Le Troisième Homme - biblio

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Le Troisième Homme
Graham Greene
Livret pédagogique
correspondant au livre élève n° 79
établi par Cécile Pellissier,
certifiée de Lettres modernes,
professeur en collège
Sommaire – 2
SOMMAIRE
R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S ................................................................................. 3 Extraits des chapitres I et II (pp. 9 à 17) ................................................................................................................................................. 3 Chapitre IV (pp. 42 à 47)........................................................................................................................................................................ 6 Extrait du chapitre VII (pp. 63 à 68) ....................................................................................................................................................... 9 Extrait du chapitre IX (pp. 84 à 90) ...................................................................................................................................................... 12 Chapitre XIII (pp. 129 à 133) ................................................................................................................................................................ 15 Extrait du chapitre XIV (pp. 139 à 146) ................................................................................................................................................ 17 Chapitre XVI (pp. 153 à 162)................................................................................................................................................................ 20 Retour sur l’œuvre (pp. 169 à 172) ...................................................................................................................................................... 22 P R O P O S I T I O N D E S É Q U E N C E D I D A C T I Q U E ................................................................. 24 E X P L O I T A T I O N D U G R O U P E M E N T D E T E X T E S .............................................................. 25 Q U E S T I O N N A I R E S U R L E C O N T E X T E H I S T O R I Q U E .......................................................... 27 A U T O U R D U F I L M D E C A R O L R E E D ......................................................................... 30 B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E , F I L M O G R A P H I E , S I T E I N T E R N E T .................................... 31 Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays.
© Hachette Livre, 2011.
43, quai de Grenelle, 75905 Paris Cedex 15.
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Le Troisième Homme – 3
RÉPONSES AUX QUESTIONS
E x t r a i t s
d e s
c h a p i t r e s
I
e t
I I
( p p .
9
à
1 7 )
Avez-vous bien lu ?
Rollo Martins est arrivé à Vienne en février : « On était en février » (l. 10), « ce mois de février »
(l. 43), « Rollo Martins arriva le 7 février de l’année dernière » (l. 66).
v Il arrive de Londres. Son avion a fait une escale d’une heure à Francfort (l. 103-104). Il est venu
rejoindre son ami Harry Lime qui l’a invité pour effectuer une enquête et rédiger un article de journal
sur les réfugiés internationaux.
w Harry Lime est mort (l. 9 : « enterrement de Harry Lime » ; puis l. 10 à 15).
x Le pseudonyme de Rollo Martins est Buck Dexter (l. 95).
y Durant son escale à Francfort, un journaliste (l. 108) est venu parler à Martins, lui demandant de
faire une déclaration (l. 112).
U Un certain Crabbin a laissé un message à Martins à l’hôtel Astoria (l. 145).
u
Étudier le statut du narrateur
Le narrateur est intérieur à l’histoire : il parle à la 1re personne (l. 1 : « Après ma première rencontre
[…] »).
W Le narrateur a été témoin des faits et les a en partie vécus (l. 13-14 : « nous finîmes par le voir
descendre dans le trou » ; l. 23-24 : « Si seulement il était venu se confier à moi dès ce moment-là, que de
complications nous aurions pu éviter ! »).
X Le narrateur a pris connaissance des faits essentiellement grâce au récit de Rollo Martins (l. 68 :
« d’après ce que m’a raconté Martins »). Mais il a aussi établi des fiches (l. 2 et 67), ce qui peut indiquer
qu’il a d’autres sources.
at Passages où le narrateur raconte les faits :
– du point de vue de Martins : « Et Martins le vit traverser la pièce dans la direction du grand Carey, qui
l’accueillit avec un sourire stéréotypé de cabotin en reposant sa croûte » (l. 127 à 129) ;
– de son point de vue : « Quand la tombe fut refermée, Rollo Martins s’éloigna rapidement : ses longues
jambes dégingandées semblaient avoir envie de prendre le pas de course, tandis que des larmes de petit garçon
coulaient sur ses joues de trente-cinq ans » (l. 15 à 18).
ak Le narrateur explique précisément le fonctionnement administratif de Vienne sous contrôle
militaire durant l’occupation alliée (l. 25 à 65), tout en y mêlant quelques descriptions qui permettent
au lecteur de situer les faits dans un cadre, un « décor ». Cette explication est nécessaire, d’après lui,
pour « comprendre cette étrange et assez triste histoire » (l. 25). Il s’agit donc d’une sorte d’avant-propos.
al Passages de commentaires faits explicitement par le narrateur :
– « On ne sait jamais quand le coup va tomber » (l. 1). La formule, plutôt intrigante, lance le récit à la
manière d’un avertissement. C’est une accroche pour le lecteur.
– « J’ai reconstitué l’histoire du mieux que j’ai pu […] Relations culturelles britanniques » (l. 67 à 73). Le
narrateur authentifie son récit, en assure la véracité tout en indiquant qu’il est un relayeur, un second
énonciateur, et qu’il décline toute responsabilité (« je ne puis garantir la mémoire de Martins »).
– « Nous n’arrivons jamais à nous faire à l’idée que nous comptons moins pour les autres qu’ils ne comptent pour
nous » (l. 133 à 135). Ce commentaire est tiré apparemment d’une expérience personnelle. Le
narrateur indique qu’il n’est pas neutre, qu’il a aussi son avis sur les faits, et qu’il éprouve des
sentiments qui se trouvent être universels.
– « Il y avait chez Rollo Martins un incessant conflit […] westerns » (l. 152 à 157). Le narrateur donne au
lecteur son opinion sur un trait de caractère dominant de Rollo Martins, résultat de son analyse
psychologique : il lui fait partager son interrogation sur cette ambivalence qu’il va poursuivre tout au
long de son récit, dans différentes circonstances. Rollo Martins est ici l’objet d’une observation
policière, scientifique.
V
Réponses aux questions – 4
Établir la situation d’énonciation
Le narrateur raconte l’histoire un an après les faits (l. 66).
an Le narrateur raconte l’histoire à partir de fiches rédigées pour ses dossiers de police (l. 1 et 67) et à
partir des différents récits que lui a faits Rollo Martins lors de plusieurs « dialogues » (l. 69). Il semble
aussi que Martins ait laissé passer un certain temps avant de lui raconter la totalité des faits (l. 69-70 :
« je ne puis garantir la mémoire de Martins »).
ao Passages où le narrateur s’adresse directement à un destinataire :
– « c’est pourquoi ce qui se produisit par la suite fut un choc plus dur pour lui qu’il ne l’aurait été pour vous et
moi (vous, parce que vous auriez appelé ça “une illusion” […]) » (l. 19 à 21) ;
– « Pour comprendre cette étrange et assez triste histoire, il faut que vous ayez au moins une idée du décor où elle
se passe […] » (l. 25-26) ;
– « Le soir, si vous avez la stupidité d’aller gaspiller vos schillings […] vous verrez fonctionner la patrouille
internationale […] » (l. 34 à 39).
Ce récit peut être adressé à un collègue de travail (Calloway vouvoie son « cadet » Carter au
chapitre XIII), un supérieur ou un successeur au poste du narrateur qui a d’autres façons de procéder
ou d’envisager les faits (« vous auriez appelé ça “une illusion” »), ou une personne (police interne,
magistrat) chargée d’enquêter sur le déroulement de cette affaire. Il peut aussi s’agir directement du
lecteur (dans ce cas, le narrateur est devenu écrivain), mais rien ne permet de l’affirmer.
am
Étudier la grammaire
Valeur du présent :
– « On ne sait jamais quand le coup va tomber » (l. 1) : vérité générale ;
– « il lève les yeux et fait une réflexion » (l. 5) : habitude ;
– « Dans cet Inner Stadt autrefois élégant, les puissances […] doivent assurer la sécurité » (l. 31 à 34) :
actualité ;
– « je suis trop jeune » (l. 40) : durée (et actualité) ;
– « J’entends encore Rollo Martins me dire » (l. 150) : actualité.
aq Dans l’extrait des lignes 127 à 141, le temps dominant est le passé simple de l’indicatif car il s’agit
de faits ponctuels, qui ont eu lieu une fois dans le passé et qui sont relatés au système du passé (récit
coupé de la situation d’énonciation).
ar Autres temps appartenant au système du passé :
– plus-que-parfait : « n’était pas venu » (l. 129) : antériorité par rapport aux actions données au passé
simple ;
– imparfait : « ne pouvait » (l. 130), « gisaient » (l. 138), « n’étaient » (l. 139), « appartenaient » (l. 140) :
actions présentées dans leur durée (fonction descriptive ou explicative).
ap
Étudier l’incipit
La formule énigmatique qui inaugure le récit – « On ne sait jamais quand le coup va tomber » –
indique tout de suite au lecteur qu’il entre dans une histoire chargée de mystères et de dangers. Le
groupe nominal « dossiers de police », ainsi que la mention de l’enterrement indiquent sur-le-champ le
genre (récit policier : un policier ; une victime ; un suspect éventuel en la personne de Martins,
immédiatement « fiché » et que l’on voit prendre « le pas de course »…). Les notes succinctes prises sur
Martins attirent l’attention, provoquent la curiosité (« pourrait causer des ennuis », « chaque fois qu’une
femme passe »). Enfin, la saison froide, le contexte historique et le lieu initial (cimetière) provoquent
un certain malaise, que le lecteur cherche à dissiper en poursuivant sa lecture.
bt Mots et expressions qui renvoient à l’idée de :
– « danger » : « On ne sait jamais quand le coup va tomber » (l. 1) ; « dossiers de police » (l. 3) ; « pourrait
causer des ennuis » (l. 4) ; « prendre le pas de course » (l. 17) ; « un choc plus dur pour lui » (l. 20) ; « vous
verrez fonctionner la police internationale » (l. 36) ; « langue de leurs ennemis » (l. 39) ; « grands icebergs
couverts de neige » (l. 43-44) ; « un fusil sur l’épaule » (l. 57) ; « il est préférable de se limiter […] » (l. 60) ;
« des enlèvements se produisent » (l. 62) ; « parfois dénués de sens » (l. 63) ;
– « tristesse » : « enterrement » (l. 9) ; « cimetière » (l. 10) ; « rejeter Lime » (l. 13) ; « tombe » (l. 15) ; « des
larmes de petit garçon coulaient sur ses joues » (l. 17-18) ; « assez triste histoire » (l. 25) ; « lugubre ville de
Vienne en ruine » (l. 27) ; « une ville faite de ruines » (l. 42) ; « fleuve gris, plat et boueux » (l. 44) ; « gisait le
as
Le Troisième Homme – 5
Prater écrasé, désolé, envahi d’herbes folles » (l. 46) ; « tournait lentement » (l. 47) ; « semblables à des meules
abandonnées » (l. 48) ; « de la ferraille rouillée de tanks détruits » (l. 49) ; « herbes brûlées par le gel » (l. 50).
Étudier le contexte historique
Les événements se situent après la Seconde Guerre mondiale, en février 1948. Vienne est sous
occupation alliée (voir le dossier « L’Autriche, des Habsbourg à l’après-guerre », pp. 187 à 189). La
tension commence à être forte entre les forces soviétiques et les trois autres forces alliées : on se
trouve à l’aube de la « guerre froide ».
bl Éléments qui associent cette réalité historique aux événements racontés par le narrateur : « Vienne
en ruine » (l. 27) ; « divisée par les quatre puissances » (l. 27) ; « quatre zones délimitées par un simple
écriteau » (l. 29) ; « zone internationale sous contrôle des quatre puissances » (l. 31-32) ; « vous verrez
fonctionner la police internationale » (l. 36-37) ; « la ferraille rouillée de tanks détruits » (l. 49) ; « l’Hôtel
Sacher […] hôtel de transit pour les officiers anglais » (l. 52 à 54) ; « la Kaertnerstrasse […] n’exister sur sa plus
grande longueur qu’à hauteur des yeux, ou reconstruite jusqu’au premier étage » (l. 54-56) ; « un soldat russe en
bonnet de fourrure » (l. 57) ; « ersatz de café » (l. 59) ; « des enlèvements se produisent même là » (l. 62) ; « le
technicien ou le traître » (l. 65) ; « interdiction de les dépenser à l’étranger » (l. 76) ; « il n’aurait pas été autorisé
à pénétrer en Autriche qui est encore considérée comme territoire occupé » (l. 77) ; « situation des réfugiés
internationaux » (l. 80) ; « budget de propagande » (l. 98) ; « “Bafs” de papier » (l. 99) ; « cinq billets d’une
livre impossibles à dépenser » (l. 101-102) ; « un bon de nourriture » (l. 106) ; « parmi les ruines » (l. 138).
On complétera ce relevé par l’observation des cartes (pp. 7-8) et des reproductions de photos
proposées dans cet ouvrage (pp. 11, 80 et 188).
bm Le IIIe Reich, vaincu, est désormais occupé par les puissances alliées vainqueurs. L’Autriche, qui a
été annexée par Hitler en 1938, est donc également sous le contrôle militaire des Alliés (voir le dossier
« L’Autriche, des Habsbourg à l’après-guerre », pp. 187 à 189). On ne peut donc pas s’y rendre sans
autorisation, c’est-à-dire qu’il faut produire une justification pour pouvoir pénétrer dans cette zone.
Or, Harry Lime réside à Vienne dans un appartement et y exerce une activité ; il a donc pu « inviter »
son ami, à qui il a proposé de rédiger un article de journal sur un fait d’actualité (la situation des
réfugiés internationaux).
bk
Étudier les personnages
Ils sont tous les trois britanniques :
– Le narrateur parle de l’hôtel Sacher comme étant « un hôtel de transit des officiers anglais » (l. 53)…
S’agit-il de l’hôtel où il réside ? Il semble également qu’il ait eu affaire directement avec le
« conférencier des Relations culturelles britanniques » (l. 72-73), et il connaît les obligations des voyageurs
britanniques (l. 74 à 76 : « Un sujet britannique peut encore voyager […] ») et sait quelle est la monnaie
d’échange employée dans les « hôtels et clubs britanniques » (l. 100).
– Rollo Martins arrive de Londres (l. 103-104 : « où l’avion de Londres s’était posé »). Il est « nanti de
cinq billets d’une livre impossibles à dépenser », et le narrateur parle d’un « sujet britannique » lorsqu’il
évoque sa venue.
