Art savant et art populaire

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Art savant et art populaire
Art savant et art populaire
Quelles définitions ?
L'art Savant est celui qui vient du savoir et des sciences. L'art savant s'appuie sur l'étude.
L'art Populaire est celui qui s'apprend de façon empirique, donc de notre propre expérience. L'art
populaire lui s'appuie sur l’apprentissage, il est généralement transmis par le cadre social et familial
dans lequel l’individu évolue.
La peinture, la musique classique, la danse classique, l’architecture, la littérature…font partie des arts
savants.
Les folklores (danse et chant traditionnels), les objets d’art régionaux (meubles, céramiques…) …
font partie des arts populaires.
Problématique
Existe-t-il une opposition entre ces deux formes d’art ? Comment ont-elles coexisté ? Se sont-elles
influencées ?
Quand l’art populaire rencontre l’art de cour : la danse basque et la danse de ballet
En mai 1660, Louis XIV épousa Marie-Thérèse et les noces furent célébrées à Saint-Jean-de-Luz. Il
semble que le Roi Soleil ait emporté avec lui à Paris le souvenir des danseurs qu’il avait admirés sur
place, et un an plus tard, en 1661, lorsque l’Académie de la Danse vit le jour, il aurait demandé à
vingt-cinq danseurs basques d’y prendre part.
La présence de pas basques dans la nomenclature de la danse classique est-elle le résultat de cette
participation ? Le pas de basque et le saut de basque sont dansés dans toutes les écoles de ballet. Ce
sont les seuls pas qui ont une appellation d’origine dans la nomenclature de la danse classique.
On ignore quelle trace laissèrent derrière eux les danseurs basques qui participèrent à cette
première Académie de la Danse, à Paris. En dehors de ces noms évocateurs recensés dans la
nomenclature de la danse classique, on ignore pratiquement tout de l’influence qu’auraient pu avoir
ces Basques sur l’évolution du ballet. On souligne souvent les ressemblances existant entre les
danses du Guipuzcoa et de Soule et la danse académique, mais on peut aussi rappeler la présence
dans la nomenclature du pas de bourrée qui montre combien la danse de ballet s’est structurée en
empruntant eu registre des danses folkloriques.
L’art naïf : le douanier Rousseau (1844-1910)
Issu d'une famille modeste, il devient commis d'avocat à Nantes. Il s'engage dans l'armée peu après
pour éviter les poursuites consécutives à un vol chez son employeur. Il est libéré en 1868 à la suite du
décès de son père et rejoint alors Paris. Il entre, après la guerre de 1870, à l’Octroi de Paris, comme
commis de deuxième classe. Cet organisme perçoit les taxes des marchandises entrant dans Paris.
C'est Alfred Jarry qui donna à Henri Rousseau ce surnom de « douanier » lorsqu'il apprit que son ami
occupait le poste à l'octroi de Paris de « gardien des contrôles et des circulations du vin et de l'alcool
».
Il débute là sa carrière de peintre en autodidacte d'une formidable candeur et, en adepte du
spiritisme, il est persuadé que les esprits guident son pinceau. Il obtient une carte de copiste au
musée du Louvre, ce qui lui permet de se familiariser avec les chefs-d’œuvre.
« Peintres du dimanche », le douanier Rousseau l'a été au début de sa carrière. Mais il fit peu à peu
de chaque journée un dimanche, et de chaque tableau un émerveillement. Pendant plus de 30 ans,
les peintures du Douanier Rousseau donnent l'impression d'avoir été réalisées par des peintres d'un
club du troisième âge. Puis, de 1900, jusqu'à 1910, lors de la dernière décennie de la vie du Douanier
Rousseau, ces peintures deviennent troublantes, magiques. Le sujet de ses peintures a
complètement changé, il peint presque toujours de la végétation luxuriante dans laquelle il cache des
personnages et des animaux peints de
manière statique et du coup, tout
devient énigmatique.
