les circuits courts alimentaires a rennes metropole - CIVAM
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LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES A RENNES METROPOLE LA CARACTERISATION DE L’OFFRE ET DE LA DEMANDE : PREMIERE APPROCHE D’UN TERRITOIRE lala Xavier Moisière Tuteurs professionnels : MASTER 2 Géographie Aménagement Société Environnement Option : Gestion de l’Environnement - Gilles Maréchal, FRCIVAM Bretagne - Pascal Verdier, Rennes Métropole Session de soutenance : Octobre 2007 Département de Géographie, Université de Rennes 2 Tuteur pédagogique : Jean Ollivro NOTICE BIBLIOGRAPHIQUE Auteur : MOISIERE Xavier Résumé : Depuis peu, de nouvelles formes de mise en vente de produits agricoles émergent dans l’espace français et plus particulièrement dans les zones périurbaines. Ce sont des formes de commercialisation qui favorisent le rapprochement du consommateur et du producteur en supprimant les intermédiaires. On attribue aux circuits courts alimentaires un grand nombre de vertus sociales et environnementales mais la pauvreté des travaux relatifs à ce sujet ne permet d’émettre aucune certitude. A partir de ce constat, la communauté d’agglomération de Rennes Métropole a jugé utile de faire un premier état des lieux de son territoire par la caractérisation de l’offre et de la demande des circuits courts alimentaires. Tout d’abord, la méthodologie adoptée est présentée. Il s’agit de collecter puis de construire les données nécessaires à l’étude. L’objectif est d’avoir une vision d’ensemble d’un territoire à travers différents types de lieux de vente et à travers deux types d’acteurs que sont les producteurs et les consommateurs. Les premiers résultats font ressortir la recherche commune du bien-être par le goût du produit et par l’aspect agréable de l’échange. Le lien social créé se caractérise par des réseaux dynamiques dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. Cependant, L’acte d’achat prend une signification différente selon les modalités. Le marché permet de consommer des produits du terroir au plus près de chez soi, le point de vente collectif est une manière de mettre un visage sur le produit et le système de panier, une façon de soutenir l’agriculture locale. De plus, la proximité géographique entre les lieux de vente et les consommateurs est évidente alors que l’aire d’approvisionnement est principalement départementale. Les lieux de vente ont un fonctionnement compatible avec le rythme de travail de la demande, de part les heures d’ouvertures et de part le lieu d’implantation. Le dynamisme des circuits courts de Rennes Métropole est visible par l’augmentation du nombre de dispositifs et surtout par l’innovation en terme d’organisation des producteurs et des consommateurs. Enfin, par l’intermédiaire des circuits courts alimentaires, des pistes d’actions ont été envisagées concernant la gestion de l’environnement à l’échelle d’une communauté d’agglomération. 1 BIBLIOGRAPHICAL NOTICE Author : MOISIERE Xavier Abstract : Recently, different ways of selling agricultural products have been emerging in France particularly in its peri-urban zones. They are forms of commercialisation that favoritize the bringing together of consumer and producer by eliminating the intermediaries. We attribute a large number of social and environmental virtues to the short food system, but the feeble research on this subject beforehand leaves much uncertainty. The conglomerate community of Rennes Metropole judged it useful to do a first evaluation of its territory by a profiling of supply and demand of its short food system. Firstly, the work method is presented. It has to do with assembling and then reconstituting the information necessary for the study. The object is to have a collective vision of a territory across different types of sale points and between two players: the producer and the consumer. The first results show the similar research of well-being by the taste of the product and by the agreeable aspect of the exchange. The social connection created is characterized by the dynamic networks whose common interest is tied to the territory: the food product resource. However, the act of buying takes on a different significance with each type of commercialisation. Three ways of considering the utility of the point of sales studied are: to let you consume the products of your region closer to home, to put a face to the product to familiarize you with it, and to support local agriculture. Furthermore, the geographic proximity of the sale points and the consumer is obvious whereas the provisioning area is primarily departmental. The sale points have a compatible usage with the work rhythm of the demand, in part with the work hours of the store and in part with its location. The development of the short food system of Rennes Metropole is visible by the augmentation of the number of sales points and especially by the innovation of the producers and the consumers. Finally, thanks to the short food system, roads of action have been envisaged concerning the amelioration of the environment at the scale of a conglomerate community. 2 REMERCIEMENTS Ce travail marque la fin de mon cursus universitaire et les premiers pas de mes convictions professionnelles. Je tiens à remercier les personnes qui m’ont permis de travailler sur ce sujet, qui m’ont conseillé et apporté leurs connaissances. J’adresse tout particulièrement mes remerciements à : Gilles Maréchal, pour la confiance qu’il m’a accordée et la liberté qu’il m’a laissée au cours de ce stage. Pascal Verdier, pour son implication dans le projet qui a permis à mon travail de prendre une dimension concrète. Jean Ollivro, pour ses conseils géographiques pertinents. Je souhaite également remercier : L’ensemble du pôle IMPACT qui a travaillé avec moi, de près ou de loin, et particulièrement les stagiaires, Frédéric, Aurélie, Benjamin. Les personnes qui m’ont aidé dans mes recherches, les producteurs, les consommateurs, les étudiants de licence 1. Les autres personnes qui ont contribué à rendre ce travail agréable, Pascal, Corentin… Et merci beaucoup à mes parents. Figure 1 : En couverture, les Jardins du Breil (vente de paniers) situés sur la commune périurbaine de Pacé, font face au quartier de Villejean à Rennes.(20/07/07). 3 TABLE DES MATIERES PREAMBULE…………………………………………………………………………………………………………………………………...5 ELEMENTS DE DEFINITION PROPRES AUX CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES……………………………………………..6 INTRODUCTION……………………………………………………………………………………………………………………………....7 1- CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE A LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE.................................... 9 1.1 Les méfaits de la globalisation...................................................................................................................................................... 9 1.1.1 De l’agriculture vivrière à l’agriculture globalisée ............................................................................................................. 9 1.1.2 Un modèle agricole qui s’essouffle................................................................................................................................... 10 1.2 Une solution territoriale à un problème global ........................................................................................................................ 11 1.2.1 Répondre par le « développement durable »..................................................................................................................... 11 1.2.2 Répondre par « l’espace de vie » ...................................................................................................................................... 12 1.3 L’enjeu des circuits courts alimentaires ................................................................................................................................... 14 1.3.1 Le regain d’intérêt pour les circuits courts........................................................................................................................ 14 1.3.2 Problématique du territoire étudié..................................................................................................................................... 15 2- APPREHENDER UN TERRITOIRE A TRAVERS LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES............................................ 16 2.1 Méthodologie : collecte et construction de la donnée............................................................................................................... 16 2.1.1 Recensement et enquête .................................................................................................................................................... 16 2.1.2 Description des lieux de vente étudiés .............................................................................................................................. 17 2.1.3 Passation des questionnaires ............................................................................................................................................. 18 2.2 Profils des échantillons................................................................................................................................................................ 20 2.2.1 Caractéristiques de l’échantillon consommateur .............................................................................................................. 20 2.2.2 Caractéristiques de l’échantillon producteur..................................................................................................................... 21 3- PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS : QUELS LIENS POUR QUEL TERRITOIRE ? .................................................. 24 3.1 Motivations d’usage des circuits courts .................................................................................................................................... 24 3.1.2 Consommer et produire, acheter et vendre ....................................................................................................................... 26 3.1.4 Le « consumérisme politique » ......................................................................................................................................... 30 3.2 Circuits courts et opacité de l’espace......................................................................................................................................... 33 3.2.1 Proximité du producteur et du consommateur .................................................................................................................. 33 3.2.2 Mobilité et consommation................................................................................................................................................. 39 3.3 Dynamisme des circuits courts................................................................................................................................................... 41 3.3.1 Les marchés ....................................................................................................................................................................... 41 3.3.2 Les points de vente collectifs ............................................................................................................................................ 48 3.3.3 Les ventes par panier ......................................................................................................................................................... 52 3.3.4 Les modalités qui n’ont pas été enquêtées ........................................................................................................................ 54 4- LES ELEMENTS ESSENTIELS DE LA RECHERCHE ............................................................................................................... 58 4.1 - La valeur commune aux modalités : l’hédonisme.................................................................................................................... 58 4.2 Les particularités des modalités................................................................................................................................................. 60 4.2.1 Le marché : un terroir en bas de chez soi.......................................................................................................................... 60 4.2.2 Le point de vente collectif : mettre un visage sur un produit ........................................................................................... 61 4.2.3 Le système de panier : soutenir l’agriculture locale ......................................................................................................... 62 4.3 La dynamique des circuits courts alimentaires ........................................................................................................................ 63 4.3.1 La dynamique territoriale .................................................................................................................................................. 63 4.3.2 Le réseau social: facteur dynamique des modalités.......................................................................................................... 65 5- QUEL APPORT DES CIRCUITS COURTS A L’ENVIRONNEMENT ?..................................................................................... 67 5.1 La communauté d’agglomération comme espace de vie ......................................................................................................... 67 5.1.1 La conscience citoyenne.................................................................................................................................................... 68 5.1.2 Les lieux de vente : un rôle de diffusion ........................................................................................................................... 68 5.2 Quelle gouvernance pour l’agriculture périurbaine ?............................................................................................................. 69 5.2.1 Une coordination nécessaire.............................................................................................................................................. 69 5.2.2 Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine....................................................................................... 71 CONCLUSION…………………………………………………………………………………………………………………………….…..73 BIBLIOGRAPHIE………………………………………………………………………………………………………………………...…..75 LISTE DES SIGLES……………………………………………………………………………………………………………………….….78 TABLE DES CARTES………………………………………………………………………………………………………………………...78 TABLE DES FIGURES ET TABLEAUX……………………………………………………………………………………………………78 TABLE DES ANNEXES………………………………………………………………………………………………………………………78 4 PREAMBULE Le travail présenté ici a été effectué dans le cadre du projet SALT (Systèmes ALimentaires Territorialisés) financé par le Conseil Régional de Bretagne et dont l’organisme chef de file est la FRCIVAM1 Bretagne. Le rôle de cette fédération régionale est de proposer des voies innovantes pour développer une agriculture et des activités rurales insérées dans les dynamiques territoriales. SALT a pour but de créer au terme des trois années du projet (2007 à 2010) un observatoire des circuits courts territorialisés en Bretagne. Pour cette mission dont la zone d’étude est restreinte au territoire de la communauté d’agglomération de Rennes Métropole, l’EPCI2 et plus particulièrement le service Aménagement de l’Espace se sont portés en tant que maître d’ouvrage. Leur intérêt pour ce sujet est motivé par leur adhérence à l’association Terres en Villes3 dont l’objectif est de promouvoir le rôle et l'intérêt de l'agriculture péri-urbaine. Les circuits courts et l’approvisionnement de la ville sont un des thèmes sur lequel travaillent actuellement les dixhuit agglomérations membres. L’étude exposée au cours de ces pages vise à caractériser l’offre et la demande des circuits courts alimentaires dans la communauté d’agglomération de Rennes Métropole. Ce travail a été mené en parallèle à deux autres travaux de terrain. Le premier, concernant le pays de Dinan, a consisté à évaluer les déterminants sociologiques des circuits courts (Aurélie Cardona). Le second a permis de décrire à travers une monographie les motivations d’acteurs et possibilités d’évolution du marché rural de Saint Pern (Benjamin Perez-Zapico). Ces trois approches de terrain coordonnées ont été menées conjointement à une quatrième étude ayant pour but de poser les bases méthodologiques et conceptuelles pour l'évaluation des circuits courts (Frédéric Dénéchère). Ce domaine d’étude étant pauvre en références bibliographiques, le travail théorique a permis une meilleure coordination du projet SALT en utilisant des bases communes pour pouvoir confronter, analyser et valider les recherches. Cette première étape s’avère être indispensable pour le lancement du projet. 1 FRCIVAM : Fédération Régionale des Centres d’Initiative pour la Valorisation de l’Agriculture et du Milieu rural. 2 EPCI : Etablissement Public de Coopération Intercommunale. 3 L’association Terres en Ville a été créée le 15 juin 2000 par des élus intercommunaux et des responsables agricoles ayant mis en place des politiques agricoles périurbaines sur leur territoire. Cette association, paritaire entre élus et responsables agricoles, regroupe actuellement dix-huit aires urbaines, chacune étant représentée par l'intercommunalité et la chambre d'agriculture : Agen, Aix-en-Provence, Amiens, Angers, Aubagne, Besançon, Caen, Grenoble, Lille, Lorient, Lyon, Le Mans, Nantes, Perpignan, Poitiers, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse. 5 ELEMENTS DE DEFINITION PROPRES AUX CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES4 • Circuit court alimentaire territorialisé Mode de distribution des produits alimentaires ou le nombre d’intermédiaires et la distance (géographique, sociale…) entre le lieu de production et le consommateur sont faibles, et où le territoire est valorisé. On s’intéresse ici à l’échange d’un produit. La notion de circuit court territorialisé renvoie à trois facteurs : la proximité géographique (valeur dépendant du type de produit, du territoire…), le nombre d'intermédiaires et leur valeur, et l'organisation du système de production (quelle gouvernance, quelle transparence ?). • Dispositif Organisation (individuelle ou collective) autonome et formellement délimitée dont l’objet est la commercialisation en circuit court. Un dispositif peut agréger plusieurs fournisseurs. • Modalité Type d’organisation de vente qu’appliquent des dispositifs présentant des fortes similitudes quant au fonctionnement concret de la distribution. • Système territorial de circuits courts Ensemble des dispositifs présents sur un territoire donné, sur la base des interactions qu’ils entretiennent. Ces interactions s’exercent au niveau de l’origine des produits (divers dispositifs pour un producteur ou un groupe de producteurs) ou de leur consommation (diversité d’approvisionnement pour un consommateur). Le système (qui reste hypothétique) de circuits courts est un système ouvert. Le territoire dans ce cas doit être rapproché des zones de chalandise ou bassin de consommation. De plus, un territoire donné échange avec d’autres territoires, ce qui lui donne son caractère ouvert. 4 Définitions tirées des travaux de Frédéric Dénéchère, stagiaire à la FRCIVAM Bretagne dans le cadre du projet SALT et dont la mission fût d’établir les premiers éléments méthodologiques pour évaluer la part des circuits courts dans l’économie alimentaire d’un territoire. 6 INTRODUCTION « La géographie, c’est aussi l’étude de cette remise en cause permanente, de cette recomposition constante des systèmes dans lesquels les Hommes ordinaires se meuvent, armés de leurs valeurs culturelles et de leurs projets. » (Guy Di Méo, 1998) La Bretagne a connu depuis les années cinquante, une forte évolution de son agriculture allant vers une intensification et une spécialisation de la production. L’organisation des campagnes s’est démantelée et les dommages environnementaux commencent aujourd’hui à se faire ressentir. Certains n’hésitent pas à remettre en cause le modèle breton. Aussi, depuis les années quatre-vingt-dix, le consommateur a subi plusieurs crises sanitaires (vache folle, grippe aviaire) qui ont contribué à semer le doute dans la qualité de son alimentation. Depuis peu, de nouvelles formes de mise en vente de produits agricoles émergent. A la manière des marchés forains traditionnels, les magasins de producteurs et les systèmes de vente par panier permettent de vendre une production directement aux consommateurs. Le développement de ces formes de commercialisation est plus visible dans les espaces périurbains. Certaines communautés d’agglomérations mettent en œuvre des moyens pour favoriser ce qu’on appelle les circuits courts alimentaires. En effet, on leur attribue un grand nombre de vertus relatives au maintien des ceintures vertes, au rapprochement des villes et des campagnes ou encore aux économies d’énergie. Cependant, l’objet même des circuits courts alimentaires n’a été que très peu étudié et l’émission de certitudes, quant à leurs apports positifs sur un territoire, reste difficile. A partir de ce constat, la communauté d’agglomération de Rennes Métropole a jugé utile de faire un premier état des lieux de son territoire dans le but de recenser et caractériser les activités correspondantes aux circuits cours alimentaires. L’hypothèse de ce travail est que les circuits courts alimentaires permettent de valoriser un territoire par la proximité de l’échange. La valorisation du territoire est considérée ici comme une meilleure appropriation du territoire par les acteurs de l’échange. Au regard des politiques liées à la gestion de l’environnement, l’étude du rapport des acteurs des circuits courts alimentaires à leur espace de vie est peut-être un nouvel élément pour dynamiser la conscience citoyenne. 