tous ses sous-graphes induits propres sont parfaits, bien qu’ il soit imparfait. Evidemment, les trous et les anti-trous impairs sont des graphes imparfaits minimaux et, de plus, ce sont les seuls graphes minimaux imparfaits connus. Une autre façon de formuler la Conjecture Forte – à l’aide des graphes imparfaits minimaux – est la suivante : Conjecture 1.7. (SPGC′ ) Un graphe est minimal imparfait si, et seulement si, il est un trou ou un anti-trou impair. A cause de cette dernière formulation de la Conjecture Forte, l’ intérêt de nombreux chercheurs a été dirigé vers les propriétés particulières des graphes minimaux imparfaits. Les résultats obtenus dans cette direction, bien qu’ ils soient très importants, posent un autre problème dont la nature est bien différente des autres difficultés concernant les graphes parfaits ou minimaux imparfaits. On ne connaı̂t pas, en effet, actuellement de lien concret entre les deux méthodes utilisées pour obtenir ces résultats. L’approche algébrique Tout graphe G = (V, E) avec les sommets numérotés de 1 à n peut être représenté à l’aide d’une (0,1)-matrice carrée de dimension n ayant un 1 sur la position (i, j) si, et seulement si, ij ∈ E. Cette représentation permet déjà d’envisager une approche à l’aide de l’algèbre linéaire des graphes en général. En particulier pour l’étude des graphes parfaits, on peut construire la (0,1)-matrice c × n des cliques maximales de G, où c est le nombre de telles cliques de G. Dans ce cas-là, il existe un 1 sur la position (i, j) si, et seulement si, le sommet j appartient à la clique identifiée par le numéro i. De même façon, une matrice des stables maximaux peut être construite. En utilisant la théorie polyhédrale introduite par Fulkerson [35] et les représentations décrites auparavant, Padberg [87] a déduit les résultats suivants (où α = α(G), ω = ω(G)) : Théorème 1.8. (Padberg, [87]) Si G est un graphe minimal imparfait, alors 1. tout sommet de G est dans exactement ω ω-cliques et α α-stables ; 2. G a exactement n ω-cliques et n α-stables ; 3. pour toute ω-clique Qi (i = 1, . . . , n), il existe un unique α-stable Si tel que Qi ∩ Si = ∅ (et inversement). Présentation générale 11 Les résultats de Padberg, ajoutés au théorème de Lovász, donnent une très bonne image des graphes minimaux imparfaits ; malheureusement, la preuve du théorème 1.8 ne permet pas de se faire une idée correcte des propriétés des graphes utilisées à chaque pas du raisonnement, car on n’a pas encore une interprétation fidèle en terme de graphes des opérations effectuées sur les matrices définies ci-dessus. Les travaux effectués plus récemment par Fonlupt et Sebö [31] se heurtent à la même difficulté. Même la très élégante preuve du théorème 1.8 donnée par Lovász [69] en souffre. L’approche graphes Les essais tentés pour retrouver le théorème de Padberg à l’aide de la théorie des graphes n’ont donné que des résultats plutôt insatisfaisants, mais cette façon de traiter les problèmes a permis d’obtenir d’autres propriétés des minimaux imparfaits qui, d’une part, complètent les résultats de Padberg et, d’autre part, découvrent de nouveaux aspects des minimaux imparfaits. Les caractéristiques les plus importantes obtenues dans cette direction sont présentées dans les sections 1.3.1 et 1.3.2, dont le but est de passer en revue quelques-uns des résultats les plus représentatifs sur les graphes parfaits. 1.3.1. Ensembles déconnectants dans les minimaux imparfaits Le graphe G = (V, E) s’appelle connexe si pour tous x, y de V , il existe une chaı̂ne dans G reliant x et y. Un ensemble C ⊆ V est dit déconnectant dans le graphe G = (V, E) si le graphe [V − C]G (noté aussi G − C) est non-connexe. Il est déconnectant minimal si aucun sous-ensemble de C n’est déconnectant. L’étude des ensembles déconnectants dans les minimaux imparfaits commence avec un article de Tucker [106], qui est passé à peu près inaperçu à l’époque, bien qu’ il offre en fait la preuve d’un résultat retrouvé avec satisfaction quelques années plus tard (voir lemme 1.13). Lemme 1.9. (Tucker, [106]) Un minimal imparfait qui n’est pas un trou n’admet pas d’ensemble déconnectant stable. Sans application immédiate et même sans utilisation concrète jusqu’à aujourd’ hui, ce lemme reste isolé, pourrait-on dire oublié, jusqu’à ce que Chvátal [16] n’ introduise les étoiles déconnectantes. Une étoile déconnectante dans G = (V, E) est un ensemble C ⊆ V 12 Présentation générale tel que G − C soit non-connexe et qu’ il existe un sommet x de C adjacent à tous les autres sommets de C. Chvátal [16] donne le résultat suivant sur les minimaux imparfaits : Lemme 1.10. (Star-cutset lemma) Un minimal imparfait n’admet pas d’étoile déconnectante. et aussi une caractérisation des graphes admettant un tel ensemble déconnectant : Lemme 1.11. (Chvátal, [16]) Un graphe G = (V, E) contient une étoile déconnectante si, et seulement si : i) soit il existe v ∈ V tel que {v} ∪ N (v) soit déconnectant; ii) soit G n’est pas une clique et il existe v, w ∈ V adjacents tels que N (v) ⊆ N (w). (la notation N (v) correspond au voisinage dans le graphe G du sommet v, c.à.d. N (v) est l’ensemble des sommets adjacents à v.) Puisqu’un graphe minimal imparfait G = (V, E) ne contient pas d’étoile déconnectante, on en déduit d’abord que G et Ḡ sont connexes, puis que M (v) = {u ∈ V | u 6= v, uv 6∈ E} (que l’on appelle non-voisinage de v) induit dans G un graphe connexe, quel que soit v dans V . Le même raisonnement dans Ḡ conduit à la conclusion que N (v) induit un graphe connexe dans Ḡ. De plus, tout x de M (v) est non-adjacent à au moins un sommet de N (v) (autrement on a une étoile déconnectante dans G) et tout y de N (v) est adjacent à au moins un sommet de M (v) (sinon on a une étoile déconnectante dans Ḡ). Conséquence immédiate : pour tout v ∈ V , N (v) est un ensemble déconnectant minimal. Les dernières conclusions sont tirées directement du fait que ni G, ni Ḡ n’admet d’ensemble déconnectant étoilé. Les graphes ayant cette propriété seront appelés incassables. Ils ont toutes les qualités énoncées auparavant. Chvátal, toujours dans [16], formule une conjecture qui généralise le résultat sur les étoiles déconnectantes, bien qu’elle ne contienne pas celui sur les stables déconnectants. Il appelle partition antisymétrique (skew partition, en anglais) d’un graphe G une partition en G1 = [V1 ]G et G2 = [V2 ]G telle que G1 et Ḡ2 soient non-connexes. De façon équivalente, on peut dire que G admet un ensemble déconnectant partitionnable en B1 et B2 de façon que toutes les arêtes possibles reliant B1 et B2 existent dans G. Pour un graphe B1 de cardinalité 1 (notation |B1 | = 1), ce qu’on obtient est une étoile déconnectante. Présentation générale 13 Conjecture 1.12. (Chvátal, [16]) Un graphe minimal imparfait n’admet pas de partition antisymétrique. Cornuéjols et Reed [23] se sont attaqués à cette conjecture avec un succès relatif. Leur résultat concerne les graphes multipartis complets qui sont les graphes obtenus à partir de k stables (k ≥ 1) V1 , V2 , . . . , Vk en les reliant deux à deux par toutes les arêtes possibles. Lemme 1.13. (Cornuéjols, Reed, [23]) Un minimal imparfait qui n’est pas un trou impair n’admet pas d’ensemble déconnectant qui induise un multiparti complet. Ce résultat sort, d’une certaine façon, de la conjecture de Chvátal car, pour k = 1 on obtient un stable déconnectant et celui-ci ne peut pas être décomposé en B1 et B2 de la manière désirée. Toutefois, pour k ≥ 2, le graphe admettant un multiparti complet comme ensemble déconnectant peut être aussi partitionné antisymétriquement. 1.3.2. Paires de sommets dans les minimaux imparfaits On va ajouter encore deux résultats aux précédents, concernant cette fois-ci les paires de sommets dont l’existence dans un graphe garantit que le graphe en question n’est pas minimal imparfait. Il s’agit d’abord des paires d’amis, dont l’importance a été signalée par Fonlupt, Uhry [32] et Meyniel [77] : dans G, les sommets x, y forment une paire d’amis si toute chaı̂ne sans cordes reliant x et y a un nombre pair d’arêtes. L’observation qui a conduit à cette définition est, comme d’habitude, basée sur le fait que ni les trous, ni les anti-trous impairs n’admettent de paire d’amis, ce qui est très facile à voir. En plus de cette remarque, Meyniel a donné la preuve du résultat suivant : Lemme 1.14. (Meyniel, [77]) Un minimal imparfait ne contient pas de paire d’amis. résultat obtenu à l’aide d’une opération d’identification des sommets, qui ne peut pas créer de trous ou d’anti-trous si les deux sommets identifiés forment une paire d’amis. Les sections suivantes vont confirmer l’ idée qu’une grande partie des graphes parfaits connus jusqu’ ici possèdent une paire d’amis. Ce qui a pu être fait pour les paires d’amis s’avère être beaucoup plus difficile pour les paires d’ennemis, qui consistent en deux sommets non-adjacents (x, y) qui ne sont reliés 14 Présentation générale que par des chaı̂nes sans cordes de longueur impaire. Dans ce cas, l’ identification des sommets n’est plus une solution, car elle peut construire des trous. L’essai de Hsu [64] pour définir une nouvelle opération qui soit un bon outil pour le cas des paires d’ennemis restant inachevé, seule une conjecture peut être formulée dans cette direction : Conjecture 1.15. Un minimal imparfait ne contient pas de paire d’ennemis. Olariu [85] introduit les anti-jumeaux, qui sont un cas particulier de paire d’ennemis au sens que les chaı̂nes paires sont interdites, mais les seules chaı̂nes impaires acceptées sont de longueur au plus 3. Plus précisement, les sommets x, y sont dits anti-jumeaux (contrairement aux sommets jumeaux qui ont le même voisinage dans G − {x, y}) si tout sommet z ∈ V \ {x, y} est adjacent soit à x, soit à y, mais pas à tous les deux. Olariu prouve, à l’aide des résultats de Lovász [67] et Padberg [87] que : Lemme 1.16. Un minimal imparfait n’admet pas d’anti-jumeaux. Remarquons que le résultat sur les anti-jumeaux illustre clairement le fait qu’un graphe contient cette structure en même temps que le complémentaire de ce graphe. Par contre, sans passer par le théorème des graphes parfaits, on ne peut pas déduire du fait que le minimal imparfait G ne contient pas d’étoile déconnectante le fait que son complémentaire Ḡ n’a pas d’étoile déconnectante. Par conséquent, les propriétés sur les graphes parfaits sont, d’une part, celles qui sont évidemment valides pour G et Ḡ, et, d’autre part, celles qui sont valides pour G et Ḡ à travers le théorème des graphes parfaits. Intuitivement, les premières devraient être plus utiles que les autres car elles contiennent, apparemment, plus d’ information. 1.4. Quelques classes de graphes parfaits Nous allons essayer à travers cette section d’énumérer quelques-unes des classes de graphes qui sont parfaits, ou bien satisfont la Conjecture Forte. La plupart de ces classes doivent leur perfection à une ou plusieurs des propriétés présentées auparavant. Elles ont été sélectionnées pour deux raisons principales : le fait qu’elles sont représentatives pour une certaine technique (liée à une preuve, à un algorithme etc.) ou le fait qu’on y fera Présentation générale 15 référence ultérieurement dans la thèse. Graphes triangulés Nous allons commencer par la première classe dont la perfection a été prouvée, les graphes triangulés (Berge [1], Hajnal et Surányi [45]). Un graphe est dit triangulé si tout cycle de longueur supérieure à 3 a au moins une corde. Tous les problèmes considérés intéressants du point de vue des graphes parfaits (caractérisation, algorithmes de reconnaissance, de coloration, d’obtention d’une plus grande clique) sont résolus pour les graphes triangulés (voir Dirac [26], Gavril [38]). Graphes faiblement triangulés La généralisation la plus connue des graphes triangulés est la classe (introduite par Hayward [46]) des graphes faiblement triangulés, c.à.d. des graphes qui ne contiennent comme sous-graphe induit aucun cycle de longueur au moins 5 et aucun complémentaire de tel cycle. Cette classe est précisement constituée des graphes G ayant la propriété que pour tout sous-graphe induit H de G, H ou H̄ a une étoile déconnectante. Graphes de parité et de Meyniel Un graphe est dit de parité si tout cycle impair contient au moins deux cordes croisées (ab, cd ∈ E sont dites croisées si {a, b} ∩ {c, d} = ∅ et exactement un des sommets c, d existe sur chaque arc déterminé par a, b sur le cycle). Il est dit de Meyniel si tout cycle impair contient au moins deux cordes. Bien que les graphes de parité soient, évidemment, des graphes de Meyniel, des preuves distinctes existent pour les deux classes, dues à Olaru, Sachs [102], respectivement à Markosian et Karapetian [74], Meyniel [75]. Graphes Raspail La tentative d’affaiblir encore les conditions sur les cycles impairs, au sens de passer de deux cordes à une seule corde, s’est concrétisée dans la définition des graphes Raspail : un graphe s’appelle graphe Raspail si tout cycle impair contient au moins une corde reliant deux sommets à distance deux le long du cycle. Le seul résultat (partiel, lui aussi) sur les graphes Raspail a été obtenu par Lubiw [71], qui a démontré la perfection de tout graphe Raspail contenant, ainsi que tous ses sous-graphes induits, un sommet dont le voisinage ne possède aucun P4 induit. 16 Présentation générale Graphes bipartis Si un graphe ne contient aucun cycle impair, il est dit biparti. L’ensemble de sommets d’un tel graphe G peut être partitionné en V1 et V2 de façon que les arêtes de G aient toutes une extrémité dans V1 et l’autre dans V2 . Pour généraliser cette idée de partition, Chvátal, Lenhart et Sbihi [19] ont défini six classes de graphes parfaits en imposant des conditions sur la répartition des sommets des P4 dans deux sous-ensembles disjoints. Graphes parfaitement ordonnables Toujours en regardant les P4 induits dans le graphe, on peut essayer d’imposer des conditions sur les arêtes. Une façon de le faire est due à Chvátal [13] qui a introduit la notion de graphe parfaitement ordonnable : un graphe G dont les sommets peuvent être linéairement ordonnés de sorte qu’aucun P4 abcd n’ait a < b, d < c. Une autre façon est due à Hoàng [56], qui a défini les graphes de Hoàng. Ce sont précisement les graphes dont les arêtes peuvent être coloriées en deux couleurs R et V de façon que tout P4 abcd ait les ailes différemment coloriées (les ailes du P4 abcd sont ab, cd). Les graphes parfaitement ordonnables sont parfaits, mais la classe des graphes de Hoàng est encore à l’étude du point de vue de la perfection. Seuls des résultats partiels ont été obtenus. Graphes fortement parfaits La plupart des classes présentées jusqu’ ici (les graphes triangulés, de parité, de Meyniel, parfaitement ordonnables) ont un trait commun : dans tout sous-graphe induit il existe un ensemble stable dont l’ intersection avec n’ importe quelle clique maximale est non-vide. Les graphes ayant cette propriété sont dits fortement parfaits et sont parfaits (Berge, Duchet [6]). Graphes de quasi-parité En outre, la plupart des classes énumérées sont contenues dans la classe des graphes de stricte quasi-parité. Un graphe est appelé de stricte quasi-parité si tout sous-graphe induit qui n’est pas une clique contient une paire d’amis. Il est dit de quasi-parité si pour tout sous-graphe induit H, ou bien H ou bien H̄ contient une paire d’amis. Il est conjecturé que la classe des graphes fortement parfaits est, elle aussi, incluse dans la classe des graphes de stricte quasi-parité. Présentation générale 17 Graphes F-libres Une catégorie de graphes en quelque sorte différente de celles que l’on vient de présenter contient des classes de graphes qui ne sont pas nécessairement parfaits, mais pour lesquels la Conjecture Forte est vraie et qui sont définis, d’ habitude, par des sous-graphes interdits. Pour ces graphes on ne peut pas, en général, démontrer l’ inclusion dans une des classes définies auparavant, cependant leur perfection vient renforcer l’ idée que la Conjecture Forte serait vraie. Etant donnée une famille F de graphes, on dit qu’un graphe G est F-libre si aucun des graphes de F n’est contenu dans G comme sous-graphe induit. Parmi les classes examinées avec un bon résultat jusqu’ ici on peut énumérer : les P4 -libres (Seinsche [103]), les (K4 − e)-libres (dénommés aussi diamant-libres ; Tucker [109]), les K4 -libres (Tucker [108]), les K1,3 -libres (Parathasaraty, Ravindra [89]). En fait, on peut exclure n’ importe quel graphe à quatre sommets, sauf le C4 et son complémentaire, et la classe obtenue satisfait la Conjecture Forte. Le cas des C4 -libres reste inachevé. En ce qui concerne les graphes exclus à cinq sommets, celui qui suscite le plus l’ intérêt est la chaı̂ne P5 . Ainsi que pour les graphes C4 -libres, pour les graphes P5 -libres on ne connaı̂t que des résultats partiels (voir Olariu [80]). 1.5. Complexité Avant de conclure ce chapitre, soulignons l’ intérêt pratique, en plus de celui théorique vu jusqu’ ici, de l’étude des graphes parfaits. Dans [44], Grötschel, Lovász et Schrijver montrent que les problèmes de décision concernant le nombre chromatique, de densité, de stabilité et de couverture par des cliques sont polynomiaux pour les graphes parfaits, par opposition au cas général où ils sont NP-complets (voir Garey, Johnson [36] pour les notions concernant la complexité). Les algorithmes qu’ ils donnent, basés sur l’algorithme de l’ellipsoı̈de de Khachiyan [66], sont polynomiaux mais, malheureusement, inefficaces du point de vue pratique, ce qui fait que le résultat reste d’un intérêt purement théorique, jusqu’à la découverte d’algorithmes convenables. Dans ce contexte, l’ importance de caractériser et reconnaı̂tre les graphes parfaits devient claire, bien que, évidemment, le problème reste aussi difficile qu’auparavant. Même si la Conjecture Forte était vraie, on n’aurait qu’une caractérisation, mais pas un algorithme de reconnaissance, car on ne sait pas encore reconnaı̂tre les graphes de Berge. Toute- 18 Présentation générale fois, cette caractérisation permettrait d’ identifier d’une manière très claire la classe des graphes parfaits et, probablement, d’avoir une idée de la complexité de ce problème. Notons d’ailleurs que les résultats obtenus jusqu’ ici par Bienstock [7] et Lubiw [70] suggèrent plutôt que celui-ci serait NP-complet. C’est la raison pour laquelle il semble assez naturel de s’ intéresser aussi aux classes particulières des graphes parfaits : non seulement parce qu’elles permettent une approche plus facile des problèmes, mais aussi parce que, dans le cas du problème de la reconnaissance au moins, réduire la classe pourrait être la seule chance d’arriver au but. Même en ne connaissant que ce bref aperçu des graphes parfaits, on peut se rendre compte que les éléments qu’on a accumulés ne nous permettent pas de tirer des conclusions très fermes et très complètes concernant cette classe. On sait qu’ il existe des algorithmes, mais on ne les a pas ; on a une belle conjecture à résoudre, et on ne sait pas comment ; on a vraiment besoin de reconnaı̂tre cette classe, mais on ne sait même pas s’ il est possible de le faire efficacement. Ce sont autant de problèmes à étudier pour la famille des graphes parfaits en général, ainsi que pour ses sous-familles. Ce sont autant de problèmes que nous allons aborder dans cette thèse. A propos de la coloration 19 Chapitre 2. A propos de la coloration Le problème de coloration des graphes n’est pas inutile : les nombreux problèmes pratiques qui apparaissent dans les domaines les plus divers le prouvent. Il n’est pas facile non plus : la théorie de la complexité qui l’a classé parmi les problèmes NP-complets le garantit. Mais on peut essayer de l’approcher avec de bonnes chances pour les graphes parfaits : c’est le résultat de Grötschel, Lovász et Schrijver [44] qui nous le dit. 2.1. Un algorithme immédiat Etant donné le graphe G = (V, E), la condition que l’on impose pour la coloration – que deux sommets adjacents n’aient pas la même couleur – suggère une méthode très simple pour traiter le problème, mais qui risque de ne pas être très efficace. Première étape On range les sommets selon un ordre linéaire que l’on désigne par ” < ”. Le graphe ~ = (V, E) ~ est le graphe obtenu de G en orientant les arêtes selon la règle : orienté G ~ si, et seulement si, xy ∈ E et x < y. On peut très facilement se rendre compte xy ∈ E ~ ne contient pas de circuits, c’est-à-dire de cycles dont que, puisque l’ordre est linéaire, G ~ est un graphe toutes les arêtes aient la même orientation. L’ inverse est aussi valable : si H orienté sans circuits, alors il existe un ordonnancement linéaire des sommets qui induit cette orientation de H. 20 A propos de la coloration Deuxième étape La deuxième étape est la coloration proprement dite. Ayant un ensemble de couleurs notées par des nombres naturels, les sommets sont considérés suivant l’ordre ” < ” et on leur donne successivement la plus petite couleur convenable actuelle. A la fin de l’algorithme, tout le graphe est colorié ; de plus, chaque sommet v colorié par la couleur k a des voisins vj (j = 1, 2, . . . , k − 1) de couleur j tels que vj < v. L’algorithme obtenu de cette façon s’appelle algorithme glouton. Il est un exemple d’algorithme ”on-line”, car les sommets du graphe sont pris en compte l’un après l’autre (en même temps que les arêtes les reliant aux sommets précédents) et on leur donne immédiatement une couleur qui n’est plus changée par la suite. La coloration obtenue pour (G, <) utilisant l’algorithme glouton sera dite coloration gloutonne. Certainement, une telle coloration n’est pas optimale (c.à.d. elle n’utilise pas un nombre minimum de couleurs) pour tout graphe G et tout ordre ” < ”, mais il existe toujours (pour un graphe fixé G) un ordonnancement des sommets conduisant à une coloration optimale de G à l’aide de l’algorithme glouton. Il est toutefois invraisemblable qu’un tel ordonnancement puisse être trouvé en temps polynomial, car cette possibilité offrirait un algorithme polynomial pour le problème NP-complet de décider du nombre chromatique d’un graphe arbitraire. Néanmoins, on peut se demander quel type particulier d’ordre conduirait forcément à une coloration gloutonne optimale, et pour cela il suffit ~ quelque soit de considérer la chaı̂ne à quatre sommets abcd et l’orientation ab, dc ∈ E, l’orientation de bc. En appliquant l’algorithme glouton on trouve la couleur 1 pour a et d, et les couleurs 2 et 3 pour b et c, tandis que dans une coloration optimale a et c, respectivement b et d, auraient la même couleur. C’est pourquoi un tel graphe orienté sera appelé une obstruction. En partant de cette remarque, Chvátal [13] prouve le théorème suivant qui concerne les graphes parfaitement ordonnables. On rappelle qu’un graphe est dit parfaitement ordonnable si on peut trouver une orientation des arêtes sans circuits et sans obstruction. L’ordre imposé sur l’ensemble des sommets par cette orientation s’appelle ordre parfait et un graphe muni d’un ordre parfait est dit parfaitement ordonné. Théorème 2.1. (Chvátal [13]) Un graphe parfaitement ordonnable est fortement parfait ; de plus, la coloration obtenue par l’algorithme glouton utilisant l’ordre parfait est optimale. A propos de la coloration 21 Cette classe de graphes parfaits – tellement facile à colorier – a un très grand inconvénient, à savoir que le problème de reconnaissance des graphes parfaitement ordonnables est très difficile. En effet, dans [78] Middendorf et Pfeifer ont démontré que le problème de décider si un graphe G est parfaitement ordonnable ou non est NP-complet. A cause de cet ennui, mais surtout à cause de l’ importance de bien connaı̂tre les classes de graphes pour lesquelles on sait résoudre les problèmes qui nous intéressent, plusieurs classes qui contiennent ou qui sont contenues dans les graphes parfaitement ordonnables ont été identifiées depuis le résultat de Chvátal. Enumérons-en quelques-unes : • classes de graphes contenues dans les parfaitement ordonnables : - brittle graphs (Hoàng, Khouzam [57]) ; - quasi-brittle graphs (Olariu [83]) ; - superbrittle graphs (Preissmann, de Werra, Mahadev [92]) ; - P4 -indifference graphs (Hoàng, Reed [61]) ; - P4 -comparability graphs (Hoàng, Reed [61]) ; - P4 -simplicial graphs (Hoàng, Reed [61]) ; - oppositions graphs (Olariu [82]) ; - bipolarizable graphs (Hertz [50]) ; - weak bipolarizable graphs (Olariu [84]) ; - charming graphs (Hoàng, Maffray, Olariu, Preissmann [58]). • classes de graphes contenant les parfaitement ordonnables: - graphes parfaitement ordonnables généralisés (Duchet, Olariu [29]) ; - graphes prefix-ordonnables (Croitoru, Radu [24]). Pour les classes de graphes qui ne sont pas bien coloriés par l’algorithme glouton, d’ habitude la solution est de faire dans le voisinage du sommet courant des transformations permettant d’obtenir une coloration optimale dans ce voisinage. Après, le sommet courant peut être colorié avec la plus petite couleur disponible. Cette méthode a été appliquée pour les cas suivants : - graphes de Meyniel (Meyniel [75]) ; - graphes (K4 − e)-libres (Tucker [109]). Notre but dans les sections suivantes est de combiner les deux méthodes précédentes (section 2.2) de façon qu’on puisse soit colorier des nouvelles classes de graphes (sections 2.3, 2.4, 2.5), ou bien exhiber des colorations spéciales pour des classes classiques de graphes parfaits (section 2.6). La plupart des résultats proposés peuvent être retrouvés dans Rusu [98, 99]. 