N°128 - Province des îles Loyauté

Transcription

N°128 - Province des îles Loyauté
Plus jamais comme avant
e football est le sport le plus pratiqué en Nouvelle Calédonie dans les quartiers
comme dans les tribus, au Nord comme au Sud, à l’Est comme à l’Ouest, à tel
point qu’il continue à attirer bon nombre de jeunes dans la pratique de cette discipline. Alors
quand des célébrités comme Christian Karembeu, Antoine Kombouare, Robert Pires ou Laurent
Blanc viennent au pays à l’occasion du jubilé, c’est un réel événement pour ces footballeurs en herbe
qui se mettent à rêver loin des supputations médiatiques des adultes. Ce jubilé a été non seulement un
coup de projecteur sur la carrière du footballeur mais aussi sur les valeurs d’accueil et d’hospitalité du
pays que souhaite véhiculer encore plus loin Christian en tant qu’ambassadeur du tourisme local.
Espérons que ces quelques jours auront suffi à donner de la motivation et de l’abnégation à de jeunes
talents qui ne manqueront pas dans quelques années de briller à un haut niveau pour le plaisir des
spectateurs du ballon rond et pour la fierté d’un pays “footeux”.
Editorial
L
Le hasard du calendrier à voulu que la visite des “habitants de la planète foot” précède dans un autre
registre celle du secrétaire d’Etat à l’outre mer, Yves Jego. Auprès de ce dernier qui a assuré le soutien
de l’Etat dans la dynamisation du secteur touristique, dans la réflexion de la problématique de la
desserte inter îles et dans le lancement de la formation d’élites, l’exécutif de la Province des Iles a
notamment insisté sur la vigilance accordée au respect des accords, les retards des contrats de
développement et l’importance de la défiscalisation. Ces échanges qui ont pu paraître trop courts pour
certains auront eu au moins le mérite d'exposer les problèmes et d’annoncer des calendriers qui
permettront aux acteurs de poser des jalons.
Le tourisme était encore à l’honneur ces derniers temps : la fête de l’Avocat a, comme à son habitude,
attiré des centaines d’amoureux de l’authenticité et de l’exotisme dans la tribu de Nécé à Maré. Quant
à lui, le séminaire à l’initiative de la DIL qui a eu lieu à Ouvéa a rassemblé les collectivités et plusieurs
professionnels des îles bien sûr mais aussi du Nord et du Sud. Les différents ateliers ont permis aux
uns et aux autres de suivre l’avancement des recommandations du dernier séminaire et de mesurer
l’ajustement nécessaire pour un proche avenir.
Ouvéa où se déroulait aussi un anniversaire douloureux. Vingt ans après, l’heure est résolument à
l’humilité, au souvenir et au recueillement aux côtés des familles qui ont perdu un fils, un époux ou un
père dont le sacrifice a fait que le pays ne sera plus jamais comme avant.
Le recueillement était aussi présent à la célébration du 150ème anniversaire de l’arrivée de l’Eglise
Catholique à Lifou (Hnajöisisi, Easo, Hnathalo).
Pour terminer, notre assemblée s’est récemment penchée sur des dossiers de l’habitat social, volet
important et sensible de la politique provinciale d’aménagement laquelle mise sur la mobilisation des
décideurs, des techniciens et des professionnels au grand bénéfice de la population nécessiteuse.
Néko HNEPEUNE
Sommaire
Président de la Province des Iles Loyauté
Les décisions de la Province . . . . . . . . . . . . . . . . p 4
La Fête de l’Avocat à Maré
La visite d’Yves Jego
...................p7
Karembeu et les Bleus 1998 à Lifou . . . . . . . . . p 23
Les 150 ans de l’Eglise catholique à Lifou . . . . . . p 11
Le Nengone Village a sa 3ème étoile . . . . . . . . . p 27
Le 2ème séminaire du Tourisme à Ouvéa . . . . . . . p 15
Ouvéa 20 ans après Gossanah . . . . . . . . . . . . . p 30
. . . . . . . . . . . . . p 19
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LES DÉCISIONS DE LA PROVINCE
L’habitat social à plein régime
L
es élus de la Province des
Iles Loyauté se sont
retrouvés le 22 mai pour
statuer sur une quinzaine de
dossiers concernant essentiellement
des aides à l’habitat social,
l’amélioration de l’habitat et des
actions en faveur de la jeunesse et
du sport.
Habitat social
Les objectifs de la politique menée
par la Province des îles loyauté en
matière d’Habitat Social sont
multiples. Outre le fait de pouvoir
fixer les populations, ce programme
a pour vocations principales :
d’assurer un logement décent au
plus grand nombre, en aidant en
particulier les familles les plus
démunies, de promouvoir un
habitat adapté au mode de vie
kanak et l’environnement architectural local et respectueusement des
“normes minimales” de résistance et
d’hygiène sanitaires,
de dynamiser et développer le tissu
économique artisanal et du
bâtiment dans les Ile Loyauté.
Ainsi avec la nouvelle génération
du contrat de développement
2006-2010, la Province des Iles
a déjà attribué 666.139.578 CFP
d’aide à la construction pour 125
dossiers.
Face à une forte demande, la
priorité fut donnée aux personnes
âgées et handicapées pour ces
premières
attributions.
Or,
actuellement la demande reste très
soutenue. Elle est évaluée
potentiellement à plus de
2,2 milliards CFP pour environ
371 dossiers. Sur ce volume, on
dénombre 236 dossiers déjà
complets et qui représentent une
dépense de 1,3 milliard CFP en
fonds subventionnels.
Compte tenu des disponibilités
Sur le banc de la presse.
budgétaires et de la structure
socio-économiques des demandes,
une unanimité s’est dégagée pour
prendre en considération les
demandes de personnes ayant ou
n’ayant pas de ressources et celles
en particulier provenant des
catégories des jeunes couples et de
retraités.
Sur les 236 dossiers complets, 76
dossiers sont éligibles. Ils
représentent une dépense de
417 millions CFP d’aide, répartie
en 211 millions pour 37 dossiers
à Lifou, 79 millions pour 16
dossiers à Ouvéa et 127 millions
pour 23 dossiers à Maré. Cette
somme sera versée à la SODIL,
chargée la mise en œuvre des
opérations d’habitat social.
La Sodil après la BCI
Par ailleurs, a Province des îles avait
adopté en décembre 1996 (dans
le cadre des mesures d’habitat
social) un programme destiné à
l’amélioration ou à la finition de
logements de particuliers, selon
lequel les personnes ayant des
revenus inférieurs ou égaux au
SMG peuvent bénéficier de ces
aides qui sont plafonnées à
500 000 CFP.
Ces aides étaient versées à la BCI
qui en assurait la gestion par le biais
d’une convention. Malheureusement, des difficultés sont
apparues avec la BCI dans le suivi
de cette convention et il convenait
de rechercher un nouveau
partenaire. Souhaitant avoir un
interlocuteur unique dans la gestion
financière des programmes relevant
de l’habitat social, les élus ont
décidé que la gestion des ces fonds
soit désormais confiée à la Sodil.
De même, la province des Iles avait
mis en place en 2001 un
programme de remise aux normes
des gîtes touristiques. Une
modification de cette délibération
est intervenue en février 2006
pour intégrer dans le programme les
besoins d’agrandissement, de
rénovation et de restructuration des
gîtes. A ce jour, 6 structures ont
bénéficié de ce programme.
Les fonds provinciaux étaient versés
sur la base d’un contrat de
concours conclu avec le promoteur
et une banque. Pour la plupart
des projets agréés, les fonds
provinciaux ont été versés à la BCI.
Mais la BCI a informé la Province
de sa décision de ne plus conclure
de telles conventions avec la
collectivité et de procéder à la
dénonciation des actes déjà établis.
Elle a donc reversé les fonds
provinciaux disponibles.
Sur conseils de la paierie des Iles,
l’assemblée de Province a décidé
de verser les fonds provenant de la
BCI à la Sodil qui en assure la
gestion.
réalisation d’un bloc sanitaire, à la
tribu de Ognat à Ouvéa.
Foire 2008
La Province des Iles Loyauté
subventionne chaque année la
foire des Iles Loyauté. Cette
manifestation est l’occasion de
rencontres et d’échanges entre les
producteurs des trois îles et
l’occasion de faire découvrir ou
redécouvrir à d’autres communautés
du Territoire et aux touristes
l’ensemble des productions et des
activités que proposent les
Loyaltiens.
Aides aux personnes âgées
et handicapées
Dans le cadre des opérations
d’amélioration de l’habitat des
personnes âgées, Lapacas Thatha,
Kaemo Drelane et Nyikeine
Wahoimë, habitants de Lifou, se
voient attribuer chacun une aide de
1.916.860 CFP pour la
construction de blocs sanitaires.
Même principe à Maré, où Mme
veuve Lakoredine Wassinetha,
Mme Veuve Yekawene Tawaishi et
Wahmetu Wehnane obtiennent
également 1.916.860 CFP
chacun pour la construction de
blocs sanitaires.
A Ouvéa, Mme veuve Adjougniope Odette, Mme veuve
Adjougniope Attio Batilö,
Mme Kapoeri Bertha Aubu et
M. Neudjen Wadawa bénéficient
d’une aide identique de
1.916.860 CFP pour la
construction de blocs sanitaires.
Dans le cadre des opérations
d’amélioration de l’habitat des
personnes handicapées, Ihage
Wasajë Louise, Ngazo Moïse (de
Lifou), Malo Henry, Mawea Thibi
(de Maré) font l’objet d’une aide
de 1.916.860 CFP chacun pour
la construction de blocs sanitaires.
Pour sa part, Idakote Delphin, âgé
de 70 ans, se voit attribuer une
aide de 2.284.360 CFP pour la
4
Cette année, la foire des Iles
Loyauté doit se dérouler à Maré
du 12 au 14 septembre 2008.
Afin que les délégations des trois
Iles Loyauté soient présentes, les
élus ont décidé de partager la
subvention provinciale 2008 (soit
4 millions CFP) entre les trois
Comités de foire et de leur confier
les missions suivantes :
une subvention de 3.000.000 CFP
au Comité de foire de Maré pour
assurer l’organisation et le
fonctionnement global de la foire;
une subvention de 500.000 CFP
à l’Association Foire Agricole,
Artisanale et Folklorique de Lifou
et 500.000 CFP pour le Comité
d’Ouvéa pour la prise en charge du
transport de personnes et de
produits vers l’île de Maré.
