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2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE Acceptabilité par les consommateurs des changements dans le goût des vins de Bordeaux : une étude prospective Acceptability by the Consumers of the Change in the Taste of Wines of Bordeaux : An Prospective Study Frédéric COURET Bordeaux Sciences Agro, FR [email protected] INTRODUCTION C’est un fait aujourd’hui avéré par tous les scientifiques. La planète connaît une période de réchauffement qui devrait s’accélérer dans les prochaines décennies mais dont les conséquences se font déjà sentir. Les vendanges interviennent plus tôt, le vin contient déjà plus d’alcool qu’avant, l’acidité diminue, la perception des aromes est modifiée. Ces changements se retrouvent à la dégustation. Le réchauffement climatique menace la typicité des goûts et des terroirs. Au-delà des nouvelles pratiques mondialisées ou la spécificité géographique est parfois considérée comme négligeable et le goût des vins adapté aux désirs des consommateurs, les vins de terroir sont aujourd’hui défiés. Un terroir est défini par un sol et un climat dans une zone géographique délimitée, mais aussi par des facteurs sociaux et culturels qu’il a façonnés. Ces éléments créent la particularité, l’unicité, la typicité du terroir où le raisin est cultivé et où le vin est produit. Le vigneron fait le vin qu’il aime, exalte le terroir pour expliquer la grandeur du vin. Ce terroir menacé qui confère au vin un caractère gustatif propre qui ne peut pas être reproduit. Au-delà les aspects techniques, il faut également étudier et anticiper les réactions des consommateurs aux éventuels changements de goût dans les vins qu’ils ont l’habitude de consommer. Les consommateurs achètent-ils toujours un goût quand ils achètent un vin ? Tout dépend à quels vins on fait référence, vins de terroir ou vins marketés, et de quels consommateurs il s’agit, connaisseurs ou novices. Les perceptions du consommateur résultent du cumul, inégalement pondéré par les connaisseurs et les novices, d’une analyse sensorielle, d’une émotion, d’un plaisir procuré ainsi que de nombreux facteurs externes (origine, marque, réputation, prix, etc.). De fait, le goût du vin est subjectif. Quels seront les effets d’un changement de goût des vins sur un consommateur disposant d’un appareil sensoriel peu performant, lui offrant que peu de possibilités de juger du goût du vin et le conduisant à porter un jugement hédonique (plaisir procuré). Dans le cadre du projet LACCAVE (INRA-ISVV) sur les impacts et adaptations à long terme de la filière vitivinicole française au changement climatique, il a été réalisé une étude prospective afin d’identifier les conséquences du réchauffement climatique pour les consommateurs de vin français en terme d’acceptabilité des changements dans le goût des vins, d’évolution des préférences et de comportement d’achat. 1- RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE, CHANGEMENT DE GOUT DU VIN ET ACCEPTABILITE DU CONSOMMATEUR 1.1- Le réchauffement climatique, une certitude aujourd’hui C’est un fait aujourd’hui avéré par tous les scientifiques : la planète connaît une période de réchauffement climatique qui devrait s’accélérer dans les prochaines décennies. Le réchauffement climatique est une certitude mais quelle sera son ampleur ? Environ 0,2° par décennie selon les spécialistes. Le changement climatique conduira à un déplacement des zones viticoles. On estime qu’une hausse de 1° correspondra à un déplacement de 160 km vers le nord. D’ici la fin du 21ème siècle, la latitude optimale pour la culture de la vigne se déplacera de 1000 km en direction de l’hémisphère nord si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet. Le réchauffement climatique a toujours influencé le style des vins : plus épicés, riches, alcoolisés, aromatiques. Mais, jusque là, il a eu plutôt des effets positifs sur le vin d’autant que les œnologues ne manquent pas de moyens techniques pour corriger a posteriori les effets du climat. Mais, les cépages sont climatiquement adaptés aux régions où ils sont produits. Face au réchauffement climatique, comment vont réagir les cépages froids confrontés à une température croissante ? Des mesures ont déjà été proposées pour continuer à produire