– Harry Lime est l’ami de Rollo Martins. Son prénom est anglo-saxon et il est associé à un patronyme
qui désigne, en anglais, soit le citron vert, soit la chaux, soit le tilleul. Mais c’est surtout le fait que la
police britannique enquête sur ses activités qui le prouve. En effet, les policiers de chaque pays allié
envoyés à Vienne étaient chargés des crimes impliquant le personnel d’occupation.
bo Le narrateur est policier : il a rédigé des fiches pour ses « dossiers de police » (l. 2).
bp Rollo Martins est écrivain. Il s’est spécialisé dans « le petit feuilleton de cow-boys, le western bon marché,
sous couverture de papier glacé » (l. 93 à 95), qu’il signe du pseudonyme de Buck Dexter (l. 95).
bq Martins est étonné qu’un journaliste le reconnaisse, qu’il s’adresse à lui en le nommant par son
pseudonyme (l. 107 à 110). Il a conscience de sa valeur : il n’est pas un grand écrivain (c’est ce qu’il a
affirmé au narrateur, qui a retranscrit son propos). Pourtant, on semble le considérer comme un
romancier important et on s’intéresse à lui.
br D’après le narrateur, ce qui caractérise principalement Rollo Martins, ce sont ses excès (l. 4 : « boit
trop et pourrait causer des ennuis »), son immaturité (l. 6-7 : « n’est jamais vraiment devenu adulte »), son
idéalisme (l. 18 : « Rollo Martins croyait à l’amitié »), ses rapports compliqués avec les femmes (l. 83-84 :
« il essayait toujours de chasser les femmes de ses pensées en les qualifiant d’“incidents” » ; l. 155-156 : « Rollo
bn
Réponses aux questions – 6
lorgnait toutes les femmes qui passaient et Martins renonçait à elles pour toujours »), l’emploi d’un vocabulaire
imagé (l. 91 : « mélangé ses boissons »). Ce qui est dominant : sa double personnalité. Pour en parler, le
narrateur dissocie son nom : certaines caractéristiques du personnage sont attribuées à Rollo et
d’autres à Martins (l. 155 à 157).
bs Rollo Martins est fidèle à Harry Lime (l. 18-19 : « Rollo Martins croyait à l’amitié ») ; il idéalise leur
amitié et, de ce fait, est très sensible à tout ce qui peut la toucher, l’abîmer (l. 17-18 : « des larmes de
petit garçon » ; l. 19-20 : « ce qui se produisit par la suite fut un choc plus dur pour lui qu’il ne l’aurait été pour
vous et moi » ; l. 132-133 : « sa déception de ce que Lime ne fût pas venu l’attendre à l’aéroport » ; l. 135136 : « Il sentit la morsure aiguë de cette souffrance : ne manquer à personne […] »). Apparemment, il ne
manifeste pas directement ses sentiments, mais en souffre parfois même physiquement.
ct Il est clair que le narrateur n’éprouve pas de sentiments positifs à l’égard de Harry Lime, même s’il
ne le dit pas explicitement (l. 12-13 : « On aurait dit que la nature elle-même faisait de son mieux pour
rejeter Lime »). Il emploie des termes légèrement méprisants (l. 98 : « un vague budget de propagande »),
par lesquels il semble vouloir marquer une certaine distance. Mais il n’exprime pas directement ses
sentiments : il ne les dévoile pas.
Lire l’image
On insistera sur la valeur de témoignage que représente cette photographie : elle permet de
conserver en mémoire l’importance des dégâts, dus aux très nombreux bombardements alliés à la fin
de la guerre et aussi aux destructions orchestrées par les nazis au moment de leur fuite. On
s’intéressera aussi à l’architecture (des immeubles cossus, de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle).
On pourra associer ce document aux passages suivants : « Vienne en ruine » (l. 27) ; « la Kaertnerstrasse
[…] n’exister sur sa plus grande longueur qu’à hauteur des yeux, ou reconstruite jusqu’au premier étage » (l. 54
à 56) ; « parmi les ruines » (l. 138).
ck
À vos plumes !
L’exercice propose de réinvestir les remarques faites sur le contexte historique : Vienne est une
ville en ruine, déchue, qui peut se sentir humiliée par l’occupation alliée (quatre puissances, quatre
cultures se superposant à la culture viennoise déjà dominée par l’Allemagne durant sept ans), mais qui
s’est aussi libérée du joug nazi – le gouvernement provisoire a proclamé l’indépendance de l’Autriche
le 27 avril 1945 (IIe République). Il demande également de prendre en compte les rapports amicaux
préétablis entre Lime et Martins.
On évaluera la présentation de la lettre (en-tête, date et lieu d’expédition, formule de politesse,
signature…), la mise en évidence de la situation d’énonciation, la prise en compte du contexte et
l’expression des sentiments, ainsi que la cohérence et l’intérêt du propos : forme narrative et forme
descriptive, à visée argumentative. Harry Lime doit donner envie à Rollo Martins de venir le
rejoindre à Vienne.
cm L’exercice nécessite de prendre en compte la situation d’énonciation donnée : un policier
(officier ?) a rédigé des fiches pour ses dossiers, qu’il consulte un an après les avoir établies et peut-être
classées. Une raison précise, qu’il s’agit de définir, l’oblige à faire ce récit à un interlocuteur qu’il
vouvoie (témoignage ? compte-rendu à un supérieur, à un successeur, à un magistrat, etc. ? clôture
définitive du dossier ?…). Il se porte garant de son histoire, qu’il authentifie tout en déclinant toute
responsabilité : il s’agit de faits racontés essentiellement par Rollo Martins.
L’élève devra donc mettre en évidence ses premières impressions et hypothèses de lecture à l’issue de
l’incipit, tout en restant cohérent et sans extrapoler.
cl
C h a p i t r e
I V
( p p .
4 2
à
4 7 )
Que s’est-il passé entre-temps ?
Rollo Martins est arrivé de Londres la veille, dans l’après-midi.
v Il est d’abord allé à l’hôtel Astoria, où l’a déposé l’autobus venant de l’aéroport et où il n’est pas
resté. Puis il s’est rendu au domicile de Harry Lime, pour le retrouver. Là, il a appris que son ami était
mort le jeudi précédent dans un accident de la circulation. Il est ensuite allé au cimetière central pour
u
Le Troisième Homme – 7
assister à son enterrement. Puis il a pris un verre dans un bar chic du centre-ville, à l’invitation du
colonel Calloway. Ce dernier, intrigué par sa présence inattendue au cimetière, l’interroge sur ses
rapports avec Lime. Enfin, Martins se rend à l’hôtel Sacher, accompagné par Paine, le chauffeur de
Calloway, ce dernier lui ayant donné l’ordre d’y passer la nuit et de repartir pour Londres le
lendemain.
w Calloway est le narrateur. Il est officier britannique et un « vrai policier » de Scotland Yard, qui
porte l’uniforme de colonel quand il est de service (l. 450-451 et 476 à 478). Martins a voulu le
frapper car il affirmait que Harry Lime était « le plus immonde trafiquant du pire marché noir qui se fasse
dans cette ville » (l. 441-442) et que « l’assassinat faisait partie de son racket » (l. 486-487).
x Martins a été amené par Paine à l’hôtel Sacher, sur l’ordre du colonel Calloway. On sait que cet
hôtel est réservé aux officiers britanniques (l. 53). Une chambre a été retenue pour lui, au nom de
Mr Dexter, pour une semaine (l. 567-568).
y Crabbin est un « gros homme », qui porte des lunettes entourées d’une « épaisse monture d’écaille »
(l. 376 à 378). Il ne se présente pas, car il a déjà laissé une lettre à l’attention de Martins à l’hôtel
Astoria (l. 143 à 147), mais on comprend qu’il travaille dans un « Institut » où l’on parle littérature et
où l’on organise des débats-conférences (l. 611 à 614). Martins l’a rencontré au bureau de réception
de l’hôtel Sacher. Calloway l’évoque à la fin du chapitre I (l. 73 : « conférencier des Relations culturelles
britanniques »).
U Crabbin présente Anna Schmidt comme étant l’une des amies de Harry Lime, une actrice qui
prend « des leçons de français à l’Institut » (l. 664-665) et qu’il pense être hongroise (l. 673), munie de
faux papiers (l. 677-678).
Avez-vous bien lu ?
Kurtz est « assis à une table » du café Old Vienna, où ils se sont donné rendez-vous la veille (l. 735).
Il boit un café.
W Martins raconte cette rencontre à Calloway, quelques jours plus tard, dans son bureau (l. 764 à 770).
X L’un de ses romans, Le Cavalier solitaire de Santa Fé, permettra à Martins de reconnaître Kurtz
(l. 789). Kurtz lui avait dit qu’il porterait un costume marron et tiendrait l’un de ses livres à la main
(l. 736-737).
at Kurtz veut remettre à Martins de l’argent, de la part de Harry Lime, afin qu’il puisse prendre
l’avion pour repartir à Londres (l. 819 à 821).
ak Martins veut rester à Vienne jusqu’à ce qu’il puisse prouver que les policiers se sont trompés sur
Harry Lime et qu’ils l’accusent à tort de trafic illégal grave (l. 842-843).
al Cooler est américain (l. 805).
V
Étudier le vocabulaire
Expressions métaphoriques :
– « Les pistes en étaient déjà à peu près complètement brouillées » (l. 765-766) ;
– « une bête traquée » (l. 768) ;
– « je suis hors jeu » (l. 773) ;
– « Vous y êtes passé maître » (l. 795) ;
– « l’a fait rouler comme une quille » (l. 807-808) ;
– « lancé son coup à l’aveugle » (l. 873) ;
– « raté son but » (l. 877) ;
– « lancée au petit bonheur » (l. 885).
Les deux premières expressions font référence à la chasse, plus précisément à la traque. Les troisième,
sixième, septième et huitième expressions évoquent les sports collectifs (jeux de ballons), la cinquième
un sport individuel (bowling, jeu de quilles). L’expression « passer maître » renvoie à l’idée
d’« habileté », propre aux sports et loisirs de précision (comme le tir).
an Sur le coup est une locution qui signifie « immédiatement » « sur-le-champ ». Harry est « mort sur le
coup », c’est-à-dire qu’il n’a pas agonisé.
Autres expressions : à coup sûr ; accuser le coup ; après coup ; au coup par coup ; boire un coup ; compter les
coups ; coup bas ; coup d’aile ; coup d’arrêt ; coup d’éclat ; coup d’envoi ; coup d’épaule ; coup d’essai ; coup
am
Réponses aux questions – 8
d’État ; coup d’œil ; coup de baguette magique ; coup de balai ; coup de bambou ; coup de barre ; coup de
boutoir ; coup de canif ; coup de chance ; coup de chapeau ; coup de dés ; coup de dent ; coup de feu ; coup de fil ;
coup de filet ; coup de foudre ; coup de fouet ; coup de fourchette ; coup de grâce ; coup de grisou ; coup de gueule ;
coup de massue ; coup de pied ; coup de poing ; coup de poker ; coup de pouce ; coup de reins ; coup de sang ;
coup de semonce ; coup de soleil ; coup de téléphone ; coup de tête ; coup de théâtre ; coup de tonnerre ; coup de
torchon ; coup de Trafalgar ; coup de vieux ; coup du lapin ; coup du père François ; coup dur ; coup fourré ; coup
franc ; coup monté ; coup sur coup ; coup tordu ; coups et blessures ; discuter le coup ; donner un coup de collier ;
donner un coup de pouce ; du coup ; du même coup ; en trois coups de cuiller à pot ; encore un coup ; être dans le
coup ; faire coup double ; lancer son coup à l’aveugle (cf. l. 873) ; les quatre cents coups ; les trois coups ; manquer
son coup ; mauvais coup ; monter le coup ; pour le coup ; risquer le coup ; sale coup ; sans coup férir ; sous le coup
de ; tenir le coup ; tout à coup ; tout d’un coup ; un coup d’épée dans l’eau ; un grand coup ; valoir le coup…
ao Le fait de mélanger les alcools provoque, dit-on, une ivresse plus rapide, dont les conséquences
sont plus pénibles (« gueule de bois », fortes migraines, mal-être prolongé…). Rollo Martins utilise
cette expression pour parler des événements qui risquent de lui apporter de forts désagréments, en
l’occurrence des rencontres féminines. Il est fait allusion à ces « incidents » de parcours au début du
chapitre II (l. 81 à 92).
Étudier les personnages
Sa perruque a immédiatement déplu à Martins. Il affirme qu’« il y a forcément quelque chose de frelaté
chez un homme qui n’accepte pas de bonne grâce sa calvitie » (l. 757 à 759).
aq Kurtz apparaît comme un « vieux beau », un séducteur qui cherche maladroitement à plaire, à
rester jeune et à conserver son charme d’antan. Martins insiste sur son postiche (trop voyant car de
mauvaise qualité) et sur ses rides (trop bien dessinées). Ces deux aspects rendent le personnage faux,
« grimé » et donc louche (« frelaté »).
ar Il semble que les rapports se soient nettement améliorés. Martins n’est plus agressif à l’égard de
Calloway, à qui il confie ses impressions sur Kurtz, un ami de Harry Lime, et avec qui il échange des
propos assez personnels sur les femmes et les relations qu’il entretient avec elles. De plus, il l’appelle
par son nom (l. 784), et non plus, comme précédemment, par le nom Callaghan, un patronyme
méprisant (pour lui). On peut donc dire qu’ils ont établi un rapport de confiance.
as Martins et Calloway ont déjà vu Anna Schmidt à l’enterrement de Harry. Martins le rappelle
(l. 784-785). Mais il semble bien que Martins l’ait revue ensuite. En effet, il interrompt sa
conversation avec Calloway pour suivre des yeux « un joli brin de fille » (l. 768 à 770). Il désigne la
jeune fille familièrement par son prénom et se reprend (l. 777-778 : « je ne l’ai regardée que parce qu’elle
m’a rappelé Anna… Anna Schmidt »). Il semble se faire une bonne opinion d’elle (l. 784 : « Ce n’est pas
ce genre de femme »), ce qui semble indiquer qu’il a déjà eu une conversation prolongée avec elle.
bt Harry a été violemment heurté par une Jeep qui roulait « en bolide » et l’a fait rouler « comme une
quille » (l. 807-808). Il avait traversé sans regarder, pour rejoindre un ami américain de l’autre côté de
la rue.
bk D’après Kurtz, lui-même, Cooler et le chauffeur de la Jeep, soit trois personnes, ont été les témoins
directs de la mort de Harry. Il n’évoque, en effet, aucune autre personne lorsqu’il raconte les
circonstances de l’accident (l. 803 à 815).
bl Martins pense qu’« il y a quelque chose de louche dans la mort de Harry » (l. 872), et donc que cette
mort n’est pas si accidentelle que ça.
bm Martins constate que Kurtz n’est pas insensible à cette affirmation : ce dernier est « pétrifié » et fait
un « geste calculé » en achevant tranquillement son café, comme si de rien n’était, jusqu’à en aspirer la
dernière gorgée (l. 884 à 894). Il lui propose son aide en murmurant. Martins a pu faire cette
observation grâce à son expérience de romancier.
ap
Étudier le discours
Calloway en personne raconte l’entrevue entre Martins et lui.
bo Martins marque une certaine distance avec le terme « transformations » et manifeste ainsi son mépris
pour les hommes qui portent des postiches. Les guillemets (ainsi que la connotation négative qu’il
donne au mot) révèlent ce sentiment.
bn
Le Troisième Homme – 9
Calloway cite les propos de Martins, qui a parfois une manière particulière de s’exprimer. Pour
« mélanger les boissons », il s’agit donc d’une citation, que Calloway met en avant en utilisant les
guillemets.
bp C’est bien Calloway qui raconte la rencontre entre Martins et Kurtz, mais selon le point de vue de
Martins qui la lui a racontée quelques jours après l’avoir faite. Il fait donc apparaître les sentiments et
impressions de Martins.
bq Modalisateurs qui mettent en valeur l’opinion et les sentiments de Martins à l’égard de Kurtz :
– « avec beaucoup d’ostentation » (l. 788-789) ;
– « qui sonnait extraordinairement faux » (l. 790-791) ;
– « après une brève hésitation pendant laquelle son cerveau enregistra sans doute l’erreur commise » (l. 799800) ;
– « avec circonspection » (l. 841) ;
– « d’un geste brusque » (l. 844).