22 A propos de la coloration 2.2. Un algorithme glouton tempéré Si l’on parcourt les algorithmes de coloration trouvés jusqu’ ici, on remarque une particularité commune, à savoir celle qu’ ils ignorent constamment le fait que le voisinage d’un sommet est lui-même un graphe bien défini et pour lequel toutes les méthodes de coloration connues sont valables, si, évidemment, ce graphe satisfait les conditions nécessaires. Cette simple observation peut conduire à l’élaboration de nouveaux algorithmes à partir de certains algorithmes déjà connus. Considérons une classe héréditaire G de graphes telle que tout graphe de G contient un sommet x dont le voisinage N (x) a une certaine propriété P ; et supposons que l’on connaı̂t déjà un algorithme A pour obtenir des colorations optimales des graphes ayant la propriété P. Soit maintenant G = (V, E) un graphe de G. Alors les sommets de G peuvent être enumérés x1 , x2 , . . . , xn de façon que, dans le graphe Gi induit par x1 , . . . , xi , le voisinage de xi ait la propriété P. On peut alors décrire un algorithme de coloration pour G de la manière suivante : • colorier x1 avec la plus petite couleur disponible ; • pour i de 2 à n exécuter • recolorier NGi (xi ) à l’aide de A ; • colorier xi avec la plus petite couleur disponible. L’amélioration et, à la fois, la difficulté que cet algorithme apporte par rapport à l’algorithme glouton consiste dans le recoloriage de NGi (xi ). Cette opération permet de supposer que la coloration de Gi−1 , qui est optimale pour ce graphe, n’est pas forcément optimale pour NGi (xi ), principe qui est plus général que celui utilisé par l’algorithme glouton. Dès qu’on introduit cette tolérance dans le raisonnement on a besoin, pour colorier xi , de corriger la coloration de NGi (xi ) afin qu’elle soit optimale, mais sans affecter le nombre de couleurs utilisées dans Gi−1 . La correction est possible, comme on l’a déjà indiqué, par l’algorithme A, mais une difficulté peut apparaı̂tre due au fait que NGi (xi ) est déjà colorié. L’attribution – selon l’algorithme A – de la couleur A à un sommet y ∈ NGi (xi ) déjà colorié avec B devrait se faire par l’échange des deux couleurs A et B dans toute la composante connexe qui satisfait les conditions suivantes: - elle est définie dans Gi−1 par les sommets coloriés A ou B ; - elle contient y A propos de la coloration 23 et qui est notée AB-cc(y). Cet échange pourrait affecter de manière indésirée quelques-uns des sommets de NGi (xi ), ce qui perturberait le déroulement de l’algorithme A dans NGi (xi ). Puisque AB-cc(y) contient d’ habitude des sommets de Gi−1 \ NGi (xi ), on peut envisager que la propriété P du voisinage de x ne serait pas suffisante pour garantir la légitimité de l’échange et que de nouvelles conditions devraient être imposées. Par conséquent, la déduction des conditions sous lesquelles le nouvel algorithme fonctionnerait est à la fois antérieure et ultérieure au choix de l’algorithme A que l’on veut utiliser pour la coloration optimale du voisinage. Dans ce qui suit, on va analyser l’algorithme que l’on obtient à partir de l’algorithme glouton. Ce dernier fonctionne, d’après ce qu’on a vu précédement, pour les graphes parfaitement ordonnables, mais la condition pour G que tout G contienne un sommet x dont le voisinage soit parfaitement ordonnable ne suffit pas, à cause des raisons déjà indiquées. Des conditions plus fortes s’ imposent alors pour le graphe G, mais même dans ce cas-là, ce qu’on obtient sont des généralisations de certaines classes classiques de graphes parfaits. Rappelons que pour un graphe G = (V, E) on note ω(G) et χ(G) le nombre de densité et le nombre chromatique de G. Les couleurs sont représentées par des entiers positifs 1, 2, 3, . . . et la notation utilisée pour les désigner consiste des lettres majuscules. Un A-sommet v est un sommet colorié avec la couleur A (notation v[A]), tandis qu’un A-sommet adjacent à un sommet x est dit A-voisin de x. Pour l’ensemble de couleurs du sous-graphe H on utilise la notation C(H) ; AB-cc(x) est la composante connexe de x (qui est un A-sommet ou un B-sommet) dans le sous-graphe de G induit par les sommets coloriés avec A ou B. Enfin, un AB-échange est l’opération d’ inversion des couleurs A et B dans AB-cc(x) pour un sommet x ∈ V . Avec ces nouvelles notations, une coloration gloutonne de (G, <) a la propriété que pour tout R-sommet w de G il existe des sommets w1 [1], w2 [2], . . . , wR−1 [R − 1], voisins de w dans G, tels que wi < w pour tout i ∈ {1, 2, . . . , R − 1}. Supposons maintenant qu’on a une classe héréditaire G de graphes telle que tout graphe G de G contient un sommet x dont le voisinage N (x) est parfaitement ordonnable. Alors il vaut mieux exprimer l’ordonnancement x1 , x2 , . . . , xn des sommets de G à l’aide d’un ordre ” < ” tel que le voisinage N (x) d’un sommet arbitraire x dans le sous-graphe induit par les sommets plus petits que x (on dira parfois sommets précédents de x) soit parfaitement ordonnable. Remarquons dans ce cas que l’ordre parfait dans N (x) peut être l’ordre ” < ”, ou bien n’ importe quel ordre, les conditions supplémentaires à imposer (ultérieures 24 A propos de la coloration au choix de l’algorithme A) dépendant de la situation concrète. Nous allons considérer ici le cas où l’ordre parfait dans chaque voisinage est bien l’ordre global ” < ”. ~ = (V, E) ~ pour le graphe orienté obtenu Pour G et ” < ”, on conserve la notation G ~ si, et seulement si, ab ∈ E et a < b. Quel que soit le sommet de G en imposant ab ∈ E + ~ a ∈ V , N (a) (respectivement N − (a)) est l’ensemble des sommets b tels que ab ∈ E + − ~ (respectivement ba ∈ E). Le voisinage du sommet a est N (a) = N (a) ∪ N (a). Si + N (a) = ∅ (respectivement N − (a) = ∅) alors a est un puits (respectivement une source). Evidemment, les sommets minimum et maximum par rapport à l’ordre linéaire sont une source et, respectivement, un puits de G. Maintenant, l’algorithme qui résulte pour G en considérant pour les variables P et A les valeurs : • P = la propriété d’un graphe d’être parfaitement ordonnable ; • A = l’algorithme glouton se décrit comme suit. Algorithme Glouton Tempéré Entrée : (G, <) Sortie : coloration de G • pour tout x dans V (en ordre croissant) exécuter • pour tout z dans N − (x) (en ordre croissant) exécuter • A := la plus petite couleur absente de N − (z) ∩ N − (x) • B := la couleur de z • si A6=B alors exécuter l’AB-échange dans AB-cc(z) • fin{pour} • C(x) := la plus petite couleur absente de N − (x) • fin{pour}. Afin que cet algorithme obtienne des colorations optimales, il faut garantir – par des conditions imposées sur la classe de graphes – non seulement l’existence d’un sommet x ayant son voisinage parfaitement ordonnable, mais aussi que l’AB-échange dans AB-cc(z) ne modifie pas la coloration dans N − (x) ∩ N − (z). C’est précisement ce qu’on va faire plus loin. Mais d’abord une remarque concernant la complexité de l’algorithme. Il est facile de voir qu’au plus mx échanges sont exécutés pour chaque x, où mx est le nombre d’arêtes reliant x à un sommet plus petit que x. Chaque échange considère au plus O(m) arêtes, par A propos de la coloration 25 conséquent le nombre total d’opérations effectuées dans les échanges est dans O(m2 ). On doit aussi additionner le nombre d’opérations nécessaires par les autres pas de l’algorithme, c.à.d. O(mn + n). La complexité de l’algorithme est alors O(m2 + mn + n). 2.3. Graphes proprement ordonnables Le passage formel de l’algorithme glouton à l’algorithme glouton tempéré suggère de façon suffisamment claire qu’un ordre se comportant bien vis-à-vis de l’algorithme glouton (comme l’ordre parfait) pourrait transporter ses bonnes propriétés (ou seulement une partie de celles-ci) sur un graphe qui n’admet un tel ordre que sur certains de ses sous-graphes. Et puisque l’ordre parfait est celui qui offre les meilleurs outils pour une telle analyse, c’est bien l’ordre parfait que l’on va considérer. 2.3.1. Une généralisation des graphes parfaitement ordonnables On va dire qu’un graphe G = (V, E) est proprement ordonnable s’ il existe un ordre linéaire ” < ” sur V (appelé aussi ordre propre) tel que pour tout cycle impair C de G, le sous-graphe induit dans G par l’ensemble V (C) des sommets de C est parfaitement ordonné. Il est facile de voir qu’un ordre parfait est aussi un ordre propre, donc tout graphe parfaitement ordonnable est aussi proprement ordonnable. Un graphe G muni d’un ordre propre sera dit proprement ordonné. Evidemment, les graphes proprement ordonnables forment une classe héréditaire, de même que les parfaitement ordonnables et, encore comme les graphes parfaitement ordonnables, ces graphes sont parfaits, ce que l’on va démontrer par la suite. Mais un ordre propre n’est pas aussi efficace qu’un ordre parfait, dans le sens que l’algorithme glouton peut exhiber une coloration non-optimale ; c’est la raison pour laquelle l’algorithme glouton tempéré sera utilisé pour colorier cette classe de graphes. Mais regardons d’abord la perfection. En introduisant les graphes de stricte quasi-parité, Meyniel [77] prouve aussi que les graphes parfaitement ordonnables sont contenus dans cette classe. Les graphes proprement ordonnables ont, encore une fois, la même propriété. 26 A propos de la coloration Théorème 2.2. Les graphes proprement ordonnables sont des graphes de stricte quasi-parité. Preuve. On considère un graphe connexe G (qui n’est pas une clique) pourvu d’un ordre propre sur son ensemble de sommets V . Si pour tout z de G le graphe N − (z) est une clique, alors G est parfaitement ordonnable et, selon le résultat de Meyniel, il a une paire d’amis. Dans le cas contraire, on utilise la récurrence par rapport au nombre de sommets de G pour démontrer : (P1 ) Si w est le sommet maximum de G tel que N − (w) n’est pas une clique, alors il existe une paire d’amis de G contenue dans N − (w). Pour |V | = 3, 4, la propriété est vraie. Supposons qu’elle est valide pour chaque graphe proprement ordonné ayant moins de n sommets et prouvons-la pour un graphe G à n sommets. Dans ce qui suit x est le sommet maximum de G et N (x) = N − (x) est son voisinage. Si N (x) est une clique, alors le sommet maximum t de G − x tel que N − (t) n’est pas une clique a la même propriété dans G et (P1 ) est valide. Si N (x) n’est pas une clique, alors soit y une source de N (x). Deux cas peuvent apparaı̂tre : 1. N (x) \ N (y) 6= ∅. Alors soit z une source de [N (x) \ N (y)]G . Afin de prouver que (y, z) est une paire d’amis, remarquons d’abord que y et z ne sont pas adjacents, car dans le cas contraire l’arête les reliant imposerait que seul un des deux sommets soit source. Supposons maintenant que y et z ne sont pas une paire d’amis ; il existe donc une chaı̂ne induite P sans cordes, de longueur impaire ayant les extrémités y et z. On note u, respectivement v les voisins de y, respectivement de z sur cette chaı̂ne. Le graphe induit ~ (sinon l’orientation de par {x} ∪ V (P ) étant parfaitement ordonné, on obtient que zv ∈ E vzxy imposerait vx ∈ E et alors z ne serait pas une source dans [N (x) \ N (y)]G ). Fait 1. Si la chaı̂ne sans cordes P = [y1 y2 . . . y2p−1 y2p ] est parfaitement ordonnée et ~ alors y2p−1 y2p ∈ E. ~ y1 y2 ∈ E, ~ pour tout Preuve. Par récurrence sur i on prouve facilement que y2i−1 y2i ∈ E i ∈ {1, 2, . . . , p}. Dans le cas particulier i = p on obtient la conclusion du fait 1.2 ~ car zv ∈ E ~ et P est parfaitement ordonnée. De plus, on a ux ∈ E ~ (sinon Alors uy ∈ E, u, y, x, z induisent une obstruction), par conséquent y n’est pas une source dans N (x), ce qui contredit le choix de y. A propos de la coloration 27 − 2. N (x)\N (y) = ∅. Alors x est le sommet maximum dans G−y et NG−y (x) = NG−y (x) n’est pas une clique. En utilisant l’hypothèse de récurrence on déduit l’existence d’une paire d’amis (a, b) de G−y entièrement contenue dans NG−y (x). Puisque a, b sont contenus aussi dans N (y), il n’y a pas de chaı̂ne impaire sans cordes reliant a et b dans G. Par récurrence, tout sous-graphe H de G est un graphe de stricte quasi-parité et, puisque G lui-même possède une paire d’amis, on en déduit que G est un graphe de stricte parité.2 2.3.2. . . . et une généralisation de l’algorithme glouton La perfection des graphes proprement ordonnables étant prouvée, il existe, selon Grötschel, Lovász, Schrijver [44], des algorithmes polynomiaux pour les colorier. L’un d’eux est l’algorithme glouton tempéré, présenté dans la section 2.2. Théorème 2.3. Pour un graphe proprement ordonné, la coloration obtenue par l’algorithme glouton tempéré utilisant l’ordre propre est optimale. Preuve. On va utiliser la récurrence par rapport au nombre de sommets de G = (V, E). Si |V | = 1, 2, le théorème est valide. On suppose qu’ il est valide pour tout graphe proprement ordonné à moins de n sommets et on va le prouver pour un graphe proprement ordonné à n sommets. Lemme 2.4. Soit G = (V, E) un graphe proprement ordonnable et ” < ” un ordre propre de G. Pour tout x de V , N (x) est parfaitement ordonné. Preuve. Supposons le contraire et considérons x ∈ V un sommet tel que N (x) ne ~ Le soit pas parfaitement ordonné. Alors il existe dans N (x) un P4 abcd avec ab, dc ∈ E. cycle induit par x, a, b, c, d étant impair, on en déduit une contradiction du fait que G est proprement ordonné.2 On note x le sommet maximum de G. Le voisinage N (x) de x est parfaitement ordonné et, par le résultat de Chvátal, l’algorithme glouton basé sur cet ordre donne une coloration optimale de N (x). Généralement, cette coloration de N (x) n’est pas extensible à une coloration optimale de G lui-même. Toutefois, dans notre cas, on va prouver que toute coloration optimale de G − x (par récurrence, une telle coloration existe) peut être 28 A propos de la coloration transformée en une coloration optimale de G − x telle que N (x) soit glouton-colorié selon l’ordre ” < ”. Considérons une coloration optimale de G − x et soit Nk (x) l’ensemble des k premiers sommets (en ordre ascendant) de N (x). Supposons que l’exécution de l’algorithme glouton dans N (x) est arrivée au moment où il faut établir la couleur du sommet noté z, qui est de rang k dans N (x) et dont la couleur est B. Si la couleur de z doit devenir A<B par échange dans AB-cc(z), alors on a le lemme suivant : Lemme 2.5. Si Nk−1 (x) ∩ AB-cc(z) 6= ∅, alors le plus petit sommet de l’ensemble est un A-sommet. Preuve. Si le plus petit sommet avait été un B-sommet, alors l’algorithme glouton lui aurait donné la couleur A, au moment convenable de l’exécution. Le lemme 2.5 est prouvé. 2 Par récurrence sur k on va montrer maintenant que le déroulement de l’algorithme glouton dans le voisinage de x est normal, n’étant pas influencé négativement par les échanges : Lemme 2.6. La coloration de Nk (x) obtenue à l’aide de l’algorithme glouton tempéré est identique à la coloration gloutonne de (Nk (x), <). Preuve. Pour k = 1 la propriété est vraie. On suppose qu’elle est vraie pour k − 1 et on la prouve pour k. Le sommet suivant dans N (x) selon l’ordre ” < ” est noté z et sa couleur est B. Soit A la plus petite couleur qui n’existe pas dans N (z) ∩ Nk−1 (x). Alors A≤B. Afin d’obtenir une coloration gloutonne de Nk (x), z doit recevoir la couleur A. Si A = B, alors z est déjà colorié avec A et on a fini. Si A<B, deux cas peuvent apparaı̂tre : - le sommet z n’a pas d’A-voisins dans G − x. Alors la couleur de z peut devenir A ; - le sommet z a au moins un A-voisin w ∈ V \ {x}. Pour obtenir une coloration gloutonne dans Nk (x) il suffit de réaliser l’AB-échange dans AB-cc(z), pourvu qu’aucun sommet de Nk−1 (x) ne change sa couleur pendant l’AB-échange, c.à.d. aucun sommet de N (x) plus petit que z ne soit contenu dans AB-cc(z). Supposons le contraire. Soit v le A-sommet donné par le lemme 2.5. Puisque z[B] et v[A] sont tous les deux contenus dans AB-cc(z), il existe une chaı̂ne impaire sans cordes P dans AB-cc(z) les reliant. Soit t le B-voisin de v sur cette chaı̂ne et u le A-voisin de z sur cette chaı̂ne. Le cycle donné par P et x est impair, par conséquent le graphe induit par V (P ) ∪ {x} est parfaitement ordonné. A propos de la coloration a 29 d b a’ c d’ Fig. 2.1. ~ Sinon on aurait aussi tx ∈ E (autrement t, v, x, z induiraient Remarquons que tv 6∈ E. une obstruction) et donc t serait un B-voisin de v dans Nk−1 (x) plus petit que v. Par le ~ Par le fait 1, uz ∈ E ~ et alors ux ∈ E lemme 2.5, v n’a pas de tels voisins. Alors vt ∈ E. (sinon v, x, z, u induisent une obstruction). Mais alors u < z et u est un A-voisin de z dans Nk−1 (x). Puisque A était supposée être la plus petite couleur absente du voisinage de z dans Nk−1 (x), on obtient une contradiction. Conclusion : aucun sommet de N (x) plus petit que z n’est contenu dans AB-cc(z). Par conséquent, l’AB-échange dans AB-cc(z) peut être realisé pour obtenir une coloration gloutonne de Nk (x). Pour k = |N (x)|, on a une coloration gloutonne de N (x) selon l’ordre parfait ” < ”, donc on peut appliquer le resultat de Chvátal pour déduire que N (x) est colorié de manière optimale. Le sommet x peut recevoir la plus petite couleur absente de N (x) et la coloration résultante utilise un nombre de couleurs égal à la taille de la plus grande clique.2 Remarque 2.7. La classe des graphes proprement ordonnables contient strictement la classe des graphes parfaitement ordonnables. Le graphe F de la Fig. 2.1. est un exemple de graphe proprement ordonnable qui n’est pas parfaitement ordonnable. Il a aussi la propriété que les deux composantes connexes de F ′ = (V (F ), E(F ) \ {bc}) sont parfaitement ordonnables et chaque ordre parfait impose qu’au moins une arête parmi ab, a′ b (respectivement dc, d′ c) soit orientée vers b (respectivement vers c). C’est la raison pour laquelle F n’est pas parfaitement ordonnable, mais il est proprement ordonnable car aucune obstruction n’est contenue dans un sous-graphe de F induit par les sommets d’un cycle impair. Remarque 2.8. Les graphes proprement ordonnables ne sont pas nécessairement des graphes fortement parfaits. Pour cela il suffit de remarquer qu’un ensemble stable S qui intersecte toutes les cliques maximales de F devrait contenir soit b soit c (disons b) et alors le P̄5 contenant b aurait une 2-clique sans sommet dans S. 30 A propos de la coloration Concernant les graphes proprement ordonnables, F. Maffray formule la conjecture suivante : Conjecture 2.9. Pour tout graphe proprement ordonnable G, soit G est parfaitement ordonnable, soit il existe une clique déconnectante dans G. Si la conjecture était vraie, alors une coloration optimale de G pourrait s’obtenir d’une façon tout-à-fait différente de celle déjà présentée. Ainsi, le graphe G pourrait être successivement décomposé en graphes de taille de plus en plus petite jusqu’à ce qu’on arrive à des graphes parfaitement ordonnables. Après quoi, si on connaissait les ordres parfaits dans ces graphes, ils seraient coloriés par l’algorithme glouton et, encore une fois par récurrence, la coloration serait facilement étendue à chaque niveau de décomposition à cause du fait que l’ensemble déconnectant est toujours une clique. Le dernier graphe colorié ainsi serait G lui-même. Cet algorithme demanderait O(n3H ) opérations pour trouver une clique déconnectante dans le sous-graphe H de G ou d’avoir la certitude qu’ il n’existe pas une telle clique (Whitesides [111]). De plus, le nombre de cliques pourrait être assez grand, d’ordre n2 . En effet, Gavril [39] a prouvé que pour un graphe G arbitraire le nombre de cliques déconnectantes cherchées avant de trouver tous les sous-graphes de la décomposition qui n’admettent plus de clique déconnectante peut être d’ordre n2 . Par conséquent, l’algorithme pourrait avoir une complexité en O(n5 ). Certainement, des améliorations pourraient apparaı̂tre du fait que G n’est pas un graphe arbitraire, mais un graphe proprement ordonnable. Remarque 2.10. Par opposition au cas des graphes parfaitement ordonnables, pour les graphes proprement ordonnables l’appartenance à la classe NP du problème de reconnaissance n’est pas claire. De ce point de vue, si la conjecture de Maffray était vraie, elle permettrait au moins d’établir ce résultat. De plus, on remarque facilement que reconnaı̂tre les graphes proprement ordonnables est au moins aussi difficile que de reconnaı̂tre les graphes parfaitement ordonnables ; on a donc affaire à un problème NP-difficile. En effet, si on avait un algorithme pour reconnaı̂tre les proprement ordonnables, alors pour tester si un graphe G est parfaitement ordonnable il suffirait de lui ajouter un sommet x relié à tous les sommets de G et de tester si G + x est proprement ordonnable. La réponse à cette question serait aussi la réponse concernant l’appartenance de G à la classe des parfaitement ordonnables. A propos de la coloration 31 2.4. Graphes de parité ordonnables La classe de graphes que l’on va colorier maintenant n’a pas reçu de nom jusqu’ ici, bien que la perfection des graphes de cette classe ait été prouvée, d’une façon plutôt cachée, dans plusieurs articles (voir, par exemple, Meyniel [75]). Elle généralise les graphes de parité et l’algorithme de coloration que l’on utilise ici – toujours l’algorithme glouton tempéré – permet d’obtenir une coloration spéciale des graphes de parité, dite coloration localement parfaite (Preissmann [91]). 2.4.1. Une généralisation des graphes de parité Considérons un graphe G = (V, E) et soit ” < ” un ordre linéaire sur l’ensemble de sommets V . Pour chaque sous-graphe H de G, le sommet x est dit maximum dans H si pour tout y ∈ V (H), y 6= x, on a y < x. Etant donné un cycle C dans G, le sommet x est dit nul dans C si aucune corde d’extrémité x n’existe dans C. Maintenant, une simple généralisation de la définition donnée par Olaru et Sachs [102] pour les graphes de parité conduit à la notion de graphe de parité ordonnable. Un graphe G = (V, E) est dit de parité ordonnable s’ il existe un ordre linéaire sur V telle que chaque cycle impair à plus de trois sommets satisfait au moins une des deux propriétés suivantes : • le sommet maximum de C est nul, mais C n’est pas sans cordes. • il existe dans C deux cordes croisées. On peut trouver des graphes de parité ordonnables qui ne sont pas de parité, comme ~ si, le montre l’exemple de la Fig. 2.2. Les arêtes sont déjà orientées selon la règle xy ∈ E et seulement si, xy ∈ E et x < y. 1 7 2 3 6 5 Fig. 2.2. 4 32 A propos de la coloration 2.4.2. . . . et une généralisation de l’algorithme glouton A la première vue, il pourrait paraı̂tre surprenant que l’algorithme de coloration utilisé pour les graphes proprement ordonnables soit valable aussi pour les graphes de parité ordonnables, car la motivation initiale pour la définition des proprement ordonnables – que l’ordre parfait se comporte bien vis-à-vis de l’algorithme glouton, donc il vaut mieux l’exploiter – disparaı̂t dans le cas des graphes de parité ordonnables, car les graphes de parité et l’algorithme glouton n’ont pas beaucoup de choses en commun. Pourtant, le fait devient crédible dès qu’on remarque l’existence dans un graphe de parité ordonnable d’un sommet x – qui est en fait le sommet maximum du graphe – dont le voisinage est P4 -libre, donc aussi parfaitement ordonnable. Par conséquent, on s’ intéresse toujours à l’algorithme glouton tempéré. Pour formuler le théorème suivant, disons qu’un graphe G est de parité ordonné s’ il est de parité ordonnable et muni d’un ordre convenable. Théorème 2.11. La coloration obtenue par l’algorithme glouton tempéré pour un graphe de parité ordonné est optimale. Preuve. Soit G un graphe de parité ordonné. Il suffit de démontrer qu’une coloration optimale du sous-graphe H induit dans G par les p premiers sommets (en ordre ascendant) est transformée en une coloration optimale de H + x, où x est le sommet suivant de V . ~ le graphe orienté Comme auparavant, on note N − (x) le voisinage de x dans H et G déterminé par G et ” < ”. La preuve suit de très près le raisonnement appliqué pour les graphes proprement ordonnés. Voici le résultat correspondant au lemme 2.4 qui dans ce cas est sensiblement plus fort : Lemme 2.12. Pour tout sommet x de G, le graphe induit par N − (x) est P4 -libre. Preuve. Supposons que ce n’est pas vrai. Alors dans N − (x) il existe les sommets a, b, c, d tels que abcd soit une chaı̂ne sans cordes. En ajoutant à ce P4 le sommet x, on obtient un cycle impair dont le sommet maximum (à savoir x) est non-nul et qui, de plus, ne contient pas d’arêtes croisées. Alors le graphe n’est pas de parité ordonné, une contradiction.2 Le lemme 2.5 étant vrai avec la même forme et pour les mêmes raisons, on passe directement au résultat similaire au lemme 2.6. A propos de la coloration 33 Lemme 2.13. La coloration de Nk (x) obtenue à l’aide de l’algorithme glouton tempéré est identique à la coloration gloutonne de (Nk (x), <). Preuve. La seule chose à montrer est que les échanges n’affectent pas les sommets de N − (x) déjà coloriés par l’algorithme glouton. Pour cela, soit z le sommet (de rang k) qui suit dans la coloration de N − (x), B sa couleur, A<B la plus petite couleur absente de Nk−1 (x) et supposons qu’ il existe un sommet q ∈ Nk−1 (x) ∩ AB-cc(z). Par le lemme 2.5, on a de nouveau l’existence de l’A-sommet v qui est le plus petit dans Nk−1 (x) ∩ AB-cc(z). Une chaı̂ne sans cordes P reliant z et v dans AB-cc(z) constitue avec x un cycle impair dont x est le sommet maximum et qui ne peut pas avoir des cordes croisées, bien que x soit non-nul. Par conséquent, G n’est pas un graphe de parité ordonné, une contradiction. On en déduit que l’algorithme fonctionne normalement dans N − (x) et la coloration obtenue pour G à la fin de l’algorithme glouton tempéré utilise un nombre de couleurs égal à ω(G).2 Remarque 2.14. Les deux classes de graphes parfaits coloriées auparavant par l’algorithme glouton tempéré sont distinctes, comme le prouvent les exemples de la Fig. 2.3. a, b. 1 2 3 4 5 6 7 a. 9 13 5 2 16 1 12 8 6 10 3 14 4 7 15 11 b. Fig. 2.3. Le graphe de la Fig. 2.3.a est parfaitement ordonnable (donc proprement ordonnable), mais il n’est pas de parité ordonnable. Pour cela, il suffit de voir que chaque sommet est un sommet non-nul dans un cycle impair sans cordes croisées, par conséquent il ne peut pas être choisi le dernier dans un ordre de parité. 34 A propos de la coloration Le graphe de la Fig. 2.3.b est de parité ordonné avec l’ordre indiqué par la figure : tout cycle impair qui contiendrait un des sommets 16, 15, 14, 13 aurait pour sommet maximal nul précisement un de ces sommets, donc la condition 1 de la définition serait satisfaite. Ensuite, si on élimine du graphe les sommets de 9 jusqu’à 16, dans le reste du graphe on peut appliquer le même raisonnement pour les sommets 8, 7, 6, 5. On en déduit que le graphe est de parité ordonné. Toutefois, il n’est pas proprement ordonnable. Puisque tout P4 se trouve dans un graphe induit par les sommets d’un cycle impair, un ordre propre serait aussi un ordre parfait pour le graphe. Mais une simple vérification montre que ce graphe (trouvé par Duchet et Olariu [29]) n’est pas parfaitement ordonnable. Remarque 2.15. Comme on l’a déjà signalé, on peut obtenir un algorithme beaucoup plus général que l’algorithme glouton tempéré en considérant des ordres différents dans le voisinage de chaque sommet. Ainsi, le déroulement du nouvel algorithme serait le suivant : considérer les sommets selon l’ordre global ” <g ” ; recolorier le voisinage courant N (x) de chaque sommet avec l’algorithme glouton selon l’ordre ” <p(x) ” qui est parfait dans N (x) ; donner à x la plus petite couleur disponible. 