Dossier Un tableau anonyme, Le Jugement dernier

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Dossier Un tableau anonyme, Le Jugement dernier
Musée Carnavalet – Histoire de Paris.
Dossier pédagogique / Septembre 2012
Exposition Les couleurs du Ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle
(Oct.2012 – Fév. 2013)
Les anges du Jugement dernier,
Saint-Etienne-du-Mont
Figure 1 Anonyme, Le Jugement dernier, daté Anno Domini 1605.
Huile sur toile, 190 x 120 cm. Saint-Etienne-du-Mont.
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! Les mots comportant un astérisque figurent dans le glossaire à la fin du dossier.
Introduction
Observez cette image. Comment sont les personnages?
Ce tableau nous montre de très nombreux personnages d’apparences et d’âges très divers, hommes,
femmes et enfants, nus ou habillés. Nous pouvons remarquer aussi des anges. Tous ces personnages sont
disposés par groupes et leurs taille est plus ou moins grande. Ceux de la partie supérieure sont assis ou
agenouillés sur des nuages. Cet ensemble semble disposé de façon ordonnée selon un axe de symétrie.
Quelles sont les couleurs ? Comment est la lumière ?
Cette foule est peinte selon une large palette de couleurs vives pour les vêtements : rose, rouge, vert, bleu
et jaune. L’artiste a regroupé les personnages sur deux secteurs de couleur : du jaune clair pour le ciel et du
vert sombre pour la partie inférieure. Les nuages blancs forment une ligne de démarcation, d’autant plus
marquée qu’ils sont fortement ombrés de noir. Alors que l’angle inférieur droit est peint en couleurs
contrastées, vert foncé, ocre, rouge et noir, le tiers supérieur baigne dans une lumière diaphane,
légèrement dorée ou rosée.
Comparez les émotions qui se dégagent de cette image. Où nous trouvonsnous?
Tous ces personnages semblent assez sérieux, même ceux qui ont la chance de se trouver dans la lumière.
En bas du tableau un groupe d’hommes et de femmes pratiquement nus est l’occasion pour le peintre de
montrer sa connaissance de l’anatomie, tant les moindres muscles sont dessinés avec application. Saisis
dans différentes attitudes, assis, accroupis, se levant et debout, ils donnent l’impression de restituer le
mouvement au ralenti de la même personne. A gauche un homme habillé de blanc et de noir est en prière ;
il est accompagné d’un phylactère*. Derrière lui se tiennent quatre autres personnages. Tous implorent
d’un air suppliant et regardent le ciel, que désigne un ange habillé de rouge et aux ailes vertes. Au centre ils
forment une sorte de pyramide surmontée de la silhouette d’un autre ange cuirassé de bleu et armé d’une
épée de feu : saint Michel. C’est un archange, le chef des anges et il est chargé de conduire les âmes des
élus vers Dieu1. C’est pourquoi il se trouve au centre de la composition entre la terre et le ciel.
Où s’apprêtent à aller ces personnages ?
Nous ressentons facilement l’opposition créée par le peintre entre la foule, qui est précipitée dans les
flammes par des démons dans l’angle inférieur droit du tableau et le groupe d’élus qui montent lentement
les yeux au ciel. Les uns vont bien-sûr aux enfers, tandis que ces derniers se dirigent vers la lumière du
Paradis.
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Saint Michel, son nom signifie Qui est comme Dieu. En tant que prince des anges psychopompe, il est chargé de conduire les âmes au Paradis.
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Qui vont-ils rejoindre?
Les élus se dirigent vers l’assemblée des prophètes et des saints. A l’angle supérieur gauche sont visibles
parmi eux Moïse en rouge avec les tables de la loi et Marie2 en bleu. Dieu, habillé de rose, trône au centre
dans la lumière.