Étudier le contexte historique
Il s’agit du marché noir. En faisant du trafic, c’est-à-dire en vendant illégalement des objets et
vivres rationnés, les habitants peuvent, d’une part, gagner de l’argent et, d’autre part, se procurer les
denrées qui leur sont nécessaires (ou qui leur font envie).
bs Les membres de la Commission de contrôle sont eux-mêmes impliqués dans le marché noir, ou
bien ils ont échangé de la monnaie autrichienne (schillings) contre des Bafs (la monnaie de papier
employée dans les hôtels et clubs britanniques, où l’on doit se procurer des produits plus rares que sur
le marché).
br
À vos plumes !
ct L’exercice
permet d’évaluer les capacités de l’élève à caractériser un personnage en action,
manifestant une certaine maîtrise sur lui-même et décrit par un observateur-narrateur externe qui
rend compte subjectivement de ce qu’il voit et ressent. Il conviendra également de définir et nommer
les sentiments exprimés par gestes. Il sera utile d’analyser avec précision les différentes étapes narratives
et les différents outils employés par Greene dans les passages où le narrateur fait une pause pour mettre
en avant l’observation de Kurtz par Martins (l. 788 à 791, 873 à 880, 884 à 890 et 908 à 910).
ck L’exercice permet d’évaluer la capacité de l’élève à reprendre et synthétiser l’ensemble des
informations disséminées dans le début du roman, afin de les organiser et de les restituer dans un
compte rendu objectif et circonstancié. Il devra également être capable d’observer la photographie de
la page 47 et d’utiliser à bon escient des données supplémentaires qui peuvent permettre de
commenter l’accident (par exemple, la chaussée luisante et donc humide, les rails du tramway…).
On trouvera les autres indications permettant d’établir des témoignages aux pages 17 (l. 158 à 167) et
18 (l. 182 à 206).
E x t r a i t
d u
c h a p i t r e
V I I
( p p .
6 3
à
6 8 )
Que s’est-il passé entre-temps ?
Martins a rencontré Kurtz au café Old Vienna dans la Kaertnerstrasse (chap. IV), Anna Schmidt au
théâtre Josefstadt (chap. V) et le docteur Winkler chez lui (chap. VI).
v Winkler est médecin. Il était le médecin traitant d’Harry Lime (l. 1010-1011 et 1130).
w C’est Anna qui a donné à Martins l’adresse de Winkler et son adresse à elle (l. 1072 à 1075).
u
Avez-vous bien lu ?
Koch est commis principal à la morgue (l. 1247-1248). Il s’y connaît donc en cadavres ; il est
capable « de reconnaître quand un homme est mort » car il a de l’expérience.
y Martins fait allusion à Kurtz (l. 810 à 815) et à Winkler (l. 1140 à 1144).
U Koch affirme : « Trois hommes ont aidé à porter votre ami dans la maison » (l. 1259). Avec Kurtz et
Cooler, il y avait un autre homme, un « troisième homme ».
x
Réponses aux questions – 10
Ilse, la femme de Koch, a nettoyé et rangé l’appartement de Harry Lime, afin qu’un autre locataire
puisse y emménager (l. 1321-1322).
V
Étudier le vocabulaire
Champ lexical de la politesse et de l’amabilité : « aimable » (l. 1216) ; « Il accueillit » (l. 1219) ;
« grande cordialité » (l. 1219) ; « le présenta » (l. 1219) ; « proposé une tasse de café » (l. 1222) ; « offrit des
cigarettes » (l. 1224) ; « sympathie » (l. 1224) ; « un ami » (l. 1232).
X L’adjectif « malsain » est formé du radical -sain et du préfixe mal-, qui indique le contraire, ce qui
n’est pas. Sain vient du latin sanus, qui signifie « bien-portant, de corps et d’esprit ». L’idée exprimée
est reprise dans la même phrase par le nom « maladie » (l. 1196).
at Synonymes de « soldée » : « acquittée », « payée », « remboursée », « liquidée ».
Synonymes de « inopinément » : « à l’improviste », « accidentellement », « fortuitement »,
« involontairement », « incidemment ».
W
Étudier l’énonciation
Le groupe nominal « à ce moment-là » (l. 1194) renvoie au moment où Martins sort de chez le
docteur Winkler (l. 1199 : « En quittant la maison du docteur Winkler »), c’est-à-dire le lendemain de
son arrivée à Vienne, après avoir rencontré Kurtz, Anna Schmidt et le docteur Winkler.
al Le narrateur dit avoir consulté des « fiches », des « notes » prises pendant ses conversations avec
Martins et des « déclarations » de différents témoins (l. 1290 à 1293). Il met ainsi en valeur l’importance
du fait pour ses conséquences sur la suite de l’enquête de Martins et prévient le lecteur de la gravité de
l’événement qu’il s’apprête à révéler. Il insiste également sur son objectivité en même temps que sur
son professionnalisme, sur le sérieux avec lequel son enquête officielle a été menée, parallèlement à
celle, officieuse, de Martins.
am Formules d’anticipation : « il eût encore été possible à Rollo Martins, à ce moment-là, de quitter Vienne
sain et sauf » (l. 1194-1195) ; « Il aurait pu aller se coucher » (l. 1200) ; « Il aurait même pu, à cet instant,
rendre visite à Cooler, sans risque » (l. 1201-1202) ; « Malheureusement pour lui, il y aurait toujours des
périodes de son existence où il le regretterait amèrement » (l. 1203-1204).
Le narrateur tient ainsi le lecteur « en haleine » ; il accroche son attention, indique des dangers à venir
et, à partir de là, réactive son intérêt. Il évoque le danger (« sain et sauf », « sans risque ») et les
conséquences malheureuses (« malheureusement », « regretter amèrement »). Mais il ne dit rien de précis
pour autant. Le lecteur, dont la curiosité a été aiguisée, est donc dans l’attente de la suite.
an Les interrogations sont formulées par le narrateur, mais du point de vue de Martins qui vient
d’obtenir un renseignement capital et est encore sous le coup de la surprise.
Le narrateur les formule directement à l’adresse du lecteur. L’intérêt de ce procédé est double : d’une
part, il lui présente la réflexion de Martins, qui ne doute plus du crime à ce moment de l’action, et,
d’autre part, il sollicite son attention en même temps que son questionnement sur la nouvelle
information – la présence d’un « troisième homme ».
ak
Étudier la grammaire
Verbes au conditionnel :
– « Il aurait pu » (l. 1200) et « Il aurait même pu » (l. 1201) se justifient par l’hypothèse que l’on peut
formuler ainsi : « s’il n’avait pas décidé de retourner dans l’appartement de Harry » ;
– « Il y aurait » (l. 1203) et « il le regretterait » (l. 1204) indiquent une manière incertaine d’envisager
l’avenir (= « il est probable que… »).
ap « Si vous étiez venu autrefois / Si vous m’aviez rendu visite avant la guerre, je vous aurais proposé
une tasse de café. »
Étiez venu / aviez rendu = indicatif plus-que-parfait (concordance des temps).
aq « Arriverait » est un futur dans le passé.
« Pourrais-je » est une formule d’atténuation, par politesse.
ar « Demeurât » est conjugué au subjonctif imparfait.
Autres verbes au même mode : « se soit abstenu » (l. 1257) ; « eût été commis » (l. 1277) ; « pût »
(l. 1287) ; « ne fût pas parti » (l. 1334) ; « partiez » (l. 1346).
ao
Le Troisième Homme – 11
Étudier un thème : le témoignage
Champ lexical du témoignage : « déclarations », « témoins » (l. 1193) ; « rien laissé échapper »
(l. 1197) ; « avait-il dit cela exactement ? » (l. 1207) ; « tout prêt à parler » (l. 1216) ; « Oui, j’ai vu
l’accident » (l. 1232-1233) ; « vous n’avez pas témoigné ? » (l. 1237) ; « Vous m’avez cependant raconté
comment cela s’était produit » (l. 1241-1242) ; «Vous pouvez en croire sur parole […] » (l. 1253) ; « vous
auriez dû témoigner » (l. 1255) ; « Je ne pouvais apporter aucun témoignage utile » (l. 1275) ; « Aucun
témoignage […] aucun témoignage !… » (l. 1276) ; « sauf la parole […] qui pût prouver » (l. 1286-1287) ;
« Il y avait eu la déposition du médecin » (l. 1288) ; « cette déposition » (l. 1290-1291) ; « ce que valait la
parole » (l. 1291).
bt Koch n’a pas été un témoin direct de l’accident : il a entendu les coups de frein, puis il a vu le
corps d’un homme mort transporté par trois hommes et le chauffeur très ému qui est resté « là où il
était » (l. 1232 à 1236 et 1259 à 1262).
bk Les renseignements donnés par Koch à Martins ne peuvent être considérés comme un témoignage,
principalement parce que Koch ne s’est pas constitué comme témoin, qu’il n’est pas venu témoigner
dans le cadre d’une enquête policière ou judiciaire. Il n’a pas été cité à comparaître devant un juge,
afin de certifier sous serment l’existence d’un fait dont il a une connaissance personnelle. Ensuite,
parce qu’il n’a pas vraiment vu l’accident : l’information indirecte ne constitue pas un témoignage.
bl Le témoignage de Koch, même partiel, aurait pu constituer la preuve que Harry Lime était mort
sur le coup, contrairement à ce qu’ont affirmé ses amis, et surtout permettre d’ouvrir une autre
enquête afin de déterminer l’identité du « troisième homme ». Il aurait pu orienter cette enquête vers
l’assassinat de Lime, dont commence à être convaincu Martins.
bm Les différents arguments de Koch sont : « Il vaut mieux ne pas se mêler de ces choses » (l. 1238) ; « Mon
bureau n’aurait pas pu me libérer » (l. 1238-1239) ; « je n’avais pas vraiment vu » (l. 1239-1240) ; « Chacun
veille sur sa propre sécurité » (l. 1256) ; « Je ne pouvais apporter aucun témoignage utile » (l. 1275).
S’il se laisse aller à raconter à Martins les faits d’après ses observations, c’est parce que « l’enquête est
terminée » (l. 1231). Cependant, il refuse de poursuivre l’entretien à partir du moment où Martins
emploie le mot « assassiné » (l. 1338) : « Je n’ai rien vu. Ceci ne me regarde pas » (l. 1345).
as
Étudier l’écriture
Pour mettre en avant la double personnalité de son héros, l’auteur lui fait attribuer des réactions et
des sentiments différents par le narrateur, selon qu’il considère les faits du point de vue de Rollo ou
du point de vue de Martins. Il a présenté ce procédé au chapitre II, dans la bouche de Calloway : « Il
y avait chez Rollo Martins un incessant conflit entre son absurde nom de baptême et le solide patronyme
hollandais que portait sa famille depuis quatre générations » (l. 152 à 157). Il met ainsi en avant la fragilité
de son personnage, ses doutes, sa sensibilité, sa violence, et surtout les ambiguïtés de son
comportement. On retrouve ce procédé dans la suite du chapitre II (l. 444 à 449), au chapitre III
(l. 615 à 620) et au chapitre V (l. 925-926).
Ici, il utilise la formule « mais Rollo, parce qu’il était Rollo, joua la chose à pile ou face […] » (l. 1210 à
1212).
bo Le groupe nominal « son plus lointain voyage » désigne la mort. C’est une périphrase et un
euphémisme. Autre expression : « partir pour l’autre monde » (l. 1334-1335).
bp « Sous ses doigts tâtonnants, le mur lisse de la dissimulation n’avait encore laissé paraître nulle faille »
(l. 1197 à 1199). Le narrateur compare la dissimulation (celle de l’entourage de Harry Lime) à un mur
lisse, que l’on ne peut franchir ni escalader, mais qui se fissure progressivement au fur et à mesure que
Martins avance dans son enquête et fait de nouvelles découvertes. Ces failles ou rugosités lui
permettent de se hisser vers la vérité.
La métaphore file de la ligne 1264 à la ligne 1267 : « On eût dit qu’en se promenant à tâtons sur le mur nu
[…] n’avaient pas aplanie. » Cette métaphore donne au lecteur l’impression que la vérité est quasi
inaccessible, qu’il accompagne Martins dans une tâche ardue, labyrinthique.
bn
À vos plumes !
L’exercice permettra d’évaluer les capacités des élèves à rédiger et présenter correctement un
dialogue (ponctuation, emploi du système du présent, emploi des verbes de parole…), à tenir compte
de sa place dans le récit (rencontres préalables avec Calloway, Kurtz, Anna et Winkler ; seconde visite
bq
Réponses aux questions – 12
de Martins à Koch, accueil aimable de Koch ; refus de témoigner puis rejet…) et du contexte
historique (Anschluss, restrictions, marché noir, contrôle de la ville par les Alliés, rapport de la
population autrichienne avec les Alliés…), tout en laissant une certaine liberté et donc en favorisant
l’originalité. Il permettra également d’attirer leur attention sur le rôle et la fonction du dialogue inséré
dans la narration (mise en valeur de traits de caractère, révélations faites par des personnages au
narrateur interne – qui ne sait rien des faits qui ne le concernent pas directement –, mise en valeur des
sentiments, etc.).
br Les élèves auront intérêt à s’appuyer sur la présentation de Harry Lime faite par Martins à Calloway
(chap. II, l. 343 à 420). L’exercice permettra d’évaluer leurs capacités à organiser une description, à
tenir compte des informations données par le récit (l. 1304 à 1331). Il permettra également de mettre
en avant le rôle de la description à visée explicative. Ici, elle doit servir à révéler la personnalité de
Harry Lime, à souligner ses traits de caractère particuliers, tels que les avait évoqués Martins.
E x t r a i t
d u
c h a p i t r e
I X
( p p .
8 4
à
9 0 )
Que s’est-il passé entre-temps ?
Rollo Martins est allé chez Cooler (chap. VIII).
Crabbin lui a laissé un message à l’hôtel Sacher, pour lui donner le programme des conférences qu’il
a organisées et lui rappeler qu’il doit assister à la discussion littéraire prévue le lendemain soir à
l’Institut des relations culturelles (chap. VII).
w Cooler est américain et habite dans la zone américaine (l. 1436).
x Anna Schmidt habite « aux confins de la zone anglaise » (l. 1585). Elle est officiellement autrichienne,
mais elle a de faux papiers. En réalité, elle est hongroise. Cette information a été donnée par trois des
interlocuteurs de Martins : Crabbin (l. 672 à 681), Calloway (l. 1380-1381) et Cooler (l. 1506 à
1516).
u
v
Avez-vous bien lu ?
Rollo est tombé amoureux d’Anna (l. 1621 à 1634 et 1657 à 1661).
U Ils vont chez Koch, avec l’intention de le faire parler davantage. Martins indique qu’il « s’est refermé
comme une huître » (l. 1680), mais Anna pense qu’elle pourra convaincre Koch et Ilse de se confier
(l. 1682 : « Moi, il ne me mettra pas à la porte, pas plus que son Ilse »).
V Koch est mort. On ne sait pas encore s’il s’agit d’un suicide ou d’un crime (l. 1729 à 1731).
