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Malaisie les deux visages Depuis son indépendance, la Malaisie connaît une grande stabilité politique et une croissance économique soutenue, malgré plusieurs fractures : géographique, ethnique et religieuse. Quelle est la recette de ce petit ″Tigre asiatique″ majoritairement musulman ? (d'après "le Dessous des Cartes" – juin. 2008) la Malaisie : un territoire discontinu La Malaisie est située en Asie du sud-est. D’une superficie de 330 000 km² (à peu celle de l’Allemagne) le pays est divisé en deux parties : - d’un côté la péninsule malaise, représentant environ 40% du territoire, et qui est frontalière de la Thaïlande et de Singapour, - de l’autre, à 600 km à l’est, la partie Nord de Bornéo, voisine de l’Indonésie et de Brunei. Une ancienne colonie britannique La Malaisie était une colonie britannique. Les Etats de la péninsule Malaise deviennent indépendants de Londres en 1957. Puis en 1963 ils viennent former la Fédération de Malaisie, avec au sud, Singapour, et le Sabah et le Sarawak au nord de Bornéo. Singapour quittera cependant la Fédération dès 1965. Une monarchie parlementaire Aujourd’hui, la Malaisie est une monarchie parlementaire avec à sa tête un Roi coopté tous les 5 ans parmi 9 sultans. En 2008, il s’agit de Mizan Zainal Abidin. les Symboles du drapeau : islam et fédération La fédération est constituée de 13 Etats auxquels il faut ajouter la capitale Kuala Lumpur. Les 14 bandes rouges et blanches du drapeau national symbolisent l’Etat fédéral et le croissant et l’étoile l’Islam, religion majoritaire dans le pays. Ecarts de développement entre les deux rives A cette première division géographique s’ajoute des écarts de développement entre les deux rives : la péninsule est bien plus peuplée et bien plus développée ; Elle accueille sur cette rive la capitale Kuala Lumpur (3 millions d’habitants), dont les Petronas Tower, qui sont plus hautes que l’Empire State Building de New York. Putrajaya : ville admnistrative Au sud de la capitale, à une trentaine de kilomètres, une nouvelle ville Putrajaya est en construction et accueille déjà ministères et administrations fédérales. les Villes du développement : Cyberjaya et Singapour Une autre ville déterminante pour le développement de la Malaisie c’est la ville de Cyberjaya, une sorte de ″Silicon valley malaysienne″. Enfin, plus au sud se situe Singapour où 60 % du commerce malais transite par ce grand port mondial. le Retard de développement du Sabah et de Sarawak Les régions de Sabah et de Sarawak sont moins développées. Leur l’économie repose sur l’industrie forestière de plus en plus orientée vers l’exploitation de l’hévéa et du palmier à huile. Ces territoires sont un peu considérés par Kuala Lumpur comme une sorte de réserve territoriale. A cette absence de cohérence dans le développement s’ajoute une grande diversité ethnique. Une mosaïque ethnique La Malaisie a 27 millions d'habitants que l’on nomme les Malaisiens (à ne pas confondre avec le peuple malais, majoritaire dans le pays et de religion musulmane). Les Malais vivent plutôt au Nord et à l’Est de la péninsule. Une mosaïque ethnique Il y a aussi les populations tribales tels les Orang Aslis sur la Péninsule ou les Ibans et les Bidayuh, qui vivent sur l’île de Bornéo. Ces deux groupes, malais et populations tribales, représentent à peu près 65 % des Malaisiens. Ils sont appelés ″Bumiputras″, c’est-à-dire les "fils de la terre" par opposition aux autres ethnies d’immigration récente. la Minorité chinoise Les membres de la minorité chinoise viennent de Chine du Sud. Ils forment environ 25 % de la population du pays. Les Anglais les ont fait venir au XIXe siècle pour construire les ports de Penang et de Singapour, puis pour l’exploitation des mines d’étain du Perak et du Selangor. Aujourd’hui, la minorité chinoise joue un rôle central dans le pays pour le commerce et l’industrie. la Minorité indienne La population d’origine indienne représente à peu près 8 % des Malaisiens. Ils sont arrivés à la fin XIXe siècle, lorsque les Anglais développaient les plantations d’hévéa. Aujourd’hui, la majorité des Indiens forme la classe plutôt défavorisée en Malaisie. Les Indiens travaillent dans les grandes plantations agricoles ou sont ouvriers dans l’industrie. Discrimination positive en Malaisie Enfin, on compte quelque 2 millions de travailleurs étrangers, plus 1 million d’illégaux, qui viennent principalement d’Indonésie, des Philippines et de Birmanie. Au total, trois grands groupes ethniques : les Malais, les Chinois, Indiens. Or les Malais, majoritaires en nombre, bénéficient également d’un traitement préférentiel par rapport aux autres populations. Discrimination positive en Malaisie Le gouvernement contrôlé par les Malais facilite par des lois de discrimination positive l’ascension économique des Malais. Les