L. Matar, Les diasporas ds le sillon de la mondialisation

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L. Matar, Les diasporas ds le sillon de la mondialisation
1
Les diasporas dans le sillon de la mondialisation
Léonel Matar – Maître de Conférences à la FGM
Introduction
L‟une des formes les plus importantes de la mondialisation qui existe depuis des
dizaines de siècles, bien qu‟elle soit la moins médiatisée, est la migration humaine. La
migration se réfère aux déplacements temporaires et définitifs des populations. Pour des
raisons différentes et variées, les peuples ont toujours bougé et changé les lieux de résidence
et de travail1. Le mot diaspora, d‟origine grecque veut dire dispersion, un terme utilisé par le
spécialiste de la guerre et l‟historien grec Thucydide 2 pour qualifier l‟exil forcé des habitants
de l‟île d‟Egine, vaincue par Athènes, puis repris dans l‟histoire religieuse pour décrire
l‟éparpillement des premières communautés chrétiennes dans l‟empire Romain, désigne
depuis le début du premier millénaire la descendance des juifs dispersés et chassés de la
Palestine aux premier et deuxième siècle après Jésus Christ.
La diaspora a toujours été associée à des déplacements et des migrations de population
à la suite d‟évènements tragiques, de guerres, de problèmes politiques, pareil à la diaspora
arménienne fuyant les massacres perpétrés par les turcs, la diaspora palestinienne obligée de
quitter son pays en raison du conflit israélo-palestinien et celle vietnamienne après la guerre.
Des raisons économiques poussent les populations à quitter en masse leur territoire, tels les
Indiens et les Irlandais 3 qui en sont la parfaite illustration. Certaines diasporas se sont
constituées par vagues successives, en fonction d‟événements particuliers qui frappent la
population à travers les années et les siècles et qui rendent l‟émigration et les déplacements
inéluctables. La diaspora libanaise s‟est constituée en deux vagues successives, pour des
raisons économiques au 19e siècle et pour des raisons politiques et économiques à partir de
1975. Le destin et l‟évolution des diasporas diffèrent en fonction des populations. Ainsi la
diaspora libanaise peut-être comparée, toute proportion gardée, à la diaspora chinoise quant à
la puissance du réseau communautaire et aux liens économiques et financiers qu‟entretiennent
avec le pays. En effet, chaque diaspora a ses spécificités, comme les tsiganes par exemple qui
sont des peuples nomades dont l‟influence et l‟apport aux pays dans lesquels ils résident sont
difficilement analysés. La diaspora irlandaise est essentiellement présente aux Etats-Unis. Les
populations noires en Amérique du Nord, en Amérique Centrale et en Amérique Latine, sont
des diasporas qui ont connu l‟esclavage, provenant d‟ethnies différentes et dont les conditions
humaines dramatiques l‟ont fait perdre leur culture.
Le phénomène des diasporas ne cesse de prendre de l‟ampleur aussi bien dans les
économies des pays développés que dans celles des pays en développement. Le nombre de
personnes vivant en dehors de leurs pays de naissance est estimé à 200 millions de personnes
soit 3% de la population mondiale. Malgré le fait que nous vivons dans un environnement de
plus en en plus mondialisé, les migrations humaines restent relativement moins importantes
1
HELD D., Mc GREW A., GOLDBLATT D. and PERRATON J., Global Transformations, Politics, Economics
and Culture. Polity Press, Cambridge, 1999, pp. 283-326
2
Historien Grec du Ve siècle avant Jésus Christ (env 460-395)
3
Entre 1841 et 1921, la population irlandaise est passée de 8 175 000 à 4 390 000 habitants.
2
que les déplacements des populations qui ont eu lieu au 19ème siècle 4. Toute analyse de la
situation économique des pays du Sud et du Nord est censée ne pas négliger l‟apport des
diasporas car leurs poids et leurs participations à la vie économique et sociale des pays dans
lesquels ils résident et travaillent, deviennent de plus en plus importants.