7 Ainsi, l’objectif est de comprendre en quoi les circuits courts alimentaires modifient-ils l’opacité de l’espace de vie ? Tout d’abord, nous définirons le contexte agroalimentaire dans lequel les circuits courts alimentaires se placent et préciserons de quelle manière ils peuvent être une réponse locale à un problème global. Cette étape nous permettra de fixer la problématique dans le territoire étudié. Dans un deuxième temps, nous décrirons la méthodologie adoptée pour collecter puis construire les données nécessaires à l’étude. L’objectif est d’avoir une vision d’ensemble d’un territoire à travers différents types de lieux de vente et à travers deux types d’acteurs que sont les producteurs et les consommateurs. Nous exposerons ensuite les premiers résultats afin de connaître les différentes motivations d’usage en les confrontant à d’apparentes aires de chalandise et d’approvisionnement. Aussi, nous tenterons de réunir les éléments essentiels de la recherche ainsi que les particularités et complémentarités des trois modalités étudiées que sont le marché, le point de vente collectif et la vente par panier. En conclusion, l’étude des circuits courts alimentaires sur le territoire de Rennes Métropole peut à apporter des éléments de réponses quant aux leviers d’actions concernant la gestion de l’environnement à l’échelle d’une communauté d’agglomération. 8 1 - CONTRIBUTION DE L’AGRICULTURE A LA PRISE DE CONSCIENCE ENVIRONNEMENTALE Les agriculteurs sont souvent montrés du doigt lorsqu’il s’agit d’évoquer la pollution des sols. Aussi, les récentes crises sanitaires n’ont pas aidé à valoriser leur travail et ont contribué à entretenir la suspicion du consommateur face à la qualité de la production agricole. Après avoir souligné la dérive du système agroalimentaire français, nous verrons en quoi la société se porte garante de ses méfaits et montrerons de quelles manières elle tente d’y faire face sur un territoire, en particulier à l’échelle locale. 1.1 - Les méfaits de la globalisation La plupart des consommateurs ne s’étonne plus aujourd’hui de voir en plein hiver le rayon fruits et légumes de leur supermarché achalandé en tomates. 1.1.1 - De l’agriculture vivrière à l’agriculture globalisée Au lendemain de la seconde guerre mondiale, le nouveau président des Etats Unis, Harry Truman, exposa dans son discours d’investiture du 20 janvier 1949 la nouvelle vision du gouvernement concernant la politique étrangère du pays. Il s’agissait de soutenir l’Europe dans sa reconstruction à travers le plan Marshall et de proposer aux nations défavorisées leur aide technique. Ce second point, concernant les pays nouvellement qualifiés de « sousdéveloppés », fut étayé à l’époque de cette manière : « Il nous faut lancer un nouveau programme qui soit audacieux et qui mette les avantages de notre avance scientifique et notre progrès industriel au service de l’amélioration et de la croissance des régions sousdéveloppées. »5. Ce discours, apparemment anodin, a clairement contribué à poser les bases de l’idée du « développement » mondial et permit de lancer le système économique globalisé actuellement mis en place6. Au même moment, la France qui sort de la guerre n’est pas auto-suffisante d’un point de vue alimentaire. Il s’agit alors de moderniser l’agriculture du pays par la création de la Politique Agricole Commune en 1958 et en 1962, par la loi d’orientation de Pisani ayant pour effet l’agrandissement des parcelles et la mécanisation de l’agriculture. Une fois l’objectif d’autosuffisance atteint, la France se place dans le contexte agricole mondial de libéralisation des échanges commerciaux et donc de compétition agricole. En Bretagne, la stratégie se 5 6 Traduction établie sur les bases des Public Papers Of The President, le 20 Janvier 1949, p114-115. RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale. 9 concentre sur une spécialisation des cultures à faible valeur ajoutée engendrant des marges faibles. Par conséquent les efforts se portent sur l’intensité de la production. A l’échelle mondiale, on assiste à une baisse régulière des cours de matières premières agricoles. Ainsi l’agriculture bretonne dont l’objectif originel est vivrier7, s’est ancrée progressivement dans un système agroalimentaire mondial. Cette évolution, considérée à l’époque comme un progrès et qualifiée de développement économique, montre aujourd’hui de sérieux essoufflements en termes économiques, sociaux et environnementaux. 1.1.2 - Un modèle agricole qui s’essouffle La maximisation de la production agricole eut comme première conséquence visible la baisse du nombre d’agriculteurs. Les campagnes ont vu progressivement leurs tissus sociaux se disloquer et leurs économies se réorienter. Ainsi, l’amélioration des moyens de transports, des techniques de transformation et de commercialisation, a contribué à éloigner physiquement le consommateur du producteur et l’usage systématique de ces circuits longs de commercialisation a provoqué l’atténuation du lien territorial, engendré autrefois par l’échange commercial de l’agriculture vivrière. Les productions se sont dé-territorialisées8 et les impacts sociaux en découlant n’ont pas été maîtrisés. Aussi, les dégradations environnementales du système productiviste agricole sont aujourd’hui largement visibles. L’exemple breton en est devenu banal et la concentration de ses élevages intensifs y est pour beaucoup : pollution des nappes phréatiques, eutrophisation des eaux de surface, disparition des haies, émissions de pesticides, etc. De plus, le phénomène récent de repeuplement des campagnes par les « rurbains » s’accompagne souvent d’un rapport esthétique au paysage et souligne le décalage entre l’idéalisation de la vie à la campagne et les méthodes de production de l’agriculture intensive. Parallèlement à ces problèmes écologiques, les crises sanitaires se multiplient ces dernières années (crise de la « vache folle », poulets à la dioxine, grippe aviaire) et font ressortir le phénomène « malbouffe » ressenti par le consommateur. Ce dernier devient de plus en plus soucieux de la traçabilité du produit qu’il consomme (problème des OGM...) et, 7 ARBOUSSE-BASTIDE T., 2007, La petite histoire des pratiques communautaires de l’agriculture en Bretagne, paru dans « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », sous la direction de Hiroko Amemiya. 8 LESCUREUX F., 2003, Les relations des agriculteurs au territoire au travers de la vente directe et de l’accueil à la ferme. Le cas de la région des Monts de Flandre : « Par dé-territorialisation, nous n’entendons pas négation du territoire, mais distension des liens entre agriculture, agriculteurs et territoire, les agriculteurs apparaissant davantage comme des agents que comme des acteurs véritables du processus de territorialisation. » 10 soucieux de sa santé (développement des maladies cardio-vasculaires, problème d’obésité), s’attache aux qualités nutritives des aliments. En plus des méfaits écologiques de la production agricole, le système de transformation agroalimentaire est donc également remis en cause. En Bretagne, le modèle productiviste a contribué à « l’effacement des repères spatiaux et culturels »9 et il semble aujourd’hui qu’une partie des producteurs et des consommateurs veuille se réapproprier leur territoire. Ils ont été en quelque sorte victimes d’un système qui leur correspond de moins en moins. Mais les réactions face aux problèmes de la production agricole, de la transformation agroalimentaire et de son mode de distribution montrent un décalage entre la conscience citoyenne et ses possibilités d’actions. 1.2 - Une solution territoriale à un problème global La dimension globale du problème soulevé précédemment impose une solution aux répercussions globales mais puisque chaque territoire possède ses spécificités, l’application doit être locale. 1.2.1 - Répondre par le « développement durable » De plus en plus, parler de l’amélioration de la gestion de l’environnement et conséquemment de celle de la qualité de la production et de la distribution agroalimentaire, est justifié par la notion de « développement durable ». Le rapport Brundtland de la commission mondiale sur l’environnement et le développement, soumis à l’assemblée générale des Nations Unies fin 1987 donne la définition du développement durable : “un développement qui permette aux générations présentes de satisfaire leurs besoins sans remettre en cause la capacité des générations futures de satisfaire les leurs”. Ce rapport a permis aux gouvernements de ne plus pouvoir ignorer la réalité des risques écologiques et par la même de les inciter à réagir par des mesures législatives contraignantes. Cependant la notion a ses limites. En effet on constate que les mesures prises suite au rapport Brundtland, ont prioritairement des objectifs « anthropocentrés », c’est à dire portés sur le bien être de l’Homme ; cause tout à fait légitime mais qui atténue inévitablement la 9 ARBOUSSE-BASTIDE T., 2007, La petite histoire des pratiques communautaires de l’agriculture en Bretagne, paru dans « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », sous la direction de Hiroko Amemiya. 11 portée des objectifs secondaires qui ont une visée « écocentrée », c’est à dire portée sur la protection de la vie en général (en d’autres termes de tous les êtres vivants)10. Le problème du développement durable est de passer outre l’idéalisation du contenu et d’admettre le déséquilibre évident du triptyque économique / social / environnemental au profit de 11 l’économie . A partir du moment où l’on estime qu’il faut continuer durablement à « satisfaire leurs besoins », il va de soi que l’économie prend le dessus car nos « besoins » sont chaque jour grandissant. Cependant, la croissance économique12 doit se différencier de la chrématistique13 et le développement qui y est associé14 doit dissocier les « besoins » fondamentaux des « besoins » superflus. Par conséquent, dans l’optique d’optimiser la gestion de l’environnement, un développement soutenable est plus souhaitable qu’un développement durable. La globalisation financière15 et la mondialisation16 sont les principaux déterminants de l’économie qui se trouve être elle-même le principal pilier du développement durable. Ainsi, travailler à l’échelle locale du territoire permet de s’affranchir plus facilement de cette mainmise économique mondiale et de ce fait, favoriser un développement soutenable porteur d’une meilleure gestion de l’environnement. 1.2.2 - Répondre par « l’espace de vie » Les effets négatifs d’un système productif globalisé viennent d’être en partie évoqués. Les répercussions sur la dimension environnementale y sont particulièrement fortes. L’environnement17 est bien sûr à considérer comme un espace écologique à protéger, mais aussi peut-on élargir la définition de ce dernier en y assimilant la qualité de vie de l’Homme non pas en tant que consommateur aux besoins croissants mais en tant que responsable des 10 COMELIAU C., Développement du développement durable, ou blocages conceptuels ?, Tiers-Monde, n°137, janvier-mars 1994 11 MARECHAL G. L’agriculture durable, une pratique de décroissance soutenable ?, article en ligne sur le site www.civam-bretagne.org 12 Selon le Dictionnaire de l’économie : « Augmentation régulière de la production d’une économie » 13 Notion créée par Aristote pour décrire l'état d'esprit de celui qui accumule le capital pour son plaisir 14 Le développement est en effet un terme économique. Le Dictionnaire de l’économie le définit ainsi : « Ensemble des transformations techniques, sociales et culturelles qui permettent l’apparition et la prolongation de la croissance économique ainsi que l’élévation des niveaux de vie ». 15 Selon le Dictionnaire de l’économie : « Mise en place d’un marché unifié de l’argent au niveau planétaire ». 16 Selon le Dictionnaire de l’économie : « Intégration économique mondiale qui va au delà de l’internationalisation des échanges de marchandises, de services ou de capitaux et qui se caractérise par une mobilité parfaite des capitaux et par une concurrence accrue entre les firmes et les nations. » 17 Selon le Dictionnaire de la Géographie : [L’environnement] est appliqué aujourd’hui à l’observation des effets des activités humaines de tous ordres […]. Les études d’environnement rassemblent les bilans de tous les dommages provoqués par les activités humaines. 12 méfaits de son espace de vie au sens où Ley l’entend : « L’espace de vie rend compte d’une expérience concrète de lieux, indispensables à la construction du rapport qui se tisse entre la société et son espace ». Aujourd’hui, la « globalisation » ou la nouvelle façon d’envisager les rapports mondiaux rend impossible la conscience écologique : « Tout ce qui est entrepris au nom du commerce international permet de dissocier la production de la consommation et la production de la consumation (c’est à dire la transformation de déchets). Ce qui évite au consommateurpollueur de se rendre compte qu’il participe à l’épuisement de ressources et à l’accumulation des déchets, puisque le circuit des échanges l’empêche de voir ce qui se passe au cours de ce processus. Parce qu’elles agissent en de multiples lieux à la fois et dissocient constamment la création et la destruction des ressources, les sociétés transnationales favorisent cette dilution de la responsabilité. »18 L’expression populaire vaut ici d’être rappelée : « un esprit sain dans un corps sain ». Si l’on parle souvent de la nécessité de protéger l’environnement au nom de son bien-être et de celui des « générations futures », il est aisé d’admettre que le message est difficilement recevable auprès d’une population dont la qualité de vie est mauvaise (on y inclut ici tous les facteurs déterminants) et qui cherche par conséquent à assouvir en priorité ses besoins fondamentaux. La qualité de l’environnement et celle de la vie humaine devraient aller de pair et s’améliorer réciproquement. Il s’agit pour les politiques d’aménagement du territoire de ne pas considérer l’un sans l’autre et de faire en sorte que chacun se sente impliqué dans la gestion de son environnement. Un citoyen protège l’environnement lorsqu’il le considère comme son espace de vie. Par conséquent, la dégradation de l’environnement ainsi que l’acculturation des modes de vie par le système agraire productiviste au nom du progrès économique et de l’amélioration des conditions de vie n’est plus souhaitable. Il faut aller jusqu’à la remise en cause de certains aspects de l’idée préconçue du « développement »19 et donc de notre mode de production et de consommation. Ainsi, l’espace de vie du citoyen et donc l’échelle locale du territoire, semble être l’échelle plus pertinente pour appliquer des actions de développement soutenable. 18 19 RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale. RIST G., 2001, Le développement, histoire d’une croyance occidentale 13 1.3 - L’enjeu des circuits courts alimentaires Face au système agroalimentaire productiviste et au mode de distribution qui en découle, un autre mode de commercialisation des produits agricoles existe. Les circuits courts alimentaires sont de plus en plus visibles dans l’espace et en particulier sur le territoire de la communauté d’agglomération rennaise. On peut se demander si ce récent dynamisme est une réaction aux problèmes sociaux et environnementaux évoqués précédemment et s’il en constitue une solution. 1.3.1 - Le regain d’intérêt pour les circuits courts Ce type de vente est ancien et connaît depuis quelques temps un regain d’intérêt évident. La vente directe sur les marchés et à la ferme ne date pas d’hier mais de nouvelles formes de mise en vente apparaissent en particulier dans les espaces périurbains. Le développement des magasins de producteurs et de la vente par paniers (figure 2) en est un exemple. Ainsi les circuits courts de distribution alimentaire se caractérisent par une relative proximité géographique entre le producteur et le consommateur. Il s’agit d’utiliser la vente directe ou bien la vente avec au maximum un intermédiaire pour écouler sa propre production. Figure 2 : Exemple de la vente par panier : le panier mono-produit Il est très difficile de connaître les fondements de ce dynamisme et les impacts économiques, sociaux et environnementaux qui en découlent. Les travaux concernant ce 14 domaine d’étude sont en effet rares et nécessitent d’autant plus de s’y intéresser. Par exemple, le cas d’étude de la communauté d’agglomération de Rennes permet de poser les bases d’un objet jamais évoqué sur ce territoire. Ce dernier est une zone urbaine et périurbaine, espace propice au développement des différentes formes de la vente directe ou indirecte de produits agricoles. 1.3.2 - Problématique du territoire étudié L'agriculteur est un acteur économique, politique et social ayant un rôle particulier à jouer de part l'impact de son activité sur l'espace, l'environnement, l'emploi ainsi que sur les ressources alimentaires. Les circuits courts accentuent d’autant plus cette responsabilité que l’agriculteur-producteur-vendeur, la confronte quotidiennement au consommateur. Ainsi « la vente directe peut-être considérée comme une médiation particulière entre l’homme consommateur et l’écoumène20, par l’intermédiaire des agriculteurs »21. Aussi il s’agit de savoir si cet échange contribue à renforcer la sensibilité d’appartenance à un territoire : « Le territoire est une appropriation à la fois économique, idéologique et politique -donc socialede l’espace par les groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité »22. On peut avancer que les circuits courts influent sur le « rapport spatial » des acteurs de l’échange tel que Di Méo l’entend c’est-à-dire « la manière dont l’individu vivant en société pratique l’espace au quotidien, se le représente, établit des relations tantôt relationnelles, tantôt affectives avec ses lieux de vie23 ». Aussi, à l’échelle de Rennes Métropole, le système de circuits courts fait partie intégrante de « l’espace de vie ». L’hypothèse formulée est que les circuits courts alimentaires créent une plus-value territoriale en contribuant au lien ville-campagne et à la prise de conscience environnementale. En d’autres termes, en quoi les circuits courts alimentaires modifient-ils l’opacité de l’espace de vie? Dans un premier temps, nous décrirons la méthodologie adoptée pour pouvoir répondre à la problématique puis nous exposerons les premiers résultats. Ensuite, les éléments essentiels du travail seront réunis pour faire ressortir les particularités et complémentarités des modalités étudiées. Nous terminerons en replaçant les résultats en vue d’un apport à la gestion environnementale d’une communauté d’agglomération. 20 L’écoumène est l’ensemble des terres anthropisées (habitées ou exploitées par l’Homme). LE CARO Y., « La vente directe dans le tissu socio-spatial en Bretagne : contribution d’un géographe. ». 22 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires. 23 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires. 21 15 2 - APPREHENDER UN TERRITOIRE A TRAVERS LES CIRCUITS COURTS ALIMENTAIRES Pour pouvoir analyser les circuits courts alimentaires présents à Rennes Métropole, il s’agit tout d’abord d’établir une base de données des dispositifs recensés puis d’en tirer les informations nécessaires à l’étude à travers une enquête. 