Martins est cependant convaincu qu’il a été assassiné (l. 1791 et 1800-1801).
W Martins affirme qu’il vaut mieux qu’il se tienne à l’écart « jusqu’à ce que les choses soient débrouillées »
(l. 1805). Il risque d’avoir des ennuis, car on recherche l’étranger qui a rendu visite à Koch la veille, et
il craint d’être, au mieux, expulsé de Vienne (l. 1807 à 1816). Il ne veut pas mêler la jeune femme à
ces problèmes, d’autant plus qu’il sait que ses papiers d’identité ne sont pas en règle.
y
Étudier la grammaire
Termes qui désignent Harry : « un autre homme que tous les deux avaient connu et qui s’appelait Harry
Lime » (l. 1659 à 1661).
Termes qui désignent Anna : « l’amie de Harry » (l. 1658) ; « Anna Schmidt » (l. 1659) ; « laquelle »
(l. 1659) ; « tous les deux » (l. 1660) ; « la jeune fille » (l. 1662).
Termes qui désignent Rollo : « Rollo Martins » (l. 1656) ; « il » (6 fois : l. 1657-1658 et 1661-1662) ;
« l’ami de Harry » (l. 1657) ; « un homme, amoureux d’Anna Schmidt » (l. 1658-1659) ; « tous les deux »
(l. 1660).
at Deux groupes nominaux établissant une comparaison : « comme une huître » (l. 1680) et « semblable à
celle des forçats alourdis de fers » (l. 1685).
Autre moyen de comparaison : « faisait l’effet, au milieu de cette blancheur, d’une grosse tache d’encre qui
aurait coulé, changé de forme, se serait étalée » (l. 1689 à 1691).
ak Proposition subordonnée circonstancielle de comparaison : « comme si quelqu’un était attendu »
(l. 1712).
X
Le Troisième Homme – 13
Étudier l’écriture
L’auteur montre les personnages avançant progressivement vers le lieu du crime, c’est-à-dire vers
chez Koch. Il insiste sur la durée du trajet, amplifiée par la pénibilité de la marche : « Ils suivirent
ensemble la longue route qui conduisait à l’appartement de Lime » (l. 1683-1684) ; « leur marche lente
semblable à celle des forçats alourdis de fers » (l. 1684-1685) ; « Est-ce encore loin ? » (l. 1686) ; « Martins
s’avança donc seul lentement » (l. 1709) ; « le voir approcher » (l. 1712) ; « Lorsqu’il rejoignit les premiers
groupes » (l. 1712-1713). Les objets et les personnages sont également vus de loin, du point de vue de
Martins et d’Anna, dont on suit le regard et la perception : « Voyez-vous là-bas ce petit groupe de gens »
(l. 1687) ; « les premiers groupes de la petite foule » (l. 1713).
On peut associer ce type d’écriture aux travellings arrière (jusqu’à l’arrivée sur les lieux) puis avant
(lorsqu’ils aperçoivent la foule et que Martins s’en approche).
am À la suite de cette lente avancée, l’auteur ralentit encore l’accès à l’information en établissant un
dialogue entre Martins et un inconnu (l. 1714 : « Un homme »), dans lequel se succèdent des questions
directes auxquelles les réponses ne sont pas données immédiatement (l. 1729-1730 : « On ne le sait pas
encore […]. Peut-être […] »). Certains référents ne sont pas non plus immédiatement identifiés
(l. 1716 : « Est-ce que vous en êtes aussi ? » ; l. 1722 : « Ils attendent qu’on le sorte de la maison » ; l. 1740 :
« Je les ai entendus parler » ; l. 1774 : « Ils n’ont pas pu faire entrer la voiture d’ambulance »). Les faits
importants se font attendre et sont dévoilés très progressivement et inversement à leur importance :
on apprend d’abord que Herr Koch doit être sorti de la maison (l. 1722), puis qu’il s’agit peut-être
d’un suicide ou d’un crime (l. 1730-1731), puis qu’on se renseigne sur un étranger (l. 1746), et enfin
que Koch a eu la gorge tranchée dans son sous-sol (l. 1749). Le lecteur est donc mis volontairement
dans l’attente, ce qui accentue sa curiosité et provoque son impatience.
al
Étudier les personnages
Anna Schmidt n’est pas en règle : ses papiers d’identité sont faux. Elle a toutes les raisons d’être
effrayée par la foule, qui se présente comme menaçante (comparée à une tache d’encre). En effet, si ce
regroupement est probablement naturel et dû à la curiosité (badauds), il peut aussi avoir été fait sur
ordre de la police, dans le cadre de l’enquête. Dans les deux cas, cette foule est susceptible d’être
contrôlée par la police. Anna risque donc d’être arrêtée. De plus, ses proches sont ou ont été surveillés
par la police (un père nazi, un amant recherché et décédé dans des circonstances louches). Enfin, elle
se trouve en compagnie d’un Anglais, qui mène une enquête personnelle et qui est en rapport avec la
police britannique. Elle n’est donc pas sereine.
ao Hansel ressemble à un « gnome » (l. 1738 et 1786) ; sa « petite figure gelée » (l. 1758) est « crispée et
bleuie par le froid » (l. 1738). Il est dit « rusé » (l. 1741) et « malin » (l. 1745) et est qualifié
d’« extraordinaire » (l. 1753) par son père, qui lui trouve « une imagination » débordante (l. 1756). Il a
un œil « scrutateur, fixe et glacé » (l. 1786).
On pourra s’intéresser avec profit au personnage du petit garçon dans le film de Carol Reed et
comparer l’usage fait de ce personnage, qui apparaît une seule fois dans le roman et plusieurs fois dans
le film, de façon très menaçante.
ap Le personnage de Hansel n’est pas vraiment indispensable à l’action. Les renseignements qu’il
donne n’ont pas particulièrement d’intérêt, il s’agit davantage de détails ou de redites, qui auraient pu
être fournis à Martins d’une tout autre façon, ne serait-ce que par une simple observation de la scène
au moment de la sortie d’Ilse et du corps de Koch. Sa fonction est davantage d’incarner le danger, la
menace qui va désormais peser en permanence sur Martins, jusqu’à présent préservé des soupçons et
complètement libre de mener son enquête.
an
Étudier l’action
Ce meurtre confirme le fait qu’il y a quelque chose de louche dans la disparition de Harry Lime et
que ce dernier est mêlé à une histoire sordide. En effet, Koch a été assassiné juste après le passage de
Martins chez lui. Il avait évoqué le danger qu’il y avait de témoigner dans l’affaire de l’accident et il
avait affirmé n’avoir parlé qu’à Martins de ses observations et réflexions. C’est un crime révélé.
Martins a donc affaire à des assassins, qui peuvent se montrer dangereux et agressifs à son égard. De
plus, cette disparition d’un témoin gênant semble authentifier la thèse : il y avait bien un « troisième
aq
Réponses aux questions – 14
homme », qui cherche à se dissimuler (l. 1797-1799 : « Donc, Koch avait dit la vérité : “Il y avait un
troisième homme” »).
ar Martins se fixe désormais pour mission de découvrir l’identité du « troisième homme » et,
éventuellement, de retrouver le meurtrier de Koch.
as Vont s’opposer à lui, selon Martins :
– la police autrichienne, qui recherche désormais un étranger et peut le ralentir dans son enquête ;
– la police britannique, trop contente d’avoir un prétexte pour l’arrêter ;
– également les meurtriers de Koch, qui doivent savoir que celui-ci lui a parlé et vouloir effacer toute
trace de ce qu’il a dit.
bt Martins s’attend à ce que la police l’arrête pour l’interroger sur sa visite à Koch et qu’au mieux elle
l’expulse de Vienne. Il peut redouter aussi les réactions violentes des meurtriers de Koch. Il va donc
être suivi, convoqué…
bk Martins pense que Cooler peut le dénoncer à la police. En effet, il lui a parlé de sa visite avec
Koch.
Cooler peut avoir commandité le meurtre de Koch, puisque Martins lui a parlé du fameux « troisième
homme » vu par Koch (on peut alors se demander quels étaient l’origine et l’objet du coup de
téléphone qu’il a reçu lors de son entrevue avec Martins au chapitre VIII). S’il l’a fait, il restera dans
l’ombre et ne parlera pas de Martins à la police. Or, Martins ne le pense pas capable d’un tel acte, car
il l’a trouvé très sympathique. Il s’attend donc à ce que Cooler parle de lui à la police.
Étudier les genres littéraires
Hansel porte le prénom du héros d’un célèbre conte merveilleux populaire allemand (Hansel et
Gretel), recueilli par les frères Grimm dans Contes de l’enfance et du foyer (1812-1815). Le narrateur le
compare aussi métaphoriquement à un gnome, génie de très petite taille qui habite sous la terre,
gardant les trésors, les mines et les pierres précieuses, et dont on raconte les aventures dans les récits de
la mythologie nordique. Étymologiquement, le terme gnome pourrait venir du grec gnosis, qui signifie
« la connaissance », ou de genomos, qui désigne un « habitant du monde souterrain ». Or, Hansel
connaît le destin de Koch ; il est allé voir ce qui s’était passé dans la cave, le monde souterrain de
l’immeuble de Koch. Il sait aussi que la police s’intéresse à un étranger.
bm Hansel mène l’enquête et fait des observations à la manière d’un détective de roman policier ; il
récolte des indices et les commente (l. 1752 : « du sang sur le charbon »). Son père pense qu’« il écrira
peut-être des livres quand il sera grand » (l. 1756-1757). On peut supposer qu’il s’agira de romans
policiers, de thrillers ou de romans d’espionnage…
bl
À vos plumes !
L’exercice permettra aux élèves d’exprimer des sentiments, particulièrement ceux de la peur et de
la douleur. Ils devront tenir compte de la personnalité d’Anna, de ses traits de caractère, de sa situation
actuelle. Il s’agira d’imaginer quel a pu être le « passé confus » de la jeune femme, afin de rédiger un
récit rétrospectif à la 1re personne, relatant un fait justifiant sa peur actuelle de la foule.
bo L’exercice permettra d’évaluer les capacités des élèves à transformer un dialogue en récit, en
utilisant le système du passé et en changeant de point de vue. De celui d’Hansel et de son père,
parfaitement subjectifs, on passera à celui d’un policier, qui se doit d’être objectif et précis dans son
compte rendu à son supérieur. Ce compte rendu d’un subordonné, relaté à Martins par le narrateur
habituel Calloway, devra pouvoir s’insérer dans la narration et se substituer au dialogue d’Hansel et de
son père.
bp L’exercice permettra de mettre en avant la particularité argumentative de la quatrième de
couverture, qui ne doit pas « tout dire » de l’ouvrage présenté mais séduire afin de retenir l’attention
du lecteur et servir d’accroche à l’éditeur et à l’auteur. On pourra proposer aux élèves de réaliser
également l’illustration de couverture (avec la collaboration du professeur d’arts plastiques), d’imaginer
et de rédiger les titres de la bibliographie d’Hansel écrivain, ou de proposer la maquette d’une
collection (nom, logo, couleurs, etc.)…
bn
Le Troisième Homme – 15
C h a p i t r e
X I I I
( p p .
1 2 9
à
1 3 3 )
Que s’est-il passé entre-temps ?
Martins a été amené à l’Institut des relations culturelles britanniques, « au second étage d’une
maison ».
v Martins, ou plus exactement Buck Dexter (son pseudonyme), a été invité par Crabbin à participer
à une causerie littéraire. Il s’y est révélé lamentable car il y avait erreur sur sa personne : Crabbin
croyait avoir invité Benjamin Dexter, un célèbre écrivain anglo-saxon, au « style délicat, complexe,
flottant d’écriture de vieille fille », qui fait de la « broderie », de la « frivolité » (chap. III, p. 38, l. 633 à 640).
Rollo Martins, qui écrit des westerns populaires, répond donc complètement à côté des questions qui
lui sont posées. De plus, il est inquiet et mal à l’aise, du fait des événements qui viennent juste de se
produire : la mort de Koch et l’annonce par Paine que le colonel Calloway l’attendait au bar de
l’hôtel.
w La police militaire est venue le chercher. Martins se cache parce qu’il pense qu’elle est venue
l’arrêter.
Il serait intéressant de comparer ce passage à la scène équivalente dans le film : Martins y est
clairement repéré par deux brutes épaisses ; il s’échappe en montant un escalier (de service,
apparemment), se réfugie dans une pièce obscure, réagit au quart de tour en « justicier » quand il
entend les gémissements du perroquet, se fait pincer et s’enfuit en sautant par la fenêtre. S’ensuit une
course-poursuite dans Vienne en ruine. Il n’est pas rattrapé et se rend de lui-même dans le bureau de
Calloway. Les prises de vue et les éclairages sont très particuliers ; l’effet est totalement différent. Dans
le film, Martins incarne la figure du héros ; dans le livre, il est plutôt ridicule.
x Calloway parle à Martins du trafic de la pénicilline, des conséquences dramatiques de ce trafic sur
les malades, et particulièrement les enfants (l. 2237 à 2292), et de l’implication supposée de Harry
Lime et Kurtz (l. 2297 à 2338).
y Harbin est l’indicateur de la police britannique ; c’est un agent double qui espionne Harry Lime
pour son compte (l. 2313 à 2338).
U Martins a aperçu le visage de Harry Lime (l. 2562-2563).
V L’homme poursuivi par Martins a disparu près d’un kiosque à journaux (l. 2580 à 2586).
W Anna a été emmenée par la patrouille militaire. Calloway raconte longuement cette arrestation
(l. 2645 à 2801).
u
Avez-vous bien lu ?
Anna est dans son appartement, en zone britannique (l. 2850-2851 : « Mes agents surveillent son
appartement. Ils ne feront pas d’autres tentatives pour le moment »).
at Carter pense qu’il faut vérifier (en autopsiant le corps) que le décès a bien eu lieu au moment
indiqué par le médecin : « je crois que nous devrions ordonner une exhumation. Il n’y a pas de véritable preuve
que Lime soit mort au moment précis que les autres ont déclaré » (l. 2829 à 2831).
ak Les égouts collecteurs ont servi de refuge à la population pendant les bombardements aériens
(l. 2873-2874), de cachette (l. 2874-2875) pour les prisonniers (alliés, britanniques) et les déserteurs, et
de repaire pour les voleurs (l. 2875).
al Martins veut demander à Kurtz de lui faire rencontrer Harry Lime, qui s’est réfugié dans la zone
russe, afin de pouvoir lui parler et lui demander d’éclaircir ce qu’il ne parvient pas à comprendre
(l. 2899 à 2901).
am La « police spéciale » est chargée de surveiller les égouts (l. 2878-2879).
