LIEN SOCIAL

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LIEN SOCIAL
LIEN SOCIAL
Groupe 2-3 / soutenance en TD - Dossier de 5 pages
Thèmes :
-
La nature des liens sociaux dans le milieu universitaire
Les liens sociaux dans les collèges et lycées
Les liens sociaux dans le milieu hospitalier
Les liens sociaux dans les associations
Les liens sociaux dans les maisons de retraite
Le monde du travail et la reconfiguration des liens sociaux
Les liens sociaux dans le milieu sportif
Les liens sociaux dans le milieu culturel
Les liens sociaux dans les administrations publiques
L’effet des médias sur la reconstruction des liens sociaux
Les réseaux sociaux techniques et leur rôle dans la reconfiguration des liens sociaux
Quand Facebook crée du lien social
La famille et les liens sociaux
Les politiques sociales et la question des liens sociaux en France
Les liens sociaux en Afrique
Le lien social : le cas de la CAF
Le lien social est-il en crise : étude du cas des SDF en France
La sociologie française et la notion de lien social
L’information-communication au service du lien social
La téléphonie mobile et les liens sociaux (Nathalie Pinette)
Le lien social dans le secteur commercial
Le travail à distance et la nature des liens sociaux
L’éducation aux liens sociaux, exemple de la petite enfance
Ce cours porte sur le lien social c-a-d la nature et les formes de relations qui lient les
« individus » aux groupes sociaux et aux différentes instances de la société.
L’objectif : articuler des éléments théoriques et concrets (pratique)
-
Différentes définitions : on va partir des définitions pluridisciplinaires.
Il est conseillé de travailler sur des cas pratiques (3 pages)
Bibliographie :
-
Eric Dacheux, Vivre ensemble aujourd’hui : le lien social dans les démocraties
pluriculturelles, Paris, l’Harmattan 2010
Serge Paugam, Le lien social, PUF, coll. « Que sais-je ? », 2008
Nobert Elias, La société des individus, Paris, Fayard, 1991
Pierre-Yves Cusset, Individualisme et lien social, Problèmes politiques et sociaux,
n°911, la documentation française, avril 2005
Francis Farrugia, La crise du lien social : essai de sociologie critique, l’Harmattan,
1993
LE LIEN SOCIAL
Des interrogations
Comment la vie en société est-elle possible ? Qu’est-ce qui rattachent les individus et les
groupes les uns aux autres ? Pour quelles raisons les individus apparemment si différents les
uns des autres sont-ils ensemble et parviennent-ils à le rester ?
Une réponse
L’existence de liens, de relations, d’échanges entre les individus constituent le lien social.
1. Qu’est-ce que le lien social ?
Le lien social représente l’ensemble des relations et des dispositifs qui permettent de
rattacher les individus et les groupes les uns aux autres. L’expression « lien social » désigne
ce qui permet aux hommes de tenir ensemble et de vivre en société.
a. Trois formes de lien social
Le lien marchand (secteur commercial)
Le lien marchand ou économique est une forme d’échange permettant de se procurer des
biens et services qu’on ne peut pas produire par soi même. Il désigne donc un ensemble
de relation économique entre les individus (agents économique)
Le lien social (association)
Le lien social communautaire désigne ce qui fait que ses membres acceptent de faire partie
de la société. C’est l’ensemble de relations sociales et de contacts entre les membres d’une
société.
Le lien politique
C’est l’ensemble de relations qui unissent les citoyens d’une même nation. C’est adhérer
aux valeurs et les partager.
b. Les liens directs et indirects
Le lien Direct
C’est la famille, voisin, amis, le statut d’étudiant
Indirect
Ce sont les liens tissés à travers les associations, syndicat, partis politiques.
c. Le lien social pluridisciplinaire
Longtemps on a dit que le travail était un lien social direct et que tout individu n’ayant pas
d’emploi est en fragilité ou en rupture de son lien social
En sociologie
Le lien social désigne en sociologie l’ensemble des relations qui unissent des individus
faisant partie d’un même groupe social. C’est une ensemble de règles essentielle pour
établie des relations entre individus ou groupes sociaux différents
En psychologie sociale
Le lien social est synonyme du lien interpersonnel. On étudie alors ce qui fonde la relation
interpersonnelle du point du vue des affects, des représentations, des statuts, des situations.
2. Le cadre théorique
Avant de devenir un objet d’interrogation pour les pères fondateurs de la sociologie, la
réflexion sur le lien social a été l’objet d’étude des penseurs du contrat social, tels Thomas
Hobbes, John Locke et bien sur Jean-Jacques Rousseau, chacun d’entre eux cherchant, sa
manière à rendre raison du « Vivre ensemble ».
Au niveau théorique le lien social peut être appréhendé sous l’angle des relations
interindividuelles et prend alors la force de ce que l’on appelle la sociabilité.
Le lien social se crée facilement, même sans intérêt. La nature de l’être humain impose les
liens sociaux permettant de cohabiter et vivre ensemble.
Pour la sociologie, il y a une autre vision : la notion de lien social est difficile à définir. La
notion est faussement simple à saisir. Elle fait appel à plusieurs mécanismes et des éléments
qui doivent être présent pour parler de lien social. Souvent mobilisé sans être définie elle
renvoie à des mécanismes complexes dont l’analyse est au coeur de la pensée
sociologique. C’est un ensemble de relation qui constitue le capital social.
Georg Simmel définit la sociabilité comme l’ensemble d’échange d’un individu avec sa
famille, ami, voisin… Toutes ces relations constituent le « capital social » de l’individu.
Le statut socioprofessionnel joue un rôle important dans le lien social.
La sociologie contemporaine
Serge Paugam insiste sur la thèse d’Emile Durkheim, De la division du travail social,
soutenue en 1893.