2.1 - Méthodologie : collecte et construction de la donnée L’enquête s’insère plus globalement dans un état des lieux du territoire de Rennes Métropole. Elle s’est déroulée d’avril à juin 2007 et a été réalisée avec l’aide d’étudiants de Licence 1 Géographie-Aménagement de Rennes 2. Mener conjointement au recensement non exhaustif des circuits courts alimentaires, les lieux de ventes enquêtés ont été : les marchés, deux points de vente collectifs et trois systèmes de ventes par paniers à l’initiative de consommateurs. La modalité « marché » a représenté une part très importante du travail de terrain puisqu’on compte trente-quatre dispositifs dans la communauté d’agglomération. Il a fallu comptabiliser pour chaque marché les étals alimentaires vendant en circuits courts et donc les dissocier des étals de produits manufacturiers et des étals alimentaires des revendeurs (cf. annexe 4). Le fait d’utiliser comme clef d’entrée les lieux de vente permet de cibler un panel associant consommateurs et producteurs. Ainsi l’échantillon n’est représentatif que des circuits courts les plus organisés ou les plus visibles (marché, point de vente collectif, système de paniers). C’est pourquoi les autres modalités comme la vente directe à la ferme, qui nécessitent un recensement passant directement par les exploitations, ne seront pas analysées. L’étude des circuits courts alimentaires à Rennes Métropole a nécessité un travail de terrain important puisqu’aucune donnée n’existait au préalable. La contrainte de temps a donc restreint l’étude à se focaliser uniquement sur les trois modalités : marché, point de vente collectif et système de panier. 2.1.1 - Recensement et enquête L’échantillon concerne plus ou moins directement des exploitations agricoles. Malgré tout, les services statistiques de la Chambre d’Agriculture d’Ille et Vilaine et de la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt ne recensent ou ne communiquent pas les 16 données concernant ce type de production. L’échantillon est par conséquent inséré dans un recensement qui s’avère être non exhaustif de part les quantités d’activités existantes et de part les difficultés de collectes d’informations. La définition des circuits courts alimentaires retenue pour le recensement est celle mentionnée dans le dictionnaire des circuits courts de la FRCIVAM des Pays de la Loire (2003) : « voie de commercialisation des produits agricoles transformés ou non, pour laquelle il n’y a au maximum qu’un seul intermédiaire entre le producteur et le consommateur. La vente directe est dans tout les cas considérée comme un circuit court, la vente intermédiaire l’est s’il n’y a qu’un seul intermédiaire (physique ou moral) ». Les personnes ressources pour monter la base de données du recensement ont été celles des réseaux : - Agrobio 35 - Accueil Paysan 35 - Bienvenue à la Ferme - Interbio Bretagne - Le GIE Manger Bio 35 (restauration collective) - Les GIE des points de vente collectifs de Brin d’Herbe et Douz’Arômes - La préfecture d’Ille et Vilaine qui a fournie la liste des marchés (cf. annexe 3) A rajouter à cela les recherches Internet par mots clefs, les adresses données au fil des rencontres professionnelles ou non et surtout le démarchage sur les marchés durant la distribution des questionnaires. 2.1.2 - Description des lieux de vente étudiés En ce qui concerne les marchés, les producteurs ont été enquêtés aussi bien sur les marchés urbains que périurbains. On dénombre quatorze marchés rennais et vingt-et-un marchés dans le reste de l’agglomération. Les données sur les consommateurs des marchés sont issues uniquement d’enquêtes du marché de Lices. Il se situe au cœur du centre ville de Rennes et a lieu tous les samedis matins. C’est un des plus grands marchés de France. Sa réputation lui confère une clientèle particulière et donc des résultats d’enquête spécifiques qui ne valent pas pour la totalité des marchés. Il a été choisi pour sa forte fréquentation et donc pour une distribution d’enquêtes plus aisée. Les points de vente collectifs étudiés sont le magasin Brin d’Herbe de Vezin le Coquet et Douz’Arômes situé à Betton. Deux magasins de producteurs situés en proche périphérie de 17 Rennes. Le premier a la particularité de vendre des produits majoritairement biologiques et pour certains issus de l’agriculture durable tandis que le second vend des produits qualifiés de « fermiers ». Les trois systèmes de vente par panier ont tous été créés à l’initiative de consommateurs. L’un est un groupement d’achat et les deux autres sont de types AMAP24 mais ne souhaitent pas pour autant se constituer sous cette forme. Figure 3 : Exemple de point de vente collectif, le magasin Brin d’Herbe 2.1.3 - Passation des questionnaires Pour mieux appréhender la question des circuits courts alimentaires, il paraît indispensable d’interroger autant les consommateurs que les producteurs. L’opportunité de travailler avec un groupe d’étudiants sur le sujet a clairement défini le choix de traiter le sujet par questionnaire. Son élaboration n’a pu être précédée d’entretiens exploratoires à cause des contraintes de temps du calendrier scolaire. L’objectif étant de caractériser l’offre et la demande tant socialement que spatialement. Un questionnaire a été construit pour les producteurs et un second pour les consommateurs (cf. annexes 1 et 2). Les points principaux sont les motivations d’usage de ces circuits, les pratiques de production ou de consommation et le rapport à la vente directe (régularité de fréquentation, part de la vente directe…). 24 AMAP : Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne 18 Dans la mesure du possible, ceci étant lié à leur disponibilité ou à leur intérêt porté à la démarche, les producteurs ont répondu au questionnaire sur leur lieu de travail. Cette technique s’est avérée être la plus efficace au contraire d’une passation avec un retour différé qui a montré un taux de retour très faible. Les quelques refus de réponses semblent être dus à la méfiance et à la volonté de ne pas divulguer des informations les concernant. Cela explique également dans les questionnaires remplis les non-réponses aux questions du lieu de l’exploitation et du chiffre d’affaires. Les marchés étant traditionnellement un lieu de prospection en tout genre, les consommateurs ont été assez méfiants en montrant leur manque de temps ou d’intérêt justifié ou non par la période des deux élections présidentielles et législatives 2007. Concernant les points de vente collectifs, les consommateurs ont été plus attentifs et ont répondu plus directement au questionnaire. Enfin, les organisations de vente par paniers ont globalement montré de l’intérêt et ont répondu autant en passation directe qu’en retour différé de questionnaire. Seules les organisations de vente par paniers dont l’initiative vient du consommateur et non du producteur ont été interrogées cela dans le but d’avoir un taux de retour important (50%). A Rennes Métropole, il existe trois organisations de vente par paniers à l’initiative de consommateurs et deux à l’initiative de producteurs. A noter que les questionnaires étaient particulièrement conséquents puisque le questionnaire consommateur était long d’une page recto-verso et le questionnaire producteur long de deux recto et un verso. Cela peut expliquer certains refus de réponses. Au terme de l’enquête, l’échantillon consommateur se constitue de : - Au total, 99 enquêtés - 42 enquêtés sur le marché des Lices dont 14% dans l’allée des produits biologiques - 29 enquêtés dans les points de vente collectifs (Brin d’Herbe et Douz’Arômes) - 28 enquêtés dans les organisations de vente par paniers à l’initiative de consommateurs L’échantillon producteur se constitue de : - Au total, 42 enquêtés complétés par trois entretiens semi-directifs (un producteurvendeur sur les marchés et en système panier, un producteur-vendeur en point de vente collectif, une productrice-animatrice de système panier). - 35 enquêtés sur les marchés 19 - 5 enquêtés dans les points de vente collectifs - 2 enquêtés dans les systèmes paniers 2.2 - Profils des échantillons Il s’agit de savoir quelle est la population concernée par l’objet d’étude et connaître les particularités des échantillons consommateur et producteur. 2.2.1 - Caractéristiques de l’échantillon consommateur Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon (99 enquêtés) Marché des Lices Points de vente collectifs Systèmes panier Population Echantillon de Rennes Métropole 25 Sexe : - masculin 60% 28% 43% 45% / - féminin 40% 72% 57% 55% / 19% 7% 50% 24% 59% - de 35 à 44 ans 12% 24% 19% 14% 13% - de 45 à 54 ans 16,5% 52% 21% 31,5% 10,6% - 55 ans et plus 52,5% 17% 10% 30,5% 17,4% 2 2,8 2,6 2,6 2,25 - Agriculteurs exploitants 0% 0% 0% 0% 0,5% - Artisans, commerçants et chefs 0% 0% 0% 5% 3,7% 7% 21% 19% 10,5% 13,8% - Professions Intermédiaires 36% 69% 53% 52% 17,3% - Employés 5% 3% 0% 4,5% 12,1% - Ouvriers 2% 3% 3,5% 4% 14,6% - Retraités 36% 3% 3,5% 16% 22% - Autres personnes sans activité 7% 0% 21% 8% 15% Age : - moins de 35 ans Taille moyenne du ménage CSP : d'entreprise - Cadres et professions intellectuelles supérieures professionnelle 25 Les chiffres de la communauté d’agglomération rennaise sont tirés de : Insee Bretagne – Flash d’OCTANT – N°94 – Janvier 2004 20 Ce premier tableau permet d’avoir un regard global du panel consommateur même si on y remarque déjà des disparités parmi les lieux de vente. On doit souligner malgré tout que les moyennes sont peu significatives étant donné le faible nombre d’enquêtés. L’échantillon est composé à 55% de femmes. L’âge moyen est de 48 ans et les deux tiers des consommateurs ont plus de 45 ans. La taille du ménage moyen est de 2,6 personnes. Plus de la moitié fait partie des professions intermédiaires et 16% sont des retraités. Comparativement aux chiffres de la population de Rennes Métropole datant de 1999, l’âge moyen était de 36 ans et la taille du ménage moyen de 2,25 personnes. La répartition des personnes de référence des ménages par catégories socioprofessionnelles à Rennes Métropole montrait que les groupes dominant sont les retraités à 22% et les professions intermédiaires à 17,3%26. Les consommateurs des circuits courts sont donc principalement des professions intermédiaires, d’un âge assez avancé et dont le ménage est encore bien constitué. En confrontant les lieux de vente, on remarque que si la parité homme-femme est relativement respectée, les points de vente collectifs montrent une forte domination des femmes (72%). Les marchés ont une clientèle âgée (52% ont plus de 55 ans) et avec un petit ménage. A l’inverse celle de la vente par paniers est jeune (la moitié a moins de 35 ans) et les familles les plus nombreuses semblent consommer dans les points de vente collectifs car le taille du ménage moyen y est de 2,8 personnes. Concernant les catégories socioprofessionnelles, le marché des Lices a une clientèle assez hétérogène mais principalement divisé entre les professions intermédiaires (36%) et les retraités (36%). Les consommateurs des points de vente collectifs sont en grande majorité des professions intermédiaires (69%) et des cadres (21%) tout comme la vente par panier, respectivement 53% et 19% à la différence ici que 21% sont sans activité professionnelle (étudiants et chômeurs). 2.2.2 - Caractéristiques de l’échantillon producteur Cet échantillon ne peut en aucun cas être représentatif de la diversité des modes de vente en circuits courts. Il représente à 83% les vendeurs des marchés même si ces derniers utilisent parfois d’autres circuits courts pour écouler leurs produits. Le nombre de producteurs concernés directement par la vente en magasins collectifs ou fournissant des systèmes de paniers étant faibles comparativement au nombre de producteurs présents sur les marchés, l’échantillon s’en trouve déséquilibré. La passation des questionnaires est en effet efficace sur 26 Les chiffres de la communauté d’agglomération rennaise sont tirés de : Insee Bretagne – Flash d’OCTANT – N°94 – Janvier 2004 21 les marchés où les producteurs sont nombreux et regroupés. A l’inverse pour les autres types de vente, les producteurs sont éloignés du magasin ou du dépôt de paniers ce qui oblige à distribuer les questionnaires durant les réunions avec ensuite un retour différé. Le taux de retour est très faible. Malgré tout, les marchés représentant la plus grosse part en volume d’échanges en circuit court et étant historiquement le lieu privilégié de la vente directe, leurs producteurs-vendeurs tiennent un rôle particulier pour caractériser l’offre et l’évolution des motivations ainsi que l’aire d’approvisionnement d’un bassin de consommation. C’est pourquoi les producteurs directs ont été répertoriés autant que possible même lorsqu’ils ne répondaient pas à l’enquête. On a alors une aire de chalandise de 61 producteurs-vendeurs sur les marchés, 31 producteurs adhérents et 70 dépositaires-vendeurs dans les points de vente collectifs, 17 producteurs fournissant les systèmes paniers. Tableau 2 : Caractéristiques de l’échantillon (42 enquêtés) Echantillon Ille et Vilaine27 Sexe : - masculin 79% - féminin 21% Age : - moins de 35 ans 21% 12,9% - de 35 à 44 ans 23% 35,8% - de 45 à 54 ans 28% 31,6% - 55 ans et plus 28% 19,7% Niveau de diplôme : - égal au BTS 30,5% - égal au BAC 16,5% - égal au BEP/CAP 44,5% - inférieur au BEP/CAP 8,5% Subventions à l’installation ou à la reconversion : - oui 24% - non 76% Production en agriculture biologique : - oui 31% - non 69% Part de la vente directe dans le chiffre d’affaires : 27 - plus de 80% 72% - entre 50% et 80% 17% - moins de 50% 11% Les chiffres de l’Ille et Vilaine sont tirés de : Agreste – RA 2000, Enquête Structure 2005 22 Les personnes ayant répondu sont majoritairement les chefs d’exploitations ou associés de l’exploitation (GAEC). Treize d’entre eux ont la certification Agriculture Biologique. Dans certains cas, ce sont les employés vendeurs sur les marchés qui ont répondu (quatre cas). Le niveau de diplôme moyen est égal au BEP/CAP mais presqu’un tiers possède un diplôme égal à BAC + 2 (généralement BTS). 79% des personnes interrogées sont des hommes et la moyenne d’âge est de 47 ans ce qui est légèrement supérieur à la moyenne d’âge du département (45 ans). En comparant aux chiffres du département de l’enquête structure 2005, on remarque que l’échantillon a une répartition des classes d’âges beaucoup plus homogène. Les tranches d’âge des 45 à 54 ans et des plus de 55 ans sont les plus importantes dans l’échantillon au contraire des chiffres de l’Ille et Vilaine où ce sont les classes d’âge des 35 à 44 ans et des 45 à 55 ans. Cependant, on peut affirmer que le dynamisme de l’échantillon est incontestable puisque les moins de 35 ans représentent 21% des exploitants ce qui est très supérieur à la moyenne départementale. Presque la moitié de l‘échantillon est constitué de maraîchers, 14% de producteurs de viande rouge (bœuf, porc et charcuterie) et 10% de producteurs de volaille, 10% sont des paysans boulangers, 11% produisent du fromage et 8% sont producteur-transformateurs (lait, yaourt, miel…). Ces chiffres correspondent dans l’ensemble à ceux recensés dans toute l’agglomération rennaise (figure 4). Figure 4 : Part des différentes productions vendues dans les circuits courts de Rennes Métropole Source : Enquête terrain, Accueil Paysan, Bienvenue à la ferme, Inter Bio Bretagne, Agrobio 35 23 En résumé, les consommateurs sont beaucoup plus âgés que la moyenne de l’agglomération et ont un ménage plus grand. Ce sont généralement des familles bien constituées ou des retraités. Les productions les plus présentes concernent les légumes et les viandes. En moyenne, les producteurs sont légèrement plus âgés que celle du département mais on remarque un fort dynamisme chez les jeunes puisque le chiffre de la tranche d’âge des moins de trente cinq ans est largement supérieur à celui de l’Ille et Vilaine. Les particularités de la population utilisant les circuits courts étant maintenant ciblées, la prochaine étape vise à savoir quelles sont les caractéristiques de leurs usages. Producteurs et consommateurs ont-ils les mêmes motivations? Vivent-ils sur le même territoire ? Quels sont les moteurs du dynamisme des dispositifs ? 3 - PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS : QUELS LIENS POUR QUEL TERRITOIRE ? Pour pouvoir cerner l’existence potentielle d’un territoire commun entre producteur et consommateur, il est nécessaire de confronter leurs pratiques tant dans leurs finalités que dans leur insertion dans l’espace. Il s’agit de connaître tout d’abord les motivations d’usage des circuits courts par les consommateurs et producteurs, ensuite de visualiser l’implantation territoriale des aires de chalandises et d’approvisionnement et saisir le dynamisme des dispositifs. 3.1 - Motivations d’usage des circuits courts Si l’échange dans un circuit court tient le même rôle que dans un circuit long, c’est à dire satisfaire l’offre et la demande, il n’en demeure pas moins que les motivations qui l’ont provoqué sont différentes. 24 Tableau 3 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs sur la base de l’échantillon total (en %) Marchés Echantillon total Motivations* Points de vente collectifs Systèmes de paniers faible Forte faible forte faible forte faible forte Le goût 15 76 26 74 0 93 14,5 64 La fraîcheur 15 73 19 81 0 86 25 53,5 La relation avec le producteur 28 60 43 57 20,5 55 14,5 71 Le soutien aux paysans 33 60 52 45,5 31 59 7 89,5 L’accueil 30 59 31 69 24,5 55 39 46,5 Le consommer local 39 53 62 35,5 31 59 14 75 La connaissance du type de production 45 46 62 35,5 48 35 17,5 75 La confiance en l’agriculture bio 45 44 67 30,5 38 52 21,5 57 La transparence de la transaction 48 42 67 33 41 38 28,5 60,5 La gamme disponible 43 34 50 50 24 31 53,5 14,5 L’apparence 50 30 59 38,5 35 23,5 53,5 21,5 Le conditionnement 54 30 76 21,5 38 31 39 43 La commodité d’approvisionnement 54 25 71 29 38 24 46,5 21,5 Les heures d’ouverture 56 25 62 35,5 28 31 78,5 4 Le prix 53 21 67 33 41 24,5 46,5 3,5 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau. Les motivations des consommateurs sont ici clairement identifiées. Il apparaît que le goût des produits et leur fraîcheur sont les motivations principales. Viennent ensuite l’aspect relationnel et le soutien de l’agriculture locale. Même si globalement ces motivations se démarquent, les différents types de lieux de vente montrent des consommateurs spécifiques à chacun d’entre eux. 70% producteurs utilisant les circuits courts le font pour le contact direct avec le consommateur. C’est sous doute le meilleur moyen pour eux de valoriser leurs produits, 45% pensent que cela contribue à la diffusion de bonnes pratiques agricoles. 25 Tableau 4 : Hiérarchisation des motivations des producteurs utilisant les circuits courts (en %) Echantillon total Motivations* La relation avec le consommateur faible moyenne Forte 18 12 70 La diffusion de bonnes pratiques agricoles 43 12 45 L’intérêt économique par les prix 40 24 36 La dynamique avec les citoyens 62 9 29 La reprise d’activité 69 7 24 La dynamique entre producteurs 62 17 21 L’intérêt économique par les quantités 79 14 7 La commodité livraison-distribution 76 19 5 L’usage d’intermédiaires 90 10 0 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. En croisant les tableaux des motivations des producteurs et des consommateurs, quatre thèmes apparaissent. Les circuits courts valorisent un échange dans lequel le producteur et le consommateur trouvent des intérêts communs représentés par l’aspect relationnel, la dimension éthique, la démarche citoyenne et enfin dans l’acte purement économique de l’échange même si ce dernier ne représente que la partie émergée de l’iceberg. 3.1.1 - Consommer et produire, acheter et vendre L’échange doit satisfaire les intérêts économiques des deux acteurs. La particularité des circuits courts est que le produit est vendu par son producteur qui doit répondre au attentes du consommateur direct. - Les producteurs-vendeurs A la question des motivations d’usage des circuits courts, deux producteurs ont répondu catégoriquement en réponse ouverte : « c’est mon gagne-pain ! » et « vendre mon travail ». Ces citations soulignent la réalité économique mais également la volonté de valoriser son travail en utilisant les circuits courts. Supprimer les intermédiaires présents dans les circuits de l’agroalimentaire a pour objectif la ré-appropriation de sa production et est le résultat de l’examen comparatif coût/recette entre circuits longs et circuits courts. Ce mode de mise en vente impose une double casquette, celle du producteur et du vendeur. Mettre en vente ses 26 produits soi-même est une charge de travail supplémentaire. 72% évoquent le temps passé et les astreintes comme l’inconvénient principal du métier. Les caractéristiques des enquêtés : - en moyenne, ils font 83% de leur chiffre d’affaires en vente directe et la moitié en réalise la totalité. - 69% des producteurs ne font pas l’objet d’une reprise d’activité et ont donc choisi volontairement les circuits courts pour vendre leurs produits. - L’intérêt économique de ce type de mise en vente est clairement lié aux prix pratiqués (36%) plus qu’à la quantité vendue (7%). C’est donc la qualité qui prime sur la qualité. Le prix des produits se fixe surtout au regard des étals des autres producteurs et dans une moindre mesure de celui des GMS28. Pour les produits biologiques, les producteurs ont en tête les prix des magasins Biocoop situés en périphérie de Rennes. - Les consommateurs-acheteurs La principale raison de fréquentation de ces lieux de vente est la qualité du produit vendu. 