postes clés de l’administration et des grandes entreprises publiques leurs sont réservés. Cette politique a été mise en place à partir du milieu des années 1960 pour lutter contre la prédominance économique de la minorité chinoise dans le pays. Discrimination positive en Malaisie C’est ce traitement préférentiel des Malais qui est à l’origine du retrait de Singapour de la Fédération de Malaisie en 1965. Un pays politiquement stable, un islam encadré La Malaisie, pays sans continuité territoriale, avec un développement inégal et des peuples qui ne sont pas traités de façon égalitaire, pourrait être un pays fragile, et pourtant elle est un pays stable. Un pays politiquement stable, un islam encadré La 1re raison est proprement politique : la coalition l’UMNO, regroupe plusieurs partis ethniques, est au pouvoir depuis 40 ans et a longtemps été dirigée par Mahathir, 1er ministre de 1981 à 2003. Mahathir a su faire face à son plus puissant adversaire politique, le Parti Islam Se Malaysia, en occupant le terrain politique des islamistes. Un pays politiquement stable, un islam encadré Ainsi Mahathir favorise le développement d’Universités et d’instituts de recherche islamique. En 1983 la banque islamique de Malaisie devient le premier établissement du pays à offrir des services bancaires conformes aux principes financiers islamiques. L’état finance aussi la construction de mosquées à travers tout le pays, il crée des Fonds de gestion au profit des pèlerins du Hadj. Un pays politiquement stable, un islam encadré On a même lancé des concours de lecture publique du Coran. Ce qui fait que le parti UMNO apparaît comme le parti à même de tenir ses promesses envers l’électorat musulman. Et l'Islam se trouve ainsi dans ce pays encadré, ce qui contribue à la stabilité nationale. le Développement économique : facteur de stabilité La 2e raison de stabilité est économique. A l’origine, la Malaisie est un pays agricole, avec l’hévéa, l’huile de palme. Depuis les années 1980, elle est devenue un pays industriel grâce aux investissements étrangers. Elle exporte aujourd’hui le caoutchouc fabriqué à partir de l’hévéa, es produits en latex comme les gants chirurgicaux, dont elle est devenue le premier producteur mondia le Développement économique : facteur de stabilité Elle exporte aujourd’hui le caoutchouc fabriqué à partir de l’hévéa, es produits en latex comme les gants chirurgicaux, dont elle est devenue le premier producteur mondia Elle est aussi le premier exportateur mondial d’huile de palme, qui entre dans la composition des produits alimentaires, des cosmétiques, des agrocarburants. 30 % du PIB du pays est formé par le secteur électronique et les télécoms : le Développement économique : facteur de stabilité 30 % du PIB du pays est formé par le secteur électronique et les télécoms : Intel, Motorola, Toshiba, Ericson, Alcatel ont des lignes de production ou d’assemblage en Malaisie. Enfin, le pays dispose de pétrole et surtout du gaz exploité au large le long de ses côtes par la société nationale Petronas. La Malaisie a su s’insérer dans le jeu des puissances régionales ? le Développement économique : facteur de stabilité La Malaisie a su s’insérer dans le jeu des puissances régionales et dispose d’une position stratégique, puisqu’elle donne sur le détroit de Malacca, par où passe 80 % des importations de brut allant vers la Chine, le Japon ou la Corée du Sud. Ce pays est membre de l’ASEAN, ce qui n’a pas empêché certaines tensions avec la Thaïlande voisine à cause des minorités musulmanes qui revendiquent plus d’autonomie vis-à-vis de Bangkok. le Développement économique : facteur de stabilité Le 2e axe de la politique étrangère de la Malaisie est le monde musulman et le Moyen-Orient. Elle a présidé en 2006 l’Organisation de la Conférence islamique, et le Mouvement des non-alignés. Enfin, la Malaisie en fait est assez proche des Etats-Unis : la visite de Condoleeza Rice en 2006 a permis la signature d’un accord de libre-échange entre les deux pays, plus un programme de coopération anti-terroriste L’économie de la Malaisie enregistre de bons taux de croissance. Mais cette croissance a un coût finalement très élevé : - un coût environnemental : le recul de la forêt au profit de cultures commerciales comme le palmier à huile. - un coût humain : les milices volontaires, qu'on appelle les RELA, couvertes par le gouvernement, se comportent lamentablement avec les immigrants philippins, indonésiens, ou birmans. Des travailleurs indiens ont manifesté à cause de mesures discriminatoires à l'emploi, de destructions de temples hindous construits sur terrains publics, de la conversion de plantations en habitations ou en terrain de golf. La montée de l'islamisme radical n'est pas d'actualité dans ce pays. Mais cette stabilité en Malaisie semble se poursuivre en s'appuyant sur un exécutif très autoritaire.