3. Le lien social chez Durkheim
L’œuvre d’Emile Durkheim se situe au cœur d’un XIX siècle marqué par des
bouleversements tant politique, qu’économique, que sociaux.
Il s’est intéressé aux changements sociaux et à la reconfiguration du lien social en partant
du milieu professionnel.
A partir de là, il s’intéresse à la question de la solidarité sociale : quelles sont les
caractéristiques de ce lien invisible qui relie les individus entre eux ? La nature de ce lien est-
elle immuable dans le temps et l’espace ? Quels sont les fondements du lien social ?
Quelles sont les conséquences d’une rupture du lien social ?
Sa définition : Le lien social est avant tout un lien moral. C’est un ensemble de règles qui
président aux relations des hommes formant une société et qui énoncent les conditions
fondamentales de la solidarité social.
Le lien social est une forme de solidarité. Il pense que le lien social est différent selon les
sociétés.
a. Société traditionnelle et moderne
Société traditionnelle
La conscience comme et forte et la solidarité s’exprime spontanément, mécaniquement
(« solidarité mécanique ») car les individus sont semblables les uns aux autres, ils partagent
les mêmes croyances et les mêmes valeurs soit une forte conscience collective. Le lien social
est un lien naturel créé entre les individus.
Société moderne
La conscience collective occupe une sphère de plus en plus réduite ; la solidarité résulte de
la différenciation des taches et des individus ; ils sont liés les uns aux autres parce qu’ils
exercent des fonctions complémentaire à l’intérieur de la société (« solidarités organiques »).
Elle est à l’origine d’un changement du lien social. On assiste à une recomposition du lien
social.
b. La recomposition du lien social
Selon Durkheim l’évolution des formes du lien social résulte des transformations de la
société. Plus la modernité progresse, plus la division du travail se développe, plus les sociétés
se complexifient.
Le lien social devient fort lorsque la vie collective est intense, c.-à-d., lorsqu’elle donne lieu à
un continuel échange d’idées et de sentiments entre les individus.
Le progrès participe à la destruction mais aussi à la reconfiguration du lien social.
Durkheim donne une définition simple de la morale : « est moral, ce qui est source de
solidarité, tout ce qui forme l’homme à régler ses mouvements sur autre chose que les
impulsions de son égoïsme ».
Le rôle des instances d’intégration dans le maintien du lien social
Durkheim s’efforce de trouver ce qui est à la source de la cohésion social. Il insiste sur la
règle, le droit, la morale, qui s’imposent aux individus pour les intégrer et les rendre
conformes à des buts qui les dépassent.
c. Le lien social est fragile
L’ébranlement du lien social a redonné une actualité aux préoccupations de Durkheim. La
montée du chômage, la précarité, la pauvreté et de l’exclusion ou encore la « crise » de la
famille conduit à s’interroger sur les fondements du lien social de trouver le moyen de le
redynamiser.
4. Le lien social selon Serge Paugam
Ce sociologue des inégalités et des ruptures sociales, s'intéresse à l'étude du lien social. Il
propose de réfléchir à partir de la théorie de Durkheim intitulée « la division du lien social ».
L’analyse du lien social et son évolution à la fin du XIXème siècle est inséparable du
changement social.
Le terme « lien social » est le désir de vivre ensemble, de relier les individus dispersés. Le lien
social est une forme de cohésion plus profonde de la société.
L'homme dés sa naissance, lié aux autres et à la société pas seulement pour assurer sa
protection face aux aléas de la vie mais aussi pour satisfaire ses besoins vitaux de
reconnaissance.
a. Le lien social est source de son identité et de son existence en tant
qu'homme
Suivant l'approche de DURKHEIM, PAUGAM analyse les relations humaines et le
changement social en portant son regard au niveau des liens de solidarité et de cohésion.
La question de la cohésion sociale est au centre de la réflexion : le lien social = cohésion
social (la solidarité est synonyme de cohésion sociale).
Paugam fait appel aux travaux du sociologue Ferdinand Tönnies qui a posé al question de
la transformation du lien social dés 1837.
« Solidarisme et lien social »
Un paradoxe résultant de l'évolution du lien social dans les sociétés modernes : « le lien
social débouche sur des interdépendances plus étroites de l'individus avec les autres
membres de la société qui entraine des conséquences sur la socialisation de l'individus.
Les conséquences du passage « du lien social aux liens sociaux »
Alors que dans les sociétés à solidarité mécanique (sociétés traditionnelles) les individus
étaient inscrits dans un cercle étroit de sociabilité. Les sociétés modernes se caractérisent
par la pluralité des liens reliant les individus au monde social.
PAUGAM fait appel aux travaux de SIMMEL et ELIAS qui ont mis en évidence la pluralité des
appartenances. SIMMEL et ELIAS analysent le lien social de société moderne comme
l'entrecroisement de plusieurs liens (ils parlent même de la pluralité des liens sociaux, liens
familiaux, lien d'amitié, lien de voisinage, lien professionnel...)
b. Les 3 types de liens sociaux selon S. PAUGAM :
Le lien de filiation : des liens imposés
Pour désigner ce type de lien, le concept sociologique « utile » est le concept de
sociabilisassions primaire : c’est un lien basique, choix qui rattache l'individu a une origine
sociale. Exemple : transmission de l'héritage culturel
Selon les psychologues sociaux, on parle d'appartenance, d'attachement (dimension de
l'affectif, des émotions, des pulsions d'attachement). Le lien d'affiliation est un lien aux
premières figures dominantes (exemple mère/enfant). Ce lien est essentiel parce qu'il est le
premier : il participe à la sociabilisassions de l'individu et influence ces rapports à la société.
Parler de lien de filiation c'est reconnaître que l’individu nait dans une famille et rencontre a
sa naissance son père/sa mère et une famille élargie non choisie. C'est aussi insister sur la
fonction de la sociabilisassions de la famille.