2.5. La classe N*(K1 + K2) Considérons la classe de graphes de Berge qui admettent un ordonnancement des sommets tel que le graphe orienté de la Fig. 2.4. ne soit pas induit (Maffray, Preissmann [72] notent cette classe N*(K1 + K2 )). Tous les graphes de cette classe sont parfaits (voir Hsu [63]) et sont coloriés de manière optimale par l’algorithme glouton tempéré. La preuve de cette affirmation suit les trois étapes déjà connues. Pourtant, un algorithme plus simple peut être trouvé pour colorier ces graphes. 1 2 3 Fig. 2.4. 4 A propos de la coloration 35 Supposons qu’une partie des sommets du graphe G est coloriée et que l’on veut maintenant colorier le sommet x. Si x a dans son voisinage N − (x) déjà colorié deux couleurs R et S telles qu’aucune arête d’extrémités coloriées R et S n’existe dans N − (x), alors tout sommet y de N − (x) colorié S peut devenir R. En effet, dans RS-cc(y) il n’existe aucun R-voisin de x. Si c’était le cas, alors la chaı̂ne sans cordes P de RS-cc(y) reliant y et le R-voisin de x induirait, ensemble avec x, un cycle impair dans G, dont toutes les cordes auraient une extrémité x. Alors x serait adjacent à deux sommets voisins dans P coloriés R et S, une contradiction. Deux couleurs (R,S) comme précédemment seront appelées indépendantes. L’algorithme obtenu tenant compte de la remarque antérieure est le suivant : Algorithme K1 K2 Entrée : (G, <) Sortie : coloration de G • pour tout x dans V (en ordre croissant) exécuter • s’ il existe une couleur A ∈ C(G − x) \ C(N − (x)) alors • C(x) := A • sinon • s’ il existe dans N − (x) une paire (R,S) de couleurs indépendantes alors • pour tout z dans N − (x) exécuter • si C(z) = S alors RS-échange dans RS-cc(z) • fin{pour} • C(x) := S • sinon • C(x) := une couleur nouvelle • fin{pour}. Théorème 2.16. Tout graphe G de N*(K1 + K2 ) est colorié de manière optimale par l’algorithme K1 K2 . Preuve. Il suffit de démontrer que si x est le sommet maximum de G et G − x est déjà colorié avec ω(G − x) couleurs, alors la coloration de G obtenue à l’aide de l’algorithme K1 K2 utilise ω(G) couleurs. Trois cas peuvent apparaı̂tre : 36 A propos de la coloration a) il existe une couleur A dans G − x telle que x n’a aucun voisin colorié A. Alors x est colorié avec A et χ(G) = χ(G − x) = ω(G − x) ≤ ω(G) ≤ χ(G). b) il existe les couleurs R et S telles qu’aucune arête de N − (x) n’a les extrémités coloriées en R et S. Alors dans toute RS-composante connexe qui contient un S-voisin de x on échange les couleurs R et S. La conclusion suit tout comme dans le cas a). c) pour toute paire de couleurs (R,S), il existe les sommets y (colorié R) et z (colorié S) adjacents et voisins de x. Selon l’algorithme, x va recevoir une couleur pas encore utilisée dans la coloration. On a donc k(G) = χ(G − x) + 1, où k(G) note le nombre de couleurs utilisées par notre algorithme pour colorier G. On va démontrer que ω(G) = k(G). Soit Si (i = 1, 2, . . . , k(G) − 1) l’ensemble des sommets de N − (x) coloriés avec la couleur i. Par récurrence sur h on va établir la propriété ci-dessous : (P2 ) Le sommet x est adjacent à une clique coloriée en 1, 2, . . . , h. Pour h=2, il existe les couleurs 1, 2 et les sommets y[1] et z[2] de N − (x) adjacents, donc (P2 ) est valide. Supposons que (P2 ) est vraie pour h − 1 et prouvons-la pour h. Selon l’ hypothèse de récurrence, il existe des sommets x1 , x2 , . . . , xh−1 ∈ N (x) coloriés avec 1, 2, . . . , h − 1 tels ~ (i = 1, 2, . . . , h − 1) et xi xj ∈ E (i, j = 1, 2, . . . , h − 1, i 6= j). De plus, pour que xi x ∈ E toute couleur i de 1 à h − 1 on peut trouver les sommets yi ∈ Si , zi ∈ Sh tels que yi zi ∈ E ~ Le graphe G étant de N*(K1 + K2 ), on a les conclusions suivantes : et yi x, zi x ∈ E. - pour tout i, [yi , zi , x, xi ]G implique xi zi ∈ E ; - pour tous i 6= j, une des deux situations va apparaı̂tre : soit zi = zj et alors comme précédemment on a zi xj ∈ E ; soit zi 6= zj et alors [xj , zj , x, zi ]G implique de nouveau que zi xj ∈ E. On en déduit que pour tout i et tout j, zi xj ∈ E et, de plus, xxj , xzi ∈ E. Alors la propriété (P2 ) est valide et pour le cas h = k(G) − 1 = χ(G − x) on a ω(G) = ω(G − x) + 1 = χ(G − x) + 1 = k(G).2 A propos de la coloration 37 Remarque 2.17. La classe N*(K1 + K2 ) possède un avantage remarquable par rapport aux autres classes de graphes considérées jusqu’ ici dans ce chapitre : le problème de savoir si un graphe donné G est dans N*(K1 + K2 ) ou non se résout assez facilement en remarquant que dans le cas affirmatif, et seulement dans ce cas, il existe un ordonnancement x1 , x2 , . . . , xn des sommets de G tel que le voisinage de chaque xi dans le graphe induit par {x1 , . . . , xi−1 } est un multiparti complet. Cette caractérisation permet l’obtention d’un algorithme polynomial pour reconnaı̂tre les graphes de la classe N*(K1 + K2 ). 2.6. Coloration localement parfaite On va s’ intéresser maintenant aux graphes de parité et à une coloration spéciale qui n’existe pas pour n’ importe quel graphe. On se rappelle qu’une coloration de G = (V, E) était définie comme une attribution de couleurs aux sommets de G telle que deux sommets adjacents n’aient jamais la même couleur. Evidemment, pour chaque graphe on peut trouver très facilement une telle coloration, bien que, vraisemblablement, celle-ci n’utilise pas un nombre minimum de couleurs. Une coloration de G est dite localement parfaite si pour tout u ∈ V , N (u) est colorié avec ω(N (u)) couleurs. Les trous et les anti-trous ne sont pas localement parfait coloriables, par conséquent il est normal de se demander quel est précisement le lien entre les graphes admettant une coloration localement parfaite et ceux admettant une coloration avec ω couleurs. La réponse est donnée par Preissmann [91] et Duchet [28]. Preissmann définit les graphes localement parfaits qui ont la propriété que chaque sous-graphe admet une coloration localement parfaite et prouve que les graphes localement parfaits sont parfaits. De plus, une partie des classes de graphes parfaits sont montrées être localement parfaites : tous les graphes parfaits G avec ω(G) = 3, les graphes triangulés, les graphes de parité. Duchet répond à la question posée par Preissmann (est-ce que tout graphe G qui a une coloration localement parfaite a aussi une coloration localement parfaite en ω(G) couleurs ?) en furnissant l’exemple suivant de graphe Gq ayant le nombre chromatique q + 1, le nombre de densité q et admettant une coloration localement parfaite. Pour le définir, on note X un ensemble de cardinalité q + 2. Alors Gq est donné par : - l’ensemble de sommets ! X V (Gq ) = { (x, A) ∈ X × | x 6∈ A} 2 38 A propos de la coloration - l’ensemble d’arêtes E(Gq ) = { (x, A)(y, B) | x 6∈ A, y 6∈ B, x 6= y}. Retournons maintenant à l’algorithme glouton tempéré appliqué aux graphes de parité ordonnés et notons N (u) le voisinage du sommet arbitraire u dans le graphe colorié courant. Après l’exécution du coloriage pour un certain x, le voisinage N (x) contient ω(N (x)) couleurs. Cette propriété n’est plus valide pour x lorsque l’algorithme passe à un autre sommet puisque les nouveaux échanges peuvent affecter le nombre de couleurs existantes dans N (x). Pour obtenir une coloration localement parfaite à l’aide d’un tel algorithme, il faudrait conserver la propriété |C(N (x))| = ω(N (x)). Pour cela, les échanges ne seront plus effectués dans AB-cc(y) (pour un sommet y arbitraire), mais dans une composante connexe généralisée de y (notation AB-ccg(y)) et seront appelés AB-échanges généralisés. On définit AB-ccg(y) comme la composante connexe de y dans le sous-graphe de G donné par les règles suivantes : - l’ensemble de sommets V ′ contient les sommets de V de trois types : (i) A-sommets ; (ii) B-sommets ; (iii) D-sommets z (pour tous D6= A, B) tels que C(N (z)) contient précisément une couleur parmi A et B. Les sommets de type (iii) d’une AB-ccg seront appelés pseudo A-sommets si B ∈ C(N (z)), respectivement pseudo B-sommets dans le cas où A ∈ C(N (z)) ; - l’ensemble d’arêtes est E([V ′ ]G ) \ {vw ∈ E | v, w sont tous les deux des pseudo-sommets }. Intuitivement, AB-ccg(y) est un sous-graphe partiel connexe de G tel que l’ensemble de sommets est inclus dans V ′ et deux sommets sont reliés par des chaı̂nes dans lesquelles un B-sommet est toujours suivi par un A-sommet ou un pseudo A-sommet, et réciproquement. Pour simplifier la discussion, les A et B-sommets seront appelés sommets réels, de façon qu’une chaı̂ne dans AB-ccg(y) sera formée de pseudo-sommets et de sommets réels. Avec cette définition, un AB-échange généralisé est l’opération d’ inversion des couleurs A et B dans AB-ccg(x) pour un sommet x de V . Maintenant, supposons que, pour un sommet u, le B-voisin t de u doit devenir A. Si u a aussi des A-voisins, alors le changement peut être fait : le nombre de couleurs de N (u) n’augmente pas. Si u n’a pas de A-voisins, alors u est un pseudo A-sommet et tous ses B-voisins deviendront des A-voisins après l’AB-échange généralisé. La cardinalité de C(N (u)) n’est pas changée. Alors on peut énoncer le lemme suivant : A propos de la coloration 39 Lemme 2.18. Soit F un graphe et φ une coloration localement parfaite de F . La coloration φ′ obtenue de φ en exécutant un échange généralisé dans F est localement parfaite. Cette extension de la transformation permet d’utiliser la récurrence par rapport au nombre de sommets pour obtenir, sous certaines conditions, une coloration localement parfaite d’un graphe. Soit H le sous-graphe induit des sommets de G déjà coloriés et supposons que la coloration est localement parfaite (pour |V (H)| = 1, 2 la supposition est évidemment vraie). Pour le sommet suivant x, on considère la version modifiée de l’algorithme glouton tempéré qui consiste à remplacer les AB-échanges par des AB-échanges généralisés. Si les lemmes 2.12, 2.5 et 2.13 étaient toujours valides, alors on devrait obtenir une coloration de H + x telle que N (x) soit colorié de manière optimale (c.à.d. avec ω(N (x)) couleurs) dans H + x et, pour tout u de N (x), N (u) soit colorié de manière optimale dans H. Mais sont-ils toujours valides ? Les lemmes 2.12 et 2.5 ne sont pas concernés par les échanges, par conséquent leurs preuves restent valides. Malheureusement, la preuve du lemme 2.13 est essentiellement influencée par le fait qu’une chaı̂ne sans cordes dans AB-ccg(y) n’est pas forcement une chaı̂ne sans cordes dans G. Des pseudo-sommets peuvent être adjacents dans G sans être adjacents dans AB-ccg(y). C’est la raison pour laquelle la classe de graphes que l’on peut colorier en utilisant cette modification de l’algorithme est fortement réduite. Toutefois, il est possible de continuer notre travail pour les graphes de parité. Le résultat suivant est la version du lemme 2.13 pour des composantes connexes généralisées (l’ordre ”<” est un ordre arbitraire sur V ). Lemme 2.19. Soit G un graphe de parité. Même en utilisant les échanges généralisés, la coloration de Nk (x) obtenue à l’aide de l’algorithme glouton tempéré est identique à la coloration gloutonne de (Nk (x), <). Preuve. Comme on l’a déjà vu dans la preuve du lemme 2.13, il suffit de montrer que, au moment de l’AB-échange généralisé dans AB-ccg(z) (où z est le B-sommet de rang k dans N (x)), aucun voisin de x plus petit que z n’existe dans AB-ccg(z). A cette fin on suppose le contraire, c.à.d. qu’ il existe un tel sommet v et, par le lemme 2.5, on déduit qu’ il peut être choisi un A-sommet. Evidemment, v et z ne sont pas adjacents, donc on peut trouver une chaı̂ne impaire P sans cordes les reliant dans AB-ccg(z). De plus, on peut supposer que v et z sont les plus proches tels voisins de x, non-adjacents entre eux, le long de P . Sinon, un changement de notation peut-être fait pour y arriver. 40 A propos de la coloration Dans H + x, le sous-graphe induit par {x} ∪ V (P ) est un cycle impair à au moins cinq sommets, car les couleurs ou pseudo-couleurs A, B alternent dans P . Ce cycle peut avoir des cordes reliant x à n’ importe quel u ∈ V (P ) ou reliant deux pseudo-sommets de P . Appelons RQ-arête (respectivement RQ-corde de P) une arête (respectivement une corde de P) dont les extrémités sont un pseudo R-sommet et un pseudo Q-sommet. ′ avec V (P ′ ) ⊆ V (P ) Fait 2. Pour toute sous-chaı̂ne Pab de P , il existe une chaı̂ne Pab ab ab ′ telle qu’aucune arête de Pab ne soit une AA-arête ou une BB-arête et aucune corde de ′ ne soit une AB-corde. De plus, P ′ Pab ab et Pab ont la même parité. Preuve. On considère Pab = [a = t0 , t1 , t2 , . . . , tk = b]. Le sous-graphe induit par V (Pab ) dans G contient des AA-cordes, des BB-cordes et des AB-cordes de Pab . Aucune ′ , mais chaque AB-arête est AA-arête ou BB-arête ne peut être utilisée pour construire Pab permise. Soit alors i le premier indice tel que ti est l’extrémité d’une AB-corde et soit ti tp la plus longue telle corde. Pour tout w ∈ V (Pati ) et pour tout u ∈ V (Ptp b ), on peut avoir wu ∈ E seulement si w, u ont la même pseudo-couleur. Soit P1 la chaı̂ne obtenue de Pab en considérant l’AB-arête ti tp à la place de la souschaı̂ne Pti tp . Alors P1 a la même parité que Pab car Pti tp est impair et ti tp est une arête (longueur 1). De même façon on peut construire P2 en considérant j ≥ p le premier indice ′ .2 tel que tj est l’extrémité d’une AB-corde. Par récurrence on obtient Pab Une corde uv d’une chaı̂ne est appelée courte si les extrémités u et v sont à la distance deux le long de la chaı̂ne. Fait 3. Aucune corde courte de Pab n’est croisée par une autre corde de Pab . Preuve. Dans Pab les cordes courtes sont soit des AA-cordes, soit des BB-cordes. Pour toute AA-corde uw, il existe un unique B-sommet t ∈ V (Pab ) tel que ut, tw ∈ E. Puisque t est un B-sommet et pas un pseudo B-sommet, t n’est pas l’extrémité d’une corde de Pab .2 Fait 4. Toute AA-corde ou BB-corde de P est une corde courte. Preuve. Supposons le contraire et soit l’AA-corde uw la plus courte (parmi les AA-cordes et BB-cordes) telle corde qui n’est pas une corde courte de P . Alors V (Puw ) induit un cycle impair de G dans lequel toutes les AA-cordes et BB-cordes sont courtes, A propos de la coloration 41 par conséquent elles ne peuvent pas être croisées. En utilisant le fait 2 pour Puw on ob′ dont les sommets induisent dans G un cycle impair n’ayant pas tient une chaı̂ne paire Puw d’AB-cordes et telle que chaque AA-corde ou BB-corde est courte. Ces cordes sont aussi des cordes courtes dans Pab , donc le fait 3 peut être utilisé. On en déduit que le cycle n’a pas de cordes croisées. Alors il doit être un triangle. Soit t le pseudo B-sommet tel que ut ∈ E, tw ∈ E. On considère le cycle impair C ′ induit par V (Pwt ) ∪ {u}. Il doit exister des AB-cordes dans ce cycle, sinon G ne serait pas un graphe de parité. Puisque ut est la plus longue AB-corde ayant une extrémité u (par la construction du fait 2) et toutes les AA-cordes de Puw (sauf uw elle-même) sont courtes, il n’existe pas de cordes us, avec s ∈ V (Pwt ). Utilisant le fait 2 pour Pwt (la corde wt ′ ) qui n’a pas de cordes croisées, exceptée), on obtient le cycle impair induit par u et V (Pwt une contradiction. Conclusion : les AA-cordes et les BB-cordes de P sont courtes.2 Preuve du lemme 2.19 (suite). Maintenant on note par Pzv la chaı̂ne P reliant z et v dans AB-ccg(z) dont la longueur est impaire. Deux remarques sont à faire concernant ′ ) (donné par le fait 2): les cordes du cycle induit par x et V (Pzv - pour toute corde croisée ayant une extrémité x, l’autre extrémité est un sommet réel ′ (par le fait 4, car toutes les cordes de P ′ sont des AA ou BB-cordes); de Pzv zv ′ − {z, v} qui peuvent être adjacents à x sont le B-voisin - les seuls sommets réels de Pzv de v (s’ il existe) et l’A-voisin de z (s’ il existe) ; mais ces cordes éventuelles ne peuvent pas être croisées, car ni z, ni v n’est l’extrémité d’une AA-corde ou BB-corde. On en déduit qu’ il n’existe pas de cordes croisées dans ce cycle impair : selon les remarques précédentes, aucune telle corde ne peut avoir une extrémité x ; donc elle devrait ′ . Mais P ′ n’a pas de cordes croisées. être une corde de Pzv zv Alors la suppositon faite (qu’ il existe des A-voisins de x non-adjacents à z dans AB-ccg(z)) est fausse et N (x) est optimalement colorié par l’algorithme.2 L’algorithme glouton tempéré qui utilise des composantes connexes généralisées se déroule, donc, assez bien pour les graphes de parité, mais dans la forme présente il n’est pas suffisant pour obtenir une coloration localement parfaite d’un tel graphe. Le but principal de cette section est de démontrer que l’amélioration de l’algorithme est encore possible, et pour cela on a besoin du lemme suivant (N (u) designe toujours le voisinage du sommet u dans le graphe colorié courant) : Lemme 2.20. Pour tout voisin t de x, le nombre de couleurs de N (t) ∩ N (x) à la fin de l’algorithme glouton dans N (x) est ω(N (t) ∩ N (x)). 42 A propos de la coloration Preuve. Soient c1 , c2 , . . . , cp (en ordre croissant) les couleurs de N (x) ∩ N (t) à la fin de l’algorithme glouton. Par récurrence sur h on prouve que (P3 ) N (x) ∩ N (t) contient une clique coloriée en c1 , . . . , ch . Dans le cas h = 1, la propriété est évidemment valide. Supposons maintenant qu’elle est valide pour h − 1 et prouvons-la pour h. Par récurrence, t et x ont en commun une clique Qt coloriée en c1 , . . . , ch−1 . Si z ∈ N (t)∩N (x) est colorié avec ch , alors z est adjacent à une clique Qz coloriée toujours en c1 , . . . , ch−1 et contenue dans N (x) (grace à l’algorithme glouton appliqué dans le voisinage de x). Soit St = {v ∈ Qz | vt ∈ E} Sz = {w ∈ Qt | zw ∈ E}. Les cas suivants peuvent apparaı̂tre : 1. St = ∅, Sz = ∅. Soient u ∈ Qz , s ∈ Qt deux cj -sommets, j < h. Alors u, z, t, s est un P4 dans N (x), une contradiction avec le lemme 2.12. 2. St = ∅, Sz 6= ∅. Alors Sz = Qt . En effet, s’ il existe un cj -sommet s ∈ Qt \ Sz et u est le cj -sommet de Qz , alors le graphe induit par u, z, t, s est encore une fois un P4 dans N (x), une autre contradiction. La clique Q adjacente à t et x dont les sommets sont coloriés en c1 , c2 , . . . , ch est Qt ∪ {z}. 3. St 6= ∅, Sz 6= ∅. Alors St , Sz peuvent contenir des sommets ayant la même couleur. On définit Q′ = St ∪ Sz \ {w ∈ Sz , C(w) ⊆ C(St )}. Si Q′ est une clique, alors on a fini: les sommets z, t sont adjacents à la clique Q′ coloriée en c1 , c2 , . . . , ch−1 (toutes les couleurs sont présentes dans Q′ , autrement on obtient un P4 ). Alors Q = Q′ ∪ {z} est une clique dans N (x) coloriée en c1 , c2 , . . . , ch et adjacente à t. Si Q′ n’est pas une clique, il existe v ∈ St , w ∈ Sz ∩ Q′ qui sont coloriés en ci , respectivement cj tels que vw 6∈ E. Le cj -sommet s de Qz n’est pas dans St (sinon w[cj ] ne serait pas dans Q′ ). Alors w, t, v, s induisent un P4 , une contradiction. Le lemme est prouvé.2 Dans la suite, on analyse les modifications à introduire dans l’algorithme afin d’établir le théorème suivant : Théorème 2.21. Si G = (V, E) est un graphe de parité, alors l’algorithme glouton tempéré peut être modifié pour obtenir une coloration localement parfaite de G. A propos de la coloration 43 L’exécution des échanges généralisés garantit que les sommets de V (H)\N (x) ont leurs voisinages dans H + x coloriés d’une manière optimale (lemme 2.18). Le graphe N (x) est lui aussi colorié de manière optimale. Il reste à décider la couleur de x de façon que les voisinages des sommets u de N (x) aient la même propriété dans H + x. A leur égard, deux possibilités existent : - la taille de la plus grande clique de N (u) augmente lorsqu’on ajoute le sommet x ; alors n’ importe quelle couleur absente de N (u) est convenable pour x. - la taille de la plus grande clique de N (u) reste inchangée ; alors x doit recevoir une couleur qui existe déjà dans N (u). Selon le lemme 2.20, le nombre de couleurs dans N (u) ∩ N (x) est précisement ω(N (u) ∩ N (x)), par conséquent il doit exister une couleur dans C(N (u)) \ C(N (x)). Une telle couleur est dite disponible pour u. Alors chaque sommet u de N (x) tel que ω(N (u) ∩ N (x)) < ω(N (u)) a une couleur disponible. Si ω(N (x)) = ω(H), alors x va recevoir une couleur qui n’a pas encore été utilisée. Soit S cette couleur. Si ω(N (x)) < ω(H), alors il existe une couleur S ∈ C(V (H)) \ C(N (x)). Dans les deux cas précédents, on va essayer de rendre S disponible pour tout u de N (x) qui a des couleurs disponibles, afin de colorier x en S. Pour cela, les échanges de couleurs doivent être faits de telle façon que la bonne structure de la coloration soit conservée, c’est à dire : - H soit toujours localement parfait colorié ; - aucun voisin de x ne devienne S lorsqu’on exécute un échange ; - aucun voisin de x ne perde sa couleur disponible S lorsqu’on exécute un échange ; - chaque voisin u de x avec ω(N (u) ∩ N (x)) < ω(N (u)) ait toujours une couleur disponible, c.à.d. une couleur dans C(N (u)) \ C(N (x)). La première condition est garantie par le lemme 2.18, car les échanges que l’on va utiliser sont des échanges généralisés. Maintenant, soit u un voisin de x. Si ω(N (u) ∩ N (x)) = ω(N (u)), alors on n’a rien à faire. Au contraire, si u n’a pas S comme couleur disponible, mais il possède une autre couleur disponible R, on doit changer la couleur disponible afin d’obtenir S. Lemme 2.22. Pour tout voisin u de x ayant la couleur disponible R (donnée par le R-voisin v de u), le RS-échange généralisé dans RS-ccg(v) fait S disponible pour u et conserve la bonne structure de la coloration. Preuve. Si un voisin w de x devient colorié en S pendant le RS-échange généralisé dans RS-ccg(v), alors w est un R-sommet et il est contenu dans RS-ccg(v). Considérons une chaı̂ne sans cordes P dans RS-ccg(v) reliant v et w et supposons, comme précédemment, 44 A propos de la coloration que v et w sont aussi proches que possible sur cette chaı̂ne. Alors ni u, ni x n’a de voisins sur Pvw − {v, w} qui soient des sommets réels. Si c’était le cas, alors soit S serait déjà disponible pour u, soit x aurait un voisin S. Dans tous les deux cas on aboutit à une contradiction. Par conséquent, grace au fait 4, on déduit comme auparavant que les seules paires de cordes croisées sont telles qu’une corde a une extrémité x et l’autre a une extrémité u. Soit s le voisin de u sur P qui minimise la distance à w. Si s est un pseudo R-sommet, ′ ) est impair et n’a pas de cordes croisées. Si, par alors le cycle induit par x, u et V (Pws contre, s est un pseudo S-sommet, alors sv 6∈ E (dans le cas contraire, le cycle donné par ′ ) n’aurait pas de cordes croisées), donc le cycle induit par u et P ′ fournit x, u et V (Pwv sv une contradiction. On en déduit qu’aucun R-sommet w ∈ N (x) ne change sa couleur pendant le RS-échange dans RS-ccg(v). On va prouver maintenant qu’aucun sommet ne perd sa couleur disponible S. Supposons le contraire et soit le sommet t ∈ N (x) un tel sommet. Alors tv 6∈ E, sinon S serait disponible pour t après l’échange. Considérons w un S-sommet dans N (t) \ N (x) dont la couleur devient R après l’échange (au moins un tel voisin existe). Comme auparavant, w et v peuvent être choisis les plus proches possibles. Soit P une la plus courte chaı̂ne sans cordes dans RS-ccg(v) reliant w et v. Alors aucun des sommets t, x, u n’a des voisins sur Pwv qui soient des sommets réels. En effet, si x avait un R-voisin sur cette chaı̂ne, alors celui-là deviendrait S par l’échange, et ce n’est pas possible (voir le raisonnement ci-dessus). De même, en supposant le contraire pour t ou u on obtient une contradiction. Si x n’a pas de voisins sur P , alors au moins un des sommets u et t (disons u) a des voisins sur P (autrement il n’y a pas de cordes croisées dans le cycle impair induit par V (P ′ ) ∪ {x, u, t}). Notons par s le voisin de u sur P qui minimise la distance à w le long de ′ ) donne la chaı̂ne. Si s est un pseudo R-sommet, alors le cycle induit par t, x, u et V (Pws ′ ) n’a une contradiction. Si s est un pseudo S-sommet, alors le cycle induit par u et V (Psv pas de cordes croisées. Alors x a des voisins sur P . Soit y et z les deux sommets (éventuellement identifiés) de P adjacents à x et tels qu’aucun autre voisin de x n’existe sur Pvy , respectivement sur ′ ∪ {x}) Pwz . Supposons que Pvy est paire. Alors pour le cycle impair induit par u et V (Pvy on a une contradiction. On en déduit que Pvy est impaire et la même chose pour Pzw , donc y est un pseudo S-sommet, tandis que z est un pseudo R-sommet. Maintenant, si zy 6∈ E, ′ ) donne une contradiction. Si zy ∈ E, alors alors le cycle impair induit par x et V (Pyz soient le pseudo R-sommet z1 et le pseudo S-sommet y1 le plus proches voisins de x le long A propos de la coloration 45 de la chaı̂ne Pzy , ayant ces propriétés. Alors le cycle induit par x et V (Pz′1 y1 ) (obtenue par le fait 2 en ”oubliant” la possible corde y1 z1 ) doit avoir des cordes croisées, par conséquent x doit avoir d’autres voisins sur Py′ 1 z1 . Ces voisins doivent être des pseudo-sommets, donc y1 et x1 ne sont pas les plus proches possibles, une contradiction. Par conséquent, aucun sommet t de N (x) ne perd sa couleur disponible S pendant l’échange. Pour prouver qu’après l’échange tout sommet u ∈ N (x) avec ω(N (u) ∩ N (x)) < ω(N (u)) a toujours une couleur disponible (dans ce cas S pouvant devenir disponible pour u), il suffit de remarquer que les sommets de N (x) ne changent pas leurs couleurs. En effet, comme tous les échanges utilisent la couleur S, le fait qu’un sommet de N (x) change sa couleur signifie soit qu’ il a la couleur S (ce qui n’est pas possible), soit qu’il devient S (ce qui n’est pas possible non plus). Ca veut dire que le nombre de couleurs disponibles pour u est inchangé. Conclusion : il est possible de rendre S disponible pour tout voisin de x.2 Preuve du théorème 2.21. Les deux lemmes précédents permettent d’obtenir une coloration localement parfaite de G en utilisant l’algorithme décrit ci-dessous : Algorithme LocPar Entrée : G graphe de parité, ” < ” ordre arbitraire sur V Sortie : coloration localement parfaite de G. • pour tout x de V (G) (en ordre croissant) • exécuter l’algorithme glouton avec échanges généralisés dans N (x) • choisir S selon la description • rendre S disponible pour tous u de N (x) qui possèdent des couleurs disponibles • colorier x avec S • fin{pour}. Le pas contenant l’algorithme glouton a la même complexité lorsque les composantes connexes sont remplacées par des composantes connexes généralisées et cette complexité est O(m2 + mn + n) pour l’ensemble de tous les x. Aussi, pour rendre S disponible à chaque u de N (x) il faut effectuer au plus mx échanges (où mx est le nombre d’arêtes reliant x a des sommets plus petits que lui), donc le nombre d’opérations est toujours en O(mx m). Les deux autres pas de l’algorithme LocPar demandent O(1) opérations pour un x fixé, donc la complexité totale est O(m2 + mn + n). A propos de l’(α, ω)-structure 47 Chapitre 3. A propos de l’(α, ω)-structure Les résultats déjà obtenus sur la répartition et les propriétés des cliques et stables maximums dans un minimal imparfait – que l’on appelle (α, ω)-structure – prouvent l’efficacité de ce genre d’outils, efficacité explicable par la définition même des graphes parfaits, qui fait appel à des propriétés globales du graphe traduites en language de partition par des stables ou, si l’on préfère, par des cliques. L’ introduction des graphes partitionnables est, donc, compréhensible et suggère l’ idée qu’on pourrait éventuellement s’approcher de la preuve de la Conjecture Forte en étudiant ces graphes. Un nouvel argument dans cette direction est présenté dans ce qui suit. Tous les résultats de ce chapitre ont été prouvés par Fouquet, Maire, Rusu, Thuillier [33]. 