1. La dévotion aux anges
Ce tableau est un témoignage d’un nouveau culte dédié aux anges. En effet la pensée chrétienne s’est
efforcée de découvrir certains aspects de l’invisible. A l’époque de la Contre-Réforme*, se développe une
dévotion aux anges liée à l’étude érudite de toute la hiérarchie céleste. On relit saint Denys l’Aréopagite*.
Son livre inspiré est destiné à guider le fidèle à travers les mystères du ciel. L’historien d’art Emile Mâle
rapporte comment la découverte dans une église de Palerme3 d’une fresque représentant des archanges* a
frappé les imaginations et incité le pape à consacrer une église aux archanges4. Depuis lors, les images
représentant les archanges se multiplient en Flandre, en Allemagne et même dans la Russie orthodoxe.
Mais ce sont surtout les anges, les plus proches des hommes dans la hiérarchie céleste de Denys
l’Aréopagite, qui tiennent la plus grande place dans la pensée des chrétiens à partir de la Renaissance. Au
XVIIe siècle, la papauté consacre définitivement la dévotion aux anges. L’Eglise catholique est d’autant plus
encline à encourager ce culte, que les protestants ne le reconnaissent pas. D’ailleurs selon saint François de
Sales*, les anges assistent au sacrifice de la messe : « Toujours les anges en grand nombre s’y trouvent
présents »5. Somme toute, le tableau de Saint-Etienne-du-Mont est à la fois une œuvre accessible, capable
de parler à n’importe quel fidèle et une composition savante, riche en références anciennes. Mais surtout
elle répond à « la perpétuelle aspiration de ce temps (…) d’unir le ciel à la terre »6. Le fidèle est conduit à
élever son regard – et son âme – depuis l’image de sa propre condition humaine jusqu’aux « dernières
profondeurs du ciel »7. Sur terre près de Saint Michel, un ange vêtu de jaune aux élégantes draperies
emmène un groupe d’élus. Au-dessus d’eux, trois autres êtres ailés font sonner les trompettes du Jugement
dernier ; sans doute s’agit-il des Vertus, le deuxième chœur de la deuxième hiérarchie céleste. Plus haut
s’ouvre la première hiérarchie. On retrouve une représentation proche de la première vision de
l’Apocalypse de saint Jean, où de chaque côté du trône, se tiennent assis des vieillards et où autour il y a
quatre êtres mystérieux : « Le premier être vivant est semblable à un lion, le second être vivant est
semblable à un veau, le troisième être vivant a la face d’un homme et la quatrième être vivant est
semblable à un aigle qui vole8. » Derrière l’image de Dieu nimbé de lumière on devine l’arc-en-ciel de la
vision de Jean. Autour de lui le peintre du Jugement dernier a peint sur un cercle et sur les nuages formant
son trône les séraphins, anges supérieurs dotés de trois paires d’ailes et formant le premier chœur le plus
proche de Dieu, puis les chérubins, têtes d’enfants sans corps, simples têtes de bébés ailés. Tous, dans la
2
Sainte Marie est la mère de Jésus.
3
Il s’agissait d’une église de Palerme en Sicile, consacrée justement à saint Ange, martyr de l’Ordre des Carmes.
4
« En 1561, Pie IV consacra la grande salle des thermes de Dioclétien, transformée en église par Michel-Ange, à sainte Marie et aux sept archanges », MÂLE (Emile),
L’art religieux du XVIIe siècle, Paris, 1951, 1984, éd. Armand Colin, p.260.
5
SALES (François de), Introduction à la vie dévote, partie II, ch. XIV, in : MÂLE (Emile), L’art religieux du XVIIe siècle, op. cit. , p. 261.
6
MÂLE (Emile), L’art religieux du XVIIe siècle, op. cit, p.261.
7
MÂLE (Emile), L’art religieux du XVIIe siècle, op. cit., p. 259.
8
Apocalypse de saint Jean, 4 :1-11. Ce texte et le tableau de Saint- Etienne-du-Mont peuvent rappeler la rose et le portail méridional de Chartres.
