les circuits courts alimentaires a rennes metropole - CIVAM

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les circuits courts alimentaires a rennes metropole - CIVAM
LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES
A RENNES METROPOLE
LA CARACTERISATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE : PREMIERE APPROCHE D’UN
TERRITOIRE
lala
Xavier Moisière
Tuteurs professionnels :
MASTER 2 Géographie Aménagement Société Environnement
Option : Gestion de l’Environnement
- Gilles Maréchal, FRCIVAM Bretagne
- Pascal Verdier, Rennes Métropole
Session de soutenance : Octobre 2007
Département de Géographie, Université de Rennes 2
Tuteur pédagogique : Jean Ollivro
NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE
Auteur : MOISIERE Xavier
Résumé :
Depuis peu, de nouvelles formes de mise en vente de produits agricoles émergent dans
l’espace français et plus particulièrement dans les zones périurbaines. Ce sont des formes de
commercialisation qui favorisent le rapprochement du consommateur et du producteur en
supprimant les intermédiaires. On attribue aux circuits courts alimentaires un grand nombre
de vertus sociales et environnementales mais la pauvreté des travaux relatifs à ce sujet ne
permet d’émettre aucune certitude.
A partir de ce constat, la communauté d’agglomération de Rennes Métropole a jugé utile de
faire un premier état des lieux de son territoire par la caractérisation de l’offre et de la
demande des circuits courts alimentaires.
Tout d’abord, la méthodologie adoptée est présentée. Il s’agit de collecter puis de
construire les données nécessaires à l’étude. L’objectif est d’avoir une vision d’ensemble d’un
territoire à travers différents types de lieux de vente et à travers deux types d’acteurs que sont
les producteurs et les consommateurs.
Les premiers résultats font ressortir la recherche commune du bien-être par le goût du
produit et par l’aspect agréable de l’échange. Le lien social créé se caractérise par des réseaux
dynamiques dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. Cependant,
L’acte d’achat prend une signification différente selon les modalités. Le marché permet de
consommer des produits du terroir au plus près de chez soi, le point de vente collectif est une
manière de mettre un visage sur le produit et le système de panier, une façon de soutenir
l’agriculture locale.
De plus, la proximité géographique entre les lieux de vente et les consommateurs est
évidente alors que l’aire d’approvisionnement est principalement départementale. Les lieux de
vente ont un fonctionnement compatible avec le rythme de travail de la demande, de part les
heures d’ouvertures et de part le lieu d’implantation. Le dynamisme des circuits courts de
Rennes Métropole est visible par l’augmentation du nombre de dispositifs et surtout par
l’innovation en terme d’organisation des producteurs et des consommateurs.
Enfin, par l’intermédiaire des circuits courts alimentaires, des pistes d’actions ont été
envisagées concernant la gestion de l’environnement à l’échelle d’une communauté
d’agglomération.
1
BIBLIOGRAPHICAL NOTICE
Author : MOISIERE Xavier
Abstract :
Recently, different ways of selling agricultural products have been emerging in France
particularly in its peri-urban zones. They are forms of commercialisation that favoritize the
bringing together of consumer and producer by eliminating the intermediaries. We attribute a
large number of social and environmental virtues to the short food system, but the feeble
research on this subject beforehand leaves much uncertainty.
The conglomerate community of Rennes Metropole judged it useful to do a first evaluation
of its territory by a profiling of supply and demand of its short food system.
Firstly, the work method is presented. It has to do with assembling and then reconstituting
the information necessary for the study. The object is to have a collective vision of a territory
across different types of sale points and between two players: the producer and the consumer.
The first results show the similar research of well-being by the taste of the product and by
the agreeable aspect of the exchange. The social connection created is characterized by the
dynamic networks whose common interest is tied to the territory: the food product resource.
However, the act of buying takes on a different significance with each type of
commercialisation. Three ways of considering the utility of the point of sales studied are: to
let you consume the products of your region closer to home, to put a face to the product to
familiarize you with it, and to support local agriculture.
Furthermore, the geographic proximity of the sale points and the consumer is obvious
whereas the provisioning area is primarily departmental. The sale points have a compatible
usage with the work rhythm of the demand, in part with the work hours of the store and in
part with its location. The development of the short food system of Rennes Metropole is
visible by the augmentation of the number of sales points and especially by the innovation of
the producers and the consumers.
Finally, thanks to the short food system, roads of action have been envisaged concerning
the amelioration of the environment at the scale of a conglomerate community.
2
REMERCIEMENTS
Ce travail marque la fin de mon cursus universitaire et les premiers pas de mes
convictions professionnelles.
Je tiens à remercier les personnes qui m’ont permis de travailler sur ce sujet, qui m’ont
conseillé et apporté leurs connaissances.
J’adresse tout particulièrement mes remerciements à :
Gilles Maréchal, pour la confiance qu’il m’a accordée et la liberté qu’il m’a laissée au cours
de ce stage.
Pascal Verdier, pour son implication dans le projet qui a permis à mon travail de prendre une
dimension concrète.
Jean Ollivro, pour ses conseils géographiques pertinents.
Je souhaite également remercier :
L’ensemble du pôle IMPACT qui a travaillé avec moi, de près ou de loin, et particulièrement
les stagiaires, Frédéric, Aurélie, Benjamin.
Les personnes qui m’ont aidé dans mes recherches, les producteurs, les consommateurs, les
étudiants de licence 1.
Les autres personnes qui ont contribué à rendre ce travail agréable, Pascal, Corentin…
Et merci beaucoup à mes parents.
Figure 1 : En couverture, les Jardins du Breil (vente de paniers) situés sur la commune périurbaine de Pacé, font face au
quartier de Villejean à Rennes.(20/07/07).
3
TABLE DES MATIERES
PREAMBULE…………………………………………………………………………………………………………………………………...5
ELEMENTS DE DEFINITION PROPRES AUX CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES……………………………………………..6
INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………………………....7
1-
CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE A LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE.................................... 9
1.1 Les méfaits de la globalisation...................................................................................................................................................... 9
1.1.1 De l’agriculture vivrière à l’agriculture globalisée ............................................................................................................. 9
1.1.2 Un modèle agricole qui s’essouffle................................................................................................................................... 10
1.2 Une solution territoriale à un problème global ........................................................................................................................ 11
1.2.1 Répondre par le « développement durable »..................................................................................................................... 11
1.2.2 Répondre par « l’espace de vie » ...................................................................................................................................... 12
1.3 L’enjeu des circuits courts alimentaires ................................................................................................................................... 14
1.3.1 Le regain d’intérêt pour les circuits courts........................................................................................................................ 14
1.3.2 Problématique du territoire étudié..................................................................................................................................... 15
2-
APPREHENDER UN TERRITOIRE A TRAVERS LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES............................................ 16
2.1 Méthodologie : collecte et construction de la donnée............................................................................................................... 16
2.1.1 Recensement et enquête .................................................................................................................................................... 16
2.1.2 Description des lieux de vente étudiés .............................................................................................................................. 17
2.1.3 Passation des questionnaires ............................................................................................................................................. 18
2.2 Profils des échantillons................................................................................................................................................................ 20
2.2.1 Caractéristiques de l’échantillon consommateur .............................................................................................................. 20
2.2.2 Caractéristiques de l’échantillon producteur..................................................................................................................... 21
3-
PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS : QUELS LIENS POUR QUEL TERRITOIRE ? .................................................. 24
3.1 Motivations d’usage des circuits courts .................................................................................................................................... 24
3.1.2 Consommer et produire, acheter et vendre ....................................................................................................................... 26
3.1.4 Le « consumérisme politique » ......................................................................................................................................... 30
3.2 Circuits courts et opacité de l’espace......................................................................................................................................... 33
3.2.1 Proximité du producteur et du consommateur .................................................................................................................. 33
3.2.2 Mobilité et consommation................................................................................................................................................. 39
3.3 Dynamisme des circuits courts................................................................................................................................................... 41
3.3.1 Les marchés ....................................................................................................................................................................... 41
3.3.2 Les points de vente collectifs ............................................................................................................................................ 48
3.3.3 Les ventes par panier ......................................................................................................................................................... 52
3.3.4 Les modalités qui n’ont pas été enquêtées ........................................................................................................................ 54
4-
LES ELEMENTS ESSENTIELS DE LA RECHERCHE ............................................................................................................... 58
4.1 -
La valeur commune aux modalités : l’hédonisme.................................................................................................................... 58
4.2 Les particularités des modalités................................................................................................................................................. 60
4.2.1 Le marché : un terroir en bas de chez soi.......................................................................................................................... 60
4.2.2 Le point de vente collectif : mettre un visage sur un produit ........................................................................................... 61
4.2.3 Le système de panier : soutenir l’agriculture locale ......................................................................................................... 62
4.3 La dynamique des circuits courts alimentaires ........................................................................................................................ 63
4.3.1 La dynamique territoriale .................................................................................................................................................. 63
4.3.2 Le réseau social: facteur dynamique des modalités.......................................................................................................... 65
5-
QUEL APPORT DES CIRCUITS COURTS A L’ENVIRONNEMENT ?..................................................................................... 67
5.1 La communauté d’agglomération comme espace de vie ......................................................................................................... 67
5.1.1 La conscience citoyenne.................................................................................................................................................... 68
5.1.2 Les lieux de vente : un rôle de diffusion ........................................................................................................................... 68
5.2 Quelle gouvernance pour l’agriculture périurbaine ?............................................................................................................. 69
5.2.1 Une coordination nécessaire.............................................................................................................................................. 69
5.2.2 Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine....................................................................................... 71
CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………………………….…..73
BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………………………………………...…..75
LISTE DES SIGLES……………………………………………………………………………………………………………………….….78
TABLE DES CARTES………………………………………………………………………………………………………………………...78
TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX……………………………………………………………………………………………………78
TABLE DES ANNEXES………………………………………………………………………………………………………………………78
4
PREAMBULE
Le travail présenté ici a été effectué dans le cadre du projet SALT (Systèmes
ALimentaires Territorialisés)
financé par le Conseil Régional de Bretagne et dont
l’organisme chef de file est la FRCIVAM1 Bretagne. Le rôle de cette fédération régionale est
de proposer des voies innovantes pour développer une agriculture et des activités rurales
insérées dans les dynamiques territoriales. SALT a pour but de créer au terme des trois années
du projet (2007 à 2010) un observatoire des circuits courts territorialisés en Bretagne.
Pour cette mission dont la zone d’étude est restreinte au territoire de la communauté
d’agglomération de Rennes Métropole, l’EPCI2 et plus particulièrement le service
Aménagement de l’Espace se sont portés en tant que maître d’ouvrage. Leur intérêt pour ce
sujet est motivé par leur adhérence à l’association Terres en Villes3 dont l’objectif est de
promouvoir le rôle et l'intérêt de l'agriculture péri-urbaine. Les circuits courts et
l’approvisionnement de la ville sont un des thèmes sur lequel travaillent actuellement les dixhuit agglomérations membres.
L’étude exposée au cours de ces pages vise à caractériser l’offre et la demande des circuits
courts alimentaires dans la communauté d’agglomération de Rennes Métropole. Ce travail a
été mené en parallèle à deux autres travaux de terrain. Le premier, concernant le pays de
Dinan, a consisté à évaluer les déterminants sociologiques des circuits courts (Aurélie
Cardona). Le second a permis de décrire à travers une monographie les motivations d’acteurs
et possibilités d’évolution du marché rural de Saint Pern (Benjamin Perez-Zapico). Ces trois
approches de terrain coordonnées ont été menées conjointement à une quatrième étude ayant
pour but de poser les bases méthodologiques et conceptuelles pour l'évaluation des circuits
courts (Frédéric Dénéchère). Ce domaine d’étude étant pauvre en références bibliographiques,
le travail théorique a permis une meilleure coordination du projet SALT en utilisant des bases
communes pour pouvoir confronter, analyser et valider les recherches. Cette première étape
s’avère être indispensable pour le lancement du projet.
1
FRCIVAM : Fédération Régionale des Centres d’Initiative pour la Valorisation de l’Agriculture et du Milieu
rural.
2
EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale.
3
L’association Terres en Ville a été créée le 15 juin 2000 par des élus intercommunaux et des responsables
agricoles ayant mis en place des politiques agricoles périurbaines sur leur territoire. Cette association, paritaire
entre élus et responsables agricoles, regroupe actuellement dix-huit aires urbaines, chacune étant représentée par
l'intercommunalité et la chambre d'agriculture : Agen, Aix-en-Provence, Amiens, Angers, Aubagne, Besançon,
Caen, Grenoble, Lille, Lorient, Lyon, Le Mans, Nantes, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse.
5
ELEMENTS DE DEFINITION PROPRES AUX CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES4
•
Circuit court alimentaire territorialisé
Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance
(géographique, sociale…) entre le lieu de production et le consommateur sont faibles, et où le
territoire est valorisé. On s’intéresse ici à l’échange d’un produit. La notion de circuit court
territorialisé renvoie à trois facteurs : la proximité géographique (valeur dépendant du type de
produit, du territoire…), le nombre d'intermédiaires et leur valeur, et l'organisation du système
de production (quelle gouvernance, quelle transparence ?).
•
Dispositif
Organisation (individuelle ou collective) autonome et formellement délimitée dont l’objet
est la commercialisation en circuit court. Un dispositif peut agréger plusieurs fournisseurs.
•
Modalité
Type d’organisation de vente qu’appliquent des dispositifs présentant des fortes
similitudes quant au fonctionnement concret de la distribution.
•
Système territorial de circuits courts
Ensemble des dispositifs présents sur un territoire donné, sur la base des interactions qu’ils
entretiennent. Ces interactions s’exercent au niveau de l’origine des produits (divers
dispositifs pour un producteur ou un groupe de producteurs) ou de leur consommation
(diversité d’approvisionnement pour un consommateur). Le système (qui reste hypothétique)
de circuits courts est un système ouvert. Le territoire dans ce cas doit être rapproché des zones
de chalandise ou bassin de consommation. De plus, un territoire donné échange avec d’autres
territoires, ce qui lui donne son caractère ouvert.
4
Définitions tirées des travaux de Frédéric Dénéchère, stagiaire à la FRCIVAM Bretagne dans le cadre du projet
SALT et dont la mission fût d’établir les premiers éléments méthodologiques pour évaluer la part des circuits
courts dans l’économie alimentaire d’un territoire.
6
INTRODUCTION
« La géographie, c’est aussi l’étude de cette remise en cause permanente, de cette
recomposition constante des systèmes dans lesquels les Hommes ordinaires se meuvent,
armés de leurs valeurs culturelles et de leurs projets. »
(Guy Di Méo, 1998)
La Bretagne a connu depuis les années cinquante, une forte évolution de son agriculture
allant vers une intensification et une spécialisation de la production. L’organisation des
campagnes s’est démantelée et les dommages environnementaux commencent aujourd’hui à
se faire ressentir. Certains n’hésitent pas à remettre en cause le modèle breton. Aussi, depuis
les années quatre-vingt-dix, le consommateur a subi plusieurs crises sanitaires (vache folle,
grippe aviaire) qui ont contribué à semer le doute dans la qualité de son alimentation.
Depuis peu, de nouvelles formes de mise en vente de produits agricoles émergent. A la
manière des marchés forains traditionnels, les magasins de producteurs et les systèmes de
vente par panier permettent de vendre une production directement aux consommateurs. Le
développement de ces formes de commercialisation est plus visible dans les espaces
périurbains. Certaines communautés d’agglomérations mettent en œuvre des moyens pour
favoriser ce qu’on appelle les circuits courts alimentaires. En effet, on leur attribue un grand
nombre de vertus relatives au maintien des ceintures vertes, au rapprochement des villes et
des campagnes ou encore aux économies d’énergie. Cependant, l’objet même des circuits
courts alimentaires n’a été que très peu étudié et l’émission de certitudes, quant à leurs
apports positifs sur un territoire, reste difficile.
A partir de ce constat, la communauté d’agglomération de Rennes Métropole a jugé utile de
faire un premier état des lieux de son territoire dans le but de recenser et caractériser les
activités correspondantes aux circuits cours alimentaires.
L’hypothèse de ce travail est que les circuits courts alimentaires permettent de valoriser un
territoire par la proximité de l’échange. La valorisation du territoire est considérée ici comme
une meilleure appropriation du territoire par les acteurs de l’échange. Au regard des politiques
liées à la gestion de l’environnement, l’étude du rapport des acteurs des circuits courts
alimentaires à leur espace de vie est peut-être un nouvel élément pour dynamiser la
conscience citoyenne.
7
Ainsi, l’objectif est de comprendre en quoi les circuits courts alimentaires modifient-ils
l’opacité de l’espace de vie ?
Tout d’abord, nous définirons le contexte agroalimentaire dans lequel les circuits courts
alimentaires se placent et préciserons de quelle manière ils peuvent être une réponse locale à
un problème global. Cette étape nous permettra de fixer la problématique dans le territoire
étudié.
Dans un deuxième temps, nous décrirons la méthodologie adoptée pour collecter puis
construire les données nécessaires à l’étude. L’objectif est d’avoir une vision d’ensemble d’un
territoire à travers différents types de lieux de vente et à travers deux types d’acteurs que sont
les producteurs et les consommateurs.
Nous exposerons ensuite les premiers résultats afin de connaître les différentes motivations
d’usage en les confrontant à d’apparentes aires de chalandise et d’approvisionnement.
Aussi, nous tenterons de réunir les éléments essentiels de la recherche ainsi que les
particularités et complémentarités des trois modalités étudiées que sont le marché, le point de
vente collectif et la vente par panier.
En conclusion, l’étude des circuits courts alimentaires sur le territoire de Rennes Métropole
peut à apporter des éléments de réponses quant aux leviers d’actions concernant la gestion de
l’environnement à l’échelle d’une communauté d’agglomération.
8
1 - CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE A LA PRISE DE CONSCIENCE
ENVIRONNEMENTALE
Les agriculteurs sont souvent montrés du doigt lorsqu’il s’agit d’évoquer la pollution des
sols. Aussi, les récentes crises sanitaires n’ont pas aidé à valoriser leur travail et ont contribué
à entretenir la suspicion du consommateur face à la qualité de la production agricole.
Après avoir souligné la dérive du système agroalimentaire français, nous verrons en quoi
la société se porte garante de ses méfaits et montrerons de quelles manières elle tente d’y faire
face sur un territoire, en particulier à l’échelle locale.
1.1 - Les méfaits de la globalisation
La plupart des consommateurs ne s’étonne plus aujourd’hui de voir en plein hiver le
rayon fruits et légumes de leur supermarché achalandé en tomates.
1.1.1 - De l’agriculture vivrière à l’agriculture globalisée
Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le nouveau président des Etats Unis, Harry
Truman, exposa dans son discours d’investiture du 20 janvier 1949 la nouvelle vision du
gouvernement concernant la politique étrangère du pays. Il s’agissait de soutenir l’Europe
dans sa reconstruction à travers le plan Marshall et de proposer aux nations défavorisées leur
aide technique. Ce second point, concernant les pays nouvellement qualifiés de « sousdéveloppés », fut étayé à l’époque de cette manière : « Il nous faut lancer un nouveau
programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et notre
progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sousdéveloppées. »5. Ce discours, apparemment anodin, a clairement contribué à poser les bases
de l’idée du « développement » mondial et permit de lancer le système économique globalisé
actuellement mis en place6.
Au même moment, la France qui sort de la guerre n’est pas auto-suffisante d’un point de
vue alimentaire. Il s’agit alors de moderniser l’agriculture du pays par la création de la
Politique Agricole Commune en 1958 et en 1962, par la loi d’orientation de Pisani ayant pour
effet l’agrandissement des parcelles et la mécanisation de l’agriculture. Une fois l’objectif
d’autosuffisance atteint, la France se place dans le contexte agricole mondial de libéralisation
des échanges commerciaux et donc de compétition agricole. En Bretagne, la stratégie se
5
6
Traduction établie sur les bases des Public Papers Of The President, le 20 Janvier 1949, p114-115.
RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale.
9
concentre sur une spécialisation des cultures à faible valeur ajoutée engendrant des marges
faibles. Par conséquent les efforts se portent sur l’intensité de la production. A l’échelle
mondiale, on assiste à une baisse régulière des cours de matières premières agricoles.