Aide au théâtre
La Province a accordé à
l’association “le Chapitô de la
Nouvelle-Calédonie” une aide
totale de 2.340.000 CFP
décomposée en deux objectifs.
Le premier concerne une aide
financière pour le fonctionnement
de l’association pour un montant
de 1.940.000 CFP. En effet, le
théâtre existe depuis quinze ans en
Nouvelle-Calédonie mais reste
encore méconnu. En 2007,
l’association s’est dotée d’un
chapiteau qui sera mis à la
disposition des collectivités
désireuses de diffuser des
spectacles vivants dans des
conditions techniques adaptées
que de nombreuses communes ne
peuvent pas fournir aux compagnies
locales. La particularité de la
structure, outre sa mobilité, est
d’accompagner la diffusion des
spectacles (séances scolaires) par
de nombreuses actions de
l’association “Enfance Loisirs
Jeunesse Ouvéa” et la Province
des Iles (services culturel,
environnement et jeunesse et
sports) un concours est organisé à
l’intention des scolaires.
Dans ce projet, il est demandé aux
enfants de se projeter dans l’avenir
en se référant à leur perception
actuelle de leur tribu. Cette
opération doit en quelque sorte
permettre à l’enfant de s’interroger
sur son espace vital et son devenir
pour s’y inscrire. Ce travail de
l’imaginaire semble important pour
le mettre face à certains
questionnements : quel sera son
environnement dans le futur ?
Comment se voit-il dans l’avenir ?
Par extension, on peut voir là un
formidable moyen d’aborder les
sensibilisation auprès du jeune
public.
Ainsi, la tournée du chapiteau dans
les îles Loyauté constitue une
alternative pertinente car accessible
pour chaque artiste. De plus, il
s’agit d’une opération en
conformité avec la charte de
politique culturelle de la province
des îles Loyauté.
L’autre partie de la subvention
concerne une deuxième demande
de la même association pour la
diffusion en métropole du spectacle
“Les champs de la terre” de Pierre
Gope, pour un montant de
400.000 CFP. Après plus de
90 représentations depuis sa
création en 2005, le spectacle a
reçu un très bon accueil du public
une tournée est prévue en
métropole pour la saison 2008.
questions identitaires relatives à la
place de l’enfant dans la
communauté, dans la société
calédonienne et le devenir de son
environnement social et naturel.
C’est peut-être là un moyen de le
responsabiliser à travers ces
différentes fonctions.
Les classes des différents
établissements scolaires choisissent
et s’engagent dans un seul de ces
concours :
A/ Concours littéraire et artistique ;
B/ Concours de slogan ;
C/ Concours d’affiche.
L’expression des jeunes sera mise
en avant lors de la manifestation
finale qui se déroulera sur Ouvéa
au mois de juin. C’est un projet
novateur et innovant pour les
jeunes grâce à l’action de tous les
acteurs jeunesse :
parents, instituteurs, responsables
religieux, coutumiers, responsables
associatifs, animateurs et éducateurs socio éducatifs et sportifs.
Pour mettre en œuvre cette
action, la Province des Îles a
Questions identitaires
en concours
Dans le cadre de l’opération
“Projet IWAJI” pilotée par
5
décidé d’octroyer une subvention
de 1.029.600 CFP.
Coutume et sport
Dans le cadre de la mise à
disposition de la parcelle coutumière
destinée à l’accueil du lotissement
provincial de Traput, une subvention
de 2.400.000 CFP est attribuée
au Conseil du District de Lössi.
Une aide financière de
1.500.000 F CFP est accordée à
l’association Section Sportive
Hnathalo afin de financer un projet
de voyage au Vanuatu en catamaran
au mois de septembre 2008 dont
le thème est “La route de nos
ancêtres”.
L’assemblée a autorisé la prise en
charge, pour un montant de
4.500.000 CFP, de l’achat de
1.000 billets pour le “Jubilé
Christian Karembeu” le 31 mai au
stade Numa Daly à Nouméa, à
l’intention des comités provinciaux
de football.
Trois subventions ont été
attribuées à des structures sportives :
Comité provincial de football :
2 400 000 F,
Comité provincial de cricket :
3 078 000 F,
Comité provincial de volley ball :
2 293 000 F.
Les élus ont désigné Yvonne
Hnada en qualité de représentante
de la Province des Iles au Conseil
d’administration de l’Institut de
formation des professions sanitaires
et sociales de Nouvelle-Calédonie.
A la suite du décès de Robert
Hnoija Wadriako le 5 avril 2008,
les élus ont autorisé la prise en
charge des frais de 225.000 CFP
pour le retour du corps vers Lifou.
Rapport de la Chambre
territoriale des comptes
En fin de séance, le Président
Hnpeune a donné connaissance aux élus du rapport
d’observations définitives de la
Chambre territoriale des comptes
concernant la politique de
l’habitat social de la Province
des Iles.
A l’occasion du jugement des
comptes pour les exercices
2001 à 2005, la Chambre
territoriale des comptes de
Nouvelle-Calédonie a en effet
procédé à l’examen de la gestion
de la politique de l’habitat social
mise en œuvre par la province
des Iles Loyauté, à partir de
2001.
La chambre observe que les
objectifs fixés en matière de
construction d’habitat social par
les délibérations de la Province
des Iles ne sont pas suffisamment
précis et ne peuvent permettre
d’évaluer efficacement la performance et les résultats de cette
politique publique. Ainsi, aucun
objectif chiffré (en termes de
nombre de logements à construire, par exemple) n’est affiché
par la Province.
La Province des Iles ayant pris
du retard en termes d’éléments
minimum de confort, la chambre
constate qu’il n’y a pas eu
d’études préalables dans ce
domaine auprès de la population
des îles.
Elle rappelle que l’évaluation
précise des besoins avant la mise
en place d’une politique
publique est le gage d’une
dépense efficace. De plus, il est
à craindre que les moyens
financiers consacrés par la
Province des îles ne suffisent à
combler les besoins en matière
d’habitat social.
En conclusion, la chambre
territoriale des comptes invite la
Province des Iles à être attentive
au suivi opérationnel et financier
des chantiers par l’opérateur afin
d’améliorer l’évaluation de cette
politique publique de l’habitat
social qui consomme chaque
année près de 700 millions CFP
du budget provincial.
YVES JEGO À LIFOU
Un ministre
plus technique que politique
C
’est sous un ciel
maussade que Lifou a
reçu Yves Jego, Secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, le
samedi 31 mai. Accueilli par le
Président Hnepeune et le
commissaire délégué Ankri, le
ministre s’est rendu directement
dans la salle de l’Assemblée de
Province où l’attendaient le
Grand Chef Pierre Zeoula et les
coutumiers du Gaïca. Pierre
Zeoula a évoqué “nos Anciens
qui sont allés à l’autre bout de
la terre défendre les valeurs de
Liberté, Egalité, Fraternité”,
puis il a souligné la volonté des
Loyauté de travailler avec l’Etat,
notamment en matière d’enseignement “pour que le pays
grandisse et que nos enfants
puissent acquérir des connaissances pour mieux développer
le pays demain”.
Yves Jego s’est déclaré sensible
à l’action des autorités
coutumières : “Les jeunes
générations ont besoin de puiser
dans l’expérience des Anciens
pour que règne l’harmonie.
Dans le monde bouleversé qui
est le nôtre, beaucoup de gens
ont oublié le respect”. Faisant
allusion aux incidents qui ont
perturbé à Nouméa le marché
du Gaïca, le ministre a rappelé
que “la violence n’a jamais rien
Le ministre s’est arrêté un moment
devant la statue de Yeiweine Yeiweine.
engendré de bon”.
Puis, face aux élus et aux
représentants de l’Etat, le
Président Neko Hnepeune a
souhaité la bienvenue au
ministre. Il a évoqué le récent
20ème anniversaire de “la
poignée de main historique de
deux hommes qui ont bravé
les incompréhensions et les
pressions de tout genre pour
sceller les Accords, point de
départ d’une refondation basée
sur une reconnaissance mutuelle
et une quête d’un destin
commun”. Rappelant que
“l’application de cet Accord a
connu des hauts et des bas au
Le cadeau des coutumiers à Yves Jego.
gré des changements politiques
en Métropole”, il a évoqué
la rétrocession des actions
d’Enercal et de l’AFD à la
Nouvelle-Calédonie pour 36
millions d’Euros puis, s’agissant
des contrats de développement,
le Président a noté que “les
ministères techniques de
l’agriculture et de la pêche n’ont
donné qu’une suite partielle à
leurs engagements financiers. La
Province des Iles Loyauté est
dans l’attente d’un règlement de
près de 146 millions CFP afin
de clôturer définitivement les
opérations de contrats de
développement de la génération
2000-2005. Quant à la
nouvelle génération relative à la
période 2006-2010, nous
attendons des modalités de
suivis financiers à la hauteur de
vos engagements qui, je vous le
rappelle, sont les garanties de
notre développement”.
“Par ailleurs, a encore indiqué
Néko Hnepeune, nous sommes
attentifs, Monsieur le Ministre,
à la place que votre projet de
loi sur la défiscalisation laissera à
l’investissement relatif à l’hôtellerie ainsi qu’au transport aérien
et maritime. Vous comprendrez
l’importance du secteur touristique pour notre collectivité et
Le Grand Chef Pierre Zeoula a accueilli le ministre.
7
Suite page 8
YVES JEGO À LIFOU
Le ministre a engagé avec les élus de la Province des Iles un débat très animé sur divers sujets d’actualité.
l’enjeu qu’il représente”. En
conclusion, il a rappelé à Yves
Jego : “Votre implication et
votre détermination à appliquer
nos accords au nom de l’Etat
français, troisième partenaire,
sera un gage de réussite au
service d’une stabilité institutionnelle pérenne et d’un
Souvenir des Loyauté.
développement économique et
social équilibré”.
lui fournisse un schéma et un
calendrier pour novembre
2008, à sa prochaine visite.
“Le tourisme, a-t-il dit, doit être
l’un des grands moteurs du
dévelop-pement économique
des Loyauté. Nous sommes au
cœur de l’atout touristique de la
région”. Il a ensuite évoqué la
création d’une banque du
tourisme afin de trouver des
financements pour les investisseurs : “Il faut travailler aussi
au positionnement touristique
international de la Province des
Iles, et l’Etat est prêt à vous
aider”.
Le ministre s’est dit également
attentif aux projets de micro
agriculture, en indiquant que le
Secrétariat à l’Outre-mer
travaille à la création d’une label
“France - Saveur d’Outre-mer”
pour valoriser ces produits à
l’exportation.
