Bienheureux Charles de Foucauld

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Bienheureux Charles de Foucauld
Et maintenant une histoire !
Histoires à l’usage des parents, catéchistes et éducateurs.
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Bienheureux Charles de Foucauld
Charles de Foucauld quitte Strasbourg avec son grand-père et sa sœur
Enfance et jeunesse
1870. Les Allemands entrent en Alsace-Lorraine ; le canon tonne, les maisons flambent, les gens
s'enfuient...
Parmi les fuyards se trouve M. de Moret. Il quitte Strasbourg en hâte, emmenant les enfants de sa fille. Ce
sont deux orphelins : Charles de Foucauld, âgé de douze ans, et Marie, de trois ans plus jeune. Ils passent
en Suisse, et, la guerre finie, se fixent à Nancy.
Faisons connaissance avec Charles. C'est un enfant bien doué, mais difficile. Son cher grand-père ne sait
rien lui refuser, et Charles en profite ; il se montre emporté, violent, paresseux, tout en restant bon garçon
à ses heures.
De mauvaises lectures viendront plus tard empoisonner son esprit et son cœur... plus de prières, plus de
sacrements, et bientôt plus de foi.
Du lycée de Nancy, il passe à l’École de la rue des Postes, pour préparer Saint-Cyr.
Le voilà à Paris. Il voudrait s'amuser, mais le travail est là ; un futur officier ne saurait être un ignorant...
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Le travail, le travail. . . mais le travail l'ennuie ; il fait tout ce qu'il peut pour se faire renvoyer et il y
réussit.
Son grand-père, mécontent, exige qu'il reprenne ses études à Nancy, et ce grand paresseux, grâce à sa
belle intelligence, a la chance d'être reçu à l'examen et d'entrer à Saint-Cyr.
Voici maintenant Charles à Saumur, puis à Pont-à-Mousson sur la frontière de l'Est. Partout il laisse la
réputation d'un bon camarade très généreux, mais aussi, d'un gourmand, d'un paresseux et d'un mauvais
sujet.
Il pense plus à se composer des dîners fins qu'à gagner des galons.
Parfois, il se fait porter malade, pour être exempté du service et rester plus longtemps au lit.
Enfin, il ne croit pas en Dieu et se moque de la religion. Il est loin d'être un saint.
Aussi est-il fort mécontent lorsqu'il apprend que le 4e Hussards part pour l'Algérie. Il lui faut dire adieu
aux fêtes et aux plaisirs ; il n'en a pas le courage, et à peine rendu en Afrique, sur un grave reproche de
ses chefs, il se fait mettre en non-activité et rentre en France.
Nous sommes cependant sur terre pour autre chose que pour nous amuser !
A Evian, bientôt Charles s'ennuie. . . Et voilà qu'il apprend que là-bas, ses camarades se battent. BouAmama, un Arabe, agite les tribus. Charles laissera-t-il ses amis lutter seuls pour la France ? Son honneur
se réveille ; il demande à rejoindre le 4e Hussards à n'importe quel prix, dût-il s'engager comme simple
soldat, lui qui fut officier ; et il part pour l'Afrique.
Vite il devient un chef. Adieu paresse, bals et foies gras ; Charles de Foucauld couche à la belle étoile ; il
se prive pour ses camarades ; pour tous il est très bon ; il ne craint pas sa peine ; il monte, il monte. . . Qui
le reconnaîtrait ?
La paix rétablie, il décide d'explorer le Maroc, jusque-là inconnu. Les indigènes gardent jalousement leurs
frontières ; nul chrétien ne pénètre chez eux ; seuls les Juifs ont ce privilège à cause de leur commerce.
Qu'à cela ne tienne ; Charles se fera passer pour Juif. Il apprend la langue, les usages, dresse le plan de
son exploration, s'enquiert d'un compagnon de route, Mardochée, un Juif authentique ; puis il s'affuble
d'une longue chemise à manches flottantes, d'un pantalon de toile, d'un gilet turc. . . Des cheveux en
désordre, une figure mal lavée, des pieds nus. . . C'est parfait.