Ainsi l’agriculture bretonne dont l’objectif originel est vivrier7, s’est ancrée
progressivement dans un système agroalimentaire mondial. Cette évolution, considérée à
l’époque comme un progrès et qualifiée de développement économique, montre aujourd’hui
de sérieux essoufflements en termes économiques, sociaux et environnementaux.
1.1.2 - Un modèle agricole qui s’essouffle
La maximisation de la production agricole eut comme première conséquence visible la
baisse du nombre d’agriculteurs. Les campagnes ont vu progressivement leurs tissus sociaux
se disloquer et leurs économies se réorienter. Ainsi, l’amélioration des moyens de transports,
des techniques de transformation et de commercialisation, a contribué à éloigner
physiquement le consommateur du producteur et l’usage systématique de ces circuits longs de
commercialisation a provoqué l’atténuation du lien territorial, engendré autrefois par
l’échange commercial de l’agriculture vivrière. Les productions se sont dé-territorialisées8 et
les impacts sociaux en découlant n’ont pas été maîtrisés.
Aussi, les dégradations environnementales du système productiviste agricole sont
aujourd’hui largement visibles. L’exemple breton en est devenu banal et la concentration de
ses élevages intensifs y est pour beaucoup : pollution des nappes phréatiques, eutrophisation
des eaux de surface, disparition des haies, émissions de pesticides, etc. De plus, le phénomène
récent de repeuplement des campagnes par les « rurbains » s’accompagne souvent d’un
rapport esthétique au paysage et souligne le décalage entre l’idéalisation de la vie à la
campagne et les méthodes de production de l’agriculture intensive.
Parallèlement à ces problèmes écologiques, les crises sanitaires se multiplient ces
dernières années (crise de la « vache folle », poulets à la dioxine, grippe aviaire) et font
ressortir le phénomène « malbouffe » ressenti par le consommateur. Ce dernier devient de
plus en plus soucieux de la traçabilité du produit qu’il consomme (problème des OGM...) et,
7
ARBOUSSE-BASTIDE T., 2007, La petite histoire des pratiques communautaires de l’agriculture en
Bretagne, paru dans « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », sous la direction
de Hiroko Amemiya.
8
LESCUREUX F., 2003, Les relations des agriculteurs au territoire au travers de la vente directe et de
l’accueil à la ferme. Le cas de la région des Monts de Flandre :
« Par dé-territorialisation, nous n’entendons pas négation du territoire, mais distension des liens entre
agriculture, agriculteurs et territoire, les agriculteurs apparaissant davantage comme des agents que comme des
acteurs véritables du processus de territorialisation. »
10
soucieux de sa santé (développement des maladies cardio-vasculaires, problème d’obésité),
s’attache aux qualités nutritives des aliments. En plus des méfaits écologiques de la
production agricole, le système de transformation agroalimentaire est donc également remis
en cause.
En Bretagne, le modèle productiviste a contribué à « l’effacement des repères spatiaux et
culturels »9 et il semble aujourd’hui qu’une partie des producteurs et des consommateurs
veuille se réapproprier leur territoire. Ils ont été en quelque sorte victimes d’un système qui
leur correspond de moins en moins. Mais les réactions face aux problèmes de la production
agricole, de la transformation agroalimentaire et de son mode de distribution montrent un
décalage entre la conscience citoyenne et ses possibilités d’actions.
1.2 - Une solution territoriale à un problème global
La dimension globale du problème soulevé précédemment impose une solution aux
répercussions globales mais puisque chaque territoire possède ses spécificités, l’application
doit être locale.
1.2.1 - Répondre par le « développement durable »
De plus en plus, parler de l’amélioration de la gestion de l’environnement et
conséquemment de celle de la qualité de la production et de la distribution agroalimentaire,
est justifié par la notion de « développement durable ».
Le rapport Brundtland de la commission mondiale sur l’environnement et le
développement, soumis à l’assemblée générale des Nations Unies fin 1987 donne la définition
du développement durable : “un développement qui permette aux générations présentes de
satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures de
satisfaire les leurs”. Ce rapport a permis aux gouvernements de ne plus pouvoir ignorer la
réalité des risques écologiques et par la même de les inciter à réagir par des mesures
législatives contraignantes.
Cependant la notion a ses limites. En effet on constate que les mesures prises suite au
rapport Brundtland, ont prioritairement des objectifs « anthropocentrés », c’est à dire portés
sur le bien être de l’Homme ; cause tout à fait légitime mais qui atténue inévitablement la
9
ARBOUSSE-BASTIDE T., 2007, La petite histoire des pratiques communautaires de l’agriculture en
Bretagne, paru dans « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », sous la direction
de Hiroko Amemiya.
11
portée des objectifs secondaires qui ont une visée « écocentrée », c’est à dire portée sur la
protection de la vie en général (en d’autres termes de tous les êtres vivants)10. Le problème du
développement durable est de passer outre l’idéalisation du contenu et d’admettre le
déséquilibre évident du triptyque économique / social / environnemental
au profit de
11
l’économie . A partir du moment où l’on estime qu’il faut continuer durablement à
« satisfaire leurs besoins », il va de soi que l’économie prend le dessus car nos « besoins »
sont chaque jour grandissant. Cependant, la croissance économique12 doit se différencier de la
chrématistique13 et le développement qui y est associé14 doit dissocier les « besoins »
fondamentaux des « besoins » superflus. Par conséquent, dans l’optique d’optimiser la gestion
de l’environnement, un développement soutenable est plus souhaitable qu’un développement
durable.
La globalisation financière15 et la mondialisation16 sont les principaux déterminants de
l’économie qui se trouve être elle-même le principal pilier du développement durable. Ainsi,
travailler à l’échelle locale du territoire permet de s’affranchir plus facilement de cette mainmise économique mondiale et de ce fait, favoriser un développement soutenable porteur d’une
meilleure gestion de l’environnement.
1.2.2 - Répondre par « l’espace de vie »
Les effets négatifs d’un système productif globalisé viennent d’être en partie évoqués. Les
répercussions sur la dimension environnementale y sont particulièrement fortes.
L’environnement17 est bien sûr à considérer comme un espace écologique à protéger, mais
aussi peut-on élargir la définition de ce dernier en y assimilant la qualité de vie de l’Homme
non pas en tant que consommateur aux besoins croissants mais en tant que responsable des
10
COMELIAU C., Développement du développement durable, ou blocages conceptuels ?, Tiers-Monde, n°137,
janvier-mars 1994
11
MARECHAL G. L’agriculture durable, une pratique de décroissance soutenable ?, article en ligne sur le site
www.civam-bretagne.org
12
Selon le Dictionnaire de l’économie : « Augmentation régulière de la production d’une économie »
13
Notion créée par Aristote pour décrire l'état d'esprit de celui qui accumule le capital pour son plaisir
14
Le développement est en effet un terme économique. Le Dictionnaire de l’économie le définit ainsi :
« Ensemble des transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l’apparition et la prolongation
de la croissance économique ainsi que l’élévation des niveaux de vie ».
15
Selon le Dictionnaire de l’économie : « Mise en place d’un marché unifié de l’argent au niveau planétaire ».
16
Selon le Dictionnaire de l’économie : « Intégration économique mondiale qui va au delà de
l’internationalisation des échanges de marchandises, de services ou de capitaux et qui se caractérise par une
mobilité parfaite des capitaux et par une concurrence accrue entre les firmes et les nations. »
17
Selon le Dictionnaire de la Géographie : [L’environnement] est appliqué aujourd’hui à l’observation des effets
des activités humaines de tous ordres […]. Les études d’environnement rassemblent les bilans de tous les
dommages provoqués par les activités humaines.
12
méfaits de son espace de vie au sens où Ley l’entend : « L’espace de vie rend compte d’une
expérience concrète de lieux, indispensables à la construction du rapport qui se tisse entre la
société et son espace ».
Aujourd’hui, la « globalisation » ou la nouvelle façon d’envisager les rapports mondiaux
rend impossible la conscience écologique : « Tout ce qui est entrepris au nom du commerce
international permet de dissocier la production de la consommation et la production de la
consumation (c’est à dire la transformation de déchets). Ce qui évite au consommateurpollueur de se rendre compte qu’il participe à l’épuisement de ressources et à l’accumulation
des déchets, puisque le circuit des échanges l’empêche de voir ce qui se passe au cours de ce
processus. Parce qu’elles agissent en de multiples lieux à la fois et dissocient constamment la
création et la destruction des ressources, les sociétés transnationales favorisent cette dilution
de la responsabilité. »18
L’expression populaire vaut ici d’être rappelée : « un esprit sain dans un corps sain ». Si
l’on parle souvent de la nécessité de protéger l’environnement au nom de son bien-être et de
celui des « générations futures », il est aisé d’admettre que le message est difficilement
recevable auprès d’une population dont la qualité de vie est mauvaise (on y inclut ici tous les
facteurs déterminants) et qui cherche par conséquent à assouvir en priorité ses besoins
fondamentaux. La qualité de l’environnement et celle de la vie humaine devraient aller de pair
et s’améliorer réciproquement. Il s’agit pour les politiques d’aménagement du territoire de ne
pas considérer l’un sans l’autre et de faire en sorte que chacun se sente impliqué dans la
gestion de son environnement. Un citoyen protège l’environnement lorsqu’il le considère
comme son espace de vie.
Par conséquent, la dégradation de l’environnement ainsi que l’acculturation des modes de
vie par le système agraire productiviste au nom du progrès économique et de l’amélioration
des conditions de vie n’est plus souhaitable. Il faut aller jusqu’à la remise en cause de certains
aspects de l’idée préconçue du « développement »19 et donc de notre mode de production et
de consommation. Ainsi, l’espace de vie du citoyen et donc l’échelle locale du territoire,
semble être l’échelle plus pertinente pour appliquer des actions de développement soutenable.
18
19
RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale.
RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale
13
1.3 - L’enjeu des circuits courts alimentaires
Face au système agroalimentaire productiviste et au mode de distribution qui en découle,
un autre mode de commercialisation des produits agricoles existe. Les circuits courts
alimentaires sont de plus en plus visibles dans l’espace et en particulier sur le territoire de la
communauté d’agglomération rennaise.
On peut se demander si ce récent dynamisme est une réaction aux problèmes sociaux et
environnementaux évoqués précédemment et s’il en constitue une solution.
1.3.1 - Le regain d’intérêt pour les circuits courts
Ce type de vente est ancien et connaît depuis quelques temps un regain d’intérêt évident.
La vente directe sur les marchés et à la ferme ne date pas d’hier mais de nouvelles formes de
mise en vente apparaissent en particulier dans les espaces périurbains. Le développement des
magasins de producteurs et de la vente par paniers (figure 2) en est un exemple. Ainsi les
circuits courts de distribution alimentaire se caractérisent par une relative proximité
géographique entre le producteur et le consommateur. Il s’agit d’utiliser la vente directe ou
bien la vente avec au maximum un intermédiaire pour écouler sa propre production.
Figure 2 : Exemple de la vente par panier : le panier mono-produit
Il est très difficile de connaître les fondements de ce dynamisme et les impacts
économiques, sociaux et environnementaux qui en découlent. Les travaux concernant ce
14
domaine d’étude sont en effet rares et nécessitent d’autant plus de s’y intéresser. Par exemple,
le cas d’étude de la communauté d’agglomération de Rennes permet de poser les bases d’un
objet jamais évoqué sur ce territoire. Ce dernier est une zone urbaine et périurbaine, espace
propice au développement des différentes formes de la vente directe ou indirecte de produits
agricoles.
1.3.2 - Problématique du territoire étudié
L'agriculteur est un acteur économique, politique et social ayant un rôle particulier à jouer
de part l'impact de son activité sur l'espace, l'environnement, l'emploi ainsi que sur les
ressources alimentaires. Les circuits courts accentuent d’autant plus cette responsabilité que
l’agriculteur-producteur-vendeur, la confronte quotidiennement au consommateur. Ainsi « la
vente directe peut-être considérée comme une médiation particulière entre l’homme
consommateur et l’écoumène20, par l’intermédiaire des agriculteurs »21. Aussi il s’agit de
savoir si cet échange contribue à renforcer la sensibilité d’appartenance à un territoire : « Le
territoire est une appropriation à la fois économique, idéologique et politique -donc socialede l’espace par les groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de
leur histoire, de leur singularité »22.
On peut avancer que les circuits courts influent sur le « rapport spatial » des acteurs de
l’échange tel que Di Méo l’entend c’est-à-dire « la manière dont l’individu vivant en société
pratique l’espace au quotidien, se le représente, établit des relations tantôt relationnelles,
tantôt affectives avec ses lieux de vie23 ». Aussi, à l’échelle de Rennes Métropole, le système
de circuits courts fait partie intégrante de « l’espace de vie ».
L’hypothèse formulée est que les circuits courts alimentaires créent une plus-value
territoriale en contribuant au lien ville-campagne et à la prise de conscience
environnementale. En d’autres termes, en quoi les circuits courts alimentaires modifient-ils
l’opacité de l’espace de vie?
Dans un premier temps, nous décrirons la méthodologie adoptée pour pouvoir répondre à
la problématique puis nous exposerons les premiers résultats. Ensuite, les éléments essentiels
du travail seront réunis pour faire ressortir les particularités et complémentarités des modalités
étudiées. Nous terminerons en replaçant les résultats en vue d’un apport à la gestion
environnementale d’une communauté d’agglomération.
20
L’écoumène est l’ensemble des terres anthropisées (habitées ou exploitées par l’Homme).
LE CARO Y., « La vente directe dans le tissu socio-spatial en Bretagne : contribution d’un géographe. ».
22
DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires.
23
DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires.
21
15
2 - APPREHENDER UN TERRITOIRE A TRAVERS LES CIRCUITS COURTS
ALIMENTAIRES
Pour pouvoir analyser les circuits courts alimentaires présents à Rennes Métropole, il
s’agit tout d’abord d’établir une base de données des dispositifs recensés puis d’en tirer les
informations nécessaires à l’étude à travers une enquête.
2.1 - Méthodologie : collecte et construction de la donnée
L’enquête s’insère plus globalement dans un état des lieux du territoire de Rennes
Métropole. Elle s’est déroulée d’avril à juin 2007 et a été réalisée avec l’aide d’étudiants de
Licence 1 Géographie-Aménagement de Rennes 2.
Mener conjointement au recensement non exhaustif des circuits courts alimentaires, les
lieux de ventes enquêtés ont été : les marchés, deux points de vente collectifs et trois systèmes
de ventes par paniers à l’initiative de consommateurs. La modalité « marché » a représenté
une part très importante du travail de terrain puisqu’on compte trente-quatre dispositifs dans
la communauté d’agglomération. Il a fallu comptabiliser pour chaque marché les étals
alimentaires vendant en circuits courts et donc les dissocier des étals de produits
manufacturiers et des étals alimentaires des revendeurs (cf. annexe 4).
Le fait d’utiliser comme clef d’entrée les lieux de vente permet de cibler un panel
associant consommateurs et producteurs. Ainsi l’échantillon n’est représentatif que des
circuits courts les plus organisés ou les plus visibles (marché, point de vente collectif, système
de paniers). C’est pourquoi les autres modalités comme la vente directe à la ferme, qui
nécessitent un recensement passant directement par les exploitations, ne seront pas analysées.
L’étude des circuits courts alimentaires à Rennes Métropole a nécessité un travail de
terrain important puisqu’aucune donnée n’existait au préalable. La contrainte de temps a donc
restreint l’étude à se focaliser uniquement sur les trois modalités : marché, point de vente
collectif et système de panier.
2.1.1 - Recensement et enquête
L’échantillon concerne plus ou moins directement des exploitations agricoles. Malgré
tout, les services statistiques de la Chambre d’Agriculture d’Ille et Vilaine et de la Direction
Départementale de l’Agriculture et de la Forêt ne recensent ou ne communiquent pas les
16
données concernant ce type de production. L’échantillon est par conséquent inséré dans un
recensement qui s’avère être non exhaustif de part les quantités d’activités existantes et de
part les difficultés de collectes d’informations.
La définition des circuits courts alimentaires retenue pour le recensement est celle
mentionnée dans le dictionnaire des circuits courts de la FRCIVAM des Pays de la Loire
(2003) : « voie de commercialisation des produits agricoles transformés ou non, pour laquelle
il n’y a au maximum qu’un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. La
vente directe est dans tout les cas considérée comme un circuit court, la vente intermédiaire
l’est s’il n’y a qu’un seul intermédiaire (physique ou moral) ».
Les personnes ressources pour monter la base de données du recensement ont été celles
des réseaux :
-
Agrobio 35
-
Accueil Paysan 35
-
Bienvenue à la Ferme
-
Interbio Bretagne
-
Le GIE Manger Bio 35 (restauration collective)
-
Les GIE des points de vente collectifs de Brin d’Herbe et Douz’Arômes
-
La préfecture d’Ille et Vilaine qui a fournie la liste des marchés (cf. annexe 3)
A rajouter à cela les recherches Internet par mots clefs, les adresses données au fil des
rencontres professionnelles ou non et surtout le démarchage sur les marchés durant la
distribution des questionnaires.
2.1.2 - Description des lieux de vente étudiés
En ce qui concerne les marchés, les producteurs ont été enquêtés aussi bien sur les
marchés urbains que périurbains. On dénombre quatorze marchés rennais et vingt-et-un
marchés dans le reste de l’agglomération. Les données sur les consommateurs des marchés
sont issues uniquement d’enquêtes du marché de Lices. Il se situe au cœur du centre ville de
Rennes et a lieu tous les samedis matins. C’est un des plus grands marchés de France. Sa
réputation lui confère une clientèle particulière et donc des résultats d’enquête spécifiques qui
ne valent pas pour la totalité des marchés. Il a été choisi pour sa forte fréquentation et donc
pour une distribution d’enquêtes plus aisée.
Les points de vente collectifs étudiés sont le magasin Brin d’Herbe de Vezin le Coquet et
Douz’Arômes situé à Betton. Deux magasins de producteurs situés en proche périphérie de
17
Rennes. Le premier a la particularité de vendre des produits majoritairement biologiques et
pour certains issus de l’agriculture durable tandis que le second vend des produits qualifiés de
« fermiers ».
Les trois systèmes de vente par panier ont tous été créés à l’initiative de consommateurs.
L’un est un groupement d’achat et les deux autres sont de types AMAP24 mais ne souhaitent
pas pour autant se constituer sous cette forme.
Figure 3 : Exemple de point de vente collectif, le magasin Brin d’Herbe
2.1.3 - Passation des questionnaires
Pour mieux appréhender la question des circuits courts alimentaires,
il paraît
indispensable d’interroger autant les consommateurs que les producteurs. L’opportunité de
travailler avec un groupe d’étudiants sur le sujet a clairement défini le choix de traiter le sujet
par questionnaire. Son élaboration n’a pu être précédée d’entretiens exploratoires à cause des
contraintes de temps du calendrier scolaire. L’objectif étant de caractériser l’offre et la
demande tant socialement que spatialement. Un questionnaire a été construit pour les
producteurs et un second pour les consommateurs (cf. annexes 1 et 2). Les points principaux
sont les motivations d’usage de ces circuits, les pratiques de production ou de consommation
et le rapport à la vente directe (régularité de fréquentation, part de la vente directe…).
24
AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne
18
Dans la mesure du possible, ceci étant lié à leur disponibilité ou à leur intérêt porté à la
démarche, les producteurs ont répondu au questionnaire sur leur lieu de travail. Cette
technique s’est avérée être la plus efficace au contraire d’une passation avec un retour différé
qui a montré un taux de retour très faible. Les quelques refus de réponses semblent être dus à
la méfiance et à la volonté de ne pas divulguer des informations les concernant. Cela explique
également dans les questionnaires remplis les non-réponses aux questions du lieu de
l’exploitation et du chiffre d’affaires.
Les marchés étant traditionnellement un lieu de prospection en tout genre, les
consommateurs ont été assez méfiants en montrant leur manque de temps ou d’intérêt justifié
ou non par la période des deux élections présidentielles et législatives 2007. Concernant les
points de vente collectifs, les consommateurs ont été plus attentifs et ont répondu plus
directement au questionnaire. Enfin, les organisations de vente par paniers ont globalement
montré de l’intérêt et ont répondu autant en passation directe qu’en retour différé de
questionnaire. Seules les organisations de vente par paniers dont l’initiative vient du
consommateur et non du producteur ont été interrogées cela dans le but d’avoir un taux de
retour important (50%). A Rennes Métropole, il existe trois organisations de vente par paniers
à l’initiative de consommateurs et deux à l’initiative de producteurs.