des vins d’une qualité équivalente à aujourd’hui. Elles reposent à la fois sur les pratiques culturales et de vinification destinées à préserver la typicité des vins liée au terroir et au savoir faire. La conséquence la plus flagrante du réchauffement climatique sera l’augmentation du degré alcoolique des vins. Quand la température augmente, les raisins perdent davantage d’eau par transpiration, ce qui augmente la concentration en sucre dans le raisin donc en alcool dans le vin. Le vin contient déjà aujourd’hui plus d’alcool qu’avant. Le réchauffement climatique menace donc les équilibres du vin et la perception des aromes. Outre la solution de vendanger plus tôt, il existe déjà des techniques (osmose inverse, distillation sous vide) pour abaisser le taux d’alcool tout en conservant les qualités organoleptiques des vins. L’UE a récemment mis à jour sa réglementation (n°666, 2009) pour permettre l’ajustement jusqu’à 2° d’alcool. 1.2- Changement de goût des vins Le goût du vin se définit comme l’ensemble des sensations perçues depuis la bouche lors de la dégustation, aussi bien les saveurs que les arômes. Le goût du vin peut procéder d’un jugement de fait ou bien d’un jugement de valeur. Jugement de fait, le goût du vin résulte d’une analyse, d’une appréciation argumentée des propriétés du vin dont la convergence peut aboutir à une norme socialement reconnue. Jugement de valeur, le goût du vin est un sentiment personnel donc subjectif, du domaine du plaisir. La qualité d’un vin ne dépend donc pas uniquement de ses propriétés gustatives. Son image aux yeux des amateurs concourt aussi à sa valeur comme son millésime, sa réputation et son prix. Pour les géographes, la qualité d’un vin dépend en première instance et de façon quasi exclusive de l’agro-terroir sol climat. Pour d’autres, la qualité dépend aussi de facteurs économiques, sociaux, culturels. Finalement, de nombreux facteurs, naturels et humains, interviennent dans ce qui au final fait le goût du vin et sa diversité. Après une synthèse bibliographique concernant le réchauffement climatique, le goût du vin et le consommateur de vin (Partie 1), une deuxième partie exposera la méthodologie qui a été mise en œuvre : étude prospective, acceptabilité du consommateur, enquête en face à face auprès de 550 consommateurs français. Enfin, dans une troisième partie, seront présentés les résultats de l’enquête et plus particulièrement une caractérisation des consommateurs se déclarant prêts à accepter un changement de goût des vins suite au réchauffement climatique. Le degré d’alcool acceptable pour les consommateurs français serait compris entre 10,5° et 13° pour un vin rouge. D’après les tests effectués, une diminution jusqu’à 3° d’alcool serait presque imperceptible à la dégustation. Par contre, lorsqu’il y a trop d’alcool, les narines s’échauffent et le gosier brûle. Mais, il existe maintenant des techniques pour diminuer le niveau d’alcool dans le vin. Mais, un taux élevé d’alcool n’est pas forcément mauvais pour la qualité d’un vin. D’ailleurs, les consommateurs français tendent à associer un degré plus élevé à un vin de qualité supérieure. Ce qui compte, c’est l’équilibre des composants (fruit, acidité, alcool, tanins) qui tiennent à l’alcool. Pour Parker, l’alcool a un rôle essentiel dans la ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France 2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE perception sensorielle du vin. Il tempère la sensation d’acidité, rehausse la note sucrée et contribue au moelleux en bouche. Le goût du vin de Bordeaux est le reflet de son terroir, c'est-à-dire avant tout un sol et un climat dans une zone géographique délimitée. La diversité géologique est pour beaucoup dans la qualité et la complexité des vins ainsi que la grande tradition de l’élevage des vins apportant un bouquet et une capacité de garde remarquables. Mais le terroir, c’est aussi des facteurs sociaux et culturels qu’il a façonnés. Ces éléments créent la particularité, l’unicité, la typicité du lieu où le raisin est cultivé et où le vin est produit. La notion de terroir permet d’honorer l’individualité et la personnalité du produit nées du terroir. Le vigneron fait le vin qu’il aime, exalte le terroir pour expliquer la grandeur du vin. Uniques et