« Voyez ce petit Juif, on dirait un singe mangeant une banane », dit, passant près de lui, un de ses
camarades, qui ne saurait le reconnaître. Charles en entendra bien d'autres : « Mais, dira-t-il, marcher
souvent pieds nus, recevoir des injures et des pierres, ce n'est rien ; l'ennuyeux, c'est de vivre
continuellement avec des Juifs Marocains. Quel supplice ! »
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Pendant onze mois, ce fut sa vie. Grâce aux habiles boniments que Mardochée tenait aux Marocains pour
les tromper ou les distraire, Charles peut faire du bon travail. Sa tâche achevée, il rentre à Alger, puis en
France, chargé de nombreux documents.
Conversion
Sa famille le reçut avec joie. Seul au milieu de ces fervents chrétiens, il n'avait pas la foi, mais il admirait
sans détour leur charité si intelligente et si douce. Le désert aussi avait fait son œuvre. Qui donc avait créé
ces espaces immenses ? Qui avait jeté ces millions d'étoiles dans la nuit ? « MON DIEU, disait-il si vous
existez, faites que je vous connaisse ! » Et Dieu qui entend nos prières, le pousse, par sa grâce, à entrer au
confessionnal : « Je n'ai pas la foi, s'empressa de dire Charles, au prêtre qui l'écoutait ; je ne viens pas me
confesser, mais seulement demander quelques renseignements sur la religion catholique.
— Bien, répondit le prêtre, confessez-vous et vous croirez. »
Charles obéit, et retrouva ainsi la foi de son enfance.
« Avez-vous déjeuné ? reprit le prêtre qui n'était autre que l'abbé Huvelin.
— Non, je suis à jeun.
— Allez donc communier. »
C'est fait, Charles est à Dieu, il est conquis. Il se donne à Dieu sans réserve.
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Charles de Foucauld, trappiste
Charles, trappiste
Pour s'humilier, il entre à la Trappe. Lui, l'officier, le savant, il balaie, cultive la terre ; il n'est plus que
Frère Alberic.
Son plan, le voici : imiter toujours plus Jésus pauvre, humilié, immolé.
Très vite il s'aperçoit qu'en France, il est encore trop bien. C'est si bon de vivre dans sa Patrie, à proximité
de sa famille ! Aussi demande-t-il qu'on l'envoie dans une trappe plus dure, et ses Supérieurs lui indiquent
la Trappe de Chaïklé en Asie-Mineure. Il y reste six ans, édifiant ses frères, mais il rêve autre chose. Il
rêve de Nazareth, le pays de Jésus : Vivre humble et pauvre, là où vécut la sainte Famille, quelle grâce !
Un jour donc, vêtu très pauvrement, il frappe à la porte du couvent des Clarisses : « Ma Sœur, n'auriezvous pas besoin d'un domestique ?
— Quels gages demandez-vous ?
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— Du pain, de l'eau, une cabane, et la permission de passer beaucoup de temps à la chapelle.
— Entendu. »
Voilà notre Charles tout content ; il prend possession d'une cabane adossée au mur du jardin et s'habitue
sans peine à sa vie nouvelle.
De grand matin, il se rend à la grotte que l'on croit être une des chambres de la maison de la Sainte
Vierge.
A Nazareth, en effet, les maisons se composaient, et se composent encore parfois, d'une chambre creusée
dans le rocher, et, sur le devant, d'une autre pièce en maçonnerie.
Cette partie de la maison où habita la sainte Famille serait à Lorette, en Italie, où elle fut, dit-on,
transportée par les Anges ; mais la grotte, évidemment, resta dans le rocher. On y a dressé un autel, et on
y dit la Messe. A la parole du prêtre, Jésus rentre dans sa maison, dans celte humble maison où il a vécu
près de trente ans, passant pour le fils de Joseph.
Après avoir entendu deux messes en cet endroit si saint, Frère Charles rentrait chez les Clarisses préparer
l'autel pour la messe de communauté. Avec quel saint respect il la servait !
Puis il se mettait, au travail jusqu'à cinq heures du soir. . . et c'était de nouveau la prière jusque tard dans
la nuit.