A noter que les questionnaires étaient particulièrement conséquents
puisque le
questionnaire consommateur était long d’une page recto-verso et le questionnaire producteur
long de deux recto et un verso. Cela peut expliquer certains refus de réponses.
Au terme de l’enquête, l’échantillon consommateur se constitue de :
-
Au total, 99 enquêtés
-
42 enquêtés sur le marché des Lices dont 14% dans l’allée des produits biologiques
-
29 enquêtés dans les points de vente collectifs (Brin d’Herbe et Douz’Arômes)
-
28 enquêtés dans les organisations de vente par paniers à l’initiative de
consommateurs
L’échantillon producteur se constitue de :
-
Au total, 42 enquêtés complétés par trois entretiens semi-directifs (un producteurvendeur sur les marchés et en système panier, un producteur-vendeur en point de vente
collectif, une productrice-animatrice de système panier).
-
35 enquêtés sur les marchés
19
-
5 enquêtés dans les points de vente collectifs
-
2 enquêtés dans les systèmes paniers
2.2 - Profils des échantillons
Il s’agit de savoir quelle est la population concernée par l’objet d’étude et connaître les
particularités des échantillons consommateur et producteur.
2.2.1 - Caractéristiques de l’échantillon consommateur
Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon (99 enquêtés)
Marché des
Lices
Points de
vente
collectifs
Systèmes
panier
Population
Echantillon
de Rennes
Métropole
25
Sexe :
- masculin
60%
28%
43%
45%
/
- féminin
40%
72%
57%
55%
/
19%
7%
50%
24%
59%
- de 35 à 44 ans
12%
24%
19%
14%
13%
- de 45 à 54 ans
16,5%
52%
21%
31,5%
10,6%
- 55 ans et plus
52,5%
17%
10%
30,5%
17,4%
2
2,8
2,6
2,6
2,25
- Agriculteurs exploitants
0%
0%
0%
0%
0,5%
- Artisans, commerçants et chefs
0%
0%
0%
5%
3,7%
7%
21%
19%
10,5%
13,8%
- Professions Intermédiaires
36%
69%
53%
52%
17,3%
- Employés
5%
3%
0%
4,5%
12,1%
- Ouvriers
2%
3%
3,5%
4%
14,6%
- Retraités
36%
3%
3,5%
16%
22%
- Autres personnes sans activité
7%
0%
21%
8%
15%
Age :
- moins de 35 ans
Taille moyenne du ménage
CSP :
d'entreprise
- Cadres et professions intellectuelles
supérieures
professionnelle
25
Les chiffres de la communauté d’agglomération rennaise sont tirés de : Insee Bretagne – Flash d’OCTANT –
N°94 – Janvier 2004
20
Ce premier tableau permet d’avoir un regard global du panel consommateur même si on y
remarque déjà des disparités parmi les lieux de vente. On doit souligner malgré tout que les
moyennes sont peu significatives étant donné le faible nombre d’enquêtés.
L’échantillon est composé à 55% de femmes. L’âge moyen est de 48 ans et les deux tiers
des consommateurs ont plus de 45 ans. La taille du ménage moyen est de 2,6 personnes. Plus
de la moitié fait partie des professions intermédiaires et 16% sont des retraités.
Comparativement aux chiffres de la population de Rennes Métropole datant de 1999, l’âge
moyen était de 36 ans et la taille du ménage moyen de 2,25 personnes. La répartition des
personnes de référence des ménages par catégories socioprofessionnelles à Rennes Métropole
montrait que les groupes dominant sont les retraités à 22% et les professions intermédiaires à
17,3%26. Les consommateurs des circuits courts sont donc principalement des professions
intermédiaires, d’un âge assez avancé et dont le ménage est encore bien constitué.
En confrontant les lieux de vente, on remarque que si la parité homme-femme est
relativement respectée, les points de vente collectifs montrent une forte domination des
femmes (72%). Les marchés ont une clientèle âgée (52% ont plus de 55 ans) et avec un petit
ménage. A l’inverse celle de la vente par paniers est jeune (la moitié a moins de 35 ans) et les
familles les plus nombreuses semblent consommer dans les points de vente collectifs car le
taille
du
ménage
moyen
y
est
de
2,8
personnes.
Concernant
les
catégories
socioprofessionnelles, le marché des Lices a une clientèle assez hétérogène mais
principalement divisé entre les professions intermédiaires (36%) et les retraités (36%). Les
consommateurs des points de vente collectifs sont en grande majorité des professions
intermédiaires (69%) et des cadres (21%) tout comme la vente par panier, respectivement
53% et 19% à la différence ici que 21% sont sans activité professionnelle (étudiants et
chômeurs).
2.2.2 - Caractéristiques de l’échantillon producteur
Cet échantillon ne peut en aucun cas être représentatif de la diversité des modes de vente
en circuits courts. Il représente à 83% les vendeurs des marchés même si ces derniers utilisent
parfois d’autres circuits courts pour écouler leurs produits. Le nombre de producteurs
concernés directement par la vente en magasins collectifs ou fournissant des systèmes de
paniers étant faibles comparativement au nombre de producteurs présents sur les marchés,
l’échantillon s’en trouve déséquilibré. La passation des questionnaires est en effet efficace sur
26
Les chiffres de la communauté d’agglomération rennaise sont tirés de : Insee Bretagne – Flash d’OCTANT –
N°94 – Janvier 2004
21
les marchés où les producteurs sont nombreux et regroupés. A l’inverse pour les autres types
de vente, les producteurs sont éloignés du magasin ou du dépôt de paniers ce qui oblige à
distribuer les questionnaires durant les réunions avec ensuite un retour différé. Le taux de
retour est très faible.
Malgré tout, les marchés représentant la plus grosse part en volume d’échanges en circuit
court et étant historiquement le lieu privilégié de la vente directe, leurs producteurs-vendeurs
tiennent un rôle particulier pour caractériser l’offre et l’évolution des motivations ainsi que
l’aire d’approvisionnement d’un bassin de consommation. C’est pourquoi les producteurs
directs ont été répertoriés autant que possible même lorsqu’ils ne répondaient pas à l’enquête.
On a alors une aire de chalandise de 61 producteurs-vendeurs sur les marchés, 31 producteurs
adhérents et 70 dépositaires-vendeurs dans les points de vente collectifs, 17 producteurs
fournissant les systèmes paniers.
Tableau 2 : Caractéristiques de l’échantillon (42 enquêtés)
Echantillon
Ille et Vilaine27
Sexe :
- masculin
79%
- féminin
21%
Age :
- moins de 35 ans
21%
12,9%
- de 35 à 44 ans
23%
35,8%
- de 45 à 54 ans
28%
31,6%
- 55 ans et plus
28%
19,7%
Niveau de diplôme :
- égal au BTS
30,5%
- égal au BAC
16,5%
- égal au BEP/CAP
44,5%
- inférieur au BEP/CAP
8,5%
Subventions à l’installation ou à la reconversion :
- oui
24%
- non
76%
Production en agriculture biologique :
- oui
31%
- non
69%
Part de la vente directe dans le chiffre d’affaires :
27
- plus de 80%
72%
- entre 50% et 80%
17%
- moins de 50%
11%
Les chiffres de l’Ille et Vilaine sont tirés de : Agreste – RA 2000, Enquête Structure 2005
22
Les personnes ayant répondu sont majoritairement les chefs d’exploitations ou associés de
l’exploitation (GAEC). Treize d’entre eux ont la certification Agriculture Biologique. Dans
certains cas, ce sont les employés vendeurs sur les marchés qui ont répondu (quatre cas). Le
niveau de diplôme moyen est égal au BEP/CAP mais presqu’un tiers possède un diplôme égal
à BAC + 2 (généralement BTS). 79% des personnes interrogées sont des hommes et la
moyenne d’âge est de 47 ans ce qui est légèrement supérieur à la moyenne d’âge du
département (45 ans).
En comparant aux chiffres du département de l’enquête structure 2005, on remarque que
l’échantillon a une répartition des classes d’âges beaucoup plus homogène. Les tranches d’âge
des 45 à 54 ans et des plus de 55 ans sont les plus importantes dans l’échantillon au contraire
des chiffres de l’Ille et Vilaine où ce sont les classes d’âge des 35 à 44 ans et des 45 à 55 ans.
Cependant, on peut affirmer que le dynamisme de l’échantillon est incontestable puisque les
moins de 35 ans représentent 21% des exploitants ce qui est très supérieur à la moyenne
départementale.
Presque la moitié de l‘échantillon est constitué de maraîchers, 14% de producteurs de
viande rouge (bœuf, porc et charcuterie) et 10% de producteurs de volaille, 10% sont des
paysans boulangers, 11% produisent du fromage et 8% sont producteur-transformateurs (lait,
yaourt, miel…). Ces chiffres correspondent dans l’ensemble à ceux recensés dans toute
l’agglomération rennaise (figure 4).
Figure 4 : Part des différentes productions vendues dans les circuits courts de Rennes Métropole
Source : Enquête terrain, Accueil Paysan, Bienvenue à la ferme, Inter Bio Bretagne, Agrobio 35
23
En résumé, les consommateurs sont beaucoup plus âgés que la moyenne de
l’agglomération et ont un ménage plus grand. Ce sont généralement des familles bien
constituées ou des retraités.
Les productions les plus présentes concernent les légumes et les viandes. En moyenne, les
producteurs sont légèrement plus âgés que celle du département mais on remarque un fort
dynamisme chez les jeunes puisque le chiffre de la tranche d’âge des moins de trente cinq ans
est largement supérieur à celui de l’Ille et Vilaine.
Les particularités de la population utilisant les circuits courts étant maintenant ciblées, la
prochaine étape vise à savoir quelles sont les caractéristiques de leurs usages. Producteurs et
consommateurs ont-ils les mêmes motivations? Vivent-ils sur le même territoire ? Quels sont
les moteurs du dynamisme des dispositifs ?
3 - PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS : QUELS LIENS POUR QUEL
TERRITOIRE ?
Pour pouvoir cerner l’existence potentielle d’un territoire commun entre producteur et
consommateur, il est nécessaire de confronter leurs pratiques tant dans leurs finalités que dans
leur insertion dans l’espace.
Il s’agit de connaître tout d’abord les motivations d’usage des circuits courts par les
consommateurs et producteurs, ensuite de visualiser l’implantation territoriale des aires de
chalandises et d’approvisionnement et saisir le dynamisme des dispositifs.
3.1 - Motivations d’usage des circuits courts
Si l’échange dans un circuit court tient le même rôle que dans un circuit long, c’est à dire
satisfaire l’offre et la demande, il n’en demeure pas moins que les motivations qui l’ont
provoqué sont différentes.
24
Tableau 3 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs sur la base de l’échantillon total (en %)
Marchés
Echantillon total
Motivations*
Points de
vente collectifs
Systèmes de
paniers
faible
Forte
faible
forte
faible
forte
faible
forte
Le goût
15
76
26
74
0
93
14,5
64
La fraîcheur
15
73
19
81
0
86
25
53,5
La relation avec le producteur
28
60
43
57
20,5
55
14,5
71
Le soutien aux paysans
33
60
52
45,5
31
59
7
89,5
L’accueil
30
59
31
69
24,5
55
39
46,5
Le consommer local
39
53
62
35,5
31
59
14
75
La connaissance du type de
production
45
46
62
35,5
48
35
17,5
75
La confiance en l’agriculture bio
45
44
67
30,5
38
52
21,5
57
La transparence de la
transaction
48
42
67
33
41
38
28,5
60,5
La gamme disponible
43
34
50
50
24
31
53,5
14,5
L’apparence
50
30
59
38,5
35
23,5
53,5
21,5
Le conditionnement
54
30
76
21,5
38
31
39
43
La commodité
d’approvisionnement
54
25
71
29
38
24
46,5
21,5
Les heures d’ouverture
56
25
62
35,5
28
31
78,5
4
Le prix
53
21
67
33
41
24,5
46,5
3,5
* L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les
faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des
motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau.
Les motivations des consommateurs sont ici clairement identifiées. Il apparaît que le goût
des produits et leur fraîcheur sont les motivations principales. Viennent ensuite l’aspect
relationnel et le soutien de l’agriculture locale. Même si globalement ces motivations se
démarquent, les différents types de lieux de vente montrent des consommateurs spécifiques à
chacun d’entre eux.
70% producteurs utilisant les circuits courts le font pour le contact direct avec le
consommateur. C’est sous doute le meilleur moyen pour eux de valoriser leurs produits, 45%
pensent que cela contribue à la diffusion de bonnes pratiques agricoles.
25
Tableau 4 : Hiérarchisation des motivations des producteurs utilisant les circuits courts (en %)
Echantillon total
Motivations*
La relation avec le consommateur
faible
moyenne
Forte
18
12
70
La diffusion de bonnes pratiques agricoles
43
12
45
L’intérêt économique par les prix
40
24
36
La dynamique avec les citoyens
62
9
29
La reprise d’activité
69
7
24
La dynamique entre producteurs
62
17
21
L’intérêt économique par les quantités
79
14
7
La commodité livraison-distribution
76
19
5
L’usage d’intermédiaires
90
10
0
* L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une
grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et
les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10.
En croisant les tableaux des motivations des producteurs et des consommateurs, quatre
thèmes apparaissent. Les circuits courts valorisent un échange dans lequel le producteur et le
consommateur trouvent des intérêts communs représentés par l’aspect relationnel, la
dimension éthique, la démarche citoyenne et enfin dans l’acte purement économique de
l’échange même si ce dernier ne représente que la partie émergée de l’iceberg.
3.1.1 - Consommer et produire, acheter et vendre
L’échange doit satisfaire les intérêts économiques des deux acteurs. La particularité des
circuits courts est que le produit est vendu par son producteur qui doit répondre au attentes du
consommateur direct.
- Les producteurs-vendeurs
A la question des motivations d’usage des circuits courts, deux producteurs ont répondu
catégoriquement en réponse ouverte : « c’est mon gagne-pain ! » et « vendre mon travail ».
Ces citations soulignent la réalité économique mais également la volonté de valoriser son
travail en utilisant les circuits courts. Supprimer les intermédiaires présents dans les circuits
de l’agroalimentaire a pour objectif la ré-appropriation de sa production et est le résultat de
l’examen comparatif coût/recette entre circuits longs et circuits courts. Ce mode de mise en
vente impose une double casquette, celle du producteur et du vendeur. Mettre en vente ses
26
produits soi-même est une charge de travail supplémentaire. 72% évoquent le temps passé et
les astreintes comme l’inconvénient principal du métier.
Les caractéristiques des enquêtés :
-
en moyenne, ils font 83% de leur chiffre d’affaires en vente directe et la moitié en
réalise la totalité.
-
69% des producteurs ne font pas l’objet d’une reprise d’activité et ont donc choisi
volontairement les circuits courts pour vendre leurs produits.
-
L’intérêt économique de ce type de mise en vente est clairement lié aux prix pratiqués
(36%) plus qu’à la quantité vendue (7%). C’est donc la qualité qui prime sur la qualité.
Le prix des produits se fixe surtout au regard des étals des autres producteurs et dans une
moindre mesure de celui des GMS28. Pour les produits biologiques, les producteurs ont en tête
les prix des magasins Biocoop situés en périphérie de Rennes.
- Les consommateurs-acheteurs
La principale raison de fréquentation de ces lieux de vente est la qualité du produit vendu.
76% ont mentionné le goût et 73% la fraîcheur comme des motivations fortes. Les produits
d’appel sont globalement les légumes et le pain mais cela varie fortement en fonction du lieu
de vente. En points de vente collectifs, les achats se portent majoritairement sur les viandes
(rouge, blanche et charcuterie).Dans les paniers on trouve surtout du pain, du fromage et des
légumes. Sur le marché des Lices, ce sont les fruits et légumes ainsi que le poisson et les fruits
de mer qui attirent le plus (tableau 5).
Tableau 5 : Choix du produit selon le lieu d’achat (% de consommateurs ayant cité le produit)
Choix de produit
Echantillon
total
Points de
vente
collectifs
Vente par
paniers
Marchés
76
52
49
45
44
33
32
28
22
19
17
15
13
10
76
59
41
45
86
69
3
55
52
21
17
17
17
10
61
79
14
71
21
0
29
18
7
43
32
29
4
21
88
31
79
29
31
31
55
17
12
2
7
5
17
2
Légumes
Pain
Fruits
Fromage
Viande rouge
Volaille
Autres (dont poissons et fruits de mer)
Œufs
Charcuterie
Yaourts
Confitures
Boissons
Miel
Lait
28
GMS : Grandes et Moyennes Surfaces
27
Une partie du questionnaire est réservée à la perception qu’a le consommateur de ses
dépenses dans les circuits courts. Il est nécessaire d’émettre des réserves quant à la fiabilité du
résultat « budget consacré » car il ne concerne seulement que quarante six enquêtés dû au fort
taux de non-réponse à cette question. Par exemple seuls deux enquêtés sur le marché des
Lices ont répondu à cette question. Ici apparaît un biais car on peut considérer que les
personnes ayant accepté de répondre font partie des consommateurs les plus motivés. De plus,
ce résultat est basé sur des estimations de consommateurs et non sur un calcul fiable de leur
budget.
C’est pourquoi l’analyse du budget consacré se porte uniquement sur une comparaison de
la perception des dépenses entre les consommateurs des points de vente collectifs et des
systèmes de panier avec comme point de comparaison un chiffre de la consommation
alimentaire nationale : En 2004, les ménages français consacrent en moyenne 17,5% de leur
budget total dans l’alimentation, boissons et tabac29.
-
Points de vente collectifs :
La moitié des consommateurs les fréquente au moins une fois par semaine. Ils consacrent
en moyenne 31% de leur budget total dans les dépenses alimentaires, dont 36% sont
consacrés à la vente directe et 29% sont dépensés dans le lieu de vente où ils ont été
enquêtés. Parmi eux 42% dépensent plus de 50% de leur budget alimentaire dans ce lieu.
Les autres types de vente fréquentés en circuit court sont à 82% les marchés et seulement
à 6% pour d’autres lieux de vente directe.
-
Vente par panier:
Les consommateurs consacrent en moyenne 24% de leur budget total dans les dépenses
alimentaires, dont 34% sont consacrés à la vente directe et 23% sont dépensés dans le lieu
de vente où ils ont été enquêtés. Les autres types de vente fréquentés en circuit court sont
à 92% les marchés et à 54% d’autres lieux de vente directe.
Ainsi, ces deux types de consommateurs dépensent un tiers de leur budget alimentaire
dans la vente directe. Les acheteurs de paniers dépensent dans d’autres circuits courts alors
que ceux des points de vente collectifs sont plus fidélisés. Cela s’explique par la différence de
gamme disponible entre ces deux modes de vente qui est souligné dans le tableau des
29
Source INSEE : « Compte de la nation », base 2000.
28
motivations de fréquentation (tableau 3). Les consommateurs des points de vente collectifs
sont plus satisfaits par la gamme offerte que ceux des ventes par paniers.
La relation producteur-consommateur est une motivation forte et commune chez les deux
acteurs de l’échange. 62% des producteurs et 60% des consommateurs l’ont mentionnée. Mais
cet aspect relationnel est pour l’acheteur différent selon les points de vente.
Sur les marchés, il s’apparente à la convivialité du lieu puisque la qualité de l’accueil est
plus mentionnée que la relation au producteur. Le marché fait vivre un quartier et est un lieu
de rencontre. 81% le connaît parce qu’il est proche de leur logement. Faire le marché est
synonyme de détente. L’acte d’achat prend alors une autre dimension que celle purement
économique. Par exemple, les conseils de préparation des produits donnés par le producteur
sensibilisent l’acheteur et valorisent sa production. C’est une manière de fidéliser le client
mais qui créé à la longue un lien social indéniable. 63% des producteurs considèrent la fidélité
de leur clientèle comme bonne et 20% comme excellente.
