La chevauchée de Blaise de Monluc à Moyrax en novembre 1569

Transcription

La chevauchée de Blaise de Monluc à Moyrax en novembre 1569
La chevauchée de Blaise de Monluc à Moyrax,
en novembre 1569.
Cet épisode historique se situe pendant les guerres de religion qui ont agité la France au
XVIème siècle.
Deux chefs des armées protestantes, Coligny et Mongoméry, menaçaient la région d’Agen,
avec leurs troupes. Le premier était basé entre Aiguillon et Villeneuve-sur-Lot, le deuxième
occupait Condom.
Lorsqu’on apprit ces nouvelles, l’inquiétude fut vive dans Agen, car cette ville n’avait pas de
murailles et ne pouvait opposer une grande résistance à l’envahisseur. Monluc qui « à lui seul
valait une armée, » vint à Agen relever tous les courages et organiser la défense.
On était en novembre 1569, Mongoméry quitta Condom pour se diriger vers Moirax, afin de
« donner une camisade* » au capitaine Cadreils chargé par Monluc de défendre Moirax, avec
« vingt-cinq sallades* et vingt-cinq arquebouziers.* »
Monluc dit dans ses Commentaires* que « Moyrax est un petit village fermé de murailles que
la plus haute on y monterait avec une eschelle de douze escallons.* »
Mongoméry arriva une demi-heure avant le lever du jour. A Agen, Monluc en fut averti. Or il
se trouve qu’il avait pris un clystère* qui n’avait pas encore fait son effet. Sur le champ, il
revêt son armure, saute à cheval et va passer la Garonne, suivis des Gentilshommes de sa
Compagnie qui ont du mal à le suivre.
Il se retrouve « seul avec quatre chevaux » sur l’autre rive, aux portes de la Gascogne et
donne à toute bride jusqu’à Moyrax qui est, écrit-il, à « une lieue » (environ 4 kilomètres.)
Il ajoute : « Si M.de Mongoméry avait envoyé seulement dix ou douze chevaux sur le chemin
d’Agen à Moyrax, j’étais pris ou mort ; mais il faut parfois tenter la fortune et faire le soldat :
l’ennemi ne sait pas ce que vous faites. »
Lorsqu’il arriva à Moyrax, Mongoméry avait quitté la place en laissant les échelles au pied de
la muraille.
Monluc s’en retourna à Agen. Et les médecins furent contraints de lui administrer un autre
clystère pour évacuer le premier. Monluc écrit qu’il fut obligé de rester deux jours sans quitter
le lit…
*Une camisade : attaque de nuit où les soldats revêtaient une chemise blanche pour se
reconnaître.
*Sallade ou salade : sorte de casque du XVème siècle et nom des soldats qui le portaient.
*Arquebouzier ou arquebusier : fantassin ou cavalier armé d’une arquebuse, première arme
à feu.
*Eschelle de douze escallons : échelle à douze échelons.
*Clystère : lavement, injection d’un liquide dans le gros intestin.
Qui était Blaise de Monluc ?
Guerrier infatigable et seigneur du château d’Estillac, Blaise de Monluc vécut de 1500 à 1577. Il fut le chef des
armées catholiques, chargé par la reine Catherine de Médicis de la répression contre les protestants dans le SudOuest. A 70 ans, il entreprit d’écrire ses mémoires : les Commentaires, une œuvre littéraire riche en détails
concrets qui constitue une mine de renseignements pour les historiens.