Qu'il est heureux à Nazareth, Frère Charles !
Tout lui parle de Jésus et de sa mère : ici, c'est, la fontaine où la sainte Vierge venait puiser de l'eau pour
son ménage ; là, s'étalant au pied de la colline, c'est la plaine d'Esdrelon, dont Jésus, Marie et Joseph ont
foulé les chemins. . . et les Ave se pressent sur les lèvres du bon Frère ; les dizaines succèdent aux
dizaines. Il prie comme vous, petits enfants de France, pour sa famille, sa Patrie, pour les paroisses de
France à rechristianiser. A côté d'autres intentions qu'on n'oublie pas non plus, celles-là sont si chères au
cœur du Christ et de sa mère !
Charles de Foucauld avait un grand amour pour l'Eucharistie : « Jésus, lui disait-il quand il était devant le
tabernacle, vous n'étiez pas plus près de la Sainte Vierge et de saint Joseph, dans la grotte de Bethléem,
dans la maison de Nazareth, que vous ne l'êtes de moi en ce moment ; vous n'étiez pas plus près de vos
apôtres quand vous étiez assis au milieu d'eux, que vous ne l'êtes de moi en ce moment. Oh ! que je suis
heureux ! »
— « Pourquoi n'êtes-vous pas prêtre ? » lui demanda un jour la Supérieure des Clarisses de Jérusalem.
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Charles de Foucauld à la chapelle de la Nativité
Et lui, après avoir réfléchi et prié, rentra en France, à la Trappe de Notre-Dame des Neiges, pour s'y
préparer à recevoir le sacrement de l'Ordre.
Le voici prêtre. Que va-t-il faire '?
Retourner en Terre Sainte ? Non ; au pays de Jésus, les messes ne manquent pas ; lui, veut porter l'Hostie
là où jamais encore elle n'a été portée ; il veut offrir à Dieu le Père le Corps et le sang de Jésus là où
jamais ils n'ont été offerts.
Il songe donc au Maroc... mais, comment y entrer ? Il lui faudrait de nouveau se déguiser en Juif et jouer
la comédie. Impossible ! Il faut y renoncer. Tant pis, il s'établira au Sahara, attendant le moment propice.
Au Hoggar
Au mois d'octobre 1901, il arrive à Beni-Abbes, oasis de six cents palmiers, abritant un village de plus de
cent familles arabes et une garnison française.
Soldats et indigènes s'empressent de lui construire une maison de briques sèches qu'il baptise : «
Fraternité du Sacré-Cœur ». Il compte bien, en effet, être un frère pour ces Arabes et ces soldats qu'il veut
gagner à Jésus-Christ. Il sera bon pour eux, très bon, il les aidera, les aimera ; il leur montrera ce qu'est la
charité du Christ. C'est pourquoi il a cousu sur sa robe blanche un cœur en étoffe rouge.
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L'ancien soldat avait un camarade et un ami dans le général Laperrine. Celui-ci lui proposa un jour de
l'accompagner dans un long voyage à travers le désert. Le général allait visiter les postes de soldats
français, et ce serait pour Charles de Foucauld l'occasion de rencontrer de nombreux nomades. Ce voyage
à dos de méhari durerait quatre mois.
Charles de Foucauld et le général de Laperrine
Charles accepta de grand cœur, et le voilà parti à travers les plateaux désertiques et les sables brûlants.
L'on arrive enfin au Hoggar, pays montagneux et sauvage, en plein cœur du désert. Cent mille Touaregs,
pasteurs nomades, guerriers fameux, habitent cette région, éparpillés sur d'immenses étendues.
Le Père Charles de Foucauld pense avec raison qu'ils sont bien délaissés ; aucun missionnaire n'est venu
jusqu'ici ; il restera près d'eux ; il se fixera au Hoggar, à Tamanrasset.
Laperrine applaudit. Il sait que par sa sainteté, sa bonté, ses soins aux malades, le Père de Foucauld ferait
plus pour la France qu'il n'eût fait en occupant le pays avec un régiment. Le général ne se trompait pas.