Pour les systèmes paniers, c’est la relation directe et l’idéologie commune avec le
producteur qui prime sur l’accueil car les acheteurs ont ici un rôle plus marqué dans
l’échange. Ils tiennent une place financièrement moins anonyme pour le producteur ce qui
leur confère un rôle particulier, allant même jusqu’au droit de regard sur la qualité des
pratiques agricoles. Ainsi la transparence de la transaction (60%) et la connaissance du type
de production (75%) leur importent beaucoup. Le lien social créé ici est directement lié à la
volonté de connaître le producteur à travers son métier, sa production et les problèmes qui y
sont associés. 89,5% des consommateurs de paniers mentionnent le soutien à l’agriculture
paysanne comme une motivation forte d’achat. Ce sont des consommateurs qui se connaissent
hors du lieu d’achat car ils ont pour la plupart d’entre eux connu leur système panier par
l’intermédiaire du réseau amical ou familial (37%), du réseau associatif (17%) ou du réseau
professionnel (8%) (Tableau 6). La cohésion est donc forte.
Tableau 6 : Moyens de diffusion de l’existence des lieux de vente
Moyen de diffusion
Proximité lieu de vente-logement
Bouche à oreilles
Publicité
Réseau amical ou familial
Réseau professionnel
Réseau associatif
Réputation
A l’origine de l’initiative
Recherche Internet
Proximité lieu de vente-travail
29
Moyenne
Effectif réel
Points de
vente
collectifs
Paniers
Marchés
32
23
10
11
7
7
4
3
1,5
1,5
17
26,5
30
17,5
9
0
0
0
0
0
0
25
0
37
8,3
16,7
0
8,3
4,7
0
81
3,75
0
0
0
0
11,5
0
0
3,75
Les consommateurs en points de vente collectifs sont moins sensibles à l’accueil et à la
relation avec le producteur que ceux des autres lieux de vente. Cela peut être dû au côté
conventionnel de l’échange qui se déroule dans un magasin, certes tenu par des producteurs et
juxtaposé à une exploitation, mais dont l’organisation de l’espace reste mercantile (rayons,
caisse…) et rend l’acte d’achat plus formel. De plus on remarque peu de cohésion entre ces
consommateurs. En effet, le premier moyen de diffusion de l’existence de points de vente
collectif est la publicité suivi du bouche à oreilles (tableau 6).
3.1.3 - Le « consumérisme politique »
L’intégration d’une démarche politique dans l’acte de consommation est défini par Sophie
Dubuisson-Quellier30 comme le « consumérisme politique » : « Introduite avant tout par les
sciences politiques, cette notion vise à restituer l’engagement des consommateurs dans le
débat politique, aux côtés d’autres formes de participation politique alternatives aux formes
« conventionnelles » (le militantisme et le vote) comme la participation à des réseaux
informels […]. Le consumérisme politique est analysé comme l’expression par les
consommateurs d’un choix de producteurs et de produits sur la base d’une variété de
considérations éthiques et politiques. »31
- Le soutien de l’agriculture paysanne locale
60% des consommateurs ont pour but de soutenir l’agriculture paysanne et 53% désirent
consommer localement (tableau 3). Cela est flagrant dans les systèmes paniers et vrai dans les
PVC. Du côté des producteurs, plus de la moitié de l’échantillon affirme que l’usage des
circuits courts a créé un emploi supplémentaire à ceux existants.
Un exemple concret : un GIE regroupant trois maraîchers a pu créer un emploi grâce aux
trois cents paniers qu’ils fournissent par semaine. L’emploi créé consiste à préparer les
paniers, à les distribuer et à faire le marché des Lices.
Il est évident que l’autonomie que procure l’usage des circuits courts contraste avec le
système productif national. Le producteur est libre de ses choix de mise en marché mais est
guidé par le comportement des consommateurs. Le soutien de l’agriculture paysanne locale
30
Sophie Dubuisson-Quellier est chargée de recherche au Centre de sociologie des organisations et est
responsable du programme C3D. Elle encadre également le travail de Aurélie Cardona qui porte sur l’étude du
pays de Dinan (cf. préambule)
31
Tiré de « Faire le marché autrement », Sophie Dubuisson-Quellier, Claire Lamine – article paru dans Sciences
de la Société n°62, mai 2004.
30
montre que le consommateur se sent impliqué dans le devenir du producteur et que de
l’échange purement économique peut naître un discours commun.
- Ethique et environnement
La volonté de s’affranchir des intermédiaires pour valoriser la production grâce au contact
direct avec le consommateur est vérifiée. Aussi, 29% des producteurs sont motivés dans
l’échange par une dynamique citoyenne (tableau 4). 45% sont fortement motivés par la
diffusion de bonnes pratiques agricoles.
Rappelons qu’un tiers de l’échantillon détient la certification Agriculture Biologique. Le
tableau 7 montre que 61% des producteurs en production biologique utilisent les circuits
courts dans l’idée de diffuser leur pratique agricole contrairement au reste des producteurs qui
y est moins sensibles.
Tableau 7 : Comparaisons des motivations des producteurs en biologique et non-biologique
Total des
producteurs (40)
Motivations*
Producteurs
biologiques (13)
Autres
producteurs (27)
Faible
forte
faible
forte
faible
forte
La relation avec le consommateur
19
70
15
85
22
63
La diffusion de bonnes pratiques agricoles
43
45
31
61
48
37
L’intérêt économique par les prix
40
36
61
31
30
41
La dynamique avec les citoyens
62
29
61
38
63
26
La reprise d’activité
69
24
85
8
59
33
La dynamique entre producteurs
62
21
69
23
59
22
L’intérêt économique par les quantités
79
7
85
15
74
4
La commodité livraison-distribution
76
5
92
8
67
4
L’usage d’intermédiaires
90
0
92
0
85
0
* L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles
motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations
moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau.
Ce type de mise en vente est donc un moyen de valoriser leurs pratiques agricoles. On
remarque que plus le consommateur est intéressé par le type de production et plus le
producteur a un produit de qualité. Cela se vérifie dans les systèmes paniers où les
consommateurs exigent des produits de qualité et de ce fait favorisent le développement d’une
production durable ou biologique. En effet, les trois organisations de vente par panier
enquêtées ont des producteurs dont les pratiques sont biologiques ou durables. Les deux
autres systèmes de paniers existants dans l’agglomération rennaise viennent d’initiatives de
maraîchers en production biologique.
Le contraste est significatif entre les deux points de vente collectifs : Brin d’Herbe vend
majoritairement des produits issus de l’agriculture biologique ou durable ce qui se reflète dans
31
les motivations de fréquentation de ses consommateurs. 68% d’entre eux fréquentent le
magasin car ils ont confiance en l’agriculture biologique (tableau 8). Douz’Arômes qui ne
vend que très peu de produits certifiés biologiques ou durables, a une clientèle peu
sensibilisée à ce type de pratiques agricoles.
Tableau 8 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs dans les points de vente collectifs (en%)
Total des
points de
vente collectifs
Motivations*
Brin d’Herbe
Douz’Arômes
Faible
Forte
faible
Forte
faible
forte
Le goût
0
93
0
90
0
100
La fraîcheur
0
86
0
90
0
80
Le consommer local
31
59
32
58
30
60
Le soutien aux paysans
31
59
32
58
30
60
La relation avec le producteur
20,5
55
26
58
10
50
L’accueil
24,5
55
37
47
10
60
La confiance en l’agriculture bio
38
52
26,5
68
60
20
La transparence de la transaction
41
38
37
42
50
20
La connaissance du type de production
48
35
42
37
60
30
La gamme disponible
24
31
26,5
26,5
20
40
Les heures d’ouverture
28
31
32
26
20
40
Le conditionnement
38
31
37
31,5
40
30
Le prix
41
24,5
47
26,5
30
20
La commodité d’approvisionnement
38
24
42
26
30
20
L’apparence
35
23,5
42
21
20
40
* L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles
motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations
moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau.
La relation entre le producteur et le consommateur peut créer une dynamique allant vers
l’amélioration du mode de production et de consommation, donc vers une meilleure
protection de l’environnement.
Cette première analyse a mis en lumière l’importance accordée à la qualité de la
production, tant du point de vue du consommateur pour le goût du produit que du point de vue
du producteur pour la valorisation de son travail. Le contact présent dans l’échange a une
valeur significative pour les deux acteurs dans le sens où il constitue une plus value à la valeur
du produit. L’engagement politique et éthique fait parti des motivations mais son intensité est
variable selon les dispositifs.
32
3.2 - Circuits courts et opacité de l’espace
La communauté d’agglomération rennaise a la particularité d’être dotée de « ceintures
vertes »
entourant la ville de Rennes et les communes périurbaines. Cette organisation
spatiale particulière laisse penser qu’elle renforce la proximité entre le producteur et le
consommateur, tant du point de vue kilométrique que social. Par conséquent la mobilité est
également un facteur favorisant ce rapprochement.
3.2.1 - Proximité du producteur et du consommateur
La question de la proximité entre les deux acteurs de l’échange a été traitée à travers
plusieurs cartes (cartes 1, 2, 3 et 4). Cette analyse concerne les consommateurs enquêtés ainsi
que tous les producteurs correspondant aux lieux de vente, enquêtés ou non mais dont
l’adresse est recensée. La graphique suivant nous donne une première idée de la répartition de
la production sur le territoire de Rennes Métropole. Les circuits courts alimentaires ont une
production a 78% départementale, c’est-à-dire comprise dans un rayon de cinquante
kilomètres (en prenant Rennes comme point central).
Figure 5: Origine de la production des circuits courts de Rennes Métropole
Source: enquête terrain, Accueil Paysan, Bienvenue à la Ferme, Inter Bio Bretagne, Agro Bio
Premièrement,
on
remarque
une
nette
différence
de
taille
entre
les
aires
d‘approvisionnement des différents types de ventes. Celle des points de vente collectifs
s’étend jusque dans l’Aube à l’Est et en Gironde au sud (carte 2). Le marché des Lices draine
des producteurs de tout l’Ille et Vilaine ainsi que de Loire Atlantique, Mayenne et Côte
d’Armor (carte 1). En ce qui concerne la vente par panier, les distances d’approvisionnement
sont plus courtes comme l’illustre parfaitement les Paniers de St Gilles (carte 3). C’est en
effet une volonté de leur part que de se fournir au plus proche de chez eux au contraire du
33
Panier Hiroko qui privilégie la production biologique dont les exploitations sont situées au
sud-ouest de Rennes (région de Guichen).
L’exigence du consommateur est fonction du type du produit, de sa qualité et donc de sa
rareté. En conséquence plus la variété des produits consommés est grande et de qualité, et plus
cela suggère de s’approvisionner loin du lieu de consommation. Ainsi Brin d’Herbe propose
du vin biologique venant de Gironde et Douz’Arômes du champagne biologique de l’Aube. A
contrario, les produits de consommation courante (si l’on considère le vin comme n’en faisant
pas partie) sont produits dans un rayon beaucoup plus restreint (tableau 9).
Tableau 9 : Corrélation entre le lieu de production et la fréquence de consommation du produit (en
FORTE
- Distance -
FAIBLE
nombre de producteurs)
Légumes
Produits
laitiers
Pain
Viande
Boisson (jus
de pomme,
vins…)
Autres
produits
transformés
Total
155,33
99,36
54,11
36,1
/
/
/
Rennes métropole
13
6
0
10
2
1
36
Ille et Vilaine
21
10
4
20
4
5
73
Départements
limitrophes
10
3
1
2
3
6
27
Autres
départements
1
0
0
0
6
0
7
Total
45
19
5
34
15
12
143
Quantité moyenne
consommée par
personne en 2003
(en kg)
FORTE
- Régularité de consommation -
FAIBLE
Source : Enquête terrain 2007, INSEE « compte de la nation », base 2000.
Deuxièmement, la proximité géographique entre le lieu d’exploitation et le consommateur
direct n’est pas significative dans le sens où les aires de chalandises ne se constituent pas
autour des exploitations mais autour des points de vente. Bien sûr la notion de proximité en
circuits courts est à relativiser au regard des distances parcourues par les produits en circuits
longs. La localisation du lieu de vente tient alors tout son rôle. Il se doit d’être au plus proche
du consommateur visé, consommateur qui on l’a vu est différent selon les dispositifs.
Ainsi au marché des Lices (carte 1), situé au cœur du centre-ville de Rennes, 69% des
consommateurs sont rennais. Sa réputation et sa taille (250 étals) attirent le consommateur
(parfois touriste) jusque dans les départements limitrophes au contraire des autres dispositifs.
C’est un consommateur qui est là pour acheter et flâner qu’il y ait ou non ses habitudes
d’achats. Le marché tient un rôle de vitrine de la ville et de vie de quartier même si les Lices
34
atteint une dimension plus grande, quasi urbaine. Sa localisation est historique puisqu’elle
date au moins du 16ème siècle. Il est doté d’infrastructures permanentes (halles) qui renforcent
son statut exceptionnel.
Carte 1 : Le marché des Lices, aires d’approvisionnement et de consommation
35
Les magasins de producteurs (carte 2) ont une clientèle majoritairement périurbaine (62%)
même si leurs lieux de vente sont implantés aux portes de la ville. Lors du dépouillement de
l’enquête, les aires de chalandises de Douz’Arômes à Betton (commune située au nord de
Rennes) et du Brin d’Herbe de Vezin le Coquet (commune située à l’ouest de Rennes) ont
montré qu’elles ne se recoupaient pas sauf pour les consommateurs d’origine rennaise. Les
points de vente collectifs sont donc suffisamment éloignés pour ne pas se concurrencer et ne
pas toucher le même bassin de consommation. Le sentiment de proximité entre le
consommateur et le producteur est renforcé par le fait que c’est le producteur qui vend
directement son produit au consommateur.
Carte 2 : Les points de vente collectifs, aire d’approvisionnement et lieux de vente
36
La vente par panier (carte 3) fonctionne principalement par dépôt des produits au plus
proche des consommateurs. Le dépôt des Paniers de St Gilles se situent au cœur de la
commune puisque la majorité des consommateurs y habitent. Leurs producteurs ont été
choisis en fonction de leur proximité. Dans le cas du Panier Hiroko et de Vivres en Commun,
les producteurs sont plus dispersés mais se regroupent lors des livraisons pour distribuer d’un
seul tenant les paniers aux dépôts situés en centre-ville de Rennes. L’éloignement entre le
consommateur et l’exploitation est atténué soit par des visites ponctuelles des fermes, soit par
le contact directe avec le producteur lors de la distribution des paniers.
Carte 3 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de consommateurs
37
Lorsque ce sont les producteurs qui sont à l’initiative d’une vente par panier (carte 4), les
quantités distribués et le nombre de dépôts deviennent beaucoup plus importants. Les Paniers
du Giraumon fournissent plus de trois cents paniers par semaine pour neuf dépôts, les Jardins
du Breil deux cents cinquante paniers pour seize dépôts. On peut venir chercher son panier
directement chez le producteur mais pour la majorité des acheteurs, ils n’ont pas ou peu de
contact avec le producteur.
Carte 4 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de producteurs
38
3.2.2 - Mobilité et consommation
Le dispositif fréquenté conditionne les déplacements. En effet l’enquête montre que les
deux tiers de l’échantillon habitent à moins de quinze minutes et à moins de quatre kilomètres
du lieu de vente.
60% n’ont pas indiqué à quelle distance se situait le lieu de vente de leur lieu de travail.
Les personnes ayant répondu le plus à la question de la distance entre leur travail et leur lieu
d’achat fréquenté sont les consommateurs des points de vente collectifs. Les horaires
d’ouvertures et leurs localisations se prêtent plus facilement à la consommation en sortant du
travail que les marchés ou la vente par paniers. De plus, les magasins sont situés en proche
périphérie de Rennes, donc sur les trajets domicile-travail entre le pôle urbain de Rennes et la
zone résidentielle périurbaine. Les trajets domicile-travail, fréquents et courts, sont les
principaux déterminants de la mobilité locale32.
Tableau 10 : Eloignement du domicile au lieu de vente en temps (en %)
Paniers
Point de vente
collectif
Marché
Moins de 10 minutes
48
39
23,5
Entre 10 et 19 minutes
30
48
58
Entre 20 et 29 minutes
15
9
8
Plus de 30 minutes
7
4
10,5
TEMPS
Tableau 11 : Eloignement du domicile au lieu de vente en distance (en %)
DISTANCE
Moins de 2 km
De 2 à 4 km
De 5 à 9 km
De 10 à 19 km
20 Km et plus
Paniers
Point de vente
collectif
Marché
36
36
7
11
11
4
42
17
37
0
37,5
32,5
12,5
5
12,5
Les aires de chalandises des paniers et du marché des Lices sont grandes mais concentrées
vers le lieu de vente. Celles des points de vente collectifs sont plus petites mais resserrées aux
alentours de dix kilomètres du magasin. Au regard du temps domicile-lieu de vente, la
modalité point de vente collectif se prête beaucoup mieux à l’usage de la voiture que les
32
MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE, 2006, Mobilité transport et
environnement. Rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement.
39
autres modalités étudiées. A signaler que les points de vente collectifs sont situés en bordure
d’un grand axe de circulation. A l’inverse le marché montre un accès à pieds car les personnes
habitent près du lieu de vente mais mettent entre dix et vingt minutes à y accéder. La modalité
de système panier renforce également l’idée de proximité car la moitié de ses usagers loge à
moins de dix minutes du lieu de dépôt.
Les déplacements sont réguliers et fréquents :
-
72% viennent aux Lices une fois par semaine
-
52% consomment au moins une fois par semaine dans les points de vente collectifs
-
Aux Paniers de St Gilles, la totalité consomme une fois par semaine, au Panier Hiroko,
85% consomment une fois par semaine. A Vivres en Commun, 60% consomment
deux fois par mois
Comme démontré auparavant, ce n’est pas seulement la qualité du produit qui motive à
consommer dans ces lieux puisque 30% estiment qu’ils peuvent trouver les mêmes produits
plus près de chez eux. Lorsque c’est le cas, 44% les trouvent dans le marché qui se situe le
plus près de leur domicile. Aussi, la quasi totalité de l’échantillon consomme ailleurs que sur
le lieu de vente sur lequel ils ont été enquêtés : 75% ont mentionné les marchés, 64% les
grandes surfaces, 61% les supérettes et 24% d’autres lieux de vente directe. Beaucoup des
consommateurs de paniers consomment dans d’autres circuits courts : 92% sur les marchés et
la moitié dans d’autres lieux de vente directe. C’est moins vrai pour ceux qui fréquentent les
autres dispositifs en particulier le marché des Lices.
La forte proximité « lieu de vente-consommateur » ainsi que l’intensité de la fréquentation
démontrent une augmentation de l’opacité de l’espace du point de vue de la demande. Aussi,
les lieux de production des circuits courts ont une implantation départementale homogène au
contraire des lieux de vente qui gravitent autour du bassin de consommation rennais. Ceci est
bien démontré à travers les cartes 5 et 6 de la prochaine partie qui montrent que l’implantation
des marchés et de leurs nombre d’étals augmentent à l’approche de Rennes et de son centreville.
40
3.3 - Dynamisme des circuits courts
Parmi les modalités recensées, certaines sont apparues récemment alors que d’autres ont
une existence traditionnelle. Le dynamisme s’exprime dans leur évolution et dans leur mode
de fonctionnement, à savoir s’il y a une concertation entre les producteurs-vendeurs et les
autres acteurs permettant l’échange (consommateur, municipalité, placier…).
3.3.1 - Les marchés
Les marchés sont en volume la modalité principale des circuits courts. Selon les travaux
de Frédéric Dénéchère, le chiffre d’affaires de l’ensemble des marchés de Rennes Métropole
est situé entre quatre et neuf millions d’euros, ce qui représente entre 60 et 75% du chiffre
d’affaires total des circuits courts alimentaires et environ cent soixante emplois33.
Il existe quatorze marchés à Rennes et vingt dans le reste de l’agglomération rennaise. Sur
la totalité, quatorze possèdent moins de dix étals. Tous n’ont pas la prétention d’animer un
quartier et certains ont une fonction de complémentarité auprès des commerces sédentaires.
Figure 6: Le marché des Lices à Rennes
33
DENECHERE F. 2007, « Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire :
concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation », mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale
Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne.