authentiques, les vins de terroir peuvent se permettre de ne pas plaire au plus grand nombre. Cependant, la mondialisation du marché pousse les vins de Bordeaux à une approche plus marketing, à savoir une adaptation aux attentes du marché. Les vins marketés partent du goût des consommateurs en fonction desquels sont prises des décisions d’adaptation à la vigne et au chai. On vise davantage une régularité et une qualité moyenne (lissage des vins) que l’élaboration de grands millésimes les bonnes années. On cherche chaque année à faire le même vin que l'année précédente par des techniques œnologiques qui permettent de gommer suffisamment les caractères du vin et satisfaire ainsi une majorité de personnes. Autant d’éléments laissant prévoir une moindre sensibilité des consommateurs à des changements de goûts de ces vins marketés. 1.3- Cinq axiomes pour comprendre le comportement des consommateurs de vin L’étude du comportement du consommateur est devenue indispensable dans la pratique marketing des entreprises. Ses apports sont essentiels et contribuent autant à la réflexion stratégique qu’à la pratique opérationnelle. Elle vise à identifier les variables susceptibles d’expliquer le comportement d’achat et de consommation (culture, valeurs, catégorie sociale, âge, sexe, etc.) et d’expliquer les différences dans les choix de consommation). L’individu est ensuite situé dans son environnement social ce qui permet d’identifier les influences interpersonnelles. L’évolution dans les pratiques marketing n’a pu se faire sans une compréhension croissante des consommateurs, de leurs désirs et de leur diversité. Les professionnels y voient la possibilité d’exercer un contrôle sur les acteurs du marché et, par conséquent, la réussite des opérations mises en place. Pour y arriver, il est indispensable de disposer d’une conception claire de l’ensemble des facteurs qui contribuent au comportement des consommateurs afin de les stimuler, de les orienter, bref de les contrôler. Le contexte fortement concurrentiel dans lequel se trouve aujourd’hui la filière viticole fait naître chez les acteurs l’envie de mieux comprendre le point de vue des consommateurs et tout particulièrement leur jugement gustatif à l’égard des vins. Prendre en compte les goûts des consommateurs permet de mieux comprendre s’ils perçoivent des différences qu’ils font entre les vins, de faire le lien entre le jugement du consommateur et ses habitudes d’achat et de consommation, de modifier les process œnologiques mis en œuvre, d’identifier différents profils de consommateurs, de mieux positionner l’offre de vins, la rendre plus lisible et ainsi augmenter les chances à la vente. Cette démarche classique dans l’industrie agroalimentaire ou chez les viticulteurs du nouveau monde est encore insuffisamment utilisée par les producteurs européens. De nombreuses recherches françaises ont été consacrées au cas particulier du consommateur de vin : Lange C, Touraille C. (2000), D’Hauteville F., Laporte JP., Sirieix L. (2001), Ayouz MC., Cibernel C., Laporte JP (2001). Ces travaux ont porté sur des aspects aussi différents que les attentes du consommateur et les bénéfices recherchés, les perceptions et représentations du vin, les codes sociaux culturels et la symbolique du vin, le rôle des contextes de consommation, les sources d’informations, l’utilisation d’Internet, les lieux d’achat et de consommation, la fréquence de consommation, le consentement à payer, le processus de choix des vins, etc. ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France Les résultats de ces différents travaux nous ont permis d’extraire cinq axiomes qui ont guidé à la fois la rédaction d’un questionnaire adressé aux consommateurs français et à l’analyse des résultats de l’enquête prospective : Axiome 1- Le consommateur dispose d’un appareil sensoriel peu performant. Il a par conséquent peu de possibilités de juger du goût du vin. Il est donc amené à porter un jugement hédonique (j’aime / J’aime pas) pour décider si la qualité du vin correspond à ses attentes et au prix acheté. Le processus perceptuel est assez bien connu des spécialistes : - Les performances de l’appareil sensoriel sont limitées. - L’appareil sensoriel d’un individu est instable dans le temps. - Les sens réagissent entre