3.1. Les graphes partitionnables et leurs propriétés Le développement rapide que l’étude de l’(α, ω)-structure des graphes minimaux imparfaits a connu ces vingt dernières années est dû aux résultats très forts obtenus par Padberg [87], bien que le début de cette étude puisse être attribué à Lovász [67]. Depuis ces premiers résultats, des nombreux autres ont vu le jour (Tucker [105], Chvátal [15]), si bien qu’aujourd’ hui une liste assez riche est à notre disposition. Voici ces résultats (G est un graphe minimal imparfait, ω = ω(G), α = α(G), n = |G|) : (S1) n = αω + 1 ; (S2) pour tout w ∈ V , G − w a une unique partition en α ω-cliques et une unique partition en ω α-stables (dans ce dernier cas, un α-stable s’appelle couleur de G − w) ; 48 A propos de l’(α, ω)-structure (S3) G a précisément n α-stables et n ω-cliques ; (S4) tout sommet de G est contenu dans précisément α α-stables et dans précisément ω ω-cliques ; (S5) pour tout α-stable S de G, il existe une unique ω-clique Q(S) de G telle que S ∩ Q(S) = ∅ ; pour toute ω-clique Q de G, il existe un unique α-stable S(Q) de G tel que Q ∩ S(Q) = ∅ ; (S6) pour deux ω-cliques arbitraires Q 6= Q′ , si Q ∩ Q′ 6= ∅, alors S(Q) ∩ S(Q′ ) = ∅ ; pour deux α-stables arbitraires S 6= S ′ , si S ∩ S ′ 6= ∅, alors Q(S) ∩ Q(S ′ ) = ∅ ; (S7) pour toute ω-clique Q et tout x ∈ V , on a x ∈ Q si, et seulement si, S(Q) est une couleur de G − x ; symétriquement pour tout stable S ; (S8) G ne contient pas de petit transversal, c.à.d. d’ensemble d’au plus α + ω − 1 sommets qui intersecte toute ω-clique et tout α-stable. Bland, Huang et Trotter [8] ont appelé un graphe partitionnable s’ il existe deux nombres α ≥ 2 et ω ≥ 2 de façon que (S1) et (S2) (moins la condition d’unicité) soient valides, et ont remarqué que, pour un graphe partitionnable, α et ω doivent être le nombre de stabilité et, respectivement, le nombre de densité. De plus, ils ont prouvé que les propriétés (S1)-(S7) présentées auparavant sont vraies non seulement pour les graphes minimaux imparfaits, mais aussi pour tous les graphes partitionnables. D’autre part, la propriété (S8) (due à Chvátal [15]) n’est pas valide pour tous les 3 qui a les graphes partitionnables, fait prouvé par le graphe désigné généralement par C10 sommets 1, 2, . . . , 10 et les arêtes ij ∈ E si, et seulement si, i − j ∈ {1, 2, 8, 9}. En effet, l’ensemble de sommets {1, 3, 5, 7, 9} est un petit transversal dans G. On peut alors espérer d’obtenir une caractérisation des graphes minimaux imparfaits en ajoutant aux propriétés des graphes partitionnables la condition (S8). Malheureusement, ce n’est pas vrai. Le graphe F donné par l’ensemble de sommets {1, 2, . . . , 17} et ij ∈ E si, et seulement si, i − j ∈ {2, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 15} n’est pas minimal imparfait, bien qu’ il soit partitionnable et sans petit transversal. Ce graphe a été trouvé par Chvátal, Graham, Perold, Whitesides [17]. On en déduit qu’une autre propriété est nécessaire afin d’obtenir la caractérisation que l’on cherche. Notre but ici est de suggérer une telle propriété et de montrer que, si elle était vraie, alors elle serait suffisante pour une classe très large de graphes, à savoir pour tous les graphes de diamètre au moins 7. Aussi, dans la preuve de notre résultat principal, on présente une nouvelle voie d’approche des graphes minimaux imparfaits, qui est assez A propos de l’(α, ω)-structure 49 puissante pour justifier l’étude des transversaux en général et des petits 2-transversaux (voir la définition ci-dessous) en particulier. 3.2. Du petit transversal au petit 2-transversal Afin de mieux justifier la généralisation du petit transversal, reprenons la preuve du fait (S8). Supposons que le graphe minimal imparfait G de paramètres α et ω a un petit transversal T ; alors G − T est un graphe parfait, donc le Théorème des graphes parfaits garantit que α(G − T )ω(G − T ) ≥ |G − T |. De plus, T intersecte toute ω-clique et tout α-stable, par conséquent α(G − T ) ≤ α − 1 et ω(G − T ) ≤ ω − 1. Utilisant la relation précédente et (S1) on déduit : (α − 1)(ω − 1) ≥ α(G − T )ω(G − T ) ≥ |G| − |T | = αω + 1 − |T | (1) et alors |T | ≥ α + ω, une contradiction. La propriété (S8) est prouvée. Supposons maintenant qu’on veuille trouver une propriété analogue concernant un 2-transversal, c.à.d. un ensemble de sommets intersectant toute ω-clique et tout α-stable en au moins deux sommets. Si le même raisonnement était valable, alors la relation (3.1) deviendrait (α − 2)(ω − 2) ≥ α(G − T )ω(G − T ) ≥ |G| − |T | = αω + 1 − |T | (2) et on pourrait déduire |T | ≥ 2α + 2ω − 3. Pour en obtenir une contradiction il suffirait alors d’ imposer la condition de ”petit” 2-transversal suivante : |T | ≤ 2α + 2ω − 4. Malheureusement, la suite de relations (3.2) ne peut pas être déduite à cause du fait que le 2-transversal T – bien qu’ il intersecte toutes les 50 A propos de l’(α, ω)-structure ω-cliques et toutes les α-stables en deux sommets – n’ intersecte pas forcément toutes les (ω − 1)-cliques et toutes les (α − 1)-stables ; il est donc possible d’avoir ω(G − T ) = ω − 1 ou α(G − T ) = α − 1. On en déduit que la même idée de preuve ne peut pas être utilisée pour démontrer qu’un minimal imparfait n’a pas de petits 2-transversaux. Toutefois, le concept de petit 2-transversal est intéressant, d’autant plus que les trous et les anti-trous ne contiennent pas de tel ensemble. Suivant les remarques précédentes, on dit qu’un ensemble T de sommets de G est un petit 2-transversal de G si les deux conditions ci-dessous sont satisfaites : • la cardinalité de T est au plus 2α + 2ω − 4 ; • T intersecte tous les α-stables et toutes les ω-cliques en au moins deux sommets. En effet, un trou ou un anti-trou n’a pas de petit 2-transversal. Si un trou en avait un (noté T ), alors T devrait rencontrer toute arête en deux sommets, donc T devrait contenir tous les sommets de G. Alors sa taille serait n, le nombre de sommets du trou, tandis que 2α + 2ω − 4 = 2α = ωα = n − 1, une contradiction. Un raisonnement similaire prouve que les anti-trous n’admettent pas de petits 2-transversaux non plus. Alors la Conjecture Forte implique la conjecture suivante : Conjecture 3.1. Un graphe minimal imparfait n’admet pas de petit 2-transversal. Comme pour les petits transversaux, on peut se demander s’ il existe des graphes partitionnables sans petit 2-transversal qui ne sont pas minimaux imparfaits. Jusqu’ ici nous n’avons pas trouvé un tel graphe, ce qui confirme – d’une certaine façon – l’ intuition que la propriété d’un graphe de ne pas avoir un petit 2-transversal est plus forte que celle similaire concernant le petit transversal. En plus, le petit 2-transversal est un outil qui offre la possibilité d’ identifier une certaine structure et de raisonner là-dessus dans un graphe minimal imparfait sans aucune propriété supplémentaire (ce qu’on va voir dans la section suivante), tandis que la même chose n’est pas valable pour le petit transversal. Cette nouvelle voie va nous permettre de prouver le théorème suivant (diam(G) est le diamètre de G) : Théorème 3.2. Soit G un graphe avec ω 6= 3 et diam(G) ≥ 7. Alors : G est partitionnable sans petit 2-transversal si, et seulement si, G est un trou. A propos de l’(α, ω)-structure 51 On remarque que la condition ω 6= 3 n’a que peu d’ importance lorsqu’on s’ intéresse aux graphes parfaits car Tucker [108] a établi la Conjecture Forte pour les graphes ayant ω = 3. On peut alors déduire: Corollaire 3.3. Pour les graphes de diamètre au moins 7, la Conjecture 3.1 est équivalente à la Conjecture Forte. Puisque la Conjecture Faible est prouvée, on peut aussi obtenir le résultat ci-dessous : Corollaire 3.4. Soit G un graphe partitionnable avec ω > 3, α > 3. Alors : 1. soit diam(G) et diam(Ḡ) sont au plus 6 ; 2. soit G a un petit 2-transversal. 3.2.1. Résultats préliminaires Soient u, v deux sommets dans le graphe partitionnable G = (V, E). Pour tout sommet w ∈ V il existe, selon la propriété (S2), une unique partition de G − w en ω α-stables, c.à.d. couleurs. Si, dans G − w, les sommets u, v ont la même couleur, cette couleur sera dite noire. Dans le cas contraire (ou dans le cas où w ∈ {u, v}), on dira que la couleur de u est rouge et la couleur de v est verte. Une ω-clique Q est appelée noire si l’α-stable correspondant S(Q) est de couleur noire. Cela veut dire que pour chaque sommet w de Q, l’ensemble S(Q) est de couleur noire dans la partition de G − w (selon (S7)), donc il contient les deux sommets u et v. Une ω-clique Q est appelée rouge (respectivement verte) si l’α-stable correspondant S(Q) est de couleur rouge (respectivement verte). Alors pour chaque sommet t de la clique rouge Q, S(Q) est la couleur de u dans G − t. Si t 6= v, soit S ′ la couleur de v dans G − t. De nouveau par (S7), t doit être dans la clique verte correspondant à S ′ , c.à.d. Q(S ′ ). Par conséquent, t est contenu dans une clique rouge et dans une clique verte qui correspondent respectivement aux couleurs de u et v dans G − t. Il est important de souligner les deux faits suivants: 1. deux cliques de la même couleur ne peuvent pas se rencontrer (sinon, par (S6), les stables correspondants seraient disjoints, tandis que leur intersection contient en fait au moins un des sommets u, v); 2. une clique noire ne peut pas intersecter une clique rouge ou verte (évidemment). 52 A propos de l’(α, ω)-structure Pour cette raison, un sommet arbitraire w 6= u, v est soit dans une unique clique noire, soit dans une unique clique rouge et une unique clique verte. Le sommet v est seulement dans une clique rouge (notée V), celle qui a l’ intersection vide avec la couleur de u dans G − v. De façon similaire, u est seulement dans une clique verte, notée U. Soit H le graphe d’ intersection des cliques rouges et vertes dans G, c.à.d. le graphe ayant pour ensemble de sommets V (H) = {a | a est une clique rouge ou verte} et pour ensemble d’arêtes E(H) = {ab | a, b ∈ V (H), a ∩ b 6= ∅}. Puisque les cliques de la même couleur sont disjointes, le graphe H est biparti. Fait 1. Le graphe H est connexe. Preuve. Montrons d’abord que U et V sont dans la même composante connexe de H. Supposons que ce n’est pas le cas et soit F l’ensemble de sommets de G correspondant à la composante connexe de H contenant U, mais pas V. Alors F est partitionné par des cliques vertes, donc |F | = kω, où k est un entier positif. De plus, F − {u} est partitionné par des cliques rouges, donc |F | − 1 = hω, où h est aussi un entier positif. Les deux relations obtenues donnent une contradiction. Supposons maintenant que H n’est pas connexe et soit C l’ensemble de sommets de G correspondant à la composante connexe de H ne contenant pas U et V. On note RC et VC l’ensemble des cliques rouges, respectivement vertes de C et RG−C , VG−C les ensembles similaires de G − C. Avec la notation N pour l’ensemble des cliques noires de G, on a que G − u est partitionné d’une part par N ∪ RC ∪ RG−C et d’autre part par N ∪ VC ∪ RG−C , ce qui contredit (S2). Par conséquent H est connexe.2 Soient maintenant A, B, C trois ω-cliques qui induisent une chaı̂ne à trois sommets ABC dans H. On va dire que (AB, C) est une obstruction si A ∩ B est réduit à un seul sommet et ce sommet est contenu dans le stable S(C). Un P4 ABCD dans H est dit robuste si aucune des paires (AB, C) et (DC, B) n’est une obstruction. Fait 2. Si H contient une des configurations de la Fig. 3.1., alors il contient aussi un P4 robuste. A propos de l’(α, ω)-structure a b e c d 53 a e c d a d e d (d ) = 2 H b f c f d=/ U,V b (C3) (C2) (C1) b a c d e d a a e b c d d ( c) = 2 H b c =/ U,V c (C4) (C6) (C5) a b e c f d g h (C7) Fig. 3.1. Dans la figure 3.1. les arêtes doubles signifient que l’ intersection des cliques contient au moins deux sommets de G, tandis que dH (d) est le degré du sommet d, c’est à dire le nombre d’arêtes incidentes à d. Preuve. Pour simplifier les discussions, considérons d’abord la notation suivante. On va marquer une arête xy de H avec le symbole z (où z est un sommet de H) si (xy, z) n’est pas une obstruction. Au contraire, l’arête sera marquée avec z̄ si (xy, z) est une obstruction. On remarque que si w est un sommet de H, alors au plus une arête incidente à w est marquée z̄, sinon la clique de G correspondant à w aurait deux sommets de la même couleur. Et maintenant considérons les configurations l’une après l’autre. (C1) Si le P4 acde n’est pas robuste, alors on peut supposer que de est marquée avec c̄, par conséquent df est marquée c. Puisque au moins une des arêtes ac, bc est marquée d (disons bc), on obtient un P4 robuste bcdf . (C2) Le même type de raisonnement conduit à l’obtention d’un P4 robuste. (C3) L’ intersection de c et d est de cardinalité au plus ω − 2 (sinon au moins une des intersections a ∩ c, b ∩ c serait vide) et, puisque d n’a pas d’autre voisins que c et e, on 54 A propos de l’(α, ω)-structure en déduit que |d ∩ e| ≥ 2. Comme d peut former obstruction avec au plus une des arêtes ac, bc, on en déduit l’existence d’un P4 robuste. (C4), (C5), (C6) Se traitent de façon analogue à (C1), (C2), (C3), sauf que maintenant les lignes doubles simplifient la discussion. (C7) Si abeh n’est pas robuste, alors on peut supposer que eh est marquée b̄, cas dans lequel f h, gh sont toutes les deux marquées b. Si abf h n’est pas robuste, alors ab est forcément marquée f¯, par conséquent ac, ad sont marquées f . Encore une fois, si abgh n’est pas robuste, on déduit que ab est ḡ et ac, ad sont g, tandis que adgh implique que gh est d¯ et f h, eh sont d. Alors dans le P4 adf h, f h est marquée d et ad est marquée f , donc ce P4 est robuste.2 Le résultat ci-dessus garantit que l’on peut trouver un P4 robuste dans le graphe H dès qu’on rencontre dans H une des configurations indiquées. La preuve du théorème 3.2, présentée dans la section suivante, utilise la condition diam(G) ≥ 7 pour obtenir l’existence dans H d’un P4 robuste tel qu’aucune de ses extrémités ne soit U ou V. Un tel P4 implique l’existence d’un petit 2-transversal, comme prouvé ci-dessous, donc la partie ”seulement si” du théorème 3.2 sera établie. La partie ”si” est évidemment vraie. 3.2.2. Les preuves Supposons que G est un graphe partitionnable avec ω 6= 3 et diam(G) ≥ 7, différent d’un trou. Puisque les seuls graphes partitionnables ayant ω = 2 sont les trous, on peut supposer que ω ≥ 4. On va prouver que G a un petit 2-transversal. Soient u, v deux sommets de G tels que la distance entre u et v dans G soit égale au diamètre. Utilisant ces sommets, on peut définir les couleurs noire, rouge et verte, ainsi que les cliques correspondantes comme précédemment. Le graphe H et les cliques U et V ont les mêmes significations. Fait 3. Si H contient un P4 robuste ABCD tel que {A, D} ∩ {U, V} = ∅, alors G contient un petit 2-transversal. Preuve. Puisque ABCD est robuste, (AB, C) et (DC, B) ne sont pas des obstructions. Sans perte de généralité on peut supposer que A et C sont des cliques rouges, tandis que B et D sont des cliques vertes. Les α-stables correspondants sont notés, comme d’habitude, S(A), S(B), S(C), S(D) respectivement. Considérons l’ensemble T = A∪S(B)∪S(C)∪D et montrons qu’ il est un petit 2-transversal. Evidemment, toute ω-clique de T intersecte A propos de l’(α, ω)-structure 55 tout α-stable de T , donc |T | = 2α + 2ω − 4. Soit Q une clique arbitraire dans G. Si Q 6= B et Q 6= C, alors Q intersecte les ensembles stables disjoints, à cause de (S6), S(B) et S(C). Si Q = B, alors Q ∩ A 6= ∅ et Q ∩ S(C) 6= ∅ ; dans le cas où |Q ∩ A| ≥ 2, on a fini ; dans le cas contraire, l’unique sommet de Q ∩ A n’est pas dans S(C) (sinon (AB, C) serait une obstruction), donc |Q ∩ T | ≥ 2. Le raisonnement est similaire pour Q = C. Soit S un stable arbitraire de G. Si S 6= S(A) et S 6= S(D), alors S intersecte les ω-cliques disjointes A et D, par conséquent |S ∩ T | ≥ 2. Pour S = S(A) on trouve S ∩ S(C) ⊇ {u} et S ∩ D 6= ∅ donc, puisque D 6= U, on a |T ∩ S| ≥ 2. Le raisonnement est similaire pour S = S(D).2 Le résultat précédent montre qu’ il est intéressant de trouver un P4 robuste d’extrémités différentes de U et V dans H, car de cette façon on peut prouver l’existence d’un petit 2-transversal dans le graphe G. On va chercher ce P4 en deux étapes : d’abord on analyse une chaı̂ne P reliant U et V dans H en essayant de trouver le P4 près de P ; puis, si on n’a pas trouvé le P4 cherché, on identifie la structure particulière de H et on prouve qu’ il doit exister un P4 convenable ailleurs. Quelques nouvelles notations sont nécessaires avant de commencer cette recherche. Appelons poids de l’arête xy de H (notation π(xy)) la cardinalité de x∩ y. Le poids du sommet x (notation Π(x)) est le poids total des arêtes incidentes à x. Pour tout sommet x 6= U, V, on a Π(x) = ω ; de plus, Π(U) = Π(V) = ω − 1. On va appeler doublage d’une chaı̂ne sans cordes P un triplet de sommets consécutifs a, b, c de P tels qu’ il existe un sommet d 6∈ V (P ) adjacent à a et c. Dans ce cas le sommet b sera dit doublé. Soient P = [u1 , u2 , . . . , uh−1 , uh ] et P ′ = [v1 , v2 , . . . , vh−1 , vh ] deux chaı̂nes disjointes sans cordes de la même longueur dans H. On dit que P et P ′ sont parallèles si les deux conditions suivantes sont satisfaites : • pour tout i ∈ {1, 2, . . . , h}, ui vi ∈ E(H) et π(ui vi ) = ω − 2; • pour tout i ∈ {1, 2, . . . , h − 1}, π(ui ui+1 ) = π(vi vi+1 ) = 1. Puisque H est un graphe biparti connexe, entre U et V il existe dans H au moins une plus courte chaı̂ne P = [U, x1 , x2 , . . . , x2p , V], de longueur impaire. Remarquer que p ≥ 3, c.à.d. la longueur de P est au moins sept. Si ce n’était pas le cas, alors cette longueur serait au plus cinq et on pourrait trouver dans G une chaı̂ne de longueur au plus 6 reliant u et v, une contradiction. 56 A propos de l’(α, ω)-structure Le centre de la chaı̂ne P est supposé être un sommet imaginaire au milieu de l’arête xp xp+1 . Si dans H il existe une plus courte chaı̂ne P reliant U et V qui contient un doublage, alors on suppose P choisie de façon que le doublage soit le plus proche possible du centre de la chaı̂ne. Dans le cas contraire, P est une plus courte chaı̂ne arbitraire. Fait 4. Pour le graphe H et la chaı̂ne P , l’une au moins des deux propriétés suivantes est vérifiée : 1. H contient un P4 robuste tel que {A, D} ∩ {U, V} = ∅. 2. H contient deux chaı̂nes parallèles C, C ′ telles que V (P ) ⊂ V (C) ∪ V (C ′ ) et U, V sont parmi les extrémités des chaı̂nes C, C ′ . Preuve. On suppose que 1 n’est pas vrai et on prouve 2. Cas 1. P ne contient pas de doublage. Remarquons qu’au moins un des sommets intérieurs xi , 2 ≤ i ≤ 2p − 1 de la chaı̂ne doit avoir des voisins situés en dehors de la chaı̂ne. Sinon, alors soit π(x1 x2 ) = 1, et alors π(x2 x3 ) = π(x4 x5 ) = ω − 1, donc x2 x3 x4 x5 satisfait 1 ; soit π(x1 x2 ) = r > 1, et alors π(x3 x4 ) = r > 1, donc x1 x2 x3 x4 satisfait 1. Par conséquent, il existe un sommet xk (2 ≤ k ≤ 2p − 1) ayant des voisins en dehors de P . Soit Z l’ensemble de ces voisins. Sans perte de généralité on peut supposer que 2 ≤ k ≤ p, sinon on peut changer les notations pour y arriver. Alors xk−1 , xk+1 , xk+2 , xk+3 existent et, selon les hypothèses, sont tous différents de U et de V. Pour z ∈ Z, à cause de la configuration (C4) appliquée au graphe induit par les sommets xk−1 , xk , z, xk+1 , xk+2 , on déduit que π(xk+1 xk+2 ) = 1. A cause de la configuration (C3), xk+1 doit avoir lui aussi des voisins en dehors de P . Leur ensemble est désigné par W . La configuration (C1) garantit que toutes les arêtes possibles sont présentes entre Z et W , autrement on a déjà trouvé le P4 cherché. Encore une fois par (C4) et (C3) (pour xk wxk+1 xk+2 xk+3 , où w ∈ W ) on a que π(xk+2 xk+3 ) = 1 et pour xk+2 il existe aussi l’ensemble non-vide T des voisins non-situés sur la chaı̂ne. De plus, toutes les arêtes existent entre W et T , sinon on a (C1). La configuration (C4) pour txk+2 xk+3 xk+1 xk (t ∈ T ) donne π(xk xk+1 ) = 1, et donc pour xk+1 soit on a |W | ≥ 2, soit il existe un unique w dans W et π(xk+1 w) = ω − 2. Cas 1.1. |W | ≥ 2. Pour tout t ∈ T , tout z ∈ Z et deux sommets arbitraires w1 , w2 ∈ W , (C5) donne π(xk+2 t) = 1, par conséquent |T | ≥ 2 (sinon Π(xk+2 ) = 3 < ω, A propos de l’(α, ω)-structure 57 une contradiction). On considère alors t1 , t2 ∈ T . La configuration (C2) pour xk+2 , t1 , t2 , w1 et deux sommets de Z donne l’existence d’un P4 convenable, donc on peut supposer que |Z| = 1. Maintenant, de xk zw1 w2 t1 et (C5) on obtient π(xk z) = 1. Puisque π(xk−1 xk ) = 1, par (C5) pour xk−1 , xk , xk+1 , w, xk+2 , on a que Π(xk ) = 3 < ω, une contradiction. Cas 1.2. |W | = 1. Si w ∈ W , on a alors que π(xk+1 w) = ω − 2. Puisque Z 6= ∅ et T 6= ∅, le poids de w implique |Z| = 1, |T | = 1. De plus, π(zw) = 1, π(wt) = 1 et on a aussi π(xk z) = π(xk+2 t) = ω − 2 (car xk , xk+2 n’ont pas d’autres voisins). Le même raisonnement est valable maintenant pour xk+1 et xk+2 , en considérant les sommets consécutifs vers U ou vers V, selon les possibilités. De cette façon on obtient soit un P4 convenable, soit une chaı̂ne [y2 , y3 , . . . , y2p−1 ] parallèle à [x2 , x3 , . . . , x2p−1 ]. Ensuite, y2 doit avoir encore un voisin y1 tel que π(y1 y2 ) = 1. A son tour, y1 doit posséder encore des voisins. Si tous les voisins r de y1 distincts de y2 sont tels que π(ry1 ) = 1, alors à cause de (C1) on obtient que y1 a précisément deux tels voisins et un de ces voisins est en fait x1 . Mais alors Π(y1 ) = 3 < ω, une contradiction. Si, par contre, y1 a un voisin q tel que π(qy1 ) ≥ 2, alors (C4) pour q, y1 , y2 , x2 , y3 donne q = x1 , donc y1 x1 ∈ E(H). Puisque π(x1 y1 ) ≤ ω − 2 (sinon Π(x1 ) > ω), y1 a encore un voisin y0 (qui est unique, en fait) tel que π(y0 y1 ) = 1. Par conséquent π(x1 y1 ) = ω − 2. De même façon on obtient l’existence d’un sommet y2p qui continue la chaı̂ne [y2 , y3 , . . . , y2p−1 ] de l’autre côté. Comme on l’a déjà remarqué, y1 doit avoir un autre voisin y0 (qui est unique) tel que π(y0 y1 ) = 1. Comme auparavant, on en déduit que y0 U ∈ E(H) et π(y0 U) = ω − 2. De façon analogue, il existe un sommet y2p+1 qui continue la chaı̂ne de l’autre coté. Le fait 4 est prouvé dans ce cas. Cas 2. P contient au moins un doublage. Considérons le doublage qui est le plus proche du milieu et soit xk−1 , xk , xk+1 les sommets concernés. Cas 2.1. k 6= p, p + 1. Alors on suppose sans perte de généralité que k < p et ni xk+1 , ni xk+2 n’est le sommet central d’un doublage. Il existe aussi le sommet xk+3 qui est différent de V. On note x′k un autre sommet adjacent à xk−1 , xk+1 . La configuration (C4) pour xk , x′k , xk+1 , xk+2 , xk+3 implique π(xk+2 xk+3 ) = 1. La configuration (C3) pour xk , x′k , xk+1 , xk+2 , xk+3 donne l’existence d’un sommet z adjacent à xk+2 . En utilisant (C1), on a que z est adjacent à au moins un des sommets xk , x′k . Il ne peut pas être adjacent à 58 A propos de l’(α, ω)-structure xk , car alors xk , xk+1 , xk+2 serait un doublage plus proche du centre. Et il ne peut pas être adjacent à x′k non plus, car on trouverait la chaı̂ne U . . . xk−1 x′k xk+1 xk+2 xk+3 . . . V de la même longueur que P , mais ayant le doublage plus proche du centre. On a donc une contradiction. Cas 2.2. k = p ou k = p + 1. Sans perte de généralité on suppose que k = p. Puisque k ≥ 3, les sommets xk−2 , xk−1 , xk+1 , xk+2 , xk+3 sont différents de U et V. Soit A l’ensemble des sommets adjacents à xk−1 et xk+1 . On a |A| ≥ 2 et on considère x′k ∈ A, x′k 6= xk . A cause de (C5) et, respectivement, (C4) on a π(xk+1 xk+2 ) = π(xk+2 xk+3 ) = 1, donc xk+2 a au moins un autre voisin z. Cas 2.2.1. |A| ≥ 3. Soit x′k , x′′k deux sommets de A \ {xk }. La configuration (C1) pour x′k , x′′k , xk+1 , xk+2 , z, xk+3 impose que z soit adjacent à au moins |A| − 1 sommets de A. Si z est adjacent à A \ {xk }, mais il n’est pas adjacent à xk , alors π(xk−1 xk ) = 1 à cause de (C5) pour z, x′k , x′′k , xk−1 , xk . De plus, toujours (C5) impose que π(xk−1 x′k ) = 1, pour tout x′k ∈ A \ {xk }, et π(xk−2 xk−1 ) = 1. La configuration (C2) garantit que xk−1 n’a pas d’autres voisins à part des sommets de A et de xk−2 . On en déduit que |A| = ω − 1, par conséquent z est adjacent à ω − 2 sommets de A. Toutes les arêtes zx′k sont de poids 1 à cause de (C5) pour z, x′k , xk−1 , xk , xk+1 . Ensuite, de nouveau (C5) donne π(zxk+2 ) = 1 et alors z doit avoir un voisin w 6= xk+2 qui n’est pas dans A. Mais alors xk−1 , x′k , x′′k , z, xk+2 , w est la configuration (C2), une contradiction. On peut donc supposer que tout z 6= xk+1 , xk+3 adjacent à xk+2 est aussi adjacent à tous les sommets de A. La configuration (C5) garantit que π(zxk+2 ) = 1 pour tout tel z, par conséquent il existe au moins deux voisins z, z ′ de xk+2 . Alors xk−1 , xk , x′k , x′′k , xk+1 , z, z ′ , xk+2 est la configuration (C7). Cas 2.2.2. |A| = 2. Soient xk , x′k les sommets de A. Comme on l’a déjà dit, π(xk+1 xk+2 ) = π(xk+2 