41
Il y a une corrélation entre la taille des marchés et la taille des villes. Quatre marchés de
l’agglomération rennaise se détachent du lot : Pacé, Betton, Bruz et Cesson Sévigné, quatre
des cinq villes les plus peuplées de l’agglomération (carte 5). Seule la ville de St Jacques de la
Lande (10000 habitants) est dépourvue d’un marché proportionnel à sa taille. Elle possède
seulement un marché complémentaire de sept étals alimentaires dont aucun n’est en circuit
court. Cela peut s’expliquer par le fait que la ville est située entre Rennes et Bruz et que son
marché est écrasé par le poids de leurs marchés. Les marchés complémentaires ont une très
faible proportion d’étals alimentaires en vente directe.
Les marchés les plus importants aujourd’hui correspondent au plus anciens. On retrouve
des traces du marché des Lices jusqu’au 16ème siècle et celui de Bruz a été créé en 1950. Ces
deux marchés avec celui du quartier St Thérèse sont les plus gros de la communauté
d’agglomération. Tout comme le rapport proportionnel entre la taille d’une ville et la taille de
son marché, on remarque une corrélation entre l’ancienneté d’un marché et sa grande taille. A
Rennes, les marchés les plus anciens sont chronologiquement Les Lices, St Thérèse,
Villejean, le Landrel (le Blosne) et le marché du quartier Jeanne d’Arc qui possèdent
respectivement 100, 36, 14, 13 et 15 étals alimentaires en vente directe (carte 6).
42
Carte 5 : Les marchés de Rennes Métropole
.
43
Carte 6 : Les marchés de Rennes
44
La moyenne de la part de la vente directe sur le total des étals alimentaires de tous les
marchés est de 24%. Sur les marchés rennais elle est de 28% contre 17,5% sur les marchés du
reste de la communauté d’agglomération. Cette différence peut s’expliquer par le nombre
important de petits marchés de moins de dix étals situés dans les communes périurbaines
(neuf sur vingt) qui sont pour la plupart des marchés complémentaires.
Plus un marché est petit et plus sa part de vente directe est faible. Ainsi les marchés de
moins de dix étals ont en moyenne 16% de produits en vente directe alors que le reste des
marchés atteint les 24%. Les Lices et St Anne se démarquent largement avec respectivement
44% et 57% de produits alimentaires en vente directe. Le marché des Lices montrent que le
maraîchage est la première activité à vocation alimentaire (figure 7).
Figure 7 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe au marché des Lices
Source : Enquête terrain 2007
Figure 8 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe dans les marchés de Rennes
Métropole
Source : Enquête terrain 2007
45
La figure 8 confirme la tendance à l’échelle de l’agglomération en ce qui concerne la
place primordiale du maraîchage dans la vente directe sur les marchés. On note également le
nombre important de petits étals de moins de deux mètres linéaires qui sont occupés par des
produits à forte valeur ajoutée comme le miel ou la boisson (cidre, jus de pomme). Ce type
d’étals est également occupé par des agriculteurs retraités qui vendent en petite quantité tous
les produits de leurs fermes (légumes, œufs, volailles…) et qui leur permet de garder une
activité sociale et un complément financier à leur retraite.
Ensuite, les autres produits présents en vente directe sont le pain à 15% et la viande à
13%. Le problèmes pour ces deux types de produits est qu’ils sont directement confrontés à la
concurrence des artisans des commerces sédentaires présents aux abords des marchés ce qui
est sûrement un frein à leur développement.
Viennent en dernier lieu les produits laitiers qui semblent avoir peine à se développer dû à
la difficulté de transformation des produits (fromage, yaourts), et les fruits dont la faible
abondance d’étals peut s’expliquer par le climat qui n’est pas propice aux cultures fruitières
(les fruits vendus en vente directe sont les pommes et les kiwis).
En 2001, une étude sur les marchés non sédentaires a été menée sur le territoire de Rennes
Métropole34. On peut souligner quelques évolutions durant ces six années passées.
Le nombre de marchés alimentaires est passé de trente-et-un à trente-quatre. Ainsi, ces
cinq dernières années, six marchés se sont créés alors que sur la période 1990-2000, il en est
apparu sept.
Dans la communauté d’agglomération, St Jacques de la Lande, Nouvoitou et Thorigné
Fouillard ont créé leur marché ces cinq dernières années. La commune de Thorigné Fouillard
a créé un second marché en plus de celui existant le dimanche matin, c’est un marché
complémentaire à la zone commerciale mise en place le mercredi après-midi. Ce créneau
horaire est récent pour les marchés (celui de Nouvoitou fonctionne également le vendredi
après-midi) et constitue une adaptation au rythme de travail des consommateurs. Ainsi parmi,
les quatre marchés créés à Rennes depuis 2001 (Robidou/A.Guérin, A.Bayet, St Anne, la
Poterie), deux fonctionnent l’après-midi. St Anne le jeudi et la Poterie le vendredi. Tous les
marchés créés sont de petite taille et ne dépassent pas onze étals alimentaires et quatre étals
alimentaires en vente directe.
34
« Les marchés non sédentaires dans la communauté d’agglomération rennaise », mémoire de Maîtrise de
Géographie, Estelle Touraine, 2001.
46
Depuis 2001, deux marchés ont disparu. Le petit marché du Landrel (le Blosne) situé en
semaine n’existe plus car celui de St Thérèse est très proche. De plus un marché beaucoup
plus important est en place dans le même quartier le samedi matin. Le marché de la commune
de Corps Nuds ne fonctionne plus non plus. En 2001, ce marché vivotait puisqu’il ne comptait
que deux étals alimentaires.
La figure 9 suivant illustre l’adaptation des marchés au rythme de travail des
consommateurs. S’il n’y a pas de marchés le lundi cela est dû à une volonté des communes de
respecter un jour de congé hebdomadaire pour les commerçants ambulants.
Figure 9 : Nombre de marchés par jour
TOTAL DES MARCHES
MARCHES DE RENNES
Nombre de marches
MARCHES DES COMMUNES PE
8
6
4
2
mardi
mercredi
jeudi
vendredi
samedi
dimanche
Source : Enquête terrain 2007
Le mercredi est le jour le plus fourni en nombre de marchés. C’est le jour où l’on retrouve
sur les marchés un grand nombre de mères de familles accompagnées de leurs enfants. Deux
des quatre nouveaux marchés ont été créés le vendredi. Le vendredi est également le seul jour
où deux marchés sont présents l’après-midi (de 15h à 19h30).
De plus les courbes de Rennes et des communes périurbaines ont une tendance inversée
sauf pour le dernier jour de la semaine. Les jours concernés par le temps libre et accentués par
la possibilité de réduction du temps de travail (samedi, mercredi, vendredi) correspondent au
pic du nombre de marchés dans la couronne périurbaine. A l’inverse, les jours où la ville de
Rennes polarise le plus grand nombre de travailleurs (mardi, jeudi) correspondent aux creux
de la courbe.
47
Figure 10 : Nombre d’étals alimentaires en vente directe par jour de marchés
Nombreétals
d'
TOTAL DES MARCHES
MARCHES DE RENNES
125
MARCHES DES COMMUNES PERI-URBAINES
100
75
50
25
mardi
mercredi
jeudi
vendredi
samedi
dimanche
Source : Enquête terrain 2007
Les jours prolifiques en nombre d’étals de vente directe correspondent aux jours où les
marchés sont les plus nombreux et où les consommateurs ont du temps libre (figure 10).
L’acte d‘achat peut être considéré alors comme un plaisir. Globalement, les marchés de
Rennes possèdent plus d’étals en vente directe que ceux implantés dans sa périphérie. Le
caractère exceptionnel du marché des Lices se retrouve dans le pic du samedi puisque il
n’existe que deux marchés ce jour là à Rennes. Il contient à lui seul cent étals alimentaires en
vente directe.
Au total, il y a 333 étals alimentaires en vente directe qui se montent et démontent chaque
semaine à Rennes Métropole. Les marchés sont donc une modalité incontournable des circuits
courts.
3.3.2 - Les points de vente collectifs
Il existe deux GIE (Groupement d’Intérêt Economique) de producteurs ayant monté leurs
magasins tous situés en proche périphérie de Rennes: Brin d’Herbe et Douz’Arômes.
- Brin d’Herbe (carte 2)
Le GIE Brin d’Herbe s’est constitué en 1992 autour d’un groupe de dix adhérents et après
avoir suivi deux années de réflexion et de formation. Le groupe, dont certains d’entre eux
48
pratiquaient déjà la vente directe, s’est formé sur une base commune : « Sortir de l’agriculture
conventionnelle et reprendre un pouvoir de décision». Brin d’Herbe a permis de « concilier et
coordonner toutes les motivations et envies de changer de système en mettant en place un GIE
qui n’est pas lourd au point de vue structure, pas contraignant pour vendre les produits comme
sur un marché». Outre les motivations éthiques, il y a l’intérêt économique : « On s’est dit, on
met des moyens en commun pour réduire nos coûts et aussi pour avoir une gamme de produits
assez large à proposer au consommateur ». Un des objectifs premiers est « que le paysan vive
de son travail » 35.
Composé au départ de dix adhérents et d’un magasin situé à Chantepie, le GIE atteint au
bout de quinze années d’existence vingt adhérents pour deux magasins. L’hypothèse de base
était d’avoir un chiffre d’affaire annuel de 800 000 francs (122 000 euros) pour pouvoir
couvrir les charges. Le chiffre d’affaires a atteint deux millions de francs (300 000 euros) en
1998, date de création du second magasin situé à Vezin le Coquet. Le premier magasin a été
construit sans aucune aide financière au contraire du second qui a reçu celles des Conseils
Général et Régional. Aujourd’hui, les deux magasins représentent 1 200 000 euros de chiffre
d’affaires. Pour répondre à l’augmentation de la demande, le nombre de producteurs sollicités
a augmenté. Par exemple, le nombre de maraîchers est passé de un à quatre et celui des
producteurs de volailles de deux à quatre. Il y a eu maintien d’emplois et même une
augmentation . Environ cinquante actifs tournent plus ou moins directement autour de Brin
d’Herbe. Deux emplois permanents au magasin ont été créés. Le rayon boucherie a permis à
un boucher de maintenir son emploi qui était auparavant menacé. De plus, dans l’une des
deux fermes qui fournissent les magasins en viande de porc et charcuterie, deux emplois sur
les sept existants sur l’exploitation ont été créés grâce à Brin d’Herbe. La viande est un
produit d’appel puisque le porc (charcuterie…) représente à lui seul 35% du chiffre d’affaires.
Le dynamisme interne du GIE tient dans le fait de respecter l’équité entre les producteurs
qui apportent beaucoup de valeur ajoutée et ceux qui en apportent moins. Ainsi ceux qui font
un gros chiffre d’affaires grâce au magasin se doivent de s’investir plus que les producteurs
faisant moins de chiffre d’affaires. Le GIE se réunit une dizaine de fois par année et est
composé
d’un
président
et
de
responsables
des
commissions :
Communication,
Approvisionnement, Travaux, Vie de groupe, et une Commission restreinte qui assure la
gestion courante du GIE.
35
Les citations concernant Brin d’Herbe sont issues d’un entretien avec le président du GIE Brin d’Herbe datant
de juillet 2007.
49
Figure 11 : Les rayons légumes et produits laitiers d’un magasin Brin d’Herbe
Tout comme les marchés, les magasins Brin d’Herbe sont ouverts les jours offrant le plus
d’affluence : le mercredi (9h - 12h30 et 14h - 19h), le vendredi (9h - 19h), le samedi (9h 12h30 et 14h - 18h). Leurs aires de chalandise atteignent environ dix kilomètres autour de
chaque magasin.
Les deux magasins sont aussi l’occasion pour les paysans de faire partager leurs idées à un
public autre que celui issu du milieu agricole (affichage pour le soutien de la Confédération
Paysanne lors des élections de la Chambre d’Agriculture). Ce dynamisme citoyen permet
également de sensibiliser les consommateurs aux problèmes liés à l’agriculture (soutien pour
le maintien d’une ferme, affichage de sensibilisation au problème des OGM). Par conséquent
le consommateur achète un produit dont les qualités sont non seulement nutritives, mais aussi
chargé de vie et de revendications. Consommer n’est alors plus un acte passif et le GIE
s’attache à renforcer cela en mettant en place dans son cahier des charges la méthode NESO.
C’est un outil de transparence entre producteurs et consommateurs pour que l’échange
devienne plus partenarial.
Le dynamisme de Brin d’Herbe s’illustre également dans le fait que des jeunes frappent à
la porte du GIE. De plus, certains enfants de producteurs adhérents s’installent à leur compte
(parfois sans avoir fait d’études agricoles) pour se lancer dans ce type de production et
emprunter les circuits courts pour la mise en marché de leurs produits.
50
- Douz’Arômes (carte 2)
Le GIE Douz’Arômes a ouvert son magasin en 2001 à Betton. Les initiateurs se sont
connus par le réseau « Bienvenue à la ferme » dont ils faisaient partie. Pour les mêmes
raisons de facilités économiques que Brin d’Herbe, ils ont choisi de délaisser les marchés où
la dynamique collective est faible pour concentrer la leur dans un seul lieu de vente. Le but est
que les exploitations parviennent à une santé économique fiable.
De plus l’isolement individuel des fermes n’est pas propice à la vente directe. Le choix
d’implanter le magasin dans la périphérie rennaise a pour but de « venir au client »36. Le
magasin étant un lieu propre au GIE, où il est plus facile de se créer une identité propre et
commune entre producteurs. Identité qu’il est important de communiquer aux consommateurs
en les informant de leurs modes de production et en leur faisant « partager le plaisir d’une
production de qualité ». Leur souci est aussi de garder un aspect humain dans l’objectif de
production. Ainsi, le retour direct du consommateur permet aux producteurs d’être sensibiliser
à ses envies, critiques ou compliments.
L’organisation interne du GIE se fait par prise de décision collégiale lors de réunions
mensuelles. Les décisions sont prises à l’unanimité.
La réussite économique du GIE est certaine. Trois emplois à temps plein (une caissière et
deux bouchers) et un mi-temps (un boucher) ont été créés. Le chiffre d’affaires atteint un
million d’euros par an avec le seul magasin de Betton. Chiffre d’affaires qui est soutenu à
70% par le rayon boucherie. Le magasin est ouvert le mardi, mercredi et vendredi (9h - 19h)
et le samedi (9h - 17h).
A noter qu’un des adhérents du GIE a quitté le groupement pour ouvrir en 2007 son
propre magasin situé dans une autre commune de Rennes Métropole (Thorigné-Fouillard).
C’est un magasin dont certains rayons (boucherie) sont approvisionnés en circuits courts mais
cela ne constitue pas l’essentiel.
Actuellement, les magasins de producteurs sont donc en pleine extension. Ils représentent
un chiffre d’affaires annuel de 2,2 millions d’euros, chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis
quinze ans. Les témoignages montrent que les points de vente collectifs permettent de sauver,
de maintenir et de créer des emplois.
36
Citations tirées de la monographie de Douz’Arômes datant de février 2007 (CARREE Typhaine, PIOVESAN
Laetitia, POIRIER Amélie)
51
3.3.3 - Les ventes par panier
Rappelons que les dispositifs étudiés concernant la vente par panier sont tous issus d’une
volonté des consommateurs. Ce sont généralement des personnes convaincues par l’idée de
se réapproprier leur mode de consommation. C’est pourquoi ils ont coutume de se qualifier de
« consom’acteurs ».
- Les Paniers de St Gilles (carte 3)
Ils sont créés en mai 2006 par des membres de l’association SGNE (St Gilles Nature
Environnement). Nés de l’idée de construire un mode de consommation différent et plus
responsable, l’objectif est de s’affranchir du simple acte d’achat en créant un lien direct entre
le producteur et le consommateur. Cette démarche qui se veut environnementale par l’achat
de produits locaux biologiques et fermiers, permet la distribution de vingt-cinq paniers
hebdomadaires provenant de cinq producteurs. Ils proposent deux prix de paniers de légumes
différents, le premier à sept euros et le second à treize euros. D’autres produits peuvent
compléter le panier comme le pain, le fromage, le lait, la viande de porc ou le jus de pommes.
Le poids économique de leur activité sur une année (cinquante semaines de fonctionnement
dans l’année) représente au moins 20 000 euros37 répartis sur les trois producteurs de légumes,
fromage et pain.
Les commandes sont gérées mensuellement par l’organisation collective dans le but de
responsabiliser le « consom’acteur » dans son acte d’achat. L’investissement est individuel
mais contribue à la démarche collective puisque les responsabilités (récupération des paniers,
échanges d’informations, dialogue avec les producteurs…) sont partagées chaque semaine à
tour de rôle. Ainsi tout le groupe est plus ou moins en contact avec leurs producteurs qui eux
mêmes organisent des visites ponctuelles de leurs exploitations (dans le cadre de la méthode
NESO). Les commandes se font via leur site Internet et la distribution des paniers a lieu tous
les jeudis de 18h30 à 19h30 dans le bourg de St Gilles après que certains des
« consom’acteurs » aient préparé les paniers pendant une heure.
La majorité des membres habite la commune et il a été décidé que pas plus de cinq
« consom’acteurs » par commune limitrophe pouvaient intégrer le mouvement. Cela dans le
but d’encourager la création de nouvelles démarches locales.
37
Calcul basé sur les chiffres communiqués par Pascal Aubrée, un des deux initiateurs des Paniers de St Gilles :
les chiffres d’affaires représentent environ par mois 1000 euros pour le maraîcher, 400/500 euros pour le
producteur de fromage et 200/300 euros pour le paysan-boulanger. Le calcul est basé sur une moyenne de vingtcinq commandes hebdomadaires.
52
- Vivres en Commun (carte 3)
Plus qu’une organisation d’achat de paniers, c’est un groupement d’achat. En effet, ce
groupe constitué en 2006 et formé aujourd’hui d’une vingtaine d’adhérents, se fournit auprès
de trois producteurs locaux (produits laitiers, fromage, légumes), en produits transformés
(pain, galettes), mais également en produits internationaux mais issus du commerce équitable
(thé, café, huile, riz, pâtes, assaisonnements…). La gamme est complétée par des commandes
ponctuelles en papier à écrire et papier hygiénique à une entreprise de collecte et de recyclage
rennaise. Le prix du panier est donc très variable puisque chacun peut commander en début de
mois la quantité de produits selon sa convenance.
Les deux personnes initiatrices du groupement travaillent dans la structure de commerce
équitable qui fournit Vivres en Commun. Ils ont lancé le projet en septembre 2006 en
envoyant des mails aux personnes de leur réseau susceptibles d’être intéressées. Les
personnes présentes un an après s’avèrent être issus de milieux et d’âges différents. Des
jeunes étudiants aux actifs pères et mères de famille, ils ont tous en commun d’être sensibles
et conscients du monde politique et économique dans lequel ils vivent, mais dont les affinités
avec ce dernier se veulent alternatives et non-conventionnelles. Choisir son type
d’alimentation est en effet une façon de réagir face à la consommation de masse et à la
nébuleuse capitaliste qui l’entoure. Vivres en Commun permet à ses adhérents d’agir
concrètement et collectivement sans s’être pour autant constitué en association. Aussi, les
réunions mensuelles sont l’occasion de se rencontrer, discuter, échanger sur les évènements
culturels, politiques ou autres de la ville.
Les commandes se font une fois par mois sur le site Internet : une commande de produits
frais par quinzaine et une autre de produits secs par mois. Les « consom’acteurs » se partagent
les tâches de préparation des paniers dans un local prêté par un des « prod’acteurs ».
Leurs ambitions sont de diversifier la gamme des produits alimentaires pour pouvoir
s’affranchir un maximum des GMS, accueillir de nouveaux adhérents pour arriver à une
quarantaine de membres et parrainer d’autres structures similaires lorsqu’ils ne pourront plus
intégrer d’autres personnes aux groupes. En effet, il s’agit d’atteindre un nombre d’adhérents
respectable pour amortir au maximum l’empreinte environnementale des producteurs tout en
gardant un groupe à taille et à vie humaine38.
38
L’auteur de ces lignes est membre du groupement d’achat. Les informations concernant Vivres en Commun
sont la synthèse des réunions mensuelles du groupe.
