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Cécile Fraisse-Bareille l Perrine Guffroy QUAND J’AVAIS 5 ANS, JE M’AI TUÉ D’HOWARD BUTEN TRADUIT ET ADAPTE PAR JEAN-PIERRE CARASSO MISE AVEC FLORENT CECILE FRAISSE-BAREILLE CHAPELLIERE, MARINE DUSEHU, THOMAS FAVRE OU ZOUMANA MEITE, PERRINE GUFFROY, CECILE METRICH SCENOGRAPHIE EMILIE ROY LUMIERES PIERRE DAUBIGNY SON ET MUSIQUE JEAN -CHARLES SCHWARTZMANN COSTUMES SONIA BOSC MOUVEMENT EMILIE YANA CHARGEE DE PRODUCTION GAËLLE ABOUT ADMINISTRATION CATHERINE GROFF POUR CO-PRODUCTIONS EN SCENE TOUT PUBLIC A PARTIR DE L’APOSTROPHE - ET LE ANS CERGY-PONTOISE D’ERMONT. SCENE NATIONALE DE POLE CULTUREL 10 ET DU VAL D’OISE, Centre Culturel - 96 avenue des Bruzacques 95260 Jouy-le-Moutier | 01 34 43 38 26 | [email protected] | www.nagananda.com Cécile Fraisse-Bareille l Perrine Guffroy © Jean-Yves Lacôte – Représentation au Figuier Blanc à Argenteuil, janvier 2014 RESUME DU SPECTACLE Gilbert aime Jessica. Jessica aime Gilbert. Ils ont 8 ans. Mais Gilbert est ici. À la Maison d’enfants les Pâquerettes, une institution spécialisée pour enfants atteints de troubles psychiques et mentaux. Il attend une lettre de Jessica. Mais elle n’arrive pas. Car il est ici à cause de ce qu’il a fait à Jessica. 1 Qu’a-t-il fait ? Est-il atteint d’une pathologie mentale ? Est-il fou ? Gilbert est ici. Loin de ses parents, de ses amis. De sa vie d’avant. Dans de nouveaux repères. Qu’il doit intérioriser et apprendre. Il doit revenir sur son histoire, sur ce qui s’est passé, et parler au Docteur Névélé. Son thérapeute. Celui qui doit réparer ses maux grâce aux mots que Gilbert lui dira. Mais Gilbert ne veut pas lui parler. Alors Gilbert décide d’écrire son histoire sur les murs de la salle de repos. Entre les murs de cette institution et sur les murs de cette institution nous sommes dans la tête de Gilbert. Ce qu’il vit au présent à travers les personnes qu’il rencontre dans l’institution (Rudyard, Mme Cochrane, le Docteur Névélé et les autres enfants de la résidence), les évènements qu’il a vécus dans sa vie « d’avant » et qu’il écrit sur les murs, (Jessica, sa maîtresse, ses parents, ses amis, son frère). Dans un va-et-vient entre passé et présent, il nous fait rentrer dans sa façon de voir le monde. 1 Quand j’avais cinq ans je m’ai tué, Howard Buten, texte disponible aux Editions Points. Traduction de Jean-Pierre Carasso, éditions du Seuil, 1981. Cécile Fraisse-Bareille l Perrine Guffroy © Jean-Yves Lacôte – Représentation au Figuier Blanc à Argenteuil, janvier 2014 NOTE D’INTENTION PAR CECILE FRAISSE-BAREILLE De nationalité américaine, Howard Buten a plusieurs vies. Dans une, il écrit, dans l’autre, il tente de comprendre les enfants autistes et de les soigner, dans une autre, il est clown. Buffo. Il s’incarne et se réincarne. Il cherche perpétuellement sa place sans jamais vouloir l’affirmer, ni la stéréotyper ou la mettre dans des cases. Chercher ma place. Ce que je fais aussi. Perpétuellement. Et ce roman d’Howard Buten me touche au plus profond de cette problématique. Ce que nous sommes ne se résume pas en un mot, ni en un état ou en un lieu. Nos identités sont complexes, composites car constituées d’une multitude de couches qui s’imbriquent les unes aux autres. Son roman Quand j’avais cinq ans je m’ai tué est pour moi un parcours poétique, d’un être déraciné en quête de sens. L’histoire se passe à la fin des années cinquante, à Détroit, dans le Michigan, aux États-Unis, et me plonge et replonge dans le monde de l’enfance, ses non-dits et sa pudeur. Dans une émotion brute, directe et juste. Des sentiments pleins et entiers. Un regard de l’adulte sur l’enfant et de l’enfant vers l’adulte en dehors de tous stéréotypes. La différence est vécue ici comme la seule issue pour la construction de soi. Du roman à la pièce de théâtre, une adaptation qui s’écrit à plusieurs mains Le premier intérêt de ce texte est qu’il est lui-même constitué de couches d’écriture et de réécritures. Howard Buten l’a écrit dans sa langue maternelle, en anglais sous le nom de Burt. Le prénom du héros. Dans Burt on entend « hurt », celui qui est blessé, qui souffre. Le traducteur, Jean-Pierre Carasso, a changé le prénom, Burt est devenu Gilbert, prénom d’origine germanique, Gilbert signifie « digne de confiance ». Comme titre, le traducteur a choisi « Quand j’avais 5 ans je m’ai tué ». Titre que je garde aussi pour la création théâtrale, la faute de français me renvoie à toute la symbolique d’un tel acte. Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué. J’attendais Popeye qui passe après le journal. Il a les poignets plus gros que les gens, et y gagne toujours au finish. Mais le journal voulait pas s’arrêter. Un monsieur du journal est venu. Il avait quelque chose dans sa main. Une poupée. Il la levé en l’air et moi j’ai enlevé mes mains : “Ce que je vous montre là, c’était le jouet préféré d’une petite fille. Mais aujourd’hui, à cause d’un accident stupide cette petite fille est morte.”Je suis monté dans ma chambre en courant. J’ai sauté sur mon lit et je m’ai enfoncé la tête dans mon oreiller. Je l’ai appuyé très fort jusqu’à temps que je n’entende plus rien. J’ai arrêté de respirer. Mon papa est venu. Il a enlevé l’oreiller, et il a mis sa main sur moi. Il est très fort. Il m’a soulevé. Il m’a parlé très doucement. Gilbert, des gens meurent tous les jours. Personne ne sait pourquoi. On n’y peut rien. C’est comme ça. Ce sont les règles. Il est redescendu. Je suis resté longtemps assis sur mon lit. Je sentais quelque chose de cassé à l’intérieur, je sentais ça dans mon ventre et je savais pas quoi faire. J’ai tendu le doigt avec lequel faut pas montrer. Je l’ai appuyé contre ma tête et avec le pouce j’ai fait PAN. Cécile Fraisse-Bareille l Perrine Guffroy © Jean-Yves Lacôte – Représentation au Figuier Blanc à Argenteuil, janvier 2014 Une parole portée par tous A cette traduction s’ajoute l’adaptation théâtrale du traducteur lui-même, adaptation de laquelle je suis moi-même partie, que j’ai coupée, raccourcie et distribuée pour ensuite la mettre en scène, l’écrire scéniquement. Pour moi, les logiques de l’histoire et de ces réécritures se sont construites théâtralement à partir d’un dispositif scénique bi-frontal et d’une distribution chorale de parole plutôt que d’une distribution des rôles. Je voulais que la parole soit portée par tous. Que l’identification passe par les mots, l’énergie et l’émotion avant de passer par le physique ou le genre. La parole est tantôt portée par chaque comédien, tantôt par tous, travail collectif d’une balle qui ne tombe jamais par terre ou d’un relais passé sans faille. Les cinq comédiens et comédiennes sont Gilbert ensemble ou successivement, ainsi que tous les autres personnages de cette histoire. Cette parole les rassemble et les oppose, elle suggère un personnage chez l’un, un groupe chez les autres. Rien n’est figé ni défini à l’avance. C’est une dynamique qui s’incarne à mesure qu’elle s’invente. Une énergie servie par un groupe toujours disponible, générée aussi par une musique, des sons et des chansons interprétées et jouées en direct à la guitare électrique et au clavier. Ces boucles sonores et musicales viennent résonner en écho à l’état de Gil, à son évolution, et accompagnent la temporalité du souvenir, du récit et de l’action. Un espace clos pour plonger à l’intérieur de Gilbert Le dispositif bi-frontal s’est imposé à moi comme une aire de jeu totale et enveloppante. Dans cette configuration, la contrainte spatiale et visuelle ouvre à la métaphore et permet à tous une prise de conscience. Les spectateurs peuvent se reconnaitre dans ceux d’en face. Ici, ils sont maîtres de ce qu’ils regardent et de ce qu’ils veulent voir, car tous, comédiens, musicien, éclairagiste et public, sont englobés dans le même espace de jeu. L’espace scénique est partout, aussi bien entre les gradins que derrière ou à côté d’eux. A l’intérieur d’une telle promiscuité, le comédien ne peut pas « tricher » dans son adresse au public. Il doit être totalement habité par ce qu’il raconte, vit ou décrit. Au centre, entre les deux gradins, est placé un tapis de danse blanc, comme un grand couloir. Des fenêtres translucides et éclairées