Yves Jego a enfin indiqué qu’il
était désolé pour les troubles à
l’ordre public qui avaient
entraîné du désordre parmi les
gens de Lifou venus tenir leur
marché à Nouméa mais il a saisi
l’occasion pour rappeler que la
violence n’est jamais la solution :
“Nous sommes sur une planète
où tout le monde ne peut pas
Yves Jego a fait une ovation aux jeunes danseurs.
s’exprimer librement. Nous
avons cette chance de pouvoir
le faire, mais la contrepartie de
cette liberté c’est le dialogue.
On ne peut pas me dire qu’il y
a des revendications et refuser
de m’apporter les dossiers
Une banque du tourisme
Dans sa réponse, le ministre a
indiqué qu’il avait demandé au
Haussaire de faire accélérer les
crédits de paiement dans le
cadre des Contrats de
Développement. Puis, évoquant
le développement des Loyauté,
et relevant l’archaïsme des
liaisons vers les îles, Yves Jego
a annoncé qu’il aimerait lancer
un groupe de travail sur les
dessertes aériennes et maritimes
afin d’étudier les solutions, les
moyens et les mobilisations
financières. Il souhaiterait qu’on
Photo souvenir avec la troupe de Wedrumel.
8
concernés quand je propose
d’intervenir ”. Soulignant la
“volonté de dialogue réaffirmée
par l’Etat”, le ministre a conclu :
“Si l’arbitre ne sort pas le carton
rouge de temps en temps, on ne
peux pas jouer” !
Puis Yves Jego a engagé un
débat très ouvert avec les élus
de la Province des Iles. Il a
notamment évoqué le lancement
d’un programme national de
valorisation des élites avec pour
objectif d’amener quelques
centaines de jeunes de l’Outremer vers les grandes écoles ou
les grandes structures de
formation supérieure comme les
IRA (Institut Régional d’Administration). A cet égard, il a
adressé un clin d’œil admiratif
et humoristique à Neko
Hnepeune, diplômé de l’IRA
de Metz : “Quand on a fait les
IRA, on peut même devenir
Président de Province” !
La matinée s’est achevée par un
“Bua” endiablé présenté par les
jeunes danseurs de Wedrumel
suivi d’un déjeuner très convivial
sous le faré de la Province.
ANNIVERSAIRE
Les 150 ans
de l’église catholique à Lifou
E
n avril 1858, les pères
Palazy et Montrouzier
débarquaient en terre
drehu. Et 150 ans plus tard,
plusieurs milliers de personnes
venues de tous les coins de
Calédonie, de Wallis, de
France, ont débarqué à Lifou
pour commémorer l’anniversaire
de l’arrivée de la religion
catholique sur cette île. Le
9 avril dernier, le comité
du 150ème anniversaire a
officiellement ouvert ces
cérémonies qui ont duré cinq
jours.
Pendant la matinée, les autorités
coutumières et la tribu de
Nathalo ont accueilli les autres
paroisses catholiques et protestantes de Lifou. Ensuite, toutes
les paroisses et le comité
organisateur se sont rassemblés
sous les deux grands préaux
pour accueillir la délégation de
Nouméa conduite par le vieux
diacre Hnawia qatr qui a
présenté le geste coutumier.
Juste après le repas, les
cérémonies ont repris avec
l’accueil de l’évêque Guilain
assuré par les scouts de Lifou
sous la houlette de Basiédi et
de l’aumônier des scouts
Pascalëdi. Après ces cérémonies, trois conférenciers de
l’île ont partagé leurs idées : le
vieux Hapié de Hunëtë a
ouvert cette conférence sur le
Lifou d’avant l’arrivée de la
religion jusqu’à aujourd’hui. Puis
Joachim Taua a, pour sa part,
complété ce qu’avait fait son
prédécesseur avant de laisser la
parole à Etienne Zongo qui a
conclu cette conférence en
expliquant les différents panneaux exposés à l’intérieur de
l’église Saint Jean Baptiste. Et
enfin, L’évêque Guilain a
présidé la messe d’ouverture
tandis que le comité organisateur se retrouvait dans le
bâtiment César pour une
réunion de régulation.
Une barque à Hnajöisisi
Le 11 avril, une centaine de
pèlerins se sont retrouvés à
Hnajöisisi pour commémorer
Les danseurs du Wetr
ont ouvert lla procession
ait reçu les missionnaires Palazi
et Montrouzier dans la petite
baie de Hnajöisisi, le clan
Qenegeie a reçu pendant la
matinée la croix du 150ème
anniversaire de la présence
Gestes coutumiers à Nathalo.
l’arrivée de la religion
catholique. Cent cinquante ans
après que le “atresi Qenegeie”
catholique à Lifou amenée par
le père Tui et un catéchiste
d’Ouvéa. Vers six heures du
matin, les délégations des
quatre coins du monde ont
commencé à arriver au monument de Hnajöisisi où le clan
Qenegeie les attendait. La croix
est arrivée à 9h sur la petite
plage et ce sont l’évêque
Guilain, le père Apikaoua, et
les catéchistes de l’île qui sont
descendus pour chercher la croix
avec le père Tui dans la petite
embarcation. Une fois devant le
Les clans ont accompagné la croix tout au long du chemin.
monument, les danseurs du clan
les ont accueillis avec une danse
traditionnelle le “Féhoa” suivi
de la cérémonie coutumière.
Ensuite, l’évêque Guilain a
passé la croix à Qenegeie
Melen tandis que le père Tui a
donné la bible à Wazinë, le fils
de Qenegeie, absent pour des
raisons de santé. Enfin, une
messe commémorative a été
célébrée sur place par le père
Apikaoua et le pasteur Mika
devant le monument de
Hnajöisisi. Pour clôturer ces
festivités à Hnajöisisi, le comité
a remis une plaque du 150ème
anniversaire aux membres de la
famille Qenegeie qui l’ont
placée sur le monument
historique de Hnajöisisi.
L’après-midi, la croix du 150ème
anniversaire a quitté Hnajöisisi à
bord d’une embarcation pour
aller à Easo sous la houlette des
deux membres de la famille
Qenegeie Wazin et Trepö avec
le Père Tui. Les pèlerins et les
membres du clan Qenegeie sont
passés par la voie terrestre pour
rejoindre la nouvelle demeure
de Qenegeie à Hanawa. Ce
parcours s’est fait en deux
parties : la première dizaine de
kilomètres s’était faite à pied
jusqu’à Hnaménë où les
Suite page 13 11
ANNIVERSAIRE
La cérémonie
d’accueil de
l’Archevèque
Guillain
à Hnajöisisi.
véhicules attendaient les pèlerins
pour finir les quinze derniers
kilomètres jusqu’ à Hanawa.
L’embarcation est arrivée à la
baie de Easo vers seize heures.
Plus de 300 personnes dont le
“atresi” Waixaca attendaient la
croix avec le “atresi” Qenegeie.
Les deux membres de la famille
Qenegei ont passé la croix et la
bible à Delphin Waixaca. Des
danses se sont succédées sur le
site pour accompagner les
cérémonies d’accueil. Ensuite,
tout le cortège s’est dirigé vers
la mission de Easo pour
quelques festivités avant de
repartir le lendemain à Nathalo.
Première à Béthanie.
Le samedi 12, le clan
Qenegeie et le clan Waixaca
ont quitté Easo avec la croix du
150ème anniversaire pour aller à
Nathalo. En cours de route, le
cortége s’est arrêté au centre de
formation théologique de
Béthanie où une délégation
protestante des différentes
paroisses de l’île, des élèves
pasteurs et les professeurs du
centre attendaient la délégation
catholique avec la croix. La
rencontre de ces deux délégations a été très chaleureuse et
émouvante car c’était une
première dans l’histoire de Lifou :
la première fois que tant de
catholiques se retrouvaient à
Béthanie avec la croix. Après
une quarantaine de minutes de
partage de parole et de
collation entre les protestants et
les catholiques dans la cour de
Béthanie, les deux délégations
ont pris ensemble le chemin
de Nathalo, où les “atresi”
Walewen et Issamatro attendaient Waixaca et Qenegeie.
Le cortège des pèlerins a été
escorté par les danseurs du
Wetr depuis l’entrée de la tribu
de Nathalo jusqu’au préau
où attendaient les délégations
venues de quatre coins du
monde. Plus particulièrement les
L’église Saint-Joseph était
habillée d’un manou entre
les deux clochers.
clans Issamatro et Walewen à
qui Waixaca et Qenegeie ont
présenté le geste coutumier de
la croix et de la bible pour
symboliser l’arrivée de l’évangile
à Nathalo. Les “atresi”
Issamatro et Walewen ont, à
leur tour, passé le flambeau à la
grande chefferie du Wetr
représentée par le futur grand
chef Oukéinéssödi car l’actuel
grand chef Paulëdi est absent
pour des raisons médicales.
Ces cérémonies coutumières
d’accueil de la croix et de la
bible ont été accompagnées par
des danses et des chants.
Ensuite, toutes les communautés
présentes sur le site ont pris un
repas en commun, puis on a
enchaîné avec une table ronde
avec quatre invités de marque :
Le grand chef Naisseline, le
président de la ligue des droits
de l’homme Elie Poigoune,
le père Apikakoua et une
personnalité de métropole.
Enfin M. Secondy a clôturé les
festivités avec la biographie de
Montrouzier, l’un des premiers
missionnaires catholiques à
évangéliser Lifou. Avant la
messe de 17h, une pause café a
permis à la chorale de Nathalo
de chanter pour la pose de la
plaque sur un monument
commémorant le valeureux
guerrier de la chefferie du Wetr
devenu le premier frère de
Lifou : Frère César.
Le soir, le comité organisateur
avait prévu une soirée
d’animation où les jeunes ont pu
s’exprimer à travers des danses,
des jeux scéniques, des chants
et de la musique. La plupart des
spectateurs attendaient surtout
les groupes qui ont participé
à l’album édité pour cet
anniversaire et intitulé “Foi et
culture ossature du futur”.
Le dimanche matin, la grande
messe commémorative a été
célébrée par l’archevêque
Michel Calvet devant 3000
personnes qui ont été ensuite
conviées à partager.
Après quoi le comité a
rassemblé les responsables des
délégations pour des cérémonies
d’au revoir très émouvantes.
L’arrivée de la croix à Hnajöisisi par la mer.
Ici, l’Evangile est arrivé à Lifou il y a 150 ans.
Les guerriers du clan Qenegeie ont accompagné la bible.