53
- Le Panier Hiroko (carte 3)
Il est constitué d’une vingtaine d’adhérents et de sept producteurs en production
biologique ou durable de fruits et légumes, pain, fromage et œufs. L’initiative vient d’une
anthropologue responsable d’un programme de recherche concernant la vente directe39 et
soucieuse de mettre en pratique une démarche proche de celle du Teikei, référence japonaise
de la vente directe.
L’objectif est d’associer producteurs et consommateurs pour la promotion d’une
agriculture locale et saine en valorisant la coopération au sein et entre les deux groupes par
une communication et une confiance mutuelle. La production est planifiée après une
concertation entre les participants du réseau et le prix du panier est établi de manière équitable
dans l’esprit d’avantages mutuels. Il ne s’agit pas d’une simple relation achat-vente mais
d’une initiative de citoyens voulant favoriser collectivement une économie locale, durable et
autonome.
Les paniers sont distribués chaque semaine dans un local situé en centre-ville de Rennes et
dont les heures d’ouverture concordent avec celles du marché voisin, ceci dans le but
d’éventuellement compléter son panier. Le prix du panier est de douze euros payable à
l’avance chaque trimestre.
3.3.4 - Les modalités qui n’ont pas été enquêtées
Si la totalité des modalités présentes sur le territoire de Rennes Métropole n’a pu être
enquêtée, le recensement a tout de même permis de les répertorier et d’en dénombrer les
dispositifs (à l’exception de la vente directe à la ferme).
- La restauration collective
Les circuits courts sont représentés dans la restauration collective uniquement par le GIE
Manger Bio. Il est formé de dix-sept producteurs (quatre font partie de Rennes Métropole)
dont cinq maraîchers, trois producteurs de pain, trois de produits laitiers, deux de viande, deux
d’œufs et deux de pommes40. La majorité de ces producteurs sont déjà présents dans les autres
dispositifs enquêtés (ventes par panier, points de vente collectifs). Le GIE fournit les cantines
de quatorze communes de Rennes Métropole avec des fortes variations de régularité et de
39
Hiroko Amemiya, anthropologue, université de Rennes 2 Haute Bretagne, responsable du PRIR (Programme
de Recherche d’Intérêt Régional) « Vente Directe Bretagne-Japon ». Les résultats sont parus en juin 2007 dans
l’ouvrage intitulé : « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », PUR.
40
Les informations concernant le GIE Manger Bio sont issues d’un entretien avec Sophie Janin, responsable de
la restauration collective.
54
contenus dans les commandes. Ainsi une grosse cantine peut servir du pain bio
quotidiennement et une petite cantine proposer un repas bio une fois par mois.
Le dynamisme de cette modalité s’exprime dans le fait que la personne ressource ayant
fourni les informations du GIE Manger Bio ne souhaite que ne l’on divulgue que très peu de
données les concernant. En effet, la concurrence dans ce domaine se fait de plus en plus sentir
car la demande est plus forte (en 2006 le chiffre d’affaires du GIE a augmenté de 40%). Les
entreprises de restauration collective utilisant les circuits longs commencent à s’immiscer
dans le domaine biologique et prennent peu à peu des parts de marché au GIE Manger Bio.
Cette activité a permis de créer un emploi à temps partiel.
- La vente directe à la ferme
La vente directe à la ferme est sûrement la modalité la plus difficile à comptabiliser. Le
RGA de l’année 2000 (Recensement Général Agricole) fournit des données s’en rapprochant
mais ne permet pas d’identifier les fermes concernées. En Ille et Vilaine, 761 exploitations
soit 5% des exploitations totales ont déclaré pratiquer la vente directe en 200041. Cependant,
pratiquer la vente directe ne signifie pas forcement vendre ses produits sur le lieu de son
exploitation. Il faut également signaler que la vente à la ferme n’est pas pratiquée avec la
même intensité par tous les producteurs. Par exemple, un maraîcher en production biologique
peut vendre tous ses produits en circuits courts dont une partie à la ferme, en tenant une
permanence un jour par semaine sur l’exploitation. A contrario, un producteur bovin
conventionnel peut abattre un seul veau par an pour le vendre en caissette à ses voisins ou
amis.
La vente directe à la ferme est donc une activité très peu visible. Pour la mesurer
entièrement, il suffirait d’inscrire une question supplémentaire lors du prochain RGA
concernant la pratique ou non de vente directe. Cette question semble déjà avoir été posée lors
d’une enquête structure en Ille et Vilaine mais les résultats restent inaccessibles.
- La vente par Internet
Les organisations de vente de panier issues d’initiatives de consommateurs indiquent déjà
l’usage d'Internet pour faciliter les commandes. Aussi, il existe trois systèmes de vente de
panier multi-produits avec livraison à domicile42.
41
Chiffres tirés de : « L’agriculture participative, dynamique bretonne de la vente directe » sous la direction de
Hiroko Amemiya, 2007.
42
Les sites Internet correspondant : www.amisdelaferme.fr, www.dupanieralassiette.fr, www.le-panier-dessaveurs.com .
55
Un groupement de producteurs (« Les Amis de la Ferme ») s’est constitué en 2007 pour
proposer en ligne ses paniers multi-produits (légumes, viande, pain, produits laitiers,
boissons) et les livrer chaque semaine directement aux domiciles des consommateurs. Parmi
les douze exploitations concernées, on retrouve des producteurs déjà présents dans d’autres
dispositifs étudiés (Brin d’Herbe, Douz’Arômes…). Les communes principalement desservies
correspondent à celles de l’agglomération rennaise. Pour le reste de l’Ille et Vilaine, le prix de
la livraison est majoré sauf lorsque celle-ci dépasse les quarante-neuf euros.
Deux autres ventes de ce type existent également mais dont la principale différence réside
dans le fait qu’il s’agit là d’intermédiaires. En effet « Le Panier Fermier » et « Du Panier @
l’Assiette » sont des entités économiques propres proposant une gamme de produits larges
dont certains viennent de producteurs locaux.
- Les Biocoops
Les magasins Biocoops SCARARBEE43 sont au nombre de trois : un situé à Rennes et
deux autres en périphérie (Cesson Sévigné et St Grégoire). Ce sont des magasins spécialisés
dans l’alimentation biologique et autres écoproduits. La liste de leurs producteurs n’a pu être
connue et aucun des producteurs recensés n’a déclaré approvisionner ces magasins. Il n’en
demeure pas moins que leur politique est de s’approvisionner au plus près lorsqu’il s’agit de
produits frais. L’usage des circuits courts n’est ici pas vérifié.
Un autre magasin de produits biologiques existe à Rennes (Azur Bio). Il vend le même
type de produits que les magasins SCARABEE et déclare s’approvisionner pour certains
produits seulement, directement chez le producteur (pommes de terre, œufs, pommes).
- Les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces)
Il est difficile pour les circuits courts de tenir une place dans les GMS. Les grandes
surfaces, comparées aux moyennes surfaces, peuvent plus facilement se permettre de proposer
des produits locaux représentant peu dans leur chiffre d’affaires lorsque celui-ci est fait en
majeure partie par les produits de multinationales. Les produits présents sont qualifiés de
produits locaux et contiennent pour la plupart une forte valeur ajoutée (pain, cidre et produits
transformés). Mais un produit local ne signifie pas qu’il est un produit en circuit court. Ainsi,
le super marché de l’enseigne U de la commune périurbaine de Vern sur Seiche a la
43
SCARARBEE : Société Coopérative d'Alimentation Rennaise Biologique et Écologique
56
réputation de soutenir la culture bretonne (signalétique en breton, produits bretons)44. Les
produits bretons que l’on trouve au rayon « produits équitables et régionaux » sont fournis en
grande partie par le distributeur « Produit en Bretagne » que l’on retrouve dans un catalogue
« BienvenUe en Bretagne ». Ces produits peuvent être ainsi distribués dans tous les magasins
U de la région. Par conséquent, ces produits venant de transformateurs, passant par un
distributeur pour être mis en rayon dans une entreprise à part entière, ne font pas partie des
circuits courts.
De plus, ce rayon représente uniquement 1 à 2% du chiffre d’affaires de l’alimentaire. Le
choix de ces produits est donc « purement stratégique et répond aux critères de la cliente
« bobo » repérée lors de l’étude de marché ». C’est aussi un choix de « permettre aux PME
bretonnes de se développer face aux multinationales et de maintenir le tissu économique».
Un produit local pourra être vendu en circuit court dans ce magasin s’il est capable de
répondre à ces exigences :
-
« remplir les garanties au niveau de la traçabilité et de la qualité du produit »
-
« avoir les structures humaines pour pouvoir livrer tous les deux jours parce le client
demande à avoir le produit présent du 1er janvier au 31 décembre »
-
« il faut que le produit dégage assez de volume pour justifier les frais de déplacement
pour nous livrer régulièrement »
Il s’agit pour le producteur d’être structuré et d’avoir un schéma de livraison rentable en
proposant une variété de produit et ne pas être mono-produit.
La principale différence avec un point de vente collectif est qu’il n’y a pas de contact avec
le client pour conseiller et excuser les variations d’achalandage de produit. De plus les points
de vente collectifs font beaucoup plus de marge sur un produit alors que « le super marché
travaille entre 18 et 20% de marge. La seule solution est de faire du volume ».
Pour conclure, les résultats de l’enquête montrent l’importance accordée au goût du
produit comme exigence du consommateur mais aussi comme premier signe de réussite du
producteur en tant que vendeur de son produit. Le deuxième aspect incontournable est le lien
social créé à travers le contact permanent et nécessaire de l’échange.
L’offre satisfaisant la demande en qualité mais pas en quantité, les circuits courts se sont
développés sur le territoire de Rennes Métropole à travers plusieurs modalités : les marchés,
les points de vente collectifs, la vente par panier, la vente à la ferme, la restauration collective,
44
Les informations et citations constituant ce paragraphe sont tirées d’un entretien avec le directeur du Super U
de Vern sur Seiche (11/06/07), magasin qui a ouvert ses portes en avril 2006.
57
la vente par Internet, les magasins de produits biologiques et en moindre mesure les GMS.
Toutes ces modalités montrent un dynamisme certain par l’augmentation du nombre de
dispositifs et surtout pour certaines d’entre elles, par l’innovation en terme d’organisation des
producteurs (point de vente collectif) et des consommateurs (système panier).
Sur le territoire, l’implantation départementale de la production, la proximité « lieu de
vente-consommateur » et l’augmentation de l’intensité de la fréquentation des lieux de vente
démontrent une plus forte opacité de l’espace que dans le système production-distributionconsommation conventionnel45.
Du lien social créé par les circuits courts à leur implantation départementale, peut-on
considérer qu’ils valorisent le territoire?
4 - LES ELEMENTS ESSENTIELS DE LA RECHERCHE
Après avoir analysé les circuits courts de la communauté d’agglomération de Rennes, on
peut établir un premier constat, partiel, car relevant uniquement de ce travail, de la plus value
territoriale qu’ils apportent. Il s’agira d’abord d’extraire les éléments communs ainsi que les
particularités de chacune des modalités suite à l’analyse des dispositifs.
4.1 - La valeur commune aux modalités : l’hédonisme
Les motivations de fréquentation des consommateurs font ressortir quatre propriétés
déterminant l’usage des modalités (figure 12). Le bien-être regroupe les motivations « goût »,
« fraîcheur » et « la confiance en l’agriculture biologique ». La confiance en l’échange
concerne « la relation au producteur », « l’accueil » et « la transparence de la transaction ». Le
consumérisme politique est constitué du « soutien aux paysans » de la « volonté de
consommer localement » et de la « connaissance du type de production ». Enfin la commodité
d’usage regroupe « la gamme disponible », « la commodité d’approvisionnement » et « les
horaires d’ouvertures ».
45
DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires.
58
Figure 12 : Comparaison des modalités à travers leurs propriétés (en %)46
Le schéma fait ressortir les similitudes des modalités par la convergence d’intérêt des
consommateurs pour le bien-être et la confiance en l’échange. Les divergences apparaissent
au niveau de la commodité d’usage des modalités et dans l’intention politique et éthique
donnée à la démarche.
Le point commun aux trois modalités est de nature hédoniste: la recherche du plaisir par
le bien-être à travers le goût du produit et par la confiance en l’échange.
Le bien-être par la
qualité
souligne
points :
des
Marchés
produits Motivations
plusieurs Le goût
le goût des
La fraîcheur
Points de vente
collectifs
Systèmes de
paniers
Faible
forte
faible
Forte
faible
forte
26
74
0
93
14,5
64
19
81
0
86
25
53,5
produits est pour certains « retrouvé », dans le sens où il est un rappel des nourritures
d’autrefois. D’autres le considèrent comme un moyen de s’ancrer à un territoire par les
spécificités régionales synonyme de tradition. C’est aussi une forme de résistance à
l’uniformisation des goûts provoquée par le modèle agro-industriel.
L’apport de la qualité des produits au bien-être est à relier, avec précaution, à la santé du
consommateur. De plus en plus, l’alimentation est prise dans un mouvement général de
46
Le calcul du pourcentage des différentes propriétés est basé sur les résultats des motivations (cf. tableau 3).
Pour chacune des modalités, aux quatre propriétés ont été attribuées les trois motivations les plus significatives.
Par exemple à la propriété « bien-être », on a attribué les motivations « goût », « fraîcheur » et « la confiance en
l’agriculture biologique ».
59
« médicalisation de la société »47 ce qui place les agricultures biologiques et durables comme
des remèdes potentielles à un problème sanitaire plus ou moins fondé. Néanmoins, certains
consommateurs étant persuadés des vertus qu’ils attribuent à leur alimentation, leur bien-être
s’en trouve alors conforté.
La relation directe
CONSOMMATEUR
entre le producteur et le Motivations
consommateur
est
un
facteur indispensable au
bon
Marchés
Systèmes de
paniers
faible
forte
Faible
Forte
faible
forte
43
57
20,5
55
14,5
71
La relation avec le producteur
PRODUCTEUR
fonctionnement Motivations
d’une modalité. Aimer le
Points de vente
collectifs
La relation avec le
consommateur
Echantillon total
Faible
Forte
19
62
contact avec le client est la première condition évoquée pour pouvoir pratiquer le métier de
producteur-vendeur. Le consommateur envisage la relation avec le producteur de telle sorte
qu’elle soit agréable à vivre. Il accorde en effet beaucoup d’importance à la qualité de
l’accueil.
Aussi, les deux acteurs de l’échange se plaisent à entretenir une relation constructive
porteuse d’une nouvelle forme de solidarité. Ces nouveaux comportements collectifs
permettent de créer un lien social et d’établir à travers ces vertus participatives,
une
perspective de vivre-ensemble et de vivre-mieux, commune à un même territoire.
4.2 - Les particularités des modalités
Il s’agit maintenant d’identifier dans les modalités, les particularités de fonctionnement et
d’implantation territoriale, facteurs de création du lien social et territorial.
4.2.1 - Le marché : un terroir en bas de chez soi
Le marché est associé à la détente et à la convivialité. C’est l’assurance de trouver des
produits régionaux de qualité à travers l’idéalisation des nourritures d’autrefois, cela dans un
environnement agréable, service que n’offrent pas forcément les commerces alimentaires
sédentaires (GMS). Le marché permet d’instaurer une relation entre l’alimentation, son
territoire et le rappel du passé (aspect traditionnel des produits). Il valorise ainsi le terroir.
L’aspect de plaisir présent dans la fréquentation des marchés est associé également au contact
direct avec le producteur et à l’ambiance de voisinage qui y règne. Faire le marché correspond
47
REGNIER F., LHUISSIER A., GOJARD S., 2006, Sociologie de l’alimentation.
60
à du temps libre passé en bas de chez soi, à nouer des liens avec sa commune ou son quartier.
C’est aussi un lieu d’expression de la population, une sorte d’agora moderne.
Cependant, on peut se demander si le marché est un lieu de mise en vente obsolète ou
dynamique. C’est bien sûr une tradition commerciale mais dont le fonctionnement ne semble
guère avoir évolué. Le conseil communal décide de l’orientation mercantile (alimentaire ou
manufacturier) du marché et le placier se charge d’en maintenir la cohésion. Un nombre de
commerçants permanents est défini alors que chaque matin de marché, le placier distribue par
tirage au sort les places restantes aux commerçants passagers. Les producteurs-vendeurs sont
en quelque sorte tributaires de la commune alors que ces derniers contribuent à son
dynamisme.
Ces marchés apportent une plus value économique à la commune dans le sens où ils sont
complémentaires des commerces sédentaires et leur apportent une clientèle potentielle. Ils
tiennent le rôle ponctuel de service alimentaire de proximité auprès de consommateurs
sédentaires ce qui oblige les producteurs-vendeurs à élaborer une stratégie nomade de vente.
Stratégie qui permet, lorsqu’elle est bien construite, de faire des marchés une activité à part
entière. D’autres au contraire la considère comme un complément d’activité et se tournent
vers d’autres modalités apparemment moins contraignantes d’un point de vue du temps de
travail.
4.2.2 - Le point de vente collectif : mettre un visage sur un produit
Le point de vente collectif est un substitut de qualité à la supérette dans le sens où la
priorité des consommateurs est de retrouver des produits bons pour la santé dont la garantie de
qualité vient du fait que le vendeur soit le producteur. Le lien relationnel avec le producteur
permet de mettre un visage sur le produit consommé ce qui est un gage de confiance. Ce
substitut de qualité à la supérette vaut aussi pour le producteur qui de cette manière
s’affranchit des circuits de la grande distribution et reprend ainsi un pouvoir de décision sur sa
production.
Cette modalité offre une large gamme de produits et mobilise par conséquent de
nombreux producteurs. La concertation permet aux producteurs de mettre en valeur le produit
en se construisant une identité propre à leur magasin. Les groupements de producteurs,
souvent en GIE, ont une organisation interne fonctionnant de telle sorte que la prise de
décision soit collective. Ce mode de fonctionnement demande une nouvelle organisation du
temps de travail (réunion, permanence au magasin) mais peut être ressentie comme un
nouveau plaisir par le sentiment d’innover en diversifiant ces tâches.
61
La diversité de l’offre engendre des économies d’agglomération mais mobilise de
nombreux producteurs et donc une grande aire d’approvisionnement. Celle-ci englobe celles
des autres modalités (carte 7) qui elles, n’ont pas à faire face à la même exigence du
consommateur. La complémentarité de la gamme fidélise au maximum la clientèle et atténue
les interactions avec les autres modalités. De la même manière, un producteur adhérent fournit
régulièrement le magasin ce qui lui assure un revenu régulier. L’investissement en temps dans
le fonctionnement du point de vente collectif et l’assurance d’un revenu font prévaloir cette
modalité sur les autres.
4.2.3 - Le système de panier : soutenir l’agriculture locale
Derrière le système de vente par panier se cache une volonté des deux acteurs de remettre
le mode de l’échange en question. Les « consom’acteurs » cherchent à responsabiliser leurs
actes par le soutien de l’agriculture locale tandis que les « prod’acteurs » tendent vers une
agriculture aux pratiques durables ou biologiques. Il existe en effet un dynamisme mutuel
dans l’échange qui permet de crédibiliser une démarche apparemment atypique mais
néanmoins innovatrice. En effet, le mode d’échange se fait par la concertation des deux
acteurs pour que chacun en tire le meilleur parti.
La transparence de l’échange est la clé du bon fonctionnement de la modalité. L’écriture
d’une charte par les « consom’acteurs » permet de mettre leurs objectifs et critères à plat pour
élaborer leur stratégies d’approvisionnement. L’intérêt de la modalité est de considérer le
producteur en tant qu’interlocuteur de la démarche et de soutenir sa production en lui assurant
un débouché régulier. L’élargissement de la gamme du panier implique de mettre les
producteurs en relation pour faciliter l’approvisionnement ce qui permet de créer une
dynamique entre les producteurs.
Les volontés des groupes de « consom’acteurs » ne sont pas toutes les mêmes et certains
privilégient la proximité du producteur au type de production ce qui, sur le territoire, dessine
des aires d’approvisionnement reflétant leur idéologie. De plus, cette modalité suggère de
fortes interactions car d’une part, un groupement de vingt personnes ne peut pas constituer
l’unique débouché d’un producteur et d’autre part, un consommateur a besoin de compléter
son panier dans d’autres circuits.