X
Étudier le vocabulaire
Champ lexical de l’enquête policière : « Je réfléchissais profondément » (l. 2803) ; « les comparai l’un à
l’autre » (l. 2806-2807) ; « trouver trace » (l. 2809) ; « selon les renseignements » (l. 2809-2810) ; « laissé
Harbin nous échapper » (l. 2814) ; « continuez vos recherches » (l. 2816) ; « tâchez de le retrouver » (l. 28162817) ; « nous avons écarté trop facilement la possibilité d’un meurtre » (l. 2825) ; « ordonner une exhumation »
(l. 2830) ; « pas de véritable preuve » (l. 2830) ; « les autres ont déclaré » (l. 2831) ; « méthodes » (l. 2837) ;
an
Réponses aux questions – 16
« témoignages » (l. 2838) ; « conduire une enquête » (l. 2838) ; « on se fie trop souvent à son jugement
personnel » (l. 2839-2840) ; « version de l’accident » (l. 2841-2842).
ao Antécédent de « ils » :
– « Ils ne feront pas d’autre tentative pour le moment » (l. 2850-2851) = la police militaire soviétique (qui
avait pris l’initiative d’arrêter Anna) ;
– « ils ne se risqueraient pas à nous faire suivre » (l. 2856-2857) = la police militaire soviétique ;
– « Alors, qui ont-ils enterré ? » (l. 2883) = les criminels (ceux qui ont assassiné Koch et appartiennent à
la bande de Harry qui a organisé le trafic de pénicilline) ;
– « ils n’auraient pas fait toute cette mise en scène de mort et d’enterrement » (l. 2893-2894) = les criminels.
ap En argot, brûlé veut dire « démasqué », « découvert ». L’expression brûler la cervelle de quelqu’un
signifie « le tuer avec une arme à feu ». Il s’agit d’un langage familier (argot des malfrats).
aq Les occurrences d’expressions appartenant au même niveau de langage sont peu nombreuses :
« Bon Dieu » (l. 2868) ; « il y a trop de choses » (l. 2900) ; « c’est risqué » (l. 2903) ; « cette nom de Dieu
d’histoire » (l. 2916).
Étudier le genre du roman policier
Rollo Martins mène une enquête privée, personnelle, par fidélité à son ami Harry Lime. Il veut
rétablir la vérité et laver Harry de tout soupçon, après avoir entendu les accusations à peine voilées de
Calloway (chap. II, p. 28, l. 499 à 502). Il procède sans méthode particulière, cherchant à rencontrer
les amis et connaissances de Harry, qu’il interroge tour à tour. Anna Schmidt, puis Calloway, de qui il
s’est rapproché suite à l’enlèvement d’Anna, vont l’aider. Il est actuellement à la recherche du
« troisième homme » indiqué par Koch ; il vient d’apercevoir le visage de Harry Lime dans l’obscurité,
tout près de chez Anna où il s’est rendu en pleine nuit, juste avant qu’elle soit arrêtée par la police
militaire russe.
Le colonel Calloway, policier britannique de Scotland Yard, qui avait presque clos son dossier après la
mort de Harry Lime, l’a rouvert à l’apparition de Rollo Martins (l. 293 à 296 : « Une fiche de police,
vous le savez, n’est jamais complète »). Au début, il s’est intéressé au personnage de Martins. Ensuite,
l’enquête personnelle de Martins et les faits qui en découlent (assassinat de Koch, son rapport à Anna
Schmidt) l’ont amené à se rapprocher de lui. Calloway procède avec méthode, en établissant des
fiches à partir de faits et de témoignages et en faisant suivre à ses agents différentes pistes (à partir de
ses constations et des hypothèses qu’il établit). Il rassemble tous ces éléments dans un dossier. Ses
assistants, en particulier Paine et Carter, l’aident dans cette tâche. Rollo Martins va ensuite l’orienter
involontairement vers la bonne piste (les égouts collecteurs).
La police autrichienne recherche « l’étranger » (Rollo Martins) qui est venu rencontrer Koch et qui
peut être son assassin. En effet, Koch est autrichien, et l’enquête sur son meurtre est du ressort de la
police locale. Cette enquête participe indirectement à l’affaire Harry Lime.
as Calloway admet que Harry n’est peut-être pas mort dans un accident (l. 2841-2842 : « Je m’étais
contenté de la version de l’accident »), qu’il n’est même peut-être pas mort du tout… et donc qu’il a
effectivement pu être aperçu par Martins. Pour comprendre la soudaine disparition de Lime, il se rend
sur les lieux avec Martins. Lorsqu’il reconnaît le « kiosque en fer plein » dont lui a parlé Rollo Martins
et dont il sait la fonction, il est alors certain que ce dernier n’a pas rêvé, qu’il a bien vu un homme,
lequel a disparu devant ses yeux comme par enchantement (l. 2862 : « C’est exactement ce qu’il a fait »).
À partir de là, il admet complètement l’existence de Harry Lime (l. 2879 à 2882 : « C’est donc de cette
manière que votre ami Harry a disparu […] »).
Calloway rejette l’idée que l’apparition de Harry puisse être une « histoire de fantôme » ou « une illusion
d’ivrogne » (l. 2804 à 2806).
bt Selon Calloway, Anna a été enlevée par la police russe sur l’ordre de Harry Lime, soit par amour,
soit parce qu’elle représente pour lui un danger, car elle pourrait donner des indications à la police
permettant de le retrouver (l. 2906 à 2908).
Si c’est l’amour qui fait agir Harry Lime, il peut vouloir de nouveau faire enlever Anna, ou bien lui
faire parvenir un message pour lui demander qu’elle le rejoigne, ou bien chercher à se rapprocher
d’elle. Si c’est par peur du danger qu’elle représente, il peut tenter de la faire supprimer… Anna peut
représenter une aide (un appât) et un fil conducteur (si on la suit). Mais elle est de toute façon en
danger, et l’enquête doit tenir compte de cette nouvelle donnée.
ar
Le Troisième Homme – 17
Martins ne veut pas qu’on utilise son amitié à l’égard de Harry pour l’attirer dans les filets de la
police.
bk
Étudier l’expression des sentiments
Carter n’est pas encore aigri par la vie ; il a conservé tout son enthousiasme de jeunesse, mais il
manque également d’expérience. Il est aussi encore très respectueux de la hiérarchie et de ses aînés et
il marque bien cette déférence dans ses propos. Sa politesse est presque excessive : « Oui, monsieur. Je
crois, monsieur, si vous me permettez de le dire […], je crois que […] » (l. 2828-2829). Le narrateur
souligne cette particularité en donnant son avis dans une parenthèse explicative.
bm Moyens par lesquels Calloway manifeste son autorité sur Carter :
– emploi de l’impératif : « continuez », « tâchez », « n’y pensez plus », « Notez-les », « Mettez-vous en
rapport […] » ;
– absence de formules de politesse du type « s’il vous plaît » ou « merci » ;
– formules lapidaires : « C’est bon » ;
– interruption de la réplique (l. 2826-2827).
Malgré cette façon sèche de s’adresser à Carter, Calloway (en même temps que le lecteur) reconnaît
plusieurs qualités à son cadet : « enthousiasme » (l. 2821), implication (l. 2824-2825 : « Savez-vous,
monsieur, je ne puis m’empêcher de penser que nous avons écarté trop facilement la possibilité d’un meurtre »),
politesse (répétition de « monsieur »), qualités professionnelles (l. 2815 : « une quantité d’erreurs que mon
cadet avait évitées »).
bn Calloway se traite d’imbécile (l. 2834-2835) ; il reconnaît qu’il s’est trop vite fié à son jugement
personnel – et donc qu’il a manqué de discernement et de perspicacité en menant son enquête
(l. 2838 à 2842) – et qu’il fait des erreurs (l. 2814-2815 : « j’aurais probablement commis une quantité
d’erreurs […] »). Il pense aussi qu’il a perdu son enthousiasme initial, qu’il a tendance à opérer par
routine (l. 2820 à 2823), ce qui est préjudiciable à la bonne conduite d’une enquête.
bo Le pronom « lui » désigne Harry Lime. En ne l’appelant pas par son nom, Martins indique
combien il est touché et désagréablement surpris par la confirmation de l’existence de Harry, qu’il
croyait mort. Il ne lui donne pas son identité parce qu’il ne lui apparaît plus, à cet instant, comme
l’ami en qui il croyait et avait confiance. Il a besoin, désormais, de comprendre cette nouvelle donnée
et ses causes (l. 2900-2901 : « il y a trop de choses que je ne peux pas arriver à comprendre »).
bp Calloway ne voulait pas provoquer d’inquiétude, voire d’affolement parmi la population
autrichienne en utilisant de façon inhabituelle un véhicule militaire.
bq Martins éprouve du soulagement : il n’a pas rêvé ; l’homme a bien pu disparaître à cet endroit,
pour une raison parfaitement explicable.
bl
À vos plumes !
Les élèves devront tenir compte des renseignements fournis par le narrateur sur le personnage de
Carter (jeune, enthousiaste, apprécié par son supérieur, encore un peu inexpérimenté…), en même
temps que ceux dont Carter dispose sur l’enquête à ce moment du récit, c’est-à-dire ceux que
Calloway a pu transmettre à ses assistants (Carter, en effet, ne sait pas encore que Martins a vu Harry,
ni que Harry semble avoir disparu dans un kiosque à journaux…). Ils devront également tenir compte
du niveau de langage, du rapport entre les deux hommes (un supérieur et son « cadet ») et du
contexte historique.
bs Le sujet laisse une grande liberté, même s’il nécessite de tenir compte de l’action. Cet exercice doit
permettre d’évaluer les capacités de l’élève à exprimer des sentiments et à rédiger une lettre
personnelle, selon les contraintes de ce type d’écrit (en-tête, formule de politesse, signature, indices de
l’énonciation, système du présent, marqueurs logiques et chronologiques…).
br
E x t r a i t
d u
c h a p i t r e
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( p p .
1 3 9
à
1 4 6 )
Que s’est-il passé entre-temps ?
u Rollo
Martins est allé chez Kurtz, dans la zone russe, afin d’être mis en contact avec Harry
(chap. XIV).
Réponses aux questions – 18
v Martins
y a rencontré Kurtz et le docteur Winkler (chap. XIV).
w Martins veut parler à Harry Lime (l. 2976), afin d’avoir des éclaircissements sur « toutes ces choses »
qu’il ne peut pas parvenir à comprendre (l. 2900-2901) et « tirer au clair cette nom de Dieu d’histoire »
(l. 2916).
Le choix de ce lieu résulte probablement de deux circonstances favorables aux deux hommes :
d’abord, le Prater (situé en zone russe) est très proche de chez Kurtz ; ensuite, c’est un lieu public qui
assure une protection, aussi bien pour Martins, qui a conscience du danger que représente une telle
rencontre, que pour Lime, qui est ainsi mis en confiance. En se retrouvant dans un espace de loisirs,
en plein air, les deux hommes ont la garantie d’être protégés par la foule.
Avez-vous bien lu ?
siffle son petit air attitré (l. 3018-3019 : « Derrière l’échoppe du marchand de gâteaux, un homme
se mit à siffler un air que Martins reconnut »).
y Harry donne un pourboire à la femme qui vend les billets et obtient ainsi un wagon pour eux tout
seuls (l. 3046 à 3048). Les couples d’amoureux n’ont désormais plus assez d’argent pour procéder de la
même façon (l. 3050).
U Harry dit à Martins que c’est Harbin qui a été enterré à sa place (l. 3113).
V Martins crie à Harry, qui est déjà trop loin pour l’entendre, de ne pas se fier à lui (l. 3193).
x Harry
Étudier la grammaire
W On
trouve principalement l’imparfait de l’indicatif. Ce temps est employé pour présenter les actions
dans leur durée, dans la continuité de leur déroulement. Il s’agit d’actions secondaires, placées à
l’arrière-plan, qui se déroulent en même temps que celles du premier plan : « il attendit pendant une
heure » (l. 3000) et « Martins se demanda » (l. 3010-3011).
X On trouve le passé simple et l’imparfait de l’indicatif. Le passé simple est employé pour des actions
présentées dans leur ponctualité et, également, dans leur succession chronologique. Il permet de
placer les faits au premier plan. L’imparfait, employé dans le style indirect libre, exprime les pensées de
Martins (« Était-ce d’émotion ou de crainte […] ») ou sert à indiquer la répétition, l’habitude (« quand
Harry arrivait […] »).
Étudier le portrait
at Le
physique de Harry est rassurant, car il n’a rien d’un athlète ni d’une force de la nature et ne
correspond pas au portrait que l’on se fait habituellement du grand bandit. Son corps est décrit dans sa
banalité et ne présente pas de dangerosité (« ses jambes courtaudes sont écartées, ses grandes épaules un peu
voûtées, son ventre […] »). Les traits de son visage expriment des sentiments positifs (« franche, joyeuse,
confiante »). Le premier aperçu que l’on a de lui est donc favorable. Pour en faire un personnage plutôt
sympathique, l’auteur emploie un vocabulaire descriptif ordinaire et mélioratif en même temps. Il
associe cette courte description à un comportement courtois au premier abord, qui manifeste un
certain tact et une certaine habileté (« il se contenta de lui toucher le coude […] »).
ak Phrases qui démontrent l’injustice et la cruauté de Harry :
– « C’est une brave petite, dit Harry ; je l’aime bien » (l. 3062) ;
– « Pour payer le droit de vivre dans cette zone, Rollo, il faut servir. Je leur donne un renseignement de temps en
temps » (l. 3122-3123) ;
– « Rien de très grave. On l’aurait renvoyée en Hongrie. […] Un an dans un camp de travail, peut-être. Elle
serait infiniment mieux dans son pays qu’à se faire harceler ici par la police britannique » (l. 3129 à 3132) ;
– « C’est une brave petite » (l. 3134) ;
– « Mon Dieu, tant que cela a duré, je lui ai donné du bon temps » (l. 3137) ;
– « Soyez bon pour elle, elle le mérite. […] Et vous pourrez veiller à ce qu’elle n’ouvre jamais la bouche »
(l. 3139 à 3142).
Harry considère Anna comme un objet, un animal de compagnie, dont il jauge globalement les
qualités (« brave petite », « elle le mérite ») sans tenir compte des sentiments qu’elle éprouve sincèrement
pour lui et qu’il ne partage absolument pas (« je l’aime bien »). Il est prêt à la céder avec plaisir à Rollo.
Son cynisme se révèle surtout dans l’emploi qu’il en a fait : il l’a utilisée pour « payer » sa résidence
dans la zone russe et l’a dénoncée sans scrupule aux autorités. L’avenir qu’il envisage pour elle en
Le Troisième Homme – 19
Hongrie (« un an dans un camp de travail ») prend un caractère encore plus épouvantable dans le
contexte historique de 1948, alors que les Alliés viennent de découvrir les conditions de vie dans les
camps de travail et d’extermination et que les prisonniers de guerre et les détenus des camps,
considérés comme des « réfugiés », attendent encore de rentrer chez eux.
Le ton enjoué et bienveillant employé par Harry dans ses répliques alimente encore son cynisme.
al Harry Lime est associé au personnage de Faust (l. 3078-3079 : « les diables de Marlowe ») et à celui
de Peter Pan (l. 3079). Ces deux personnages ont en commun de ne pas vouloir vieillir.
Peter Pan refuse les responsabilités de l’âge adulte et veut rester un enfant, ne jamais grandir. Il est
associé au Pays imaginaire, où il règne en maître absolu, uniquement centré sur lui-même, sans tenir
vraiment compte de ses amis (ni de ses ennemis) qu’il finit même par oublier à la fin de chacune de
ses aventures. Il est incapable d’amour, ni d’aucun sentiment profond, et ne fait aucune différence
entre le jeu et la réalité. L’histoire de Peter Pan est à l’origine du « syndrome de Peter Pan », concept
développé par le psychanalyste Dan Kiley en 1983, qui caractérise les enfants angoissés par l’idée de
grandir et les personnes dont l’instabilité est révélée dans leur rapport au monde adulte.