I- Les diasporas dans le paysage économique et social mondial
A- Diaspora et mondialisation
Les diasporas ont toujours été très actives au niveau des liens avec leurs pays
d‟origines. La mondialisation est venue renforcer, et surtout mettre en valeur ces liens que des
millions de personnes émigrées à travers le monde tissent actuellement avec leurs pays. Les
diasporas sont des acteurs dont l‟organisation est parfaitement adaptée aux conditions de la
globalisation. L‟éparpillement des populations de différents pays dans tous les coins de la
planète ainsi que le développement des moyens de télécommunications et de transports
confèrent aux diasporas un champ d‟action très important. L‟une des spécificités du
phénomène des diasporas, c‟est qu‟elles partagent avec les sociétés multinationales une
stratégie d´action en dehors des cadres étatiques, ce qui offre un avantage considérable par
rapport à des acteurs enfermés dans une logique nationale, en perte de vitesse. Prevelakis
constate des différences entre diasporas et sociétés multinationales, il considère que les
diasporas ne sont pas de nouveaux acteurs, à l‟instar des multinationales dont le
développement s‟est fait avec l‟essor du capitalisme, car elles représentent souvent la
revitalisation d‟acteurs anciens. Dans son analyse, Prevelakis insiste sur le fait que les
diasporas ont assuré à travers des siècles une cohésion certaine à travers des mécanismes qui
ont fait leurs preuves 5 . Le poids des différentes diasporas n‟est plus à démontrer et les
multinationales utilisent largement les compétences et les réseaux de relations de cadres
appartenant à des diasporas. La place qu‟elles occupent dans les économies mondiales devient
de plus en plus en plus importante et elles font partie aujourd‟hui du paysage économique et
social mondial. Le phénomène des diasporas intéresse de plus en plus aujourd‟hui toutes les
disciplines, politologues, économistes, sociologues, hommes de religion, historiens et
géographes qui traitent de plus en plus ce sujet. Bien que les recherches sur les diasporas ne
soient pas aussi développées comme dans les autres disciplines, plusieurs spécialistes se sont
intéressés à ce phénomène. Les travaux de Sheffer 6 qui analysent la diaspora dans sa
dimension internationale, mettent en valeur le rôle de millions de personnes qui avaient
émigrés de leurs pays. La mondialisation et l‟intensification des relations à tous les niveaux et
dans tous les domaines entre les émigrés et leurs pays d‟origines, sont de nature à mettre plus
en valeur le rôle souvent caché de millions de personnes dont l‟apport et la participation à
l‟économie de leurs pays d‟origines sont aussi vitaux et importants que les personnes restées
dans le pays. Les liens ethniques entre les composantes d‟une même nation d‟origine se
recréent à travers les réseaux d‟échanges et de communications. Nous assistons aujourd‟hui
au niveau officiel ainsi qu‟au niveau des médias, à une valorisation des diasporas qui se sont
avérées utiles au service des pays ou des peuples dont elles sont issues. L‟intérêt pour la
diaspora de la part des pays en développement qui recevaient et qui reçoivent des aides et des
transferts de leurs émigrés n‟est plus à démontrer. Tous les gouvernements à des échelles
4
Entre 1820 et 1920, les flux migratoires étaient très importants, 34 millions d‟européens se sont installés aux
Etats-Unis, 8 millions au Brésil, 4,5 millions au Canada et 4,2 millions en Argentine.
5
PREVELAKIS, Georges. „Les grandes métropoles comme carrefours des diasporas‟, Cybergeo, article 99, 25
mai 1999. Disponible en ligne: http://www.cybergeo.eu/index1162.html consulté le 01 mai 2009
6
SHEFFER, Gabriel. Modern Diasporas in International Politics, Saint Martin‟s Press, New York,1986
3
différentes, essaient de profiter de ce phénomène qui devient non seulement important mais
vital pour l‟avenir et le développement des pays. La Chine et l‟Inde malgré le grand décollage
de leurs économies, profitent énormément du poids et du potentiel de leurs diasporas
respectives. Le PIB de la diaspora chinoise correspond à 68 % du PIB de la Chine, la diaspora
chinoise forte de 50 millions de personnes, a largement contribué au développement
économique de la Chine depuis vingt ans, et une partie des flux d‟investissements directs
étrangers soit 52,7 milliards de dollars7 en 2002 est effectuée par la diaspora chinoise8. La
grande réussite de la diaspora indienne dans le domaine des nouvelles technologies pousse le
gouvernement indien à mettre l‟accent aujourd‟hui sur l‟attrait des ingénieurs et les
informaticiens indiens qui excellent en Occident, surtout aux Etats-Unis, pour les inciter à
revenir au pays et surtout pour dissuader les ingénieurs locaux d‟émigrer. Le but est de
profiter de leurs talents au lieu de se limiter aux transferts du fruit de leur travail dans les pays
étrangers.
Les différentes diasporas peuvent jouer aussi un rôle politique qui influence le cours
des événements de leurs pays. C‟est le cas par exemple de la diaspora juive qui joue un rôle
très important dans le cadre du soutien permanent et très efficace à l‟Etat d‟Israël, grâce au
puissant lobby exercé auprès des pays occidentaux surtout aux Etats-Unis. Nous pouvons citer
aussi l‟exemple de la diaspora tamoule évaluée à un demi-million de personnes dispersées à
travers le monde, qui soutiennent les tigres9 dans leur guerre avec le gouvernement du Sri
Lanka10 et dont le pouvoir financier est mis au service de leur cause politique.