Les interactions au niveau de la mise en vente et de la consommation entre les trois
modalités, provoquent un dynamisme. Celui-ci est alimenté par le réseau social de la demande
et de l’offre soutenus par les complémentarités qui s’effectuent entre ces deux réseaux.
62
4.3 - La dynamique des circuits courts alimentaires
On peut d’ores et déjà établir un premier constat à propos de la dynamique territoriale et
du lien social engendré par les circuits courts alimentaires dans un espace urbain et périurbain.
4.3.1 - La dynamique territoriale
Les circuits courts alimentaires sont de plus en plus dynamiques sur le territoire et à
l’intérieur même des dispositifs, de part le nombre d’emplois concernés et de part la
dynamique économique.
Frédéric Dénéchère a estimé l’impact économique sur le territoire de Rennes Métropole à
environ 235 emplois pour un chiffre d’affaires de sept à douze millions d’euros48. Le système
de circuits courts alimentaires présent sur la communauté d’agglomération peuplée de 400000
habitants, nécessite une aire d’approvisionnement majoritairement départementale. Ainsi, la
diversité des produits proposée dans les lieux de vente, due à la largeur de la gamme ou aux
exigences de la demande (agriculture biologique) est représentée dans un rayon proche des
cinquante kilomètres aux quatre azimuts.
48
DENECHERE F. 2007, « Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire :
concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation », mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale
Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne.
63
Carte 7 : Les différentes aires d’approvisionnement en fonction de la modalité
64
Les modalités étudiées montrent la convergence des initiatives vers les dispositifs situés
en proche périphérie de Rennes (les points de vente collectifs et gros marchés) et dans son
centre-ville (ventes par panier et marché des Lices). Elles concordent ainsi avec les fortes
densités de population et donc de consommation. La concordance de la taille des marchés
périurbains et de la taille des villes en est la preuve.
Aussi, le rythme de travail de la demande influe largement sur la commodité d’usage des
modalités, donc sur le lieu d’implantation du lieu de vente et sur les heures d’ouvertures.
La proximité des circuits courts se justifie à travers la position stratégique des lieux de
vente situés au cœur des bassins de consommation et comme évoqué précédemment, par le
faible rayon d’approvisionnement de cinquante kilomètres.
4.3.2 - Le réseau social: facteur dynamique des modalités
L’évolution des types de mise en vente des produits montre clairement un dynamisme par
l’augmentation du nombre de dispositifs mais également par l’innovation des modes
d’organisation tendant vers plus de concertation entre producteurs, consommateurs, et
producteurs-consommateurs.
Aussi, les modes de mise en vente ont chacun leur organisation particulière mais
permettent tous le contact direct entre le producteur et le consommateur, aspect primordial de
l’échange court puisqu’il permet une meilleure transparence de l’échange sécurisant l’acte
d’achat et valorisant le travail du producteur. Derrière cela, ce contact créé un lien social que
les deux acteurs prennent plaisir à entretenir. Les circuits courts semblent fonctionner sur une
base commune ; la recherche du bien-être à travers l’amélioration du mode d’échange qui
permet au producteur de valoriser sa démarche et au consommateur de mieux consommer. La
bonne santé des circuits courts est à relier impérativement à la qualité de la production qui
répond à l’attente principale du consommateur : le goût du produit.
65
Figure 13 : Caractéristiques des modalités du point de vue du consommateur
La figure 13 met en valeur les caractéristiques sur lesquelles se repose le réseau social de
la demande. Le bien-être comme l’apport fédérateur des trois modalités. Il apparaît des
fonctions secondaires dont deux d’entre elles valorisent le lien social par « la convivialité du
lieu d’achat » et les relations de « voisinage ». Le « consumérisme politique» est une fonction
propre aux modalités du point de vente collectif et du système panier mais le réseau social
qu’il engendre est sûrement beaucoup plus large que ce que laisse paraître les circuits courts
alimentaires.
La multiplication des contacts réguliers qu’engendre la fréquentation des trois modalités
étudiées, est directement liée au fait de vivre, de consommer et vendre, sur un même espace.
En ce sens, le territoire en tant qu’entité spatiale entraîne pour ceux qui y vivent, des relations
locales volontaires (liberté du choix du mode de consommation et de vente) ou déterminées
par la proximité du lieu de vente et par la tradition du type de production et de vente (reprise
d’activité). La proximité est importante dans le lien social car elle permet la récurrence des
rencontres et favorise leur renforcement et leur complexification.49
49
OFFNER J.M, PUMAIN D., 1996, Réseaux et territoires, significations croisées
66
Ainsi, le lien social présent dans les circuits courts se caractérise par la création de réseaux
dynamiques dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. Les
interactions entre consommateurs et producteurs permettent une meilleure diffusion de
l’innovation concernant l’amélioration des types de fonctionnement des modalités, des modes
de cultures ou encore des manières de consommer.
Cependant, il n’y a pas de création de territoire spécifique au système des circuits courts
étudié car la cohésion autour d’un objectif commun n’existe pas parmi les acteurs et donc ne
permet pas de s’identifier autour d’une identité collective. Mais peut être que l’attrait commun
pour le goût du produit en l’occurrence départementale, est un premier pas vers la
reconnaissance d’un terroir commun. Ce souci d’inscription dans le passé serait la possibilité
de création d’une identité collective dans les réseaux des circuits courts. L’identité collective
permettrait également une meilleure conscientisation de l’environnement en tant qu’espace
vécu au quotidien.
5 - QUEL APPORT DES CIRCUITS COURTS A L’ENVIRONNEMENT ?
A l’approche de ce travail, l’hypothèse de l’intérêt environnemental des circuits courts
alimentaires était la cause de mon implication personnelle dans ce projet.
Il s’avère que cette étude et les autres travaux menés en parallèle (F. Dénéchère, A.
Cardona, B. Perez-Zapico), constituent les premières démarches allant vers l’identification de
la plus value territoriale des circuits courts alimentaires (projet SALT). L’objectif prioritaire
n’était donc pas d’appréhender la valeur environnementale.
Après ces premiers résultats, on peut se demander si les circuits courts alimentaires
peuvent être un levier d’action pour une meilleure gestion environnementale ?
Nous évoquerons dans un premier temps, la pertinence de l’échelle de la communauté
d’agglomération. Ensuite, sera évoqué le rôle de la gouvernance dans la valorisation de
l’agriculture périurbaine.
5.1 - La communauté d’agglomération comme espace de vie
Pour inciter chacun à mieux protéger son environnement, encore faut-il être conscient de
participer à sa dégradation. La mise en valeur de l’environnement en tant qu’espace de vie
67
peut permettre à la conscience citoyenne d’être plus efficace lorsqu’elle est sollicitée. Cette
idée est confirmée dans les documents d’aménagement du territoire du Pays de Rennes. On
peut y lire que le fondement du PADD50 est « l’appartenance à un même bassin de vie ».
5.1.1 - La conscience citoyenne
Cette étude a montré, par le consumérisme politique des consom’acteurs, et l’implication
des producteurs dans l’échange, une volonté de se réapproprier le territoire. Certaines
modalités font appel à la concertation pour améliorer l’échange dans sa forme mais également
dans sa finalité. Ce dynamisme peut être un moteur pour une gestion environnementale locale
citoyenne.
L’acte d’achat est pour certains ressenti comme une action exprimant des choix de société.
La consommation engagée « consiste à privilégier certains actes d’achat par rapport à
d’autres
en
fonction
de
ce
qu’ils
impliquent
au
niveau
économique,
social,
environnemental »51. Cette consom’action, par le lien fort existant dans l‘échange, a tendance
à faire évoluer l’offre vers des productions plus saines d’un point de vue environnemental.
Aussi, l’enquête a démontré que les producteurs en agriculture biologique sont plus
sensibles à la diffusion de bonnes pratiques agricoles que les producteurs en agriculture
conventionnelle.
Il y a donc, dans les choix motivés de consommation et de production respectueux de
l’environnement, une dynamique qui s’opère sur les autres acteurs des circuits courts
alimentaires. Les lieux de vente concentrent, lorsqu’elle est présente, la prise de conscience
environnementale des acteurs de l’échange et peuvent en être le moyen de diffusion.
5.1.2 - Les lieux de vente : un rôle de diffusion
Il semble que les circuits courts alimentaires créent un nouvel espace de vie, certes
différents selon les modalités, mais dont la fréquentation des lieux par chacun contribue à
renforcer le lien qui se tisse entre la société et son espace. Il apparaît également que les
réseaux sociaux des modalités ont des interactions et rendent l’espace de vie dynamique et
innovant. La pratique régulière de ces nouveaux lieux de vie par les producteurs et
consommateurs, modifie les représentations qu’ils ont de leur espace, en l’occurrence urbain,
périurbain et rural.
50
51
PADD : Plan d’Aménagement et de Développement Durable
BUTON S., 2006, La territorialisation de l’économie, du système alimentaire à la réinvention du territoire
68
Les lieux de vente sont en quelques sortes des nœuds où les rapports sociaux se
construisent. Rapports sociaux qui mettent en relation les mondes rural et urbain. Il s’agit de
saisir l’opportunité de ce dynamisme pour sensibiliser la population aux ressources de leur
espace de vie.
L’étude a pu montrer qu’une partie des acteurs est sensible à la construction d’une
dynamique collective dans un but de produire et de consommer « autrement ». Il faut à tout
prix entretenir cette démarche car on l’a vu, la concertation dans l’échange du producteur et
du consommateur va dans le sens de la protection de l’environnement (production biologique,
approvisionnement concerté, maintien des petites exploitations…).
Les circuits courts alimentaires sont donc la formidable occasion de relier la campagne à
la ville et de prendre conscience par leur dynamisme, du rôle de l’agriculture en tant que
potentiel nourricier et architecte-paysager. Il faut aider ce nouveau rapport au territoire qu’ont
les habitants, à s’enraciner, et à prendre une direction écologique.
5.2 - Quelle gouvernance pour l’agriculture périurbaine ?
L’apport des circuits courts alimentaires à la gestion de l’environnement nécessite une
coordination entre les réseaux. Les cartes de l’implantation des modalités, souligne un
ancrage dépassant le territoire de la communauté d’agglomération mais dont les lieux de vente
se concentrent dans les fortes densités de population. Rennes Métropole englobant les fortes
densités de population de Rennes et de la première couronne périurbaine, l’EPCI pourrait
jouer un rôle stratégique de coordination des circuits courts alimentaires en vue d’une
meilleure gestion environnementale de son territoire. Cette idée s’inscrit plus globalement
dans la nécessité de reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine pour faire
face à l’étalement urbain. « L’extension de la ville est en effet coûteux, atteint l’environnement
et met en péril socialement le territoire »52.
5.2.1 - Une coordination nécessaire
Rappelons d’abord l’enjeu de l’espace périurbain à Rennes Métropole. Entre les deux
derniers recensements 90-99, la communauté d’agglomération a connu la troisième plus
52
ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en
région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes.
69
grande croissance urbaine après celles de Toulouse et Montpellier. L’objectif actuel est de
fournir 4500 logements par an53.
Il est donc nécessaire de coordonner les circuits courts alimentaires autour d’objectifs
territoriaux et environnementaux communs. En effet, la ressource foncière utilisée par l’offre
pour produire la denrée alimentaire est soumise à une forte spéculation dans les espaces
périurbains. Ainsi, les circuits courts alimentaires sont en concurrence avec l’étalement
urbain. Face à cela, ils se doivent d’être rentables du point de vue économique et compétitifs
du point de vue social et environnemental. On en revient ici aux valeurs hédonistes que
l’étude a permis de leur attribuer.
La pérennisation de la zone agricole est fondamentale pour le développement des circuits
courts alimentaires. Les documents d’urbanisme doivent affirmer la volonté du maintien de
cette zone agricole et ne pas considérer l’espace rural comme une simple réserve foncière. Les
élus locaux ont en charge la décision locale d’affectation des sols. Celle-ci est construite
autour d’un projet commun et consensuel qui s’inscrit à l’échelle de l’agglomération dans le
SCoT54.
Les circuits courts alimentaires ont une organisation territoriale particulière dont les
réseaux semblent être dynamiques mais peu coordonnés. Aider les acteurs de ces circuits à
aménager leur espace serait contribuer à la construction de l’identité territoriale. On peut
évoquer ici un des trois objectifs du SCoT du Pays de Rennes : « Placer l’habitant au centre
des choix pour optimiser la cohérence territoriale de la ville-archipel ».
Cependant, si la Chambre d’Agriculture départementale tient un rôle consultatif dans
l’élaboration des SCoT et PLU55, le monde agricole reste faiblement représenté dans la
planification urbaine. Les agriculteurs doivent se réinsérer dans la société locale et dans le
processus de décision. Ils tiennent un rôle fondamental dans la gestion de l’espace et doivent
être reconnus comme des interlocuteurs importants des aménageurs.
Dans le SCoT du Pays de Rennes est inscrit : « L’agriculture est très présente dans le
territoire et entretient des liens étroits avec la ville. Sa vitalité est un gage de maintien de
l’identité du Pays. Il est donc essentiel de maintenir les conditions de son bon
fonctionnement». Actuellement, un des moyens de maintenir un dynamisme dans l’agriculture
périurbaine est de reconnaître sa multifonctionnalité.
53
Informations tirées de l’allocution de Pascal Verdier du service Aménagement de l’Espace à Rennes
Métropole, à la conférence de la sortie du livre L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente
directe , le 28 juin 2007.
54
SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale.
55
PLU : Plan Local D’Urbanisme.
70
5.2.2 - Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine
L’enjeu de la gouvernance tient dans le fait quelle doit permettre à la communauté
d’agglomération de valoriser l’agriculture comme activité participant pleinement à son projet
global de « vivre en intelligence »56 pour défendre son cadre de vie.
Il s’avère que la conception de l’agriculture périurbaine doit être multifonctionnelle par la
valorisation de son rapport de proximité avec le marché urbain et par son inscription dans le
projet urbain prenant en compte la dimension environnementale, la gestion des risques et la
gestion des paysages. Cependant, ces changements de légitimation de l’activité agricole sur
un territoire, et particulièrement en Bretagne, entraînent des changements dans les projets de
développement agricole qui nécessitent une forte concertation.
Cette multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine, lorsqu’elle est mise en valeur par
les circuits courts, correspond étroitement à celle qu’on accorde plus largement aux espaces
périurbains. Les fonctions de proximité et d’accessibilité des services, les fonctions de loisirs
et d’activités récréatives, les fonctions d’entretien de l’espace et de réservoir biologique et
naturel sont toutes valables pour l’agriculture utilisant les circuits courts et plus encore si elle
a une vocation agro-écologique.57
Le périurbain est propice au développement des circuits courts et l’évolution de l’activité
agricole dans cet espace entraîne des bouleversements des identités agricoles. Dans le cas de
la communauté d’agglomération rennaise, le modèle agricole breton est encore bien ancré
dans certaines mentalités. Il est donc nécessaire de travailler sur la valorisation de la
multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine, de montrer qu’un modèle agricole intensif
n’est pas compatible avec un espace périurbain harmonieux.
On peut évoquer comme exemple de valorisation de l’espace agricole périurbain, la
démarche faite par la Communauté d’Agglomération Garlaban-Huveaune-Sainte-Baume
située à l’est de Marseille : La première étape a consisté à établir une charte agricole de la
communauté d’agglomération. Le but était, lorsqu’il n’y avait pas de repreneur lors de
libérations de terrains, de porter la communauté d’agglomération comme partie prenante par
l’intermédiaire de la SAFER58. La seconde étape fut la prise en charge financière par la
communauté d’agglomération de la création d’un centre d’études techniques agricoles pour
l’amélioration de la technicité des exploitants. La troisième étape avait pour but la
valorisation des produits du terroir, ce qui a débouché sur la création d’une marque : « Les
56
Slogan officiel de la communauté d’agglomération de Rennes Métropole.
AMEMIYA H. (dir.) et Coll., 2007, L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe.
58
SAFER : Société anonyme d’Aménagement Foncier et d’Espace Rural
57
71
Jardins du Pays d’Aubagne ». Enfin, le dernier objectif fut de mettre en place des CTE
(Contrats Territoriaux d’Exploitation) afin de renforcer les liens avec le territoire et améliorer
sa qualité59.
On a vu que la multifonctionnalité de l’agriculture inhérente aux circuits courts
alimentaires peut être un moyen de valoriser l’agriculture périurbaine face à l’étalement
urbain. Leur rôle de la gouvernance est de favoriser son inscription dans le projet urbain et de
lui conférer une dimension environnementale.
En conclusion, on voit la nécessité d’une concertation entre les acteurs à l’échelle de la
communauté d’agglomération rennaise. A travers la lecture du SCoT du Pays de Rennes, il
semble que des démarches allant vers la valorisation de l’agriculture périurbaine peuvent être
mise en place. Le développement des circuits courts alimentaires montrent qu’une partie de la
population est déjà sensibilisée par cette démarche territoriale. Il s’agit, pour les décideurs,
d’embrayer le pas et de faire en sorte que ce type d’utilisation de l’espace améliore nos modes
de vie.
La question purement énergétique de la pertinence des circuits courts face aux circuits
longs n’est pour l’instant pas vérifiable. Les méthodes employées (ACV60, empreinte
écologique) ne sont pas applicables à grande échelle alors que l’efficacité logistique, l’impact
environnemental de la production et l’optimisation des surfaces agricoles des ces circuits
méritent d’être évalués et comparés61.
L’apport des circuits courts alimentaires à la qualité de l’environnement est donc
principalement lié à une meilleure organisation de la ressource périurbaine.
59
ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en
région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes.
60
ACV : Analyse de Cycle de Vie,
61
DENECHERE F. 2007, Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire :
concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation
72
CONCLUSION
Pour conclure, nous allons revenir sur les principaux résultats obtenus. Ce travail a tenté
de visualiser l’inscription territoriale des circuits courts alimentaires sur le territoire de
Rennes Métropole et plus particulièrement, de montrer que les acteurs de l’échange
considèrent ce territoire comme leur lieu de vie.
Les motivations d’usages des dispositifs font ressortir la recherche commune du bien-être
par le goût du produit et par l’aspect agréable de l’échange. Le lien social créé se caractérise
par des réseaux dynamiques entre les dispositifs dont l’intérêt commun est lié au territoire : la
ressource alimentaire. L’acte d’achat prend une signification différente selon les modalités.
Ainsi, le marché permet de consommer des produits du terroir au plus près de chez soi, le
point de vente collectif est une manière de mettre un visage sur le produit et le système de
panier, de soutenir l’agriculture locale.
Le travail de terrain a permis de visualiser l’implantation territoriale des dispositifs du
territoire de Rennes Métropole. La proximité géographique entre les lieux de vente et les
consommateurs est évidente alors que l’aire d’approvisionnement est principalement
départementale. Les lieux de vente ont un fonctionnement compatible avec le rythme de
travail de la demande, de part les heures d’ouvertures et de part le lieu d’implantation. Le
dynamisme des circuits courts de Rennes Métropole est visible par l’augmentation du nombre
de dispositifs et surtout par l’innovation en terme d’organisation des producteurs et des
consommateurs.
Si l’on a pu faire ressortir les points communs et particularités des modalités, il a été
difficile de cerner les interactions qui valideraient un système de circuits courts territorialisé.
En premier lieu, et face à l’absence de données concernant le territoire de Rennes
Métropole, un recensement des dispositifs doublé d’une enquête producteur-consommateur
fut nécessaire. La taille importante de la communauté d’agglomération a dû obliger l’étude à
se concentrer sur l’examen de trois modalités : le marché, le point de vente collectif, la vente
par panier. Par la confrontation des résultats et de part le nombre de dispositifs étudiés, des
éléments essentiels ont pu être dégagés concernant la motivation principale liée au bien-être,
concernant les particularités de fonctionnement et enfin concernant les facteurs dynamiques.
A partir de ces éléments validant l’hypothèse que les circuits courts alimentaires permettent
de ressentir le territoire comme un lieu de vie, des pistes d’actions ont été envisagées afin
d’améliorer la gestion environnementale dans l’espace périurbain.