Le lien de filiation contribue à l'équilibre affectif de l'individu dés sa naissance puisqu'il lui
assure stabilité et protection.
Le lien de la participation
L’individu est mis en relation avec d'autres instances de sociabilisassions, des rencontres de
d'autres univers comme l'école qui se place dans la catégorie de sociabilisassions
secondaire. Il y a un apprentissage de d'autres manières de se comporter et d'autres savoirs.
Il y a le rapport à l'autre (lien social).
Le lien de participation est un processus sans fin qui s'inscrit dans la vie professionnelle, qui
nous fait exister en tant qu'être social. Un lien qui existe par le regard, la reconnaissance de
l'autre. Le lien de participation est le lien et révèle les rapports sociaux, les inégalités et les
formes de domination dans les relations humaines.
Le lien de filiation est une construction de l'identité de l'homme par le rapport à l'autre
(individu/groupe). Exemple : école, institution religieuse, travail...
Le lien de citoyenneté
Le lien de citoyenneté est une appartenance à une nation relié à d'autres individus qui ont
une identité commune, celle d'appartenir a la même nation. Ce bien est en même temps
plus flou, plus abstrait, qui se détermine dans des papiers d'identité, par exemple. Il est une
sorte de transcendance, de droits et de devoirs.
Le lien de citoyenneté implique le respect des devoirs par les citoyens : respect de la loi, des
citoyens... Le lien de citoyenneté donne divers droits : droits sociaux qui sont plus
complexes et liés en partie à la condition de salarié. Le lien de citoyenneté repose sur le
principal de l'appartenance à une nation.
c. Fragilité et rupture social selon S. PAUGAM
Il étudie la fragilité et la rupture du lien social. Il mobilise les travaux des sociologues
contemporains et analyse les risques et les conséquences individuelles de la rupture du lien
social.
Les conséquences de la rupture d'un lien sont variables d'un individu à un autre.
La crise du lien social est sans doute liée à l'apparition de phénomène nouveau de vivre
ensemble : différence entre mode de vie à la campagne et dans la ville. La ville est un lieu
de mobilité et de brassage sociaux et culturels. Aujourd'hui, elle apparaît marquée dans un
processus de clôture social.
De manière plus générale, la légitimité des grands instituts chargés de la sociabilisassions
des individus dans un groupe social semble en crise.
La dégradation : le marché de l'emploi contribue à affaiblir les liens et les solidarités
familiales.
Les recherches de PAUGAM ont permis d'analyser, en Europe, l'effet du chômage sur les
liens sociaux. Dans le sud de l'Europe, la solidarité familiale joue un rôle important dans
l'atténuation du risque de pauvreté qui découle du chômage et participe au maintien du
lien social.
Les conséquences de la rupture d'un lien sont variables d'un individu à un autre. Les plus
défavorisés n'ont souvent que peu de ressources pour tisser et entretenir des liens
suffisamment forts et capables de leur assurer une stabilité.
Reprenant la typologie des travaux principaux énoncés auparavant, PAUGAM indique les
conséquences en termes de protection et de reconnaissance.
Avant la guerre, l'idée d'une protection sociale assurée par des organismes d'assurance se
développait avec l'essor du salariat.
Cette histoire spécifique de la France explique la dualité de son système de protection
sociale adossé au travail universel financé par l'Etat.
d. Des mécanismes de maintien du lien social
Les travaux sont multiples et de natures différentes mais ils apportent plus aux individus à la
fois la protection et la reconnaissance nécessaire à leur existence sociale. Il ne peut exister
de société humaine sans solidarité entre ses membres. Pour PAUGAM, la solidarité est une
morale partagée par tout ce qui constitue le fondement de la vie collective : le fondement
du lien social est de vivre ensemble.
Pour lutter contre la fragilité du lien social, Paugam plaide pour la solidarité organique qui
doit se mettre en place de manière institutionnelle, œuvrant a une plus grande protection
contre les risques sociaux.
5. Le lien social selon Pierre-Yves Cusset
Pierre-Yves Cusset est un sociologue français, ancien élève de l’Ecole normale supérieure de
Cachan, agrégé de science économiques et sociales et titulaire d’un DEA en sociologie
(ENS Cachan)
Il a animé avec olivier Galland et François de Singly, un groupe de travail sur l’avenir de la
sociabilité et des liens sociaux.
Il est chargé de mission au Centre d’analyse stratégique où il travaille sur les modèles de
protection sociale et aux relations entre les générations. Il s’intéresse à la politique sociale et
à la nécessité de trouver de nouvelles formes de solidarité.
Le but de ses travaux est de distinguer les diverses formes du lien social ainsi que de
discuter du débat actuel sur les reconfigurations et la crise du lien social dans notre société.
L’auteur a constitué son développement en deux parties :
-
La façon dont la tradition sociologique a définit la notion
Le débat autour de la crise du lien social
Selon Pierre Yves Cusset, « une des premières caractéristiques de la notion de line social est
d’être aussi souvent convoquée que rarement définir ».
Pour les sociologues, le lien social c’est « l’ensemble des appartenances, des affiliations, des
relations qui unissent les individus ou les groupes sociaux entre eux et qui les amènent à se
sentir membres d’un même groupe ». Il s’inspire des travaux de Serge Paugam.
a. Le lien social comme un ensemble de relation.
Pour Pierre Yves Cusset le lien social constitue « l’ensemble des relations que l’on entretient
avec sa famille, ses amis, des voisins jusqu’aux mécanismes collectifs de solidarité, en passant
par les normes, les règles, les valeurs qui nous dotent d’un minimum de sens
d’appartenance collective ».
La notion de lien social naît dans le contexte du XIXème siècle où se mêlent deux
révolutions sans précédent : la révolution industrielle et démocratique.
