1602ContribDUP-DDeb - Plus belle ma vie à Annecy-le

Transcription

1602ContribDUP-DDeb - Plus belle ma vie à Annecy-le
EXTRAIT DE LA CONTRIBUTION A L’ENQUETE PUBLIQUE DU
CENTRE DES CONGRES D’ANNECY DE
Monsieur Daniel DEBIOLLES
Deux questions essentielles :
-
le choix de l’emplacement
les calculs économiques
Je me contenterai de signaler une question subsidiaire, dictée par l’actualité et non évoquée
dans les documents préparatoires, les moyens de sécurisation d’un site grand public, hyper
fréquenté, paramètre devenu incontournable.
Le choix de l’emplacement
Une étude commanditée par la C2A (Cabinet Ract-Madoux 2010) positionne le Centre de
Congrès d’Annecy sur le créneau « luxe », à l’image de Deauville et de Cannes, deux
équipements situés en bord de mer et entourés de nombreux hôtels 3, 4 et 5 étoiles.( p 10)
Le choix de la presqu’ile d’Albigny, recommandé par cette étude, après que la C2A l’ait déjà
décidé, s’appuie sur le fait que l’Impérial est « l’image la plus véhiculée de par le monde
concernant Annecy » et que par conséquent être au plus près du lac est incontournable.
Cette assertion est naturellement fausse puisque l’image la plus véhiculée d’Annecy est bien
la Vieille Ville, ses canaux et surtout la pointe avancée, telle une étrave, de la petite chapelle
des Vieilles Prisons, l’un des monuments les plus photographiés de France.
Les références avancées sont très datées et obsolètes et ne correspondent plus à la
situation d’aujourd’hui. Compte tenu de l’enjeu d’une déclaration d’utilité publique il est
absolument nécessaire de revoir les critères de base du choix qui a été fait.
Tout d’abord, compte tenu de l’approche de la notion de littoral. Depuis plus d’une vingtaine
d’années, il n’est pas du tout certain que des implantations faites en littoral hier (Palais de
Cannes, Centre de Congrès de Deauville ou même l’Impérial) le soient aujourd’hui. De plus
celles-ci ont été faites sur des espaces bien plus vastes que ce dont dispose Annecy,
l’avenue d’Albigny n’étant pas en proportion de la croisette de Cannes, comme du littoral
dauvillois.
L’étude méconnait les évolutions importantes en matière de protection des espaces littoraux
que de récents exemples illustrent parfaitement : la destruction des constructions sur le
pointe du Raz, la reconfiguration totale des abords du site du Mont Saint Michel, la
« désurbanisation » de la côte vendéenne, la liaison pédestre-cyclo de la Promenade des
Anglais à Nice à Cagnes sur Mer, les cheminements côtiers…montrent que la tendance est
inversée, ce que ne prennent nullement en compte les études préliminaires de la C2A et en
particulier celle citée.
Une tendance profonde, durable et clivante, conduit à une préservation des zones littorales
de toutes nouvelles constructions de masse, en dehors même de la loi littoral. De
nombreuses collectivités locales ont pris conscience du potentiel touristique extraordinaire
que représente un littoral dégagé, et ont intégré dans leurs réflexions et leurs actions les
nouvelles tendances d’attraction touristique.
Il est nécessaire, avant toute déclaration d’utilité publique » de réintégrer ces nouveaux
paradigmes qui se substituent aux anciennes conceptions de construction au plus près du
littoral.
Les estimations des performances économiques
Elles sont essentielles pour effectuer une déclaration d’utilité publique motivée.
Celles-ci sont estimées :
- en nombre de congrès organisés et leurs retombées directes
- en retombées indirectes
- en emplois créés.
Le nombre de manifestations
Aucune méthode de calcul n’existant dans les documents de la C2A, nous les reconstituons à
partir des chiffres d’affaire donnés, en prenant les mêmes valeurs que celles de l’étude Ract
Madoux à savoir : 210 € par jour par congressiste avec une durée moyenne arrondie à 3 jours
par congrès et un nombre moyen de congressistes de 300, soit des retombées globales de
189 000 €/congrès.
Il faudrait 40 congrès de ce type par an pour atteindre les 7,5 millions d’€ annoncés par
l’étude Ract-Madoux.