Charles fut bientôt si vénéré des Touaregs qu'il put sans crainte circuler sur les pistes. Ils venaient aussi le
consulter dans son gourbi. C'était vraiment « le Frère universel ».
Comme à Nazareth, les meilleures heures du Père étaient celles qu'il passait près du Saint Sacrement.
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Oh ! comme il demandait au bon Dieu la conversion des Musulmans ! Pour obtenir cette grâce, il était
tout prêt à donner sa vie comme le Christ. Il priait aussi pour que des Frères viennent le rejoindre.
Le Père de Foucauld vivait au désert, depuis treize ans déjà, quand éclata la guerre de 1914. « Restez au
Hoggar », conseilla Laperrine. Des troubles sont possibles, la présence du saint religieux pourra utilement
pacifier le désert ; et puis, quel réconfort elle serait pour nos soldats des forts sahariens !
Pour mettre à l'abri les braves gens de Tamanrasset, le premier soin du Père fut d'élever un fortin
couronné de créneaux.
Douze Touaregs se proposèrent pour y monter la garde, mais le danger n'étant pas éminent, Charles les
congédia.
Au Hoggar, la pluie est très rare ; elle ne tombe que tous les trois, six ou sept ans ; aussi est-ce fête quand
vient l'averse ; les pentes se couvrent d'une abondante végétation et les pasteurs montent vers les
pâturages. Or, la pluie venant à tomber les pasteurs de Tamanrasset quittèrent le village.
Depuis quelques temps, des agitateurs parcouraient la région, essayant de soulever le Hoggar. Était-ce
prudent que le Frère Charles reste, ainsi, presque seul ? « Venez près de nous », lui dirent les officiers du
fort Motylinski, inquiets de leur ami. « Non, leur répond-il, je resterai ici ; je dois protéger Tamanrasset ;
je ne serai pas le mauvais berger qui s'enfuie quand hurlent les loups. » La mort ne lui faisait pas peur ;
depuis longtemps il avait pour devise : « Vivre aujourd'hui, comme si je devais mourir ce soir. »
Vers le ciel !
Les Fellagha, pendant ce temps, organisaient leur coup de main. On leur avait dit que des armes étaient
cachées dans le fortin du Père ; ils voulaient s'en saisir.
A la tombée du jour, une vingtaine d'entre eux s'approchèrent du fortin. Charles de Foucauld, ne se
doutant de rien, écrivait une lettre.
Quelqu'un frappe à la porte. Qui est là ?
— Moi, El Madani ; j'apporte le courrier. . .
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El Madani est bon garçon, le Père ouvre la porte et tend la main ; mais c'est un guet-apens. Les pillards se
précipitent, jettent le Frère dehors et le ligotent. Quand ils se seront partagé le butin, ils l'emmèneront
comme otage. En attendant, une sentinelle veille, et lui prie à genoux. . .
Mais voici deux soldats du Fort Motylinski ; les Fellagha tirent et les tuent. La sentinelle, prise de
panique, croyant à l'arrivée d'un détachement français, vise le Père de Foucauld ; la balle entre derrière
l'oreille droite, ressort par l'œil gauche et s'écrase au mur du fortin. Pas un mouvement, pas un cri, Charles
de Foucauld prie toujours à genoux, puis le sang se met à couler, il s'affaisse, il est mort.
Chers petits, il est possible qu'un jour prochain, le nom du Père de Foucauld s'ajoute à la liste déjà si
longue des saints de France. En tous cas, soyez sûrs qu'en ce moment, il prie, avec vous pour sa Patrie,
lui, le soldat, le prêtre, le pénitent qui sut si bien prier.
Au désert, des Petits Frères, des Petites Sœurs continuent sa tâche.
Vous, enfants du Chapelet, que ferez-vous pour l'imiter ?
Vous aimerez beaucoup le Christ et la Sainte Vierge ; pour le salut de la France, vous serez plus que
jamais fidèles à vos « Ave ».
A. Goldie.
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-------------------Imprimatur
Verdun, le 20 septembre 1954.
Max. HUAKD, Vic. Gén.
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