C’est à cette période qu’un grand nombre de réflexions vont être menées, notamment en
ce qui concerne le lien individu/société.
Pierre Yves Cusset définit le lien social comme « l’ensemble des relations personnes, des
normes, des valeurs et des règles communes qui relient les individus ».
Dans ses travaux il évoque les travaux de la nouvelle sociologie appelée la sociologie des
réseaux qui s’attache à analyser les relations directes et indirectes entre les individus.
b. La sociologie des réseaux
Le père fondateur est Georges Simmel qui a mis en évidence l’impact de la structure des
groupes (taille, l’interdépendance des individus…) mais aussi la mise au point d’outils
d’analyse pour comprendre la formes des relations humaines dans la société.
C’est ce qu’on appelle la sociologie pragmatique.
Cette sociologie pose une question centrale : comment les relations entre les individus
peuvent constituer un système de cohésion et un ensemble de ressources pour les agents
sociaux ?
Pour répondre à cette question les chercheurs évoquent la place des valeurs et des normes
qui doivent être respectées dans les relations interpersonnelles pour créer des liens sociaux.
Le lien social est considéré comme un enrichissement mutuel, un échange, une manière
de vivre ensemble.
Au sens général, le lien social permet aux gommes de vivre ensemble et constitue le
fondement de la cohésion social.
Selon la sociologie des réseaux, « le lien social est l’ensemble des réseaux de la relations qui
maintiennent tous les individus en contact plus ou moins intensif avec la société. C’es
réseaux prennent une forme concrète (famille, école, entreprise, association…) et une forme
abstraite (valeurs, croyance…) ».
c. Lien social et identité
Dans une acceptation durkheimienne explicitement fonctionnaliste « l’identité résulte d’une
transmission méthodique reçue principalement au cous de l’enfance. Cette inculcation
assure l’appartenance de l’individu à des groupes sociaux, dont elle garantit la stabilité
temporelle » (Durkheim, 1922)
L’identité désigne à la fois ce qui est propre à un individu ou à un groupe et ce qui le
singularise.
L’identité collective est constituée de liens d’appartenances, de ressemblance, de
représentations ou de valeurs communes.
Les liens sociaux vont permettre à l’individu d’acquérir une identité sociale correspondant à
l’ensemble des caractéristiques sociales attribuées à un individu par les autres individus et
plus particulièrement, par les institutions.
d. Les évolutions du lien social
L’apparition pour la première fois au XIXème siècle de la première réflexion autour du lien
social a entraîné plusieurs sociologues à se pencher sur ce nouveau concept. Depuis cette
époque de nombreux changements ont bousculé la société, amenant à cette
interrogation : assiste-t-on à une disparition progressive du lien social ?
A notre époque de nombreuses interrogations se posent et mettent en avant une crise du
lien social qui put être expliqué à travers de nombreux bouleversements tant dans la sphère
privée que publique. On peut citer par exemple la déstabilisation de l’institution familiale, la
croissance de l’isolement, le désinvestissement de ma sphère politique.
La déstabilisation de l’institution familiale
Même si cette affirmation ne fait plus l’unanimité, il reste que c’est encore la plupart du
temps au sein de la famille que l’enfant fait ses premières expériences de relation avec
l’autre.
Selon certains auteurs, (PY Cusset) la famille, longtemps considérée comme le socle sur
lequel reposait l’ensemble de la société où l’enfant fait ses premières relations avec l’autre, il
semblerait aujourd’hui que cette affirmation ne soit plus vraie.
Des études sociologiques montrent bien une évolution de la structure de la famille qui n’est
plus aussi stable qu’avant, et ne rempli plus correctement son rôle de socialisation première.
On assiste donc de plus en plus à une transmission des normes et des valeurs via des
intermédiaires tel que la télévision, la radio mais aussi par Internet et les téléphones
portables : la place de la communication dans la reconfiguration des liens sociaux. Ces
médias participent à la socialisation et constituent une vraie menace dans le lien familiale
qui a un rôle de socialisation première.
L’individualisme
Selon PYC, notre société est marquée par la montée de « l’individualisme triomphant ». Le
lien social a évolué et changé, n’étant plus construit à partir du passé ou imposé par un
groupe, mais bel et bien lié à l’individu seul.
e. Le lien social en mutation
La question des relations entre les générations renvoie à la nature du lien social, c.à.d. à la
nature de ce qui lie entre eux les membres d’une même société. Le lien social est un
sentiment « d’affiliation » et d’appartenance.
Le constat que nous pouvons faire aujourd’hui au-delà du catastrophisme développé par
certains travaux mentionnant la disparition de tout lien social, est celui de modifications
fondamentales de la nature et des formes de ce lien. PYC insiste sur le fait qu’on assiste à
des modifications du lien.
Les liens sociaux qui se développent aujourd’hui peuvent être qualifiés de fonctionnalistes,
parcellaires, électifs c.à.d. que les sociétés actuelles sont soumises à des mutations fortes tant
sur les plan des valeurs collectives dominantes que sur le plan de leur organisation, de leur
structuration.
La solidarité mécanique décrite par Durkheim n’est plus qu’un ideal-type sans application
concrète.
Les liens qu’entretiennent les individus et les groupes entre eux et à l’ensemble du corps
social se développent dans une logique instrumentale qui n’engage plus la totalité de
l’identité. Ils sont finalisés à partir d’objectifs spécifiques tels que la relation familiale,
l’insertion professionnelle. C’est en ce sens qu’on peut dire qu’ils sont parcellaires et
fonctionnalistes. C’est la solidarité organique qui a pris toute sa place dans les relations
interpersonnelles.
La mobilité sociale et géographique qui caractérise nos sociétés impose par ailleurs une
discontinuité des liens et des réseaux.