76% ont mentionné le goût et 73% la fraîcheur comme des motivations fortes. Les produits d’appel sont globalement les légumes et le pain mais cela varie fortement en fonction du lieu de vente. En points de vente collectifs, les achats se portent majoritairement sur les viandes (rouge, blanche et charcuterie).Dans les paniers on trouve surtout du pain, du fromage et des légumes. Sur le marché des Lices, ce sont les fruits et légumes ainsi que le poisson et les fruits de mer qui attirent le plus (tableau 5). Tableau 5 : Choix du produit selon le lieu d’achat (% de consommateurs ayant cité le produit) Choix de produit Echantillon total Points de vente collectifs Vente par paniers Marchés 76 52 49 45 44 33 32 28 22 19 17 15 13 10 76 59 41 45 86 69 3 55 52 21 17 17 17 10 61 79 14 71 21 0 29 18 7 43 32 29 4 21 88 31 79 29 31 31 55 17 12 2 7 5 17 2 Légumes Pain Fruits Fromage Viande rouge Volaille Autres (dont poissons et fruits de mer) Œufs Charcuterie Yaourts Confitures Boissons Miel Lait 28 GMS : Grandes et Moyennes Surfaces 27 Une partie du questionnaire est réservée à la perception qu’a le consommateur de ses dépenses dans les circuits courts. Il est nécessaire d’émettre des réserves quant à la fiabilité du résultat « budget consacré » car il ne concerne seulement que quarante six enquêtés dû au fort taux de non-réponse à cette question. Par exemple seuls deux enquêtés sur le marché des Lices ont répondu à cette question. Ici apparaît un biais car on peut considérer que les personnes ayant accepté de répondre font partie des consommateurs les plus motivés. De plus, ce résultat est basé sur des estimations de consommateurs et non sur un calcul fiable de leur budget. C’est pourquoi l’analyse du budget consacré se porte uniquement sur une comparaison de la perception des dépenses entre les consommateurs des points de vente collectifs et des systèmes de panier avec comme point de comparaison un chiffre de la consommation alimentaire nationale : En 2004, les ménages français consacrent en moyenne 17,5% de leur budget total dans l’alimentation, boissons et tabac29. - Points de vente collectifs : La moitié des consommateurs les fréquente au moins une fois par semaine. Ils consacrent en moyenne 31% de leur budget total dans les dépenses alimentaires, dont 36% sont consacrés à la vente directe et 29% sont dépensés dans le lieu de vente où ils ont été enquêtés. Parmi eux 42% dépensent plus de 50% de leur budget alimentaire dans ce lieu. Les autres types de vente fréquentés en circuit court sont à 82% les marchés et seulement à 6% pour d’autres lieux de vente directe. - Vente par panier: Les consommateurs consacrent en moyenne 24% de leur budget total dans les dépenses alimentaires, dont 34% sont consacrés à la vente directe et 23% sont dépensés dans le lieu de vente où ils ont été enquêtés. Les autres types de vente fréquentés en circuit court sont à 92% les marchés et à 54% d’autres lieux de vente directe. Ainsi, ces deux types de consommateurs dépensent un tiers de leur budget alimentaire dans la vente directe. Les acheteurs de paniers dépensent dans d’autres circuits courts alors que ceux des points de vente collectifs sont plus fidélisés. Cela s’explique par la différence de gamme disponible entre ces deux modes de vente qui est souligné dans le tableau des 29 Source INSEE : « Compte de la nation », base 2000. 28 motivations de fréquentation (tableau 3). Les consommateurs des points de vente collectifs sont plus satisfaits par la gamme offerte que ceux des ventes par paniers. La relation producteur-consommateur est une motivation forte et commune chez les deux acteurs de l’échange. 62% des producteurs et 60% des consommateurs l’ont mentionnée. Mais cet aspect relationnel est pour l’acheteur différent selon les points de vente. Sur les marchés, il s’apparente à la convivialité du lieu puisque la qualité de l’accueil est plus mentionnée que la relation au producteur. Le marché fait vivre un quartier et est un lieu de rencontre. 81% le connaît parce qu’il est proche de leur logement. Faire le marché est synonyme de détente. L’acte d’achat prend alors une autre dimension que celle purement économique. Par exemple, les conseils de préparation des produits donnés par le producteur sensibilisent l’acheteur et valorisent sa production. C’est une manière de fidéliser le client mais qui créé à la longue un lien social indéniable. 63% des producteurs considèrent la fidélité de leur clientèle comme bonne et 20% comme excellente. Pour les systèmes paniers, c’est la relation directe et l’idéologie commune avec le producteur qui prime sur l’accueil car les acheteurs ont ici un rôle plus marqué dans l’échange. Ils tiennent une place financièrement moins anonyme pour le producteur ce qui leur confère un rôle particulier, allant même jusqu’au droit de regard sur la qualité des pratiques agricoles. Ainsi la transparence de la transaction (60%) et la connaissance du type de production (75%) leur importent beaucoup. Le lien social créé ici est directement lié à la volonté de connaître le producteur à travers son métier, sa production et les problèmes qui y sont associés. 89,5% des consommateurs de paniers mentionnent le soutien à l’agriculture paysanne comme une motivation forte d’achat. Ce sont des consommateurs qui se connaissent hors du lieu d’achat car ils ont pour la plupart d’entre eux connu leur système panier par l’intermédiaire du réseau amical ou familial (37%), du réseau associatif (17%) ou du réseau professionnel (8%) (Tableau 6). La cohésion est donc forte. Tableau 6 : Moyens de diffusion de l’existence des lieux de vente Moyen de diffusion Proximité lieu de vente-logement Bouche à oreilles Publicité Réseau amical ou familial Réseau professionnel Réseau associatif Réputation A l’origine de l’initiative Recherche Internet Proximité lieu de vente-travail 29 Moyenne Effectif réel Points de vente collectifs Paniers Marchés 32 23 10 11 7 7 4 3 1,5 1,5 17 26,5 30 17,5 9 0 0 0 0 0 0 25 0 37 8,3 16,7 0 8,3 4,7 0 81 3,75 0 0 0 0 11,5 0 0 3,75 Les consommateurs en points de vente collectifs sont moins sensibles à l’accueil et à la relation avec le producteur que ceux des autres lieux de vente. Cela peut être dû au côté conventionnel de l’échange qui se déroule dans un magasin, certes tenu par des producteurs et juxtaposé à une exploitation, mais dont l’organisation de l’espace reste mercantile (rayons, caisse…) et rend l’acte d’achat plus formel. De plus on remarque peu de cohésion entre ces consommateurs. En effet, le premier moyen de diffusion de l’existence de points de vente collectif est la publicité suivi du bouche à oreilles (tableau 6). 3.1.3 - Le « consumérisme politique » L’intégration d’une démarche politique dans l’acte de consommation est défini par Sophie Dubuisson-Quellier30 comme le « consumérisme politique » : « Introduite avant tout par les sciences politiques, cette notion vise à restituer l’engagement des consommateurs dans le débat politique, aux côtés d’autres formes de participation politique alternatives aux formes « conventionnelles » (le militantisme et le vote) comme la participation à des réseaux informels […]. Le consumérisme politique est analysé comme l’expression par les consommateurs d’un choix de producteurs et de produits sur la base d’une variété de considérations éthiques et politiques. »31 - Le soutien de l’agriculture paysanne locale 60% des consommateurs ont pour but de soutenir l’agriculture paysanne et 53% désirent consommer localement (tableau 3). Cela est flagrant dans les systèmes paniers et vrai dans les PVC. Du côté des producteurs, plus de la moitié de l’échantillon affirme que l’usage des circuits courts a créé un emploi supplémentaire à ceux existants. Un exemple concret : un GIE regroupant trois maraîchers a pu créer un emploi grâce aux trois cents paniers qu’ils fournissent par semaine. L’emploi créé consiste à préparer les paniers, à les distribuer et à faire le marché des Lices. Il est évident que l’autonomie que procure l’usage des circuits courts contraste avec le système productif national. Le producteur est libre de ses choix de mise en marché mais est guidé par le comportement des consommateurs. Le soutien de l’agriculture paysanne locale 30 Sophie Dubuisson-Quellier est chargée de recherche au Centre de sociologie des organisations et est responsable du programme C3D. Elle encadre également le travail de Aurélie Cardona qui porte sur l’étude du pays de Dinan (cf. préambule) 31 Tiré de « Faire le marché autrement », Sophie Dubuisson-Quellier, Claire Lamine – article paru dans Sciences de la Société n°62, mai 2004. 30 montre que le consommateur se sent impliqué dans le devenir du producteur et que de l’échange purement économique peut naître un discours commun. - Ethique et environnement La volonté de s’affranchir des intermédiaires pour valoriser la production grâce au contact direct avec le consommateur est vérifiée. Aussi, 29% des producteurs sont motivés dans l’échange par une dynamique citoyenne (tableau 4). 45% sont fortement motivés par la diffusion de bonnes pratiques agricoles. Rappelons qu’un tiers de l’échantillon détient la certification Agriculture Biologique. Le tableau 7 montre que 61% des producteurs en production biologique utilisent les circuits courts dans l’idée de diffuser leur pratique agricole contrairement au reste des producteurs qui y est moins sensibles. Tableau 7 : Comparaisons des motivations des producteurs en biologique et non-biologique Total des producteurs (40) Motivations* Producteurs biologiques (13) Autres producteurs (27) Faible forte faible forte faible forte La relation avec le consommateur 19 70 15 85 22 63 La diffusion de bonnes pratiques agricoles 43 45 31 61 48 37 L’intérêt économique par les prix 40 36 61 31 30 41 La dynamique avec les citoyens 62 29 61 38 63 26 La reprise d’activité 69 24 85 8 59 33 La dynamique entre producteurs 62 21 69 23 59 22 L’intérêt économique par les quantités 79 7 85 15 74 4 La commodité livraison-distribution 76 5 92 8 67 4 L’usage d’intermédiaires 90 0 92 0 85 0 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau. Ce type de mise en vente est donc un moyen de valoriser leurs pratiques agricoles. On remarque que plus le consommateur est intéressé par le type de production et plus le producteur a un produit de qualité. Cela se vérifie dans les systèmes paniers où les consommateurs exigent des produits de qualité et de ce fait favorisent le développement d’une production durable ou biologique. En effet, les trois organisations de vente par panier enquêtées ont des producteurs dont les pratiques sont biologiques ou durables. Les deux autres systèmes de paniers existants dans l’agglomération rennaise viennent d’initiatives de maraîchers en production biologique. Le contraste est significatif entre les deux points de vente collectifs : Brin d’Herbe vend majoritairement des produits issus de l’agriculture biologique ou durable ce qui se reflète dans 31 les motivations de fréquentation de ses consommateurs. 68% d’entre eux fréquentent le magasin car ils ont confiance en l’agriculture biologique (tableau 8). Douz’Arômes qui ne vend que très peu de produits certifiés biologiques ou durables, a une clientèle peu sensibilisée à ce type de pratiques agricoles. Tableau 8 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs dans les points de vente collectifs (en%) Total des points de vente collectifs Motivations* Brin d’Herbe Douz’Arômes Faible Forte faible Forte faible forte Le goût 0 93 0 90 0 100 La fraîcheur 0 86 0 90 0 80 Le consommer local 31 59 32 58 30 60 Le soutien aux paysans 31 59 32 58 30 60 La relation avec le producteur 20,5 55 26 58 10 50 L’accueil 24,5 55 37 47 10 60 La confiance en l’agriculture bio 38 52 26,5 68 60 20 La transparence de la transaction 41 38 37 42 50 20 La connaissance du type de production 48 35 42 37 60 30 La gamme disponible 24 31 26,5 26,5 20 40 Les heures d’ouverture 28 31 32 26 20 40 Le conditionnement 38 31 37 31,5 40 30 Le prix 41 24,5 47 26,5 30 20 La commodité d’approvisionnement 38 24 42 26 30 20 L’apparence 35 23,5 42 21 20 40 * L’évaluation des motivations s’échelonne de 1 à 10, 1 ayant une faible importance et 10 une grande importance. On considère les faibles motivations comme étant les réponses allant de 1 à 3 et les fortes réponses comme étant celles allant de 8 à 10. La part des motivations moyennes (de 4 à 7) n’est pas indiquée dans le tableau. La relation entre le producteur et le consommateur peut créer une dynamique allant vers l’amélioration du mode de production et de consommation, donc vers une meilleure protection de l’environnement. Cette première analyse a mis en lumière l’importance accordée à la qualité de la production, tant du point de vue du consommateur pour le goût du produit que du point de vue du producteur pour la valorisation de son travail. Le contact présent dans l’échange a une valeur significative pour les deux acteurs dans le sens où il constitue une plus value à la valeur du produit. L’engagement politique et éthique fait parti des motivations mais son intensité est variable selon les dispositifs. 32 3.2 - Circuits courts et opacité de l’espace La communauté d’agglomération rennaise a la particularité d’être dotée de « ceintures vertes » entourant la ville de Rennes et les communes périurbaines. Cette organisation spatiale particulière laisse penser qu’elle renforce la proximité entre le producteur et le consommateur, tant du point de vue kilométrique que social. Par conséquent la mobilité est également un facteur favorisant ce rapprochement. 3.2.1 - Proximité du producteur et du consommateur La question de la proximité entre les deux acteurs de l’échange a été traitée à travers plusieurs cartes (cartes 1, 2, 3 et 4). Cette analyse concerne les consommateurs enquêtés ainsi que tous les producteurs correspondant aux lieux de vente, enquêtés ou non mais dont l’adresse est recensée. La graphique suivant nous donne une première idée de la répartition de la production sur le territoire de Rennes Métropole. Les circuits courts alimentaires ont une production a 78% départementale, c’est-à-dire comprise dans un rayon de cinquante kilomètres (en prenant Rennes comme point central). Figure 5: Origine de la production des circuits courts de Rennes Métropole Source: enquête terrain, Accueil Paysan, Bienvenue à la Ferme, Inter Bio Bretagne, Agro Bio Premièrement, on remarque une nette différence de taille entre les aires d‘approvisionnement des différents types de ventes. Celle des points de vente collectifs s’étend jusque dans l’Aube à l’Est et en Gironde au sud (carte 2). Le marché des Lices draine des producteurs de tout l’Ille et Vilaine ainsi que de Loire Atlantique, Mayenne et Côte d’Armor (carte 1). En ce qui concerne la vente par panier, les distances d’approvisionnement sont plus courtes comme l’illustre parfaitement les Paniers de St Gilles (carte 3). C’est en effet une volonté de leur part que de se fournir au plus proche de chez eux au contraire du 33 Panier Hiroko qui privilégie la production biologique dont les exploitations sont situées au sud-ouest de Rennes (région de Guichen). L’exigence du consommateur est fonction du type du produit, de sa qualité et donc de sa rareté. En conséquence plus la variété des produits consommés est grande et de qualité, et plus cela suggère de s’approvisionner loin du lieu de consommation. Ainsi Brin d’Herbe propose du vin biologique venant de Gironde et Douz’Arômes du champagne biologique de l’Aube. A contrario, les produits de consommation courante (si l’on considère le vin comme n’en faisant pas partie) sont produits dans un rayon beaucoup plus restreint (tableau 9). Tableau 9 : Corrélation entre le lieu de production et la fréquence de consommation du produit (en FORTE - Distance - FAIBLE nombre de producteurs) Légumes Produits laitiers Pain Viande Boisson (jus de pomme, vins…) Autres produits transformés Total 155,33 99,36 54,11 36,1 / / / Rennes métropole 13 6 0 10 2 1 36 Ille et Vilaine 21 10 4 20 4 5 73 Départements limitrophes 10 3 1 2 3 6 27 Autres départements 1 0 0 0 6 0 7 Total 45 19 5 34 15 12 143 Quantité moyenne consommée par personne en 2003 (en kg) FORTE - Régularité de consommation - FAIBLE Source : Enquête terrain 2007, INSEE « compte de la nation », base 2000. Deuxièmement, la proximité géographique entre le lieu d’exploitation et le consommateur direct n’est pas significative dans le sens où les aires de chalandises ne se constituent pas autour des exploitations mais autour des points de vente. Bien sûr la notion de proximité en circuits courts est à relativiser au regard des distances parcourues par les produits en circuits longs. La localisation du lieu de vente tient alors tout son rôle. Il se doit d’être au plus proche du consommateur visé, consommateur qui on l’a vu est différent selon les dispositifs. Ainsi au marché des Lices (carte 1), situé au cœur du centre-ville de Rennes, 69% des consommateurs sont rennais. Sa réputation et sa taille (250 étals) attirent le consommateur (parfois touriste) jusque dans les départements limitrophes au contraire des autres dispositifs. C’est un consommateur qui est là pour acheter et flâner qu’il y ait ou non ses habitudes d’achats. Le marché tient un rôle de vitrine de la ville et de vie de quartier même si les Lices 34 atteint une dimension plus grande, quasi urbaine. Sa localisation est historique puisqu’elle date au moins du 16ème siècle. Il est doté d’infrastructures permanentes (halles) qui renforcent son statut exceptionnel. Carte 1 : Le marché des Lices, aires d’approvisionnement et de consommation 35 Les magasins de producteurs (carte 2) ont une clientèle majoritairement périurbaine (62%) même si leurs lieux de vente sont implantés aux portes de la ville. Lors du dépouillement de l’enquête, les aires de chalandises de Douz’Arômes à Betton (commune située au nord de Rennes) et du Brin d’Herbe de Vezin le Coquet (commune située à l’ouest de Rennes) ont montré qu’elles ne se recoupaient pas sauf pour les consommateurs d’origine rennaise. Les points de vente collectifs sont donc suffisamment éloignés pour ne pas se concurrencer et ne pas toucher le même bassin de consommation. Le sentiment de proximité entre le consommateur et le producteur est renforcé par le fait que c’est le producteur qui vend directement son produit au consommateur. Carte 2 : Les points de vente collectifs, aire d’approvisionnement et lieux de vente 36 La vente par panier (carte 3) fonctionne principalement par dépôt des produits au plus proche des consommateurs. Le dépôt des Paniers de St Gilles se situent au cœur de la commune puisque la majorité des consommateurs y habitent. Leurs producteurs ont été choisis en fonction de leur proximité. Dans le cas du Panier Hiroko et de Vivres en Commun, les producteurs sont plus dispersés mais se regroupent lors des livraisons pour distribuer d’un seul tenant les paniers aux dépôts situés en centre-ville de Rennes. L’éloignement entre le consommateur et l’exploitation est atténué soit par des visites ponctuelles des fermes, soit par le contact directe avec le producteur lors de la distribution des paniers. Carte 3 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de consommateurs 37 Lorsque ce sont les producteurs qui sont à l’initiative d’une vente par panier (carte 4), les quantités distribués et le nombre de dépôts deviennent beaucoup plus importants. Les Paniers du Giraumon fournissent plus de trois cents paniers par semaine pour neuf dépôts, les Jardins du Breil deux cents cinquante paniers pour seize dépôts. On peut venir chercher son panier directement chez le producteur mais pour la majorité des acheteurs, ils n’ont pas ou peu de contact avec le producteur. Carte 4 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de producteurs 38 3.2.2 - Mobilité et consommation Le dispositif fréquenté conditionne les déplacements. En effet l’enquête montre que les deux tiers de l’échantillon habitent à moins de quinze minutes et à moins de quatre kilomètres du lieu de vente. 60% n’ont pas indiqué à quelle distance se situait le lieu de vente de leur lieu de travail. Les personnes ayant répondu le plus à la question de la distance entre leur travail et leur lieu d’achat fréquenté sont les consommateurs des points de vente collectifs. Les horaires d’ouvertures et leurs localisations se prêtent plus facilement à la consommation en sortant du travail que les marchés ou la vente par paniers. De plus, les magasins sont situés en proche périphérie de Rennes, donc sur les trajets domicile-travail entre le pôle urbain de Rennes et la zone résidentielle périurbaine. Les trajets domicile-travail, fréquents et courts, sont les principaux déterminants de la mobilité locale32. Tableau 10 : Eloignement du domicile au lieu de vente en temps (en %) Paniers Point de vente collectif Marché Moins de 10 minutes 48 39 23,5 Entre 10 et 19 minutes 30 48 58 Entre 20 et 29 minutes 15 9 8 Plus de 30 minutes 7 4 10,5 TEMPS Tableau 11 : Eloignement du domicile au lieu de vente en distance (en %) DISTANCE Moins de 2 km De 2 à 4 km De 5 à 9 km De 10 à 19 km 20 Km et plus Paniers Point de vente collectif Marché 36 36 7 11 11 4 42 17 37 0 37,5 32,5 12,5 5 12,5 Les aires de chalandises des paniers et du marché des Lices sont grandes mais concentrées vers le lieu de vente. Celles des points de vente collectifs sont plus petites mais resserrées aux alentours de dix kilomètres du magasin. Au regard du temps domicile-lieu de vente, la modalité point de vente collectif se prête beaucoup mieux à l’usage de la voiture que les 32 MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE, 2006, Mobilité transport et environnement. Rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement. 