eux (ex : l’intensité aromatique accentue la sensation de sucré) - Les informations non sensorielles modifient les perceptions. Parmi les plus connues : la réputation du vin, le prix, l’avis des autres. Face à ses difficultés à percevoir le goût du vin, le consommateur a une réponse hédoniste : " J’aime / J’aime pas " ou " Je préfère A à B ". Le consommateur dispose d’informations apportées par ses sens selon des mécanismes reposant sur l’apprentissage et la mémoire, enrichis par l’expérience. En même temps entre en jeu un centre dit de plaisir localisé dans l’hypothalamus. Les consommateurs non entraînés ne sont pas capables de reconnaître les qualités sensorielles des vins qu’ils consomment. Au cours de l’évolution, l’odorat a par exemple perdu de son importance chez l’homme où il est considéré comme l’un des sens les moins développés même s’il s’exerce et se cultive. Axiome 2- Le jugement du consommateur pour un vin résulte est global. Il porte moins sur les caractéristiques organoleptiques, difficiles à évaluer, que sur des attributs tels que terroir, prix, conditionnement, avis d’experts, informations fournies par les étiquettes, expérience passée. La dégustation d’un vin résulte moins d’un processus analytique de reconnaissance des caractéristiques sensorielles qu’à une approche globale associant à des stimuli gustatifs et olfactifs, des images et des représentations plus abstraites. La préférence individuelle pour un vin résulte d’un jugement global portant moins sur les caractéristiques organoleptiques, difficiles à évaluer, que sur des attributs extrinsèques qui s’inscrivent soit dans une dimension fonctionnelle (prix, conditionnement, avis d’experts), soit dans une dimension symbolique (origine, terroir, image, représentations). Les sensations du consommateur se font au travers du plaisir procuré. Axiome 3- Le goût du vin n’est pas perçu de manière identique par tous. En matière de goût, il n’y a pas de vérité. Chacun a ses critères de jugement, critères qui peuvent être influencés par l’intervention du marketing (conditionnement, communication) Le goût est subjectif puisqu’il y a des écarts de jugements. Les aptitudes sensorielles ne sont pas innées. Elles résultent d’un processus d’apprentissage et s’améliorent avec l’entraînement et l’expérience. Les seuils de perceptions sont variables selon les individus, surtout pour les odeurs. Par contre, il n’y a pas de différences d’aptitudes entre les hommes et les femmes. Le choix d’un vin résulte d’un jugement global portant sur, d’une part sur ses caractéristiques organoleptiques (perçues ou espérées), d’autre part ses caractéristiques extrinsèques (fonctionnelles ou symboliques). Chaque acheteur choisit une "combinaison d’utilités" parmi celles qu’il maîtrise le mieux : ce sont ses critères de choix. En général : ils sont peu nombreux et hiérarchisés. ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France 2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE Axiome 4- Percevoir implique toujours des attentes qui sont basées sur des expériences antérieures auxquelles vont être confrontées l’expérience actuelle. Puisque les caractéristiques organoleptiques sont difficiles à évaluer, le consommateur va se baser pour acheter sur son expérience passée : il aura confiance dans un vin connu, déjà consommé. Le rôle de la mémoire dans les perceptions a été négligé. Or, percevoir implique des attentes basées sur des expériences antérieures auxquelles on va confronter l’actuelle expérience. La mémoire est focalisée sur la détection des changements (de goût, d’odeur, de texture) plutôt que sur l’identification et la reconnaissance précise des caractéristiques du vin. Au-delà de la dégustation elle-même, les consommateurs de vin ont des motivations culturelles et sociales à leurs comportements d’achat et de consommation. Axiome 5- Les comportements des consommateurs étant particulièrement différenciés, les réactions des consommateurs face à d’éventuelles modifications du goût des vins ne peuvent être qu’hétérogènes. La complexité d’un produit tel que le vin ainsi que la subjectivité du goût du vin conduisent à penser que l’acceptabilité des consommateurs à un changement de goût du vin ne peut être qu’hétérogène notamment selon que leur degré d’implication