De plus, la faillite des grandes idéologies, la remise en cause des églises, le changement et
l’évolution de certaines valeurs traditionnelles provoquent aujourd’hui un vide de sens
collectif préjudiciable à la cohésion sociale et au sentiment d’appartenance à une société
unifiée.
Les instances traditionnelles de socialisation sont mises à mal. On assiste à une désaffection
du politique, une crise de l’école qui cherche à définir ses nouvelles missions à un
remodelage des fonctions de la famille… Le relais par d’autres instances susceptibles de
réinventer du lien social n’est pas encore tout à fait assuré.
6. Le lien social selon les penseurs du contrat social
L’expression de lien social a été définie de manières différentes par les auteurs du contrat
social :
Au XVIIIème siècle, Jean-Jacques Rousseau (philosophe) montre que le lien social résulte
d’un contrat et nait de la volonté des hommes de s’unir, c.à.d. de vivre en société par un
accord commun dans lequel chaque individu limite partiellement sa liberté.
Adam Smith, économiste anglais, aborde le lien social sous un angle économique. Le lien
social est surtout un lien marchand. Les hommes entrent en relation les uns avec les autres
à travers le marché : ce sont les échanges économiques qui fondent le lien social.
L’individu, en cherchant son intérêt personnel dans les relations économiques, contribue à
l’intérêt de la société dans son ensemble.
Au XIXème siècle, Emile Durkheim a une approche sociologique du lien social. Il rejette la
théorie fondée sur l’individu. Selon lui, le lien social ne prend pas sa source chez l’individu
mais dans la contrainte que la société exerce sur lui. La société construit des règles sociales,
des normes et des valeurs qui s’imposent de façon autoritaire à chacun.
Selon les penseurs du contrat social, le lien social peut aussi être abord » au travers du
concept de sociabilité. Selon eux, les individus s’intègrent à la société grâce à la multitude
de relations et d’échanges qu’ils entretiennent avec un réseau de parents, d’amis, de
relations du travail…
7. Sciences de la communication et lien social
Le lien social à travers une Approche communicationnelle pluridisciplinaire.
En SIC, l’étude du lien social porte sur une question centrale : qu’est ce qui nous relie (ou
nous délie) ? Nous fait vivre ensemble ? Elle vise à identifier les relations qui rattachent les
individus les uns aux autres et à la société. On s’intéresse aux nouveaux liens sociaux, à leurs
mutations (question des NTIC).
a. Les deux dimensions principales
Le lien comme interaction concrète.
A travers une approche communicationnelle, on s’intéresse aux relations
communicationnelles qui prennent une forme concrète (famille, école, entreprise,
association…).
On étudie aussi les actes et les processus de communication (interpersonnelle, directe ou
médiatisées via les TIC et les médias), l’interaction entre émetteur et récepteur, la
communication interpersonnelle de groupe.
Le lien symbolique
L’étude du lien symbolique en science de l’information et de la communication (SIC)
concerne l’étude du langage.
En sociologique, c’est l’étude des valeurs, croyances : l’ensemble des éléments culturels
conscient (religion, idéologie, etc.) et inconscient (rapport au temps, à l’espace, etc.)
communs à une société donnée.
b. Le lien social
Dans l’ouvrage « Vivre ensemble aujourd’hui », les chercheurs en communication de l’UFR
LACC ont empruntés la définition de Serge Paugam :
-
Le lien de filiation (entre parents et enfants),
Le lien de participation élective (entre conjoints, amis, etc.),
Le lien de participation organique (entre acteurs de la vie professionnelle),
Le lien de citoyenneté (entre membre d’une même communauté politique).
Le lien social comme interaction : quelles conclusions ?
On assiste simultanément à une déliaison (perte du lien politique et économique) et à une
reliaison (resserrement des liens familiaux et affinitaires)
Si le travail reste un lien central dont la perte affecte les autres liens pour les personnes qui
se trouvent brutalement rejetées de l’emploi, il n’a plus le même impact sur le lien social. Il
est difficile de trancher entre liaison et déliaison.
D’un côté : « la difficulté à faire lien se retrouve dans les médias régionaux et européens qui
n’arrivent pas à constituer un espace public médiatique susceptible de donner naissance à
un lien politique comparable à celui liant le citoyen à l’Etat-nation » Dacheux, 2011.
De l’autre : des médias comme la télévision par satellite et le BD, renforcent le lien
symbolique unissant des individus à une communauté culturelle (Dacheux, 2011).
Lien social et communication
La communication est une dimension du lien social (D. Wolton, 2009).
Quelle définition du mot communication ?
D. Wolton propose une définition opératoire qui permet de définir des axes d’études sur le
lien social dans une société dite de communication. En SIC, l’étude du lien social doit être
basée sur des recherches de terrain (approche empirique).
La communication est l’action de communiquer, de transmettre des informations ou des
connaissances à quelqu’un ou, s’il y a échange, de les mettre en commun (dialogue).
La science de la communication a pour objet de conceptualiser et de rationaliser les
processus d’échange, de transmission d’information entre deux entités (individus, groupes
d’individus).
c. Lien social (communication) comme interaction
La communication est considérée comme interaction (l’interactionnisme symbolique, école
de Chicago) : l’action d’un individu et le sens qu’il lui donne dépendent de ses relations
avec les autres.
Le lien social en tant que système de relations entre individus est basé sur l’interaction,
l’échange et la communication.
Communiquer c’est :
-
négocier (étude des négociations) selon D. Wolton,
chercher à établir l’intercompréhension, à moins qu’elle ne soit impossible
(l’incommunication)
transmettre (le modèle mathématique de la communication) selon Shannon et
Wiener
établir un lien, une relation selon E. Dacheux.
Selon E. Dacheux la communication nait avec la discussion et meurt avec
l’incompréhension, tout comme le lien social.