Faust est le héros d’un conte populaire, à l’origine de nombreuses réinterprétations, qui a fait un pacte
avec le Diable en lui vendant son âme en échange d’une nouvelle vie, tournée vers les plaisirs des
sens. Le mythe de Faust met en avant la tentation du pouvoir et des plaisirs et représente la part
d’ombre de l’homme, qui est prêt à se damner pour surmonter sa peur de la mort et accéder à une
autre condition que celle de mortel en s’appropriant l’éternelle jeunesse.
am Les piétons sont comparés à des « mouches » (l. 3091, 3110 et 3157), des « petites taches » (l. 3092,
3094 et 3097) et des « hannetons » (l. 3157). Ces comparaisons sont péjoratives.
an Les amoureux sont désignés par la périphrase « pauvres diables » (l. 3050). Harry met ainsi en valeur
leur indigence, leur misère. Cette expression peut manifester la compassion ou la pitié. Elle permettra
à Harry de développer son argumentation.
Étudier un thème : l’amitié
ao En
attendant Harry, Rollo éprouve divers sentiments à son égard : le doute (l. 3011 à 3013 :
« Harry avait-il encore en lui assez d’amitié […] »), l’émotion mêlée de crainte (l. 3020), la nostalgie
(l. 3021), l’admiration (l. 3022-3023). Le narrateur les met en valeur en les évoquant dans un
monologue intérieur, donné au style indirect libre, dans lequel Rollo exprime ses interrogations.
ap Harry affirme avoir en Rollo une « confiance aveugle » (l. 3148).
aq Harry prend le coude de Rollo (l. 3038 : « Il se contenta de lui toucher le coude » ; l. 3182-3183 :
« Harry posa de nouveau la main sur le coude de Martins »). Cela permet à Martins de ne pas avoir à
refuser son contact, c’est-à-dire sa main (indigne) qu’il ne pourrait pas serrer.
Lire l’image
ar On
fera observer les deux plans de cette image :
– Au second plan, les montants en bois et les inscriptions sur les affiches permettent de situer ce vis-àvis devant les baraques du parc d’attractions du Prater. On se trouve donc soit au tout début du
dialogue, avant que les deux hommes montent dans la Grande-Roue (l. 3018 à 3029), soit lorsque les
deux hommes sont revenus, c’est-à-dire après leur conversation dans la Grande-Roue (l. 3182 à
3189).
– Au premier plan, le geste de Harry (personnage de droite) est à associer à celui décrit par le
narrateur (la main sur le coude de Rollo), bien qu’il soit différent (la main saisissant le revers du
manteau). Le geste permet de situer l’action au moment du « bonjour » (l. 3028-3029) ou des adieux
(l. 3187 à 3189). Les traits des visages des personnages semblent cependant indiquer que cette scène se
situe au tout début de leur rencontre : ils manifestent une certaine émotion, échangent un regard
appuyé où se mêlent contentement et connivence, ce que ne pourra ressentir Martins après les
révélations de Harry dans la Grande-Roue.
À vos plumes !
as L’exercice
permettra d’évaluer les capacités des élèves à rédiger un dialogue (présentation ;
ponctuation ; emploi des verbes de parole, des déictiques, des modalisateurs ; et système des temps),
lequel devra se situer dans le même lieu (Vienne, le Prater, la Grande-Roue), mais dans un moment
Réponses aux questions – 20
du passé où la situation personnelle des protagonistes, ainsi que la situation politique et historique
(juste avant la Seconde Guerre mondiale), étaient complètement différentes (amitié non trahie, non
salie). Le registre devra donc être nettement différencié.
bt Cet exercice permettra aux élèves de revoir la notion de « point de vue » dans la description (le
paysage vu de haut) et d’employer le vocabulaire de la description, ainsi que les marqueurs spatiaux,
qui organisent le texte descriptif. Il permettra également de travailler la fonction de la description,
puisqu’elle doit donner la possibilité ici de valoriser les sentiments des amoureux.
C h a p i t r e
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à
1 6 2 )
Que s’est-il passé entre-temps ?
u Anna
Schmidt n’a pas réagi comme on aurait pu le penser : elle n’a manifesté ni joie ni
contentement. Elle est restée assise sans réaction à sa table de maquillage, elle a pleuré et affirmé
qu’elle aurait préféré que Harry soit mort, plutôt que de le savoir traqué (chap. XV, p. 150).
v Calloway a demandé à Martins qu’il aille voir Cooler, afin de lui raconter que la police l’avait
interrogé, qu’elle avait découvert la présence de Harbin dans le cercueil, qu’elle allait l’arrêter et
qu’elle était aux trousses de Kurtz et Lime. Ainsi, Cooler les mènerait à ces derniers (chap. XV,
l. 3251 à 3259).
w Calloway veut faire de Martins un agent double. Il servirait d’appât (chap. XV, l. 3249).
Avez-vous bien lu ?
fait allusion au « troisième homme », que Koch dit avoir vu aux côtés du cadavre accidenté
– présence que Cooler avait niée lors de leur première rencontre et qu’il avait omis de signaler lors de
son témoignage/interrogatoire (chap. VIII).
y Martins doit rencontrer Lime dans un café (« un estaminet »), près de l’entrée principale du
collecteur des égouts, en zone britannique (l. 3300 à 3304). Cet endroit est rassurant pour Lime, car il
peut être rapidement sur le lieu du rendez-vous et s’en aller très vite en passant par des voies
souterraines non contrôlées par la police britannique (l. 3304 à 3306).
U Lime ne sait pas que ce moyen d’évasion est connu des services de police britannique (l. 33063307).
V Précautions prises par Calloway pour assurer la sécurité de Martins :
– Martins n’est pas seul dans le café : des agents attendent à tour de rôle avec lui, en se relayant toutes
les vingt minutes environ et de manière irrégulière pour ne pas attirer l’attention (l. 3325 à 3327) ;
– Calloway attend à l’extérieur avec d’autres agents, à quelques rues de distance, à côté d’un téléphone.
Ils sont entourés d’un groupe de police des égouts prêt à descendre si nécessaire (l. 3329 à 3331).
x Cooler
Étudier l’ironie
W Cooler
n’assume justement pas les devoirs d’un citoyen modèle puisqu’il a fait un faux témoignage,
qu’il participe à un trafic illégal, ment sur les activités de Lime, sait qui se trouve dans le cercueil, et a
peut-être commandité le meurtre de Koch… Ses actes contredisent ses paroles ; il parle par
antiphrase. Cette affirmation est d’autant plus ironique que Cooler ignore que Martins sait
pratiquement tout des faits.
X Pour Calloway, c’est le résultat qui compte ; peu importe finalement de savoir qui a appuyé sur la
gâchette et tué Harry Lime. Évidemment, cela ne peut être un détail pour Martins, qui a tué son ami,
quelqu’un qu’il aimait même s’il ne s’est pas révélé aussi admirable qu’il le pensait. Martins ne peut
oublier cet événement. En parlant ainsi, Calloway cherche peut-être à réconforter Martins, à le
déculpabiliser.
Étudier la description
at Cette
description pourrait s’insérer dans un récit de voyage merveilleux ou dans un roman
d’aventures (dans des contrées inexplorées), comme l’indique la référence au roman de Haggard Les
Mines du roi Salomon (l. 3367).
Le Troisième Homme – 21
ak Vocabulaire
mélioratif et procédés grammaticaux :
– Le lieu est rendu attrayant grâce aux nombreux adjectifs et participes passés (épithètes et attributs)
qui, en se cumulant, le qualifient favorablement : « étrange », « inconnu », « rapides », « large »,
« énorme », « purifiés », « léger », « rafraîchie », « vivifiée ».
– L’auteur compare indirectement et directement les égouts à un fleuve majestueux (« fleuve
souterrain », « large comme la moitié de la Tamise ») et file la métaphore. Le champ lexical du cours
d’eau est très fourni : « cascades », « torrents rapides », « marée monte et descend », « fleuve », « Tamise »,
« alimentée par des cours d’eau tributaires », « affluents », « tombés en cascades », « canaux latéraux », « fleuve
principal », « l’eau tomber et ruisseler ».
– Le narrateur interpelle le lecteur, lui fait ainsi directement partager cette vision enthousiaste des
égouts et le fait participer au plaisir de cette découverte (« sous nos pieds », « Nous vivons », « Si vous
avez jamais lu […] », « vous pourrez […] »).
– Enfin, le présent de narration, qui s’assimile presque à un présent de vérité générale, rend plus
vivante cette description ; les verbes d’action sont nombreux (« monte », « descend », « se précipite »,
« tomber », « ruisseler »…), ainsi que les verbes de perception et les références aux sens (« purifiés »,
« l’odeur […] est rafraîchie », « léger souffle d’ozone », « dans le noir », « l’on entend »).
al Le vocabulaire péjoratif :
– concerne l’organisation des lieux, leur agencement par les hommes, leur accès difficile et
pénible : « escalier de fer en colimaçon », « corridor si bas », « durent se plier en deux », « battre à leurs pieds »,
« de l’eau jusqu’aux genoux » ;
– concerne également les détritus : « accumulation de débris », « dépôt de pelures d’oranges, de vieilles
cartouches de cigarettes et autres détritus », « boue », « détritus foulés aux pieds ».
Cette description est faite du point de vue des personnages qui ont pénétré dans les égouts, qui se
trouvent désormais en bas de « l’escalier de fer en colimaçon » et qui ont commencé à y circuler, alors
que le passage précédent présentait les égouts vus du haut du même escalier, avant que les personnages
soient confrontés à la réalité de ce monde inconnu, souterrain et pollué.
Étudier la fin du roman
am Cette
expression appartient à l’univers de la chasse (ou de la pêche au gros). Le narrateur compare
indirectement Lime et sa bande à du gibier que la police chasse. Du fait des relations qu’il entretient
avec Harry Lime, Martins est devenu l’appât placé au centre du piège qui se referme sur son ami.
an Les circonstances sont plurielles : climatiques, sentimentales, fortuites, liées à la stratégie mise en
place. C’est leur concomitance qui a fait échouer l’opération :
– Le vent est très froid (climatique). Martins est frigorifié dans l’estaminet et attend donc dans des
conditions inconfortables, buvant un mauvais café. Il perd patience (trait de caractère).
– L’attente se prolonge. Martins perd confiance (trait de caractère) et téléphone à Calloway.
– Lime arrive sur ces entrefaites (coïncidence). Comme Martins ne connaît personne à Vienne, il
comprend que ce coup de téléphone est suspect et s’enfuit (raisonnement).
– Aucun des agents ne se trouvait alors dans le café (coïncidence).
– Martins hésite (sentiment) et ne crie pas immédiatement pour désigner Lime aux agents placés à
l’extérieur.
– Lorsque Martins crie, Lime est déjà sous terre car le kiosque est à proximité du café (stratégie).
ao La police des Alliés n’a pas accès à ces lieux souterrains, qui dépendent de la police autrichienne et
qui sont contrôlés par un service spécial (cf. l. 2873 à 2879).
ap Harry Lime s’est enfui dans les égouts. Il est poursuivi par la police et Martins. À sa suite, sont
donc descendus par l’escalier en colimaçon Rollo Martins et les policiers (l. 3376). Ils doivent
probablement très vite se séparer, puisque Martins se retrouve seul, précédé de l’agent de Calloway
(l. 3380 : « mon agent »), sans doute celui qui se trouvait encore à l’extérieur du café lorsque Harry
Lime y est arrivé et à qui Martins a signalé un peu tard sa présence dans la rue. Cet agent se nomme
Bates (l. 3420). Ce dernier signale sa présence aux policiers, qui sont « tous en bas », au moyen d’un
sifflet (l. 3402 à 3404). Il est d’abord touché puis abattu par Lime. Le groupe mené par Calloway se
retrouve ensuite très vite sur les lieux de ce crime (l. 3458 : « mon groupe »).
aq Harry Lime semble être prêt à obéir à Martins et à se rendre (l. 3440 : « Est-ce vous, mon vieux ? Que
voulez-vous que je fasse ? »). Mais il lui tire dessus (l. 3452-3453 : « La balle ricocha sur le mur à quelques
Réponses aux questions – 22
centimètres de la tête de Martins ») et tue Bates. Martins ne s’attendait pas à cette réaction : il pensait que
son ami ne pourrait pas tirer sur lui (l. 3445).
ar Martins a d’abord tiré sur Lime sur l’injonction de Calloway (l. 3476), mais a raté son coup.
Lorsqu’il tire une seconde fois sur Harry, c’est pour l’achever car il ne « pouvai[t] plus supporter de
l’entendre » (l. 3527-3528). Est-ce la voix de son traitre d’ami ou bien sont-ce les gémissements de
douleur et d’agonie que Martins n’a pas pu supporter d’entendre ?
À vos plumes !
as Les
élèves devront rédiger une lettre, selon les contraintes formelles de ce type d’écrit (en-tête,
formule de politesse, signature, lieu et date d’expédition…). Ils devront raconter (au système du
présent) les derniers instants de vie de Harry Lime, en donnant toutes les circonstances qui l’ont
amené à se trouver là avec Martins, c’est-à-dire indiquer tout ce qu’Anna ignore (rappelons que la
dernière rencontre de Martins et Anna, lors de laquelle il lui a annoncé que Harry était en vie,
remonte au début du chapitre XV, avant la mise en place du piège). Ce texte narratif est à visée
argumentative : Martins veut se justifier et persuader Anna qu’il est pour lui plus qu’une simple
connaissance. Elle doit pouvoir compter sur lui. Ses sentiments amoureux pour la jeune femme
doivent pouvoir se révéler, en même temps que ses sentiments pour Lime dont il était l’ami, malgré sa
trahison, et qui vient de mourir. Après un tel geste, la palette est large, et l’on pourra envisager l’état
d’esprit de Martins de bien des façons : culpabilité, dégoût de lui-même et/ou de Harry, tristesse,
sentiment d’injustice et de gâchis (la mort de Bates, etc.)… Le vocabulaire des sentiments, les
modalisateurs, l’implicite pourront donc être largement exploités.
bt Il s’agit de rédiger un article de journal « engagé », comme un éditorial ou un commentaire, dans
lequel l’élève devra exprimer son opinion sur un fait qu’il aura au préalable analysé et envisagé selon
un système de valeur qui lui est propre. Il devra également généraliser son propos et le soumettre à
une réflexion plus large.
Le sujet laisse donc une assez grande liberté et permet à l’élève d’exprimer un grand nombre d’idées,
de révoltes, de questionnements larges. Cependant, il devra obéir à des contraintes formelles et
accompagner son texte principal d’un titre, d’un chapeau introducteur et accrocheur, et
éventuellement de sous-titres et d’intertitres. Il devra aussi s’interroger sur son lectorat (c’est-à-dire
envisager un certain type de journal), la rubrique dans laquelle son texte paraîtra, son objectif
prioritaire (informer pour garantir, prévenir, dénoncer, exprimer une révolte…). Il devra également
répondre aux grandes interrogations qui sont en principe à l’origine de l’écrit journalistique : « Que
s’est-il passé ? Qui est impliqué ? Où et quand cela s’est-il produit ? Pourquoi et comment cela a-t-il
pu arriver ? » Il ne devra pas oublier non plus le contexte historique, qu’il lui faudra expliciter.