13
SÉMINAIRE D’OUVÉA
Un nouvel élan
pour le tourisme aux Loyauté
L
e 2ème séminaire du tourisme aux Iles Loyauté,
qui s’est tenu les 21 et
22 avril à la tribu Eika de
Fayaoué (Ouvéa) a réuni une
centaine de promoteurs, d’élus
provinciaux et municipaux ainsi
que des professionnels du
secteur. Dans une ambiance
studieuse et conviviale, les
participants ont dressé le bilan
des actions accomplies depuis le
premier séminaire de Lifou, en
2004, et ils ont esquissé les
mesures à prendre pour assurer
l’avenir d’un secteur, appelé à
devenir “le nickel” de Lifou,
Maré et Ouvéa.
L’organisation des discussions en
sept ateliers thématiques a
permis à chacun d’intervenir, de
s’informer et surtout, occasion
unique, de partager les
expériences menées d’une île à
l’autre.
Force a été de constater que
bon nombre de questions,
posées lors du séminaire de
Lifou n’ont toujours pas trouvé
de réponses, mais en près de
quatre ans les mentalités ont
beaucoup évolué et la volonté
de développer ce secteur
d’avenir a été très clairement
réaffirmée par tous. Nidoish
Naisseline, le président de
Destination Iles Loyauté (DIL)
K
Les promoteurs des trois îles ont présenté une coutume d’arrivée.
à l’initiative de la rencontre, a
d’emblée posé les termes du
débat : “Financer les projets ne
population”. Les promoteurs
l’ont bien compris et ils n’ont
pas hésité à rappeler à la
La coutume d’accueil des gens d’IAAI.
suffit pas, a-t-il dit. Il faut
les rendre viables. Il faut que
le tourisme rapporte à la
Province des Iles les promesses
non tenues, les bâtons mis dans
leurs roues et les retards de
paiements qui les pénalisent.
Face aux revendications, Robert
Truijij, le directeur du développement économique de la
Province des Iles, a rappelé que
la province ne saurait tout faire
et que les responsabilités
devaient être partagées.
Souvent, les promoteurs ont
paru désarmés face aux
nouvelles réglementations, qu’ils
connaissent mal et qui “coûtent
cher ” pour s’y conformer.
Assurer les activités proposées
n’est pas encore entré dans les
Les groupes étaient réunis autour de différents thèmes.
mœurs et les compagnies
d’assurances n’ont pas toujours
les contrats adéquats à
proposer. Les promoteurs ont
paru hésiter entre l’envie de se
lancer et la peur de trop
bouleverser leur quotidien,
d’ouvrir trop largement les
portes de leur culture au risque
d’y perdre leur âme. Surtout, ils
se sont inquiétés de la
stagnation de la fréquentation
touristique qui freine le
développement des structures.
Volonté de partage
et d’organisation
Conscients que leur éparpillement dans les différentes îles
constitue un frein à la
commercialisation de leurs
produits, les promoteurs et les
Tours Operator ont plébiscité la
création d’une centrale de
réservation qui permettrait aux
clients d’avoir un interlocuteur
unique et faciliterait la mise en
place et la vente de “packages”.
Pour une agence, organiser un
voyage au Vanuatu prend à
peine une demi-heure, alors
qu’aux îles Loyauté il faut
compter entre 6 heures et deux
jours, le temps nécessaire pour
Suite page 16 15
SÉMINAIRE D’OUVÉA
Les travaux se sont déroulés par ateliers.
avoir confirmation du transport,
de l’hébergement et des
activités, a expliqué un
professionnel. La création d’une
f
Des interventions variées.
centrale unique de réservation
pour les Loyauté devrait être
accompagnée par “la mise en
place d’une charte et d’un label
pour les petites structures et
l’accueil en tribu, produit
spécifique aux îles Loyauté”,
La Sodil a proposé une charte et un label “Loyauté”.
a proposé Samuel Hnepeune, le
directeur de la Sodil. L’atelier
consacré à l’image de la
destination et à la promotion
touristique a insisté sur un
recentrage d’une “communication plus réaliste”.
Les problèmes du transport
aérien et maritime ont été
abordés en toute franchise et
face aux ratés actuels, les
promoteurs ont appelé de leurs
voeux la mise en place d’un
schéma directeur des transports
et l’harmonisation des prix entre
l’avion et le bateau, le premier
étant parfois moins cher que le
second. L’atelier formation,
présidé par Danièle Guaenere,
la présidente de la commission
enseignement et formation, a
plaidé pour une professionnalisation du secteur du tourisme
qui fait défaut et obstacle aux
petites structures. “Les besoins
sont très mal identifiés et le
manque de coordination entre
les différents secteurs est patent,
a expliqué l’élue. La mise en
place des formations ne
correspond pas aux besoins, il
est donc nécessaire de proposer
des formations itinérantes et des
parcours individualisés en se
basant sur le Revenu d’insertion.
Il permettrait de rémunérer,
pendant un an, des stagiaires, le
temps qu’ils se forment et voient
s’ils ont vraiment envie de se
lancer dans le tourisme. Une fois
leur décision mûrement réfléchie,
ils pourraient alors recevoir une
Débats et partages d’expériences sur le terrain.
16
subvention, pas avant. Cela
permettrait d’éviter les dérives”.
L’enseignement de l’anglais pour
accueillir les croisiéristes et les
touristes est apparu comme un
autre impératif.
Tout au long des discussions, le
CEMAID et l’association Lifou
Tourisme ont été cités comme
exemple d’une organisation
solidaire et dynamique pour le
développement du tourisme.
Car les promoteurs et les
professionnels en sont repartis
convaincus : seuls ils ne sont
rien, ensemble ils peuvent
beaucoup.
LES EGLISES SOUTIENNENT
UN TOURISME RAISONNÉ
Par sa présence au séminaire et par ses encouragements envers
un développement maîtrisé du tourisme, l’Eglise s’est
résolument engagée aux côtés des promoteurs qu’elle a incités
à se lancer tout en restant vigilants sur la préservation de leur
identité culturelle. Pour le président de l’Eglise évangélique,
Philippe Capoa, et le pasteur Laurent Haewegene qui ont
activement participé aux débats, le vrai dilemme pour les
populations locales et leurs dirigeants, est de savoir comment
attirer les touristes sans s’aliéner. Autrement dit, sans
déséquilibrer les traditions et les valeurs qu sont à la base même
de leur culture unique. “Depuis les années 1970, nous avons
noté des contradictions entre le tourisme moderne, la culture
mélanésienne et les valeurs religieuses des populations du
Pacifique. L’Eglise ne doit pas agir à la place des promoteurs,
mais elle est toujours là pour dire sa parole, explique Philippe
Capoa. Si la croissance touristique continue sans contrôle et
sans se soucier de savoir si l’hôte en bénéficie autant que le
touriste, alors le tourisme devient une menace pour la stabilité
économique et sociale du pays”, a estimé le président de
l’Eglise évangélique. Pour le pasteur Haewegene, de la tribu
d’Eni, à Maré, l’Eglise peut apporter sa contribution en
expliquant l’importance de l’accueil des étrangers. “Depuis peu,
a-t-il souligné, l’Eglise sort de son cocon et s’implique pour
faire comprendre aux populations que le tourisme peut être une
bénédiction et une source de revenus”.
VIE AGRICOLE
La Fête de l’Avocat : 15 ans déjà
L
’avocat est aujourd’hui
devenu le fruit emblématique de Maré, qui
célèbre chaque année ce gros
fruit vert lors de la “Fête de
l’avocat” qui se tient à Nece
(district de Guahma) et qui
s’est déroulé cette année du
1er au 4 mai.
Au début des années 1990, la
plupart des grands vergers
d’avocatiers que l’on retrouve
aujourd’hui étaient plantés.
Sentant qu’une réelle dynamique s’était engagée autour de
cette culture, M. Wayaridri
proposa d’organiser une fête de
l’avocat. Son idée première était
de faire profiter de son
expérience et de ses connaissances le plus grand nombre
qu’il s’agisse des gens de Maré
ou de l’extérieur. Dans un
second temps, il s’agissait, pour
lui, d’asseoir la renommée de
l’avocat de Maré au-delà des
limites de l’île. Pour faire
j
honneur à la variété locale à
laquelle les Maréens sont si
attachés, il fut décidé que la
fête de l’avocat se tiendrait au
mois de mai au moment où cette
variété est en pleine production.
Comme toujours, les stands ont été dévalisés.
La première fête de l’avocat
s’est déroulée à Nece, en mai
1993. De nombreux agriculteurs de l’île y présentèrent
leurs productions : fruits et
légumes, ignames, et avocats
bien entendu. On pouvait
également trouver sur les stands
des plants de différentes
espèces fruitières comme le
letchi, les agrumes, et plusieurs
variétés d’avocatiers. L’accent
étant mis sur le partage des
connaissances et la transmission
des savoirs, des visites de
vergers d’avocatiers furent
organisées. Des stands furent
confiés à des associations de
producteurs dont Arbofruits qui
présentèrent au public les
nouvelles variétés d’avocatiers et
la manière de les cultiver.
Pour compléter ce programme
essentiellement agricole, un
concours de plats à base
d’avocats fut créé et des
dégustations proposées à toutes
les personnes présentes.
Tout savoir sur le gros fruit vert de Maré.
19
Suite page 20 VIE AGRICOLE
Pas de Fête de l’Avocat sans expression culturelle.
A l’heure des dégustations.
w
L’incontestable succès de cette
première édition encouragea le
comité organisateur comme les
planteurs à réitérer l’expérience
l’année suivante.
D’année en année, cette fête a
pris de l’ampleur et a permis de
faire connaître l’avocat de Maré
en dehors de l’île. Pour
répondre aux demandes d’un
public de plus en plus
important, la DIL (Destination
Iles Loyautés) s’est associée à
cet événement de sorte,
qu’aujourd’hui, sont proposées
dans le cadre de la Fête de
l’Avocat des activités qui
dépassent largement le cadre
agricole. Il est ainsi possible de
participer à un concours de
pêche, de visiter différents sites
touristiques de l’île ou encore
d’assister au concert d’un
groupe local.
Cette année la Fête de l’Avocat
a célébré son 15ème anniversaire
et le comité organisateur estime
à une tonne la quantité
d’avocats vendue pendant ces
trois journées, et plus d’une
L’avocat à toutes les sauces, de l’entrée au dessert !
tonne et demie d’ignames. Plus
d’une trentaine d’agriculteurs
maréens exposaient et vendaient
les produits de leurs champs :
fruits et légumes en tous genres,
patates, taros, et ignames qui
font la réputation de Maré.