Selon l’approche fonctionnaliste, le rôle de la communication dans le maintien du système :
pourquoi et comment utilisons nous les médias ? Fonctionnalisme, la théorie des usages et
gratifications.
L’information est un pouvoir (mais les dominés peuvent résister) : la théorie des cultural
studies.
La communication est un exercice de domination (la pragmatique de la communication ou
l’école de Francfort).
8. Définition « opératoire » :
communication
les
cinq
dimensions
de
la
Les quatre premiers critères tirés de « la profonde ambivalence de la communication », les
essentiels, coord. Dacheux E., 2011, P.11-31
a. L’espace
Toute communication humaine en relation des personnes qui, soit sont dans le même
espace (modalité présentielle : conversation entre deux amis dans un café, etc.), sont ne le
sont pas (communication à distance : échange téléphonique, internet, etc.).
b. Le temps
Les individus peuvent diffuser des messages, partager des émotions, échanger des savoirs
dans le même temps, c’est la communication synchrone (retransmission en directe de JO,
palabres sur un marché). Ils peuvent le faire aussi d’une manière différée, c’est la
communication asynchrone : échanges de lettre, diffusion d’archives radiophonique, etc.
c. La technique
La communication en tant que relation peut passer par le biais d’un support médiatique
(médiation technique)
d. La situation de communication
« Il existe deux grands types de situation de communication : les situations où la
communication ne peut s’établir que dans un seul sens (communication unidirectionnelle :
le JT, le réquisitoire d’un procureur, etc.) et celles où chacun des protagonistes peut
intervenir (communication interactive : interrogatoire de police, chats sur internet, etc.) »
Dacheux, LA PROFONDE AMBIVALENCE DE LA COMMUNICATION, les essentiels, 2011.
e. La dimension interculturelle
Mise en contact – lors de voyages, de relations professionnelles, via les TIC – avec des
individus d’autres cultures que la sienne.
Alexander Frame (2011) évoque l’impact de la proximité accrue de l’autre, réelle ou
imagées, sur nos interactions sociales, notamment lorsqu’elle met en contact des membres
de différents groupes « culturels » qu’ils soient majoritaires ou minoritaires.
9. Communication et destruction du lien social
En ce qui nous concerne, les études en communication placent la destruction du lien social
en bonne place parmi ses centres d’intérêt, sous réserve de relier cette destruction aux
pratiques intensives liées à l’économie de marché (le marketing venant en tête), et de se
focaliser sur les pratiques possibles pour reconstruire de la solidarité en s’appuyant sur une
forme de communication qui crée des liens entre individus.
Que faire quand le lien social ne marche pas ? Quelles solutions faut-il envisager ?
Si les nouvelles technologies ne parviennent pas complètement à recréer un lien social fort,
certains proposent de revenir à des formes plus traditionnelles du lien social en les
réadaptant aux conceptions et préoccupations modernes de la société comme la mise en
place d’éco-quartier et d’habitait participatif avec mélange générationnel.
10.
Lien social et mass média
En SIC la notion de lien social exprime la nature, la forme et la direction que prend, dans un
environnement défini, l’échange entre individu, entre individu et groupes.
Les moyens de communication de masse, caractérisés par l’unicité de l’émission et la
multiplicité des réceptions, créent du lien social, le modifient ou le détruisent.
L’effet des médias
Certains spécialistes ont cherché à mesurer l’impact des médias sur les attitudes et les
comportements, en particulier pour la conduite des campagnes publicitaire.
On retrouve toujours, dans les recherches comme dans les opinions : les enthousiastes qui
attendent de tout nouveau média une amélioration des liens sociaux et les inquiets qui
prédisent la fin du monde, tandis que certains estimes que les techniques changent plus
rapidement que les mentalités.
La télévision crée une communauté autour d’elle mais dissout les liens familiaux : les
réseaux Minitel ou Internet annulent les distances entre les gens mais propagent à grande
vitesse rumeurs, erreurs contact virtuel.
Nous abordons la question du lien social et des médias de masse à partir de trois
questionnements.
a. Les mass médias isolent-ils les individus les un des autres ou bien
les rapprochent-ils ?
La consommation de ces médias étant essentiellement individuelle, elle crée un isolement
des individus, les mettant en contact avec un émetteur lointain et abstrait, au détriment des
liens primaires avec la famille ou les voisins.
De plus, en voulant s’adresser à tout le monde, ces médias fournissent une masse
d’informations, de loisirs, une variété d’émission, bine au-delà de ce que chacun est capable
de recevoir correctement : il y a en même temps que l’individualisation des pratiques de
consommation des médias et une saturation de la réception.
Selon les spécialistes, la télévision ne permet pas de garder un lien social fort.
Cette position, défendue entre autres par Abraham Moles, se retrouve en filigrane dans les
écrits de Dominique Wolton, lorsqu’il parle d’une « société individualiste de masse » entre
l’individu et la masse, il y a le média et son système de médiation.
Ces thèses se sont en partie construites contre celle de Mac Luhan pour qui, à l’inverse, les
médias de masse transforment les relations en multipliant les possibilités de contact jusqu’à
faire de la planète un village global. Il insiste sur le changement de nature de la
communication. C’est moins ce que l’on échange dans la relation qui compte que la façon
d’échanger : plus besoin de se voir, on peut désormais s’entendre à distance, se voir de
loin, par reconstitution des sons et des images.
b. Les médias de masse donnent-ils accès aux réalités du monde
entier ou bien produisent-ils essentiellement de la fiction ?
La télévision est un média de masse et une fenêtre sur le monde, Internet multiplie les
relations entre les individus sans distinction sociale. A la limite, grâce à ces nouveaux
moyens de communiquer, tout le monde pourrait avoir accès à tout. Alors certains
s’interrogent sur l’intérêt de cette profusion, de ces facilités, ou démontrent qu’il n’est là que
de l’irréel, du virtuel.