B- Les migrations Sud-Sud
A l‟instar des pays riches, les pays du Sud attirent aussi les émigrés11. Les migrations
les plus répandues mais les moins médiatisées, et surtout les moins analysées, sont les
migrations sud-sud. Hatton et Williamson considèrent que ce type de migration n‟est pas
nouveau, mais juste ignoré par les économistes 12 . Selon les estimations de la Banque
Mondiale, les émigrés des pays en développement qui résident et travaillent dans d‟autres
pays en développement représentent la moitié du total des émigrés au niveau mondial, soient
74 millions de personnes. La migration clandestine et irrégulière est plus importante dans le
sens sud-sud que dans le sens nord-nord. Presque 80% de la migration sud-sud s‟opère entre
des pays qui s‟échangent les frontières, notant que l‟impact financier de l‟émigration nord-sud
est plus important que l‟impact sud-sud et ceci en raison de la valeur des revenus et
rémunérations dans les pays riches du nord. Les transferts de la part des migrations sud-sud
étaient estimés en 2005 entre 18 et 55 milliards de dollars soit 19 et 30 % des flux de
transferts vers les pays du Sud13. La migration sud-sud peut générer une nette amélioration
des revenus des résidents des pays pauvres car les émigrés sont majoritairement des personnes
très pauvres fuyant les guerres et les famines. La valeur réelle des flux en tenant compte des
7
IDE : percée de la Chine, L‟Observateur de l‟OCDE, Nº 237, Mai 2003. Disponible en ligne:
http://www.observateurocde.org/news/fullstory.php/aid/749/IDE_:_perc_E9e_de_la_Chine.html consulté le 01
mai 2009
8
Les flux incluent des montants non comptabilisés d‟IDE provenant de la diaspora chinoise
9
Les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul est la milice indépendantiste tamoule du Sri Lanka fondée en 1976
et dont le but est de défendre les Tamouls
10
La guérilla tamoule a été officiellement vaincue par le gouvernement central de Colombo en mai 2009.
11
The Economist, 03 janvier 2008
12
Hatton, Timothy, and Jeffrey Williamson. 2002. “What Fundamentals Drive World Migration?” National
Bureau of Economic Research, Working Paper 9159. p. 25
13
Ratha Dilip and Shaw William, South-South Migration and Remittances, World Bank working paper ; no. 102,
p. 2
4
transferts à travers les canaux formels et informels est supérieure à 50 % par rapport aux flux
officiels enregistrés.
Les causes socio-économiques des différentes migrations sud-sud
La proximité, les réseaux communautaires et la différence de revenus constituent les
principales causes des migrations sud-sud. Presque 80% de la migration sud-sud s‟opère entre
des pays qui ont des frontières communes. Même les pays en développement qui sont
relativement éloignés géographiquement, attirent des émigrés d‟autres pays du sud en raison
des liens qui existent entre eux.
Les liens ethniques, communautaires et familiaux réduisent les incertitudes des
migrants et encouragent la mobilité entre plusieurs pays du Sud. Dans plusieurs pays, nous
pouvons constater une corrélation entre la nationalité des migrants et les emplois exercés.
L‟exemple est celui des polonais qui travaillent en Hongrie dans les mines et la construction
alors que les femmes slovaques occupent des postes dans le textile 14 . En Russie, les
travailleurs étrangers qui travaillent dans le bâtiment et l‟industrie viennent d‟Ukraine, les
azerbaidjanais, les chinois et les vietnamiens travaillent dans le commerce 15. Au Liban, les
ouvriers agricoles et du bâtiment sont essentiellement des syriens et égyptiens.
Les différences des revenus influencent aussi l‟émigration. Des pays à revenus
intermédiaires comme le Liban par exemple, attirent des émigrés des pays à bas revenus
(Syrie, Egypte, Sri Lanka, Inde, Pakistan,…). C‟est le cas aussi des pays d‟Amérique Latine
comme le Chili, l‟Argentine et le Venezuela qui accueillent des émigrés de la Bolivie, du
Paraguay et du Pérou.16 La Malaisie accueille des ressortissants d‟Indonésie, d‟Afrique du
Sud, des travailleurs du Mozambique, du Lesotho, de la Namibie et du Zimbabwe. Les
émigrations sud-sud identifiées viennent des pays dont le revenu est supérieur à leurs pays
d‟origine.
Certains pays en développement accueillent des migrants en transit pour d‟autres pays.
Le Mexique est devenu aujourd‟hui un point de passage pour les émigrés qui désirent se
rendre aux Etats-Unis 17 . La République Tchèque et la Pologne reçoivent des migrants en
transit pour l‟Allemagne18. Des émigrés d‟Afrique de l‟Ouest voyagent vers le Cap Vert, la
Gambie et la Guinée pour obtenir des faux documents pour entrer en Europe19.
Des millions d‟individus traversent les frontières pour travailler comme petit vendeur
au noir, c‟est le cas des syriens au Liban. En Afrique, des petits vendeurs ambulants dans la
14
Juhasz, Judit. 1999. “Illegal Labour Migration and Employment in Hungary” International Migration Papers,
International Labour Organization, Geneva.