L’avocat était bien évidemment
omniprésent : sur les étalages,
dans les plats préparés par les
femmes du district du Guahma
lors des repas-dégustations, et
sur les stands de restauration
répartis sur le site.
Beaucoup de monde pour fêter l’avocat de Maré.
20
JUBILÉ KAREMBEU
Christian et les Bleus à Lifou
L
e jeudi 29 mai, avec ses
camarades de l’équipe
de France championne
du monde de football en
1998, Christian Karembeu a
tenu à commencer les festivités
de son jubilé par Lifou, l’île où
il est né mais aussi où ses oncles
maternels l’ont élevé.
L’accueil s’est fait devant la
grande Case de la Chefferie de
Nathalo où près de mille
personnes l’attendaient pour
une ovation méritée. Notre
champion du monde avait
préparé 4 coutumes pour
marquer son passage sur l’île.
Une pour les grandes chefferies,
une pour ses oncles maternels,
une pour les autorités administratives et une pour le monde
sportif. La Troupe de danse du
Wetr l’a accueilli avec une danse
digne des grandes festivités
avant de lui faire une haie
d’honneur pour l’inviter à entrer
dans la grande case.
Après les remerciements des
notables coutumiers Caehëti et
Pascalëti, c’est avec beaucoup
d’émotion que Paulo Saume,
l’oncle maternel de Christian, a
remercié la coutume qui lui était
destiné. Le Président de la
Province des Iles et Maire de
Lifou, Neko Hnepeune, a
remercié à son tour le champion
Les Bleus accueillis par les supporters à Nathalo
pour la coutume réservée aux
autorités administratives des îles.
C’est Ihily, ancien joueur de
Bastia, qui a pris la parole afin
de remercier le geste coutumier
destiné au monde sportif des
îles. Enfin, Samy Ihage, gardien
du portail du district du Wetr, a
remis à son tour la coutume
d’accueil à notre champion du
monde. Dans son discours, il a
rappelé : “En 1998, vous
étiez sur vos deux pieds sur les
terrains de France. Nous, on
était dans les nuages.
Aujourd’hui, 10 ans après,
votre venue ici sur l’île de
Les Champions 98 en chair et en os à Lifou !
Temps fort de l’émotion partagée lors de l’accueil coutumier dans la Grande Chefferie du Wetr
23
Suite page 26 JUBILÉ KAREMBEU
Drehu, c’est la cerise sur le
gâteau. Alors Christian, merci
de nous faire vivre encore ces
moments forts”.
La délégation s’est rendue
ensuite au Drehu Village, où un
pot d’accueil lui était réservé,
avec un repas digne des
champions.
Dans l’après-midi, un terrain de
football à 7 a été aménagé pour
l’occasion sur la plage de
Chateaubriand, pour quelques
échanges de balle entre les
jeunes de l’île et les Bleus.
L’entraîneur de la Sélection de
France 98, Aimé Jacquet, a
endossé, le temps d’une
rencontre, le maillot de gardien
de but. Pascal Vahirua, le
footballeur Polynésien, s’est mis
en avant-centre de pointe.
Après un score nul, de 0 à 0,
la flèche faîtière du Jubilé
Karembeu a été offerte à notre
champion qui l’a offerte à son
tour à Aimé Jacquet, l’homme
qui a fait que nos rêves
deviennent réalité.
Merci à l’équipe de France,
merci à Christian pour cette
cerise sur le gâteau et cette
journée inoubliable.
Daniel Jaïne Christian Karembeu : le regard des enfants pour leur idole se passe de tout commentaire...
Match de foot sur la plage et flèche faîtière pour Aimé Jacquet
Les Champions ont été impressionnés par la Coutume
26
HÔTELLERIE TOURISTIQUE
Le Nengone Village
a inauguré sa 3ème étoile
L
’inauguration de l’hôtel de Maré,
après plusieurs mois de rénovation,
a eu lieu en présence des
responsables de la Sodil, des représentants
de la province et de nombreux invités.
L’équipe du Nengone Village avait soigné
l’accueil de ses invités pour ce grand jour.
La troisième étoile de l’hôtel va dorénavant
briller d’un éclat particulier sur la plage de
Kawe. Les nouvelles constructions, cinq
bungalows et les trois suites, ainsi que les
quinze bungalows rénovés, permettront aux
touristes de bénéficier de prestations
particulièrement raffinées.
Le cahier des charges prévoyait des
constructions de qualité dans un style
traditionnel. Marcel Meleme, l’architecte, a
réussi ce pari. Il a parfaitement concilié
confort moderne et raffiné avec tradition
océanienne, en proposant des cases
construites avec des éléments maréens,
pierres, bois de l’île pour la charpente et
bambous tressés pour les plafonds. Ce
résultat est le fruit du travail d’artisans et de
sculpteurs locaux.
Le coût de la rénovation de l’hôtel est
important. Les premières installations
dataient de 1996. Les différents
partenaires ont dû investir 300 millions de
francs pour mettre l’hôtel aux normes et
répondre aux attentes des touristes.
Le nouveau directeur de l’hôtel, Régis
Rigault, peut s’appuyer sur les vingt
employés qui assurent le bon
fonctionnement de la structure. Lors des
travaux de rénovation, ces derniers ont
bénéficié de diverses formations, notamment
en langue afin d’accueillir les étrangers.
Notables, officiels et coutumiers ont inauguré l’hôtel avec les partenaires.
Luxe et volupté : l’ouverture en pesrpective sur la pisine
Les nouvelles chambres, très raffinées.
Cette cérémonie d’inauguration, comme le
veut la tradition à Maré, s’est achevée sur
des chants et des danses. C’est la tribu
d’Eni qui s’est chargée de l’animation et des
prestations.
L’alliance du confort et de la tradition.
Une équipe solide assure le fonctionnement de la structure.
27
INSERTION PROFESSIONNELLE
Les “Voix de la Jeunesse Calédonienne”
à Jozip
A
la suite du festival de la
Jeunesse du Pacifique à
Tahiti en 2006, et la
participation d’une dizaine de
jeunes Loyaltiens, une charte de
la Jeunesse du Pacifique a
émergé répertoriant les problématiques jeunesse. Aussi,
l’organisation calédonienne qui
s’est créée au retour de Tahiti a
émis le souhait d’adapter cette
Charte du Pacifique au contexte
local.
Cette organisation nommée
“Voix de la Jeunesse Calédonienne” (VJC) rebondit sur
les différents thèmes présents
dans la Charte en proposant un
travail partenarial regroupant des
groupes de jeunes des trois
provinces, des administratifs et
des élus.
Plusieurs rassemblements ont déjà
eu lieu sur Touho, Koné et
durant le week-end de Pentecôte
à Lifou. C’est ainsi que du 8 au
12 avril la tribu de Jozip a
accueilli les “Voies de la jeunesse
Calédonienne”.
Une composante
culturelle
Réunies au sein du clan
Wejieme, les délégations du
Sud, du Nord et des Iles ont
participé, dans une ambiance
conviviale, à un travail de
Entre deux séquences
de travail, les jeunes de
la famille du pasteur
Lax en concert.
réflexion et de construction
autour de “l’insertion professionnelle”.
Pour ce projet, la province des
Iles avait doté l’association
AJASEL (Association des
Jeunes Animateurs Socio
Educatifs de Lifou) de moyens
permettant de gérer cet
événement, notamment par la
contribution de son personnel
technique Ingrid Qenenoj et
Larry Martin et une participation
financière
pour
l’ensemble du projet à hauteur
de 1,5 million CFP depuis
2006.
On peut cependant regretter une
faible participation des jeunes de
Drehu alors que la délégation de
Maré ne comptait pas moins de
douze jeunes et celle d‘Ouvéa
culturelle comme facteur indéniable de la réussite en milieu
scolaire a émergé.
Une dynamique citoyenne pour favoriser l’identité sociale.
rassemblait six membres.
Malgré tout, cette organisation a
révélé l’existence d’un tissu
associatif d’animation bien présent
sur les trois îles. Le Service de la
Jeunesse et des Sports de la
province des Iles pourra s’appuyer
sur ces énergies en terme
d’animation et de formation.
Quant à l’ensemble territorial des
VJC, le travail a donné lieu
à d’importantes remontées
d’informations qui souligne, entre
autres, le besoin de formations et
notamment le besoin d’être
informé. De plus, il est à
souligner que la composante
La composante culturelle est un facteur important de la réussite.
29
Les VJC continueront leur bout
de chemin pour se retrouver à
Houaïlou fin Juillet pour travailler
cette fois autour du thème de la
“citoyenneté”.
Les jeunes des îles doivent
s’attendre à un nouveau
rassemblement inter îles Loyauté
en fin d’année pour traiter de la
question de l’insertion professionnelle.
Cette dynamique en perpétuelle
évolution devrait permettre, à
terme, d’inscrire tout jeune
Loyaltien dans une représentation
citoyenne favorisant son identité
sociale et culturelle.
COMMÉMORATION
Ouvéa 20 ans après Gossanah
M
ardi 22 avril, ont
débuté les commémorations des 20
ans des tragiques événements
d’Ouvéa. Evoquant l’origine du
conflit, Nine Wéa, membre du
comité des 20 ans, a rappelé :
“le combat de 1988, en
refusant d’accepter le statut
Pons, était celui de la
sauvegarde des valeurs coutumières”. Des actions similaires
devaient se dérouler à cinq
minutes d’intervalle sur les autres
îles des Loyauté. Cependant
seule Ouvéa est passée à
l’action. Mais l’initiative a tourné
au drame, avec les suites
dramatiques que l’on connaît.
Mais aujourd’hui l’heure n’est
plus à l’apitoiement ni à la
rancœur. La grotte d’Ouvéa fut
l’un des plus importants
déclencheurs du processus qui
conduisit aux Accords de
Matignon et par conséquent à
l’arrêt des graves troubles à
l’ordre public, malheureusement
entaché, un an plus tard, par la
mort des leaders du FLNKS
Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene
Yeiwene.
Dimanche 20 avril, à Gossanah
a donc eu lieu une réunion à la
chefferie Imone regroupant les
grands chefs, les familles des
victimes, les anciens prisonniers et
les élus, afin d’arrêter un
programme définitif jusqu’au 5
mai. Le premier rassemblement a
eu lieu le 22 à Hnanemeû près
de la gendarmerie. Ont suivi
ceux de Teouta, le 23 et de
Gossanah les 24 et 25, le 26
Banoutr, puis Mouly, Wakatr,
Héo, Wadrilla et à nouveau
Gossannah pour la clôture.