39 autres modalités étudiées. A signaler que les points de vente collectifs sont situés en bordure d’un grand axe de circulation. A l’inverse le marché montre un accès à pieds car les personnes habitent près du lieu de vente mais mettent entre dix et vingt minutes à y accéder. La modalité de système panier renforce également l’idée de proximité car la moitié de ses usagers loge à moins de dix minutes du lieu de dépôt. Les déplacements sont réguliers et fréquents : - 72% viennent aux Lices une fois par semaine - 52% consomment au moins une fois par semaine dans les points de vente collectifs - Aux Paniers de St Gilles, la totalité consomme une fois par semaine, au Panier Hiroko, 85% consomment une fois par semaine. A Vivres en Commun, 60% consomment deux fois par mois Comme démontré auparavant, ce n’est pas seulement la qualité du produit qui motive à consommer dans ces lieux puisque 30% estiment qu’ils peuvent trouver les mêmes produits plus près de chez eux. Lorsque c’est le cas, 44% les trouvent dans le marché qui se situe le plus près de leur domicile. Aussi, la quasi totalité de l’échantillon consomme ailleurs que sur le lieu de vente sur lequel ils ont été enquêtés : 75% ont mentionné les marchés, 64% les grandes surfaces, 61% les supérettes et 24% d’autres lieux de vente directe. Beaucoup des consommateurs de paniers consomment dans d’autres circuits courts : 92% sur les marchés et la moitié dans d’autres lieux de vente directe. C’est moins vrai pour ceux qui fréquentent les autres dispositifs en particulier le marché des Lices. La forte proximité « lieu de vente-consommateur » ainsi que l’intensité de la fréquentation démontrent une augmentation de l’opacité de l’espace du point de vue de la demande. Aussi, les lieux de production des circuits courts ont une implantation départementale homogène au contraire des lieux de vente qui gravitent autour du bassin de consommation rennais. Ceci est bien démontré à travers les cartes 5 et 6 de la prochaine partie qui montrent que l’implantation des marchés et de leurs nombre d’étals augmentent à l’approche de Rennes et de son centreville. 40 3.3 - Dynamisme des circuits courts Parmi les modalités recensées, certaines sont apparues récemment alors que d’autres ont une existence traditionnelle. Le dynamisme s’exprime dans leur évolution et dans leur mode de fonctionnement, à savoir s’il y a une concertation entre les producteurs-vendeurs et les autres acteurs permettant l’échange (consommateur, municipalité, placier…). 3.3.1 - Les marchés Les marchés sont en volume la modalité principale des circuits courts. Selon les travaux de Frédéric Dénéchère, le chiffre d’affaires de l’ensemble des marchés de Rennes Métropole est situé entre quatre et neuf millions d’euros, ce qui représente entre 60 et 75% du chiffre d’affaires total des circuits courts alimentaires et environ cent soixante emplois33. Il existe quatorze marchés à Rennes et vingt dans le reste de l’agglomération rennaise. Sur la totalité, quatorze possèdent moins de dix étals. Tous n’ont pas la prétention d’animer un quartier et certains ont une fonction de complémentarité auprès des commerces sédentaires. Figure 6: Le marché des Lices à Rennes 33 DENECHERE F. 2007, « Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation », mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne. 41 Il y a une corrélation entre la taille des marchés et la taille des villes. Quatre marchés de l’agglomération rennaise se détachent du lot : Pacé, Betton, Bruz et Cesson Sévigné, quatre des cinq villes les plus peuplées de l’agglomération (carte 5). Seule la ville de St Jacques de la Lande (10000 habitants) est dépourvue d’un marché proportionnel à sa taille. Elle possède seulement un marché complémentaire de sept étals alimentaires dont aucun n’est en circuit court. Cela peut s’expliquer par le fait que la ville est située entre Rennes et Bruz et que son marché est écrasé par le poids de leurs marchés. Les marchés complémentaires ont une très faible proportion d’étals alimentaires en vente directe. Les marchés les plus importants aujourd’hui correspondent au plus anciens. On retrouve des traces du marché des Lices jusqu’au 16ème siècle et celui de Bruz a été créé en 1950. Ces deux marchés avec celui du quartier St Thérèse sont les plus gros de la communauté d’agglomération. Tout comme le rapport proportionnel entre la taille d’une ville et la taille de son marché, on remarque une corrélation entre l’ancienneté d’un marché et sa grande taille. A Rennes, les marchés les plus anciens sont chronologiquement Les Lices, St Thérèse, Villejean, le Landrel (le Blosne) et le marché du quartier Jeanne d’Arc qui possèdent respectivement 100, 36, 14, 13 et 15 étals alimentaires en vente directe (carte 6). 42 Carte 5 : Les marchés de Rennes Métropole . 43 Carte 6 : Les marchés de Rennes 44 La moyenne de la part de la vente directe sur le total des étals alimentaires de tous les marchés est de 24%. Sur les marchés rennais elle est de 28% contre 17,5% sur les marchés du reste de la communauté d’agglomération. Cette différence peut s’expliquer par le nombre important de petits marchés de moins de dix étals situés dans les communes périurbaines (neuf sur vingt) qui sont pour la plupart des marchés complémentaires. Plus un marché est petit et plus sa part de vente directe est faible. Ainsi les marchés de moins de dix étals ont en moyenne 16% de produits en vente directe alors que le reste des marchés atteint les 24%. Les Lices et St Anne se démarquent largement avec respectivement 44% et 57% de produits alimentaires en vente directe. Le marché des Lices montrent que le maraîchage est la première activité à vocation alimentaire (figure 7). Figure 7 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe au marché des Lices Source : Enquête terrain 2007 Figure 8 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe dans les marchés de Rennes Métropole Source : Enquête terrain 2007 45 La figure 8 confirme la tendance à l’échelle de l’agglomération en ce qui concerne la place primordiale du maraîchage dans la vente directe sur les marchés. On note également le nombre important de petits étals de moins de deux mètres linéaires qui sont occupés par des produits à forte valeur ajoutée comme le miel ou la boisson (cidre, jus de pomme). Ce type d’étals est également occupé par des agriculteurs retraités qui vendent en petite quantité tous les produits de leurs fermes (légumes, œufs, volailles…) et qui leur permet de garder une activité sociale et un complément financier à leur retraite. Ensuite, les autres produits présents en vente directe sont le pain à 15% et la viande à 13%. Le problèmes pour ces deux types de produits est qu’ils sont directement confrontés à la concurrence des artisans des commerces sédentaires présents aux abords des marchés ce qui est sûrement un frein à leur développement. Viennent en dernier lieu les produits laitiers qui semblent avoir peine à se développer dû à la difficulté de transformation des produits (fromage, yaourts), et les fruits dont la faible abondance d’étals peut s’expliquer par le climat qui n’est pas propice aux cultures fruitières (les fruits vendus en vente directe sont les pommes et les kiwis). En 2001, une étude sur les marchés non sédentaires a été menée sur le territoire de Rennes Métropole34. On peut souligner quelques évolutions durant ces six années passées. Le nombre de marchés alimentaires est passé de trente-et-un à trente-quatre. Ainsi, ces cinq dernières années, six marchés se sont créés alors que sur la période 1990-2000, il en est apparu sept. Dans la communauté d’agglomération, St Jacques de la Lande, Nouvoitou et Thorigné Fouillard ont créé leur marché ces cinq dernières années. La commune de Thorigné Fouillard a créé un second marché en plus de celui existant le dimanche matin, c’est un marché complémentaire à la zone commerciale mise en place le mercredi après-midi. Ce créneau horaire est récent pour les marchés (celui de Nouvoitou fonctionne également le vendredi après-midi) et constitue une adaptation au rythme de travail des consommateurs. Ainsi parmi, les quatre marchés créés à Rennes depuis 2001 (Robidou/A.Guérin, A.Bayet, St Anne, la Poterie), deux fonctionnent l’après-midi. St Anne le jeudi et la Poterie le vendredi. Tous les marchés créés sont de petite taille et ne dépassent pas onze étals alimentaires et quatre étals alimentaires en vente directe. 34 « Les marchés non sédentaires dans la communauté d’agglomération rennaise », mémoire de Maîtrise de Géographie, Estelle Touraine, 2001. 46 Depuis 2001, deux marchés ont disparu. Le petit marché du Landrel (le Blosne) situé en semaine n’existe plus car celui de St Thérèse est très proche. De plus un marché beaucoup plus important est en place dans le même quartier le samedi matin. Le marché de la commune de Corps Nuds ne fonctionne plus non plus. En 2001, ce marché vivotait puisqu’il ne comptait que deux étals alimentaires. La figure 9 suivant illustre l’adaptation des marchés au rythme de travail des consommateurs. S’il n’y a pas de marchés le lundi cela est dû à une volonté des communes de respecter un jour de congé hebdomadaire pour les commerçants ambulants. Figure 9 : Nombre de marchés par jour TOTAL DES MARCHES MARCHES DE RENNES Nombre de marches MARCHES DES COMMUNES PE 8 6 4 2 mardi mercredi jeudi vendredi samedi dimanche Source : Enquête terrain 2007 Le mercredi est le jour le plus fourni en nombre de marchés. C’est le jour où l’on retrouve sur les marchés un grand nombre de mères de familles accompagnées de leurs enfants. Deux des quatre nouveaux marchés ont été créés le vendredi. Le vendredi est également le seul jour où deux marchés sont présents l’après-midi (de 15h à 19h30). De plus les courbes de Rennes et des communes périurbaines ont une tendance inversée sauf pour le dernier jour de la semaine. Les jours concernés par le temps libre et accentués par la possibilité de réduction du temps de travail (samedi, mercredi, vendredi) correspondent au pic du nombre de marchés dans la couronne périurbaine. A l’inverse, les jours où la ville de Rennes polarise le plus grand nombre de travailleurs (mardi, jeudi) correspondent aux creux de la courbe. 47 Figure 10 : Nombre d’étals alimentaires en vente directe par jour de marchés Nombreétals d' TOTAL DES MARCHES MARCHES DE RENNES 125 MARCHES DES COMMUNES PERI-URBAINES 100 75 50 25 mardi mercredi jeudi vendredi samedi dimanche Source : Enquête terrain 2007 Les jours prolifiques en nombre d’étals de vente directe correspondent aux jours où les marchés sont les plus nombreux et où les consommateurs ont du temps libre (figure 10). L’acte d‘achat peut être considéré alors comme un plaisir. Globalement, les marchés de Rennes possèdent plus d’étals en vente directe que ceux implantés dans sa périphérie. Le caractère exceptionnel du marché des Lices se retrouve dans le pic du samedi puisque il n’existe que deux marchés ce jour là à Rennes. Il contient à lui seul cent étals alimentaires en vente directe. Au total, il y a 333 étals alimentaires en vente directe qui se montent et démontent chaque semaine à Rennes Métropole. Les marchés sont donc une modalité incontournable des circuits courts. 3.3.2 - Les points de vente collectifs Il existe deux GIE (Groupement d’Intérêt Economique) de producteurs ayant monté leurs magasins tous situés en proche périphérie de Rennes: Brin d’Herbe et Douz’Arômes. - Brin d’Herbe (carte 2) Le GIE Brin d’Herbe s’est constitué en 1992 autour d’un groupe de dix adhérents et après avoir suivi deux années de réflexion et de formation. Le groupe, dont certains d’entre eux 48 pratiquaient déjà la vente directe, s’est formé sur une base commune : « Sortir de l’agriculture conventionnelle et reprendre un pouvoir de décision». Brin d’Herbe a permis de « concilier et coordonner toutes les motivations et envies de changer de système en mettant en place un GIE qui n’est pas lourd au point de vue structure, pas contraignant pour vendre les produits comme sur un marché». Outre les motivations éthiques, il y a l’intérêt économique : « On s’est dit, on met des moyens en commun pour réduire nos coûts et aussi pour avoir une gamme de produits assez large à proposer au consommateur ». Un des objectifs premiers est « que le paysan vive de son travail » 35. Composé au départ de dix adhérents et d’un magasin situé à Chantepie, le GIE atteint au bout de quinze années d’existence vingt adhérents pour deux magasins. L’hypothèse de base était d’avoir un chiffre d’affaire annuel de 800 000 francs (122 000 euros) pour pouvoir couvrir les charges. Le chiffre d’affaires a atteint deux millions de francs (300 000 euros) en 1998, date de création du second magasin situé à Vezin le Coquet. Le premier magasin a été construit sans aucune aide financière au contraire du second qui a reçu celles des Conseils Général et Régional. Aujourd’hui, les deux magasins représentent 1 200 000 euros de chiffre d’affaires. Pour répondre à l’augmentation de la demande, le nombre de producteurs sollicités a augmenté. Par exemple, le nombre de maraîchers est passé de un à quatre et celui des producteurs de volailles de deux à quatre. Il y a eu maintien d’emplois et même une augmentation . Environ cinquante actifs tournent plus ou moins directement autour de Brin d’Herbe. Deux emplois permanents au magasin ont été créés. Le rayon boucherie a permis à un boucher de maintenir son emploi qui était auparavant menacé. De plus, dans l’une des deux fermes qui fournissent les magasins en viande de porc et charcuterie, deux emplois sur les sept existants sur l’exploitation ont été créés grâce à Brin d’Herbe. La viande est un produit d’appel puisque le porc (charcuterie…) représente à lui seul 35% du chiffre d’affaires. Le dynamisme interne du GIE tient dans le fait de respecter l’équité entre les producteurs qui apportent beaucoup de valeur ajoutée et ceux qui en apportent moins. Ainsi ceux qui font un gros chiffre d’affaires grâce au magasin se doivent de s’investir plus que les producteurs faisant moins de chiffre d’affaires. Le GIE se réunit une dizaine de fois par année et est composé d’un président et de responsables des commissions : Communication, Approvisionnement, Travaux, Vie de groupe, et une Commission restreinte qui assure la gestion courante du GIE. 35 Les citations concernant Brin d’Herbe sont issues d’un entretien avec le président du GIE Brin d’Herbe datant de juillet 2007. 49 Figure 11 : Les rayons légumes et produits laitiers d’un magasin Brin d’Herbe Tout comme les marchés, les magasins Brin d’Herbe sont ouverts les jours offrant le plus d’affluence : le mercredi (9h - 12h30 et 14h - 19h), le vendredi (9h - 19h), le samedi (9h 12h30 et 14h - 18h). Leurs aires de chalandise atteignent environ dix kilomètres autour de chaque magasin. Les deux magasins sont aussi l’occasion pour les paysans de faire partager leurs idées à un public autre que celui issu du milieu agricole (affichage pour le soutien de la Confédération Paysanne lors des élections de la Chambre d’Agriculture). Ce dynamisme citoyen permet également de sensibiliser les consommateurs aux problèmes liés à l’agriculture (soutien pour le maintien d’une ferme, affichage de sensibilisation au problème des OGM). Par conséquent le consommateur achète un produit dont les qualités sont non seulement nutritives, mais aussi chargé de vie et de revendications. Consommer n’est alors plus un acte passif et le GIE s’attache à renforcer cela en mettant en place dans son cahier des charges la méthode NESO. C’est un outil de transparence entre producteurs et consommateurs pour que l’échange devienne plus partenarial. Le dynamisme de Brin d’Herbe s’illustre également dans le fait que des jeunes frappent à la porte du GIE. De plus, certains enfants de producteurs adhérents s’installent à leur compte (parfois sans avoir fait d’études agricoles) pour se lancer dans ce type de production et emprunter les circuits courts pour la mise en marché de leurs produits. 50 - Douz’Arômes (carte 2) Le GIE Douz’Arômes a ouvert son magasin en 2001 à Betton. Les initiateurs se sont connus par le réseau « Bienvenue à la ferme » dont ils faisaient partie. Pour les mêmes raisons de facilités économiques que Brin d’Herbe, ils ont choisi de délaisser les marchés où la dynamique collective est faible pour concentrer la leur dans un seul lieu de vente. Le but est que les exploitations parviennent à une santé économique fiable. De plus l’isolement individuel des fermes n’est pas propice à la vente directe. Le choix d’implanter le magasin dans la périphérie rennaise a pour but de « venir au client »36. Le magasin étant un lieu propre au GIE, où il est plus facile de se créer une identité propre et commune entre producteurs. Identité qu’il est important de communiquer aux consommateurs en les informant de leurs modes de production et en leur faisant « partager le plaisir d’une production de qualité ». Leur souci est aussi de garder un aspect humain dans l’objectif de production. Ainsi, le retour direct du consommateur permet aux producteurs d’être sensibiliser à ses envies, critiques ou compliments. L’organisation interne du GIE se fait par prise de décision collégiale lors de réunions mensuelles. Les décisions sont prises à l’unanimité. La réussite économique du GIE est certaine. Trois emplois à temps plein (une caissière et deux bouchers) et un mi-temps (un boucher) ont été créés. Le chiffre d’affaires atteint un million d’euros par an avec le seul magasin de Betton. Chiffre d’affaires qui est soutenu à 70% par le rayon boucherie. Le magasin est ouvert le mardi, mercredi et vendredi (9h - 19h) et le samedi (9h - 17h). A noter qu’un des adhérents du GIE a quitté le groupement pour ouvrir en 2007 son propre magasin situé dans une autre commune de Rennes Métropole (Thorigné-Fouillard). C’est un magasin dont certains rayons (boucherie) sont approvisionnés en circuits courts mais cela ne constitue pas l’essentiel. Actuellement, les magasins de producteurs sont donc en pleine extension. Ils représentent un chiffre d’affaires annuel de 2,2 millions d’euros, chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis quinze ans. Les témoignages montrent que les points de vente collectifs permettent de sauver, de maintenir et de créer des emplois. 36 Citations tirées de la monographie de Douz’Arômes datant de février 2007 (CARREE Typhaine, PIOVESAN Laetitia, POIRIER Amélie) 51 3.3.3 - Les ventes par panier Rappelons que les dispositifs étudiés concernant la vente par panier sont tous issus d’une volonté des consommateurs. Ce sont généralement des personnes convaincues par l’idée de se réapproprier leur mode de consommation. C’est pourquoi ils ont coutume de se qualifier de « consom’acteurs ». - Les Paniers de St Gilles (carte 3) Ils sont créés en mai 2006 par des membres de l’association SGNE (St Gilles Nature Environnement). Nés de l’idée de construire un mode de consommation différent et plus responsable, l’objectif est de s’affranchir du simple acte d’achat en créant un lien direct entre le producteur et le consommateur. Cette démarche qui se veut environnementale par l’achat de produits locaux biologiques et fermiers, permet la distribution de vingt-cinq paniers hebdomadaires provenant de cinq producteurs. Ils proposent deux prix de paniers de légumes différents, le premier à sept euros et le second à treize euros. D’autres produits peuvent compléter le panier comme le pain, le fromage, le lait, la viande de porc ou le jus de pommes. Le poids économique de leur activité sur une année (cinquante semaines de fonctionnement dans l’année) représente au moins 20 000 euros37 répartis sur les trois producteurs de légumes, fromage et pain. Les commandes sont gérées mensuellement par l’organisation collective dans le but de responsabiliser le « consom’acteur » dans son acte d’achat. L’investissement est individuel mais contribue à la démarche collective puisque les responsabilités (récupération des paniers, échanges d’informations, dialogue avec les producteurs…) sont partagées chaque semaine à tour de rôle. Ainsi tout le groupe est plus ou moins en contact avec leurs producteurs qui eux mêmes organisent des visites ponctuelles de leurs exploitations (dans le cadre de la méthode NESO). Les commandes se font via leur site Internet et la distribution des paniers a lieu tous les jeudis de 18h30 à 19h30 dans le bourg de St Gilles après que certains des « consom’acteurs » aient préparé les paniers pendant une heure. La majorité des membres habite la commune et il a été décidé que pas plus de cinq « consom’acteurs » par commune limitrophe pouvaient intégrer le mouvement. Cela dans le but d’encourager la création de nouvelles démarches locales. 