xk+3 ) = 1 et xk+2 a au moins un autre voisin z. La configuration (C1) implique l’adjacence de z à au moins un des sommets xk , x′k . Au cas où il serait adjacent à tous les deux, (C5) impliquerait que π(xk−1 x′k ) = π(xk−1 xk ) = π(xk−2 xk−1 ) = 1. Alors Π(xk−1 ) = 3 < ω, une contradiction. On peut donc supposer que z est adjacent à x′k et qu’ il n’est pas adjacent à xk . La configuration (C5) donne d’une part, π(xk xk+1 ) = 1 (à cause de z, x′k , xk+1 , xk+2 , xk ) et d’autre part π(x′k z) = 1 (à cause de xk−1 , xk , x′k , xk+1 , z). De façon analogue on obtient que π(xk−1 x′k ) = 1. Comme xk+1 n’a pas d’autres voisins (grâce à (C2)), on en déduit que π(xk+1 x′k ) = ω − 2 et, similairement, π(xk+2 z) = π(xk−1 xk ) = ω − 2. Si on analyse les chaı̂nes xk−1 x′k z et xk xk+1 xk+2 , on remarque qu’elles sont parallèles. A propos de l’(α, ω)-structure 59 On aimerait bien les prolonger. A ce moment, les chaı̂nes qui promettent d’être parallèles sont [U, x1 , . . . , xk−2 , xk−1 , x′k , z] et [xk , xk+1 , . . . , x2p , V]. Au début, on se rappelle qu’on avait une seule chaı̂ne qui a été cassée parce qu’un doublage est apparu. Le phénomène est en fait le même chaque fois qu’un doublage apparaı̂t. Pour voir cela, remarquons que xk−2 ne peut pas être le sommet central d’un doublage de P parce qu’on a déjà Π(xk−1 ) = ω. Tant qu’on a de tels sommets, la chaı̂ne peut être étendue avec l’argument utilisé dans le cas 1. Supposons maintenant, par exemple, que xk−3 soit doublé. Alors un sommet x′k−3 adjacent à xk−2 existe et le graphe induit par xk−3 , x′k−3 , xk−2 , xk−1 , xk est la configuration (C4), excepté si xk x′k−3 est une arête. Alors la chaı̂ne est cassée encore une fois, et U, V sont de nouveau sur la même chaı̂ne parmi les deux chaı̂nes parallèles. Par récurrence, utilisant les arguments ci-dessus, on déduit l’existence de deux chaı̂nes parallèles qui ne contiennent pas U, V, mais contiennent tous les autres sommets. Très facilement ces chaı̂nes peuvent être prolongées de façon que ces deux sommets particuliers soient contenus, donc le fait 4 est prouvé.2 Preuve du théorème 3.2. Si G est un graphe partitionnable avec ω ≥ 4, diam(G) ≥ 7 et qui n’est pas un trou, alors par le fait 4, soit on a un P4 robuste avec les extrémités distinctes de U, V (et dans ce cas le fait 3 garantit l’existence d’un petit 2-transversal), ou bien il existe deux chaı̂nes parallèles C et C ′ . Dans ce dernier cas, soit a le voisin de U tel que π(aU) = ω −2 et b le voisin similaire de V. Alors a et b doivent avoir, chacun d’eux, un autre voisin, U ′ , respectivement V ′ , tels que π(aU ′ ) = 1 et π(bV ′ ) = 1. On remarque que U ′ a la même couleur que U (vert) et V ′ a la même couleur que V (rouge). De plus, que (à cause du fait que les sommets de V (C)∪V (C ′ ) sont saturés) U ′ et V ′ sont dans la même composante connexe de H \ V (C) \ V (C ′ ) ; la preuve est similaire à la preuve du fait 1, première partie. Par conséquent, il existe une chaı̂ne la plus courte P ′ reliant U ′ et V ′ dans H \ V (C) \ V (C ′ ). Elle doit être de longueur au moins trois, sinon U et V pourraient être reliés par une chaı̂ne de longueur cinq, une contradiction. Considérons maintenant la chaı̂ne P ′′ donnée par U, a, P ′ , b, V. Cette chaı̂ne est de longueur au moins sept, est la plus courte parmi les chaı̂nes reliant U et V dans H\{les sommets internes de C et C ′ }, et peut être choisie de façon que le doublage (s’il y en a) soit le plus proche possible du centre. Le fait 4 peut être appliqué aussi pour la chaı̂ne P ′′ (le même raisonnement dans la preuve) afin de déduire soit l’existence d’un P4 convenable (et on a fini), soit l’existence de deux chaı̂nes parallèles contenant les sommets de P ′′ . Ce dernier cas est évidemment impossible : U a précisement deux voisins et un d’eux est saturé dans C ∪ C ′ , donc il ne peut pas être contenu dans les nouvelles chaı̂nes parallèles.2 60 A propos de l’(α, ω)-structure Remarque 3.5. Utilisant les idées de la preuve précédente, on peut facilement construire un graphe H, de diamètre cinq, qui ne contient pas un P4 convenable. Dans ce cas il suffit de considérer les deux chaı̂nes parallèles C, C ′ et d’ introduire une arête de poids ω − 1 entre U ′ et V ′ . Cet exemple montre que la même méthode n’est pas suffisante pour réduire le diamètre des graphes qu’on considère. Preuve du corollaire 3.3. On a déjà remarqué que la Conjecture Forte implique la conjecture 3.1. On va prouver maintenant l’ inverse. Considérons un graphe minimal imparfait G de diamètre au moins sept. Alors il est partitionnable et, de plus, par la conjecture 3.1, il n’admet pas de petit 2-transversal. Alors on a soit ω = 3 (et par le résultat de Tucker [108] on a une contradiction), ou un trou (par le théorème 3.2). On en déduit que la Conjecture Forte est vraie.2 Preuve du corollaire 3.4. Supposons que ni la propriété 1, ni la propriété 2 n’est valide. Alors G n’a pas de petit 2-transversal et le diamètre de G ou le diamètre de Ḡ est au moins sept. Supposons, sans perte de généralité, que diam(G) ≥ 7. Alors toutes les hypothèses du théorème 3.2 sont satisfaites, donc G doit être un trou. Mais alors ω = 2, une contradiction.2 A propos de la parité 61 Chapitre 4. A propos de la parité Les paires d’amis ne doivent pas leur célébrité à un avantage algorithmique étonnant, ce qui est vrai, par exemple, pour les ordres parfaits ; non plus à un avantage théorique étonnant, car leur utilité n’égale pas jusqu’ ici celle, par exemple, des étoiles déconnectantes ; plutôt à une intuition que l’on n’arrive pas a concrétiser. Encore des essais, encore des contre-exemples, dans ce chapitre. 4.1. Des résultats aux conjectures L’idée de Meyniel [77] pour prouver qu’un graphe minimal imparfait ne contient pas de paire d’amis s’appuie sur le lemme suivant (dû à Fonlupt, Uhry [32]) qui, à son tour, utilise l’opération d’ identification des sommets. En partant d’un graphe G = (V, E), considérons le graphe Gxy obtenu à partir de G en remplaçant les sommets non-adjacents x et y de G par un seul sommet z dont le voisinage est la réunion des voisinages de x et y. On dit alors que Gxy se déduit à partir de G par l’identification de x et y. Evidemment, l’ identification d’une paire arbitraire de sommets peut aboutir à la construction d’un trou impair, ce qui, du point de vue de la perfection, n’est pas souhaitable. Par contre, si la paire de sommets est reliée seulement par des chaı̂nes sans cordes de longueur paire, alors tous les trous formés sont pairs. De plus, dans ce cas ni le nombre de densité, ni le nombre chromatique du graphe Gxy ne sont augmentés ou réduits par rapport à ceux de G. 62 A propos de la parité Lemme 4.1. (Fonlupt, Uhry) Si (x, y) est une paire d’amis de G = (V, E), alors le graphe Gxy satisfait ω(Gxy ) = ω(G) χ(Gxy ) = χ(G). A partir de ce lemme, il n’est pas difficile de montrer qu’un graphe minimal imparfait G ne peut pas contenir une paire d’amis (par ailleurs, Reed [96] prouve qu’ il en est de même pour n’ importe quel graphe partitionnable). De plus, le Théorème des Graphes Parfaits garantit que la même propriété est vraie pour Ḡ. Par conséquent, il apparaı̂t naturel de définir les graphes impair-connexes qui sont tels que ni le graphe, ni son complémentaire ne contient de paire d’amis. Alors tout graphe minimal imparfait est impair-connexe et tout graphe qui n’est pas de quasi-parité contient au moins un sous-graphe impair-connexe. Ayant toujours pour but d’examiner la Conjecture Forte, la question qui se pose, dans le cas des paires d’amis aussi bien que dans le cas de n’ importe quelle autre structure particulière, est : quelle propriété concrète (et surtout utile) satisfont les graphes de Berge qui ne sont pas le support d’une telle structure ? L’ intention serait ainsi de couvrir la classe des graphes de Berge par des classes dont la perfection est connue ou, au moins, pourrait être approchée avec plus de chances que pour les graphes de Berge en général. Le premier essai dans cette direction a été fait par Reed [94] qui a proposé la conjecture suivante : Conjecture 4.2. (Reed) Soit G un graphe de Berge tel que 1. ni G, ni Ḡ n’admet de paire d’amis ; 2. ni G, ni Ḡ n’admet d’étoile déconnectante. Alors G ou Ḡ est le graphe représentantif des arêtes d’un graphe biparti H. Le graphe représentatif des arêtes de H est le graphe H ′ ayant l’ensemble de sommets V (H ′ ) = E(H) et l’ensemble d’arêtes {e1 e2 | e1 , e2 ∈ E(H), e1 et e2 sont incidentes dans H}. Si cette conjecture avait été vraie, elle aurait impliqué la Conjecture Forte, car pour les graphes représentatifs des arêtes d’un biparti la perfection est établie. Malheureusement, elle a été détruite par Hougardy [62]. Indépendamment l’un de l’autre, Hoàng, Maffray et Reed ont proposé une conjecture moins forte, que voici (le diamant est le graphe obtenu à partir d’une clique à quatre sommets en effaçant une arête) : A propos de la parité 63 Conjecture 4.3. Soit G un graphe de Berge tel que 1. ni G, ni Ḡ n’admet de paire d’amis ; 2. ni G, ni Ḡ n’admet d’étoile déconnectante ; 3. ni G, ni Ḡ n’admet d’ensemble déconnectant stable. Alors G ou Ḡ est diamant-libre. Evidemment, les graphes diamant-libres étant parfaits (Tucker [109]), une preuve de cette conjecture serait aussi une preuve de la Conjecture Forte. Notre but dans la section 4.2 est de donner un contre-exemple non seulement pour cette conjecture, mais aussi pour toute version plus faible obtenue en remplaçant le diamant par n’ importe quel graphe H qui est l’union complète d’une clique et d’un stable (c.à.d. toutes les arêtes possibles entre la clique et le stable sont présentes). La section 4.3 portera sur le même genre d’essais en s’accrochant au problème de démontrer que les graphes de Berge qui ne sont pas de quasi-parité forment une classe de graphes parfaits. Evidemment, cela impliquerait la Conjecture Forte et, encore une fois, notre résultat renforce l’ idée qu’une telle approche est difficile en établirant que la classe des graphes de Berge impair-connexes ne peut pas être incluse dans une classe de graphes F-libres, où F est une famille arbitraire de graphes de Berge. Les résultats rassemblés dans ce chapitre proviennent de Rusu [100, 101]. 4.2. Une conjecture sur les graphes parfaits Dès les premiers essais pour trouver un graphe satisfaisant toutes les hypothèses de la Conjecture 4.3 d’une manière empirique, on se rend compte que le hasard devrait nous donner un bon coup de main pour y arriver. Plutôt que d’espérer une telle chance, mieux vaut introduire un certain contrôle dans les recherches, de façon qu’au moins une partie des propriétés soient vérifiées a priori, ce qui reste à faire après étant de corriger, si possible, le graphe pour garantir l’ intégralité des caractéristiques demandées. Mieux encore est de ne rien laisser au hasard et de contrôler, dès le début et pendant tout le processus de recherche, toutes les propriétés qui nous intéressent en nous assurant que chaque étape est gagnante et nous approche de la solution. Pour cela, l’ idéal serait de pouvoir suivre les trois pas ci-dessous : 64 A propos de la parité 1. identifier une classe de graphes de base qui satisfont toutes les hypothèses de la conjecture, même s’ ils ne contredisent pas la conclusion ; 2. trouver une opération binaire φ qui préserve les hypothèses de la conjecture (sous certaines conditions supplémentaires, éventuellement) ; 3. à partir des graphes de base, construire à l’aide de φ un graphe qui contredise la conjecture. Ce sont précisément les pas principaux de l’algorithme utilisé pour la construction de notre contre-exemple. La classe Γ, définie comme la clôture de la classe des graphes de base par rapport à l’opération φ, sera en fait une collection de graphes ”non-conventionnels”, c.à.d. parfaits, mais qui ne se soumettent à aucun des résultats classiques inventoriés par les hypothèses de la conjecture. 4.2.1. Le couplage et les graphes de base Soit G = (V, E) un graphe et considérons une partition de son ensemble de sommets V en trois sous-ensembles R, N, B correspondants aux couleurs rouge, noir et bleu. Les sommets de chaque sous-ensemble seront dits coloriés avec la couleur correspondante. On va aussi utiliser le terme de Q-sommet pour un sommet colorié avec la couleur Q ∈ {R, N, B}. Pour toute paire Q, P ∈ {R, N, B}, une QP-arête est une arête dont une extrémité est coloriée en Q, et l’autre en P. Etant donnés deux graphes G1 = (V1 , E1 ) et G2 = (V2 , E2 ) coloriés en R, N, B, on va noter G1 φG2 le graphe G = (V, E) défini comme suit : V = V 1 ∪ V2 E = E1 ∪ E2 ∪ {xy | (x, y) ∈ R1 × R2 } ∪ {zt | (z, t) ∈ N1 × N2 }, où Ri (respectivement Ni ) est l’ensemble des sommets rouges (respectivement noirs) de Gi , pour i = 1, 2. Les sommets bleus de G ont précisément les mêmes voisins que dans les graphes Gi (i = 1, 2). Remarquons que le graphe G peut être aussi obtenu à partir des graphes G′1 = (V (G1 ) ∪ {x1 , y1 }, E(G1 ) ∪ {x1 v, v ∈ R1 } ∪ {y1 w, w ∈ N1 } ∪ {x1 y1 }) et G′2 = (V (G2 ) ∪ {x2 , y2 }, E(G2 ) ∪ {x2 v, v ∈ R2 } ∪ {y2 w, w ∈ N2 } ∪ {x2 y2 }) en utilisant l’opération de 2-union définie par Cornuéjols et Cunningham [22]. Selon la définition, la 2-union de G′1 et G′2 est le graphe H obtenu en éliminant xi , yi (i = 1, 2) A propos de la parité K n K K 65 R n N n B Fig. 4.1. Le graphe Fn . et en reliant tout voisin de x1 (respectivement de y1 ) dans G1 avec tout voisin de x2 (respectivement de y2 ) dans G2 . Une brève vérification montre que H et G sont en fait le même graphe. Quant à nous, nous dirons que le graphe G = G1 φG2 est le couplage de G1 et G2 . L’opération φ sera dite opération de couplage. Pour tout n ≥ 2, considérons maintenant le graphe Fn (déjà colorié) ayant l’ensemble de sommets V (Fn ) = {x1 , x2 , . . . , xn } ∪ {y1 , y2 , . . . , yn } ∪ {z1 , z2 , . . . , zn }, où R = {x1 , x2 , . . . , xn }, N = {y1 , y2 , . . . , yn }, B = {z1 , z2 , . . . , zn } sont les ensembles de sommets coloriés respectivement en rouge, noir et bleu. L’ensemble d’arêtes E(Fn ) est définie de telle façon que [R]Fn , [N]Fn , [B]Fn sont des n-cliques et pour tout i ∈ {1, 2, . . . , n}, [xi , yi , zi ]Fn est une 3-clique. Voir Fig. 4.1. Il est facile de vérifier que, pour n ≥ 3, Fn satisfait les hypothèses de la conjecture (le cas n = 2 est particulier). Afin de définir une classe de graphes utilisant Fn (n ≥ 2) et l’opération de couplage, on essaie d’abord d’ identifier les conditions nécessaires pour conserver les hypothèses. Dans les quatre lemmes suivants, on va dire qu’un graphe est colorié en R, N, B (ou, plus simplement encore, colorié) si son ensemble de sommets est partitionné en R, N, B de façon que la condition suivante soit satisfaite (Q est n’ importe laquelle des couleurs R, N, B) : (C1) : Pour tout Q-sommet x ∈ V , le voisinage NG (x) intersecte chacun des ensembles R, N, B, mais ne contient aucun d’eux, à l’exception éventuelle de Q. 66 A propos de la parité Evidemment, le couplage de deux graphes coloriés est aussi un graphe colorié. Les preuves des lemmes sont symétriques pour R, N et pour les deux graphes G1 , G2 , par conséquent on va analyser seulement les cas non-symétriques. Lemme 4.4. Soient Gi (i = 1, 2) deux graphes de Berge coloriés qui satisfont les conditions suivantes : (C2) : Si x ∈ Bi , alors NGi (x) = K1 ∪ K2 , où K1 ⊂ Bi et K2 ⊂ Ri ∪ Ni sont deux cliques disjointes telles qu’aucune arête n’existe entre elles ; (C3) : Pour toute chaı̂ne impaire sans cordes Ru1 u2 . . . u2k R (respectivement Nu1 u2 . . . u2k N) dans Gi , il existe un p ∈ {1, 2, . . . , 2k} tel que up ∈ Ri (respectivement Ni ) ; (C4) : Il n’existe pas une chaı̂ne impaire sans cordes RNN . . . NR (respectivement NRR . . . RN) dans Ḡi . Alors les mêmes propriétés sont valides pour G = G1 φG2 . Preuve. On montre d’abord que G n’a pas de trous ou anti-trous impairs. Supposons qu’ il existe un trou impair C dans G et soit V (C) son ensemble de sommets. Evidemment, C n’est pas entièrement contenu dans un graphe Gi puisque ces graphes sont de Berge. Pour passer d’un graphe dans l’autre, une arête xy telle que x et y aient la même couleur est nécessaire. Sans perte de généralité on peut supposer que x ∈ R1 et y ∈ R2 . Soit z l’autre voisin de x le long du cycle C. Si z ∈ R1 alors yz ∈ E(G) est une corde dans C, une contradiction. Alors z ∈ R2 ou bien z n’est pas un sommet rouge. Trois positions du cycle par rapport aux graphes de départ sont possibles : • C = xyP2 zx, où x ∈ R1 , z, y ∈ R2 et P2 est une chaı̂ne sans cordes dans G2 − R2 . Dans ce cas, yP2 z est une chaı̂ne impaire sans cordes dans G2 n’ayant comme sommets rouges que les extrémités. Par (C3), une telle chaı̂ne n’est pas induite dans G2 . • C = xyP2 tuvP2′ zx, où x ∈ R1 , z, y ∈ R2 , u ∈ N1 , t, v ∈ N2 et P2 , P2′ sont des chaı̂nes sans cordes dans B2 . Supposons que yP2 t est pair. Alors V (P2 ) doit contenir un nombre impair de B-sommets. Mais ce n’est pas possible à cause de (C2). • C = xyP2 tvP1 x, où x ∈ R1 , y ∈ R2 , v ∈ N1 , t ∈ N2 et Pi (i = 1, 2) sont des chaı̂nes sans cordes dans Bi (i = 1, 2). De nouveau, une des chaı̂nes doit contenir un nombre impair de B-sommets et ce n’est pas possible. A propos de la parité 67 On en déduit que G ne contient pas de trous impairs. Supposons maintenant que G contienne un anti-trou impair C̄ et que C̄ a au moins un B-sommet. Si C̄ a plus de cinq sommets, alors dans Ḡ le B-sommet est non-adjacent à au moins une chaı̂ne sans cordes à quatre sommets. Dans G le B-sommet a donc une telle chaı̂ne dans son voisinage. Mais cela contredit (C2). Par conséquent, C̄ induit un 5-cycle dans Ḡ, donc son complémentaire est un 5-cycle dans G. Mais G n’a pas de trous impairs, une contradiction. On peut donc supposer que l’anti-trou C ne contient pas de B-sommets. Selon (C4), un raisonnement similaire à celui qu’on a utilisé pour déduire que G n’a pas de trous impairs prouve qu’en fait il n’existe pas de trou impair dans Ḡ. Ainsi G est un graphe de Berge. On va démontrer maintenant que G satisfait les conditions (C2), (C3), (C4). (C2) : Par définition, l’opération φ ne change pas l’ensemble des voisins d’un B-sommet. (C3) : Supposons le contraire et soient x, y deux R-sommets non-adjacents dans G qui sont reliés par une chaı̂ne impaire P sans cordes ne contenant pas d’autres R-sommets. Alors x et y sont tous les deux dans G1 ou tous les deux dans G2 (disons qu’ il s’agit de G1 ). Selon (C2), s’ il existe des B-sommets sur P , leur nombre est pair. Un nombre pair de N-sommets est alors nécessaire afin d’avoir une chaı̂ne impaire sans cordes (à noter que s’ il n’existe pas de N-sommets, P est entièrement contenue dans G1 , une contradiction). Quelle que soit la répartition des N-sommets dans G1 et G2 , P aurait une corde. (C4) : Supposons le contraire et soient x, y deux R-sommets non-adjacents dans Ḡ reliés par une chaı̂ne P ′ impaire sans cordes ne contenant que des N-sommets. A noter que dans Ḡ les sommets rouges d’un graphe sont reliés aux sommets noirs et bleus de l’autre graphe. Par conséquent, si x et y sont tous les deux dans G1 , alors tout N-sommet de P ′ dans G2 (et il en existe au moins un) est adjacent à la fois à x et y, une contradiction. Le seul cas possible est x ∈ R1 , y ∈ R2 tels que leur voisins le long de P ′ (u et, respectivement, v) soient dans N2 , respectivement dans N1 . Les N-sommets u et v sont non-adjacents dans Ḡ, par conséquent au moins un autre N-sommet existe sur P ′ . Mais alors P ′ aurait des cordes.2 Remarque 4.5. Il est facile de voir que la condition (C2) pourrait être relâchée, mais une telle modification relâcherait aussi la conclusion du lemme 4.4. Les raisonnements qui suivent vont utiliser précisement la forme indiquée de (C2). 68 A propos de la parité Lemme 4.6. Soient Gi (i = 1, 2) deux graphes coloriés tels que ni Gi , ni Ḡi ne contient de paire d’amis et (C2) : Si x ∈ Bi , alors NGi (x) = K1 ∪ K2 , où K1 ⊂ Bi et K2 ⊂ Ri ∪ Ni sont deux cliques disjointes telles qu’aucune arête n’existe entre elles ; (C5) : Pour chaque R-sommet (respectivement N-sommet) x de Gi , il existe une chaı̂ne paire sans cordes xRR . . . RN (respectivement xNN . . . NR) dans Gi . Alors les mêmes propriétés sont valides pour G = G1 φG2 . Preuve. Pour toute paire de sommets u, v dans le même graphe Gi , si u et v sont non-adjacents (respectivement adjacents) alors il existe une chaı̂ne impaire sans cordes les reliant dans le même graphe (respectivement dans le graphe complémentaire). Cette chaı̂ne est aussi une chaı̂ne impaire sans cordes dans G (respectivement Ḡ). Soit maintenant u, v une paire de sommets de G telle que u ∈ V (G1 ) et v ∈ V (G2 ). Quatre cas non-symétriques peuvent apparaı̂tre : • u ∈ R1 , v ∈ R2 ; selon (C1), il existe un N-sommet t dans G1 adjacent à u et, évidemment, non-adjacent à v. De même, il existe un B-sommet w de G2 adjacent à v et non-adjacent à u. De plus, t et w ne sont pas adjacents, donc tuvw est une chaı̂ne sans cordes à quatre sommets dans G. Le graphe complémentaire de ce graphe est la chaı̂ne sans cordes à quatre sommets uwtv qui relie u et v dans Ḡ. On en déduit que (u, v) n’est pas une paire d’amis dans Ḡ. • u ∈ R1 , v ∈ N2 ; selon (C5), il existe une chaı̂ne paire sans cordes uRR . . . RN dans G1 ; alors uRR . . . RNv est une chaı̂ne impaire sans cordes dans G. • u ∈ R1 , v ∈ B2 ; selon (C1) il existe un voisin w de v dans B2 et selon (C2) w a un R-voisin t qui n’est pas adjacent à v. Alors utwv est une chaı̂ne impaire sans cordes reliant u et v dans G. • u ∈ B1 , v ∈ B2 ; si t est un N-sommet de G1 adjacent à u (conformément à (C1)) et w est un N-sommet de G2 adjacent à v, alors utwv est une chaı̂ne impaire sans cordes reliant u et v dans G. Ainsi G et Ḡ n’ont pas de paire d’amis. Evidemment, les conditions (C2) et (C5) sont toujours valides pour G.2 Remarque 4.7. En fait, les RN-, RB- et NB-arêtes de Gi peuvent être des paires d’amis dans Gi et la conclusion est toujours valide. Lorsque l’opération de couplage est A propos de la parité 69 appliquée à G1 et G2 , on peut trouver par (C1) pour toute NR-arête xy de G1 un N-sommet u et un R-sommet v dans G2 tels que uv 6∈ E(G), donc xvuy est une chaı̂ne impaire reliant x et y dans Ḡ. Pour une NB-arête zt de G1 , puisque (C2) est vraie, le B-sommet t a un B-voisin a dans G1 non-adjacent à z. Comme auparavant, z a un N-voisin b dans G2 et atzb est un P4 dans G qui induit une chaı̂ne impaire sans cordes qui relie z et t dans Ḡ. Lemme 4.8. Soient Gi (i = 1, 2) deux graphes coloriés tels que ni Gi , ni Ḡi n’a d’ensemble déconnectant stable. Alors la même propriété est valide pour G = G1 φG2 . Preuve. Supposons le contraire et soit S un ensemble déconnectant stable dans G. On considère d’abord le cas S ⊆ V (G1 ). Alors G′1 = G1 − S est connexe, G2 est connexe, et G − S est connexe sauf si G′1 ne contient pas de R-sommets et de N-sommets. Dans ce dernier cas, on a R1 ∪ N1 ⊆ S, par conséquent selon (C1) S n’est pas un stable. Alors S contient des sommets de G1 et de G2 . Puisque ni G1 , ni G2 n’a d’ensemble déconnectant stable, G′1 = G1 −S et G′2 = G2 −S sont connexes. De plus, ils peuvent avoir au plus une couleur en commun et l’unique possibilité est B (sinon G − S est connexe). Alors S contient au moins un des ensembles R1 , R2 et, par (C1), n’est pas un stable. Soit maintenant S ′ un ensemble déconnectant stable de Ḡ et soient Ḡ′1 , Ḡ′2 les composantes connexes de Ḡ − S ′ . Ni Ḡ′1 , ni Ḡ′2 ne contient un B-sommet (sinon les deux sous-graphes sont connectés), par conséquent tous les B-sommets sont dans S ′ . Mais aucun des ensembles B1 , B2 n’est vide, donc S ′ ne peut pas être un stable, une contradiction. 2 Remarque 4.9. On peut remarquer que dans la preuve on n’a pas réellement besoin de l’ hypothèse que Ḡi (i = 1, 2) n’a pas d’ensemble déconnectant stable. En effet, soit S ′ un ensemble déconnectant stable de Ḡ et considérons A1 , A2 , . . . , As les composantes connexes de Ḡ − S ′ . Le graphe Ḡ − S ′ contient au moins un B-sommet v. Sans perte de généralité on peut supposer que v est un B-sommet de Ḡ1 contenu dans la composante connexe A1 . Alors les composantes connexes Ai (i = 2, . . . , s) possèdent seulement des sommets de R1 et N1 , par suite aucun B-sommet de G2 n’existe dans A1 ou dans Ai (sinon A1 et Ai sont connectés). On en déduit que B2 ⊆ S ′ et, puisque tout sommet de B2 est adjacent à tout sommet de B1 , que B1 ⊆ Ḡ − S ′ . De plus, tout N- ou R-sommet de Ḡ2 − S ′ est dans A1 , donc B1 ⊆ A1 . Selon (C1), tout sommet de Ai (i = 2, . . . , s) a un B-voisin dans A1 , et alors Ḡ − S ′ est connexe, une contradiction. Lemme 4.10. Soient Gi (i = 1, 2) deux graphes coloriés tels que ni Gi , ni Ḡi ne contient d’étoile déconnectante. Alors la même propriété est valide pour G = G1 φG2 . 