Après chaque rassemblement, de
larges temps de témoignages et
d’échanges ont eu lieu. Le soir, à
Gossanah, là où s’était s’installée
Radio Djiido pendant 10 jours,
afin de relater l’événement au
plus près, des veillées ont été
organisées, des discussions et
Un dépôt de gerbe a réuni les familles des deux bords en présence du Haussaire.
débats ont animé la place. De
nombreux films documentaires
ont été projetés dont le plus
récent tourné
en 2007 et
relatant les circonstances de la
prise
d’otages
et
ses
conséquences, produisant de
nombreux témoignages d’anciens
acteurs combattants ou politiques
de l’époque.
“C’est pourquoi tous les
établissements scolaires d’Ouvéa
ont été invités car il y a 20 ans
s’est écrite une des plus
importantes pages de l’histoire
Kanak, qui est bien entendu celle
de nos enfants. Ils doivent savoir
ce qui s’est passé”, a noté Nine
Wéa.
épisode de l’histoire de la
Nouvelle Calédonie”. Emu
également, le grand chef
Wenegei déclarait “c’est une
journée très particulière, car c’est
une première. Je souhaite que
l’entente se poursuive dans
l’avenir”. Un dépôt de gerbe a
réuni dans une profonde émotion
les familles des victimes des deux
bords, un parterre de coutumiers
et d’officiels dont le Haussaire
Yves Dassonville, Auguste
Daoume, président de l’aire
coutumière d’Ouvéa, François
Lamboley, fondateur du Comité
du 22 avril 1988, ainsi que le
Général commandant des Forces
Armées.
L’émotion des familles
Une expo à Gossanah
Cette année, un événement
majeur a eu lieu, celui du dépôt
de gerbe à la gendarmerie de
Fayawé. C’est la première fois
que les habitants et les
gendarmes
commémorent
ensemble
cette
tragédie
d’Ouvéa. Le mardi 22 avril
2008, dix ans après la
réconciliation face aux familles
des victimes et aux caméras de
RFO et LCI, le Colonel Didier
Laumont a déclaré, visiblement
ému : “Il est particulièrement
symbolique qu’à l’occasion de
ces cérémonies de commémoration, la gendarmerie
d’Ouvéa, théâtre de la tragédie,
accueille en son sein tous ceux
qui ont souffert de ce douloureux
Mercredi 2 mai, les trois collèges
de l’île se sont intéressés de près
aux événements tragiques
d’Ouvéa. Le GOD, quelques
classes du primaire St Michel et
les sixièmes d’Eben Eza se sont
rendus à Gossanah pour y
découvrir l’exposition consacrée
aux deux semaines que durèrent
les événements. Ils ont pu y voir
de nombreuses photos, des
dessins, des pages de journaux
d’époque et y entendre de
nombreux témoignages. Pour les
élèves restants sur place, le GIE
et le comité des 20 ans avaient
prévu l’intervention dans les
établissements de plusieurs
personnes ayant été au cœur de
la tragédie de 1988. Assoiffés
de réponses les élèves désiraient
en effet tout savoir, confirmer ce
qu’ils pensaient être vrai ou
infirmer ce dont ils doutaient. A
Guillaume Douarre une fresque
de 20 mètres, symbolisant les
20 années qui nous séparent de
1988, a été offerte au comité
des 20 ans. Sur ces 20 mètres
de tissu ont été peints les divers
événements
de
l’histoire
d’Ouvéa pendant cette double
décennie.
La commémoration a bien
évidemment pour but de saluer la
mémoire des victimes mais les
événements
s’éloignent,
inexorablement. C’est pourquoi
M. Nigote, petit Chef de
Wadrilla annonçait : “d’ici
quelques années, nous, nous ne
serons plus là. Il faut que
quelqu’un, un acteur, se lance
dans l’écriture de l’événement”.
Une fresque de 20 mètres pour 20 ans de mémoire vivante.
30
L’ÉCOLOGIE À L’ÉCOLE
Un carnaval pour l’environnement
L
e jeudi 22 mai, une
centaine d’élèves du
primaire se sont retrouvés à Wé pour un carnaval sur
le thème de la protection de
l’environnement. Ce projet a été
mis en place par l’école primaire
de Dueulu pour sauvegarder
l’environnement de la tribu. Le
directeur des écoles primaires
Patrice s’est dit surpris : “Normalement, on avait terminé ce
projet l’année dernière, mais les
enfants ont demandé qu’on le
reconduise cette année, alors les
maîtresses l’ont travaillé afin de
terminer ensemble avec les
autres écoles de L’île. Et pour
faciliter les déplacements, mais
aussi pour que notre thème ait
un peu plus d’impact sur la
population ne Drehu, on a
décidé de l’organiser à Wé”.
Les élèves des écoles primaires
de la DDEC (Direction
Diocésaine de l’Enseignement
Catholique) de Lifou, les élèves
des écoles publique de Hmelek
et de Qanono et les élèves de
l’ASEE (Alliance Scolaire de
l’Eglise Evangélique) de
Wedrumel ont fait le déplacement pour participer au
carnaval et sensibiliser les
adultes sur la protection de
l’environnement. Ils ont défilé
depuis le terrain de Qanono
jusqu’au faré de la province des
îles, au rythme de la samba.
Chaque école se différenciait
par son costume : les uns
étaient déguisés en roussettes,
les autres en abeilles, d’autres
encore en Tortues Ninja, etc.
Le chanteur Edou a assuré
l’animation tout au long du
trajet.
Après les paroles d’accueil et
les encouragements du directeur
de l’enseignement de la
Province, les enfants se sont
succédés pour présenter leurs
danses, chants et poèmes
évoquant la protection, la
menace ou la destruction de
l’environnement.
33
w
AIRCAL INFO
ircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - aircal info - airc
Une femme
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aux commandes
aircal info - aircal info - aircal inf
Une femme aux commandes d’un ATR, ce n’est pas
al info - aircal info - aircal inf
courant ! Il faut dire qu’a l’échelon national non plus, les femaircal info - aircal info mes commandant de bord ne sont pas nombreuses : tout juste 5 %
de la profession. Lydia Saucian a rejoint leurs rangs dans les années 90.
l info - aircal infoElle a fait ses armes sur un Cap 10, un avion de voltige en toile et bois, dans un
aircal
aéroclub de la région marseillaise : loopings, vrilles, piqués, là où “beaucoup d’hommes sont malades de peur”. Désormais pilote breveté de voltige, la fille du Sud morte à
Paris, devient hôtesse de l’air chez UTA puis, deux ans plus tard, pilote, à la faveur d’un
recrutement interne. Cher Air Littoral, elle est en passe de gagner ses galons de commandant de bord quand la compagnie met la clé sous la porte. Nouveau virage pour Lydia qui
se lance dans des études d’ostéopathie. En deuxième année, elle plaque tout et revient à
ses anciennes amours. Mais après quatre ans sans voler, c’est le retour à la case départ. Elle
revalide brevet de pilote et qualification ATR avant d’inonder les compagnies aériennes de
CV. Elle passe un an en Suisse, avant d’atterrir à Nouméa et de devenir la première femme
commandant de bord chez Air Calédonie. Elle compte bien profiter de sa présence dans le
Pacifique sud pour découvrir l’un des seuls endroits du monde qu’elle ne connaît pas :
l’Australie. Mais comme passagère cette fois…
Un ancien d’Aircal à l’honneur
Le Haussaire Yves Dassonville a remis, voici quelques semaines, à James Hnyietre la médaille de
l’Ordre National du Mérite.
James Hnyietre est entré chez Air Calédonie en 1962, au service technique. En tant que mécanicien,
il s’occupe à l’époque de nettoyer et de réparer les différentes pièces des avions. Après une petite
pause pour effectuer son service militaire, il réintègre la compagnie au service de fret, cette fois.
Après quelques mois passés au fret, James doit être muté à Koumac, mais une opportunité se présente à Lifou, où on lui propose d’aller remplacer le chef d’escale qui se lance dans la politique.
James, dont la maman est originaire de Lifou, accepte volontiers. Le remplacement, qui devait
durer I mois, se transformera vite en contrat de 5 ans, et James va finalement faire toute sa carrière professionnelle à l itou, puisqu’il occupe maintenant son poste de Chef d’Escale depuis 43 ans.
Aujourd’hui, James est le plus ancien employé de la compagnie mais, pour l’instant, il n’est pas
question de retraite !
Audit réussi pour l’escale de Maré
Dans le cadre de l’Audit Marchandises Dangereuses
d’Air Calédonie, l’escale de Maré a été visitée le 19
mars par Joseph Le Tonqueze de la DGAC (Direction
Générale de l’Aviation Civile de Paris). Pour cette
mission il était accompagné de Carole Tanti et de
Philippe Hacques du SEAC NC.
L’audit s’est déroulé dans une bonne ambiance au
cours d’une matinée où ont été passées en revue
nos procédures concernant le traitement de ce type
de marchandise. L’accueil chaleureux de nos collègues de Nengone a été très apprécié.
Sur la photo, Carole Tanti, Philippe Hacques et
Joseph Le Tonqueze avec Ferdinand Wahmetu, le
chef d’escale et une partie du personnel de l’escale
de Maré.
SOCIÉTÉ
Un “bruicoleur” de musique
L
e jeudi 15 mai, l’école
publique de Hmelek a
accueilli un “bruicoleur” de
musique, Dominique Gauvrit,
venu partager son savoir faire
avec les élèves. Pendant toute la
matinée, les élèves se sont
rassemblées dans une classe
pour apprécier le talent de ce
bricoleur d’instruments de
musique qui explique : “c’est
avec des matériaux de
récupération que je fabrique des
instruments de musique, les
enfants sont très intéressés par
mes fabrications. On peut faire
de la bonne musique avec pas
grand-chose”...
Sa devise : “Un peu de tout
avec trois fois rien”. La salle
était pleine, avec même certains
parents d’élèves et des membres
du centre de formation de
musique de l’île. Ces démonstrations terminées, l’après midi a
été consacré aux travaux
manuels où le “bruicoleur” a
appris aux élèves de Hmelek
comment créer de la musique
avec trois fois rien.
Taï Wahéo se raconte dans un livre
T
aï Wahéo était à Ouvéa
mi avril, d’abord parce
que c’est son, île natale, mais
surtout pour présenter son livre,
“Oûguk, le petit coco vert”
édité par l’ADCK en français
avec une traduction en iaai
(Ouvéa). Cet ouvrage autobiographique raconte l’histoire
mouvementée, parfois déchirante, du petit Taï, laissé à
Ouvéa par ses parents dès sa
petite enfance, puis ballotté de
famille en famille après le décès
de ses grands-parents lorsqu’il
avait 8 ans.