L’information médiatisée n’est pas la réalité, mais l’image de la réalité qui passe par une
série de médiations (Louis Quere).
En entrant dans l’intimité des gens, ces médias visent à toucher le maximum de monde
pour convaincre chacun qu’il est concerné (Jean Baudrillard).
c. Les médias de masse modifient-ils les liens sociaux ou bien ne fontils que s’appuyer sur des changements sociaux en cours ?
La crainte de beaucoup vient de l’influence que les médias peuvent avoir sur l’opinion, les
attitudes et les comportements.
Depuis Paul Lazarsfeld, de multiples études sont venues tempérer l’importance accordée à
ces médias, en montrant que leurs effets dépendent largement du contexte social.
L’influence des médias n’est pas mécanique et varie d’un individu à un autre. Les effets
sociaux des médias dépendent à la fois de l’organisation de la société où ils se produisent et
des usages sociaux de ces médias (Francis Balle).
LE LIEN SOCIAL ET LIEN TECHNIQUE
La question de la communication sociale est émaillée d nombreuses discussions autour de
la problématique du lien social. On assiste à un débat entre les tenants d’une vision
optimiste des TIC, qui considèrent les TIC comme un moyen de promouvoir le lien social et
de le renforcer, leurs détracteurs qui ne voient dans les TIC qu’un instrument de
marchandisation des rapports sociaux.
A travers une approche communicationnelle, nous allons tenter d’identifier et de
comprendre la nature des liens qui se tissent au travers des TIC et de quelle manière les TIC
contribuent à modifier la teneur du lien social.
Deux visions contradictoires : déterminisme et interactionnisme.
1. Retour sur la notion de lien social en SIC
La notion de lien social jouit d’un caractère polymorphe qui en fait tout à la fois sa
complexité et son intérêt : « la catégorie de lien social consiste dans la somme des ses
définitions, de ses variantes et de ses concepts opératoires. La complexité réside
précisément dans son caractère multiforme, non dans son immutabilité, et son unicité, mais
dans sa variance même » (F. Farrugia, 1993)
2. La multiplicité des définitions possibles
Cette multiplicité des définitions du lien social illustre les diverses dimensions qui en
façonnent les contours : que l’on parle de liens de parenté ou de sang, de relations sociales,
professionnelles, de voisinage, de proximité, d’intégration dans un milieu de vie, de
participation politique, d’appartenance à un collectif, d’implication au sein d’une
communauté virtuelle, on s’engage sur la voie de la (re)connaissance de ce qui compose le
lien.
D’un point de vue paradigmatique cette multiplicité des dimensions du lien social traduit la
diversité des groupes d’appartenance, des formes sociales – entendues comme des
construits historiques et sociaux, véhiculant des valeurs, des normes, des traits culturels qui
découlent directement de leur construction – auxquelles un individu peut se référer.
En SIC, le lien social est constitué de plusieurs dimensions (sociale, politique, territoriale,
réseau, professionnelle) qui se complètent et qui façonnent la profondeur et la texture.
L’objet de l’approche communicationnelle est de s’interroger sur la place et le rôle des TIC
dans la reconfiguration des relations sociales dans les sociétés contemporaines.
La réflexion est centrée alors sur l’émergence de la notion de lien social / lien technique.
3. Plusieurs questions sur la notion de lien technique
 Quels types de lien social émergent sur Internet ?
 S’agit-il d’une nouvelle dimension du lien social qui s’ajoute à celle qui précède ?
 Les TIC viennent-elles modifier la manière dont chacun (ou chaque utilisateur des TIC)
développe ses relations dans les divers domaines professionnel, politique, social, etc. ?
 En quoi les TIC nous permettent-elles de nous interroger sur le lien social lui-même ?
4. Types de liens sociaux et types de médias
En SIC, le type de lien social que les médias de masse instituent ou destituent demeure
objet de débats. Il est bien certain que les liens sociaux tissés par des médias de masse ne
sont pas du même type que ceux tissés autour d’une rencontre (Wolton, 2009). Même si,
par leur importance dans nos sociétés, ils façonnent un type de communication, les médias
n’éliminent pas les autres modes de communication interpersonnelle (le face à face).
Les différentes études en communication insistent sur la complémentarité entre médias
(tout nouveau média de masse ne tue pas les autres médias).
Dans le cas de la télévision, les liens sociaux correspondent à des identités communes entre
individus formant le public ou des publics.
L’espace social dessiné par les réseaux informatiques s’organise autour de la quête
d’information (par la navigation) sous la forme d’échange médiatisé (par connexion).
Dans le cas d’internet, les liens sociaux s’appuient sur la connivence entre individus désirant
partager les mêmes objets de connaissance et allient fixité physique et extrême mobilité
médiatique.
Usage du téléphone et sociabilité
Les sociologues ont fait plusieurs constats :
-
-
La proximité géographique des correspondants : 80% des communications
téléphoniques sont orientées vers des correspondances proches, c’est-à-dire dans
un rayon de moins de 50 Km.
Le lien est fragile : on remarque également que, lorsque l’on déménage, les liens
téléphoniques se délitent peu à peu et son remplacés par des liens avec ceux que
l’on s’est crée dans le nouveau voisinage.
La sociabilité téléphonique : « plus on se voit, plus on se téléphone » (F. Jeauréguibéry,
2010). Ce constat établi par les sociologues résume ce qu’est la sociabilité téléphonique et
révèle que le téléphone n’est pas d’abord un substitut à la relation de face à face. Seule
exception à ce principe : les liens familiaux. Le téléphone est alors un substitut à
l’éloignement.