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lumière orangée et rosée, semblent chanter des louanges, tandis que dans chaque angle supérieur du
tableau des anges portent les instruments de la passion : le fouet et la colonne, la croix, le marteau et les
clous. Ce tableau est un résumé des aspirations religieuses de l’homme du XVIIe siècle : le fruit de ses
méditations mystiques et le reflet de ses inquiétudes.
2. Les sources
Figure 2 Michel-Ange (Michelangelo Buonarroti, dit) (1475-1564), Le Jugement dernier, 1536-1541,
fresque, 1370 cmx 1220 cm, Chapelle Sixtine, Rome.
Le tableau de Saint-Etienne-du-Mont est à la fois en accord avec la pensée de ses contemporains et avec
des sources lointaines. Il rappelle le très célèbre Jugement dernier de Michel-Ange (Figure 2), où l’on
ressent les inquiétudes provoquées par le sac de Rome9 et par les troubles politico-religieux10. La
composition construite sur l’axe de symétrie est analogue. On y retrouve les anges, certes dépourvus
d’ailes, mais portant les instruments de la Passion ou sonnant des trompettes du Jugement dernier.
Pourtant aux damnés conduits dans la barque de Charon de la mythologie antique, le peintre de Saint9
Le sac de Rome en 1527 par l’armée de Charles Quint s’inscrit dans le conflit qui opposait l’empereur du Saint-Empire romain germanique et roi d’Espagne et le roi de
France François Ier, auquel le pape s’était rallié.
10
La rupture entre l’Eglise catholique et Luther, le premier réformateur à l’origine du protestantisme date de 1520-1521, époque où ce dernier refuse de se rétracter et
où le pape Léon X l’excommunie avec ses partisans.
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Etienne-du-Mont préfère substituer des hommes conduits dans les flammes par des démons comme dans
l’iconographie médiévale. Quant à la représentation de Dieu, plutôt qu’un juge ressemblant à un empereur
romain impitoyable, le peintre anonyme préfère une image plus douce dans les couleurs comme dans
l’expression : un Dieu barbu bénissant. Le peintre pourrait aussi se référer aux gravures de l’Apocalypse
d’Albert Dürer11 ou de Jean Duvet12. On y retrouve le goût des détails empreints de mysticisme. Mais c’est
surtout vers l’école de Fontainebleau* que se tourne le peintre du Jugement dernier, à tel point que son
tableau était autrefois attribué à l’un de ses maîtres, Martin Fréminet*. Le tableau de Saint-Etienne-duMont doit probablement beaucoup à Jean Cousin fils et particulièrement à son Jugement dernier13 du
Louvre. Ce dernier s’est inspiré aussi de Michel-Ange. Il a construit sa composition de façon analogue. Le
peintre anonyme de Saint-Etienne-du-Mont a placé de nombreux personnages comme dans le tableau de
Jean Cousin. Mais il a tempéré leur animation. Jean Cousin déploie une foule jusqu’à l’horizon. Il disperse
ces êtres dansant ou luttant dans une architecture d’inspiration antique ou dans des ruines, qui donnent à
la scène une allure de Tentation de Saint Antoine14. Sur terre les quelques anges visibles semblent avoir
beaucoup à faire pour mettre un peu d’ordre dans ce tumulte, tandis que tous les autres anges se trouvent
dans le ciel, mais représentés dans des proportions plus réduites que dans le tableau de Saint-Etienne-duMont. Le peintre anonyme exprime son inquiétude en détaillant comme un peintre médiéval les démons
infernaux, mais il s’efforce d’unir le ciel et la terre de façon harmonieuse. Il est bien l’artiste de l’ « Eglise
de la Contre-Réforme, ardente et passionnée, qui connut l’angoisse » et « façonna l’art à son image » ; ainsi
« le même artiste, remarque Emile Mâle, était tantôt un homme d’autrefois et tantôt un homme de son
temps »15.