15
Rybakovsky, Leonid, and Sergey Ryazantsev. 2005. “International Migration in the Russian Federation.”
UN Expert Group Meeting on International Migration and Development, New York, July 2005
16
Pizarro, Jorge M., and Miguel Villa. 2005. “International Migration in Latin America and the Caribbean: A
Summary View of Trends and Patterns.” UN Expert Group Meeting on International Migration and
Development, New York, July 2005
17
Castillo, Manuel Angel. 2006. “Mexico: Caught Between the United States and Central America.” MIS
Selected Readings on Central America, Migration Policy Institute, Washington, Disponible en ligne:
http://www.migrationinformation.org/Feature/display.cfm?ID=389 consulté le 03 mai 2009
18
Horakova, Milada. 2000. “Legal and Illegal Labour Migration in the Czech Republic: Background and
Current Trends.” International Migration Papers 32. International Labour Organization, Geneva
19
Adepoju, Aderanti. 2002. “Fostering Free Movement of Persons in West Africa: Achievements, Constraints,
and Prospects for Intraregional Migration.” International Migration 40(2):4-28.
5
partie sud de l‟Afrique traversent souvent vers l‟Afrique du Sud20. En Amérique Latine, la
République Dominicaine autorise souvent des vendeurs Haïtiens à traverser la frontière sans
inspection de la part de la police. Cette migration nommée « suitcase trading » n‟est pas
considérée comme étant une émigration au strict sens du terme.
Les conflits et problèmes politiques, les désastres naturels et écologiques poussent des
millions de personnes dans les pays en développement à quitter leur territoire pour s‟installer
dans d‟autres pays du Sud et dans les pays du Nord aussi.
III- Le rôle des diasporas dans les économies des pays en développement
A- L’impact financier et économique des transferts des diasporas
L‟importance des transferts des émigrés vers les pays en développement ne cesse d‟animer le
débat quant à leurs effets sur la réduction de la pauvreté, la stabilité financière et le
développement économique des pays receveurs21.
Les flux des transferts de diasporas étaient estimés en 2007 à 318 milliards de dollars,
les pays en développement recevant une grande partie, soit 240 milliards de dollars; mais la
valeur réelle des sommes transférées est largement supérieure aux chiffres officiels 22.
Principaux pays bénéficiant d‟envois de fonds en 2007 (milliards de dollars)
Inde
27
Pakistan
6.1
Chine
25.7
Indonésie
6.0
Mexique
25
Egypte
5.9
Philippines
17
Maroc
5.7
Roumanie
6.8
Liban
5.5
Bangladesh
6.4
Pologne
5.0
Source: Migration and Remittances Factbook 2008, The World Bank
L‟ampleur des sommes transférées par les différentes diasporas vers leurs pays
d‟origine soulève la question du rôle de cet argent dans les économies des pays destinataires.
Les dizaines de milliards de dollars transférés chaque année des pays riches vers les pays du
Sud sont en théorie censés influer le développement économique. En effet, mesurer le rôle des
transferts dans le développement s‟avère difficile. Les montants régulièrement transférés
chaque année sont supérieurs aux chiffres fournis par les différentes instances nationales et
internationales car des sommes importantes transitent par les voies informelles sans
nécessairement passer par les banques et les institutions financières classiques. Les moyens
informels sont très répandus et populaires parce qu‟ils sont rapides, leurs coûts sont bas et ils
sont anonymes mais ont l‟inconvénient d‟échapper aux statistiques financières officielles d‟où
la difficulté d‟obtenir et de mesurer l‟impact et l‟ampleur des transferts. En fait, le coût des
transferts monétaires d‟un pays du Sud vers un autre pays du Sud sont supérieurs aux coûts de
transferts du Nord vers le Sud et ce à cause du manque de compétition, des commissions
encaissées sur les devises étrangères et de l‟absence des structures adéquates et efficaces
facilitant la circulation de l‟argent. Ces raisons encouragent les émigrés à utiliser les moyens
informels pour l‟acheminement de l‟argent.
20
Peberdy, S. 1998. “Trading Places: Cross-Border Traders and the South African Informal Sector”, Migration
Policy Series 6, Southern African Migration Project, Queens University, Kingston, Ontario.
21
Maimbo, Samuel M. and Dilip Ratha (2005). Remittances: Development Impact and Future Prospects.
Washington D.C.: The World Bank
22
Migration and Remittances Factbook 2008, The World Bank
6
Le rôle des transferts dans les économies des pays destinataires n‟est pas toujours bien
défini, et même loin d‟être clair. Le manque de données fiables est de nature à compliquer les
analyses des chercheurs. En raison de l‟absence d‟études longitudinales et d‟analyse payspays, l‟approche méthodologique ne peut que s‟avérer générale. Pour comprendre l‟effet des
transferts sur la situation économique des pays destinataires, l‟analyse de la relation entre
migration et développement doit combiner et prendre en considération les aspects familiaux,
sociaux, économiques et politiques23.