Usage d’Internet et sociabilité
Selon certains l’avènement d’Internet, nouveau territoire électronique, conduit actuellement
à l’émergence de nouvelles formes de sociabilité, en rupture radicale avec les cadres spatiotemporels traditionnels ?
Selon Serge Proulx : dans la communication électronique de groupe, au contraire, cette
proximité géographique – de même que le corps des internautes et le cadrage de
l’échange en temps réel – disparaissent en tant que dimensions constitutives du sentiment
communautaire.
Les études manquent pour pouvoir caractériser les usages d’Internet dans le cadre de la
sociabilité. Toutefois, quelques idées apparaissent au travers d’études américaines :
-
Une forte composante locale ou familiale : les communautés en lignes (forums) se
caractérisent par une forte composante locale pour un tiers d’entre-elles.
Le mail, quant à lui, permet de communiquer avec la famille : 80% des internautes
envoient des mails à leur famille et 62% d’entre-eux leur écrivent au moins une fois
par semaine. (S. Proulx)
5. La complexité des outils techniques
La communication à distance fait-elle disparaitre la communication en face à face ? Ce
débat a déjà eu lieu à propos du téléphone.
Les nouveaux outils techniques deviennent des ressources du lien social et s’articulent les
uns avec les autres. Mais la question posée est de savoir si la technologie détermine (ou
non) nos formes de pensée et nos liens sociaux.
Selon S. Proulx, « une ambigüité fondamentale apparait dans la communication
électronique au travers de la notion d’écran : outil matériel de visualisation, il est aussi ce qui
occulte, ce qui masque et empêche des contacts vrais dont il induit une rupture dans la
communication et le lien social » (2010).
L’utilisation d’Internet et relations sociales
Il y a maintenant plus d’une décennie qu’Internet est l’objet d’une polémique : d’un côté,
on retrouve le camp des pessimistes, qui pensent que l’usage répandu du Net constitue
une menace pour le lien social, et de l’autre côté, le camp des optimistes, qui soutiennent
que la cyberculture favorise l’unification de l’humanité et, en conséquence, l’avènement
d’un monde meilleur.
Pour certains, cette évolution de la communication résulte de la convergence d’Internet,
des valeurs du libéralisme et de l’ouverture de nouveaux marchés (Breton, 2000 ; Ramonet,
1999, Barber, 1999).
Pour d’autres, elle ne fait que correspondre à la crise du lien social au sein de la société
individualiste de masse où les hommes tentent désespérément de communiquer pour
combler leur solitude (Wolton, 2000 ; Jauréguiberry, 2000).
6. Approche déterministe : une vision optimiste
Selon les partisans de cette approche, contrairement à une idée très répandue, les études
existantes ne confirment pas l’hypothèse d’un affaiblissement du lien social et d’une
aggravation de la solitude liée à la pratique de l’internet.
Manuel Castells souligne que « le vrai problème est peut-être qu’on ne pose pas les bonnes
questions à propos du lien social et la communication dans nos sociétés »
Il s’agit selon lui, de restituer l’étude de la sociabilité de l’internet dans le contexte « de la
mutation des modes de convivialité dans notre société » (2009). Il précise que le point
capital est naturellement le passage de la communauté au réseau comme forme de
structuration principale de l’interaction. Les communautés – dans la tradition de la
recherche sociologique – étaient fondées sur le partage de certaines valeurs et d’une
organisation sociale.
Les réseaux sont construits en vertu des choix et des stratégies des acteurs sociaux, qu’il
s’agisse d’individus, de famille ou des groupes.
La grande mutation de la sociabilité dans les sociétés modernes est donc passée par un
changement de la forme principale du lien social : « la substitution des réseaux aux
communautés territoriales (2010).
La structure de la communauté virtuelle peut prendre la forme de la diaspora (Dayan,
1998) ou celle des réseaux (Castells, 2010) o ù les membres sont dispersés dans l’espace,
où il n’y a pas nécessairement de proximité géographique entre les membres du collectif
qui éprouvent pourtant un même sentiment d’appartenance communautaire.
Le lien technique est-il un lien solide ?
Selon l’approche déterministe, le lien créé par internet possède la spécificité et la force
propres aux désirs der partager ainsi qu’à la nature même du média dont on sait qu’il peut
permettre de communiquer facilement y compris entres inconnus cachés derrières des
pseudonymes. Internet facilite les contacts et les démultiplie en abaissant le seuil
d’investissement misé par chaque participant (Castells, 2010).
Internet démultiplie les opportunités pour faire du lien social et l’entretenir mais il infléchit
aussi ce lien qui prend une autre nature, plus déliée. Mais en fin de compte, ce lien est
complémentaire des autres formes de relations qui se nouent entre les individus.
7. Approche critique : remise en question des TIC
Les autres critiques dénoncent vigoureusement les effets négatifs des technologies de
l’information et de la communication (TIC) sur le lien social. Selon leur point de vue, la
communication humaine, médiatisée par l’ordinateur, est transformés par des pratiques
nouvelles telles que la séparation physique et la fin de la rencontre directe, la confusion
entre le virtuel et le réel et la communication à distance (Breton, Wolton, Jauréguiberry,
2000).
Dans la communication électronique de groupe ce qui fait lien peut être c’est le partage
d’intérêts communs, ou de valeurs et croyances communes, ou la même appartenance
culturelle, nationale ou ethnique, ou familiale ou générationnelle (un lien pragmatique).
Le lien social électronique est un lien virtuel, momentané et fragile. Le lien technique ne
remplace pas le lien social (le face à face).
8. Conclusion
Les études en communication démontrent comment, au gré des mutations de la
communication (média de masse, médias sociaux, style et modalité variées de
communication), le lien social se transforme, évolue et s’adapte à la complexité des
structures sociales actuelles pour relier entre eux les acteurs.