3. Pistes pédagogiques
Primaire
Cycle des approfondissements (CE2, CM1, CM2). Histoire des arts. Français.
« Raconter, décrire : Faire un récit structuré et compréhensible, inventer et modifier des histoires, décrire
une image, exprimer des sentiments. » (Cf. programmes)
- Confronter le Jugement dernier de Saint-Etienne-du-Mont et L’Ange gardien16, tableau de Philippe de
Champaigne* et inventer un conte.
11
DÜRER (Albert) (1471-1528), L’Apocalypse, 15 xylographies, 1497-1528, exécutées d’après le texte de saint Jean.
12
DUVET (Jean) (1485-1570), L’Apocalypse figurée, 23 planches gravées au burin, 1545-1555, exécutées d’après le texte de saint Jean.
13
COUSIN (Jean, dit le Fils) (vers 1522-vers 1594), Le Jugement dernier, vers 1585, 145 cm x 142 cm. à l’origine au couvent des Minimes à Vincennes. Musée du Louvre.
14
Plusieurs œuvres (tableaux, dessins et estampes) sur la Tentation de Saint Antoine ont été réalisées par BRUEGHEL (Pieter dit l’Ancien) (vers 1525/ 1530-1569) et
CALLOT (Jacques) (1592-1635) en particulier la gravure de 1616.
15
MÂLE (Emile), L’Art religieux après le Concile de trente (Paris, 1932, éd. Armand Colin), in : DAUDY (Philippe), Le XVIIe siècle, T.I (Lausanne, 1966, éd. Rencontre), p.
101.
16
CHAMPAIGNE (Philippe de) L’Ange gardien, vers 1660. Huile sur toile, 258 cmx157 cm. Paris, hôpital Laënnec, chapelle de l’hôpital des Incurables.
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Figure 3 LICHERIE (Louis) Les Neuf Chœurs des anges.1679. Toile 268 x 170 cm.
Eglise des Pères de Lazare, puis Saint-Etienne-du-Mont.
Collège
= Histoire des arts. Dernier trimestre de classe de 5e.
Au sein de la « thématique Arts, mythes et religions : l’œuvre d’art et le mythe : ses différents modes
d’expressions (orales, écrites, plastiques…), les transformations d’un même thème ; l’œuvre d’art et le
sacré : récits de création et de fin du mode (Apocalypse, Jugement dernier) » (programmes).
- Confrontation entre le Jugement dernier de Saint-Etienne-du-Mont avec un extrait d’un poème de Victor
Hugo, puis une séquence du film de Wim Wenders, les Ailes du désir (1987).
= Histoire des arts. Classe de 3e.
Analyse comparative de trois œuvres autour de l’importance de l’écriture dans la peinture :
- Anonyme, Le Jugement dernier. 1605. Huile sur toile, 190 x 120 cm. Saint-Etienne-du-Mont.
- LICHERIE (Louis)* (1629-1687), Les Neuf Chœurs des anges17.1679. Huile sur toile, 268 x 170 cm. Peint
pour l’église des Pères de Lazare. Saint-Etienne-du-Mont. (Doc. N°3).
- KIEFER (Anselm) (artiste allemand né en 1945), L’Ordre des anges, 1983-84. Huile, acrylique, laque et
paille sur toile, 330 x 555 cm. Institut d’art de Chicago.
17
Emile Mâle dans L’art religieux du XVIIe siècle (op. cit., p. 259) indique que la composition de ce tableau a été conçue par Abelly, évêque de Rodez, qui écrivit un livre
sur les neuf ordres des hiérarchies célestes ; dans un effet de lumière inédit, on y remarque les différents esprits célestes : les Dominations avec des couronnes et des
sceptres, les Vertus avec des fioles à parfums et enfin les simples Anges, messagers de paix avec des rameaux d’olivier.