et leur quête éventuelle d’une expérience de consommation. Le goût du vin n’est pas universel ni unanimement ressenti. Chacun a ses critères de jugement en fonction de ses attentes et motivations. Pour certains, ce sont des caractéristiques organoleptiques du vin (son goût), difficiles à évaluer mais objectives. Pour d’autres, ce sont des caractéristiques fonctionnelles et symboliques qui ne seront pas affectées par un changement de goût du vin. Les règles d’acceptation seront différentes selon qu’il s’agita de vins de terroirs (le vigneron élabore un vin qu’il aime, qui change peu) ou de vins marketés (le vigneron adapte son vin au goût de ses clients, le changement de goût existe déjà). Certains mécanismes bien connus sont susceptibles de favoriser l’acceptabilité d’un changement de goût des vins de Bordeaux : - Des occasions successives de déguster un vin peuvent entraîner le développement d’un lien de familiarité, créer un processus d’apprentissage et engendrer une préférence. - Une exposition renouvelée à un produit aux caractéristiques inhabituelles peut entraîner une modification des préférences et l’acceptation du produit. - La mémoire du goût n’est pas suffisamment développée chez le consommateur. Du coup, il s’habitue aux variations de qualité des vins selon les années. - L’intervention du marketing (conditionnement, commercialisation) peut masquer ou au contraire valoriser le changement de goût du vin. - Les consommateurs français tendent à associer un degré d’alcool plus élevé à un vin de qualité supérieure. - Une différence jusqu’à 3° d’alcool est difficilement perceptible à la dégustation. - L’élaboration d’un vin réduit en alcool est possible techniquement à l’heure actuelle. D’autres mécanismes plaident pour une réduction de l’acceptabilité : - Les réactions de type "c’était mieux avant" amènent les consommateurs à percevoir un changement dans un vin comme une tendance à le dévaloriser. - L’éducation, l’entraînement, l’expérience passée et l’implication du consommateur jouent un rôle important dans la dégustation. Ce qu’il connaît déjà contribue fortement le consommateur à se forger son avis. - Le français, très attaché à la tradition et à la région d’appellation aura tendance à rejeter les innovations autour du vin. - Le degré d’alcool est considéré comme un attribut mineur par les français comparé à la couleur du vin, la marque, le conseil. 2- METHODOLOGIE : UNE DEMARCHE PROSPECTIVE 1.4- Acceptabilité par le consommateur d’un changement de goût du vin L’acceptabilité concerne la décision d’utiliser, l’intention d’usage, d’un produit par un consommateur. L’acceptabilité peut être considérée comme un pré-requis à l’utilisation. Pour chaque produit, il existe une représentation mentale (individuelle ou collective) de ce produit et de sa rationalité. L’acceptabilité correspond à la valeur de cette représentation (A.Tricot, 2002). L’acceptabilité est d’emblée complexe car elle renvoie à deux approches étroitement dépendantes. La première approche concerne le produit et ses caractéristiques qui, pour être acceptable, doit posséder une adéquation suffisante avec les attentes des utilisateurs. Cette adéquation pose la question de la compatibilité du produit avec les pratiques, les ressources, les objectifs des utilisateurs potentiels. La seconde approche s’intéresse aux utilisateurs et à leurs manières d’appréhender le produit sous un angle qui dépasse un cadre strictement utilitariste et fonctionnel. En tant qu’acteur psychologiquement et socialement situé, l’individu fait le choix de prendre la décision d’utiliser le produit, d’être motivé pour utiliser celui-ci, de persister à l’utiliser même si des difficultés se présentent. Quelles sera l’acceptabilité des consommateurs face aux changements de goût des vins liés au réchauffement climatique ? Répondre à une telle question nécessite de vérifier si l’exposition prolongée des consommateurs à un vin aux caractéristiques inhabituelles pourra entrainer une modification de leurs préférences donc une acceptation du nouveau vin (Masson, 2010). Chacun a ses critères de jugement en fonction de ses attentes et motivations. Pour certains, ce sont des caractéristiques organoleptiques du vin (son goût), difficiles à évaluer mais objectives. Pour d’autres, ce sont des caractéristiques fonctionnelles et symboliques qui ne seront pas affectées par un changement de goût du vin. ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France Analyser le consommateur d’aujourd’hui pour anticiper le comportement du consommateur de demain Analyse bibliographique Pour poser Postulats concernant le consommateur actuel de vin français Pour construire Enquête en face à face 500 consommateurs de vin français Projections sur Pour anticiper Consommateur de 2050 Acceptabilité, réactions au changement de goût des vins lié au réchauffement climatique ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France 2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE 2.1- La prospective : anticipation du futur, projection du présent La prospective vise, dans une démarche rationnelle, à se préparer aujourd'hui à demain. Elle se base sur le passé et le présent pour entrevoir le futur. Elle est anticipation du futur comme projection du présent. Elle consiste à élaborer des scénarios possibles sur des perceptions du moment à partir de l'analyse des données disponibles et la compréhension des processus existants. Elle a une double fonction de réduction des incertitudes face à l'avenir et de priorisation des actions. La prospective est une démarche continue, car pour être efficace, elle doit être itérative et se fonder sur des successions d'ajustements et de corrections. Elle s'appuie sur des horizons ou dates butoir. Elle permet d'aboutir à des scénarios ou schémas prospectifs imaginables construits sur des ensembles. La prospective repose aujourd'hui sur deux grands principes au moins : le déterminisme (les effets sont précédés de causes ; dans un même contexte, les mêmes causes ont les mêmes effets) et le réductionnisme (la réalité peut-être dans une certaine mesure simplifiée et appréhendée via des indicateurs). Le recensement de l’existant précède l’élaboration de scénarios. En raison de changements extérieurs importants, les ruptures possibles sont inventoriées. On entend par ruptures des retournements rapides voire brutaux par rapport à une tendance que l’on pensait bien établie. Les scénarios servent à explorer des futurs possibles avant de choisir le futur souhaitable. L’élaboration d’un scénario est la plus objective possible et ne doit pas être pas influencée par un système de valeurs. La prospective entend influer sur l’avenir. Une fois déterminé le scénario souhaitable et possible, elle préconise les actions à entreprendre en vue de sa réalisation. 2.2- Une enquête consommateurs réchauffement climatique, le questionnaire porte sur les attitudes des consommateurs (opinions, projets, réactions) très corrélées avec le comportement. On cherche à mesurer l’acceptabilité de manière globale sans entrer dans l’analyse sensorielle des composantes du vin. La qualité des informations recueillies au cours de notre enquête résulte à la fois de la taille de l’échantillon, de sa représentativité, de la pertinence du questionnaire et de la qualité des interviewers : - La taille de l’échantillon est de 550 consommateurs de vins de la région Aquitaine choisis selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession). Pour un seuil de confiance de 95%, l’erreur d’échantillonnage est d’environ 3.5%. - La représentativité de l’échantillon est assurée au niveau de l’âge, du sexe et de la catégorie professionnelle. - Le questionnaire comprend 30 questions dont 17 QCM (Questions à choix multiples), 8 questions fermées Oui / Non et 5 questions avec échelle de mesure des attitudes - Le professionnalisme des enquêteurs : des étudiants ingénieurs en seconde année à Bordeaux Sciences Agro ont reçu une solide formation à l’administration du questionnaire : expliquer l’objet de l’enquête, l’art de poser une question, de l’expliquer éventuellement, d’encourager à répondre, de retranscrire les réponses reçues, d’éviter les interprétations. Autant de techniques permettant d’obtenir des réponses de qualité en évitant les malentendus sources de biais. 