En effet, les remises importantes d‟argent sont effectuées par des millions d‟individus,
elles ont un caractère privé, les principaux destinataires sont les familles. Plusieurs chercheurs
et économistes ont étudié le phénomène des transferts en prenant comme base d‟analyse la
famille 24. Les liens familiaux dans les pays receveurs du Sud sont très étroits et c‟est à travers
la cellule familiale que s‟opère l‟utilisation de l‟argent.
Les transferts privés sont considérés comme étant des alternatives aux transferts des
gouvernements25 comme la sécurité sociale ou l‟aide étrangère, ce qui veut dire que l‟argent
des diasporas vient combler un déficit gouvernemental des pays du Sud qui sont
majoritairement incapables de répondre aux besoins primordiaux de leur population, les
transferts constituent alors une soupape de sécurité pour les citoyens et aident indirectement et
involontairement les différents Etats à faire face aux fractures sociales et surtout à contenir
des situations sociales potentiellement explosives.
L‟existence d‟une asymétrie d‟information peut compliquer la trace des sommes
envoyées aux pays. La personne qui transfère l‟argent se trouve incapable de surveiller et de
contrôler l‟usage des sommes remises, la distance géographique entre le donneur et le
receveur est très importante, et l‟asymétrie d‟information a des effets sur le comportement
économique et des conséquences permanentes et décisives sur l‟utilisation des fonds
transférés. Le receveur de l‟argent peut devenir paresseux en limitant sa recherche d‟emploi,
réduire son activité ou se lancer dans des projets risqués, comme il peut devenir aussi un
entrepreneur impétueux. Les estimations de l‟impact des transferts sur les économies des pays
receveurs révèlent parfois et dans certains cas une corrélation négative avec la croissance du
PIB alors que les investissements directs étrangers (FDI) ont une corrélation positive. La
motivation des FDI est à la base différente des transferts, ils ont un but strictement
économique dans le cadre d‟un investissement précis avec création d‟emplois et de richesse.
En revanche, l‟impact des flux de transferts se manifeste au niveau de la compensation d‟une
faible performance économique des pays receveurs26.
La motivation primordiale des transferts de la diaspora est l‟aide aux familles, le
phénomène purement altruiste est très important et son implication est très décisive dans
l‟utilisation et l‟orientation des fonds27. Les transferts des émigrés affectent positivement la
23
Hernandez-Coss, Raul. The U.S.-Mexico Remittance Corridor: Lessons on Shifting from Informal to Formal
Transfer Systems. Washington D.C.: The World Bank, 2005
24
BECKER, Gary. A Theory of Social Interaction , Journal of Political Economy, 1974, Vol. 82, pp.1063-1093
25
Voir CHAMI Ralph et Connel FULLENKAMP, The Optimal Subsidy to Private Transfers under Moral
Hazard, IMF Staff Papers, Vol 49, N° 2, International Monetary Fund, 2002
26
CHAMI Ralph, FULLENKAMP Connel and JAHJAH Samir. Are Immigrant Remittance Flows a Source of
Capital for Development? , IMF Staff Papers, Vol 52, N 51, International Monetary Fund, 2005
27
STARK, Odek. Altruism and Beyond: An economic analysis of transfers and exchanges within families and
groups, Cambridge University Press, 1999
7
situation et la vie de millions de personnes dans les pays du Sud28 et sont considérés comme
étant des revenus complémentaires et comme une diversification des sources de revenus, ce
qui nous amène à dire qu‟ils seront essentiellement amenés à être consommés non seulement
pour subvenir aux besoins mais pour participer à l‟amélioration des conditions de vie des
familles comme par exemple la construction, l‟agrandissement ou la modernisation de la
maison, l‟achat d‟une voiture, le paiement de la scolarité des enfants, le remboursement d‟une
dette et même parfois le paiement des frais d‟hospitalisation pour les familles qui n‟ont pas de
couverture sociale. La famille est considérée comme une assurance dans la diversification des
ressources et la personne qui émigre est vue comme étant un investissement car elle est censée
rapporter de l‟argent qui sera utilisé dans le cadre familial.
Les études qui ont été menées sur l‟utilisation des fonds des différentes diasporas
révèlent des résultats et des constatations différentes en fonction des structures économiques,
sociales et familiales des pays. Il est clair que le comportement des familles en Inde, au
Pakistan, au Mali ou au Mexique est différent que celui des destinataires libanais de l‟argent
de la diaspora. L‟utilisation première de l‟argent de la diaspora va à la consommation et aux
divers achats, à la construction de maison et d‟appartement que nous pouvons qualifier
d‟investissement résidentiel, à l‟épargne, et puis une infime partie aux investissements
productifs à petite échelle. L‟argent des diasporas est différemment utilisé, il n‟existe pas un
modèle unique même si la tendance générale confirme la primauté de la consommation par
rapport à l‟investissement.