Quant aux chiffres fournis par la C2A (25 millions d’€ de retombées annuelles) ils conduisent
à l’organisation de 132 congrès par an !
De nouveaux chiffres ont, depuis ces études et ces déclarations, été avancés : soit 14
Millions d’€ pour les retombées économiques globales avec la création de 440 emplois.
Ce nouveau calcul du « chiffre d’affaires » conduit, selon notre estimation précédente à 74
congrès dans l’année.
Une quarantaine de congrès de 300 personnes semble déjà très surestimée car si l’on enlève
les mois de juillet et d’août où toute organisation est impossible (pas de disponibilités, pic de
la saison touristique) il reste 44 semaines disponibles, soit 1 congrès par semaine, en
comptant les semaines d’hiver ! Quant aux chiffres de la C2A ils conduisent à l’organisation
de 2 à 3 congrès par semaine ou équivalent !
Compte tenu du montant de l’investissement et de l’effort qui sera demandé aux
contribuables il est absolument nécessaire de se baser sur des hypothèses crédibles.
Il est connu aujourd’hui que le marché des congrès, outre d’être hyperconcurrentiel, est en
diminution générale : ouverture de plusieurs centres de congrès en France, concurrence
d’opérateurs nouveaux (parcs d’attraction, centres de vacances…), baisse des organisations
par les entreprises qui restreignent leurs budgets et la disponibilité de leurs collaborateurs,
concurrence des moyens de visioconférences.
Alors : 132, 74, 40 congrès ? Comment se prononcer clairement face à une telle variation de
calculs ?
Ces éléments sont absents des études préalables commanditées par la C2A et réclament
donc un sérieux examen complémenté.
Notons que dans la liste des congrès déjà organisés à Annecy et fournie par la C2A, le
principal étant le MIFA, la rencontre « Grand Ski » organisée par la Région et Atout France,
n’est pas fixée à Annecy : elle est cette année à Chambéry et se partage entre Annecy,
Grenoble, Chambéry et bientôt Clermont Ferrand du fait du regroupement Auvergne-Rhône
Alpes. Au mieux ne peut-on compter sur elle qu’une année sur quatre.
Trop d’incertitudes et d’approximations sur cette question conduisent à des investigations
bien plus poussées que le peu d’éléments, parfois contradictoires, fourni par les études
préalables.
Dans la même veine l’annonce de 900 emplois créés, liés à l’activité du Centre de Congrès ne
fait l’objet d’aucune méthode de calcul connue, d’autant plus que l’étude Ract-Madoux en
identifie…94 (p 22).
94, 440, 900 emplois ? Là encore le trop grand écart est inquiétant sur le sérieux des bases
sur lesquelles une déclaration d’utilité publique doit s’appuyer.
Cette absence dans les documents préalables ne permet pas de juger du sérieux de ces
chiffres. L’emploi touristique indirect est déjà difficile à cerner et il serait intéressant de
connaître la ou les méthodes retenues qui conduisent à des chiffres aussi contradictoires.
Notons que beaucoup d’estimations se font à partir de ratios et de moyennes : l’exemple est
donné par les dépenses d’un congressiste : 340 € sur la Côte d’Azur – en province : 210 €
pour un congressiste français et 300 € pour un étranger dont 20% pour le commerce et les
loisirs (Ract-Madoux p 20).
Encore faut-il qu’il existe un tissu commercial et hôtelier correspondant aux congressistes
« luxe » annoncés par les documents préalables. C’est sans doute le cas à Cannes, Nice ou
Deauville, mais pas à Annecy et Annecy le Vieux carencés en commerces et en hôtels de luxe
notamment en 5 étoiles.
Paradoxalement la même étude Ract Madoux note que le Palais des Congrès de Nice ne se
situe pas en littoral et donc vise un créneau d’hôtels 2 et 3 étoiles, donc hors créneau « luxe »
visé par Annecy en implantant le Centre en bord immédiat du lac. Or l’environnement hôtelier
du futur centre (hormis les 80 chambres de l’Impérial) est lui-même éloigné de tout hôtel de
luxe, ceux-ci étant par ailleurs totalement absents du paysage hôtelier de la région
annécienne, même si d’excellents hôtels sont présents.