Ce n’est pas un fait rare en
milieu tribal que de confier la
garde d’un enfant à ses grandsparents, et ce n’est pas, non
plus, rare que de le voir changer
de maison lorsqu’un événement
imprévu intervient dans sa vie.
Ainsi, quand on demande à
Taï Wahéo ce qui l’a poussé
à entreprendre son autobiographie, il répond sans la
moindre amertume : “C’est pour
laisser à mes enfants et petitsenfants une trace de mon passé.
Car les choses intimes et
douloureuses sont plus faciles à
écrire qu’à dire. Malgré ce désir
d’écrire, l’implication, parfois
trop grande, et la peur de me
mettre en avant, surtout pour un
Kanak, m’ont posé quelques
soucis. En outre, écrire en
français n’est pas chose aisée.
On n’ose pas”.
Taï Wahéo avait quitté Ouvéa
avec en poche un certificat
d’études. Il est aujourd’hui
doctorant en linguistique. Son
parcours a donc été long et,
comme il le dit lui-même, “les
petits pas de l’enfant sur le
sable sont effacés depuis
longtemps. Mais le sable
humide et doux de l’île est
encore là pour porter
l’empreinte des pas d’enfants
que d’autres enfants laisseront
pour aller travailler ailleurs”.
Disparition de Samuel Yeiwéné
F
rère du regretté Yé-Yé et
de Damien Yeiwéné, élu
provincial, Samuel Yeiwéné est
décédé fin avril à l’âge de
66 ans. Ce vieux militant de
l’Union Calédonienne avait été
maire de Maré de 1967 à
1977.
Samuel Yeiwéné (que ses amis
appelaient “Gno-Gno”) était
né à Maré le 30 avril 1941.
A l’issue de ses études, devenu
instituteur en 1960, il avait
enseigné 2 ans à Canala, puis
était rentré à Maré. Il avait
enseigné à Tawainedr, puis avait
profité de la construction de
l’école primaire de Tadine pour
se rapprocher de sa famille.
Elu maire en 1967, il avait
poursuivi son métier d’instituteur
pendant deux ans, mais avait dû
lâcher prise pour se consacrer à
la Mairie. Battu aux élections
de 1977, il reste cependant
membre du conseil municipal
jusqu’en 1988. En 1989, un
infarctus l’oblige à ralentir ses
activités. Il se consacre essentiellement à son métier d’insti-
tuteur qu’il poursuit jusqu’à sa
retraite, en 1991.
De 1967 à son décès, ce
militant de la première heure est
jusqu’au bout resté fidèle à
l’UC, mouvement au sein
duquel il avait occupé des
fonctions importantes. Sportif,
Samuel Yeiwene avait été
membre de l’équipe de football
de Tadine. Il avait aussi planté
un verger important qui était sa
passion.
Il laisse derrière lui son épouse,
Marguerite, gérante du magasin
35
“Trop Tard”, son fils aîné, JeanPierre, adjoint au maire dans
l’équipe de Basile Citré, et
Philippe qui fait une carrière
commerciale chez Carrefour.
ACTIONS POUR LA JEUNESSE
La Province
va créer des animateurs de district
D
ans le cadre de sa
politique jeunesse, la
Province des îles
favorise l’émergence d’animateurs socio-éducatifs sur les
districts. Par la mise en place en
2008 de conventions avec les
associations socio culturelles qui
ont trait au développement des
actions pour la jeunesse, la
Province soutient :
la création d’un poste
d’animateur sur le point
information jeunesse qui va
s’implanter sur Wé en fin
d’année et dont le support
juridique est l’AJASEL (Association des Jeunes Animateurs
Socio Educatifs de Lifou)
la création d’un poste
d’animateur des techniques
de l’information et de la
communication sur Lifou dont
le support juridique est
AJI (Association Jeunesse
Informatique)
la création de deux postes
d’animateur sur les districts du
Wetr et du Gaïca dont les
Des conventions sont déjà en place pour les animateurs des écoles de voile.
supports juridiques sont
l’Association multisports de
Lifou et l’association Onatr
Mon Pays
la création d’un poste
d’animation en faveur du public
handicapé dont le support
juridique est le club handisport
et sport de LIFOU
la création d’un poste
d’animateur sur le district de
Guahma dont le support
juridique est l’association des
Jeunes de Hnaeteneat.
Par ces conventionnements, et
en étroite collaboration avec les
associations sportives, les
intervenants socio éducatifs se
sont engagés à :
animer des manifestations en
lien avec le secteur jeunesse du
service provincial
mettre en place des ateliers
d’éducation physique au sein
des écoles primaires (après avoir
reçu l’agrément de l’inspection
primaire référente)
développer des animations
sportives de type “activité
physiques pour tous” les
mercredis et pendant les petites
vacances
préparer et organiser des
centres de loisirs dans l’année
accompagner les jeunes dans
leur cursus de recherche
d’insertion professionnelle
organiser des journées de
sensibilisation et de prévention
en lien avec les structures
partenariales de la Province.
Et plus spécifiquement pour
l’association AJI : initiation
pour tout public aux logiciels de
montage vidéo, initiation à la
prise de vue, et micro
reportages.
Plusieurs conventions sont déjà
Les intervenants socio éducatifs devront développer des animations sportives.
U
36
Un but : l’épanouissement de la jeunesse et son ancrage sur les Iles.
en place :
quatre initiateurs pour les
écoles de tennis : deux sur
Lifou, un sur Maré et un sur
Ouvéa
des animateurs vacataires
pour les écoles de voile et
l’initiation au kayak sur Lifou et
Ouvéa
deux emplois sport au sein
des comités sportifs et de loisirs
de Lifou et de Maré.
D’autres sont en perspective :
la création d’un poste
d’animateur sur le district du
Lössi dont le support juridique
serait l’Association multisports
de Lifou
la création d’un poste
d’animateur sur Ouvéa dont le
support
juridique
serait
l’Association ELJO (Enfance
Loisirs Jeunes d’Ouvéa)
la création d’un emploi sport
au sein du comité sportif et de
loisirs d’Iaaï.
La montée en puissance de ces
animateurs est le témoignage de
la volonté politique menée
depuis plusieurs années par
la Province. Cette politique
s’accompagne d’un dispositif de
formation à l’échelle territoriale.
L’ensemble de ces animateurs
possède un diplôme professionnel ou sont en phase
terminale de formation. Ces
emplois associatifs reposent sur
des engagements forts des
bénévoles, garants de la gestion
administrative de l’association
qui oeuvrent souvent dans
l’ombre pour l’épanouissement
et l’ancrage de la jeunesse sur
les îles.
Ils favorisent ainsi l’émergence
de projets novateurs, source de
développement économique.
Parmi les actions : organiser et structurerles centres de loisirs.
37
Les sources de financement font
appel à un large partenariat :
Etat, Fédérations, Collectivités
locales et bien sûr la collectivité
Provinciale.
Le Service Provincial de la
Jeunesse et des Sports reste
l’élément fédérateur de ces
projets, par ses appuis
techniques, par ses aides
matérielles et financières, mais
également par la recherche
d’indicateurs d’efficacité et de
performance permettant une
évaluation objective des actions
menées.
LIBRE EXPRESSION
Du grand rêve kanak au grand rêve calédonien
ou la dignité du politique
E
n juin 1988, lors des Accords de
Matignon, l’Etat français en
reconnaissant le fait colonial,
reconnaissait par voie de conséquence les
droits du peuple kanak, peuple indigène
colonisé de la Nouvelle Calédonie.
A cette occasion, la délégation
indépendantiste kanak conduite par
J-M Tjibaou, offrit de partager ces droits
avec les autres communautés présentes en
Nouvelle-Calédonie, c’est à dire avec tous
les hommes et toutes les femmes que la
colonisation, aussi douloureuse soit-elle,
nous a apportés comme frères et sœurs.
Mettant de ce fait, officiellement fin, au
grand rêve kanak, celui pour lequel nous
avons combattu depuis des années et des
années, qui est d’avoir un pays bien à nous,
comme les Vanuatais, les Papous et les
Salomonais ont le leur.
Pour une des rares fois dans l’histoire, un
peuple acceptait de partager ses droits avec
d’autres.
Si du point de vue kanak, le don est
l’expression d’une identité et l’affirmation
d’une dignité, par contre en termes de
rapport de forces politiques classiques, la
poignée de main Lafleur / Tjibaou, en
1988 au lendemain du drame d’Ouvéa,
relevait quasiment de l’inacceptable.
Côté indépendantistes, Le Fulk et l’USTKE
qui avaient plutôt vu dans les Accords de
Matignon, la reddition du FLNKS devant
la puissance coloniale, quittèrent l’un après
l’autre ce mouvement.
Pour les anti-indépendantistes de leur côté,
enfermés dans l’idée que c’est l’Europe qui
apporte le progrès, la civilisation et le droit
aux peuples exotiques, et non l’inverse,
reconnaître que les kanak ont des droits
historiques et qu’ils les leur offre de surcroît
en partage, relevait de l’injure. Il a fallu
toute l’autorité de J. Lafleur pour faire
admettre momentanément, aux élus du
RPCR, qu’accepter les kanak de leur part
était la seule condition intelligente d’une
paix durable.
Les Accords de Matignon, germe du grand
rêve calédonien, est l’expression de la
dignité du politique. Ils sont une profession
de foi, en la possibilité, pour tous les
“enfants du pays”, de forger ensemble un
monde commun, à partir de leurs identités
individuelles et collectives respectives. Ils
sont un pari sur l’intelligence, dans la mesure
où celle ci est cette capacité qui nous rend
capable, de nous élever au dessus de notre
univers de vie pour accueillir l’autre dans son
honneur fût -il l’ennemi d’hier et prendre le
risque d’admettre que, même si il y a eu des
morts entre nous, celui-ci a une vérité à
partager avec nous.
Cependant, ce qui a été, et ce qui reste
toujours, difficile à faire comprendre, c’est
que les Accords de Matignon s’inscrivent
dans un processus de paix d’une grande
hauteur politique, bien différent des
combats électoraux habituels du type
gauche contre droite, conservateurs contre
libéraux ou indépendantistes contre antiindépendantistes. En effet, si dans ce
dernier cas de figure, une belle victoire
électorale s’obtient par la défaite des
adversaires, œuvrer pour la paix par contre
exige, autant que faire se peut, respect
mutuel et écoute de l’autre. Dans cet autre
cas de figure, chacun doit à la fois défendre
ses convictions et en même temps veiller à
ce que l’autre ne soit pas discrédité dans
son propre camp, sinon tout est à
recommencer. Et à respecter ainsi l’ennemi
d’hier, chacun court le risque d’être accusé,
par ses propres compagnons de combat, de
“trahir la cause”, avec des conséquences
souvent dramatiques dont l’histoire offre de
nombreux exemples.