En effet, l‟objectif des transferts est d‟aider les familles et non pas d‟investir car
l‟envoi de l‟argent par un membre de la famille à un autre membre est difficilement orienté
vers l‟investissement, la logique de l‟envoyeur et du receveur n‟est pas en mesure de
transformer l‟argent en investissement productif. N‟émanant pas d‟organisation dont le but
consiste à financer des projets, la motivation et les effets de ces transferts sont différents des
flux de capitaux privés car l‟argent ne sera pas investi, surtout qu‟il est reçu en quantité
insuffisante pour se lancer dans des projets véritablement productifs. Des paysans ont pu
améliorer leurs récoltes en investissant dans de nouveaux matériels agricoles et des petites
échoppes ont vu le jour grâce aux envois des familles qui ont permis d‟augmenter les sources
des revenus de leurs propriétaires. Sur le plan micro économique, des petits projets ont
incontestablement amélioré le niveau de vie de millions d‟individus en Inde, au Pakistan, au
Mali et au Mexique. Les ressortissants du Mali en France où la culture du soutien familial est
très forte, participent activement au développement de leurs pays à travers des transferts
réguliers qui contribuent aux constructions d‟infrastructures communautaires dont l‟Etat n‟a
pas les moyens de réaliser 29 . Les Mexicains vivant aux Etats-Unis sont transformés en
véritables financiers du développement par la capacité d‟organisation de leurs communautés.
Les montants transférés par les migrants mexicains s‟élevaient à 16,6 milliards de dollars en
2004 et sont devenus en 2003 la deuxième source de devises du pays. Les remesas (transferts
des émigrés) représentent 75% du budget social et sont utilisés pour aider les familles rurales
et marginalisées à sortir de la pauvreté30.
28
HAGEN-ZANKER, Jessica and SIEGEL Melissa. Working Paper MGSoG/2007/WP003, June 2007
Maastricht University, Maastricht Graduate School of Governance
29
30
FAUX, Frederic. Le Figaro, 17 novembre 2005
VISOT, Marie. Le Figaro, 17 novembre 2005
8
Certes, les bienfaits des transferts constituent une véritable manne mais témoigne en
revanche de l‟incapacité des divers pays receveurs à assurer une vie décente à leurs citoyens.
B- Diasporas, fuite des cerveaux et progrès technologique
L‟émigration des personnes qualifiées des pays en développement vers les pays développés
est importante et peut causer des dégâts car elle implique un transfert net de capital humain et
de ressources rares (en terme de coûts économique et de coûts de l‟éducation) des pays à
faible revenu vers des pays à revenu élevé31. L‟émigration des professionnelles peut avoir
pour conséquence la réduction de l‟innovation domestique et l‟adoption technologique 32 .
Cependant, en raison de manque d‟opportunité dans plusieurs pays en développement, les
émigrés qualifiés trouvent leur compte tout au moins au niveau personnel et professionnel.
En revanche, concernant les pays où l‟émigration est modérée, l‟existence d‟une
diaspora bien impliquée dans les domaines technologiques sophistiqués, peut-être bénéfique
en terme net, surtout quand les opportunités dans le pays sont limitées. Après avoir terminé
leurs études doctorales, un grand nombre d‟étudiants étrangers retournent dans leurs pays et
amènent avec eux leurs backgrounds et leurs savoir-faire théorique et pratique ce qui peut
constituer un véritable transfert technologique. Malgré le fait que plusieurs émigrants
choisissent de rester dans le pays d‟accueil en raison des facilités et de la qualité de vie, une
large catégorie d‟émigrés retourne car elle souhaite contribuer à l‟avancement et au progrès
technologique de leurs pays d‟origine33.
En effet, une partie des diasporas peut être considérée comme une banque de cerveaux
(brain bank). L‟existence au niveau mondial d‟émigrés hautement qualifiés dans plusieurs
domaines, disposant d‟importants contacts et faisant partie de plusieurs réseaux
professionnels, peut constituer un grand secours à leurs pays. La diaspora indienne est la
parfaite illustration de la réussite des entreprises du pays dans le domaine des technologies de
l‟information et de l‟externalisation (sous-traitance)34. Grâce à la qualification et au savoirfaire mondialement reconnus des indiens, l‟Inde occupe une place importante dans l‟industrie
informatique et les multinationales indiennes dans le domaine des nouvelles technologies qui
sont considérées comme étant de sérieux concurrents aux entreprises des pays du Nord. Grâce
aussi à leur confrontation au monde de l‟entreprise (business environment) dans les pays du
Nord, les diasporas contribuent activement à l‟application de nouvelles méthodes et
procédures dans le domaine de la création et de la gestion des entreprises, l‟entreprenariat, les
sociétés de capital risque (venture capital) et dans la mise en place de la bonne gouvernance
dans des pays qui ne prennent pas en considération le rôle des entreprises dans la création des
richesses.