70 A propos de la parité Preuve. Supposons le contraire pour G et soit S une étoile déconnectante de G. On note x le sommet de S adjacent à tous les autres sommets de S. Deux cas non-symétriques peuvent apparaı̂tre : • x ∈ B1 ; alors S ⊂ V (G1 ) et G1 − S est connexe. Les deux composantes connexes sont précisément G1 − S et G2 , par conséquent G1 − S ne contient pas de R-sommets, ni de N-sommets. La condition (C1) est contredite. • x ∈ R1 ; on note NG′ (x) = NG (x) ∪ {x} et G′1 = G1 − NG′ (x). Alors V (G) − NG′ (x) = N2 ∪ B2 ∪ V (G′1 ). Selon (C1), tout B-sommet de G2 a un voisin dans G2 colorié N. Ce voisin est adjacent à tous les N-sommets de G′1 (au moins un tel sommet existe, par (C1)). De plus, G′1 est un graphe connexe (sinon NG′ (x) ∩ V (G′1 ) serait une étoile déconnectante de G1 , une contradiction). Conclusion : G − NG′ (x) est connexe. Afin de démontrer qu’ il n’y a pas d’étoile déconnectante S dans G, il suffit de montrer que chaque voisin de x dans G est adjacent à au moins un non-voisin de x. Pour les voisins de x dans G1 , cette propriété est garantie par le fait que G1 n’a pas d’étoile déconnectante. Les voisins de x dans G2 sont des R-sommets, qui sont adjacents à des N-sommets de G2 . On va démontrer maintenant que Ḡ n’a pas d’étoile déconnectante. Supposons le contraire. • x ∈ B1 ; comme auparavant, notons NḠ′ (x) = {x}∪NḠ (x) et soit Ḡ′1 = Ḡ1 − NḠ′ (x) le graphe (connexe) induit dans Ḡ1 par les sommets non-adjacents à x. On a Ḡ′1 = Ḡ − NḠ′ (x) (car tous les sommets de Ḡ2 sont adjacents à x), donc NḠ′ (x) n’est pas une étoile déconnectante de Ḡ. Selon (C1), il existe au moins un N-sommet et au moins un R-sommet dans G1 adjacents à x. Pour cette raison, dans Ḡ′1 il existe au moins un R-sommet et au moins un N-sommet. Par conséquent, tout voisin y ∈ Ḡ2 de x est adjacent à un non-voisin de x (à savoir le R-sommet ou le N-sommet de G′1 ). Puisque NḠ′ (x) ∩ V (Ḡ1 ) n’est pas une étoile déconnectante dans Ḡ1 , la même propriété est valide pour les voisins de x dans Ḡ1 . • x ∈ R1 ; le graphe Ḡ′1 est connexe et contient au moins un N-sommet, selon (C1). Ce sommet est adjacent à tous les R-sommets de Ḡ2 , donc Ḡ − NḠ′ (x) est connexe (puisque Ḡ − NḠ′ (x) = Ḡ′1 ∪ R2 ). Tout voisin y ∈ V (G2 ) de x est un N-sommet ou un B-sommet et, encore une fois par (C1), est adjacent à au moins un R-sommet z de Ḡ2 (non-adjacent à x). Aussi, tout voisin y ∈ V (G1 ) de x est adjacent à un non-voisin de x dans Ḡ1 , car Ḡ1 n’a pas d’étoile déconnectante.2 Les cinq conditions identifiées dans les lemmes sont maintenant suffisantes pour définir la classe des graphes engendrée par Fn (n ≥ 2) en utilisant l’opération de couplage. A propos de la parité 71 Définissons d’abord un graphe G comme étant joliment coloriable si son ensemble de sommets peut être partitionné en trois ensembles R, N, B tels que les conditions (C1)-(C5) soient satisfaites. Une coloration de G ayant ces propriétés est appelée jolie et un graphe G pourvu d’une jolie coloration est dit joliment colorié. On définit la classe Γ engendrée par les graphes de base Fn (n ≥ 2) comme suit : • pour tout n ≥ 2, Fn ∈ Γ ; • si les graphes G1 et G2 de Γ sont joliment coloriés en R, N, B, alors G1 φG2 ∈ Γ. Le théorème suivant utilise les quatre lemmes précédents pour prouver que Γ est bien définie et, de plus, que tout graphe de Γ \ {F2 } satisfait les hypothèses de la conjecture : Théorème 4.11. Les graphes de Γ\{F2 } sont des graphes de Berge joliment coloriables ayant les propriétés ci-dessous : 1. ni G, ni Ḡ ne contient de paire d’amis ; 2. ni G, ni Ḡ ne contient d’étoile déconnectante ; 3. ni G, ni Ḡ ne contient d’ensemble déconnectant stable. Preuve. Il est facile de vérifier que pour n ≥ 3 Fn satisfait les hypothèses des lemmes 4.4, 4.6, 4.8, 4.10. Pour n = 2, il existe des conditions qui ne sont pas accomplies. Plus précisément, il existe deux exceptions, toutes les deux dans F¯2 : - les paires non-adjacentes de sommets coloriés en RN, RB ou NB sont des paires d’amis dans F¯2 ; - les deux 3-stables sont des ensembles déconnectants stables dans F¯2 . Selon les remarques 4.7 et 4.9, les deux exceptions précédentes ne perturbent pas les preuves des lemmes 4.6 et 4.8. Alors on peut démontrer très facilement par récurrence que tout graphe de Γ \ {F2 } a les propriétés indiquées.2 Remarque 4.12. La construction montre que toutes les chaı̂nes impaires qui prouvent la non-existence d’une paire d’amis dans G ou Ḡ sont en fait des P4 . 72 A propos de la parité 4.2.2. Une classe de graphes parfaits Le but de cette section est de démontrer que la classe Γ définie dans la section précédente est une classe de graphes parfaits. Pour cela on prouve que les jolies colorations des graphes de Γ ont une structure commune et on utilise cette propriété pour déduire qu’aucun P4 de type RRRR, NNNN n’existe dans une jolie coloration. La perfection sera alors une conséquence d’un théorème du à Chvátal, Lenhart et Sbihi [19]. Puisque tous les graphes de Γ sont obtenus à partir des graphes de base en appliquant l’opération de couplage, il est naturel de regarder chaque G ∈ Γ comme un ensemble de graphes de base dont les sommets sont reliés conformément aux règles indiquées. Apparemment, dans une jolie coloration de G il n’est pas nécessaire qu’un graphe de base arbitraire ait les trois cliques coloriées respectivement en R, N, B. En fait, elles doivent être coloriées de cette façon. Lemme 4.13. Dans une jolie coloration de G ∈ Γ, tout graphe de base est joliment colorié. Preuve. Une vérification rapide montre qu’une jolie coloration d’un graphe de base Fn est une bijection de l’ensemble des n-cliques sur l’ensemble des couleurs, donc pour ce cas simple le lemme est prouvé. Soit G = G1 φG2 un graphe de Γ obtenu par le couplage des deux graphes joliment anc (respectivement Nanc coloriés G1 et G2 . On note Ranc i , Bi ) les ensembles de R-sommets i (respectivement N-, B-sommets) dans les jolies colorations de Gi utilisées pour obtenir G, nou (respectivement Nnou et Rnou i , Bi ) les sommets de Gi (i = 1, 2) coloriés en R (respeci est tivement N, B) dans une jolie coloration arbitraire de G. Alors tout sommet de Ranc 1 anc adjacent à tout sommet de R2 et la propriété similaire est vraie pour N. Les sommets (i = 1, 2) ont des voisins seulement dans Gi . de Banc i Fait 1. Aucun R- ou N-sommet de Gi (ancien) ne devient un B-sommet dans G (nouveau). ∩ Nanc Preuve. Supposons qu’ il existe un tel sommet x ∈ Bnou 2 . Alors x a au moins 2 anc un voisin y dans B2 . Il faut considérer les trois cas suivants : ∩ Rnou • x a un voisin y ∈ Banc 2 . Alors tous les voisins de x dans G1 doivent être des 2 B-sommets (nouveaux), sinon les R- et N-voisins de x dans G n’ induisent pas une clique sont maintenant des et cela contredit (C2). Par conséquent, tous les sommets de Nanc 1 A propos de la parité 73 B-sommets et forment une clique. Soit z un sommet dans cet ensemble. Selon (C1), z a un R-voisin t dans G. Si t est dans G1 , alors tzxy est un P4 colorié RBBR et (C3) est contredite. Donc tous les R-voisins de z dans G sont en fait dans Nanc 2 . On en déduit ou dans qu’aucun N-voisin (nouveau) u de z n’apparaı̂t dans G1 . Sinon u est dans Ranc 1 anc B1 et il n’est pas adjacent à t, donc z contredit (C2). Maintenant, le voisinage de z (conformément à (C1) dans G1 ), colorié avec B contient x et au moins un sommet de Banc 1 donc ce n’est pas une clique, une contradiction. ∩ Nnou • x a un voisin y ∈ Banc 2 . Le raisonnement est similaire au raisonnement 2 précédent. • tout voisin de x dans B2 (ancien) est aussi colorié avec B dans G. Alors tous les sont maintenant coloriés en R ou N, et forment une clique. De même, sommets de Nanc 1 est un B-sommet dans G. tout voisin de x dans Ranc 2 on a en même temps des N-sommets et des R-sommets Montrons d’abord que dans Nanc 1 sont N dans la nouvelle nouveaux. Par l’absurde, supposons que tous les sommets de Nanc 1 coloration. On considère alors un R-voisin ancien y de x (qui doit être un B-sommet dans la nouvelle coloration) et un voisin q de y dans Ranc 1 , qui n’est pas adjacent à un sommet fixé anc s de N1 (un tel sommet q existe, sinon s serait adjacent à tout Ranc 1 , une contradiction). nou (sinon les NLe P4 qyxs implique q ∈ R1 . Soit r un R-voisin actuel de x, donc r ∈ Nanc 2 et R-voisins actuels de x ne formeraient pas une clique). On en déduit que qyxr est un P4 colorié RBBR, sauf si yr ∈ E ; mais alors r et y sont deux voisins adjacents du B-sommet x coloriés en R et B, une contradiction. Le raisonnement est similaire si on suppose que sont R dans la nouvelle coloration. tous les sommets de Nanc 1 il existe des R-sommets et des N-sommets nouveaux. Soit Par conséquent, dans Nanc 1 anc z un voisin de x dans B2 . Alors z est aussi un B-sommet dans G et ses R- ou N-voisins ou dans Ranc sont tous dans G2 . Supposons qu’ il a un R-voisin v dans Banc 2 . Pour tout 2 nou anc sommet w ∈ N1 ∩ R1 , on obtient un P4 wxzv colorié RBBR, une contradiction. On en déduit que tout R-voisin de z était colorié avec N dans la jolie coloration de G2 . De la même façon, on obtient que tout N-voisin de z était colorié avec N dans la jolie coloration de G2 . Considérons maintenant un voisin t de x dans Ranc 2 . Alors t est colorié avec B (nouveau) et ses voisins de G1 ne peuvent pas être des B-sommets (car x est aussi un B-voisin de t, anc un et alors les B-voisins adjacents à t ne formeraient pas une clique). Soit u ∈ Rnou 1 ∩ R1 un R-voisin de z. Puisque tz ∈ E(G) (tous les deux voisin de t (s’ il y en a) et v ∈ Nanc 2 sont des B-sommets dans NG (x)), alors utzv est un P4 colorié RBBR, et on a encore une contradiction avec (C3). Alors nécessairement tv ∈ E(G) et cela contredit le fait que les R- et N-sommets adjacents à t forment une clique (puisque v et u ne sont pas adjacents). 74 A propos de la parité Le même raisonnement est valable pour les N-voisins de t dans Ranc 1 , donc les anciens R-sommets de G1 ne peuvent pas être coloriés en R, N ou B, une contradiction.2 Fait 2. Aucun B-sommet de Gi (ancien) ne peut changer sa couleur dans une jolie coloration de G. Preuve. Dans les graphes de base Fn , tout R- ou N-sommet est adjacent à précisément un B-sommet. Par le fait 1, aucun B-sommet ne peut être ajouté à la classe initiale, donc par récurrence on peut supposer que pour G1 et G2 tout R- ou N-sommet est aussi adjacent à précisément un B-sommet. Si un B-sommet (ancien) t de Gi (i = 1, 2) changeait sa couleur, alors tout ancien R-voisin de t resterait sans B-voisins dans la nouvelle coloration de G, et ce n’est pas possible par (C1).2 Preuve du lemme 4.13 (suite). On va montrer que dans toute jolie coloration de G, tout graphe de base a les sommets d’une même n-clique coloriés avec la même couleur. Par les faits 1 et 2, l’ensemble de B-sommets d’un graphe de base reste inchangé lorsqu’on recolorie un graphe obtenu par l’opération de couplage. Par conséquent, une des trois n-cliques de chaque Fn (disons {z1 , z2 , . . . , zn }) reste toujours coloriée en B et tous ses voisins sont des sommets du même Fn (voir Fig. 4.1.). Par (C1) et (C2) pour G, tout B-sommet zi a la propriété que ses voisins xi et yi sont coloriés en R et N. Supposons que pour deux indices i et j, xi et xj n’ont pas la même couleur. Si xi est un R-sommet et xj est un N-sommet, alors yj est un R-sommet et xi zi zj yj est un P4 colorié RBBR, une contradiction. Alors tous les sommets d’une n-clique ont la même couleur et on a une jolie coloration de Fn . En fait, toute jolie coloration de G peut être obtenue à partir d’une autre jolie coloration en changeant les couleurs R et N dans certains graphes de base.2 Remarque 4.14. Le lemme 4.13 garantit que les sommets d’une n-clique dans un graphe de base Fn sont toujours de la même couleur dans une jolie coloration de G et qu’ ils ont le même voisinage dans G − Fn . De plus, le voisinage dans G de tout B-sommet est précisément son voisinage dans le graphe de base le contenant. Enfin, étant donnés deux sous-graphes de base d’un graphe colorié G ∈ Γ, leur connection est de type R-R, N-N, ou bien de type N-R, R-N. Lemme 4.15. Aucun P4 de type RRRR ou NNNN n’est induit par une jolie coloration de G ∈ Γ. A propos de la parité 75 Preuve. Supposons le contraire et soit xyzt un P4 de type RRRR. Si deux sommets quelconques de cette chaı̂ne appartiennent au même graphe de base Fn , alors ils sont contenus dans la même n-clique de ce graphe, par conséquent ils ont le même voisinage dans G − Fn , selon la remarque 4.14. Les deux autres sommets doivent être alors dans le même graphe de base et, de plus, dans la même clique (celle coloriée en R), une contradiction. On en déduit que deux sommets quelconques sont dans des graphes de base différents. Considérons maintenant F x et F z les graphes de base contenant x et, respectivement, z. Les R-sommets de F z ne sont pas adjacents aux R-sommets de F x , donc, selon la remarque 4.14, ils doivent être adjacents aux N-sommets de F x . Si x′ est un N-sommet de F x , on a x′ z ∈ E(G). De façon similaire on obtient que si t′ est un N-sommet de F t , alors yt′ ∈ E(G). De plus, x′ et t′ ne sont pas adjacents (sinon les arêtes reliant F x et F t seraient de type R-R, N-N et x serait adjacent à t puisqu’ ils sont tous les deux des R-sommets). On en déduit que x′ zyt′ est un P4 colorié NRRN, une contradiction.2 Théorème 4.16. Les graphes de Γ sont des graphes parfaits. Preuve. Soit G ∈ Γ un graphe joliment colorié. Selon le lemme 4.15, la jolie coloration est une partition de V (G) en trois ensembles R, N, B telle que : - aucun P4 induit de G n’est colorié RRRR, NRRN, RNNR, NNNN ; - pour chaque B-sommet x de G, NG (x) = K1 ∪ K2 , où K1 et K2 sont deux cliques disjointes sans arêtes entre elles. Si G n’était pas parfait, alors il contiendrait un sous-graphe minimal imparfait G′ . Deux cas peuvent apparaı̂tre : Cas 1. G′ ne contient pas de B-sommets. Si tous les sommets de G′ ont la même couleur, alors G′ est P4 -libre, donc parfait. Ainsi toutes les deux couleurs R et N sont présentes dans G′ , et on a une partition de V (G′ ) en deux ensembles R, N telle qu’aucun P4 induit dans G′ n’est colorié RRRR, RNNR, NRRN ou NNNN. Selon un théorème de Chvátal, Lenhart et Sbihi [19], le graphe G′ est parfait si, et seulement si, les sous-graphes induits par les sommets coloriés R et, respectivement, N sont parfaits. Dans notre cas, ils sont P4 -libres, donc parfaits. Conclusion : G′ est parfait lui aussi, une contradiction. Cas 2. G′ contient au moins un B-sommet. Puisque G′ est minimal imparfait, le B-sommet est contenu dans précisément ω ω-cliques, où ω = ω(G′ ) est la taille maximum d’une clique de G′ . Mais tout B-sommet est contenu dans précisément deux cliques dans 76 A propos de la parité G, donc il est contenu dans au plus deux cliques dans G′ , et alors ω = 1 ou 2. Dans le premier cas, G′ est parfait ; dans le deuxième, il est un trou impair et cela contredit le fait que G est un graphe de Berge. Dans les deux cas on conclut que G ne peut pas contenir un sous-graphe minimal imparfait, donc il est parfait.2 4.2.3. Contre-exemples Pour un graphe arbitraire H, considérons la conjecture suivante : Conjecture (CH ) Si G est un graphe de Berge tel que 1. ni G, ni Ḡ ne contient de paire d’amis ; 2. ni G, ni Ḡ ne contient d’étoile déconnectante ; 3. ni G, ni Ḡ ne contient d’ensemble déconnectant stable alors G ou Ḡ est H-libre. Pour tous les graphes H tels qu’ il existe un graphe GH de Γ contenant à la fois H et H̄ comme sous-graphes induits, la conjecture correspondante (CH ) est fausse. Nous ne savons pas précisément quels sont ces graphes, mais on va indiquer une méthode de construction pour trouver des contre-exemples dans les cas où H est l’union complète d’une clique et d’un ensemble stable. Si G = G1 φG2 , soit (G1 φG2 )(R↔N ) ou G(R↔N ) le graphe G avec la coloration obtenue à partir de la coloration initiale en échangeant les couleurs R et N dans G2 . Alors les arêtes reliant G1 et G2 ne sont plus des RR-arêtes ou des NN-arêtes, mais des RN- ou NR-arêtes. Evidemment, la nouvelle coloration est une jolie coloration pour les graphes G1 et G2 . Mais est-elle toujours une jolie coloration pour le graphe G ? Un raisonnement similaire au raisonnement du lemme 4.4 donne la réponse affirmative pour les conditions (C3), (C4) (à noter que dans G(R↔N ) l’adjacence est R-N, N-R, comme dans Ḡ avant l’échange des couleurs R et N). Les autres conditions sont garanties par les propriétés internes de Gi (i = 1, 2). Pour un n fixé (n ≥ 2), on considère maintenant la séquence de graphes définie par récurrence comme suit : A propos de la parité 77 G1n = Fn G2n = Fn φFn . . . . . . . . k Gn = Gk−1 n,(R↔N ) φFn . . . . . . . . Le graphe Gkn est déduit de Gk−1 en échangeant les couleurs R et N dans son sousn graphe Fn (c.à.d. le sous-graphe utilisé pour construire Gk−1 n ) et en couplant avec un k nouveau graphe Fn . Alors Gn ∈ Γ. La construction itérative précédente permet d’ identifier une certaine structure de ces graphes. Plus précisément, si on note par Fni le graphe Fn utilisé pendant le pas i de la i composition (autrement dit, le graphe composé avec Gi−1 n,(R↔N ) pour obtenir Gn ) et par Ri , Ni , Bi les n-cliques de Fni coloriées en R, N, B au moment présent de la composition, alors le graphe Gkn (k ≥ 2) a la structure de la Fig. 4.2. (les n-cliques sont représentées par des points, l’union complète de deux sous-graphes par une ligne continue et les connexions déjà connues de Fni par des lignes pointillées). R R 1 N 2 N 1 B 2 B 1 2 ... R ... N ... B j j ... R ... N ... B j N k-1 k R k-1 k B k-1 k Fig. 4.2. En effet, le graphe G2n a précisément cette structure. Par récurrence, supposons que est obtenu de Gkn en échangeant Gkn a la configuration de la Fig. 4.2. Son successeur Gk+1 n les couleurs R, N dans Fnk (par conséquent, dans la Fig. 4.2. Nk devient Rk et inversement) et en composant avec Fnk+1 conformément à la nouvelle coloration. La structure obtenue de cette façon est à nouveau celle de la Fig. 4.2. tout sommet de la clique Nk+1 est adjacent à tout sommet des cliques Dans Gk+1 n N1 , N2 , . . . , Nk , pour chaque k ≥ 1. On en déduit que Gn+1 contient comme sous-graphe n induit le graphe Hn qui est l’union complète d’une n-clique et un n-stable. Egalement, 78 A propos de la parité Gn+1 contient H̄n , car la n-clique Nn+1 est non-adjacente aux cliques R1 , R2 , . . . , Rn . Donc n ni G, ni Ḡ n’est Hn -libre. On peut alors affirmer que la conjecture (CH ) est fausse pour chaque H qui est l’union complète d’une clique K et un stable S. Un contre-exemple est Gp+1 p , où p = max{|K|, |S|}. Remarque 4.17. Une autre conjecture affirme, comme on l’a déjà vu dans le chapitre introductif, qu’un graphe minimal imparfait ne peut pas contenir une paire d’ennemis, c.à.d. une paire de sommets non-adjacents reliés seulement par des chaı̂nes sans cordes de longueur impaire. De façon similaire au lemme 4.6 et à la remarque 4.7 on peut montrer que si les seules paires d’ennemis de Gi , Ḡi (i = 1, 2) correspondent aux RR-, NN-, BBarêtes de Gi , alors le couplage G a la propriété que ni G, ni Ḡ ne contient une paire d’ennemis. Par conséquent tous les Gkn (sauf G12 = F2 ) ont cette propriété et même si on ajoute aux hypothèses de (CH ) la condition : 4. ni G, ni Ḡ ne contient de paire d’ennemis la conjecture est fausse. Pour n = 2, le graphe Hn = H2 est précisément le diamant et le contre-exemple G32 est le couplage des deux graphes de la Fig. 4.3. R N R R R N B B B B B B N R N N N R 2 G 2,(R F N) Fig. 4.3. 2 A propos de la parité 79 Le graphe ainsi obtenu peut être reconstruit d’une manière plus claire du point de vue intuitif : pour tout i = 1, . . . , 6, on substitue le graphe complet ayant les sommets ui , vi au sommet wi du cycle induit à six sommets w1 , w2 , . . . , w6 ; après quoi, pour tout i = 1, 2, 3, on ajoute les sommets xi , yi et les arêtes xi yi , xi ui , xi ui+3 , ui ui+3 , yi vi , yi vi+3 , vi vi+3 . Le graphe obtenu est G32 . 4.3. De la quasi-parité à la perfection Dans la section précédente on a vu comment on essaie, avec les connaissances aquises jusqu’à nos jours sur les graphes parfaits, de combiner certaines propriétés afin de couvrir toute la classe des graphes de Berge. Le contre-exemple exhibé par Hougardy, ainsi que celui que l’on a présenté ci-dessus, montrent que cette tâche n’est pas facile, mais ils sont loin encore de nous convaincre qu’ il est inutile de continuer ces essais. Dans cette section on va se référer à un problème similaire qui, cette fois-ci, nous propose de démontrer que les graphes de Berge qui ne sont pas de quasi-parité forment une classe de graphes parfaits. Si ce n’était pas le cas, alors on pourrait trouver un graphe de Berge minimal imparfait qui soit impair-connexe (car un graphe minimal imparfait ne peut pas avoir de paire d’amis). Afin d’arriver à une contradiction, la solution serait d’ inclure les graphes de Berge impair-connexes dans une classe de graphes C dont la perfection est connue ou bien dont on connaı̂t une caractérisation vraiment utile pour approcher la perfection. Les premiers résultats obtenus dans la théorie des graphes parfaits montrent que souvent (mais pas toujours) il est assez facile d’aborder la perfection des classes de graphes F-libres, où F est une famille de graphes de Berge. Notre but ici est de démontrer qu’en fait C ne peut pas être la classe des graphes F-libres, quelle que soit F. Par conséquent, d’autres conditions, et probablement des conditions globales, doivent être ajoutées à ces conditions locales pour obtenir un résultat satisfaisant. 4.3.1. Comment détruire les paires d’amis ? Comme précédemment, soit F une famille de graphes de Berge, et considérons C la famille des graphes F-libres. Afin de prouver que dans ce cas C ne peut pas satisfaire les conditions demandées, il faut construire un graphe de Berge G qui n’a pas de paires 80 A propos de la parité d’amis (ni dans G, ni dans Ḡ), mais contient au moins un graphe H ∈ F. Pour cela, on va détruire l’une après l’autre les paires d’amis de H et H̄ en ajoutant un graphe convenable sur les arêtes de H et H̄. Cette opération est possible, le théorème suivant le garantit. Pour la formuler, disons qu’un graphe G′ est trou-équivalent à son sous-graphe induit G si tous les trous et anti-trous impairs de G′ sont contenus dans G. Nous conservons le terme de impair-connexe pour designer un graphe G tel que ni G, ni Ḡ ne contient de paire d’amis. Théorème 4.18. Pour tout graphe H, il existe un graphe impair-connexe GH tel que : 1. H est un sous-graphe induit de GH ; 2. GH est trou-équivalent à H. Evidemment, on peut supposer sans perte de généralité que H n’a pas de sommets universels et que H, H̄ sont 2-connexes ; sinon on peut ajouter des sommets afin d’obtenir un graphe H ′ ayant ces propriétés et contenant H comme sous-graphe induit. Le graphe GH ′ obtenu à partir de H ′ serait alors trou-équivalent à H. On notera Fab le graphe de la Fig. 4.4. qui, on peut très facilement le vérifier, est impair-connexe. Lemme 4.19. Soit G un graphe et e une arête de G. Le graphe G′ obtenu à partir de G et Fab en identifiant les arêtes e et ab est trou-équivalent à G. Preuve. Remarquons d’abord que Fab lui-même est un graphe de Berge. En effet, puisqu’ il a huit sommets, les trous et anti-trous impairs qui pourraient être induits de2 1 3 4 5 6 a b Fig. 4.4. Le graphe Fab . A propos de la parité 81 vraient avoir cinq ou sept sommets. De plus, les sommets 1, 2, 3, 4, 5, 6 induisent un C̄6 , donc tout trou ou anti-trou impair doit contenir au moins un des sommets a et b (en fait, tous les deux). Mais une simple vérification montre que ce n’est pas possible. Par conséquent, un cycle sans cordes induit dans G′ devrait avoir des sommets dans les deux graphes G et Fab , mais ce n’est pas possible non plus, car alors ab serait une corde. De façon similaire, un anti-trou impair induit dans G′ devrait aussi avoir des sommets dans les deux graphes, mais alors ab serait une étoile déconnectante. On en déduit que G′ est trou-équivalent à G.2 Etant donné le graphe H, considérons maintenant l’algorithme de construction suivant (où m = |E(H)|, m′ = |E(H̄)|) : Algorithme de Prolongation Entrée : H, Fai bi (i = 1, . . . , m), Fcj dj (j = 1, . . . , m′ ); Sortie : GH pour i = 1, m exécuter • identifier ei ∈ E(H) et ai bi ∈ E(Fai bi ) fin{pour}; pour j = 1, m′ exécuter • identifier e′j ∈ E(H̄) et cj dj ∈ E(Fcj dj ) fin{pour}. Par le lemme 4.19, le graphe H ′ obtenu après l’exécution de l’algorithme de prolongation est trou-équivalent à H. Pour démontrer qu’ il est en effet le graphe GH que l’on cherche, il suffit de montrer que dans H ′ et H̄ ′ n’ importe quelle paire de sommets nonadjacents est reliée par une chaı̂ne sans cordes de longueur impaire. A cette fin, remarquons d’abord la façon dont les divers sous-graphes de G′ sont reliés : - pour tout i ∈ {1, . . . , m}, tout sommet propre de Fai bi est adjacent à tout sommet propre de F̄cj dj (j ∈ {1, . . . , m′ }, mais n’est adjacent à aucun sommet de Fai′ bi′ (i′ 6= i), ni à aucun sommet de H (à l’exception de ai , bi ) - pour tout j ∈ {1, . . . , m′ }, tout sommet propre de F̄cj dj est adjacent à tout sommet de H ′ − F̄cj dj . (Un sommet propre de Fab est un sommet quelconque de Fab distinct de a et b ; un sommet de base est soit a ou b.) 82 A propos de la parité Lemme 4.20. Le graphe H ′ obtenu de H en utilisant l’algorithme de prolongation est impair-connexe. Preuve. Selon la remarque déjà faite, le graphe Fab de la Fig. 4.4. est impair-connexe. En effet, deux sommets non-adjacents arbitraires de Fab ou F̄ab sont reliés par une chaı̂ne sans cordes à quatre sommets. Par conséquent, dans H ′ et H̄ ′ ces paires ne sont pas des paires d’amis. Une simple vérification montre maintenant que, dans le graphe Fab , si x est un sommet propre non-adjacent au sommet de base u, alors x et u sont reliés à la fois par une chaı̂ne paire sans cordes et une chaı̂ne impaire sans cordes, aucune d’elles ne contenant l’autre sommet de base. Finalement, il est facile de voir que dans Fab tout sommet propre est non-adjacent à au moins un sommet de base. Pour prouver que dans H ′ et H̄ ′ deux sommets quelconques non-adjacents x, y sont reliés par une chaı̂ne impaire sans cordes, on doit considérer les quelques cas ci-dessous, concernant la disposition de x et y dans les diverses composantes de H ′ . La notation utilisée est Fab pour n’ importe quel sous-graphe Fai bi de H ′ et F̄cd pour n’ importe quel sous-graphe F̄cj dj de H ′ . De plus, x ∈ Fab ou x ∈ F̄cd signifie que x est un sommet propre dans le graphe respectif. Cas 1. x ∈ H, y ∈ H. Si x, y sont non-adjacents dans H, alors F̄xy garantit l’existence d’un P4 reliant x et y dans H ′ ; sinon, ils sont adjacents et, à cause de Fxy , (x, y) n’est pas une paire d’amis dans H̄ ′ . Cas 2. x ∈ H, y ∈ Fab . On peut supposer que x 6= a, b, de sorte que x et y sont non-adjacents. Selon une remarque précédente, y est non-adjacent à au moins un sommet de base de Fab , disons a. Puisque H est supposé être un graphe 2-connexe, il existe une chaı̂ne sans cordes P dans H reliant x et a qui ne contient pas b. De plus, y et a sont reliés dans Fab à la fois par des chaı̂nes paires et impaires ne contenant pas b, par conséquent on peut trouver une chaı̂ne P ′ de parité convenable, telle que P ∪ P ′ soit de longueur impaire. Evidemment, cette chaı̂ne n’a pas de cordes. Cas 3. x ∈ H, y ∈ F̄cd . Encore une fois, on peut supposer que x 6= c, d, donc x et y sont adjacents. En transférant le raisonnement dans H̄ ′ , on obtient x ∈ H̄, y ∈ Fcd et x, y sont non-adjacents. De façon analogue au cas 2, on en déduit l’existence d’une chaı̂ne convenable. Cas 4. x ∈ Fab , y ∈ Fa′ b′ . Soit a le sommet de base non-adjacent à x, et a′ le sommet de base adjacent à y (s’ il en existe un) ou un sommet de base arbitraire de Fa′ b′ (dans le A propos de la parité 83 cas contraire). Alors de a à a′ on peut trouver une chaı̂ne sans cordes P qui ne contient pas b (mais qui peut contenir b′ ). De y à a′ on peut trouver une chaı̂ne sans cordes P ′ de Fa′ ′ b′ ne contenant pas un voisin de b′ , donc P ∪ P ′ est une chaı̂ne sans cordes reliant a et y. Comme auparavant, on peut choisir dans Fab une chaı̂ne convenable P ′′ reliant x et a telle que P ∪ P ′ ∪ P ′′ soit une chaı̂ne impaire sans cordes. Cas 5. x ∈ Fab , y ∈ F̄cd . Alors x et y sont adjacents, donc on doit continuer le raisonnement dans H̄ ′ . Ici on a x ∈ F̄ab , y ∈ Fcd et x, y sont non-adjacents. De plus, les sommets propres de F̄ab sont reliés à tous les sommets de H̄ \ {a, b}. Si c est le sommet de base non-adjacent à y, alors soit xc ∈ E(H̄ ′ ) (et on peut trouver une chaı̂ne convenable dans Fcd reliant c à y) ou c = a (et on peut convenablement relier x à a dans Fab et y à c dans Fcd ). Cas 6. x ∈ F̄cd , y ∈ F̄cd . Alors x, y sont adjacents et lorsqu’on transfère le raisonnement dans H̄ ′ , on obtient la situation du cas 4. Par conséquent, pour toute paire de sommets non-adjacents de H ′ ou H̄ ′ il existe une chaı̂ne impaire sans cordes les reliant. Le lemme 4.20 est prouvé.2 Preuve du théorème 4.18. Les lemmes 1 et 2 garantissent que le graphe GH obtenu par l’algorithme de prolongation contient H, est impair-connexe et trou-équivalent à H.2 Corollaire 4.21. La classe C ne peut pas être une classe de graphes F-libres. Preuve. Le graphe GH obtenu pour un graphe H ∈ F est de Berge impair-connexe, mais il contient H ; il n’est donc pas contenu dans C = {graphes F-libres}.2 Remarque 4.22. L’algorithme de prolongation ajoute un graphe isomorphe à Fab sur toute arête de H et H̄ afin d’introduire des chaı̂nes impaires sans cordes dans le complémentaire. En fait, il peut exister des paires de sommets qui n’ont pas besoin d’une telle opération (car ils sont déjà reliés par des chaı̂nes impaires), mais il semble très difficile de les identifier par voie algorithmique. C’est la raison pour laquelle l’algorithme de prolongation qu’on a présenté est préférable à l’algorithme qui aurait d’abord identifié les paires d’amis et aurait fait ensuite l’adjonction des graphes Fab aux bons endroits. 