Pin Maritime
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Pin Maritime
● P r o f e s s e u r I s a b e l l e Fo u r a s t é - Fa c u l t é d e s S c i e n c e s P h a r m a c e u t i q u e s d e To u l o u s e Étude botanique Le Pin maritime Pinaceae ▲ Fondation d’Entreprise pour la Protection et la Bonne Utilisation du Patrimoine Végétal Pinus pinaster Ait. sommaire 4 Introduction 5 Description générale de la plante 9 Description de la partie utilisée 14 Dénomination scientifique Dénominations communes Habitat Description de l'espèce Pinus pinaster Ait. Morphologie Anatomie Références bibliographiques Introduction O riginaire de la région méditerranéenne, le Pin maritime subit durant l’Antiquité une vaste campagne de déboisement. Introduit dans les Landes au début du XIXème siècle par l’ingénieur Brémontier dans le but de stabiliser les dunes de sable, sa propagation a fait de cette région déshéritée une zone prospère par suite de l’exploitation forestière pour l’extraction de la térébenthine française. De nos jours, le Pin maritime croît spontanément dans le Sud de la France, le Sud-Ouest de l’Europe (Espagne, Portugal, Italie et Corse) ainsi que sur la majeure partie du littoral méditerranéen (Grèce, Nord-Ouest africain), préférant les sols siliceux, acides et pauvres. Introduit en Grande-Bretagne, en Belgique et dans diverses régions françaises, on cultive massivement le Pin maritime pour son bois, mais également comme brise-vent et pour fixer les sols sablonneux. Bien que malmenée par les grands incendies du siècle dernier, cette espèce s’est très largement propagée grâce à de vastes campagnes de reforestation mais aussi par sa propre régénération. Le Pin maritime constitue la quasi totalité des 900 000 hectares de forêt des Landes et couvre actuellement plus de 4 millions d’hectares dans le Sud-Ouest de l’Europe. Pinus pinaster Aiton (également Pinus maritima Lam.) provient du latin Pinus, pin, lequel se rapproche du mot celtique pen, tête et de pinaster signifiant pin sauvage. Le Pin maritime est encore communément appelé Pin des Landes ou Pin de Bordeaux. Ce conifère est essentiellement exploité à des fins utilitaires (reforestation, stabilisation de sols sablonneux, industries du bois et du papier, industries de peinture et de vernis). Cependant, l’écorce, les rameaux, les bourgeons et les aiguilles de l’arbre sont aussi employés dans des préparations pharmaceutiques. L’oléorésine (ou térébenthine dite de Bordeaux) issue du gemmage, ainsi que son dérivé de distillation, l’essence de térébenthine, possèdent des propriétés physiologiques au niveau des voies d’élimination des systèmes respiratoire et urinaire. La colophane et la poix noire, dénuées de telle activité, entrent quant à elles uniquement dans la composition de pansements vésicants et pommades vétérinaires. Il est important de ne pas confondre l’huile essentielle ou essence de térébenthine distillée à partir de l’oléorésine et l’huile essentielle de Pin obtenue par hydrodistillation des aiguilles et des bourgeons de Pin. 4 Description générale de la plante DÉNOMINATION SCIENTIFIQUE Le Pin maritime a été décrit par Lamarck sous l’appellation de Pinus maritima puis Pinus pinaster, en 1789, par Aiton dans « Hortus Kewensis ; a Catalogue of the Plants cultivated in the Royal Botanic Garden Kew ». Embranchement : ....................................Spermatophyta Sous-embranchement : ...........................Gymnospermae Classe : .....................................................Coniferopsida Ordre : ..........................................................Coniférales Famille : ...........................................................Pinaceae Genre : ..............................................................Pinus L. Espèce : ............................................Pinus pinaster Ait. DÉNOMINATION COMMUNES • En français : Pin à trochets, Pin de Bordeaux, Pin des Landes, Pin du Corté, Pin du Maine, Pinastre. • En allemand : Europäische-Terpentinkiefer, Kiefer-von-Bordeaux, Pinaster, Seckiefer, Sternkiefer, Strandkiefer. • En anglais : Bordeaux pine, Cluster pine, Maritime pine, Pinaster, Sea pine. • En espagnol : Pino maritime. • En flamand : Cluster pijon, Den van Bordeaux, Heksenmast, Strandpijn, Zeeden, Zeepijnboom. • En italien : Pinastro grande, Pino salvatico. 