Son entrée dans la vie artistique est
donc relativement tardive. Il tente sans
succès d'exposer au Salon officiel en
1885 et c’est seulement en 1886 qu'il
participe au Salon des indépendants,
grâce à l'absence de jury d'entrée. Il y
expose plusieurs tableaux dont Une
soirée au carnaval.
Le rêve, Henri Rousseau, 1910 (2,98 x 2,04 m), conservé au Museum of Modern Art, New York , ÉtatsUnis
L'influence du douanier Rousseau a été déterminante dans l'histoire de la peinture du XXe siècle. Il a
séduit et a influencé un bon nombre de peintres de cette époque. Delaunay, Picasso, Kandinsky, De
Chirico, Miró, Léger, Tanguy, Magritte.
L’art brut
Le concept d'art brut a été inventé en 1945 par le peintre français Jean Dubuffet.
Il prolonge ainsi les découvertes et les travaux de psychiatrie des années 1920. Très vite, en
parcourant les asiles psychiatriques de Suisse, Dubuffet constitue une collection d'œuvres qui sera
administrée par la Compagnie de l'art brut (à laquelle sera associé un temps André Breton) à Paris et,
après bien des péripéties, sera finalement hébergée à Lausanne en 1975, où elle se trouve toujours,
sous l'appellation de la Collection de l'art brut.
L'art brut, c'est celui des citoyens, celui de ces gens qui, sans formation, se sont lancés dans la
création artistique sans toujours le savoir. Ils ont construit chacun une œuvre originale, sans
influence, sans culture artistique. Ils se sont appelés Auguste Forestier, Louis Soutter ou encore Baya.
Proche parent de l'art enfantin ou de l'art naïf, l'art brut ne cherche pas la reconnaissance, les
"artistes bruts" se satisfaisant en général du geste créatif.
« Henri Rousseau, ce pauvre vieil ange que le Bon Dieu vient de mettre au Paradis ! On reprochait au
Douanier son ignorance. Que ne lui reprochait-on plutôt d’être inspiré, car pour l’ignorance il a des
frères en abondance. » (Guillaume Apollinaire, Chroniques d’art, 30 septembre 1910)
Baya, sans titre, entre 1947 et 1950, gouache sur papier.
Auguste FORESTIER
Langogne, 1887 – Saint-Alban-sur-Limagnole, 1958
Dès l’adolescence, Auguste Forestier n’a de cesse de
voyager ; il fugue, prend le train sans billets, se fait
arrêter avant d’être reconduit dans sa famille. À la suite
de différentes manifestations de violence dont le
déraillement d’un train, il est interné en 1914. Un certificat
médical de 1915 le décrit ainsi : « Malade très fier de luimême, s’occupe constamment à dessiner et à sculpter
des os de boucherie. À force de travailler, le fait avec un
certain art primitif. ». Il s’évade plusieurs fois avant de
convertir, vers 1930, son besoin de voyager en activité de
constructeur. Dans l’hôpital de Saint-Alban, en Lozère,
Forestier installe une sorte d’établi dans un couloir, se
confectionne des outils précaires et ramasse toutes
sortes de matériaux mis au rebut — bois, tissu, verre,
métal, dents d’animaux, cuir, ficelle… Toujours coiffé d’un
képi couvert de médailles et de boutons dorés, il
assemble ces débris pour fabriquer des maisons, des
petits meubles, des bateaux, des chariots, des militaires,
d’effrayantes bêtes du Gévaudan, des personnages à
tête d’oiseau coiffés d’énormes couronnes. Il vend ou
troque ses objets qui commencent alors une nouvelle vie,
souvent comme jouets pour les enfants du personnel de
l’hôpital.
Auguste FORESTIER, sans titre, (Homme-oiseau), n.d., bois,
assemblage, laine, anneaux de cuivre, médaille et vis.