84 A propos de la parité 4.3.2. Une équivalence polynomiale Considérons maintenant les deux problèmes de décision suivants, concernant la reconnaissance des graphes de Berge : Problème 1. Instance : Un graphe H. Question : H est-il un graphe de Berge ? Problème 2. Instance : Un graphe impair-connexe H. Question : H est-il un graphe de Berge ? Du théorème 4.18 on peut aussi déduire : Corollaire 4.23. Les problèmes 1 et 2 sont polynomialement équivalents. Preuve. Evidemment, le Problème 2 n’est rien de plus qu’un cas particulier du Problème 1, donc il se réduit polynomialement au Problème 1. Pour réduire le Problème 1 au Problème 2, il suffit de construire, à partir de l’ instance H du Problème 1, le graphe GH donné par le Théorème 4.18. Puisque GH a précisément les mêmes trous et anti-trous que G, une réponse positive pour H dans le Problème 1 induit une réponse positive pour GH dans le Problème 2 et inversement.2 A propos des P4 85 Chapitre 5. A propos des P4 L’ importance des P4 , chaı̂nes induites à quatre sommets, pour l’étude des graphes parfaits est indéniable et les arguments à apporter pour soutenir cette affirmation peuvent être cherchés aussi bien au début de l’étude des graphes parfaits que de nos jours. Il ne s’agit pas seulement de l’ intérêt suscité par la classe des graphes P4 -libres, car pour le P4 les propriétés vont bien plus loin : les graphes parfaitement ordonnables, proprement ordonnables, d’opposition (voir Olariu [82]), de Hoàng et, de plus, la P4 -structure sont autant d’arguments en faveur d’une étude plus approfondie du rôle que les chaı̂nes induites à quatre sommets jouent vis-à-vis de la perfection. 5.1. Généralités sur les P4 Si l’on essaie d’ identifier les catégories de conditions à travers lesquelles on peut mieux regarder le progrès obtenu sur les graphes parfaits ces dernières trente années, il est pratiquement impossible de passer à côté des deux suivantes : les conditions sur les trous et les conditions sur les P4 . Si l’ importance primordiale des trous pour l’étude des graphes parfaits a été mise en évidence dès le début par Berge, lors de ses premiers travaux qui ont culminé avec l’énoncé de la Conjecture Forte, l’ importance des P4 est devenue claire bien plus tard, quand Chvátal [14] introduisit la notion de P4 -structure et formula la Conjecture DemiForte. Suivant Chvátal, on dit qu’un graphe G1 = (V1 , E1 ) a la P4 -structure du graphe G2 = (V2 , E2 ) s’ il existe une application bijective φ : V1 → V2 telle que a, b, c, d ∈ V1 86 A propos des P4 forment un P4 dans G1 si, et seulement si, φ(a), φ(b), φ(c), φ(d) ∈ V2 forment un P4 dans G2 . Avec cette nouvelle définition, Chvátal prouve que les seuls graphes ayant la P4 -structure d’un trou impair sont le trou lui-même et son complémentaire. Par conséquent, la conjecture suivante se place entre la Conjecture Faible et la Conjecture Forte. Conjecture 5.1. (Demi-Forte) Si le graphe G a la P4 -structure d’un graphe parfait, alors G est parfait. Encore une fois, la Conjecture Forte résiste à tout essai de preuve, tandis que la conjecture moins forte, qui est, cette fois-ci, la Conjecture Demi-Forte, se transforme en théorème, étant prouvée par Reed [95]. Etant donnés ces forts liens entre les trous et les P4 , on peut se demander si cette affinité ne pourrait pas être identifiée aussi au-delà des limites de la perfection. La réponse, affirmative, sera donnée dans la section 5.2, où l’on présente une conjecture formulée par R. Sritharan et démontrée par Chvátal, Rusu [20]. Dans la section 5.3 on va s’occuper de ce qui est, probablement, l’essai le plus récent d’étudier la perfection à l’aide des conditions imposées sur les P4 . Le premier pas dans cette direction a été fait par Seinsche qui a prouvé dans [103] que les graphes P4 -libres sont parfaits. L’ idée la plus naturelle pour généraliser ce résultat est de ne pas interdire tous les P4 , mais seulement une partie d’entre eux. Lesquels va-t-on interdire, doit-on privilégier une interdiction d’ordre global ou local ? Qu’elles soient locales ou globales, les conditions imposées sont en général d’un des trois types suivants : 1. imposer que la densité des P4 dans le graphe ne soit pas trop élevée (voir Hoàng [53], Jamison, Olariu [65]) ; 2. imposer que le graphe admette une orientation des arêtes de façon qu’aucun P4 ayant une orientation particulière indiquée ne soit pas induit dans le graphe (voir Chvátal [13], Olariu [82]) ; 3. imposer que le graphe admette une coloration des sommets en deux couleurs de façon qu’aucun P4 ayant une certaine coloration indiquée n’apparaisse dans le graphe (voir Chvátal, Lenhart, Sbihi [19]). A part ces trois types de conditions, qui ont donné des bons résultats, un autre type a été récemment introduit par Hoàng [56]. Jusqu’ ici, malgré la puissance apparente des conditions, seuls des résultats partiels ont éte trouvés ; à ces résultats on va en ajouter un dans la section 5.3. A propos des P4 87 5.2. Une conjecture sur les graphes sans trous Notre but dans cette section est de démontrer une conjecture de R. Sritharan qui constitue une caractérisation des graphes sans trous. A partir de cette conjecture, deux autres résultats sont déduits et seront présentés à la suite : l’un concerne les graphes faiblement triangulés, l’autre est une généralisation du résultat présenté ci-dessous. Soit G = (V, E) un graphe fini et simple. Si G n’a pas d’arêtes, il sera appelé graphe nul. Dans le cas contraire, il sera dit non-nul. Comme d’ habitude, on va noter N (v) l’ensemble des sommets adjacents à v ∈ V et M (v) l’ensemble des sommets non-adjacents à v (et distincts de v). Pour un P4 ayant les sommets a, b, c, d et les arêtes ab, bc, cd, l’arête bc sera dite arête centrale du P4 . Conjecture 5.2. (Sritharan) Un graphe G ne contient pas de trous si, et seulement si, tout sous-graphe non-nul de G possède une arête qui n’est pas l’arête centrale d’un P4 . La partie ”si” est triviale, on va donc démontrer seulement la partie ”seulement si”. Pour cela, appelons libre une arête de G qui n’est pas l’arête centrale d’un P4 dans G. Théorème 5.3. (Chvátal, Rusu [20]) Si G est un graphe non-nul sans trous, alors G contient une arête libre. Preuve. On considère les affirmations suivantes: An : Soit G un graphe non-nul ayant au plus n sommets, ne contenant pas de trous. Alors G contient une arête libre. Bn : Soit G un graphe ayant au plus n sommets, ne contenant pas de trous, mais possédant un sommet v ∈ V tel que M (v) induise au moins une arête. Alors G contient une arête libre ayant ses deux extrémités dans M (v). Par récurrence sur n on va prouver que Bn ⇒ An et que An &Bn ⇒ Bn+1 . Bn ⇒ An : On considère un graphe G ayant au plus n sommets, contenant au moins une arête, mais aucun trou. Si G a un sommet v tel que M (v) induise au moins une arête, alors par Bn il existe dans G une arête libre ; autrement G est un graphe multiparti complet et toutes ses arêtes sont libres. 88 A propos des P4 An &Bn ⇒ Bn+1 : Maintenant, soit G un graphe ayant au plus n + 1 sommets, ne contenant pas de trous, et soit v un sommet de G tel que M (v) induise au moins une arête. Grace à l’affirmation An , dans le sous-graphe de G induit par M (v) on trouve une arête libre, disons bc. On peut sans doute supposer que bc est l’arête centrale d’un P4 dans G, sinon on a déjà trouvé l’arête libre de G. Alors on note abcd ce P4 et on remarque le fait qu’au moins un des sommets a et d (disons d) est extérieur à N (v) (sinon vabcd serait un trou). Soit Q un sous-ensemble minimal de N (c) ∪ N (d) tel que cd soit dans une composante connexe de G−Q et v dans une autre. On note S la composante de G−Q qui contient v, et H le graphe obtenu à partir de G en identifiant tous les sommets de S en un seul sommet w. Evidemment, H ne contient pas de trous et, puisque S a au moins deux sommets (v et a), H a au plus n sommets. La minimalité de Q garantit que tout sommet de Q a au moins un voisin dans S, par conséquent Q = NH (w). L’arête libre que l’on cherche s’obtient par Bn avec H à la place de G et w à la place de v. L’affirmation Bn+1 étant vraie, le théorème est prouvé.2 Evidemment, une fois qu’on a établi ce théorème il est naturel de se demander ce qu’on pourrait obtenir de plus dans le cas des graphes faiblement triangulés, pour lesquels ni le graphe lui-même, ni le complémentaire ne contient de trous. La réponse est donnée par Hayward [47] : une caractérisation de ces graphes qui garantit, une fois de plus, le lien structurel entre les graphes triangulés et les graphes faiblement triangulés. Il est bien connu (voir Dirac [26]) qu’un graphe est triangulé si, et seulement si, tout sous-graphe contient un sommet dont le voisinage est une clique. Autrement formulée, cette propriété est retrouvée dans le théorème ci-dessous : Théorème 5.4. Un graphe est triangulé si, et seulement si, il peut être engendré de la manière suivante : • Commencer avec un graphe G0 sans sommets. • Pour tout i ≥ 1 : - ajouter au graphe Gi−1 le sommet xi tel que xi ne soit pas le sommet central d’un P3 dans Gi−1 + xi ; - appeler Gi le nouveau graphe. A partir du théorème 5.3, il est facile de voir que tout sous-graphe d’un graphe faiblement triangulé contient une arête libre. En fait, on peut éliminer une à une les arêtes libres convenablement choisies afin d’obtenir un graphe nul. Inversement, on peut construire un graphe faiblement triangulé à partir d’un graphe nul en ajoutant des arêtes libres. A propos des P4 89 Théorème 5.5. (Hayward) Un graphe est faiblement triangulé si, et seulement si, il peut être engendré de la manière suivante : • Commencer avec un graphe nul G0 . • Pour tout i ≥ 1 : - ajouter au graphe Gi−1 une arête ei telle que ei ne soit pas l’arête centrale d’un P4 dans Gi−1 + ei ; - appeler Gi le nouveau graphe. En plus de ces remarques, ajoutons la généralisation du théorème 5.3 obtenue par Eschen, Sritharan [30] en utilisant la même idée de preuve. Pour cela, appelons séparables deux arêtes ab et cd telles qu’aucune arête ne relie a, b de c, d. Un graphe est dit inséparable s’ il ne contient pas d’arêtes séparables et séparable dans le cas contraire. Une arête xy est k-simpliciale si dans Ḡ les sommets x et y ne sont pas les extrémités d’un Pi , 4 ≤ i ≤ k. De plus, un i-anti-trou est le complémentaire d’un trou de longueur i. Avec la notation h pour la taille de la plus grande composante connexe du sous-graphe H, on a le théorème suivant : Théorème 5.6. (Eschen, Sritharan) Le graphe G ne contient ni de trous, ni de i-anti-trous, avec 5 ≤ i ≤ k + 1, si, et seulement si, pour tout sous-graphe non-nul H de G on a : • soit H est inséparable et contient au moins h/2 arêtes k-simpliciales ; • soit H a deux arêtes séparables k-simpliciales. 5.3. Sur les graphes de Hoàng Toujours en nous intéressant aux chaı̂nes à quatre sommets, considérons maintenant les graphes de Hoàng. Un graphe de Hoàng est un graphe G = (V, E) dont les arêtes peuvent être coloriées en deux couleurs R (rouge) et V (vert) de façon que tout P4 abcd ait les ailes ab et cd coloriées différemment. Ni les trous, ni les anti-trous ne sont des graphes de Hoàng. Le problème de démontrer que les graphes de Hoàng sont parfaits, quoique naturelle au moment où l’on a épuisé (Chvátal, Lenhart, Sbihi [19]) les conditions sur les P4 ayant les sommets coloriés en deux couleurs, est en fait un cas particulier d’ un autre problème dont l’exposition 90 A propos des P4 nécessite quelques définitions supplémentaires. Soit G = (V, E) un graphe arbitraire et W (G) le graphe obtenu à partir de G en considérant l’ensemble de sommets V = {uv ∈ E | uv est l’aile d’ un P4 dans G} et l’ensemble d’arêtes E = {(uv)(u′ v ′ ) | uv, u′ v ′ sont les ailes d’ un même P4 dans G}. Le graphe G est dit W-parfait (wing-perfect, angl.) si W (G) ne contient pas de trous impairs. Evidemment, les graphes de Hoàng sont précisément les graphes pour lesquels W (G) est biparti. Une preuve de la perfection des graphes de Hoàng n’établirait, donc, qu’un cas particulier du problème similaire concernant les graphes W-parfaits, mais elle pourrait offrir des moyens efficaces de l’approcher. Outre l’étude des relations possibles entre la W-perfection et la perfection, Hoàng [56] donne deux résultats partiels concernant les graphes qui portent son nom : Théorème 5.7. (Hoàng, [56]) Si les arêtes d’un graphe peuvent être coloriées en R et V de façon que : i) les ailes de tout P4 soient coloriées différemment ; ii) toute arête qui est le milieu d’un P4 soit coloriée V, alors le graphe est parfait. Théorème 5.8. (Hoàng, [56]) Si un graphe admet une coloration des arêtes en R et V de façon que dans tout P4 et tout C4 les arêtes non-adjacentes aient des couleurs différentes, alors il est parfait. Afin de mieux saisir la sévérité de ses contraintes, remarquons que pour le théorème 5.7 la condition ii), ajoutée à la première, interdit l’existence dans G comme sous-graphes induits des graphes représentés dans la Fig. 5.1. Fig. 5.1. A propos des P4 91 De façon analogue, les hypothèses du théorème 5.8 interdisent l’existence comme sousgraphes induits dans le graphe G des quatre graphes présentés dans la Fig. 5.2. Fig. 5.2. Le résultat que l’on va donner dans cette section vient prolonger la liste de ces sousclasses de graphes parfaits. La condition supplémentaire que l’on impose cette fois-ci ne se réfère pas à la coloration (comme pour les sous-classes considérées par Hoàng) mais aux sous-graphes induits. 5.3.1. Graphes de Hoàng réductibles. Un graphe de Hoàng G = (V, E) est dit réductible s’ il ne contient pas comme sousgraphes induits les graphes F1 , F2 , F3 , F4 de la Fig. 5.3. F 1 F F 2 3 F 4 Fig. 5.3. Pour établir la perfection des graphes de Hoàng réductibles, on va démontrer d’abord les deux théorèmes suivants : Théorème 5.9. Pour tout graphe de Hoàng réductible G = (V, E), au moins une des deux affirmations suivantes est valable : i) G est cassable ii) G est gemme-libre, 92 A propos des P4 où l’on appelle gemme le graphe décrit dans la Fig. 5.4. Fig. 5.4. Théorème 5.10. Si G est un graphe de Hoàng gemme-libre, alors G est parfait. Des deux théorèmes précédents on déduit Théorème 5.11. Tout graphe de Hoàng réductible est parfait. Avant de donner les preuves de ces résultats, introduisons quelques notations spécifiques. Pour un sommet arbitraire v et une couleur B ∈ {R, V}, un sommet q ∈ N (v) est dit sommet colorié B (y compris : par rapport à v) et est noté q(B) si vq est B. Un ensemble Q ⊆ N (v) est appelé monocolorié si tous ses sommets ont la même couleur par rapport à v. Il est appelé bicolorié s’ il contient des sommets de couleurs différentes par rapport à v. On va noter par (C) l’affirmation suivante, qui apparaı̂tra dans plusieurs lemmes (Q et P sont des ensembles de sommets situés respectivement dans le voisinage N (v) de v et dans le non-voisinage M (v) de v) : (C) 1) soit il existe un sommet q ∈ Q adjacent à aucun sommet de P ; 2) soit il existe un sommet p ∈ P adjacent à tous les sommets de Q. Avec ces nouvelles notations, on peut esquisser maintenant les preuves des théorèmes présentés auparavant. Les démonstrations complètes de tous les lemmes non-justifiés ici seront développées dans la section suivante. Preuve du théorème 5.9. On essaie de démontrer que pour tout graphe G qui est Hoàng réductible, on a une des affirmations suivantes : A propos des P4 93 i) soit pour tout v ∈ V , toutes les composantes connexes de N (v) sont monocoloriées ; ii) soit il existe au moins une composante connexe bicoloriée (disons pour le sommet v) et alors G est cassable. Pour cela on va supposer que i) n’est pas vraie et on va déduire ii). Après quoi on verra que i) implique assez facilement le fait que G est gemme-libre et, puisque ii) assure que G est cassable, on en déduira le théorème 5.9. La preuve est basée sur une idée de Hayward [48] et consiste à démontrer d’abord que pour toute composante connexe bicoloriée Ni de N (v), la conclusion (C) est valide avec Q = Ni et P = M (v) (on suppose que M (v) est non-vide et connexe, sinon on aurait déjà une étoile déconnectante dans G ou Ḡ). C’est ce qu’on va faire au fur et à mesure dans les lemmes 5.12–5.14. Après, on va essayer d’étendre ce résultat au cas Q = N (v) et d’en déduire que G est cassable, s’ il a au moins une composante connexe bicoloriée (lemme 5.15). La conclusion que G est gemme-libre s’ il n’est pas cassable sera une conséquence du lemme 5.16. Le plan de la preuve est le suivant (G est un graphe de Hoàng réductible) : Lemme 5.12. Pour tout v ∈ V , si Q = q1 q2 . . . qt est une chaı̂ne induite sans cordes dans N (v) P = p1 p2 . . . pk est une chaı̂ne induite sans cordes dans M (v) telles que q1 (R) et qt (V), alors on a (C). Lemme 5.13. Pour tout v ∈ V , si Q est un ensemble connexe bicolorié dans N (v) P = p1 p2 . . . pk est une chaı̂ne induite sans cordes dans M (v), alors on a (C). Lemme 5.14. Pour tout v ∈ V , si Q est un ensemble connexe bicolorié dans N (v) P est un ensemble connexe dans M (v), alors on a (C). Lemme 5.15. Si dans G il existe un sommet v tel que N (v) a au moins une composante connexe bicoloriée alors G est cassable. 94 A propos des P4 Lemme 5.16. Si G est un graphe de Hoàng tel que, pour tout v ∈ V , N (v) a les composantes connexes monocoloriées, alors G est gemme-libre. Des lemmes 5.15 et 5.16 on déduit facilement le théorème 5.9. Preuve du théorème 5.10. On va en fait réécrire la preuve d’un thèorème de Lubiw [71], pour démontrer qu’ il est valide pour une classe plus large que celle considérée par Lubiw et contenant les graphes de Hoàng gemme-libres. Rappelons d’abord une définition. Définition 5.17. Un graphe G = (V, E) est dit Raspail si tout cycle impair contient au moins une corde courte. Théorème 5.18. (Lubiw, [71]) Un graphe Raspail minimal imparfait ne contient pas de sommet v tel que N (v) soit P4 -libre. Considérons la classe des graphes quasi-Raspail, définis comme suit : Définition 5.19. Un graphe est dit quasi-Raspail si pour tout sommet v et toute chaı̂ne impaire sans cordes P de G − v reliant deux sommets x, y ∈ N (v), le cycle induit par {v} ∪ V (P ) a au moins une corde courte. Remarque 5.20. La classe des graphes Raspail est incluse dans la classe des graphes quasi-Raspail et l’ inclusion est stricte, comme le prouve l’exemple ci-dessous, qui est, en fait, C̄7 . Par conséquent, les graphes quasi-Raspail ne sont pas forcément des graphes de Berge, bien que les graphes Raspail le soient. Fig. 5.5. A propos des P4 95 On va démontrer les deux propositions suivantes : Lemme 5.21. Tout graphe de Hoàng est quasi-Raspail. Lemme 5.22. Un graphe quasi-Raspail minimal imparfait ne contient pas de sommet v tel que N (v) soit P4 -libre. Des lemmes 5.21 et 5.22 on déduit le théorème 5.10 qui, avec le théorème 5.9, implique le théorème 5.11 : tout graphe de Hoàng réductible est parfait. 5.3.2. Les preuves Pour les preuves des lemmes 5.12-5.15 on suppose que la condition (C1) n’est pas satisfaite, c.à.d. tout sommet q ∈ Q a un voisin dans P . On va démontrer qu’ il existe un sommet p ∈ P adjacent à tous les sommets de Q. Preuve du lemme 5.12. Soient v ∈ V et Q, P deux chaı̂nes induites dans N (v), respectivement dans M (v) telles que les extrémités q1 et qt de Q aient des couleurs différentes R, respectivement V. On applique la récurrence par rapport à la cardinalité |Q| de Q, que l’on définit comme étant le nombre de sommets de la chaı̂ne. Si |Q| = 2, alors t = 2 et q1 qt ∈ E. Chacun des q1 et qt a au moins un voisin sur P . Notons a et b un voisin de q1 , respectivement de qt tels que la sous-chaı̂ne Pab entre a et b ne contienne plus de voisins de q1 ou de qt . Si a = b alors on a démontré (C2). Autrement on considère a1 , b1 les voisins de a, respectivement de b sur Pab . Alors vq1 aa1 donne que aa1 est V et, de même, vqt bb1 donne que bb1 est R, par conséquent b1 6= a. Grâce au P4 induit par a1 , a, q1 , qt on obtient que q1 qt est R, donc b1 bqt q1 est mal colorié, une contradiction. On en déduit que pour le cas |Q| = 2 le lemme est valide. Prouvons-le maintenant pour une chaı̂ne Q telle que |Q| ≥ 3, en supposant qu’ il est déjà vrai pour tout Q′ avec |Q′ | < |Q| et les extrémités différemment coloriées. De nouveau on va utiliser la récurrence, cette fois-ci par rapport à |P |, mais on va traiter les deux cas |P | = 2 et |P | ≥ 3 ensemble, car la preuve est similaire. On se place, donc, dans une des deux situations : 96 A propos des P4 A) |P | = 2 et le lemme est valide, par récurrence, pour toute paire (Q′ , P ′ ) de chaı̂nes sans cordes avec |Q′ | < |Q|, Q′ ayant les extrémités R et V ; B) |P | ≥ 3 et le lemme est valide, par récurrence, pour toute paire (Q′ , P ′ ) de chaı̂nes sans cordes telles que Q′ ait les extrémités R et V, et de plus : soit |Q′ | < |Q| et tout P ′ ; soit |Q′ | = |Q| et |P ′ | < |P |. Etant donné que les extrémités de Q sont R, V et |Q| ≥ 3, il est facile de voir que dans Q il existe une sous-chaı̂ne Q′ telle que |Q′ | < |Q| et ses extrémités sont R, V. Une telle chaı̂ne peut être utilisée pour appliquer la récurrence dans les deux situations A) et B). Allant de q1 vers qt , soit ql 6= q1 le premier sommet R rencontré. S’ il n’y a pas de tel sommet, alors q2 , . . . , qt sont tous des sommets V. En changeant les couleurs R et V (toute arête R devient V et réciproquement), ainsi que la numérotation de Q (q1 q2 . . . qt ′ . . . q1′ ), alors pour la nouvelle chaı̂ne et par la règle indiquée on a l = 2, car devient qt′ qt−1 q1′ et q2′ sont R tous les deux. Le raisonnement suivant est valable dans ce cas aussi. Cette opération de renversement du problème sera utilisée plusieurs fois dans la preuve. De même façon, allant de qt vers q1 , soit qs 6= qt le premier sommet V rencontré, s’ il y en a. S’ il n’existe pas un tel sommet, on va supposer par convention que s = 1, afin de ne faire qu’un seul raisonnement pour les deux cas. Mais on se rappelle que q1 est en fait un sommet R. L’ hypothèse de récurrence pour ql . . . qt et P (respectivement pour q1 . . . qs et P ) implique l’existence d’un sommet ph (respectivement pi ) dans P adjacent à ql , . . . , qt (respectivement à q1 , . . . , qs ). Alors tout sommet de Q a au moins un voisin sur la sous-chaı̂ne Ppi ph (car Qq1 qs et Qql qt couvrent toute la chaı̂ne Q), donc l’ hypothèse de récurrence pour Ppi ph et Q donne (C2), sauf si pi , ph sont les extrémités de P . Dans ce dernier cas, on peut supposer sans perte de généralité que pi = p1 et ph = pk . Deux cas peuvent apparaı̂tre à ce point de la preuve : q1 pk ∈ E et, respectivement, q1 pk 6∈ E, mais seul le deuxième est essentiel. Dès que celui-ci a été établi, le premier peut être très facilement resolu, comme suit. Puisque q1 pk ∈ E, on a soit que pk est adjacent à tout Q (et on a (C2)) soit que l > 2 et il existe qu (1 < u < l) non-adjacent à pk . Par conséquent, il existe s ≥ 2 et p1 est adjacent à q1 , . . . , qs . On peut supposer que p1 qt ∈ E, sinon en renversant le problème on arrive dans le cas essentiel, que l’on suppose déjà établi. Alors p1 n’est pas adjacent à Qq1 qt−1 (autrement p1 est adjacent à Q et on a fini), donc qt−1 est forcément un sommet R. L’ hypothèse de récurrence pour q2 . . . qt−1 et P donne l’existence d’un sommet pr ∈ P adjacent à q2 , . . . , qt−1 , sommet qui ne peut pas être pk (car pk qu 6∈ E), ni intérieur à la chaı̂ne P (sinon l’ hypothèse de récurrence pour Q et Pp1 pr donne (C2)), donc pr = p1 . A propos des P4 97 Alors p1 est adjacent à Q et ce cas est fini. On suppose donc pour le reste de la preuve que pk q1 6∈ E. De plus, on peut considérer que p1 qt 6∈ E, car dans le cas contraire la conclusion (C2) est valide. Avant de démontrer ce résultat, remarquons que le sommet pk est adjacent à q2 , . . . , qt . En effet, q1 vqt pk implique que qt pk est V, tandis que pour tout u ∈ {2, . . . , l − 1} le graphe induit par qu vqt pk donne qu pk ∈ E. Fait 1. Si p1 qt ∈ E, alors on a (C2). Preuve. Supposons qu’ il existe un sommet qw non-adjacent à p1 . Alors w ∈ {s + 1, . . . , t − 1}, donc qw est R. S’ il existe un tel w supérieur à 2, alors qw vq1 p1 implique le fait que q1 p1 est V, tandis que q1 p1 qt pk donne p1 pk ∈ E. Dans ce cas, v, q1 , p1 , pk , qw induisent un C5 , qui n’est pas un graphe de Hoàng. Par conséquent, le seul sommet non-adjacent à p1 est q2 . On a alors qs = q1 (c.