37 Calcul basé sur les chiffres communiqués par Pascal Aubrée, un des deux initiateurs des Paniers de St Gilles : les chiffres d’affaires représentent environ par mois 1000 euros pour le maraîcher, 400/500 euros pour le producteur de fromage et 200/300 euros pour le paysan-boulanger. Le calcul est basé sur une moyenne de vingtcinq commandes hebdomadaires. 52 - Vivres en Commun (carte 3) Plus qu’une organisation d’achat de paniers, c’est un groupement d’achat. En effet, ce groupe constitué en 2006 et formé aujourd’hui d’une vingtaine d’adhérents, se fournit auprès de trois producteurs locaux (produits laitiers, fromage, légumes), en produits transformés (pain, galettes), mais également en produits internationaux mais issus du commerce équitable (thé, café, huile, riz, pâtes, assaisonnements…). La gamme est complétée par des commandes ponctuelles en papier à écrire et papier hygiénique à une entreprise de collecte et de recyclage rennaise. Le prix du panier est donc très variable puisque chacun peut commander en début de mois la quantité de produits selon sa convenance. Les deux personnes initiatrices du groupement travaillent dans la structure de commerce équitable qui fournit Vivres en Commun. Ils ont lancé le projet en septembre 2006 en envoyant des mails aux personnes de leur réseau susceptibles d’être intéressées. Les personnes présentes un an après s’avèrent être issus de milieux et d’âges différents. Des jeunes étudiants aux actifs pères et mères de famille, ils ont tous en commun d’être sensibles et conscients du monde politique et économique dans lequel ils vivent, mais dont les affinités avec ce dernier se veulent alternatives et non-conventionnelles. Choisir son type d’alimentation est en effet une façon de réagir face à la consommation de masse et à la nébuleuse capitaliste qui l’entoure. Vivres en Commun permet à ses adhérents d’agir concrètement et collectivement sans s’être pour autant constitué en association. Aussi, les réunions mensuelles sont l’occasion de se rencontrer, discuter, échanger sur les évènements culturels, politiques ou autres de la ville. Les commandes se font une fois par mois sur le site Internet : une commande de produits frais par quinzaine et une autre de produits secs par mois. Les « consom’acteurs » se partagent les tâches de préparation des paniers dans un local prêté par un des « prod’acteurs ». Leurs ambitions sont de diversifier la gamme des produits alimentaires pour pouvoir s’affranchir un maximum des GMS, accueillir de nouveaux adhérents pour arriver à une quarantaine de membres et parrainer d’autres structures similaires lorsqu’ils ne pourront plus intégrer d’autres personnes aux groupes. En effet, il s’agit d’atteindre un nombre d’adhérents respectable pour amortir au maximum l’empreinte environnementale des producteurs tout en gardant un groupe à taille et à vie humaine38. 38 L’auteur de ces lignes est membre du groupement d’achat. Les informations concernant Vivres en Commun sont la synthèse des réunions mensuelles du groupe. 53 - Le Panier Hiroko (carte 3) Il est constitué d’une vingtaine d’adhérents et de sept producteurs en production biologique ou durable de fruits et légumes, pain, fromage et œufs. L’initiative vient d’une anthropologue responsable d’un programme de recherche concernant la vente directe39 et soucieuse de mettre en pratique une démarche proche de celle du Teikei, référence japonaise de la vente directe. L’objectif est d’associer producteurs et consommateurs pour la promotion d’une agriculture locale et saine en valorisant la coopération au sein et entre les deux groupes par une communication et une confiance mutuelle. La production est planifiée après une concertation entre les participants du réseau et le prix du panier est établi de manière équitable dans l’esprit d’avantages mutuels. Il ne s’agit pas d’une simple relation achat-vente mais d’une initiative de citoyens voulant favoriser collectivement une économie locale, durable et autonome. Les paniers sont distribués chaque semaine dans un local situé en centre-ville de Rennes et dont les heures d’ouverture concordent avec celles du marché voisin, ceci dans le but d’éventuellement compléter son panier. Le prix du panier est de douze euros payable à l’avance chaque trimestre. 3.3.4 - Les modalités qui n’ont pas été enquêtées Si la totalité des modalités présentes sur le territoire de Rennes Métropole n’a pu être enquêtée, le recensement a tout de même permis de les répertorier et d’en dénombrer les dispositifs (à l’exception de la vente directe à la ferme). - La restauration collective Les circuits courts sont représentés dans la restauration collective uniquement par le GIE Manger Bio. Il est formé de dix-sept producteurs (quatre font partie de Rennes Métropole) dont cinq maraîchers, trois producteurs de pain, trois de produits laitiers, deux de viande, deux d’œufs et deux de pommes40. La majorité de ces producteurs sont déjà présents dans les autres dispositifs enquêtés (ventes par panier, points de vente collectifs). Le GIE fournit les cantines de quatorze communes de Rennes Métropole avec des fortes variations de régularité et de 39 Hiroko Amemiya, anthropologue, université de Rennes 2 Haute Bretagne, responsable du PRIR (Programme de Recherche d’Intérêt Régional) « Vente Directe Bretagne-Japon ». Les résultats sont parus en juin 2007 dans l’ouvrage intitulé : « L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe », PUR. 40 Les informations concernant le GIE Manger Bio sont issues d’un entretien avec Sophie Janin, responsable de la restauration collective. 54 contenus dans les commandes. Ainsi une grosse cantine peut servir du pain bio quotidiennement et une petite cantine proposer un repas bio une fois par mois. Le dynamisme de cette modalité s’exprime dans le fait que la personne ressource ayant fourni les informations du GIE Manger Bio ne souhaite que ne l’on divulgue que très peu de données les concernant. En effet, la concurrence dans ce domaine se fait de plus en plus sentir car la demande est plus forte (en 2006 le chiffre d’affaires du GIE a augmenté de 40%). Les entreprises de restauration collective utilisant les circuits longs commencent à s’immiscer dans le domaine biologique et prennent peu à peu des parts de marché au GIE Manger Bio. Cette activité a permis de créer un emploi à temps partiel. - La vente directe à la ferme La vente directe à la ferme est sûrement la modalité la plus difficile à comptabiliser. Le RGA de l’année 2000 (Recensement Général Agricole) fournit des données s’en rapprochant mais ne permet pas d’identifier les fermes concernées. En Ille et Vilaine, 761 exploitations soit 5% des exploitations totales ont déclaré pratiquer la vente directe en 200041. Cependant, pratiquer la vente directe ne signifie pas forcement vendre ses produits sur le lieu de son exploitation. Il faut également signaler que la vente à la ferme n’est pas pratiquée avec la même intensité par tous les producteurs. Par exemple, un maraîcher en production biologique peut vendre tous ses produits en circuits courts dont une partie à la ferme, en tenant une permanence un jour par semaine sur l’exploitation. A contrario, un producteur bovin conventionnel peut abattre un seul veau par an pour le vendre en caissette à ses voisins ou amis. La vente directe à la ferme est donc une activité très peu visible. Pour la mesurer entièrement, il suffirait d’inscrire une question supplémentaire lors du prochain RGA concernant la pratique ou non de vente directe. Cette question semble déjà avoir été posée lors d’une enquête structure en Ille et Vilaine mais les résultats restent inaccessibles. - La vente par Internet Les organisations de vente de panier issues d’initiatives de consommateurs indiquent déjà l’usage d'Internet pour faciliter les commandes. Aussi, il existe trois systèmes de vente de panier multi-produits avec livraison à domicile42. 41 Chiffres tirés de : « L’agriculture participative, dynamique bretonne de la vente directe » sous la direction de Hiroko Amemiya, 2007. 42 Les sites Internet correspondant : www.amisdelaferme.fr, www.dupanieralassiette.fr, www.le-panier-dessaveurs.com . 55 Un groupement de producteurs (« Les Amis de la Ferme ») s’est constitué en 2007 pour proposer en ligne ses paniers multi-produits (légumes, viande, pain, produits laitiers, boissons) et les livrer chaque semaine directement aux domiciles des consommateurs. Parmi les douze exploitations concernées, on retrouve des producteurs déjà présents dans d’autres dispositifs étudiés (Brin d’Herbe, Douz’Arômes…). Les communes principalement desservies correspondent à celles de l’agglomération rennaise. Pour le reste de l’Ille et Vilaine, le prix de la livraison est majoré sauf lorsque celle-ci dépasse les quarante-neuf euros. Deux autres ventes de ce type existent également mais dont la principale différence réside dans le fait qu’il s’agit là d’intermédiaires. En effet « Le Panier Fermier » et « Du Panier @ l’Assiette » sont des entités économiques propres proposant une gamme de produits larges dont certains viennent de producteurs locaux. - Les Biocoops Les magasins Biocoops SCARARBEE43 sont au nombre de trois : un situé à Rennes et deux autres en périphérie (Cesson Sévigné et St Grégoire). Ce sont des magasins spécialisés dans l’alimentation biologique et autres écoproduits. La liste de leurs producteurs n’a pu être connue et aucun des producteurs recensés n’a déclaré approvisionner ces magasins. Il n’en demeure pas moins que leur politique est de s’approvisionner au plus près lorsqu’il s’agit de produits frais. L’usage des circuits courts n’est ici pas vérifié. Un autre magasin de produits biologiques existe à Rennes (Azur Bio). Il vend le même type de produits que les magasins SCARABEE et déclare s’approvisionner pour certains produits seulement, directement chez le producteur (pommes de terre, œufs, pommes). - Les GMS (Grandes et Moyennes Surfaces) Il est difficile pour les circuits courts de tenir une place dans les GMS. Les grandes surfaces, comparées aux moyennes surfaces, peuvent plus facilement se permettre de proposer des produits locaux représentant peu dans leur chiffre d’affaires lorsque celui-ci est fait en majeure partie par les produits de multinationales. Les produits présents sont qualifiés de produits locaux et contiennent pour la plupart une forte valeur ajoutée (pain, cidre et produits transformés). Mais un produit local ne signifie pas qu’il est un produit en circuit court. Ainsi, le super marché de l’enseigne U de la commune périurbaine de Vern sur Seiche a la 43 SCARARBEE : Société Coopérative d'Alimentation Rennaise Biologique et Écologique 56 réputation de soutenir la culture bretonne (signalétique en breton, produits bretons)44. Les produits bretons que l’on trouve au rayon « produits équitables et régionaux » sont fournis en grande partie par le distributeur « Produit en Bretagne » que l’on retrouve dans un catalogue « BienvenUe en Bretagne ». Ces produits peuvent être ainsi distribués dans tous les magasins U de la région. Par conséquent, ces produits venant de transformateurs, passant par un distributeur pour être mis en rayon dans une entreprise à part entière, ne font pas partie des circuits courts. De plus, ce rayon représente uniquement 1 à 2% du chiffre d’affaires de l’alimentaire. Le choix de ces produits est donc « purement stratégique et répond aux critères de la cliente « bobo » repérée lors de l’étude de marché ». C’est aussi un choix de « permettre aux PME bretonnes de se développer face aux multinationales et de maintenir le tissu économique». Un produit local pourra être vendu en circuit court dans ce magasin s’il est capable de répondre à ces exigences : - « remplir les garanties au niveau de la traçabilité et de la qualité du produit » - « avoir les structures humaines pour pouvoir livrer tous les deux jours parce le client demande à avoir le produit présent du 1er janvier au 31 décembre » - « il faut que le produit dégage assez de volume pour justifier les frais de déplacement pour nous livrer régulièrement » Il s’agit pour le producteur d’être structuré et d’avoir un schéma de livraison rentable en proposant une variété de produit et ne pas être mono-produit. La principale différence avec un point de vente collectif est qu’il n’y a pas de contact avec le client pour conseiller et excuser les variations d’achalandage de produit. De plus les points de vente collectifs font beaucoup plus de marge sur un produit alors que « le super marché travaille entre 18 et 20% de marge. La seule solution est de faire du volume ». Pour conclure, les résultats de l’enquête montrent l’importance accordée au goût du produit comme exigence du consommateur mais aussi comme premier signe de réussite du producteur en tant que vendeur de son produit. Le deuxième aspect incontournable est le lien social créé à travers le contact permanent et nécessaire de l’échange. L’offre satisfaisant la demande en qualité mais pas en quantité, les circuits courts se sont développés sur le territoire de Rennes Métropole à travers plusieurs modalités : les marchés, les points de vente collectifs, la vente par panier, la vente à la ferme, la restauration collective, 44 Les informations et citations constituant ce paragraphe sont tirées d’un entretien avec le directeur du Super U de Vern sur Seiche (11/06/07), magasin qui a ouvert ses portes en avril 2006. 57 la vente par Internet, les magasins de produits biologiques et en moindre mesure les GMS. Toutes ces modalités montrent un dynamisme certain par l’augmentation du nombre de dispositifs et surtout pour certaines d’entre elles, par l’innovation en terme d’organisation des producteurs (point de vente collectif) et des consommateurs (système panier). Sur le territoire, l’implantation départementale de la production, la proximité « lieu de vente-consommateur » et l’augmentation de l’intensité de la fréquentation des lieux de vente démontrent une plus forte opacité de l’espace que dans le système production-distributionconsommation conventionnel45. Du lien social créé par les circuits courts à leur implantation départementale, peut-on considérer qu’ils valorisent le territoire? 4 - LES ELEMENTS ESSENTIELS DE LA RECHERCHE Après avoir analysé les circuits courts de la communauté d’agglomération de Rennes, on peut établir un premier constat, partiel, car relevant uniquement de ce travail, de la plus value territoriale qu’ils apportent. Il s’agira d’abord d’extraire les éléments communs ainsi que les particularités de chacune des modalités suite à l’analyse des dispositifs. 4.1 - La valeur commune aux modalités : l’hédonisme Les motivations de fréquentation des consommateurs font ressortir quatre propriétés déterminant l’usage des modalités (figure 12). Le bien-être regroupe les motivations « goût », « fraîcheur » et « la confiance en l’agriculture biologique ». La confiance en l’échange concerne « la relation au producteur », « l’accueil » et « la transparence de la transaction ». Le consumérisme politique est constitué du « soutien aux paysans » de la « volonté de consommer localement » et de la « connaissance du type de production ». Enfin la commodité d’usage regroupe « la gamme disponible », « la commodité d’approvisionnement » et « les horaires d’ouvertures ». 45 DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires. 58 Figure 12 : Comparaison des modalités à travers leurs propriétés (en %)46 Le schéma fait ressortir les similitudes des modalités par la convergence d’intérêt des consommateurs pour le bien-être et la confiance en l’échange. Les divergences apparaissent au niveau de la commodité d’usage des modalités et dans l’intention politique et éthique donnée à la démarche. Le point commun aux trois modalités est de nature hédoniste: la recherche du plaisir par le bien-être à travers le goût du produit et par la confiance en l’échange. Le bien-être par la qualité souligne points : des Marchés produits Motivations plusieurs Le goût le goût des La fraîcheur Points de vente collectifs Systèmes de paniers Faible forte faible Forte faible forte 26 74 0 93 14,5 64 19 81 0 86 25 53,5 produits est pour certains « retrouvé », dans le sens où il est un rappel des nourritures d’autrefois. D’autres le considèrent comme un moyen de s’ancrer à un territoire par les spécificités régionales synonyme de tradition. C’est aussi une forme de résistance à l’uniformisation des goûts provoquée par le modèle agro-industriel. L’apport de la qualité des produits au bien-être est à relier, avec précaution, à la santé du consommateur. De plus en plus, l’alimentation est prise dans un mouvement général de 46 Le calcul du pourcentage des différentes propriétés est basé sur les résultats des motivations (cf. tableau 3). Pour chacune des modalités, aux quatre propriétés ont été attribuées les trois motivations les plus significatives. Par exemple à la propriété « bien-être », on a attribué les motivations « goût », « fraîcheur » et « la confiance en l’agriculture biologique ». 59 « médicalisation de la société »47 ce qui place les agricultures biologiques et durables comme des remèdes potentielles à un problème sanitaire plus ou moins fondé. Néanmoins, certains consommateurs étant persuadés des vertus qu’ils attribuent à leur alimentation, leur bien-être s’en trouve alors conforté. La relation directe CONSOMMATEUR entre le producteur et le Motivations consommateur est un facteur indispensable au bon Marchés Systèmes de paniers faible forte Faible Forte faible forte 43 57 20,5 55 14,5 71 La relation avec le producteur PRODUCTEUR fonctionnement Motivations d’une modalité. Aimer le Points de vente collectifs La relation avec le consommateur Echantillon total Faible Forte 19 62 contact avec le client est la première condition évoquée pour pouvoir pratiquer le métier de producteur-vendeur. Le consommateur envisage la relation avec le producteur de telle sorte qu’elle soit agréable à vivre. Il accorde en effet beaucoup d’importance à la qualité de l’accueil. Aussi, les deux acteurs de l’échange se plaisent à entretenir une relation constructive porteuse d’une nouvelle forme de solidarité. Ces nouveaux comportements collectifs permettent de créer un lien social et d’établir à travers ces vertus participatives, une perspective de vivre-ensemble et de vivre-mieux, commune à un même territoire. 4.2 - Les particularités des modalités Il s’agit maintenant d’identifier dans les modalités, les particularités de fonctionnement et d’implantation territoriale, facteurs de création du lien social et territorial. 4.2.1 - Le marché : un terroir en bas de chez soi Le marché est associé à la détente et à la convivialité. C’est l’assurance de trouver des produits régionaux de qualité à travers l’idéalisation des nourritures d’autrefois, cela dans un environnement agréable, service que n’offrent pas forcément les commerces alimentaires sédentaires (GMS). Le marché permet d’instaurer une relation entre l’alimentation, son territoire et le rappel du passé (aspect traditionnel des produits). Il valorise ainsi le terroir. L’aspect de plaisir présent dans la fréquentation des marchés est associé également au contact direct avec le producteur et à l’ambiance de voisinage qui y règne. Faire le marché correspond 47 REGNIER F., LHUISSIER A., GOJARD S., 2006, Sociologie de l’alimentation. 60 à du temps libre passé en bas de chez soi, à nouer des liens avec sa commune ou son quartier. C’est aussi un lieu d’expression de la population, une sorte d’agora moderne. Cependant, on peut se demander si le marché est un lieu de mise en vente obsolète ou dynamique. C’est bien sûr une tradition commerciale mais dont le fonctionnement ne semble guère avoir évolué. Le conseil communal décide de l’orientation mercantile (alimentaire ou manufacturier) du marché et le placier se charge d’en maintenir la cohésion. Un nombre de commerçants permanents est défini alors que chaque matin de marché, le placier distribue par tirage au sort les places restantes aux commerçants passagers. Les producteurs-vendeurs sont en quelque sorte tributaires de la commune alors que ces derniers contribuent à son dynamisme. Ces marchés apportent une plus value économique à la commune dans le sens où ils sont complémentaires des commerces sédentaires et leur apportent une clientèle potentielle. Ils tiennent le rôle ponctuel de service alimentaire de proximité auprès de consommateurs sédentaires ce qui oblige les producteurs-vendeurs à élaborer une stratégie nomade de vente. Stratégie qui permet, lorsqu’elle est bien construite, de faire des marchés une activité à part entière. D’autres au contraire la considère comme un complément d’activité et se tournent vers d’autres modalités apparemment moins contraignantes d’un point de vue du temps de travail. 