R e t o u r
s u r
l ’ œ u v r e
( p p .
1 6 9
à
1 7 2 )
a. 3 – b. 4 – c. 2 – d. 1.
v 1. Le pseudonyme littéraire de Martins est Buck Dexter.
2. Le « sésame » utilisé par Martins pour obtenir des rendez-vous est la mention écrite « Un ami de
Harry ».
3. Dans les rêves et les visions de Martins apparaissent toujours des oiseaux.
4. Calloway a découvert que Cooler faisait du trafic de pneus.
5. Martins s’est retrouvé à l’Institut culturel britannique parce qu’on l’avait pris pour un autre
écrivain, portant le même nom.
6. L’arrestation d’Anna Schmidt est une initiative russe.
7. Pour que Martins parvienne à convaincre Anna de l’ignominie de Harry, Calloway lui remet des
photos des enfants victimes.
8. Harbin a été assassiné parce que la bande de Harry Lime a découvert qu’il était un agent double,
qui renseignait la police.
9. Dans cette histoire, les personnes ayant connu une fin violente sont au nombre de quatre (Koch,
Harbin, Bates et Lime).
10. L’enquête menée à titre personnel par Martins a duré une semaine.
u
Le Troisième Homme – 23
w
x
a. 7 – b. 5 – c. 6 – d. 3 – e. 2 – f. 1 – g. 4.
Proposition de séquence didactique – 24
PROPOSITION
D E
S É Q U E N C E
QUESTIONNAIRE
D I D A C T I Q U E
ÉTUDE DE LA LANGUE
TECHNIQUE LITTÉRAIRE
EXPRESSION ÉCRITE
• Rédiger une lettre : mêler les formes
du discours et changer de point de
vue, tout en tenant compte du
contexte.
• Imaginer le paragraphe précédant
l’incipit en précisant la situation
d’énonciation.
• Rédiger un portrait en action pour
montrer des sentiments.
• Rédiger un discours neutre à partir
d’un discours impliqué : opposer
objectivité et subjectivité.
• Écrire à partir d’une image.
L’incipit (chap. I et début
du chap. II)
• Les indices de l’énonciation :
les embrayeurs.
• Les valeurs du présent.
• Le système du passé.
• Le statut du narrateur.
• Les discours mêlés : insertion des
explications et commentaires dans la
narration.
• Présentation du personnage
principal.
La rencontre avec Kurtz
(chap. IV)
• La double énonciation.
• La modalisation.
• Sens propre et sens figuré.
• Vocabulaire spécialisé et expressions
imagées.
• Figures de style : la métaphore et
la comparaison.
• Formation, étymologie, familles de
mots.
• Synonymie.
• Champs lexicaux.
• Les indices de l’énonciation :
les déictiques spatio-temporels.
• Fonctions de l’interrogation directe.
• Le conditionnel : expression de
l’hypothèse et de la condition.
• Le futur dans le passé.
• Le subjonctif : morphologie.
• Figures de style : la métaphore,
la périphrase et l’euphémisme.
• Reprises lexicales et pronominales.
• L’expression de la comparaison.
• La caractérisation des personnages.
• La notion de « point de vue ».
La rencontre avec Koch
(chap. VII)
Le meurtre de Koch
(chap. IX)
La rencontre avec
Calloway : l’identité du
troisième homme
(chap. XIII)
La rencontre avec Harry
Lime (chap. XIV)
L’excipit : la fin du roman
(chap. XVI)
• Champ lexical.
• Les niveaux de langage.
• Figure de style : la métaphore.
• Temps et aspect (imparfait et passé
simple).
• Figures de langage : l’allusion et
l’ironie.
• Mélioratif et péjoratif : procédés
lexicaux et grammaticaux.
• Figure de style : la périphrase.
• Mélioratif et péjoratif : procédés
lexicaux et grammaticaux.
• Figure de style : la métaphore.
• Figure de langage : l’ironie.
• Vocabulaire : sens contextuel.
• La chronologie : retour en arrière et
projection en avant.
• La progression du dialogue.
• Écrire un dialogue à visée
argumentative, avec prise en compte
du contexte et de la situation
d’énonciation.
• Rédiger une description à fonction
explicative.
• Le rythme du récit : accélération et
ralentissement.
• La notion d’« effet ».
• La fonction des personnages
(actants, opposants, adjuvants,
révélateurs et témoins).
• Les genres et formes littéraires.
• Le genre du roman policier
d’énigme : les étapes de l’enquête.
• L’introspection.
• Raconter un souvenir.
• Transposer un dialogue en une
narration (styles direct/indirect) en
changeant de point de vue et de visée
(argumentation/information).
• Rédiger une quatrième de
couverture.
• Écrire un dialogue à visée didactique.
• Rédiger une lettre : exprimer
sentiments et doutes personnels.
• Cynisme et ironie.
• Étudier l’adaptation entre texte et
image.
• Le portrait.
• L’intertextualité.
• Transposer une même scène à une
autre époque ou à partir d’un autre
point de vue.
• La description.
• Les étapes de la résolution.
• La notion de « point de vue ».
• Rédiger une lettre : raconter et
atténuer.
• Rédiger un article de presse engagé :
exprimer son opinion.
Le Troisième Homme – 25
EXPLOITATION
D U
G R O U P E M E N T
D E
T E X T E S
Le héros du roman, Rollo Martins, décide de mener l’enquête afin de réhabiliter son ami Harry Lime
sali par les insinuations du policier Calloway. Il devient donc un « justicier de l’amitié », voulant
prouver au policier de Scotland Yard qu’il fait erreur. C’est ce sentiment très profond qui est le point
de départ de son action (constituant donc l’élément déclencheur de l’histoire) et qui lui permet
d’affronter les différentes épreuves, de franchir toutes les étapes de son aventure policière. Ses
investigations prendront une autre orientation à partir du moment où il sera persuadé que son amitié
a été trahie et que Harry Lime ne mérite effectivement pas l’admiration immuable qu’il lui a
manifestée jusqu’à présent. Il lui aura fallu, pour modifier son action et permettre d’accéder à la
résolution, « comprendre » toutes ces choses.
Le groupement proposé réunit des textes sur l’amitié trahie. Il fait donc parfaitement écho au roman.
On pourra l’exploiter de plusieurs manières :
u La question du mobile
Qu’est-ce qui amène un homme à trahir son ami ? On observera que, dans chaque texte, la cause est
différente : l’Aigle trahit pour nourrir ses petits ; Judas trahit pour de l’argent ; le narrateur du Grand
Michu parce qu’il aura peur ; Martin par admiration pour Hitler et adhésion aux idées antisémites de
l’Allemagne du IIIe Reich ; Amir parce qu’il est en quête de reconnaissance et d’amour de la part de
son père.
Trahir par besoin vital
L’Aigle d’Ésope fait dévorer à ses petits les enfants du Renard. Dans l’Antiquité – mais aussi au
Moyen Âge (on pourrait, à ce sujet, faire des parallèles intéressants avec quelques fabliaux et Le Roman
de Renart) –, la nourriture est précieuse parce que difficilement acquise, et elle est ici le ressort de la
trahison. Manger apparaît comme une question de survie. On observera également que les
pensionnaires du Grand Michu abandonnent en partie la lutte parce qu’ils ont faim. Quant à Amir, il
est en quête permanente de l’amour de son père dont il sent qu’il ne lui est pas acquis. Ce besoin de
trouver la force originelle, qui peut lui permettre de vivre, passe par la destruction de son ami, dont il
ignore encore qu’il est en fait son demi-frère mais dont il a perçu le pouvoir sur son père.
Trahir par conviction ou par indifférence
L’antisémitisme, déjà fortement ancré dans certains pays européens, est alimenté en Allemagne par
Hitler dès son arrivée au pouvoir : dénoncer des amis juifs (ou ne pas leur venir en aide) est alors
presque une raison d’État pour les fidèles du Parti nazi. Martin l’affirme à Max : il ne tolérera plus
d’être « associé, d’une manière ou d’une autre, avec cette race ». De même, les Hazaras sont méprisés à
Kaboul : le jeune Amir cherche à calmer sa mauvaise conscience en invoquant cette raison. De la
même façon, le Grand Michu n’est qu’un paysan « à peine dégrossi » aux yeux des pensionnaires et du
narrateur. Trahir, dans tous ces cas où l’autre est dit « méprisable », n’entacherait donc pas trop
l’honneur.
Trahir parce qu’on a peur
C’est ce qui arrivera au jeune narrateur ami du Grand Michu. Comme ses camarades, il ne luttera pas
très longtemps contre l’autorité, c’est-à-dire le directeur du pensionnat et la menace de l’arrivée de la
garde. Dans le Nouveau Testament, c’est la peur des soldats qui fera que Pierre reniera trois fois Jésus
à la suite de son arrestation. On peut admettre que la peur des répercutions d’un éventuel acte de
bienveillance à l’égard de Griselle est aussi ce qui détermine Martin.
Trahir pour de l’argent
C’est bien ce qui va motiver Judas Iscariote, de la même façon que Harry Lime. Judas n’hésite pas à
faire arrêter son ami Jésus, et Harry à proposer à Rollo de participer à son trafic criminel juteux.
On pourra développer ensuite toutes ces considérations en proposant aux élèves un débat : « Qu’estce qui peut justifier la trahison d’un ami ? »
Exploitation du groupement de textes – 26
u La question de l’époque et du lieu
En fonction des époques et des lieux, on ne trahit certainement pas pour la même raison. On pourra
s’interroger sur les différentes motivations de ces traîtres de l’amitié en fonction de l’époque et du lieu
de l’action.
u La question du genre
Le groupement propose des textes d’un même genre (narratif) mais de formes différentes : extraits de
romans (récit rétrospectif dans Les Cerfs-volants de Kaboul et roman épistolaire avec Inconnu à cette
adresse), nouvelle (Le Grand Michu), fable (De l’Aigle et du Renard) et texte fondateur (la Bible : le
Nouveau Testament).
Dans le roman, l’auteur peut faire évoluer le sentiment amical en fonction des péripéties et des
épreuves rencontrées par son héros ou selon des circonstances particulières (politiques, économiques,
amoureuses…). L’amitié est mise à mal en douceur, peu à peu. On pourra observer comment le
sentiment de l’amitié évolue, dans Le Troisième Homme, au fur et à mesure que l’action progresse et
que l’enquête policière avance vers un dénouement attendu. C’est également ce qui se produit dans
l’extrait proposé de la Bible, puisque la trahison de Judas (et, plus tard, celle de Pierre qui lui fait suite)
arrive à l’issue d’une série de péripéties vécues par les douze apôtres accompagnant Jésus dans ses
déplacements et assistant à ses prêches et ses discours.
Cette évolution est différente dans les textes plus courts, comme la nouvelle ou la fable : l’amitié est
détruite en une fois, pour un fait évidemment marquant et facilement identifiable.
Pour aborder le thème dans d’autres genres, on pourrait ajouter au groupement un poème (comme
« Les Deux Amitiés » de Marceline Desbordes-Valmore, dans son recueil Élégies, 1830) et un extrait
de théâtre (Becket ou l’Honneur de Dieu de Jean Anouilh, 1959, ou Le Sang des amis de Jean-Marie
Piemme, Actes Sud, 2011), ainsi qu’un passage explicatif (par exemple, l’une des définitions de
l’amitié et de la trahison données par Tahar Ben Jelloun dans Éloge de l’amitié, Arléa, 1996).
u Le point de vue et le statut du narrateur
On pourra se demander quel est le statut du narrateur dans chacun de ces textes et comment la
question de la trahison y est considérée. Anecdote, notion argumentée propre à être commentée et
dénoncée, illustration ou faire-valoir d’un comportement universel, caractérisation d’un personnage,
défaut détestable ou acceptable, récurrent ou occasionnel… Qui, dans ces différents textes, observe le
fait (la trahison) et ses conséquences (un sentiment pur et beau détérioré) ? Comment le narrateur
exprime-t-il ses sentiments ? Quelle est sa visée ? Quel effet la trahison et la réaction ont-elles sur le
lecteur ? Quelle conception de l’amitié la trahison permet-elle d’établir, par contraste ?
Le Troisième Homme – 27
QUESTIONNAIRE
S U R
L E
C O N T E X T E
H I S T O R I Q U E
Questionnaire établi par Bertrand Monier-Vinard,
certifié d’Histoire-Géographie, professeur en collège.
u L’occupation de l’Autriche et de Vienne
• Au cours de quelles conférences le sort de l’Autriche est-il décidé ?
Le sort de l’Autriche est scellé au cours de deux conférences :
– La conférence de Moscou, au cours de laquelle la Déclaration de Moscou (= Déclaration des Quatre
Nations sur la sécurité générale) a été signée le 30 octobre 1943 : l’Anschluss est déclaré nul et la
responsabilité de l’Autriche au côté du nazisme est rappelée.
– La conférence de Potsdam en 1945 (du 17 juillet au 2 août), qui réunit Staline, Truman et
Churchill (puis Attlee) : la séparation entre l’Allemagne et l’Autriche est exigée, chacun des deux
territoires devant être divisé en 4 zones d’occupation.
• Comment l’occupation de Vienne est-elle organisée ?
4 zones sont occupées par chaque puissance et 1 zone est commune au centre de la ville (voir cartes,
pp. 7-8).
• Quels événements importants (historiques et politiques), concernant les relations
internationales Est/Ouest, encadrent la période du récit ?
Il y a trois événements majeurs : la conférence de Potsdam en 1945, le plan Marshall en 1948, le
blocus de Berlin en 1948-1949.
• En quoi le roman montre-t-il la montée des tensions entre les Alliés ?
L’arrestation d’Anna et la question des demandes d’arrestations et des autorisations d’enquêtes
(longuement développée par Calloway dans le chapitre XII, l. 2599 à 2635) indiquent la montée des
tensions entre les Soviétiques, d’une part, et les forces alliées (française, britannique et américaine),
d’autre part.
u Le marché noir
• Quels indices montrent que la situation économique est encore difficile ?
Parmi les indices, on peut citer : destructions non réparées, pénurie généralisée, ersatz, monnaie
d’occupation, quasi-absence de voitures, tickets-repas, consommation d’électricité surveillée
(cf. chap. V), absence de chauffage (cf. chap. IX, l. 1577)…
• Comment les Viennois font-ils pour se procurer ce dont ils ont besoin ?
Les Viennois s’approvisionnent au marché noir.
• Quels sont les différents produits du marché noir cités ?
Produits principaux du marché noir : essence, pneus, cigarettes, saccharine, pénicilline et nourriture.
• Quel intérêt les trafiquants trouvent-ils en faisant du marché noir ?
Ils gagnent de l’argent, parfois beaucoup.
u La chasse aux nazis
• Quel est le grade de Calloway ?
Il est colonel. Mais ce grade est factice : c’est une couverture permettant de camoufler la fonction
essentielle de Calloway, qui est d’enquêter sur les affaires criminelles.