à.d. le seul sommet V de Q est qt ) et ql = q2 . Deux cas peuvent apparaı̂tre, selon la longueur de P . Si k > 2, alors pk qt p1 q1 donne que p1 q1 est R et p1 q1 ql pk donne que ql pk est V. De plus, si t 6= l + 1, ql vqt p1 implique que qt p1 est V, donc ql pk qt p1 est mal colorié, une contradiction. Alors t = l + 1 = 3. Puisque ql n’a pas de voisins sur Pp1 pk−1 (autrement l’ hypothèse de récurrence pour cette chaı̂ne et Q donne (C2)), on en déduit, grâce à vql pk pk−1 , que pk pk−1 est V et de vqt pk pk−1 que qt pk−1 ∈ E. Le graphe induit par v, q1 , ql , qt , pk−1 , pk est alors F1 . Si k = 2, on obtient soit l’existence d’un F4 (induit par v, q1 , ql , qt , p1 , pk ), si t = l + 1, soit l’existence d’un F3 (induit par v, ql , ql+1 , ql+2 , pk , p1 ) dans le cas contraire. Dans toutes les situations on contredit le fait que G est un graphe de Hoàng réductible.2 Avec ces réductions, on peut éliminer aussi le cas k = 2, car alors v, q1 , p1 , pk , qt induisent un C5 . Il nous reste, donc, à déduire (C2) dans la situation suivante : |P | ≥ 3, |Q| ≥ 3, pk q1 6∈ E, p1 qt 6∈ E, pk est adjacent à q2 , . . . , qt ; p1 est adjacent à q1 , . . . , qs . A cette fin, on remarque d’abord que q1 n’a pas de voisins sur Pp2 pk (sinon on applique l’ hypothèse de récurrence). Ensuite, pour tout j < t − 1, si qj p1 ∈ E alors il est R (à cause de qt vqj p1 ) et pour tout j > 2 on a que qj pk est V (à cause de q1 vqj pk ). De plus, vq1 p1 p2 et q1 p1 p2 p3 donnent que p1 p2 , p2 p3 sont V. Evidemment, dans ce cas-là, qt p2 , qt p3 6∈ E (autrement on arrive à qt p1 ∈ E), donc k ≥ 4. Prouvons que t ne peut avoir que les valeurs 3 et 4. Pour cela, on observe que pour 98 A propos des P4 tout j avec max(2, s) < j < t, le sous-graphe induit par qj , v, q1 , p1 donne que qj p1 ∈ E. Ensuite, supposons que t 6= 3, 4. Alors q1 vq3 pk donne que q3 pk est V, donc de pk q3 p1 p2 on déduit que q3 p2 ∈ E et est V, grace à q1 vq3 p2 ; p2 q3 vqt est alors mal colorié, une contradiction. On analyse les deux cas t = 3 et t = 4. i) t = 3 ; on a encore deux possibilités, selon l’existence ou non-existence d’une arête qt pj , avec j < k. S’ il existe une telle arête, alors q2 n’a pas de voisins sur Pp1 pk−1 . De vq2 pk pk−1 on déduit que pk pk−1 est V et, par conséquent, qt pk−1 ∈ E (à cause de vqt pk pk−1 ). Le sous-graphe induit par v, q1 , q2 , qt , pk−1 , pk est F1 , une contradiction. S’ il n’existe pas une telle arête, alors le P4 vqt pk pk−1 donne que pk pk−1 est R et de vq2 pk pk−1 on a que q2 pk−1 ∈ E. De la même manière, on obtient l’existence de l’arête q2 pk−2 . Soit maintenant pr le voisin de q2 sur P le plus proche de p1 . Alors r 6= 1 (sinon v, q1 , q2 , qt , p1 , pk induisent un F2 ) et pr−1 pr est V (autrement, vq2 pr pr−1 implique que q2 pr−1 ∈ E). La chaı̂ne pr−1 pr q2 pk exige que q2 pk soit R (car r ≤ k − 2) et alors p1 q1 q2 pk est mal colorié, une contradiction. ii) t = 4 ; dans le cas où q2 ou q3 est V, tous les deux sont adjacents à p1 (sinon on a un F2 donné par v, q1 , q2 , q3 , p1 , pk ), donc le graphe induit par p1 , q1 , q2 , q3 , qt , pk est F1 . Si les deux sommets q2 , q3 sont R, alors on a qt pk−1 ∈ E. Autrement, pk pk−1 serait coloriée R et le sous-graphe induit par vq2 pk pk−1 impliquerait d’abord que q2 pk−1 ∈ E, tandis que qt vq2 pk−1 donnerait ensuite que q2 pk−1 est R. La chaı̂ne pk−1 q2 q1 p1 serait alors mal coloriée, une contradiction. Puisque q3 p1 ∈ E (à cause de q3 vq1 p1 ) et le sommet q2 n’a pas de voisins sur Pp1 pk−1 (sinon, l’ hypothèse de récurrence pour Q et p1 . . . pk−1 prouverait (C2)), pk pk−1 est V (à cause de vq2 pk pk−1 ). On a alors les déductions suivantes : p2 p1 q3 pk implique q3 p2 ∈ E, q1 vq3 p2 implique que q3 p2 est V et p2 q3 pk pk−1 donne q3 pk−1 ∈ E (p2 pk−1 6∈ E, autrement p1 p2 pk−1 pk serait mal colorié). Le sous-graphe induit par v, q1 , q2 , q3 , pk−1 , pk est alors F1 . Fin du lemme 5.12.2 Preuve du lemme 5.13. Maintenant, Q est un ensemble connexe bicolorié dans N (v), tandis que P est toujours une chaı̂ne sans cordes dans M (v). On suppose que tout sommet de Q a un voisin sur P et on démontre (C2), c.à.d. qu’ il existe un sommet de P A propos des P4 99 adjacent à tout sommet de Q. Pour cela on fait encore une récurrence par rapport à la cardinalité de Q. Si |Q| = 2, alors Q est une arête ayant les extrémités différemment coloriées et, par le lemme 5.12, on déduit (C2). Soit maintenant Q de cardinalité |Q| ≥ 3. On va prouver d’abord pour |P | = 2. Ensuite on va faire une récurrence par rapport à la cardinalité de P . Pour cela, remarquons que dans un connexe bicolorié Q on peut toujours trouver un sommet q1 tel que Q − q1 soit connexe bicolorié. En effet, dans Q il existe au moins deux sommets q1 et qt tels que Q − q1 , Q − qt soit connexes (en fait, pour toute chaı̂ne maximale, ses extrémités ont cette propriété). Si q1 , qt ont la même couleur R, alors dans Q − q1 − qt il existe au moins un sommet V, donc Q − q1 est un connexe bicolorié. Si q1 , qt ont des couleurs différentes, R et V, alors au moins une des deux couleurs (disons R) est présente encore une fois dans Q − q1 − qt . Le graphe induit par Q − q1 est un connexe bicolorié. Soit q1 (R) un sommet de Q tel que Q − q1 est connexe bicolorié. Par récurrence pour Q − q1 et P il existe un sommet ph adjacent à tous les sommets de Q − q1 . De plus, q1 a un voisin pi dans P . On peut supposer que pi , ph sont les plus proches possibles avec les propriétés ci-dessus et que i = 1, h = k (sinon on a (C2), par récurrence). On veut démontrer que p1 est adjacent à Q. On considère qr un sommet arbitraire de Q − q1 . Si qr est V et Q′ est une chaı̂ne sans cordes de q1 à qr dans Q, alors le lemme 5.12 donne l’existence d’un sommet pj ∈ P adjacent à Q′ . Comme pk q1 6∈ E, on déduit que pj = p1 (sinon on a l’existence d’un sommet pj , j 6= 1 adjacent à q1 , une contradiction). Supposons maintenant qu’ il existe au moins un sommet qr colorié R qui n’est pas adjacent à p1 ; alors on peut faire quelques observations générales concernant les chaı̂nes maximales sans cordes. Mais d’abord une remarque. Remarque 5.23. Si un sommet u de Q a la propriété que q1 , qr et un sommet V sont dans la même composante connexe Q′′ de Q − u, alors p1 est adjacent à qr . En effet, l’ hypothèse de récurrence pour Q′′ et P donne l’existence d’un sommet pr ∈ P adjacent à Q′′ . Ce sommet est forcement identique à p1 . Concernant les chaı̂nes maximales sans cordes de Q, on peut dire que : i) toute telle chaı̂ne a au moins une extrémité qui est q1 ou qr ; autrement pour au moins une des extrémités on peut appliquer la remarque 5.23 ; 100 A propos des P4 ii) si une extrémité de la chaı̂ne est différente de q1 et qr , alors elle est V et, de plus, c’est l’unique sommet V de Q ; si ce n’est pas le cas, alors pour ce sommet on peut appliquer la remarque 5.23 ; iii) toute chaı̂ne C qui passe par q1 et qr est maximale ayant les extrémités q1 et qr ; sinon, une extrémité est l’unique sommet V de Q, donc pour la chaı̂ne C (qui est bicoloriée) et pour P on peut appliquer le lemme 5.12 afin de déduire que p1 est adjacent à qr . Pour démontrer qu’en fait la supposition ”il existe qr non-adjacent à p1 ” est fausse, on va se placer dans le cadre d’une récurrence sur |P |. Soit d’abord |P | = 2. De vq1 p1 pk qr on obtient que q1 qr ∈ E (sinon on a un C5 induit). Considérons maintenant dans Q une chaı̂ne maximale C sans cordes reliant q1 et l’unique sommet V de Q, noté qt . Alors le lemme 5.12 pour q1 . . . qt et P donne que p1 est adjacent à q1 . . . qt . De plus, qr n’est pas sur cette chaı̂ne, ni ne la prolonge (sinon par le lemme 5.12 pour la chaı̂ne et P on aurait (C2)), donc il existe une arête qr qw , avec qw situé sur la chaı̂ne. A cause de la remarque 5.23, qw doit être adjacent à q1 , cas dans lequel v, q1 , qr , qw , p1 , pk induisent le graphe F3 , une contradiction. Si |P | ≥ 3, on considère une chaı̂ne maximale sans cordes C qui relie q1 et qt (l’unique sommet V de Q). On a deux possibilités : Cas 1. Cette chaı̂ne contient qr . Alors qt est situé entre q1 et qr , autrement le lemme 5.12 finit la preuve. On applique la récurrence pour P et C − qr (qui est un connexe bicolorié de cardinalité inférieure à |Q|) et on déduit que p1 est adjacent à C − qr . Donc les seules arêtes qui manquent ayant une extrémité p1 ou pk sont pk q1 et p1 qr . La chaı̂ne qr vq1 p1 implique le fait que p1 q1 est V, tandis que (avec la notation qj pour le sommet qui précède qr sur C) la chaı̂ne q1 vqj pk implique que qj pk est aussi V (sauf si |C| = 3). Alors q1 p1 qj pk est mal colorié, ce qui contredit le fait que le graphe est de Hoàng. Dans le cas où |C| = 3, le sous-graphe induit par v, q1 , q2 , qr , p1 , pk est F2 . Cas 2. La chaı̂ne ne passe pas par qr . Par le lemme 5.12 pour les chaı̂nes C et P on obtient que p1 est adjacent à tout C. De plus, on a toujours que pk est adjacent à Q − q1 , donc il est adjacent aussi à tout sommet (sauf q1 ) d’une chaı̂ne sans cordes C ′ reliant q1 et qr . On choisit cette chaı̂ne de façon que tous les sommets sauf qr soient adjacents à p1 (éventuellement on prend un autre qr ). Si qr avait sur P un voisin pj différent de pk , alors l’ hypothèse de récurrence pour C ∪ C ′ et A propos des P4 101 Pp1 pj prouverait que p1 qr ∈ E. Conclusion : ni q1 , ni qr n’ont de voisins sur p2 . . . pk−1 . Soit qs ∈ C ′ − q1 − qr ; s’ il n’est pas adjacent à q1 alors q1 vqs pk donne que qs pk est V, et (comme q1 p1 est V à cause de qr vq1 p1 ) on a que q1 p1 qs pk est mal colorié, une contradiction. On en déduit que tout qs (s’ il y en a) est adjacent à q1 , c.à.d. C ′ a la longueur 1 ou 2. i) Supposons que la longueur de C ′ est 2 et soit qs le sommet de C ′ différent de q1 , qr . Alors q1 p1 est V (à cause de qr vq1 p1 ), qt pk est aussi V (à cause de q1 vqt pk , si q1 qt 6∈ E) et q1 p1 qt pk est mal colorié sauf si q1 qt ∈ E. Dans ce dernier cas, remarquons que la chaı̂ne qr qs q1 qt doit avoir des cordes (car elle est bicoloriée et par le lemme 5.12 on obtient p1 qr ∈ E), mais elle n’admet pas la corde qr qt (pour le sommet qs on pourrait appliquer la remarque 5.23) ; par conséquent, qs qt ∈ E, qr qt 6∈ E. On a les déductions suivantes : pk pk−1 est V (à cause de vqr pk pk−1 ), qr pk est V (à cause de q1 vqr pk ), pk−1 pk−2 est R (à cause de qr pk pk−1 pk−2 ), qt pk−1 ∈ E (à cause de vqt pk pk−1 ). Alors k ≥ 5 (sinon p1 p2 p3 p4 serait mal colorié, car p1 p2 est V à cause de vq1 p1 p2 ) . Montrons que qs pk−1 ∈ E. En effet, si qs pk est V alors pk qs p1 p2 implique qs p2 ∈ E et de même façon, en utilisant soit vqs , soit pk qs , on obtient que qs est adjacent à tous les sommets de P . Si, par contre, qs pk est R, alors qs pk pk−1 pk−2 donne qs pk−1 ∈ E ou qs pk−2 ∈ E. Dans ce dernier cas, vqs pk−2 pk−1 implique qs pk−1 ∈ E. Conclusion : dans les deux cas, qs pk−1 ∈ E. Alors le sous-graphe induit par v, qr , qs , qt , pk , pk−1 est F3 . ii) La longueur de C ′ est 1, c.à.d. q1 qr ∈ E. Alors qr doit avoir un voisin sur la chaı̂ne C et ce voisin ne peut être, selon la remarque 5.23, que le sommet qw ∈ C adjacent à q1 . Remarquons d’abord que, dans ce cas aussi, q1 qt ∈ E. Sinon, la suite suivante de déductions conduit à une contradiction : qt pk est V (à cause de q1 vqt pk ), ce qui implique le fait que q1 p1 est R (grace à pk qt p1 q1 ) et puis que qr pk est V (à cause de p1 q1 qr pk ). Par conséquent, qr pk qt p1 donne que p1 qt est R et donc p1 qt vqr est mal colorié, une contradiction. On a alors q1 qt ∈ E ou, equivalent, t = w. Encore une fois, de vq1 p1 p2 on déduit que p1 p2 est V, et de vqt p1 p2 on a que qt p2 ∈ E. Alors p1 , q1 , qt , p2 , v, p3 induisent un F2 , si qt p3 ∈ E. Dans le cas contraire, la chaı̂ne vqt p2 p3 impose que p2 p3 soit R, après quoi p3 p2 p1 q1 donne que p1 q1 est V. A cause du P4 p1 q1 qr pk on a que qr pk est R, donc pk pk−1 et pk−1 pk−2 sont V toutes les deux (les chaı̂nes vqr pk pk−1 et qr pk pk−1 pk−2 l’imposent). Par conséquent, qt est adjacent à pk−1 et pk−2 , donc le sous-graphe induit par pk , qr , qt , pk−1 , v, pk−2 est précisément F2 . Fin du lemme 5.13.2 102 A propos des P4 Preuve du lemme 5.14. On considère maintenant Q un ensemble connexe bicolorié dans N (v) et P un ensemble connexe dans M (v). Encore une fois, on fait une récurrence par rapport à |Q|. Si |Q| = 2, alors Q = q1 q2 et les deux sommets de Q ont chacun au moins un voisin dans P . Puisque P est connexe, il existe une chaı̂ne sans cordes dans P reliant les deux voisins. Le lemme 5.12 montre alors qu’ il existe dans P un sommet adjacent avec q1 et q2 . Si |Q| ≥ 3, on suppose par récurrence que le lemme est vrai pour tout connexe bicolorié Q′ avec |Q′ | < |Q|. De plus, on fait une récurrence par rapport à |P |. Dans le cas |P | = 2, c’est le lemme 5.13 qui garantit la réponse. Pour le cas |P | ≥ 3, on choisit un sommet q1 ∈ Q tel que Q − q1 soit connexe bicolorié. Pour Q − q1 et P on applique l’ hypothèse de récurrence et on déduit qu’ il existe un sommet pk ∈ P adjacent à Q − q1 . De plus, il existe p1 ∈ P adjacent à q1 . Puisque P est connexe, on peut trouver une chaı̂ne reliant p1 et pk , pour laquelle on peut appliquer le lemme 5.13 (car tout sommet de Q a au moins un voisin sur cette chaı̂ne) afin d’obtenir la conclusion. Fin du lemme 5.14.2 Preuve du lemme 5.15. Soit v tel que N (v) ait une composante connexe bicoloriée. On va démontrer que G est cassable. Pour cela, on va supposer le contraire et on va déduire une contradiction. Si N (v) est connexe alors par le lemme 5.14 on a (C), car le non-voisinage M (v) de v peut être supposé connexe (sinon on déjà une étoile déconnectante). Par conséquent soit il existe un sommet p ∈ M (v) adjacent à tous les sommets de N (v), ou bien il existe un sommet q ∈ N (v) adjacent à aucun sommet de M (v). Dans le cas où (C1) est accomplie, {v} ∪ N (v) \ {q} est une étoile déconnectante dans G. Dans le cas où (C2) est accomplie, {p} ∪ N (v) est une étoile déconnectante dans G, car M (v) 6= {p} (Ḡ serait non-connexe). On peut donc supposer qu’ il existe au moins deux composantes connexes dans N (v). Soit N1 la composante connexe bicoloriée et N2 une autre composante connexe. Dans N1 on peut trouver les sommets y(R) et z(V) qui soient adjacents. Considérons aussi x un sommet de N2 . Si {y} ∪ N (y) \ {z} n’est pas une étoile déconnectante, il existe une chaı̂ne reliant x et z qui ne passe pas par cet ensemble. Soit x′ ∈ N2 le premier sommet de la chaı̂ne allant de x vers z tel que son voisin w sur la chaı̂ne soit dans M (v). Alors yvx′ w impose que A propos des P4 103 x′ w soit V , tandis que zvx′ w donne zw ∈ E. Alors de x′ wzy on déduit que zy est R. De façon similaire, en considérant cette fois-ci l’ensemble {z} ∪ N (z) \ {y} qui ne peut pas être une étoile déconnectante, on obtient que zy devrait être V. On est arrivé à une contradiction. Par conséquent, dans un graphe de Hoàng réductible incassable, pour tout v ∈ V , les composantes connexes de N (v) sont monocoloriées. Fin du lemme 5.15.2 Preuve du lemme 5.16. Supposons qu’ il existe un sommet v ∈ V tel que dans le voisinage de v le P4 abcd est induit. Alors a, b, c, d sont dans la même composante connexe de N (v), par conséquent toutes les arêtes va, vb, vc, vd ont la même couleur, disons R. Parmi ab et cd, une des arêtes est coloriée en V, disons ab. Alors le voisinage du sommet a contient une composante connexe bicolorié, plus précisément celle qui contient b et v, une contradiction.2 Des lemmes 5.15 et 5.16 on déduit très facilement le théorème 5.9. Prouvons maintenant le théorème 5.10. Preuve du lemme 5.21. Supposons que le lemme n’est pas vrai et soient G = (V, E) un graphe de Hoàng, v un sommet de G et P une chaı̂ne impaire reliant les sommets x, y ∈ N (v) qui contredisent le lemme. Le cycle induit par v et P étant impair, il existe une paire (a, b) de sommets de P adjacents à v tels que ab ∈ E, a ∈ Pxb et aucune autre paire similaire n’est contenue dans Pxa . De même, il existe une paire (a′ , b′ ) de sommets de P adjacents à v tels que a′ b′ ∈ E, b′ ∈ Pa′ y et aucune autre paire similaire n’est contenue dans Pb′ y (éventuellement, les deux paires peuvent s’ identifier). Soient aussi c, d les voisins de x, respectivement de a sur Pxa , et c′ , d′ les voisins de y, respectivement b′ sur Pyb′ . Puisque le cycle n’a pas de cordes courtes, a 6= c et b′ 6= c′ . Deux cas sont possibles : Cas 1. vx, vy ont la même couleur (disons R). De yvxc et yvad on obtient que cx, ad sont V, tandis que de xvyc′ et xvb′ d′ on a que yc′ , b′ d′ sont V aussi. Si c 6= d et e est l’autre voisin de c sur la chaı̂ne, alors vxce donne que ce est V. Donc, indépendamment du fait que c = d ou non, la chaı̂ne commence par deux arêtes V et, de même façon, finit par deux arêtes V. En ajoutant le fait que G est un graphe de Hoàng (donc dans toute chaı̂ne les arêtes de la même couleur sont groupées par deux, sauf eventuellement aux extrémités), on en déduit que la chaı̂ne est paire, une contradiction. 104 A propos des P4 Cas 2. vx est R, vy est V. Encore une fois, yvxc et yvad impliquent que xc et ad sont R, tandis que xvyc′ et xvb′ d′ donnent que b′ d′ et yc′ sont V. Le graphe induit par d, a, v, x implique c = d. Les premières deux arêtes de la chaı̂ne sont donc coloriées en R. De la même manière on déduit que les deux dernières arêtes sont V, par conséquent la chaı̂ne est paire, une contradiction.2 Preuve du lemme 5.22. Soit G un graphe quasi-Raspail minimal imparfait qui contredit le lemme et tel que le paramètre tG = max {|NG (u)| : u ∈ V et NG (u) est P4 -libre} soit minimum. Si tG = 1, alors tout sommet v ayant le voisinage P4 -libre a |N (v)|=1, donc G est parfait (il existe une étoile déconnectante). Si tG ≥ 2, alors tout G′ tel que tG′ < tG est parfait. Soit v tel que N (v) = NG (v) ait la cardinalité tG et, de plus, N (v) soit P4 -libre. Alors on peut supposer que N (v) est non-connexe (sinon, [N (v)]Ḡ serait non-connexe et le graphe Ḡ aurait une étoile déconnectante). Soit donc N (v) = N1 ∪ N2 de façon que N1 ∩ N2 = ∅ et il n’y ait aucune arête qui relie un sommet de N1 et un sommet de N2 . On construit le graphe G′ ayant: V (G′ ) = V (G) \ {v} ∪ {v1 , v2 }; E(G′ ) = E(G − v) ∪ {v1 u | u ∈ N1 } ∪ {v2 w | w ∈ N2 }. Fait 2. v1 , v2 est une paire d’amis dans G′ . Preuve. En effet, une chaı̂ne de longueur 3 imposerait l’existence d’une arête entre N1 et N2 , ce qui contredit la supposition faite concernant N1 et N2 . Si, par l’absurde, il existe une chaı̂ne impaire sans cordes de longueur au moins 5, soit P = u0 . . . u2k+1 une telle chaı̂ne entre v1 = u0 et v2 = u2k+1 . Dans G, un cycle impair donné par v et u1 . . . u2k correspond à cette chaı̂ne. Puisque G est un graphe quasi-Raspail, il existe une corde courte vh ∈ E, donc h ∈ N1 ou h ∈ N2 , ce qui prouve que la chaı̂ne P n’était pas sans cordes, une contradiction.2 Les sommets (v1 , v2 ) étant amis, on déduit du lemme 4.1, que ω(G′ ) = ω(G) χ(G′ ) = χ(G), A propos des P4 105 car G′ s’obtient à partir de G en identifiant les deux sommets qui constituent une paire d’amis. Fait 3. G′ est un graphe quasi-Raspail. Preuve. Soit w ∈ V (G′ ) et P une chaı̂ne sans cordes dans G′ , impaire, entre a, b de N (w). Il faut prouver que le cycle induit par w et P a une corde courte. Trois cas peuvent apparaı̂tre : Cas 1. v1 , v2 6∈ V (P ) ∪ {w}. Alors le cycle existe aussi dans G, donc on peut trouver une corde courte. Cas 2. v1 ∈ V (P ) ∪ {w}, mais v2 6∈ V (P ) ∪ {w}. Si v1 = w, alors le même cycle existe dans G avec v à la place de w, par conséquent il existe une corde courte vu (supposons que ua ∈ E). Si cette corde reste dans G′ , alors on n’a plus rien a démontrer. Sinon, on n’a pas v1 u ∈ E, mais v2 u ∈ E et alors ua est une arête entre N1 et N2 , une contradiction. Si v1 ∈ V (P ), alors le même cycle existe dans G avec v à la place de v1 , donc il existe une corde courte wu dans G′ . Si cette corde est aussi une corde dans le cycle de G′ , on a fini ; dans le cas contraire, on a u = v1 , w ∈ N2 et encore une fois on a une arête entre N1 et N2 , contradiction. Cas 3. v1 , v2 ∈ V (P ) ∪ {w}. Dans le cas où v1 ou v2 est égal à w (disons v1 ), considérons la sous-chaı̂ne impaire de longueur supérieure à 5 reliant v1 et v2 sur le cycle (on peut supposer qu’elle est waPav2 ). Soit q le sommet voisin de v2 sur cette sous-chaı̂ne. Puisque G est quasi-Raspail, alors pour le cycle induit dans G par la sous-chaı̂ne Paq et le sommet v on a une corde courte vu. Remarquons que u 6∈ N2 (autrement P aurait une corde dans G′ ). Alors u ∈ N1 et la corde reste dans G′ sauf si u est le voisin de q, cas dans lequel il existe une arête entre N1 et N2 , une contradiction. Dans le cas où v1 , v2 ∈ V (P ), considérons de nouveau la sous-chaı̂ne impaire P ′ reliant v1 et v2 sur le cycle, et remarquons que w ∈ V (P ′ ) (sinon on obtient dans G′ un cycle impair sans cordes). Pour le cycle impair induit dans G par w et le reste de la sous-chaı̂ne, on a dans G une corde courte wu (disons que ua ∈ E) qui reste aussi une corde dans le cycle de G′ si u 6= v, ou si u = v = v1 (par exemple) et w ∈ N1 . Si u = v = v1 , mais w ∈ N2 , alors v2 wav1 est un P4 , donc il existe l’arête aw entre N1 et N2 . Conclusion : G′ est un graphe quasi-Raspail.2 106 A propos des P4 On va montrer maintenant que G′ est un graphe parfait, ce qui prouvera, à cause des relations d’égalité qui ont lieu entre les paramètres de G et G′ , que G peut être colorié en ω(G) couleurs. Puisque G est minimal imparfait, on va aboutir à une contradiction. Pour cela, considérons un autre paramètre kG = |{v ∈ V | NG (v) est P4 -libre et |NG (v)| = tG }| et supposons que G est minimal par rapport aussi à ce paramètre (sinon, on prend le graphe qui a cette propriété et on fait pour lui la construction correspondante à G′ ). Si kG = 1, alors pour tout sous-graphe H de G′ on a : i) soit H ne contient ni v1 , ni v2 , auquel cas H est un sous-graphe de G, et est donc parfait ; ii) soit H contient v1 ou/et v2 et dans ce cas H n’est plus un sous-graphe de G, mais il a la propriété que 1 ≤ tH < tG (car |NH (vi )| < |NH (v)|, i = 1, 2). Alors H est parfait. Si k(G) > 1, alors pour tout sous-graphe H de G′ on a : i) soit H ne contient ni v1 , ni v2 , auquel cas H est un sous-graphe de G, et est donc parfait ; ii) soit H contient v1 ou/et v2 et dans ce cas H n’est plus un sous-graphe de G, mais il a la propriété que tH = tG et kH < k(G) (car |NH (vi )| < |NH (v)|, i = 1, 2). Encore une fois, H est parfait. Dans tous les deux cas, G′ est parfait, donc G est parfait, ce qui contredit l’ hypothèse. Fin du lemme 5.22.2 Ces preuves rendent définitif le théorème 5.11, donc les graphes de Hoàng réductibles sont parfaits. Remarque 5.24. La classe des graphes de Hoàng réductibles est distincte de toutes les classes de graphes parfaits trouvées jusqu’ici. Les contre-exemples pour les éventuelles relations d’ inclusion étant faciles à trouver, on n’ insistera pas. Conclusion Les résultats obtenus depuis son introduction sur la classe des graphes parfaits, ainsi que les résultats de cette thèse, montrent – comme on l’a déjà signalé dans l’avant-propos – que presque tous les progrès que l’on fait sont petits par rapport au but que l’on se propose ; et que, jusqu’ ici, les petits progrès, pris ensemble, ne nous permettent pas de tirer des grandes conclusions. C’est la situation présente et c’est, probablement, une situation transitoire. Etant donné que des résultats assez importants ont été obtenus utilisant des méthodes empruntées à d’autres domaines (de l’algèbre linéaire et, plus recemment, de la théorie des jeux), il est tentant de s’orienter vers cette façon d’approcher les graphes parfaits. Toutefois, l’auteur continue de croire que ce n’est pas le pouvoir absolu de la théorie des graphes qui est déficient, mais notre capacité à l’utiliser pour arriver au but. Cette thèse n’a certainement pas pour ambition de prouver, sans l’ombre d’un doute, une telle affirmation. Elle élimine quelques questions et en pose d’autres. D’une part, elle élargit les connaissances sur les graphes parfaits ; d’autre part, elle signale les limites de ces connaissances. Ainsi, elle ajoute un nouveau petit progrès à ceux déjà obtenus au cours des années. 107 Index A conjecture aile 16, 89 Faible 8, 9 algorithme 17 Forte 9,10 glouton 20 composante connexe généralisée 38 glouton tempéré 22, 24 RQ-corde 40 anti-trou 6, 9 corde 6 courte 40 approche algébrique 10 approche graphes 11 couleur 47 disponible 43 RQ-arête 40 arête centrale d’un P4 87 couplage 64 arête libre 87 cycle 6 cycle induit 6 C centre d’une chaı̂ne 56 chaı̂ne 6 induite 6 chaı̂nes parallèles 55 D diamant 62 diamètre 6 distance 6 doublage 55 classe héréditaire 6, 22 clique 7 noire 51 E rouge 51 AB-échange 23 verte 51 AB-échange généralisé 38 r-clique 7 ensemble coloration 7, 19 bicolorié 92 gloutonne 20 déconnectant 11 jolie 71 monocolorié 92 localement parfaite 37 équivalence polynomiale 84 optimale 20 étoile déconnectante 11 109 110 Index G quasi-Raspail 94 Raspail 15, 94 représentatif des arêtes 62 de stricte quasi-parité 16 triangulé 8, 15, 88 trou-équivalent à un sous- 80 W-parfait 90 gemme 92 graphe de base 64 de Berge 9 biparti 16 cassable 93 colorié en R, N, B 65 complémentaire 6 I connexe 11 identification de sommets 61 diamant-libre 17 faiblement triangulé 15, 89 N fortement parfait 16 nombre de densité 7, 17 de stabilité 7, 17 chromatique 7, 17 de couverture par des cliques 7, 17 non-voisinage 12 F-libre 17 de Hoàng 16, 89 de Hoàng réductible 91 impair-connexe 62, 79 incassable 12 joliment coloriable 71 localement parfait 37 O de Meyniel 15 obstruction 20 ordre parfait 20 ordre propre 25 minimal imparfait 10 multiparti complet 13 nul 87 χ-parfait 8 P α-parfait 8 P4 robuste 52 paire d’amis 13, 61, 104 paire d’ennemis 13 partition antisymétrique 12 petit transversal 48 petit 2-transversal 50 poids d’une arête 55 poids d’un sommet 55 problème NP-complet 17, 21 pseudo-sommet 38 puits 24 parfait 8, 9 parfaitement ordonnable 16, 20 parfaitement ordonné 20 de parité 15, 39 de parité ordonnable 31 de parité ordonné 32 partitionnable 47 proprement ordonnable 25 proprement ordonné 25 de quasi-parité 16, 79 Index S W A-sommet 23 WPGC 8 sommet de base 81 doublé 55 maximum 31 nul 31 propre 81 réel 38 sommets adjacents 5 anti-jumeaux 14 source 24 sous-graphe induit 5 partiel 5 SPGC 9 stable 7 r-stable 7 (α, ω)-structure 47 P4 -structure 85 T θ(G) 7 Théorème des graphes parfaits 9 trou 6, 9, 87 U union complète 63 2-union 64 V A-voisin 23 voisinage 12 Notations Pk 6 Ck 6 α(G) 7 ω(G) 7 θ(G) 7 χ(G) 7 AB-cc(x) 23 AB-ccg(y) 38 mx 24 N*(K1 + K2 ) 34 111 Bibliographie [1] C. 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