5 Description générale de la plante [suite] HABITAT Originaire de la région méditerranéenne, le Pin maritime croît dans les sols siliceux. Il a été planté au XVIIIème siècle dans les dunes du littoral atlantique et de la mer du Nord, principalement comme brise vent et pour stabiliser les dunes de sable. L’espèce est aujourd’hui largement plantée dans d’autres parties du monde au climat méditerranéen et est maintenant naturalisée en Afrique du Sud. Pinus pinaster Ait. Aspect général 6 Pinus pinaster Ait. Gemmage DESCRIPTION DE L'ESPÈCE Le Pin maritime est un arbre monoïque pouvant atteindre 30 à 40 mètres de hauteur pour un diamètre de 30 à 50 cm. De port variable, sa cyme est peu développée lorsqu’il croît en massif, ou, au contraire, large et arrondie lorsqu’il est isolé. Le tronc, droit, est recouvert d’une épaisse écorce grisâtre ou brun-rougeâtre, rugueuse, fortement crevassée, qui forme de larges écailles. Les rameaux, verticillés et étalés, portent des bourgeons oblongs, fusiformes et non résineux. Les feuilles, en aiguilles, sont groupées par deux et entourées à la base par une gaine membraneuse et écailleuse. Longues de 10 à 25 cm, elles sont un peu tordues sur elles-mêmes. Au printemps se développent les cônes florifères. Les cônes mâles, jaunâtres, longs de 2 cm environ, sont formés d’écailles staminées. Les fleurs femelles, protégées par des écailles contiguës épaisses, sont réduites à des écailles portant deux ovules renversés. Elles forment des cônes rougeâtres longs de 3 à 8 cm. Ces cônes, après fécondation, grossissent et se lignifient. Ils deviennent subsessiles, pendants, oblongs, atténués en pointe, roux, luisants et mesurent de 12 à 18 cm. Les écailles présentent des écussons pyramidaux très saillants. Ils portent le nom de « pomme de pin » ou de « pigne de pin ». A maturité, à l’automne de l’année suivante, ou bien plus tard, les écailles des cônes fructifères se disjoignent et laissent échapper des graines de 8 à 10 mm de long, munies d’une longue aile latérale. 7 Description de la partie utilisée MORPHOLOGIE Les rameaux, verticillés et étalés, portent des bourgeons oblongs, fusiformes et non résineux. Les feuilles, en aiguilles, sont groupées par deux et entourées à la base par une graine membraneuse et écailleuse. Longues de 10 à 25 cm, elles sont un peu tordues sur elles-mêmes. Pinus pinaster Ait. Rameau annuel 8 8 ANATOMIE 1) Rameau annuel La section transversale du rameau annuel de Pinus pinaster Aiton est de forme circulaire. Colorée par le réactif carmino-vert R, elle présente de l’extérieur vers l’intérieur : - l’épiderme constitué de petites cellules isodiamétriques à parois cellulosiques et recouvert d’une épaisse cuticule ; - l’hypoderme constitué d’une à deux assises de cellules ovoïdes à parois lignifiées très épaisses; - le parenchyme cortical constitué de cellules à parois cellulosiques plus ou moins ovoïdes, laissant de très larges méats entre elles. Il renferme dans ses assises les plus profondes, de larges canaux sécréteurs; - le liber, peu développé, constitué de cellules de petite taille ; - le bois, homogène, bien plus développé, constitué de trachéides disposées en de longues files radiales sillonnées par des rayons médullaires unisériés plus ou moins cellulosiques. Les canaux sécréteurs sont principalement localisés dans les assises les plus internes, mais ils sont, parfois, présents dans le bois. - le parenchyme médullaire très réduit, constitué de cellules ovoïdes dont certaines sont lignifiées. Remarque : l’épiderme et l’hypoderme sont petit à petit éliminés vers l’extérieur par la mise en place du suber et du phelloderme. Le suber est constitué de cellules tabulaires à parois fines, le phelloderme de cellules à parois cellulosiques. Description de la partie utilisée [suite] Pinus pinaster Ait. Section transversale d’un rameau Épiderme Parenchyme cortical Liber Canal sécréteur Bois homogène 10 Rayon médullaire Trachéides Canal sécréteur Moëlle partiellement lignifiée Pinus pinaster Ait. Section transversale d’un rameau Pinus pinaster Ait. Section transversale de la tige Épiderme Hypoderme Suber 11 Description de la partie utilisée [suite] ANATOMIE 1) Feuille La section transversale de la feuille de Pinus pinaster Ait. est hémisphérique. Colorée par le réactif carmino-vert aluné R., elle présente de l’extérieur vers l’intérieur : - l’épiderme fortement cuticularisé constitué de petites cellules isodiamétriques à parois fortement lignifiées ; - un hypoderme constitué d’une à deux assises de petites cellules polyédriques à parois lignifiées; - un parenchyme chlorophyllien constitué de cellules à contours lobés et à replis internes, typiques des conifères. Il renferme selon les sous-espèces, deux ou plusieurs canaux sécréteurs (la sous-espèce P. Pinaster renferme plus de deux canaux la sous-espèce P. atlantica, deux canaux); - l’endoderme nettement visible est en cadre de Caspary ; - la zone péricyclique développée est constituée de plusieurs assises de cellules polyédriques à parois cellulosiques fines ; - le système conducteur constitué de deux faisceaux libéro-ligneux ovoïdes surmontés d’un canal sécréteur. Pinus pinaster Ait. Section transversale de la feuille 12 Épiderme Canal sécréteur Cellules à replis internes Hypoderne Pinus pinaster Ait. Section transversale de la feuille Canal sécréteur Liber Bois 13 Références bibliographiques BEZANGER L., BEAUQUESNE L. et al. Plantes Médicinales des Régions Tempérées. Ed. Maloine, Paris, 1990, 2éme édition, p. 233-234. BLAMEY M., GREY-WILSON C. La flore d’Europe occidentale. Ed. Arthaud, Paris, 1991, p. 40-41. BONNIER G. La Grande Flore en couleurs. Ed. Belin, Paris, 1990, Tome IV, p. 1349-1350. BOUKEF M.F. 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