4.2.2 - Le point de vente collectif : mettre un visage sur un produit Le point de vente collectif est un substitut de qualité à la supérette dans le sens où la priorité des consommateurs est de retrouver des produits bons pour la santé dont la garantie de qualité vient du fait que le vendeur soit le producteur. Le lien relationnel avec le producteur permet de mettre un visage sur le produit consommé ce qui est un gage de confiance. Ce substitut de qualité à la supérette vaut aussi pour le producteur qui de cette manière s’affranchit des circuits de la grande distribution et reprend ainsi un pouvoir de décision sur sa production. Cette modalité offre une large gamme de produits et mobilise par conséquent de nombreux producteurs. La concertation permet aux producteurs de mettre en valeur le produit en se construisant une identité propre à leur magasin. Les groupements de producteurs, souvent en GIE, ont une organisation interne fonctionnant de telle sorte que la prise de décision soit collective. Ce mode de fonctionnement demande une nouvelle organisation du temps de travail (réunion, permanence au magasin) mais peut être ressentie comme un nouveau plaisir par le sentiment d’innover en diversifiant ces tâches. 61 La diversité de l’offre engendre des économies d’agglomération mais mobilise de nombreux producteurs et donc une grande aire d’approvisionnement. Celle-ci englobe celles des autres modalités (carte 7) qui elles, n’ont pas à faire face à la même exigence du consommateur. La complémentarité de la gamme fidélise au maximum la clientèle et atténue les interactions avec les autres modalités. De la même manière, un producteur adhérent fournit régulièrement le magasin ce qui lui assure un revenu régulier. L’investissement en temps dans le fonctionnement du point de vente collectif et l’assurance d’un revenu font prévaloir cette modalité sur les autres. 4.2.3 - Le système de panier : soutenir l’agriculture locale Derrière le système de vente par panier se cache une volonté des deux acteurs de remettre le mode de l’échange en question. Les « consom’acteurs » cherchent à responsabiliser leurs actes par le soutien de l’agriculture locale tandis que les « prod’acteurs » tendent vers une agriculture aux pratiques durables ou biologiques. Il existe en effet un dynamisme mutuel dans l’échange qui permet de crédibiliser une démarche apparemment atypique mais néanmoins innovatrice. En effet, le mode d’échange se fait par la concertation des deux acteurs pour que chacun en tire le meilleur parti. La transparence de l’échange est la clé du bon fonctionnement de la modalité. L’écriture d’une charte par les « consom’acteurs » permet de mettre leurs objectifs et critères à plat pour élaborer leur stratégies d’approvisionnement. L’intérêt de la modalité est de considérer le producteur en tant qu’interlocuteur de la démarche et de soutenir sa production en lui assurant un débouché régulier. L’élargissement de la gamme du panier implique de mettre les producteurs en relation pour faciliter l’approvisionnement ce qui permet de créer une dynamique entre les producteurs. Les volontés des groupes de « consom’acteurs » ne sont pas toutes les mêmes et certains privilégient la proximité du producteur au type de production ce qui, sur le territoire, dessine des aires d’approvisionnement reflétant leur idéologie. De plus, cette modalité suggère de fortes interactions car d’une part, un groupement de vingt personnes ne peut pas constituer l’unique débouché d’un producteur et d’autre part, un consommateur a besoin de compléter son panier dans d’autres circuits. Les interactions au niveau de la mise en vente et de la consommation entre les trois modalités, provoquent un dynamisme. Celui-ci est alimenté par le réseau social de la demande et de l’offre soutenus par les complémentarités qui s’effectuent entre ces deux réseaux. 62 4.3 - La dynamique des circuits courts alimentaires On peut d’ores et déjà établir un premier constat à propos de la dynamique territoriale et du lien social engendré par les circuits courts alimentaires dans un espace urbain et périurbain. 4.3.1 - La dynamique territoriale Les circuits courts alimentaires sont de plus en plus dynamiques sur le territoire et à l’intérieur même des dispositifs, de part le nombre d’emplois concernés et de part la dynamique économique. Frédéric Dénéchère a estimé l’impact économique sur le territoire de Rennes Métropole à environ 235 emplois pour un chiffre d’affaires de sept à douze millions d’euros48. Le système de circuits courts alimentaires présent sur la communauté d’agglomération peuplée de 400000 habitants, nécessite une aire d’approvisionnement majoritairement départementale. Ainsi, la diversité des produits proposée dans les lieux de vente, due à la largeur de la gamme ou aux exigences de la demande (agriculture biologique) est représentée dans un rayon proche des cinquante kilomètres aux quatre azimuts. 48 DENECHERE F. 2007, « Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation », mémoire de fin d’études de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Rennes. FRCIVAM Bretagne. 63 Carte 7 : Les différentes aires d’approvisionnement en fonction de la modalité 64 Les modalités étudiées montrent la convergence des initiatives vers les dispositifs situés en proche périphérie de Rennes (les points de vente collectifs et gros marchés) et dans son centre-ville (ventes par panier et marché des Lices). Elles concordent ainsi avec les fortes densités de population et donc de consommation. La concordance de la taille des marchés périurbains et de la taille des villes en est la preuve. Aussi, le rythme de travail de la demande influe largement sur la commodité d’usage des modalités, donc sur le lieu d’implantation du lieu de vente et sur les heures d’ouvertures. La proximité des circuits courts se justifie à travers la position stratégique des lieux de vente situés au cœur des bassins de consommation et comme évoqué précédemment, par le faible rayon d’approvisionnement de cinquante kilomètres. 4.3.2 - Le réseau social: facteur dynamique des modalités L’évolution des types de mise en vente des produits montre clairement un dynamisme par l’augmentation du nombre de dispositifs mais également par l’innovation des modes d’organisation tendant vers plus de concertation entre producteurs, consommateurs, et producteurs-consommateurs. Aussi, les modes de mise en vente ont chacun leur organisation particulière mais permettent tous le contact direct entre le producteur et le consommateur, aspect primordial de l’échange court puisqu’il permet une meilleure transparence de l’échange sécurisant l’acte d’achat et valorisant le travail du producteur. Derrière cela, ce contact créé un lien social que les deux acteurs prennent plaisir à entretenir. Les circuits courts semblent fonctionner sur une base commune ; la recherche du bien-être à travers l’amélioration du mode d’échange qui permet au producteur de valoriser sa démarche et au consommateur de mieux consommer. La bonne santé des circuits courts est à relier impérativement à la qualité de la production qui répond à l’attente principale du consommateur : le goût du produit. 65 Figure 13 : Caractéristiques des modalités du point de vue du consommateur La figure 13 met en valeur les caractéristiques sur lesquelles se repose le réseau social de la demande. Le bien-être comme l’apport fédérateur des trois modalités. Il apparaît des fonctions secondaires dont deux d’entre elles valorisent le lien social par « la convivialité du lieu d’achat » et les relations de « voisinage ». Le « consumérisme politique» est une fonction propre aux modalités du point de vente collectif et du système panier mais le réseau social qu’il engendre est sûrement beaucoup plus large que ce que laisse paraître les circuits courts alimentaires. La multiplication des contacts réguliers qu’engendre la fréquentation des trois modalités étudiées, est directement liée au fait de vivre, de consommer et vendre, sur un même espace. En ce sens, le territoire en tant qu’entité spatiale entraîne pour ceux qui y vivent, des relations locales volontaires (liberté du choix du mode de consommation et de vente) ou déterminées par la proximité du lieu de vente et par la tradition du type de production et de vente (reprise d’activité). La proximité est importante dans le lien social car elle permet la récurrence des rencontres et favorise leur renforcement et leur complexification.49 49 OFFNER J.M, PUMAIN D., 1996, Réseaux et territoires, significations croisées 66 Ainsi, le lien social présent dans les circuits courts se caractérise par la création de réseaux dynamiques dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. Les interactions entre consommateurs et producteurs permettent une meilleure diffusion de l’innovation concernant l’amélioration des types de fonctionnement des modalités, des modes de cultures ou encore des manières de consommer. Cependant, il n’y a pas de création de territoire spécifique au système des circuits courts étudié car la cohésion autour d’un objectif commun n’existe pas parmi les acteurs et donc ne permet pas de s’identifier autour d’une identité collective. Mais peut être que l’attrait commun pour le goût du produit en l’occurrence départementale, est un premier pas vers la reconnaissance d’un terroir commun. Ce souci d’inscription dans le passé serait la possibilité de création d’une identité collective dans les réseaux des circuits courts. L’identité collective permettrait également une meilleure conscientisation de l’environnement en tant qu’espace vécu au quotidien. 5 - QUEL APPORT DES CIRCUITS COURTS A L’ENVIRONNEMENT ? A l’approche de ce travail, l’hypothèse de l’intérêt environnemental des circuits courts alimentaires était la cause de mon implication personnelle dans ce projet. Il s’avère que cette étude et les autres travaux menés en parallèle (F. Dénéchère, A. Cardona, B. Perez-Zapico), constituent les premières démarches allant vers l’identification de la plus value territoriale des circuits courts alimentaires (projet SALT). L’objectif prioritaire n’était donc pas d’appréhender la valeur environnementale. Après ces premiers résultats, on peut se demander si les circuits courts alimentaires peuvent être un levier d’action pour une meilleure gestion environnementale ? Nous évoquerons dans un premier temps, la pertinence de l’échelle de la communauté d’agglomération. Ensuite, sera évoqué le rôle de la gouvernance dans la valorisation de l’agriculture périurbaine. 5.1 - La communauté d’agglomération comme espace de vie Pour inciter chacun à mieux protéger son environnement, encore faut-il être conscient de participer à sa dégradation. La mise en valeur de l’environnement en tant qu’espace de vie 67 peut permettre à la conscience citoyenne d’être plus efficace lorsqu’elle est sollicitée. Cette idée est confirmée dans les documents d’aménagement du territoire du Pays de Rennes. On peut y lire que le fondement du PADD50 est « l’appartenance à un même bassin de vie ». 5.1.1 - La conscience citoyenne Cette étude a montré, par le consumérisme politique des consom’acteurs, et l’implication des producteurs dans l’échange, une volonté de se réapproprier le territoire. Certaines modalités font appel à la concertation pour améliorer l’échange dans sa forme mais également dans sa finalité. Ce dynamisme peut être un moteur pour une gestion environnementale locale citoyenne. L’acte d’achat est pour certains ressenti comme une action exprimant des choix de société. La consommation engagée « consiste à privilégier certains actes d’achat par rapport à d’autres en fonction de ce qu’ils impliquent au niveau économique, social, environnemental »51. Cette consom’action, par le lien fort existant dans l‘échange, a tendance à faire évoluer l’offre vers des productions plus saines d’un point de vue environnemental. Aussi, l’enquête a démontré que les producteurs en agriculture biologique sont plus sensibles à la diffusion de bonnes pratiques agricoles que les producteurs en agriculture conventionnelle. Il y a donc, dans les choix motivés de consommation et de production respectueux de l’environnement, une dynamique qui s’opère sur les autres acteurs des circuits courts alimentaires. Les lieux de vente concentrent, lorsqu’elle est présente, la prise de conscience environnementale des acteurs de l’échange et peuvent en être le moyen de diffusion. 5.1.2 - Les lieux de vente : un rôle de diffusion Il semble que les circuits courts alimentaires créent un nouvel espace de vie, certes différents selon les modalités, mais dont la fréquentation des lieux par chacun contribue à renforcer le lien qui se tisse entre la société et son espace. Il apparaît également que les réseaux sociaux des modalités ont des interactions et rendent l’espace de vie dynamique et innovant. La pratique régulière de ces nouveaux lieux de vie par les producteurs et consommateurs, modifie les représentations qu’ils ont de leur espace, en l’occurrence urbain, périurbain et rural. 50 51 PADD : Plan d’Aménagement et de Développement Durable BUTON S., 2006, La territorialisation de l’économie, du système alimentaire à la réinvention du territoire 68 Les lieux de vente sont en quelques sortes des nœuds où les rapports sociaux se construisent. Rapports sociaux qui mettent en relation les mondes rural et urbain. Il s’agit de saisir l’opportunité de ce dynamisme pour sensibiliser la population aux ressources de leur espace de vie. L’étude a pu montrer qu’une partie des acteurs est sensible à la construction d’une dynamique collective dans un but de produire et de consommer « autrement ». Il faut à tout prix entretenir cette démarche car on l’a vu, la concertation dans l’échange du producteur et du consommateur va dans le sens de la protection de l’environnement (production biologique, approvisionnement concerté, maintien des petites exploitations…). Les circuits courts alimentaires sont donc la formidable occasion de relier la campagne à la ville et de prendre conscience par leur dynamisme, du rôle de l’agriculture en tant que potentiel nourricier et architecte-paysager. Il faut aider ce nouveau rapport au territoire qu’ont les habitants, à s’enraciner, et à prendre une direction écologique. 5.2 - Quelle gouvernance pour l’agriculture périurbaine ? L’apport des circuits courts alimentaires à la gestion de l’environnement nécessite une coordination entre les réseaux. Les cartes de l’implantation des modalités, souligne un ancrage dépassant le territoire de la communauté d’agglomération mais dont les lieux de vente se concentrent dans les fortes densités de population. Rennes Métropole englobant les fortes densités de population de Rennes et de la première couronne périurbaine, l’EPCI pourrait jouer un rôle stratégique de coordination des circuits courts alimentaires en vue d’une meilleure gestion environnementale de son territoire. Cette idée s’inscrit plus globalement dans la nécessité de reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine pour faire face à l’étalement urbain. « L’extension de la ville est en effet coûteux, atteint l’environnement et met en péril socialement le territoire »52. 5.2.1 - Une coordination nécessaire Rappelons d’abord l’enjeu de l’espace périurbain à Rennes Métropole. Entre les deux derniers recensements 90-99, la communauté d’agglomération a connu la troisième plus 52 ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes. 69 grande croissance urbaine après celles de Toulouse et Montpellier. L’objectif actuel est de fournir 4500 logements par an53. Il est donc nécessaire de coordonner les circuits courts alimentaires autour d’objectifs territoriaux et environnementaux communs. En effet, la ressource foncière utilisée par l’offre pour produire la denrée alimentaire est soumise à une forte spéculation dans les espaces périurbains. Ainsi, les circuits courts alimentaires sont en concurrence avec l’étalement urbain. Face à cela, ils se doivent d’être rentables du point de vue économique et compétitifs du point de vue social et environnemental. On en revient ici aux valeurs hédonistes que l’étude a permis de leur attribuer. La pérennisation de la zone agricole est fondamentale pour le développement des circuits courts alimentaires. Les documents d’urbanisme doivent affirmer la volonté du maintien de cette zone agricole et ne pas considérer l’espace rural comme une simple réserve foncière. Les élus locaux ont en charge la décision locale d’affectation des sols. Celle-ci est construite autour d’un projet commun et consensuel qui s’inscrit à l’échelle de l’agglomération dans le SCoT54. Les circuits courts alimentaires ont une organisation territoriale particulière dont les réseaux semblent être dynamiques mais peu coordonnés. Aider les acteurs de ces circuits à aménager leur espace serait contribuer à la construction de l’identité territoriale. On peut évoquer ici un des trois objectifs du SCoT du Pays de Rennes : « Placer l’habitant au centre des choix pour optimiser la cohérence territoriale de la ville-archipel ». Cependant, si la Chambre d’Agriculture départementale tient un rôle consultatif dans l’élaboration des SCoT et PLU55, le monde agricole reste faiblement représenté dans la planification urbaine. Les agriculteurs doivent se réinsérer dans la société locale et dans le processus de décision. Ils tiennent un rôle fondamental dans la gestion de l’espace et doivent être reconnus comme des interlocuteurs importants des aménageurs. Dans le SCoT du Pays de Rennes est inscrit : « L’agriculture est très présente dans le territoire et entretient des liens étroits avec la ville. Sa vitalité est un gage de maintien de l’identité du Pays. Il est donc essentiel de maintenir les conditions de son bon fonctionnement». Actuellement, un des moyens de maintenir un dynamisme dans l’agriculture périurbaine est de reconnaître sa multifonctionnalité. 53 Informations tirées de l’allocution de Pascal Verdier du service Aménagement de l’Espace à Rennes Métropole, à la conférence de la sortie du livre L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe , le 28 juin 2007. 54 SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale. 55 PLU : Plan Local D’Urbanisme. 70 5.2.2 - Reconnaître la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine L’enjeu de la gouvernance tient dans le fait quelle doit permettre à la communauté d’agglomération de valoriser l’agriculture comme activité participant pleinement à son projet global de « vivre en intelligence »56 pour défendre son cadre de vie. Il s’avère que la conception de l’agriculture périurbaine doit être multifonctionnelle par la valorisation de son rapport de proximité avec le marché urbain et par son inscription dans le projet urbain prenant en compte la dimension environnementale, la gestion des risques et la gestion des paysages. Cependant, ces changements de légitimation de l’activité agricole sur un territoire, et particulièrement en Bretagne, entraînent des changements dans les projets de développement agricole qui nécessitent une forte concertation. Cette multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine, lorsqu’elle est mise en valeur par les circuits courts, correspond étroitement à celle qu’on accorde plus largement aux espaces périurbains. Les fonctions de proximité et d’accessibilité des services, les fonctions de loisirs et d’activités récréatives, les fonctions d’entretien de l’espace et de réservoir biologique et naturel sont toutes valables pour l’agriculture utilisant les circuits courts et plus encore si elle a une vocation agro-écologique.57 Le périurbain est propice au développement des circuits courts et l’évolution de l’activité agricole dans cet espace entraîne des bouleversements des identités agricoles. Dans le cas de la communauté d’agglomération rennaise, le modèle agricole breton est encore bien ancré dans certaines mentalités. Il est donc nécessaire de travailler sur la valorisation de la multifonctionnalité de l’agriculture périurbaine, de montrer qu’un modèle agricole intensif n’est pas compatible avec un espace périurbain harmonieux. On peut évoquer comme exemple de valorisation de l’espace agricole périurbain, la démarche faite par la Communauté d’Agglomération Garlaban-Huveaune-Sainte-Baume située à l’est de Marseille : La première étape a consisté à établir une charte agricole de la communauté d’agglomération. Le but était, lorsqu’il n’y avait pas de repreneur lors de libérations de terrains, de porter la communauté d’agglomération comme partie prenante par l’intermédiaire de la SAFER58. La seconde étape fut la prise en charge financière par la communauté d’agglomération de la création d’un centre d’études techniques agricoles pour l’amélioration de la technicité des exploitants. La troisième étape avait pour but la valorisation des produits du terroir, ce qui a débouché sur la création d’une marque : « Les 56 Slogan officiel de la communauté d’agglomération de Rennes Métropole. AMEMIYA H. (dir.) et Coll., 2007, L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe. 58 SAFER : Société anonyme d’Aménagement Foncier et d’Espace Rural 57 71 Jardins du Pays d’Aubagne ». Enfin, le dernier objectif fut de mettre en place des CTE (Contrats Territoriaux d’Exploitation) afin de renforcer les liens avec le territoire et améliorer sa qualité59. On a vu que la multifonctionnalité de l’agriculture inhérente aux circuits courts alimentaires peut être un moyen de valoriser l’agriculture périurbaine face à l’étalement urbain. Leur rôle de la gouvernance est de favoriser son inscription dans le projet urbain et de lui conférer une dimension environnementale. En conclusion, on voit la nécessité d’une concertation entre les acteurs à l’échelle de la communauté d’agglomération rennaise. A travers la lecture du SCoT du Pays de Rennes, il semble que des démarches allant vers la valorisation de l’agriculture périurbaine peuvent être mise en place. Le développement des circuits courts alimentaires montrent qu’une partie de la population est déjà sensibilisée par cette démarche territoriale. Il s’agit, pour les décideurs, d’embrayer le pas et de faire en sorte que ce type d’utilisation de l’espace améliore nos modes de vie. La question purement énergétique de la pertinence des circuits courts face aux circuits longs n’est pour l’instant pas vérifiable. Les méthodes employées (ACV60, empreinte écologique) ne sont pas applicables à grande échelle alors que l’efficacité logistique, l’impact environnemental de la production et l’optimisation des surfaces agricoles des ces circuits méritent d’être évalués et comparés61. L’apport des circuits courts alimentaires à la qualité de l’environnement est donc principalement lié à une meilleure organisation de la ressource périurbaine. 