derrière chaque gradin servent de support à l’écriture et aux dessins de Gilbert. Un espace fermé, représentation d’un autre espace fermé, la « Maison d’Enfants les Pâquerettes » qui révèle l’intériorité profonde et paradoxale de l’enfance. Cécile Fraisse-Bareille l Perrine Guffroy L’urgence de la communication Au cœur de cette création, il y a la question prégnante de la communication. Entre enfant et adulte. Des enfants entre eux et des adultes entre eux. Sur Gilbert, comme sur nous tous, adultes comme enfants, pèse le poids d’être seul au monde. Seul dans son monde. Ce roman d’Howard Buten me prouve à nouveau que la vie se construit avec soi et les autres. Et ce sont les autres qui donnent du sens à soi. Un sens en dehors des stéréotypes. Etre quelqu’un, ce n’est pas rentrer dans une case. Etre quelqu’un, c’est avant tout être quelqu’un pour quelqu’un d’autre. Et Gilbert est ici, non à cause, mais grâce à Jessica, pour devenir ce qu’il est. Cécile Fraisse-Bareille © Jean-Yves Lacôte – Représentation au Figuier Blanc à Argenteuil, janvier 2014 Cécile Fraisse-Bareille l Perrine Guffroy La Compagnie Nagananda La compagnie Nagananda est un collectif composé de metteurs en scène, comédiens, musiciens, éclairagistes, scénographes, dramaturges et chorégraphes. Elle est implantée dans le Val d’Oise depuis septembre 2005. A la tête de ce collectif : Cécile Fraisse-Bareille et Perrine Guffroy. Différents partenariats avec les théâtres, lieux culturels et sociaux, les écoles, les collèges ou les médiathèques leur permettent de défendre un théâtre contemporain et de s’engager au cœur des sujets de la société actuelle. Le théâtre est pour elles un « service public » s’il entretient les représentations à partir de la pensée et non de l’opinion. Un endroit nécessaire pour qu’un monde commun, intérieur et profond, se construise au présent et existe. Un espace, à soi, collectif. Le texte n’est pas nécessairement écrit au préalable pour la représentation théâtrale : À TOUS CEUX QUI de Noëlle Renaude est à l’origine une pièce radiophonique. LETTRES A SA FILLE sont des lettres que Calamity Jane aurait pu écrire à sa fille abandonnée, QUAND J’AVAIS CINQ ANS JE M’AI TUE est tiré du roman d’Howard Buten. Le texte peut être en cours d’écriture comme en 2009 avec LE VOYAGE DE JASON et maintenant, avec DOLORES, le prochain spectacle de la Compagnie. Il s’agit de s’appuyer sur la recherche au plateau pour trouver sa justesse et sa vérité. Pour elles, ce texte doit vivre avant tout. Vivre en chacun des artistes comme en chacun des spectateurs. Il doit permettre à tous de plonger dans l’autre et de mieux se connaître. Chaque dispositif laisse le spectateur libre et actif dans son imaginaire. En classe, comme dans une salle de spectacle, en frontal ou en bi-frontal, une grande proximité entre spectateurs et artistes est recherchée. La représentation théâtrale est le moment de La Rencontre. D’autres moments théâtraux, impromptus et in-situ, donc plus légers techniquement, sont proposés dans les classes ou les médiathèques. Ils sont issus de montages de textes d’auteurs contemporains mêlés aux paroles de ces auteurs: UN TOUR DE MANEGE AVEC SUZANNE pour Suzanne Lebeau, SUR LE FIL DE MIKE KENNY, pour Mike Kenny, INSTANTS DONNES, pour Sylvain Levey, PRIS EN CONTES, d’après les frères Grimm. Cette démarche de création se transmet dans les actions culturelles et artistiques. Sources de rencontres avec des publics très divers (centres sociaux, conservatoires, maisons thérapeutiques, maisons pour tous, maisons d’arrêt, écoles, collèges, lycées, maisons de retraite). La Compagnie Nagananda est subventionnée par le Conseil Général du Val d’Oise. Ses créations bénéficient de l’aide à la production de la DRAC Ile-de-France, de l’ADAMI et de la SPEDIDAM, de coproductions de scènes nationales, conventionnées ou municipales. Après avoir été en résidence artistique pendant 3 ans (2010-2012) dans la ville d’Ermont, la compagnie commence depuis septembre 2013 une nouvelle résidence artistique avec la ville de Jouy-le-Moutier, soutenue par le Festival Théâtral du Val d’Oise.