73
A l’heure où la globalisation tend à effacer toute originalité territoriale et facilite la
désintégration économique du local, les circuits courts alimentaires sont l’occasion de
resserrer les liens territoriaux par l’intermédiaire d’une nécessité commune à tous :
l’alimentation. La difficulté de cerner la plus value territoriale des circuits courts alimentaires
légitime l’existence du projet SALT. Aussi, on a pu saisir l’enjeu de l’agriculture périurbaine
face à l’étalement urbain. Ne serait-il pas judicieux d’intégrer dans le développement local
l’approvisionnement alimentaire de la ville ?
74
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages
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vente directe, PUR, 210 p.
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75
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d’études de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne.
TOURAINE E., 2001, « Les marchés non sédentaires dans la communauté d’agglomération
rennaise, quels enjeux pour l’aménagement et le développement local ? », mémoire de
Maîtrise de Géographie, Université de Rennes 2.
Document audio
Emission Cha Cha Tchatche, 21/08/2007, « l’alimentation durable », France Inter:
Intervenant ; Christian REMESY (directeur de recherche à l’INRA, nutritionniste), Claude
AUBERT (agronome, cofondateur de Terre Vivante), Claude BOURGUIGNON (Agronome
indépendant au LAMS : laboratoire d’analyse des sols spécialisés dans l’étude écologique)
Site Internet
- www.bretagnealaferme.com
- www.civam-bretagne.org
- www.insee.fr
- www.interbiobretagne.asso.fr
- www.terresenvilles.org
- www.agreste.agriculture.gouv.fr
- www.amisdelaferme.fr
- www.dupanieralassiette.fr
- www.le-panier-des-saveurs.com
76
LISTE DES SIGLES
ACV
AMAP
EPCI
FRCIVAM
Analyse de Cycle de Vie
Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne
Etablissement Public de Coopération Intercommunale
Fédération Régionale des Centres d’Initiative pour la Valorisation de
l’Agriculture et du Milieu rural
GIE
Groupement d’Intérêt Economique
GMS
Grandes et Moyennes Surfaces
INSEE
Institut National de le Statistique et des Etudes Economiques
OGM
Organisme Génétiquement Modifié
PADD
Plan d’Aménagement et de développement Durable
PVC
Point de Vente Collectif
PLU
Plan Local d’Urbanisme
RGA
Recensement Général Agricole
SALT
Système ALimentaire Territorialisé
SAFER
Société anonyme d’Aménagement Foncier et d’Espace Rural
SCoT
Schéma de Cohérence Territoriale
SCARABEE Société Coopérative d’Alimentation Rennaise Biologique et Ecologique
TABLE DES CARTES
CARTE 1 : Le marché des Lices, aires d’approvisionnement et de consommation……...….35
CARTE 2 : Les points de vente collectifs, aire d’approvisionnement et lieux de vente…….36
CARTE 3 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de consommateurs………...37
CARTE 4 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de producteurs…………..…38
CARTE 5 : Les marchés de Rennes Métropole……………………………………….….….43
CARTE 6 : Les marchés de Rennes………………………………………………..……...…44
CARTE 7 : Les différentes aires d’approvisionnement en fonction de la modalité…………64
TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX
Table des figures :
Figure 1 : Les Jardins du Breil……………………………………………………………..….0
Figure 2 : Exemple de la vente par panier : le panier mono-produit…………………….…..14
Figure 3 : Exemple de point de vente collectif, le magasin Brin d’Herbe…………………..18
Figure 4 : Part des différentes productions vendues dans les circuits courts de Rennes
Métropole……………………………………………………………………………………..23
Figure 5: Origine de la production des circuits courts de Rennes Métropole……………..…33
Figure 6: Le marché des Lices à Rennes……………………….…………………………….41
Figure 7 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe au marché des Lices...45
Figure 8 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe dans les marchés de
Rennes Métropole…………………………………………………………………………….45
Figure 9 : Nombre de marchés par jour……………………………………………………...47
Figure 10 : Nombre d’étals alimentaires en vente directe par jour de marchés…………..….48
Figure 11 : Les rayons légumes et produits laitiers d’un magasin Brin d’Herbe…………….50
Figure 12 : Comparaison des modalités à travers leurs propriétés (en %)………………...…59
Figure 13 : Caractéristiques des modalités du point de vue du consommateur…………...…66
77
Table des tableaux :
Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon (99 enquêtés)……………………………...….20
Tableau 2 : Caractéristiques de l’échantillon (42 enquêtés)…………………………………22
Tableau 3 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs sur la base de l’échantillon
total (en %)……………………………………………………………………………………25
Tableau 4 : Hiérarchisation des motivations des producteurs utilisant les circuits courts (en
%)……………………………………………………………………………………………..26
Tableau 5 : Choix du produit selon le lieu d’achat (% de consommateurs ayant cité le
produit)………………………………………………………………………………………..27
Tableau 6 : Moyens de diffusion de l’existence des lieux de vente…………………………29
Tableau 7 : Comparaisons des motivations des producteurs en biologique et nonbiologique……………………………………………………………………………………..31
Tableau 8 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs dans les points de vente
collectifs (en%)……………………………………………………………………………….32
Tableau 9 : Corrélation entre le lieu de production et la fréquence de consommation du
produit (en nombre de producteurs)…………………………………………………………..34
Tableau 10 : Eloignement du domicile au lieu de vente en temps (en %)…………………...39
Tableau 11 : Eloignement du domicile au lieu de vente en distance (en %)………………...39
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : Questionnaire destiné aux consommateurs……………………………………79
ANNEXE 2 : Questionnaire destiné aux producteurs………………………………..………81
ANNEXE 3 : Liste des marchés d’Ille et Vilaine………………………………...………….83
ANNEXE4 : Exemple de le base de données des marchés de Rennes Métropole établit suite
au travail de terrain…...…………………………………………………………………...….90
78
ANNEXE 1 : Questionnaire destiné aux consommateurs
79
80
ANNEXE 2 : Questionnaire destiné aux producteurs
81
82
83
ANNEXE 3 : Liste des marchés d’Ille et Vilaine
DIRECTION DE LA RÉGLEMENTATION
ET DES LIBERTÉS PUBLIQUES.
--------------------------------------------------------
LISTE DES MARCHÉS ET DES FOIRES
Bureau de l’Administration Générale
et de la Réglementation.
--------------------------------------------------------
DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE.
=====
Dossier suivi par Mme VEDEILHIE.
Poste : 1438
--------------------------------------------------------
Communes
Marché
Foire ou autre manifestation
ACIGNÉ
mercredi :
8 H 30 à 12 H 30
ANTRAIN
mardi :
8 H 00 à 13 H 00
2ème mardi d’octobre et le dimanche qui
précède à partir de 8 H 00
ARGENTRÉ DU PLESSIS
jeudi :
8 H 00 à 12 H 30
1er week-end de septembre : foire
BAIN DE BRETAGNE
lundi :
8 H 30 à 12 H 30
foire dernier dimanche et lundi de novembre 8
H. à 19 H.
er
BAULON
Foire braderie 1 dimanche de mai
BAZOUGES LA PÉROUSE
jeudi :
8 H 30 à 13 H 00
BEAUCÉ
vendredi
15 H à 19 H
BÉCHEREL
Marché du livre à thème(1
chaque mois) 10 H. à 19 H.
er
dimanche de
foire à la volaille, au foie gras et autres
produits de la ferme : mi-novembre, dès le
matin
BÉDÉE
samedi :
8 H 30 à 13 H
BETTON
dimanche :
8 H 00 à 13 H 00
LA BOUËXIÈRE
jeudi:
8 H 00 à 13 H 00
BRUZ
vendredi :
8 H 00 à 13 H 00
CANCALE
dimanche :
8 H 30 à 13 H 00
Brocante juillet et Août
CESSON SÉVIGNÉ
samedi :
8 H 00 à 13 H 30
Braderie : 1er dimanche d’octobre (8 H 00 à
20 H 00)
CHANTEPIE
vendredi :
8 H 00 à 13 H 00
Braderie “ Marché aux Puces ” début juin sur
le Centre Ville
CHAPELLE DES FOUGERETZ
samedi :
8 H 30 à 13 H 00
fête de la confiture 3
CHARTRES DE BRETAGNE
jeudi :
8 H 00 à 13 H 00
Braderie septembre
CHATEAUBOURG
vendredi :
7 H 30 à 13 H 00
Braderie de BROONS
(1er dimanche de juillet)
CHATEAUGIRON
jeudi :
8 H 30 à 13 H 00
Braderie 2ème dimanche de septembre
CHAVAGNE
mercredi :
9 H 00 à 13 H 00
84
Braderie annuelle en juillet de 7 H.. à 20 H.
ème
dimanche septembre
SUR
VILAINE
CINTRE
Braderie avril et marché de Noël en décembre
COEMES
Braderie dernier dimanche d’Août
COMBOURG
lundi :
8 H 00 à 13 H 00
foire de la mi-mai : 3ème lundi de mai de 7 H 30 à 18 H
foire de l’angevine : 1er lundi de septembre 7 H 30 à 18 H
foire de la mi-décembre : 3èmer lundi de décembre de 8 H à
15 H
CORPS NUDS
mercredi :
8 H 00 à 12 H 30
DINARD
mardi :
8 H 30 à 12 H 30
jeudi :
8 H 30 à 12 H 30
samedi :
foire à la brocante : 1er dimanche d’avril à
septembre inclus
8 H 30 à 12 H 30
Centre Ville Esplanade de la Halle
mercredi :
8 H 30 à 12 H 30
Saint-Énogat
DOL DE BRETAGNE
samedi :
8 H 00 à 13 H 00
foire de la Saint-Luc : 2 derniers samedi et
dimanche d’octobre
ème
Foire aux arbres 3
week en de mars et
ème
dimanche de décembre
marché de Noël 3
braderie : 1er vendredi d’août de 8 H à 20 H
DOMALAIN
EPINIAC
Marché de Noël
Dimanche
er
8 H. à 14 H du 1 juin à la
fin août
ESSE
Braderie, vide grenier en mai
FERRE (LE)
Marché de Printemps : marché du terroir le 1 mai
de 10 H. à 18 H.
FOUGÈRES
er
samedi :
jeudi :
7 H 00 à 13 H 00
foire angevine : début septembre
8 H 00 à 13 H 00
(des Cotterets)
GOVEN
mercredi :
8 H 00 à 13 H 00
GRAND
FOUGERAY
samedi :
9 H 00 à 13 H 00
GUERCHE
DE
BRETAGNE (LA)
mardi :
8 H 30 à 13 H 00
Forum artisants-commerçants en octobre ou
novembre
foires : en février, avril et juin (1er mardi) et
novembre
foire angevine : en septembre (3 premiers mardis
de septembre
GUICHEN
mardi :
jeudi :
8 H 30 à 12 H 30
16 H 30 à 19 H 30
GUIGNEN
mercredi :
8 H 00 à 13 H 00
GUIPRY
jeudi :
7 H 00 à 14 H 00
HÉDÉ
mardi :
9 H 00 à 12 H 30
HERMITAGE (L’)
IFFENDIC
Vente de pizzas lundi soir et vente galettes vendredi
soir
Jeudi
16 H. à 20 H.
dizaine commerciale en mai et en décembre
85
JANZÉ
mercredi :
foire : avril (2ème mercredi) et octobre (2ème mercredi) 8 H 00 à 18 H 00
8 H 00 à 13 H 00
braderie : 2ème dimanche suivant la foire d’avril et
d’octobre
LIFFRÉ
vendredi :
braderie : 2ème dimanche de septembre
8 H 00 à 13 H 00
foire de la Saint-Germain : en septembre (3ème
samedi - 14 H 00 à 19 H 00)
LOHÉAC
LOUVIGNÉ DE BAIS
LOUVIGNE DU DESERT
Vente galettes mercredi matin de 8 H 30 à
12 H 30
Vendredi
8 H.30 à 12 h. 30
LUITRE
er
Foire aux pommiers 1 vendredi de Mars
Journées commerciales en mars
MARTIGNÉ FERCHAUD
vendredi :
8 H 00 à 13 H 00
quinzaine commerciale : (15 jours en avril 15 jours en décembre) – vide grenier en en
mai
MAURE DE BRETAGNE
dimanche :
8 H 00 à 12 H 00
Vente de volailles jeudi matin
ème
MÉDRÉAC
foire : 3
MELESSE
jeudi :
8 H 30 à 12 H 30
MINIAC MORVAN
vendredi :
7 H 00 à 13 H 00
MONTAUBAN DE BRETAGNE
mercredi :
8 H 00 à 13 H 00
samedi d’octobre
Salon des commerçants et artisans octobre
foire de la Saint-Georges : en avril – vide
grenier octobre
foire de la Saint-Michel : en septembre
MONTFORT SUR MEU
vendredi :
8 H 30 à 13 H 00
foire de la Saint-Jean : en juin
foire de la Saint-Nicolas : en décembre
er
MONTREUIL LE GAST
Braderie : 1 mai
Fête de la rosière : septembre
MONTREUIL SUR ILLE
mardi de 16 H. à 20 H.
dimanche de 8 H. à 13 H.
MORDELLES
mardi :
8 H 00 à 13 H 00
NOUVOITOU
vendredi
16 H. à 19 H.00
NOYAL SUR VILAINE
mardi :
8 H 00 à 13 H 00
NOYAL-CHATILLON/SEICHE
dimanche :
8 H 30 à 13 H 00
ème
ORGERES
Marché de Noël 2
week-end de
décembre de 9 H. à 18 H.
PACÉ
mercredi :
7 H 00 à 13 H 30
braderie : mi-octobre (fête de la
Foucheraie)
PARTHENAY DE BRETAGNE
mardi :
15 H 00 à 18 H 00
Braderie en mai
PERTRE (LE)
mercredi :
9 H 00 à 12 H 00
PIPRIAC
mardi :
8 H 30 à 13 H 00
1er samedi du mois d’août : foire à la
brocante “ vide greniers ”
PLEINE FOUGÈRES
mardi :
8 H 00 à 12 H. 30
Foire aux puces, le dernier dimanche de
mai
86
PLÉLAN LE GRAND
dimanche :
8 H 00 à 13 H 00
Quinzaire commerciale : décembre
PLERGUER
mercredi :
8 H 30 à 13 H 00
PLEURTUIT
vendredi :
8 H 00 à 12 H 00
Braderie en mai
REDON
lundi :
8 H 30 à 18 H 00
Foire teillouse : octobre 4
lundi :
vendredi :
samedi :
marché découvert
hall 7 H. 30 à 13
H.00
ème
samedi
hall
(marché alimentaire)
RENNES
mardi :
7 H 00 à 12 H 30
quartiers :
Maurepas
Landrel
Cleunay
mercredi :
7 H 00 à 12 H 30
quartiers :
Sainte-Thérèse
Place St-Germain
jeudi :
7 H 00 à 12 H 30
Lorient rue Moulin
du Comte
foire internationale : mars-avril
braderie : en juin (un mercredi)
Fête d’hiver : esplanade Général de
Gaulle
Alexis Carrel
Sarah Bernhardt
Brocante (Liberté) jeudi 7 h. à 15 H.
ème
Marché du livre : 2
chaque mois
ème
Tous jes jours
Halles Centrales
et 4
vendredi :
7 H 00 à 12 H 30
quartiers :
Villejean
Place Albert Bayet
15 H. à 19 H. 30
La Poterie
samedi :
7 H 00 à 12 H 30
quartiers :
Landrel
Isly
samedi :
7 H 00 à 13 H 00
quartier :
Les Lices
RETIERS
samedi :
8 H 00 à 13 H 00
RHEU (LE)
samedi :
8 H 00 à 13 H 00
salons des vins, fromages, pains, huîtres
(mars)
RICHARDAIS (LA)
dimanche :
8 H 00 à 14 H 00
Vente de pizzas tous les lundis 17 H. à
22 H.
ROMILLÉ
jeudi :
ème
samedi de
ème
et 3
Marchés de Noël : (2
de décembre)
ƒ
Place Hoche
ƒ
Place du Parlement
er
semaine
ème
Marché de l’Artisanat : 1 et 3
samedi
de chaque mois, Place Sainte Anne
8 H 00 à 13 H 00
(place de l’Église)
ROZ LANDRIEUX
ST-AUBIN D’AUBIGNÉ
ST-AUBIN DU CORMIER
Braderie annuelle mi août
mardi :
8 H 30 à 12 H 00
jeudi à partir de 8 H 30 à 13 H.
87
foire de Noël : 2ème jeudi de décembre
foire aux chevaux et braderie : 2ème samedi
de décembre
ST-BRIAC SUR MER
lundi :
7 H 30 à 13 H 00
foire de la Saint-Simon : 7 H 00 à 19 H
dernier dimanche d’octobre
(juillet et août)
vendredi :
7 H 30 à 13 H 00
vide-greniers : en juillet et août
(toute l’année)
ST-BRICE EN COGLES
dimanche :
8 H 00 à 12 H 30
foires : en mars et en novembre
ème
2
dimanche de
chaque mois
ST-DOMINEUC
samedi :
8 H 00 à 13 H 00
ST ERBLON
dizaine commerciale : semaine de Noël
Vente de pizzas mardi et galettes jeudi
ST-GEORGES DE REINTEMBAULT
jeudi :
8 H 00 à 13 H 30
ST-GILLES
samedi :
9 H 00 à 13 H 00
ST-GRÉGOIRE
mercredi :
8 H 15 à 13 H 15
braderie 1er dimanche d’octobre toute la
journée
(place Gilles Gralan et ses abords)
foire en mai (le 1er mai)
ST-GUINOUX
ST-LUNAIRE
dimanche :
8 H 00 à 13 H 00
Vide grenier (juillet et septembre
er
(de fin mars au 1 dimanche de
septembre inclus)
ST-MALO
de Rocabey
(boulevard de la Tour d’Auvergne)
lundi - jeudi - samedi : de 8 H 30 à 12 H
00 (du 16.09 au 30.04), de 8 H 00 à 13
H 00 (du 01.05 au 15.09)
de Saint-Servan
(Place Bouvet)
mardi - vendredi : de 8 H 30 à 12 H 00
(du 16 09 au 30.04), de 8 H 30 à 13 H
00 (du 01.05 au 15.09)
de Paramé
(Place du Prieuré)
mercredi – samedi : de 8 H 30 à 12 H
00 (du 16.09 au 30. 04), de 8 H 00 à 13
H 00 (du 01.05 au 15.09)
Intra-Muros
mardi - vendredi : de 8 H 30 à 12 H 00
(du 16.09 au 30.04), de 8 H 00 à 13 H
(du 01.05 au 15.09)
Particularité : Ce marché est réservé
aux commerçants alimentaires
er
SAINT MALO DE PHILY
ST-MÉEN LE GRAND
Braderie 1 dimanche d’avril et marché
er
de Nôël 1 dimanche de Décembre
samedi :
8 H 00 à 13 H 00
foire de la Saint-Jean : en juin de 8 H 00 à
19 H 00
foire de la Saint-Denis : en octobre de 8 H
à 19 H 00)
88
ST-MELOIR DES ONDES
jeudi :
8 H 00 à 13 H 00
ST-OUEN DES ALLEUX
mercredi :
9 H 00 à 12 H 30
ST-PÈRE MARC EN POULET
Avril
Marché aux fleurs
SELLE EN LUITRÉ (LA)
er
Marché de Noël 1 week-end de
décembre
à l’Aumaillerie
jeudi
14H 00 à 18 H 00
(marché aux bestiaux)
SENS DE BRETAGNE
Lundi
midi
après-
14 H 00 à 19 H 00
SERVON SUR VILAINE
dimanche :
7 H 00 à 14 H 00
THORIGNÉ-FOUILLARD
dimanche :
8 H 45 à 12 H 30
mercredi
16 H. à 19 H.30
TINTÉNIAC
mercredi :
8 H 00 à 13 H 00
TRANS LA FORÊT
jeudi :
9 H 00 à 12 H 30
TREMBLAY
vendredi :
9 H 00 à 13 H 00
VERN SUR SEICHE
samedi :
7 H 30 à 13 H 00
VEZIN LE COQUET
vendredi :
16 H 00 à 20 H 00
VITRÉ
lundi :
8 H 30 à 13 H 00
samedi
8 H 30 à 13 H 00
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Foire exposition en avril
Brocante vide grenier occasionnel, une
fois par an
ANNEXE4 : Exemple de la base de données des marchés de Rennes Métropole établit suite au travail de terrain