Discours d`Olivier CARRE lors de la remise de l`épée – 29 avril 2016

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Discours d`Olivier CARRE lors de la remise de l`épée – 29 avril 2016
Discours de Monsieur Olivier CARRE lors de la remise de l’épée – 29 avril 2016 Madame la Présidente, Mon colonel, Monseigneur, chère Emma, mes chers amis, Imaginez quelle est mon émotion, au moment où nous célébrons la cérémonie de l’Epée qui marque l’ouverture des 587èmes fêtes johanniques. Une émotion nourrie de mes souvenirs d’enfance et de cette magie qui lie tous les orléanais au destin de Jeanne d’Arc, à sa légende, à son histoire que l’on redécouvre, année après année, à chaque période de sa propre vie. Madame la Présidente, c’est aussi pour vous une sorte de baptême. Nous démarrons donc tous les deux ces célébrations avec ce sentiment profond et grave de devoir poursuivre ce que deux autres personnalités qui nous sont chères, Mme Chantegrelet et Serge Grouard, ont su si bien célébrer durant 14 ans. Cette année est aussi celle de l’anniversaire de la « Auld alliance ». Sans l’appui décisif de ces compagnies écossaises, que serait‐il advenu du sort d’Orléans. On a du mal à imaginer que ces troupes s’engageaient en vertu du serment entre l’Ecosse, la France et la Norvège, de se porter mutuellement secours. L’alliance scellée en 1296 et qui en 1429, soit 133 ans plus tard, était bien vivante, marquant là encore que le compagnonnage de Jeanne est un engagement sur lequel les siècles n’ont pas prise. Orléans et ses commémorations s’inscrivent dans cette histoire‐là. Cette fidélité, tous les maires qui se sont succédé ont mis un point d’honneur à la 1 transmettre. Cette fidélité, toutes les « Jeanne », chère Emma, chère Inès, la portent intacte tout au long de leur vie, comme un bien précieux. Comme le témoin que malgré le temps qui passe, la foi de Jeanne, son audace, sa passion ont réussi à s’inscrire dans la mémoire d’un peuple toujours à la recherche de points de repères tant dans son histoire il s’est souvent mis à douter. L’alchimie qui s’opère tous ces mois d’avril et de mai a ceci de singulier que l’esprit qui souffle sur ces manifestations est unique en France. C’est l’esprit de la concorde, de la nation et du sacrifice. De la concorde. Plusieurs fois, cette commémoration fut l’occasion de marquer la réunion des contraires pour que ne survive que l’unité nécessaire à la nation. Le moment le plus fort fut sans doute en 1929 quand le président de la troisième république, protestant, assista à la messe donnée le 8 mai en l’honneur de Jeanne d’Arc et marquait par ce geste la fin des querelles initiées au début de son siècle entre l’église et l’Etat. La réconciliation se scellait à Orléans. L’esprit de Jeanne avait soufflé. L’esprit de la nation, parce qu’en réunissant le spirituel, l’épée et le pouvoir civil, nous nous unissons pour confirmer au peuple notre devoir commun à le servir. Jeanne savait qu’en son temps, le Roi incarnait cette unité. En délivrant Orléans, puis en faisant sacrer le roi à Reims, elle a permis de fédérer tous ceux qui s’étaient éparpillés en faction. Elle a restauré la légitimité du Roi, mais surtout, elle a restauré l’esprit de nation française. Et c’est à Orléans que cela a commencé. 2 Enfin, l’esprit du sacrifice. Entièrement tournée vers l’action, au péril de sa vie, elle n’a jamais regretté son engagement malgré le supplice auquel elle allait être soumise. Se donner pour l’action, l’action qui fédère, l’action qui unit. Jeanne nous montre, dans une forme de transcendance, que le dépassement de soi est la seule issue lorsque les renoncements sont venus à bout de toutes les bonnes volontés. C’est le sursaut. Et l’éclat de son épée aux cinq croix traverse les siècles parce qu’il résonne dans nos consciences lorsque celles‐ci doutent de ce qu’il convient de faire. Aller contre les chemins établis, qui sont autant d’impasses, certains appellent cela l’esprit de résistance. L’esprit de Jeanne est aussi l’esprit du sacrifice. Pour l’orléanais de naissance que je suis, bercé au fil de mes âges par le murmure inlassable de l’Histoire de Jeanne, ce sont ces trois messages que nous portons tous, ici réunis, et que je souhaite continuer à transmettre tout comme toi, Emma, qui, dans quelques instants, va recevoir l’épée de la main de Inès. L’esprit de la concorde, l’esprit de la nation et l’esprit du sacrifice sont les clés de ce qui permettra aux jeunes générations de trouver la force du sursaut et la confiance en l’avenir de la France. Cette épée, porte la haut ! 3