• Quel est son métier d’origine ?
Il est policier.
Questionnaire sur le contexte historique – 28
• Où travaille-t-il ?
Au commissariat, un poste auxiliaire dans la zone britannique (chap. XII, l. 2772), et non pas (comme
on pourrait s’y attendre du fait de son grade) au Q.G. militaire qui se trouve dans la zone
internationale. Cela prouve bien qu’il a une fonction spéciale à Vienne.
• Qu’est-ce qui montre que le Royaume-Uni attache beaucoup d’importance à l’action de sa
police à Vienne ?
Calloway est un policier d’élite : il vient de Scotland Yard. Les Alliés font donc appel à des policiers
émérites qui possèdent les techniques et les savoir-faire pour rechercher les grands criminels et savent
mener les enquêtes les plus difficiles.
• Par quelle affirmation de Calloway comprend-on que son action doit rester discrète ?
Le grade de colonel est une couverture : « Quand je suis de service, on me met un uniforme de colonel. »
• La lutte contre le marché noir est-elle la raison principale de la présence de policiers à
Vienne ?
Calloway ne semble pas très intéressé par les combines en tous genres et semble même en tolérer
certaines. Seul le trafic de pénicilline le préoccupe, puisque ce trafic est criminel : des enfants sont
morts…
• Quelle autre raison, comme c’est le cas pour les Soviétiques dans le roman, explique ce
déploiement de policiers à Vienne ?
La recherche des nazis (criminels de guerre) est une autre explication : dans le roman, l’appartement
réquisitionné pour Lime est sans doute celui d’un nazi ; on traque Anna dont le père était un nazi…
u Le contexte de la « guerre froide »
• Quelle est la nationalité officielle d’Anna ? Quelle est sa nationalité présumée ?
Elle prétend être autrichienne. Tout le monde affirme qu’elle est en fait hongroise.
• Pourquoi Anna veut-elle se faire passer pour autrichienne ?
Les Soviétiques s’intéressent aux Hongrois et cherchent à les arrêter.
• Recherchez quelle est la situation de la Hongrie à cette époque.
La Hongrie est totalement occupée par l’Armée Rouge et le Parti communiste hongrois, soutenu par
Moscou qui a pris le contrôle du gouvernement.
• Quelle conclusion tirez-vous de l’intérêt des Soviétiques pour les Hongrois ?
Ils tentent de récupérer des ressortissants d’un pays qui est sous leur contrôle et vis-à-vis desquels les
Américains ne peuvent agir.
• Quelle est l’autre raison pour laquelle Anna est recherchée par les Soviétiques ?
Son père était un nazi.
• Sous quel motif les Soviétiques la recherchent-ils ?
Ils la soupçonnent d’être une criminelle de guerre.
• Pour qui a été utilisée principalement cette appellation, qui est le motif invoqué par les
Soviétiques pour rechercher Anna ?
C’est ainsi qu’on nomme les responsables nazis jugés à Nuremberg.
• Comment les Soviétiques mettent-ils la main sur les personnes qui les intéressent ?
Ils ont des indicateurs qui dénoncent des suspects.
u Commentaires sur l’iconographie
Les destructions (p. 11)
• Évaluez les dommages de ce bâtiment. Quelle peut en être l’origine ?
Les dégâts, très importants, sont probablement dus aux bombardements.
Le Troisième Homme – 29
• Trouvez, dans le roman, une mention des destructions et de leur cause.
Chap. I : l. 25-26, 45 à 51 et 54-55.
Chap. XIV : l. 2922, 3001 à 3003 et 3056-3057.
• Recherchez qui est à l’origine de ces bombardements.
Il s’agit de bombardements anglais et américains.
• En dehors des bombardements, qu’est-ce qui a pu provoquer d’importants dégâts ?
Appuyez-vous sur la phrase : « de la ferraille rouillée de tanks détruits que personne n’avait déblayés » (l. 49).
La prise de la ville par les Soviétiques a également occasionné des dégâts liés aux combats. Sans
compter les destructions orchestrées par l’occupant allemand au moment de sa fuite.
• Trouvez un élément de « reconstruction provisoire » par les armées alliées.
Le « pont militaire provisoire » est un exemple de « reconstruction provisoire » (chap. XIV, l. 3056-3057).
Le point de passage (p. 80)
• Quelles sont les deux langues utilisées sur le panneau ?
Il s’agit du russe et de l’autrichien.
• Quel symbole soviétique apparaît sur le panneau ?
L’étoile (rouge), placée au-dessus du texte russe.
• Qui s’attendrait-on à voir sur cette photo ?
On s’attend à voir des soldats soviétiques gardant le point de passage et contrôlant les passants.
• Dans quel passage du roman Graham Greene manifeste-t-il son étonnement à l’égard de
cette situation ?
Lorsqu’il se rend chez Kurtz, Martins entre en zone russe sans rencontrer aucun problème
(chap. XIV, l. 2926 à 2928 et 2931 à 2941).
Les cinq soldats (p. 188)
• Identifiez la nationalité de chaque soldat, de gauche à droite.
Autrichien, français, américain, britannique et soviétique.
• Recherchez une photo d’officier allemand du IIIe Reich. Comparez-la avec le soldat
autrichien. Quelles similitudes/différences observez-vous ?
Les deux uniformes sont totalement similaires, mis à part les insignes nazis. L’État autrichien est dans
un tel dénuement qu’il ne peut payer à ses soldats de nouveaux uniformes susceptibles de faire oublier
le IIIe Reich.
• Que veut dire « MP » sur le casque du soldat ?
Military Police.
• En quoi la disposition des soldats est-elle révélatrice de la situation et, de ce fait, tout à fait
symbolique ?
Les trois Alliés, encore unis à cette période (France, États-Unis, Grande-Bretagne), sont réunis au
centre de la photo et semblent plaisanter ensemble. L’Autrichien est isolé sur la gauche et regarde les
trois Alliés du centre avec un air de reproche et d’impuissance. Quant au Soviétique, à droite, il
regarde le photographe. Il est isolé par son positionnement, d’une part, et par le fait qu’il paraît dans
l’incapacité de communiquer avec ses compagnons, d’autre part.
• Dans quelle partie du roman Graham Greene insiste-t-il sur cette relation entre les soldats
alliés ?
On retrouve cette situation lors de l’arrestation d’Anna par la patrouille multinationale. Face à
l’hostilité du Soviétique, l’Américain et le Britannique font bloc, alors que le Français est plutôt
détaché de l’action (comme sur la photo !).
Autour du film de Carol Reed – 30
AUTOUR DU FILM DE CAROL REED
u Un scénario de film
Avant de rédiger son roman, Graham Greene avait écrit le scénario du film à partir d’une proposition
du producteur Alexander Korda (voir l’introduction, pp. 5-6). Réalisé par Carol Reed et sorti sur
grand écran en 1949, Le Troisième Homme a obtenu un immense succès et est devenu un film culte.
Certaines séquences se retrouvent dans de nombreuses anthologies du cinéma, en particulier celles de
la Grande-Roue et de la poursuite dans les égouts. Il a reçu le Grand Prix du Festival de Cannes en
1949 (équivalent de la Palme d’or à l’époque) et l’Oscar de la meilleure photographie en noir et blanc
en 1951 (le directeur de la photo étant Robert Krasker). Il est encore actuellement considéré comme
le meilleur film britannique de tous les temps d’après une liste dressée en 2006 par le British Film
Institute. Il serait donc extrêmement intéressant de proposer aux élèves une analyse de ce film afin de
mettre en parallèle écriture cinématographique et écriture littéraire.
Quelques images extraites de ce film sont publiées dans notre recueil : des photos en gros plan
(p. 119), en plan rapproché (pp. 146 et 156) et en plan américain (p. 5), ainsi que la reproduction de
l’affiche autrichienne (p. 166). On pourra demander aux élèves de faire une recherche afin de
compléter cette iconographie en se procurant :
– d’autres reproductions de photos du film ;
– d’autres reproductions d’affiches du film.
u Pour construire une séquence
• Vous pourrez consulter avec profit la revue Avant-scène Cinéma n° 379, parue en mars 1989.
• Vous trouverez, sur le site de la FNAC, une série d’images et les bandes-annonces du film (en
français et en anglais) :
http://video.fnac.com/a1177737/Le-troisieme-homme-Orson-Welles-DVD-Zone-2
• Vous trouverez, sur le site du CRDP de Grenoble, une étude assez complète mettant en parallèle
l’œuvre littéraire et sa production filmique :
http://www.crdp.ac-grenoble.fr/medias/outils/scenarios/3homme/3homme.htm
Cette étude propose trois analyses :
– celle du début du film (34 plans, pour une durée de 3 min et 10 s), parallèlement au chapitre I ;
– celle d’une séquence correspondant à la fin du chapitre XI et au début du chapitre XII ;
– celle de la musique.
• Vous pourrez également consulter le dossier pédagogique établi par Odyssée (rencontres cinématographiques d’Alsace) sur son site :
http://www.cinemaodyssee.com/dossiers/index.php
Ce dossier est téléchargeable en format PDF :
http://www.cinemaodyssee.com/dossiers/odyssee_dossier_peda_3eme_homme.pdf
• Des fiches pédagogiques intéressantes contenant des découpages du film, diverses exploitations et des
prolongements sont également proposées sur les sites :
– http://www.cinemaparlant.com/fichespeda/fp_troisiemehomme.pdf
– http://www.premiersplans.org/festival/documents/2011-fp-troisieme-homme.pdf
• Vous pourrez également écouter la musique du film dans son intégralité sur Deezer :
http://www.deezer.com/fr/music/anton-karas#music/anton-karas
• Enfin, vous pourrez lire quelques critiques sur le film et voir quelques images sur le site Dvd Classik :
http://www.dvdclassik.com/Critiques/troisieme_homme_dvd.htm
Le Troisième Homme – 31
BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE,
F I L M O G R A P H I E , S I T E I N T E R N E T
u Quelques suggestions pour compléter le groupement de textes
L’amitié en littérature
– Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes, coll. « Bibliocollège », Hachette Livre, 2010.
– Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, coll. « GF », Flammarion, 1978.
– Jacques de Lacretelle, Silbermann, coll. « Folio », Gallimard, 1973.
– Guy de Maupassant, Deux Amis, coll. « Folio Junior », Gallimard-Jeunesse, 2009.
– Fred Uhlman, L’Ami retrouvé, coll. « Folio Junior », Gallimard-Jeunesse, 2007 ; La Lettre de Conrad,
coll. « Classiques et Contemporains », Magnard, 2003.
– Voltaire, Jeannot et Colin, coll. « Librio », J’ai lu, 2004.
L’amitié en chansons
– Julos Beaucarne, Lettre à des amis perdus.
– Georges Brassens, Chanson pour l’Auvergnat, Les Copains d’abord.
– Jacques Brel, Jojo, Le Moribond, Jef, Voir un ami pleurer.
– Jean Ferrat, Camarade.
– Françoise Hardy, L’Amitié.
– Georges Moustaki, Les Amis.
– Serge Reggiani, Dieu me garde de mes amis.
– Renaud, Manu, Si t’es mon pote, La Bande à Lucien.
u Sur le roman policier et le roman d’espionnage
– Boileau-Narcejac, Le Roman policier, coll. « Quadrige », PUF, 1994.
– Franck Évrard, Lire le roman policier, coll. « Lettres supérieures », Dunod, 1996.
– Érik Neveu, L’Idéologie dans le roman d’espionnage, Presses de la Fondation nationale des sciences
politiques, 1985.
– Yves Reuter (sous la dir. de), Le Roman policier et ses Personnages, Presses universitaires de Vincennes,
1995.
– Yves Reuter, Le Roman policier, coll. « 128 », Armand Colin, 2009.
– André Vanoncini, Le Roman policier, coll. « Que sais-je ? », PUF, 2002.
– Gabriel Veraldi, Le Roman d’espionnage, coll. « Que sais-je ? », PUF, 1983.
u Autres romans à proposer en lecture cursive
Romans historiques sur cette période
– Jacques de Lacretelle, Silbermann, coll. « Folio », Gallimard, 1973.
– Kressmann Taylor, Inconnu à cette adresse, Le Livre de Poche Jeunesse, 2009 ; Jour sans retour,
coll. « Le Livre de Poche », LGF, 2010.
– Fred Uhlman, L’Ami retrouvé, coll. « Folio Junior », Gallimard-Jeunesse, 2007 ; La Lettre de Conrad,
coll. « Classiques et Contemporains », Magnard, 2003.
Polars noirs historiques et politiques
– Didier Daeninckx, Meurtres pour mémoire, coll. « Folio », Gallimard, 1998 (double arrière-plan
historique : l’Occupation et les manifestations pour l’indépendance de l’Algérie).
– John Le Carré, L’Espion qui venait du froid, coll. « Folio », Gallimard, 2010 (adapté pour le cinéma
par Martin Ritt en 1965, avec Richard Burton, Claire Bloom et Oskar Werner).
– Jean-Patrick Manchette, Nada, coll. « Folio », Gallimard, 1999 (l’histoire d’une bande d’anarchistes,
dans les années 1970 ; adapté pour le cinéma par Claude Chabrol en 1974, avec Fabio Testi et
Mariangela Melato).
Bibliographie complémentaire, filmographie, site Internet – 32
Romans policiers qui permettent de mettre en évidence la notion de « choix narratifs » et
de travailler sur la reconstitution chronologique des événements
– Sébastien Japrisot, Compartiment tueurs, coll. « Folio », Gallimard, 1999 (adapté pour le cinéma par
Costa-Gavras en 1965, avec Simone Signoret et Yves Montand) ; La Dame dans l’auto avec des lunettes
et un fusil, coll. « Folio », Gallimard, 1998 (adapté pour le cinéma par Anatole Litvak en 1970, avec
Oliver Reed, Samantha Eggar, Stéphane Audran et Bernard Fresson).
u Cinéma
Le site Pol’art noir indique une série d’adaptations cinématographiques à partir de romans policiers
(classement alphabétique au nom de l’écrivain) : http://www.forum.polarnoir.fr.
u Sur Graham Greene
Ses autobiographies
– Graham Greene, Une sorte de vie (A Sort of Life), 1971, et Les Chemins de l’évasion (Ways of Escape),
1980, regroupés en un volume unique, coll. « Pavillons », Robert Laffont, 2003.
– Graham Greene, Mon univers secret : carnet de rêves (A World of my Own, a Dream Diary, 1992),
traduction de Marie-Françoise Allain, coll. « Pavillons », Robert Laffont, 1994.
Ses biographies
– L’Autre et son Double, entretiens avec Marie-Françoise Allain, Belfond, 1981.
– Ma vie avec Graham Greene, entretiens d’Yvonne Cloetta avec Marie-Françoise Allain, La Table
ronde, 2004.
– Elizabeth Bowen, Pourquoi j’écris, traduction de Marcelle Sibon, coll. « Pierres vives », Le Seuil,
1950.
– Paul Rostenne, Graham Greene, témoin des temps tragiques (avec une lettre-préface de G. Greene),
coll. « Les Témoins de l’esprit », Julliard, 1949.
– Norman Sherry, Graham Greene ou le Bord vertigineux des choses, coll. « Biographies sans masque »,
Robert Laffont, 1991 (2 tomes).