59 ASSOCIATION TERRES EN VILLES, 2002, Entre ville et agriculture, quelles interventions foncières en région urbaine, Les Séminaires de Terres en Villes. 60 ACV : Analyse de Cycle de Vie, 61 DENECHERE F. 2007, Repères pour une approche économique des circuits courts dans leur territoire : concepts et méthodes pour leur compréhension et évaluation 72 CONCLUSION Pour conclure, nous allons revenir sur les principaux résultats obtenus. Ce travail a tenté de visualiser l’inscription territoriale des circuits courts alimentaires sur le territoire de Rennes Métropole et plus particulièrement, de montrer que les acteurs de l’échange considèrent ce territoire comme leur lieu de vie. Les motivations d’usages des dispositifs font ressortir la recherche commune du bien-être par le goût du produit et par l’aspect agréable de l’échange. Le lien social créé se caractérise par des réseaux dynamiques entre les dispositifs dont l’intérêt commun est lié au territoire : la ressource alimentaire. L’acte d’achat prend une signification différente selon les modalités. Ainsi, le marché permet de consommer des produits du terroir au plus près de chez soi, le point de vente collectif est une manière de mettre un visage sur le produit et le système de panier, de soutenir l’agriculture locale. Le travail de terrain a permis de visualiser l’implantation territoriale des dispositifs du territoire de Rennes Métropole. La proximité géographique entre les lieux de vente et les consommateurs est évidente alors que l’aire d’approvisionnement est principalement départementale. Les lieux de vente ont un fonctionnement compatible avec le rythme de travail de la demande, de part les heures d’ouvertures et de part le lieu d’implantation. Le dynamisme des circuits courts de Rennes Métropole est visible par l’augmentation du nombre de dispositifs et surtout par l’innovation en terme d’organisation des producteurs et des consommateurs. Si l’on a pu faire ressortir les points communs et particularités des modalités, il a été difficile de cerner les interactions qui valideraient un système de circuits courts territorialisé. En premier lieu, et face à l’absence de données concernant le territoire de Rennes Métropole, un recensement des dispositifs doublé d’une enquête producteur-consommateur fut nécessaire. La taille importante de la communauté d’agglomération a dû obliger l’étude à se concentrer sur l’examen de trois modalités : le marché, le point de vente collectif, la vente par panier. Par la confrontation des résultats et de part le nombre de dispositifs étudiés, des éléments essentiels ont pu être dégagés concernant la motivation principale liée au bien-être, concernant les particularités de fonctionnement et enfin concernant les facteurs dynamiques. A partir de ces éléments validant l’hypothèse que les circuits courts alimentaires permettent de ressentir le territoire comme un lieu de vie, des pistes d’actions ont été envisagées afin d’améliorer la gestion environnementale dans l’espace périurbain. 73 A l’heure où la globalisation tend à effacer toute originalité territoriale et facilite la désintégration économique du local, les circuits courts alimentaires sont l’occasion de resserrer les liens territoriaux par l’intermédiaire d’une nécessité commune à tous : l’alimentation. La difficulté de cerner la plus value territoriale des circuits courts alimentaires légitime l’existence du projet SALT. Aussi, on a pu saisir l’enjeu de l’agriculture périurbaine face à l’étalement urbain. Ne serait-il pas judicieux d’intégrer dans le développement local l’approvisionnement alimentaire de la ville ? 74 BIBLIOGRAPHIE Ouvrages AMEMIYA H. (dir.) et Coll., 2007, L’agriculture participative, dynamiques bretonnes de la vente directe, PUR, 210 p. DI MEO G., 1998, Géographie sociale et territoires, Nathan, 311 p. DI MEO G. (dir.) et Coll., 1996, Les territoires du quotidien, L’Harmattan, Géographie Sociale, 208p. FRCIVAM des Pays de la Loire, 2005, Le dictionnaire des circuits courts, 47 p. LATOUCHE S., 2004, Survivre au développement, Mille Et Une Nuits, 126 p. MINISTERE DE L’ECOLOGIE ET DU DEVELOPPEMENT DURABLE, 2006, Mobilité transport et environnement. Rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement. OFFNER J.M, PUMAIN D., 1996, Réseaux et territoires, significations croisées, l’Aube, 275p. 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Document audio Emission Cha Cha Tchatche, 21/08/2007, « l’alimentation durable », France Inter: Intervenant ; Christian REMESY (directeur de recherche à l’INRA, nutritionniste), Claude AUBERT (agronome, cofondateur de Terre Vivante), Claude BOURGUIGNON (Agronome indépendant au LAMS : laboratoire d’analyse des sols spécialisés dans l’étude écologique) Site Internet - www.bretagnealaferme.com - www.civam-bretagne.org - www.insee.fr - www.interbiobretagne.asso.fr - www.terresenvilles.org - www.agreste.agriculture.gouv.fr - www.amisdelaferme.fr - www.dupanieralassiette.fr - www.le-panier-des-saveurs.com 76 LISTE DES SIGLES ACV AMAP EPCI FRCIVAM Analyse de Cycle de Vie Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne Etablissement Public de Coopération Intercommunale Fédération Régionale des Centres d’Initiative pour la Valorisation de l’Agriculture et du Milieu rural GIE Groupement d’Intérêt Economique GMS Grandes et Moyennes Surfaces INSEE Institut National de le Statistique et des Etudes Economiques OGM Organisme Génétiquement Modifié PADD Plan d’Aménagement et de développement Durable PVC Point de Vente Collectif PLU Plan Local d’Urbanisme RGA Recensement Général Agricole SALT Système ALimentaire Territorialisé SAFER Société anonyme d’Aménagement Foncier et d’Espace Rural SCoT Schéma de Cohérence Territoriale SCARABEE Société Coopérative d’Alimentation Rennaise Biologique et Ecologique TABLE DES CARTES CARTE 1 : Le marché des Lices, aires d’approvisionnement et de consommation……...….35 CARTE 2 : Les points de vente collectifs, aire d’approvisionnement et lieux de vente…….36 CARTE 3 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de consommateurs………...37 CARTE 4 : Les organisations de vente par panier à l’initiative de producteurs…………..…38 CARTE 5 : Les marchés de Rennes Métropole……………………………………….….….43 CARTE 6 : Les marchés de Rennes………………………………………………..……...…44 CARTE 7 : Les différentes aires d’approvisionnement en fonction de la modalité…………64 TABLE DES FIGURES ET DES TABLEAUX Table des figures : Figure 1 : Les Jardins du Breil……………………………………………………………..….0 Figure 2 : Exemple de la vente par panier : le panier mono-produit…………………….…..14 Figure 3 : Exemple de point de vente collectif, le magasin Brin d’Herbe…………………..18 Figure 4 : Part des différentes productions vendues dans les circuits courts de Rennes Métropole……………………………………………………………………………………..23 Figure 5: Origine de la production des circuits courts de Rennes Métropole……………..…33 Figure 6: Le marché des Lices à Rennes……………………….…………………………….41 Figure 7 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe au marché des Lices...45 Figure 8 : Répartition des types d’étals alimentaires en vente directe dans les marchés de Rennes Métropole…………………………………………………………………………….45 Figure 9 : Nombre de marchés par jour……………………………………………………...47 Figure 10 : Nombre d’étals alimentaires en vente directe par jour de marchés…………..….48 Figure 11 : Les rayons légumes et produits laitiers d’un magasin Brin d’Herbe…………….50 Figure 12 : Comparaison des modalités à travers leurs propriétés (en %)………………...…59 Figure 13 : Caractéristiques des modalités du point de vue du consommateur…………...…66 77 Table des tableaux : Tableau 1 : Caractéristiques de l’échantillon (99 enquêtés)……………………………...….20 Tableau 2 : Caractéristiques de l’échantillon (42 enquêtés)…………………………………22 Tableau 3 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs sur la base de l’échantillon total (en %)……………………………………………………………………………………25 Tableau 4 : Hiérarchisation des motivations des producteurs utilisant les circuits courts (en %)……………………………………………………………………………………………..26 Tableau 5 : Choix du produit selon le lieu d’achat (% de consommateurs ayant cité le produit)………………………………………………………………………………………..27 Tableau 6 : Moyens de diffusion de l’existence des lieux de vente…………………………29 Tableau 7 : Comparaisons des motivations des producteurs en biologique et nonbiologique……………………………………………………………………………………..31 Tableau 8 : Hiérarchisation des motivations des consommateurs dans les points de vente collectifs (en%)……………………………………………………………………………….32 Tableau 9 : Corrélation entre le lieu de production et la fréquence de consommation du produit (en nombre de producteurs)…………………………………………………………..34 Tableau 10 : Eloignement du domicile au lieu de vente en temps (en %)…………………...39 Tableau 11 : Eloignement du domicile au lieu de vente en distance (en %)………………...39 TABLE DES ANNEXES ANNEXE 1 : Questionnaire destiné aux consommateurs……………………………………79 ANNEXE 2 : Questionnaire destiné aux producteurs………………………………..………81 ANNEXE 3 : Liste des marchés d’Ille et Vilaine………………………………...………….83 ANNEXE4 : Exemple de le base de données des marchés de Rennes Métropole établit suite au travail de terrain…...…………………………………………………………………...….90 78 ANNEXE 1 : Questionnaire destiné aux consommateurs 79 80 ANNEXE 2 : Questionnaire destiné aux producteurs 81 82 83 ANNEXE 3 : Liste des marchés d’Ille et Vilaine DIRECTION DE LA RÉGLEMENTATION ET DES LIBERTÉS PUBLIQUES. -------------------------------------------------------- LISTE DES MARCHÉS ET DES FOIRES Bureau de l’Administration Générale et de la Réglementation. -------------------------------------------------------- DU DÉPARTEMENT D’ILLE-ET-VILAINE. ===== Dossier suivi par Mme VEDEILHIE. Poste : 1438 -------------------------------------------------------- Communes Marché Foire ou autre manifestation ACIGNÉ mercredi : 8 H 30 à 12 H 30 ANTRAIN mardi : 8 H 00 à 13 H 00 2ème mardi d’octobre et le dimanche qui précède à partir de 8 H 00 ARGENTRÉ DU PLESSIS jeudi : 8 H 00 à 12 H 30 1er week-end de septembre : foire BAIN DE BRETAGNE lundi : 8 H 30 à 12 H 30 foire dernier dimanche et lundi de novembre 8 H. à 19 H. er BAULON Foire braderie 1 dimanche de mai BAZOUGES LA PÉROUSE jeudi : 8 H 30 à 13 H 00 BEAUCÉ vendredi 15 H à 19 H BÉCHEREL Marché du livre à thème(1 chaque mois) 10 H. à 19 H. er dimanche de foire à la volaille, au foie gras et autres produits de la ferme : mi-novembre, dès le matin BÉDÉE samedi : 8 H 30 à 13 H BETTON dimanche : 8 H 00 à 13 H 00 LA BOUËXIÈRE jeudi: 8 H 00 à 13 H 00 BRUZ vendredi : 8 H 00 à 13 H 00 CANCALE dimanche : 8 H 30 à 13 H 00 Brocante juillet et Août CESSON SÉVIGNÉ samedi : 8 H 00 à 13 H 30 Braderie : 1er dimanche d’octobre (8 H 00 à 20 H 00) CHANTEPIE vendredi : 8 H 00 à 13 H 00 Braderie “ Marché aux Puces ” début juin sur le Centre Ville CHAPELLE DES FOUGERETZ samedi : 8 H 30 à 13 H 00 fête de la confiture 3 CHARTRES DE BRETAGNE jeudi : 8 H 00 à 13 H 00 Braderie septembre CHATEAUBOURG vendredi : 7 H 30 à 13 H 00 Braderie de BROONS (1er dimanche de juillet) CHATEAUGIRON jeudi : 8 H 30 à 13 H 00 Braderie 2ème dimanche de septembre CHAVAGNE mercredi : 9 H 00 à 13 H 00 84 Braderie annuelle en juillet de 7 H.. à 20 H. ème dimanche septembre SUR VILAINE CINTRE Braderie avril et marché de Noël en décembre COEMES Braderie dernier dimanche d’Août COMBOURG lundi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la mi-mai : 3ème lundi de mai de 7 H 30 à 18 H foire de l’angevine : 1er lundi de septembre 7 H 30 à 18 H foire de la mi-décembre : 3èmer lundi de décembre de 8 H à 15 H CORPS NUDS mercredi : 8 H 00 à 12 H 30 DINARD mardi : 8 H 30 à 12 H 30 jeudi : 8 H 30 à 12 H 30 samedi : foire à la brocante : 1er dimanche d’avril à septembre inclus 8 H 30 à 12 H 30 Centre Ville Esplanade de la Halle mercredi : 8 H 30 à 12 H 30 Saint-Énogat DOL DE BRETAGNE samedi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la Saint-Luc : 2 derniers samedi et dimanche d’octobre ème Foire aux arbres 3 week en de mars et ème dimanche de décembre marché de Noël 3 braderie : 1er vendredi d’août de 8 H à 20 H DOMALAIN EPINIAC Marché de Noël Dimanche er 8 H. à 14 H du 1 juin à la fin août ESSE Braderie, vide grenier en mai FERRE (LE) Marché de Printemps : marché du terroir le 1 mai de 10 H. à 18 H. FOUGÈRES er samedi : jeudi : 7 H 00 à 13 H 00 foire angevine : début septembre 8 H 00 à 13 H 00 (des Cotterets) GOVEN mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 GRAND FOUGERAY samedi : 9 H 00 à 13 H 00 GUERCHE DE BRETAGNE (LA) mardi : 8 H 30 à 13 H 00 Forum artisants-commerçants en octobre ou novembre foires : en février, avril et juin (1er mardi) et novembre foire angevine : en septembre (3 premiers mardis de septembre GUICHEN mardi : jeudi : 8 H 30 à 12 H 30 16 H 30 à 19 H 30 GUIGNEN mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 GUIPRY jeudi : 7 H 00 à 14 H 00 HÉDÉ mardi : 9 H 00 à 12 H 30 HERMITAGE (L’) IFFENDIC Vente de pizzas lundi soir et vente galettes vendredi soir Jeudi 16 H. à 20 H. dizaine commerciale en mai et en décembre 85 JANZÉ mercredi : foire : avril (2ème mercredi) et octobre (2ème mercredi) 8 H 00 à 18 H 00 8 H 00 à 13 H 00 braderie : 2ème dimanche suivant la foire d’avril et d’octobre LIFFRÉ vendredi : braderie : 2ème dimanche de septembre 8 H 00 à 13 H 00 foire de la Saint-Germain : en septembre (3ème samedi - 14 H 00 à 19 H 00) LOHÉAC LOUVIGNÉ DE BAIS LOUVIGNE DU DESERT Vente galettes mercredi matin de 8 H 30 à 12 H 30 Vendredi 8 H.30 à 12 h. 30 LUITRE er Foire aux pommiers 1 vendredi de Mars Journées commerciales en mars MARTIGNÉ FERCHAUD vendredi : 8 H 00 à 13 H 00 quinzaine commerciale : (15 jours en avril 15 jours en décembre) – vide grenier en en mai MAURE DE BRETAGNE dimanche : 8 H 00 à 12 H 00 Vente de volailles jeudi matin ème MÉDRÉAC foire : 3 MELESSE jeudi : 8 H 30 à 12 H 30 MINIAC MORVAN vendredi : 7 H 00 à 13 H 00 MONTAUBAN DE BRETAGNE mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 samedi d’octobre Salon des commerçants et artisans octobre foire de la Saint-Georges : en avril – vide grenier octobre foire de la Saint-Michel : en septembre MONTFORT SUR MEU vendredi : 8 H 30 à 13 H 00 foire de la Saint-Jean : en juin foire de la Saint-Nicolas : en décembre er MONTREUIL LE GAST Braderie : 1 mai Fête de la rosière : septembre MONTREUIL SUR ILLE mardi de 16 H. à 20 H. dimanche de 8 H. à 13 H. MORDELLES mardi : 8 H 00 à 13 H 00 NOUVOITOU vendredi 16 H. à 19 H.00 NOYAL SUR VILAINE mardi : 8 H 00 à 13 H 00 NOYAL-CHATILLON/SEICHE dimanche : 8 H 30 à 13 H 00 ème ORGERES Marché de Noël 2 week-end de décembre de 9 H. à 18 H. PACÉ mercredi : 7 H 00 à 13 H 30 braderie : mi-octobre (fête de la Foucheraie) PARTHENAY DE BRETAGNE mardi : 15 H 00 à 18 H 00 Braderie en mai PERTRE (LE) mercredi : 9 H 00 à 12 H 00 PIPRIAC mardi : 8 H 30 à 13 H 00 1er samedi du mois d’août : foire à la brocante “ vide greniers ” PLEINE FOUGÈRES mardi : 8 H 00 à 12 H. 30 Foire aux puces, le dernier dimanche de mai 86 PLÉLAN LE GRAND dimanche : 8 H 00 à 13 H 00 Quinzaire commerciale : décembre PLERGUER mercredi : 8 H 30 à 13 H 00 PLEURTUIT vendredi : 8 H 00 à 12 H 00 Braderie en mai REDON lundi : 8 H 30 à 18 H 00 Foire teillouse : octobre 4 lundi : vendredi : samedi : marché découvert hall 7 H. 30 à 13 H.00 ème samedi hall (marché alimentaire) RENNES mardi : 7 H 00 à 12 H 30 quartiers : Maurepas Landrel Cleunay mercredi : 7 H 00 à 12 H 30 quartiers : Sainte-Thérèse Place St-Germain jeudi : 7 H 00 à 12 H 30 Lorient rue Moulin du Comte foire internationale : mars-avril braderie : en juin (un mercredi) Fête d’hiver : esplanade Général de Gaulle Alexis Carrel Sarah Bernhardt Brocante (Liberté) jeudi 7 h. à 15 H. ème Marché du livre : 2 chaque mois ème Tous jes jours Halles Centrales et 4 vendredi : 7 H 00 à 12 H 30 quartiers : Villejean Place Albert Bayet 15 H. à 19 H. 30 La Poterie samedi : 7 H 00 à 12 H 30 quartiers : Landrel Isly samedi : 7 H 00 à 13 H 00 quartier : Les Lices RETIERS samedi : 8 H 00 à 13 H 00 RHEU (LE) samedi : 8 H 00 à 13 H 00 salons des vins, fromages, pains, huîtres (mars) RICHARDAIS (LA) dimanche : 8 H 00 à 14 H 00 Vente de pizzas tous les lundis 17 H. à 22 H. ROMILLÉ jeudi : ème samedi de ème et 3 Marchés de Noël : (2 de décembre) Place Hoche Place du Parlement er semaine ème Marché de l’Artisanat : 1 et 3 samedi de chaque mois, Place Sainte Anne 8 H 00 à 13 H 00 (place de l’Église) ROZ LANDRIEUX ST-AUBIN D’AUBIGNÉ ST-AUBIN DU CORMIER Braderie annuelle mi août mardi : 8 H 30 à 12 H 00 jeudi à partir de 8 H 30 à 13 H. 87 foire de Noël : 2ème jeudi de décembre foire aux chevaux et braderie : 2ème samedi de décembre ST-BRIAC SUR MER lundi : 7 H 30 à 13 H 00 foire de la Saint-Simon : 7 H 00 à 19 H dernier dimanche d’octobre (juillet et août) vendredi : 7 H 30 à 13 H 00 vide-greniers : en juillet et août (toute l’année) ST-BRICE EN COGLES dimanche : 8 H 00 à 12 H 30 foires : en mars et en novembre ème 2 dimanche de chaque mois ST-DOMINEUC samedi : 8 H 00 à 13 H 00 ST ERBLON dizaine commerciale : semaine de Noël Vente de pizzas mardi et galettes jeudi ST-GEORGES DE REINTEMBAULT jeudi : 8 H 00 à 13 H 30 ST-GILLES samedi : 9 H 00 à 13 H 00 ST-GRÉGOIRE mercredi : 8 H 15 à 13 H 15 braderie 1er dimanche d’octobre toute la journée (place Gilles Gralan et ses abords) foire en mai (le 1er mai) ST-GUINOUX ST-LUNAIRE dimanche : 8 H 00 à 13 H 00 Vide grenier (juillet et septembre er (de fin mars au 1 dimanche de septembre inclus) ST-MALO de Rocabey (boulevard de la Tour d’Auvergne) lundi - jeudi - samedi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16.09 au 30.04), de 8 H 00 à 13 H 00 (du 01.05 au 15.09) de Saint-Servan (Place Bouvet) mardi - vendredi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16 09 au 30.04), de 8 H 30 à 13 H 00 (du 01.05 au 15.09) de Paramé (Place du Prieuré) mercredi – samedi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16.09 au 30. 04), de 8 H 00 à 13 H 00 (du 01.05 au 15.09) Intra-Muros mardi - vendredi : de 8 H 30 à 12 H 00 (du 16.09 au 30.04), de 8 H 00 à 13 H (du 01.05 au 15.09) Particularité : Ce marché est réservé aux commerçants alimentaires er SAINT MALO DE PHILY ST-MÉEN LE GRAND Braderie 1 dimanche d’avril et marché er de Nôël 1 dimanche de Décembre samedi : 8 H 00 à 13 H 00 foire de la Saint-Jean : en juin de 8 H 00 à 19 H 00 foire de la Saint-Denis : en octobre de 8 H à 19 H 00) 88 ST-MELOIR DES ONDES jeudi : 8 H 00 à 13 H 00 ST-OUEN DES ALLEUX mercredi : 9 H 00 à 12 H 30 ST-PÈRE MARC EN POULET Avril Marché aux fleurs SELLE EN LUITRÉ (LA) er Marché de Noël 1 week-end de décembre à l’Aumaillerie jeudi 14H 00 à 18 H 00 (marché aux bestiaux) SENS DE BRETAGNE Lundi midi après- 14 H 00 à 19 H 00 SERVON SUR VILAINE dimanche : 7 H 00 à 14 H 00 THORIGNÉ-FOUILLARD dimanche : 8 H 45 à 12 H 30 mercredi 16 H. à 19 H.30 TINTÉNIAC mercredi : 8 H 00 à 13 H 00 TRANS LA FORÊT jeudi : 9 H 00 à 12 H 30 TREMBLAY vendredi : 9 H 00 à 13 H 00 VERN SUR SEICHE samedi : 7 H 30 à 13 H 00 VEZIN LE COQUET vendredi : 16 H 00 à 20 H 00 VITRÉ lundi : 8 H 30 à 13 H 00 samedi 8 H 30 à 13 H 00 89 Foire exposition en avril Brocante vide grenier occasionnel, une fois par an ANNEXE4 : Exemple de la base de données des marchés de Rennes Métropole établit suite au travail de terrain