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4. Textes littéraires
« Je m’étais endormi la nuit près de la grève.
Un vent frais m’éveilla, je sortis de mon rêve,
J’ouvris les yeux, je vis l’étoile du matin. (…)
L’astre éclatant changeait la nuée en duvet.
C’était une clarté qui pensait, qui vivait ;
Elle apaisait l’écueil où la vague déferle ;
On croyait voir une âme à travers une perle. (…)
J’entendis une voix qui venait de l’étoile
Et qui disait : - Je suis l’astre qui vient d’abord. (…)
Debout, vous qui dormez ; - car celui qui me suit,
Car celui qui m’envoie en avant la première,
C’est l’ange Liberté, c’est le géant Lumière ! »
Victor Hugo, Les châtiments, Livre VI, 1853.
« Depuis quatre mille ans il tombait dans l'abîme
Il n'avait pas encor pu saisir une cime,
Ni lever une fois son front démesuré.
Il s'enfonçait dans l'ombre et la brume, effaré,
Seul, et derrière lui, dans les nuits éternelles,
Tombaient plus lentement les plumes de ses ailes.
Il tombait foudroyé, morne silencieux,
Triste, la bouche ouverte et les pieds vers les cieux,
L'horreur du gouffre empreinte à sa face livide. (…)
Or, près des cieux, au bord du gouffre où rien ne change,
Une plume échappée à l'aile de l'archange
Etait restée, et pure et blanche, frissonnait. (…)
L'ange, extraordinaire,
Superbe, souriant, descendait.
Sa clarté
Sereine, blêmissait l'enfer épouvanté. (…) »
Victor Hugo, La fin de Satan. 1854-1885. Publication posthume 1886.
Glossaire
ARCHANGE, ange d’un ordre supérieur, tel Gabriel, le messager de Dieu comme dans l’annonciation faite à
Marie, Raphaël, le guide de Tobie, et Michel, (étymologiquement, qui est semblable à Dieu) celui qui au
Jugement Dernier pèsera les âmes et conduira celles des justes au Paradis. Selon Denys l’Aréopagite, les
Archanges font partie de la troisième hiérarchie des neuf chœurs. Avec les anges, les archanges sont les
plus près des hommes, tandis que dans la première hiérarchie, les Séraphins sont les plus proches de Dieu.
CHAMPAIGNE (Philippe de) (1602-1674) est connu pour ses portraits pénétrants ou ses peintures
religieuses empreintes d’une rare spiritualité et d’une austérité classique. Né et formé à Bruxelles, il se fixa
à Paris, où il compléta sa formation dans l’atelier de Lallemand. De la peinture française il retint une
certaine rigueur classique peut-être acquise par la fréquentation de Poussin.
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CONTRE-REFORME, ou Réforme catholique, ce mot désigne le mouvement religieux radical instauré par le
concile de Trente (1545-1543) pour donner de nouvelles normes à l’Eglise et répondre à la réforme
protestante.
DENYS L’AREOPAGITE (ou Pseudo-Denis l’Aréopagite), théologien (Ve-VIe s.) faussement identifié au
disciple de saint Paul du même nom. Influencé par Platon et Plotin, il fut l’auteur de la Théologie mystique
et de la Hiérarchie céleste, description de l’assemblée céleste, qui s’élève graduellement de l’homme vers
Dieu. Il eut beaucoup d’ascendant sur la pensée religieuse du Moyen Âge chrétien jusqu’au XVIIe siècle. Sa
recherche peut être considérée comme une tentative de concilier la pensée chrétienne et le néoplatonisme.