Donation L’Aracine - Musée d’art moderne Lille Métropole, Villeneuve
d’Ascq
L’art urbain
La généalogie de l'art urbain est multiple et complexe. Il existe
depuis les années 1960 une prise en compte de l'environnement
urbain dans la création contemporaine. Allan Kaprow, un des
premiers artistes à utiliser les installations, écrit que : « l'art s'est
déplacé de l'objet spécialisé en galerie vers l'environnement urbain
réel. »
2008, Banksy graffiti on the Bottom of Park Street Bristol.
http://www.rue89.com/2011/11/15/la-crise-nouvelle-muse-du-street-art-mondial-22652
La chanson et le slam
En musique, la chanson et aujourd’hui le slam peuvent être considérés comme de l’art populaire.
Mais ces supports ont aussi intéressé les auteurs comme Boris Vian ou Jacques Prévert qui se sont
livré à l’exercice et ont ainsi pu être très largement diffusé.
Jacques Prévert (1900-1977)
La musique a accompagné et influencé Jacques Prévert tout au long de son existence. Cet amour
pour la musique s’immisce dans ses œuvres poétiques, ses collages ou encore au cinéma.
Les premiers pas de Jacques Prévert dans le domaine musical n’ont pas lieu au cinéma. Sa première
chanson " Les animaux ont des ennuis " est mise en musique en 1928 par son amie d’enfance,
Christiane Verger.
Par la suite, d’autres compositeurs ont habillé de musique les mots de Jacques Prévert. En 1934,
Florelle enregistre " Embrasse-moi " sur une musique de Wal-Berg, la première chanson de Jacques
Prévert à être gravée sur 78 tours.
Jacques Prévert a été scénariste de plusieurs films, et bien souvent également parolier, écrivant les
textes des chansons présentes dans les films. En 1935, dans " Le crime de M. Lange " de Jean Renoir,
on peut entendre " A la belle étoile ", la première chanson du duo Jacques Prévert et Joseph Kosma à
l’écran.
C’est à partir de 1948 que les chansons de Jacques Prévert commencent vraiment à être
enregistrées : Cora Vaucaire grave sur 78 tours " Les feuilles mortes ", Germaine Montero Et puis
après, Yves Montand " Les cireurs de souliers de Broadway ". En 1949, Jacques Prévert est au
répertoire d’Yves Montand, des Frères Jacques et de Jacqueline François. Fin 1950, Edith Piaf
enregistre à New York l’adaptation américaine des " Feuilles mortes ", " Autumn Leaves ".
Certaines d’entre elles marqueront les esprits, parfois a posteriori, comme " La chanson du vitrier "
(interprétée par Charles Trenet), " Les enfants qui s’aiment " (interprétée par Fabien), et bien
entendu " Les feuilles mortes " (interprétée par Yves Montand et Irène Joaquim).
Louis Aragon (1897-1982)
Louis Aragon, est un poète, romancier et journaliste, né probablement1 le 3 octobre 1897 à Neuillysur-Seine et mort le 24 décembre 1982 à Paris. Il est également connu pour son engagement et son
soutien au Parti communiste français de 1930 jusqu'à sa mort. Avec André Breton, Paul Éluard,
Philippe Soupault, il fut l'un des animateurs du dadaïsme parisien et du surréalisme. À partir de la fin
des années 1950, nombre de ses poèmes ont été mis en musique et chantés (par Léo Ferré et Jean
Ferrat notamment), contribuant à faire connaître son œuvre poétique. La première chanson tirée
d'une œuvre d'Aragon date de 1953 : elle est composée et chantée par Georges Brassens et a pour
paroles le poème paru dans La Diane française en 1944, Il n'y a pas d'amour heureux.
Le Slam
Aujourd’hui la poésie non plus chantée mais dite sur de la musique fait l’objet d’une participation
active, parfois improvisée dans des lieux publics de proximité comme les cafés. Ces rassemblements
de poésie éphémère s’apparente à une forme d’art brut et connaît un très important
développement. (café slam du Florida)