CCEE de Martinique
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CCEE de Martinique
CCEE Compte rendu du 5° Festival Kréyôl Kiba La Havane 5, 6, 7 août 2006 Le thème générique de ce festival était : « Defender el kréyôl es defender la identidad caribeña » «Défendre le créole, c’est défendre l’identité caribéenne. » 1 . Un Festival en accord avec les engagements du CCEE. A plusieurs reprises, le CCEE a manifesté son attachement à défendre la langue et la culture créoles, d’une part et à renforcer les contacts avec les pays de la Caraïbe, d’autre part. Rappelons que depuis 1997 le CCEE est membre de l’association « Rencontre Internationale des Langues Régionales ou minoritaires ». Au sein de cette association, nous examinons chaque année l’évolution de nos langues dans toutes les situations possibles. Par ailleurs, le CCEE a participé à la journée internationale du créole célébrée le 28 octobre dans toutes les aires créolophones. La commission Coopération du CCEE quant à elle a initié un projet de facilitation et d’activation d’un réseau de relations et d’échanges entre pays de la Caraïbe. L’invitation de l’association Bannzil Kréyôl Kiba, ainsi que la sollicitation de l’association Bannzil Kréyôl Matinik et de l’association martiniquaise de solidarité avec Cuba ont abouti à l’élaboration d’un dossier de demande de participation adressé au Conseil Régional pour aider à la constitution d’une délégation martiniquaise. Notre participation active à cette délégation nous offrait une occasion de plus pour mener un projet transversal, à savoir Commissions Culture, Education et Coopération. 2.Un apport nouveau de la délégation martiniquaise. Au cours des réunions de préparation, nous nous sommes entendu sur la forme que prendrait notre participation ; la littérature créole fait partie des objectifs que vise l’association cubaine, mais dans les éditions précédentes, en particulier les deux dernières, qui ont vu la participation de la Guadeloupe, l’accent avait été porté essentiellement sur la musique. Nous avons donc proposé que la Martinique puisse inviter les festivaliers à porter leur regard sur la manière dont la langue et la culture créoles ont investi le champ de la littérature, faisant taire par la même occasion toutes ces voix qui ne cessent de répéter que le créole ne sera jamais qu’une langue confinée à l’oral. 3.Une grande solidarité des défenseurs de la culture créole. Nous devons souligner la solidarité qui s’est manifestée autour de ce projet. En effet des personnalités comme Georges Mauvois, Daniel Boukman, Geoges Henri Léotin, Roger Ebion, Carine Gendrey, Raphaël Confiant, Jean Marc Rosier, Jean-Pierre Etilé…dont on connaît l’engagement pour la défense et la promotion de l’identité créole n’ont pas hésité à collaborer activement à la réalisation de notre projet. Ils ont pris des contacts, offert des livres, composé des textes de participation spécifique, réalisé des séquences video. Nous devons signaler l’implication du Syndicat des Enseignants SE-UNSA Martinique qui a offert des ouvrages en créole et a permis la tenue des rencontres de préparation dans ses locaux. 4.Une délégation et des interventions élaborées. Après accord, la délégation était arrêtée à six personnes, trois membres du CCEE et trois de l’association Bannzil Kréyôl Matinik, chargé chacun pour sa part d’une intervention. BISSOL Raymond Yvon, Vice président du CCEE menait la délégation, chargé par ailleurs d’une communication sur le livre « Lavwa égal » de Thérèse Léotin, qui pose le problème du rapport inégal entre homme et femmedans notre société. MASSOL Dominique, président de la commission culture du CCEE avec une communication sur le problème de la traduction appliquée à la philosophie, intervention préparée et proposée par Georges Henri Léotin : « Katjil asou mofwazaj teks filozofi an kréyôl » Mme. BARDURY Léone, vice présidente de la commission éducation du CCEE qui devait intervenir sur une proposition de lecture de « Le