Comment Alinghi a dynamisé Valence

Décoration et Architecture
Comment
Alinghi
a dynamisé
Valence
C’était une ville superbe, une ville d’histoire et de
culture, classée depuis une dizaine d’années au
patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Une ville heureuse et sûre d’elle-même, mais plutôt
discrète et comme excentrée par son ouverture sur
la mer. Et puis Alinghi est arrivé! La belle endormie
s’est réveillée et s’est sentie portée, à nouveau, par
le souffle puissant de l’envie et du rêve. Première
retombée visible, un nouveau port est sort de terre
(ou de mer), hyper-moderne et audacieux: celui qui
abritera, l’an prochain, la prochaine Coupe
de l’America.
L
a ville a une longue histoire
dont elle est très fière, une
situation idyllique au bord
de la mer, une population qui, avec
les villages environnants, dépasse
allégrement 1,2 million d’habitants,
une vitalité économique, sociale et
culturelle qui ne s’est jamais démentie. Elle a aussi une équipe de
football, bien sûr puisqu’on est en
Espagne, qui figure régulièrement
parmi les meilleures et qui a remporté il y a quatre ans le championnat national. Et voilà que Valence a
eu la chance de recevoir, il y a trois
ans, un cadeau aussi imprévu que
fantastique et précieux, un véritable
don du ciel venu de la mer: la pro-
chaine Coupe de l’America, la 32e,
qui aura lieu l’année prochaine dès
la mi-avril. Un cadeau dû à l’homme
d’affaires genevois Ernesto Bertarelli et à son bateau Alinghi, détenteur du trophée.
Valence était bien dans sa peau et
sûre d’elle-même, élégante et orgueilleuse, ancrée dans son passé.
Mais elle était peut-être comme la
princesse de la fable, un peu endormie, un peu immobile dans sa
sérénité. En la choisissant pour la
Coupe de l’America, Bertarelli l’a
métamorphosée du jour au lendemain: elle est redevenue dynamique, entreprenante, gagnante. La
rage de vaincre au quotidien, •
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Décoration et Architecture
Troisième ville d’Espagne, Valence est
désormais au centre des projecteurs du
monde entier: elle attend des millions de
visiteurs pour la Coupe de l’America.
Tout le charme
d’une ville multiple
Selon deux auteurs espagnols, Maria Angeles Arazo et Pepe Sapena,
qui viennent de publier un gros livre,
«Valencia, le plaisir des sens», sponsorisé par les autorités municipales,
le charme de la ville portuaire tient
beaucoup à sa densité historique
comme à sa complexité architecturale, à ses contradictions, à ses
ruptures qui sont comme autant de
sources différentes d’émotions.
avec très peu de temps pour faire
énormément. Une envie collective
puissante. Un projet pharaonique
et audacieux. Une débauche de
moyens financiers. Un sens exceptionnel de l’organisation et de l’efficacité. Comme Barcelone avant les
Jeux olympiques ou comme Séville
avant l’Exposition universelle, Valence a réussi à se réinventer tout
en restant fidèle à son identité.
«Avec 800 000 habitants qui
atteignent réellement 1,2 million
d’habitants étant donné l’anneau de
villages qui nous entourent, écriventils, avec un ancien centre-ville plein
d’églises et de maisons seigneuriales, de monuments gothiques et
Renaissance, avec un éclectisme
qui nous rend singuliers par cette
grande ardeur de renouvellement
qui va de l’architecture au commerce, de la tradition maintenue
pendant des siècles à l’implantation
rapide d’une coutume toute nouvelle, Valencia est multiple, ouverte
aux idées et à la plastique, à la
créativité, même s’il s’agit d’un art
éphémère.
Un nouveau port
sur la Méditerranée
Aujourd’hui, le résultat est spectaculaire: c’est un véritable port qui a
été créé, imposant, fonctionnel et
d’un esthétisme à couper le souffle.
Un canal de 600 mètres relie la mer à
un espace – où les onze challengers
et le tenant du titre disposent chacun d’un emplacement de 70 mètres
sur 40, c’est-à-dire un espace assez
vaste pour accueillir deux bateaux.
Pour protéger l’ensemble, deux digues d’un kilomètre chacune ont été
C’est une ville pour s’arrêter à la
tombée du jour et pour regarder les
nuages des couchers du soleil, pour
accepter l’invitation à la fête, pour
chercher la placidité d’un cloître,
pour entrer dans des vieilles librairies
d’occasion ou chez des antiquaires
ou pour s’étonner devant des boutiques de design».
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érigées. Bâtiment central de ce complexe, le Foredeck Club est dû aux
architectes Chippenfield et Vasquez.
De conception très moderne avec ses
lignes épurées, presque tranchantes,
il se déploie sur quatre niveaux: une
tribune pour assister aux régates,
des boutiques, des bars, des restaurants, d’autres lieux encore voués à
des activités diverses.
Au-delà de l’importance des travaux
qui ont été réalisés en un temps record, c’est Valence qui a retrouvé
son dynamisme et même regagné
un surcroît de confiance en soi.
Premier port d’Europe à accueillir
l’épreuve de voile la plus prestigieuse au monde, c’est comme si
elle avait redécouvert par là même
ses propres atouts, sa capacité de
mobilisation, sa force industrielle et
financière, son ouverture au monde.
Alinghi n’a pas seulement changé la
face de Valence, il en a aussi renouvelé l’esprit et l’imagination. n
François Valle