Mario Soares. Le père de la démocratie portugaise est mort

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Mario Soares. Le père de la démocratie portugaise est mort
Mario Soares. Le père de la démocratie
portugaise est mort
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Mario Soares, 92 ans, est décédé samedi après-midi à Lisbonne.
L’ancien président socialiste portugais Mario Soares, considéré comme le père de la démocratie
dans ce pays, est décédé ce samedi à l’âge de 92 ans,
Son décès a déclenché une vague d’émotion dans le pays, et le drapeau national a été mis en
berne à l’Assemblée de la République à Lisbonne.
Trois jours de deuil national
Le Portugal a décrété trois jours de deuil national à partir de lundi, après la disparation samedi
à 92 ans de l’ancien président Mario Soares, a annoncé le Premier ministre Antonio Costa.
« Nous avons perdu aujourd’hui celui qui a tant de fois été le visage et la voix de notre
liberté, pour laquelle il s’est battu toute sa vie. Perdre Mario Soares, c’est perdre
quelqu’un d’irremplaçable dans notre Histoire récente » a estimé le chef du gouvernement.
« C’était un combattant pour la liberté » et le Portugal doit désormais lutter pour
« l’immortalité de son héritage », a commenté, ému, le président de la République Marcelo
Rebelo de Sousa.
« C’est un jour triste pour tous les Portugais. C’est un des fondateurs du régime
démocratique dans lequel nous vivons aujourd’hui », a souligné Pedro Passos Coelho.
Le Président de la république française, François Hollande, a jugé qu’avec la mort de l’exprésident Mario Soares, « la démocratie portugaise perd l’un de ses héros, l’Europe l’un de
ses grands dirigeants et la France, qui l’avait accueilli en exil pendant la dictature de
Salazar, un ami de toujours ».
Jugeant que « le combat pour la liberté et la justice guidait sa vie » et rappelant qu'« il avait
eu le courage de défendre son idéal social dans des circonstances particulièrement
difficiles », le président de la République a souligné que « son nom restera à jamais associé à
la révolution des Œillets, mais aussi à la construction européenne, dont il aura été l’un des
artisans les plus engagés ».
Arrêté une douzaine de fois
Né le 7 décembre 1924 à Lisbonne, Mario Soares est étudiant quand il s’engage dans l’action
politique. Depuis vingt ans, le dictateur Salazar tient le Portugal d’une main de fer. Soares est
l’un de ces jeunes militants antifascistes qui s’opposent avec courage au régime.
Devenu avocat, il défend des prisonniers politiques et dénonce le rôle joué par la police secrète.
Cela lui vaut d’être arrêté une douzaine de fois et emprisonné pendant trois ans.
En 1968, il est déporté à Sao Tome, une colonie portugaise en Afrique. Il y reste deux années,
puis s’exile en France.
Assistant à l’université de Rennes
Un ami lui ayant dit grand bien de la Bretagne, il choisit de s’installer à Rennes. Il devient
assistant à l’université de Rennes et noue de durables amitiés. La « Révolution des œillets », le
25 avril 1974, le ramène en héros dans son pays. Devenu ministre des Affaires étrangères, il
lance avec succès le processus d’indépendance des colonies portugaises en Afrique
En 1977, quand il entame les démarches pour l’entrée dans la Communauté européenne, le pari
n’est pas gagné d’avance. Le Portugal, dont il est le Premier ministre depuis un an (poste qu’il
occupera jusqu’en 1978), est un petit pays pauvre, sous-équipé.
Réélu pour cinq ans
En 1983, quand il revient au pouvoir, Soares assainit les finances et l’économie. La rigueur est
contraignante, mais elle débouche sur le statut d’État membre le 1er janvier 1986.
Mario Soares en 1986, juste après que son pays a obtenu le statut d'Etat membre de la
Communauté européenne.
Une croissance vigoureuse, un chômage faible, des infrastructures modernisées… Peu de pays
en Europe profiteront autant de leur adhésion. Devenu président de la République, il est réélu
pour cinq ans en 1991 et œuvre à ancrer le Portugal dans la future Union.
Après son départ du pouvoir, il deviendra député à Strasbourg et président du Comité des Sages
du Conseil de l’Europe.
Son dernier combat politique
Député européen de 1999 à 2004, il a 80 ans quand il se lance dans son dernier combat politique
et se porte candidat à l’élection présidentielle de 2006, remportée par le conservateur Anibal
Cavaco Silva. Ce revers est particulièrement dur pour le vieux lion.
Pourfendeur de l’austérité
Quand son pays est frappé de plein fouet par la crise de la dette au printemps 2011, il dénonce
l’absence de solidarité des grands pays européens qui, selon lui, « ont oublié le projet des
pères fondateurs » pour se laisser guider par un « capitalisme sauvage ».
Après le décès en juillet 2015 de son épouse et mère de ses deux enfants, la comédienne Maria
Barroso, sa santé s’est détériorée et ses apparitions publiques se faisaient plus rares.
Les grandes dates de Mario Soares :
- 7 décembre 1924 : naissance à Lisbonne.
- 1957 : devient avocat et défend des opposants au régime de Salazar, ce qui lui vaut plusieurs
peines de prison.
- 1970 : après avoir été déporté dans la colonie africaine de Sao Tomé-et-Principe, il est
condamné à l’exil et s’installe en France.
- 1973 : participe à la création en Allemagne du Parti socialiste portugais, dont il devient le
premier secrétaire général.
- 1974-1975 : revient au Portugal après la « Révolution des œillets ». Est chargé d’organiser
l’indépendance des colonies au sein du gouvernement provisoire de la junte militaire, puis
devient ministre des Affaires étrangères.
- 1976-78 : nommé chef de gouvernement à l’issue des premières élections législatives du
pays. Il l’est à nouveau de 1983 à 1985, période pendant laquelle il négocie l’adhésion du
Portugal à la Communauté économique européenne (ancêtre de l’UE).
- 1986-96 : élu président de la République pour deux mandats consécutifs de cinq ans.
- 1999-2004 : député européen.
- 2006 : candidat à l’élection présidentielle, il n’arrive qu’en troisième position.