31
UNCTAD (United Nations Conference on Trade and Development). 2007. The Least Developed Countries
2007: Knowledge, Technological Learning and Innovation for Development. Geneva: UNCTAD.
32
Kapur, Devesh, and John McHale. Give Us Your Best and Brightest: The Global Hunt for Talent and Its
Impact on the Developing World. Washington, DC: Center for Global Development. 2005
33
Kuznetsov, Yevgeny, Adolfo Nemirovsky, and Gabriel Yoguel. 2006. “Argentina: Burgeoning Networks of
Talent Abroad, Weak Institutions at Home.” In Diaspora Networks and the International Migration of Skills, ed.
Yevgeny Kuznetsov, 153–70. Washington, DC: World Bank Institute
ed.Yevgeny Kuznetsov, 153–70. Washington, DC: World Bank
34
“Sojourns and Software: Internationally Mobile Human Capital and High-Tech Industry Development in India,
Ireland and Israel.” In Underdogs to Tigers: The Rise and Growth of the Software Industry in Some Emerging
Economies, ed. Ashish Arora and Alfonso Gambardella. 2005 Oxford University Press.
9
En effet, nous pouvons constater que les effets de l‟exode des cerveaux (brain drain)
des pays du Sud vers les pays du Nord affectent négativement et positivement la situation de
tous les pays (surtout les pays pauvres) mais il ne faut pas oublier que la mondialisation en
tant que système ouvert d‟échange et d‟interaction ne peut que favoriser le déplacement des
populations. La fuite des cerveaux concerne aussi les pays développés entre eux, c‟est le cas
par exemple des chercheurs et scientifiques français qui quittent leurs pays vers les Etats-Unis
où les conditions de travail sont de loin meilleures que celles en France. L‟enjeu essentiel
aujourd‟hui est de réfléchir à des formules qui rendent l‟exode des cerveaux (brain drain)
équitable pour les pays du Sud et du Nord simultanément. La mise en place de politiques de
développement dans les pays du Sud où la population cherche par tous les moyens à émigrer
en vue de profiter des opportunités existantes dans les pays du Nord, peut avoir pour effet de
contenir partiellement les aspects négatifs des migrations à partir des pays pauvres.
C- L’avenir des flux de transferts des émigrés
Dans tous les pays qui profitent des remises des émigrés, ces sources de financement
ont représenté une stabilité permanente depuis des dizaines d‟années. Ce phénomène est vrai
aussi bien pour le Liban que pour les autres pays dont les transferts constituent une manne
importante et un élément essentiel dans leur économie. Les transferts des émigrés sont
devenus aujourd‟hui une source importante du développement financier international. En
1995, ces transferts représentaient 48% des investissements directs étrangers, en 2002, ils
étaient équivalents à 88% de FDI (Foreign Direct Investment). Le tableau suivant nous
montre les chiffres de ces transferts comparés à d‟autres sources de financement.
En milliards de dollars
Flux des Investissements Directs Etrangers
Autres flux privés
Financement officiel
Remises et transferts des travailleurs et des diasporas
1995
106
74
55
50
2002
135
-4
35
88
Source : Dilip RATHA, „Worker‟s Remittances : An Important and Stable Source of Development Finance ‟,
Poverty Day, 16th October 2003, World Bank
Les seuls financements en augmentation constante sont ceux qui ont pour origine les
diasporas. Les financements officiels sont de plus en plus réduits et les investissements directs
étrangers augmentent dans une proportion inférieure à celle des remises des émigrés,
d‟ailleurs une partie des FDI a pour origine les fonds des différentes diasporas. Cette source
de financement est plus importante que les flux des financements officiels dans 58 pays et les
flux privés dans 52 pays.
Dans tous les pays en développement, les autorités publiques sont intéressées par
l‟attrait des transferts et devises étrangères des émigrés et par la régulation et taxation des
sommes reçues. Les institutions financières internationales, Banque Mondiale, Fonds
Monétaire International et les agences d‟aides au développement considèrent les transferts des
émigrés comme des sources sûres pour le développement. Les Organisations Non
Gouvernementales réalisent que les associations d‟émigrés pourraient être des partenaires
potentiels pour le développement et les transferts collectifs comme source de capitaux privés
qui peuvent être supérieurs aux fonds accordés par elles35.
35
United Nations Expert Group Meeting on International Migration and Development in the Arab Region.
Population Division, Department of Economic and Social Affairs, United Nations Secretariat, Beirut, 15-17 May
2006
10
Il est évident que la crise financière internationale va affecter les flux des transferts
vers les pays en développement mais l‟incertitude qui prévaut concernant la croissance
mondiale, les prix des matières premières et du taux de change rendent les prévisions des
transferts incertaines. Dans le passé, les transferts des émigrés étaient réputés être stable et
même contre cyclique pendant les crises économiques mais en raison de la crise qui touche
tout le système financier international, les incertitudes demeurent quant à l‟évolution des ces
transferts.