loup et le chien », fable de Jean de Lafontaine adaptée en espagnol, en créole martiniquais, guadeloupéen, haïtien, intervention préparée et proposée par Daniel Boukman. (Des ennuis de dernière minute n’ont pas permis que Mme. Bardury puisse nous accompagner) Mme. ETIENNE Jane, de Bannzil Kréyôl Matinik (BKM), enseignante de langue et culture créoles (LCC), proposait « Kann, an sakré tralala », le résultat d’un travail de recherche effectué avec ses élèves sur l’évolution de la culture de la canne à sucre en Martinique durant ces dernières décennies. Mme. SAINT LOUIS Marie José, BKM et enseignante de LCC au lycée, intervenait sur la question du roman créole, essentiellement à partir d’une interview de Raphaël Confiant qui développait le processus de création, d’édition et de diffusion du Roman créole. Mme ANTOINE Manuella, BKM, également enseignante de LCC, proposait une analyse du conte créole à travers le recueil « Kont Katkwazé » de Georges Mauvois. Elle insistait sur la nécessité de préserver certains aspects de la culture orale par le biais de l’écrit, faute de quoi nous courons le risque de leur disparition progressive. 5.Un désagréable contre temps. En dépit de toutes les certitudes qui nous avaient été données quant à la maîtrise du créole par les membres de Bannzil Kréyôl Kiba, nous avons eu la désagréable surprise de nous retrouver face à un public majoritairement et exclusivement hispanophone. Ceci nous a obligé à une traduction simultanée de nos interventions, autrement dit, toute la planification horaire devait être revue, en conséquence de quoi nous nous sommes résignés à abandonner quelques interventions envisagées. Nous avons toutefois remis nos communications sur papier afin qu'elles puissent être reproduites et mises à disposition des membres intéressés. Nous tenons à souligner la couverture médiatique de l’événement, surtout au niveau des radios. Cela nous a agréablement surpris et la voix de La Martinique a pu se faire entendre sur la grande île à travers les diverses interviews réalisées autour de l’événement. Une autre remarque plutôt positive concerne la forte implication de l’UNESCO et des représentants officiels de Haïti à Cuba. Cela signifie que l’association Bannzil Kréyôl Kiba, bien qu’elle ne dispose pas de moyens significatifs est reconnue dans le pays comme un interlocuteur sur le plan culturel. 6.Une opération à réitérer. Notre participation au 5° Festival Kréyôl Kiba a été une expérience très enrichissante. Elle a rapproché des personnes issues d’associations, d’institutions, ou venues à titre individuel autour d’un objectif commun : la défense de la langue et de la culture créoles. Il serait souhaitable que ces regroupements pour des actions communes de cet ordre puissent se renouveler Cette première participation de La Martinique au Festival Kréyôl Kiba mériterait d’être analysée positivement, malgré les quelques défauts observés et qui tiennent plus aux faibles moyens dont dispose l’association Bannzil Kréyôl Kiba qu’à une absence d’implication de ses membres. Bien au contraire, le dévouement des adhérents a été tout à fait remarquable. Compte tenu de ces observations, il serait tout à fait important et judicieux que le CCEE de la Région Martinique poursuive sa collaboration avec les défenseurs de la culture et de la langue créoles, tant à l’intérieur de notre territoire qu’à l’extérieur, d’abord dans la zone Caraïbe, ensuite dans les lieux où s’expriment les créoles de la diaspora. En l’occurrence, il convient de citer les descendants créolophones de Cuba, mais plus largement, nous devrons être prêts à participer à des actions initiées par d’autres promoteurs de la culture créole en quelque endroit que se situerait l’éventuelle action. Une fois de plus le CCEE a pu faire la preuve de son implication dans notre société martiniquaise ; il a porté ce projet à son terme et permis que des peuples de la Caraïbe se rapprochent autour d’un élément primordial de la vie culturelle.