Pour cette raison J-M Tjibaou et Yeiwéné
Yeiwéné avaient été soupçonnés de trahison
par d’autres indépendantistes kanak qui
s’attendaient à les voir piétiner le RPCR
avec l’appui des socialistes français et non
qu’ils s’engagent avec J. Lafleur dans un
41
processus de paix. Leur mort rappelle celle
de l’israélien Rabin et de l’égyptien A.
El Sadate survenue dans un contexte
politique similaire de négociation pour un
accord de paix. Pour la même raison,
J. Lafleur avait été désavoué par la majorité
des électeurs européens du Grand Nouméa
lors du référendum de 1988 sur les
Accords de Matignon.
Aujourd’hui, 20 ans après la poignée de
main historique l’esprit des Accords de
Matignon a grandi et habite la conscience
calédonienne. Très récemment une enquête
de l’INSERM sur la “Situation sociale et
comportements des jeunes en Nouvelle
Calédonie” montre que, majoritairement,
même des jeunes qui ont quitté l’école,
expriment “de fortes aspirations à revenir
vers les études et poursuivre une formation
pour s’investir dans l’avenir du pays”.
Paradoxalement, l’aspiration à s’investir pour
un avenir commun ne trouve pas
d’expression politique officielle. D’un côté,
il y a cette aspiration profondément humaine
qui d’elle même gagne doucement les
consciences, et de l’autre côté les partis
politiques qui s’approprient, à grand bruit,
les notions de “destin commun, d’avenir
ensemble” et l’affaire d’ Ouvéa, pour en
faire des arguments de lutte pour le pouvoir.
D’un côté il y a la dignité du politique, dans
la mesure où selon la philosophe H. Arendt
la dignité humaine tient au fait d’être
“co-fondateur d’un monde commun”. De
l’autre coté, il y a la politique dans sa
médiocrité, règne de la ruse et des rapports
de forces.
Il faut libérer la politique de la médiocrité.
Quoiqu’il en soit, pour certains d’entre
nous, c’est pendant les Accords de
Matignon que la recommandation biblique
d’aimer ses ennemis, a pris son sens le plus
concret, celui de lutter contre tout ce qui a
fait de nous les ennemis les uns des autres :
le racisme, les discriminations socioéconomiques, l’appât du gain, le tribalisme,
le fétichisme de la propriété, le sectarisme
politique et religieux, le colonialisme....
Fondamentalement, cela signifie que la
création d’un monde commun est moins une
affaire de majorité électorale, que de
respect des dignités individuelles et
collectives.
Nidoïsh Naisseline
OPÉRATION ANTI-MOUSTIQUE
Du répulsif
contre l’épidémie de dengue
A
vec plus de la moitié
des cas déclarés en
Calédonie, Lifou s’est
trouvée dans la zone dangereuse
de l’épidémie de dengue. Le
constat était accablant. Le mal
touchait une population mal
préparée. Car jusqu’alors, la
dengue n’avait fait que quelques
incursions isolées dans l’île.
Jamais d’épidémie. Il touchait
aussi une population qui vit
majoritairement au grand air la
journée. Or c’est précisément
entre le lever et le coucher du
soleil que sévit le moustique
vecteur de la maladie. D’où
l’expédition commando menée
en avril par Sylvie Robineau,
membre du gouvernement
chargée de la santé, accompagnée du directeur et du
médecin chef de la DASS-NC.
Objectif : information sur la
dangerosité de la dengue,
sensibilisation sur les moyens
d’empêcher le moustique de se
reproduire, distribution de
produit répulsif, sous forme de
vaporisateur, pour être protégé
même en plein air. Au total, un
millier de petits flacons ont été
distribués au cours des jours
suivants dans les zones les plus
touchées. A commencer par
Qanono et Nathalo. “La distribution de ce produit est la seule
parade immédiate que nous
pouvons apporter, a noté Sylvie
Dominique Mole a présenté la coutume pour Sylvie Robineau et la délégation de la DASS
Robineau, car des bombes
répulsives sont bien en vente
dans les magasins de Lifou, mais
elles coûtent environ 200 F de
plus qu’à Nouméa, où elles ne
sont déjà pas bon marché. Pour
une famille nombreuse qui n’a
que de faibles ressources
financières, c’est impossible”.
D’où l’intervention de la
puissance publique pour aider la
Commune qui a déjà fait ce
qu’elle pouvait. En mobilisant
notamment six jeunes, appointés
par l’État sur des contrats JSD,
pour faire de la prévention.
Pendant sa rencontre avec le
secrétaire général de la mairie
Dominique Mole, Sylvie
Robineau a envisagé les modalités les plus rapides d’achat
d’un matériel d’épandage d’in-
secticide à la dimension de l’île,
qui pourrait être monté sur un
pick-up. Car pour l’heure, la
municipalité ne dispose que de
mune de Lifou sera d’amener les
gens à modifier leurs comportements. À Lifou, on aime les
jardins, on met des pots de
Les enfants sont
les premières cibles
du moustique.
quatre petites machines portées
à dos d’homme, dont le rayon
d’action est trop limité.
L’autre volet de l’action du
gouvernement et de la Com-
“Ce produit est la seule parade immédiate”, a résumé Sylvie Robineau.
43
fleurs sur les tombes familiales
qui sont souvent à quelques
mètres des maisons. Autant de
gîtes larvaires potentiels, qu’il
faudra au moins nettoyer, au
mieux éliminer. Mais les modes
d’habitat et de vie locaux
rendent la lutte difficile tant il y
a de réserves d’eaux stagnantes,
petites ou grandes, disséminées
à proximité des populations.
Il est trop tôt pour savoir si
cette opération, volontairement
médiatisée, portera ses fruits.
Une chose est sûre, à Nathalo
comme à Qanono, la visite de
Sylvie Robineau a marqué les
habitants autrement plus qu’un
message télévisé.
ENTRAIDE AU FÉMININ
La Caravane de la Paix à Lifou
L
es femmes de l’Eglise
Evangélique en Nouvelle
Calédonie et aux Iles
Loyauté se sont retrouvées,
pendant trois jours, à Lifou, mi
avril, pour parler de la paix et
des problèmes que rencontrent
les femmes.
Avec une aide financière de la
Province, une centaine de
femmes de la Province des îles
s’est ainsi réunie à la tribu de
Qanono sous l’égide de la
Caravane de la Paix, une
organisation présente dans le
monde entier et dont les
objectifs sont plutôt axés sur
l’entraide entre les femmes qui
ont des problèmes ou qui sont Le faré de la Province avait fait salle comble.
en pleine situation de
catastrophe.
Ce sont notamment les guerres
civiles en Afrique où le
Mouvement de femmes pour la
Paix a pris son envol avant de
gagner de l’ampleur dans le
monde et intégrer les autres
communautés.
La Caravane de la Paix a
organisé une conférence au faré
de la province à Wé dont les
thèmes ont été la pauvreté, le
mariage et l’environnement
dans la société actuelle aux îles
Loyauté.
Etaient présents une dizaine de
pasteurs et une cinquantaine
des femmes venues de tout Les trois conférenciers ont évoqué la pauvreté, le mariage et l’environnement.
Lifou, sans oublier celles
arrivées des autres îles et en
particulier Paulette, la Réunionnaise débarquée avec la
Caravane de la Paix en
Nouvelle-Calédonie.
Le pasteur Marie-Claire
Kaemo a insisté : “Il faut que
vous posiez des questions aux
intervenants car nous prendrons
des décisions à partir des
interventions”.
A l’issue des séances de travail
à la Province des îles, la
Caravane de la Paix s’est
ensuite déplacée vers la
Province Nord où elle s’est
installée à Koné.
45
STAGE THÉORIQUE
Initiation au cricket international
A
l’initiative du comité de district de
cricket de Lifou, un stage
d’initiation au cricket international
s’est déroulé à la tribu de Qanono, avec le
concours de Pierre Chilia, un cadre
technique venu du Vanuatu.
Ce stage a pu être mené à bien avec la
collaboration du Comité National de
Cricket, du Comité de District de Cricket de
Lifou et le Service Jeunesse et Sports de la
Province des îles Loyauté en la personne du
conseiller technique Mitra Kaloï.
Un stage intensif pour les quatre stagiaires
initiateurs : Pierre Chilia était assisté pour la
traduction et les apports techniques (en
anglais) par Bernard Ukeiwe, conseiller
technique territorial, et M. Kicine membre
du comité national. Après les apports Les formateurs avec quelques stagiaires.
théoriques et la prise en mains du matériel,
une quinzaine de jeunes joueurs ont
bénéficié des premiers ateliers pédagogiques
mis en place sur le terrain de sports de
Qanono.
Ce stage financé par la Province des îles et
le comité national s’inscrit dans la
perspective des jeux inter provinciaux, à
Lifou, au mois de septembre 2008. Le
matériel acquis à cette occasion profitera à
l’ensemble des districts et l’on envisage
d’ores et déjà des cycles d’initiation dans le
cadre des animations clubs ou animations de
proximité pendant les vacances scolaires.
Il ne s’agit pas d’abandonner ou de laisser
pour compte le cricket traditionnel, mais
davantage d’ouvrir au monde moderne une
culture ancestrale et une pratique
traditionnelle : nouvel équipement, nou- Pierre Chilia et Mitra Kaloï, les initiateurs de la nouvelle vague..
velles règles, terrain différent et donc
techniques nouvelles, amenant à coup sûr
une nouvelle dynamique et un public jeune
assurant la relève des anciens. Et jamais on
ne se lassera d’aller regarder les femmes en
robe mission pratiquer leur sport favori,
drainant un public averti et supporter
inconditionnel de l’équipe issue de sa tribu
et de son clan ! Pour une première
organisation sur Lifou, le Comité
d’organisation a souhaité ouvrir le cricket
international dans les compétitions
masculines. Attendons le mois de septembre
pour juger de l’intérêt et des performances
de nos athlètes des îles sur cette nouvelle
discipline.
Pour tout renseignement et information,
contacter le conseiller technique provincial :
Mitra Kaloï, antenne de Maré,
Tél 45.49.42.
Les futurs joueurs de cricket international.
46