FONTAINEBLEAU (école de), courant artistique maniériste né au château de Fontainebleau en 1530 sous
l’impulsion de François Ier. On distingue deux périodes : la première école de Fontainebleau de 1530 à
1571, où s’exprimèrent dans de grands ensembles décoratifs des artistes italiens comme Rosso, Primatice
ou Niccolo dell’Abate ou des artistes français comme Jean Cousin. Proches de ce courant peuvent être
mentionnés d’excellents portraitistes : le flamand Jean Clouet et son fils François. La seconde école de
Fontainebleau fit suite aux guerres de religion. Avec l’avènement d’Henri IV, le renouveau artistique pictural
se traduisit par l’œuvre d’artistes français comme Dubreuil et Fréminet. Les courants maniéristes de l’école
de Fontainebleau créèrent un art raffiné appréciant les références mythologiques érudites et les
déformations formelles.
FREMINET (Martin) (1567-1619), peintre français formé chez Dubreuil. Il voyagea en Italie et il fut un des
principaux représentants de la seconde école de Fontainebleau. Henri IV lui confia le décor de la chapelle de
la Trinité au château de Fontainebleau. Il continua à travailler pour Louis XIII.
LICHERIE (Louis) (1629-1687), élève de Louis de Boullogne le père, puis de Le Brun, qui l’employa à la
manufacture de Gobelins. Il fut nommé académicien en 1679.
PHYLACTERE, ce mot désigne à l’origine dans la religion juive les étuis contenant les parchemins
comportant des textes et portés lors de la prière ; ici il désigne la banderole utilisée depuis le Moyen-Age
pour inscrire un texte accompagnant souvent un personnage.
SALES (François de) (1567-1622), évêque de Genève, fondateur de l’ordre de la Visitation ; il a été canonisé
en 1665.
Bibliographie et liens Internet
- ALLEN (Christopher), Le grand siècle de la peinture française (Londres, 2003, éd. Thames et Hudson).
- ARASSE (Daniel), Anselm Kiefer, Paris, 2001, éd du Regard.
- ARGAN (Julio Carlo), L’Europe des capitales 1600-1700, Genève, 1964, éd. Skira.
- BUTOR (Michel), Les mots dans la peinture, Genève, 1969, éd. Skira.
- DORIVAL (Bernard), Catalogue, Philippe de Champaigne, Paris, 1952, Musée de l’Orangerie.
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- FUMAROLI(Marc) L’école du silence. Le sentiment des images au XVIIe siècle (Paris, 1998, éd. Flammarion).
- GIORGI (Rosa), L’Art au XVIIe siècle (trad. de l’italien, Paris, 2008, éd. Hazan)
- KAZEROUNI (Guillaume), Peintures du XVIIe des églises de Paris, revue Dossier de l’Art, n°149, févr. 2008,
Dijon, éd. Faton.
- La peinture française du XVIIe siècle dans les collections américaines, catalogue, commissaires Pierre
Rosenberg et Sir John Pope-Hennessy, 1982, Paris, Grand Palais.
- MÂLE (Emile), L’art religieux du XVIIe siècle, Paris, 1951, 1984, éd. Armand Colin.
- MEROT (Alain), La peinture française au XVIIe siècle, Paris, 1994, éd. Gallimard/ Electa.
- Philippe de Champaigne 1602-1674. Entre politique et dévotion. Catalogue, sous la direction d’Alain Tapié
et de Nicolas Sainte Fare Garnot. 2007, Palais des Beaux-arts de Lille.
- ROSENTHAL (Mark), Anselm Kiefer, 1987, Philadelphia Museum of Art distributed by Prestel-Verlag.
- THUILLIER (Jacques) et CHÂTELET (Albert), La peinture française de Le Nain à Fragonard, Genève, 1964, éd.
Skira.
- http://carnavalet.paris.fr/fr/expositions/les-couleurs-du-ciel
- sur Jean Cousin : http://cartelfr.louvre.fr/cartelfr/visite?srv=car_not_frame&idNotice=1091
- LES ANGES AU CINEMA - CRDP de l'académie de LYON : www.cndp.fr/crdp-lyon/LES-ANGES-AU-CINEMA
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