Après plusieurs années de croissance forte, les transferts ont commencé à décliner à
partir de fin 2008. Alors que les transferts vont augmenter en terme nominal (en dollars) en
2008 (toute l‟année 2008) par rapport à 2007, ils vont diminuer en terme de PIB de 1.8% en
2008 contre 2% en 2007 (pour les pays receveurs).
L‟impact des flux pour les pays receveurs dépendra de l‟amélioration de la situation
dans les pays de destination des émigrés (pays du Sud et du Nord).
Les perspectives des flux des transferts vers les pays en développement par région d‟origine, 2008-2009
Taux de Croissance en %
2008e
(estimations)
2009 p
Remarques
(prévisions)
Etats-Unis
-2.9%
1.4%
Union Européenne 15
7.9 %
-7.6%
Pays du CCG
37.6%
-9.0%
Autres pays à haut revenu
10.3%
0.9%
Pays en développement
17%
9.5%
Ralentissement du secteur de
la construction
Effet du taux de change
Eurodollar
Déclin des prix du pétrole par
rapport au niveau de 2008
Ralentissement économique
et effets du taux de change
Source : Outlook for Remittance Flows 2008‐2010, Migration and Development Brief
Migration and Remittances Team, Development Prospects Group, 11th November 2008, The World Bank
Les mouvements des taux de change vont affecter le volume des transferts exprimés
en terme nominal en dollars. A cause de la faiblesse du dollar par rapport à l‟euro en 2008, les
pays de l‟UE (15) apparaissent comme les principales sources de transferts vers les pays
d‟Europe (Europe de l‟Est), d‟Asie Centrale, du Moyen-Orient, d‟Afrique du Nord et
d‟Afrique Sub-Saharienne. L‟appréciation du taux de change du dollar par rapport à l‟euro en
2009, va influencer le volume des transferts exprimés en dollars.
Plusieurs pays en développement sont en même temps des receveurs et des
pourvoyeurs de transferts (migration sud-sud). Les pays en développement accueillent une
grande partie d‟émigrés d‟autres pays en développement et les transferts sud-sud occupent
une place importante au niveau financier international. Ces pays seront affectés en raison des
détériorations des liens commerciaux, de la diminution des investissements directs à
l‟étranger et des problèmes financiers de plusieurs banques et institutions financières des pays
du Nord. La performance économique de ces pays va affecter le volume des transferts vers les
pays les moins avancés (PMA). Les petits pays et les pays pauvres dont les transferts
représentent une partie importante du PIB seront les plus affectés.
11
Le profil sectoriel des migrants est important pour déterminer l‟élasticité des revenus
des émigrés dans les pays où ils résident. Les émigrés qui travaillent dans des secteurs
sensibles à la crise économique comme la construction par exemple, sont vulnérables à la
crise alors que d‟autres secteurs comme les soins de santé, seront moins affectés.
Conclusion
Il est évident que la crise financière internationale va affecter les migrations au niveau
mondial. L‟évolution des phénomènes migratoires et les transferts des diasporas dépendront
des politiques d‟immigration et des conditions économiques des pays d‟accueil, en
l‟occurrence des pays du Nord et de certains pays du Sud. Il est clair aujourd‟hui que les flux
migratoires vont continuer à augmenter. Plusieurs facteurs plaident en faveur de la croissance
du phénomène migratoire :
- Le vieillissement des populations des pays riches.
- La différence importante des salaires entre pays riches et pays pauvres.
- Malgré la crise financière internationale, une amélioration de la situation dans
les pays du Nord va de nouveau attirer des millions de personnes des pays du
Sud.
- L‟existence de dizaines de millions de candidats potentiels à l‟émigration dans
les pays du Sud en raison de l‟incapacité de certains pays de créer des emplois
aussi bien pour leurs diplômés que pour les personnes moins qualifiées.
- La diminution des coûts de voyage pour les nouveaux candidats à l‟émigration.
Malgré les débats contradictoires concernant les bienfaits et les inconvénients des
phénomènes migratoires, il serait judicieux de rappeler que les déplacements humains ont fait
toujours partie de l‟histoire humaine et que les diasporas et la mondialisation sont
indissociables. Les défis auxquels doivent faire face les pays du Sud et du Nord pour
aménager la variable socio-économique et qui touchent des millions de personnes qui quittent
leurs pays pour s‟installer sur d‟autres territoires, nécessitent une collaboration et surtout une
compréhension entre le Sud et le Nord afin de donner la chance à des millions de personnes
de vivre et de travailler dignement dans un environnement économique et social de plus en
plus mondialisé. Une bonne organisation des flux migratoires serait bénéfique pour
l‟économie mondiale vu que tous les pays de la planète peuvent trouver leur compte.