2.3- Mesure de l’acceptabilité L’acceptabilité par les consommateurs de changements de goût des vins de Bordeaux provoqués par le réchauffement climatique a été mesurée à partir d’un indicateur score appelé ACCEPT, somme des moyennes centrées des réponses à 4 questions posées au cours de l’enquête : _________________________________________________________________________________ Il faut bien être conscient des dangers que présente toute tentative de prévision du comportement humain et de la nécessité de réduire la marge d’erreur. Du fait qu’un consommateur sait certaines choses, a certains goûts ou se comporte d’une certaine façon, on va en tirer des conclusions concernant son comportement futur. On admet que le comportement présent dictera le comportement futur. Personne ne sait comment seront les vins du réchauffement climatique dans 30 ans. L’étude de Giraud-Héraud (2016) a consisté à faire déguster des vins d’aujourd’hui existants sur le marché mondial et présentant les caractéristiques supposées des vins bordelais issus du réchauffement climatique. L’objet de notre étude est différent. Il s’agit moins de l’évolution du goût des vins que d’évolution des comportements d’achat et de consommation des vins issus du réchauffement climatique. Or, si le consommateur achète parfois un goût quand il achète un vin, il achète également des caractéristiques extrinsèques au vin (plaisir procuré, expérience vécue) et ce sous l’influence de nombreux facteurs tels que ses émotions, l’avis des autres, les informations détenues, le prix ou l’étiquette du vin. Ces influences sont d’autant plus intenses que le consommateur dispose d’un appareil sensoriel peu performant, donc peu de possibilités de juger du goût du vin. La qualité d’un vin ne dépend pas de son seul goût mais aussi des valeurs qui lui sont attribuées par le consommateur. Au sens marketing, la qualité principale d’un vin est de séduire les consommateurs. Q28- Dans l’avenir, seriez-vous ouvert à un changement de goût des vins de Bordeaux ? OUI : 34,7% PAS D’AVIS : 34,1% NON : 31,2% Q30- Si les vins de Bordeaux passaient de 13° à 15°, quelle serait votre réaction ? Cela ne poserait aucun problème Ce serait dommage mais je continuerais comme avant 34 % 28% Réaction positive 62 % Je réduirais ma consommation Je me tournerais vers d’autres vins 26 % 12 % Réaction négative 38 % Q31- Si les cépages traditionnels du Bordelais changeaient, quelle serait votre réaction vis-à-vis des vins produits ? Je serais curieux de les découvrir Cela ne changerait rien Ce serait dommage mais je continuerais à en boire Je me tournerais vers d’autres vins 65% 12 % 18% 5% L’observation des consommateurs et l’expérimentation étant impossibles et l’acceptabilité étant un ressenti, nous avons opté pour une enquête déclarative et prospective. Compte tenu de la complexité du sujet traité, l’enquête en face à face a été choisie, car adaptée à des questionnaires longs et difficiles et très efficaces pour obtenir beaucoup d'informations relativement complexes. Elle offre une grande flexibilité à l'interviewer, qui peut répéter une question, apporter des précisions, intervertir l'ordre des questions, etc. Le répondant qui ne comprend pas une question a tout loisir d'obtenir des précisions, tout comme l'interviewer peut creuser davantage certaines assertions du répondant grâce à l'interaction personnelle que permet cette méthode. Le but de l’enquête étant de déterminer l’acceptabilité du goût de vins issus du Q32- Seriez-vous prêt à payer plus cher un vin de Bordeaux pour qu’il reste comme vous l’aimez ? ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France NON : 42 % OUI peut-être : 39% OUI certainement : 19 % 2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE L’indicateur ACCEPT varie de manière linéaire entre un minimum de 1,5 et un maximum de 6 avec une moyenne à 4 et un facteur de variation de 4 également. La constitution de groupes homogènes de consommateurs à comparer est donc impossible. Sur les tableaux et graphiques, ACCEPT est exprimé en base 100 afin de mieux visualiser les différences. Une ACP montre une réelle convergence, une direction commune, des 4 composantes de l’indicateur ACCEPT: V a r ia b le s ( a x e s F1 e t F2 : 5 7 % ) Les facteurs qui contribuent à l’acceptabilité d’un changement de goût ont été recherchés à partir des résultats de l’enquête et de l’indicateur d’acceptabilité décrit précédemment. Ils vont maintenant être présentés. Leur identification s’est inspirée des nombreuses recherches consacrées aux facteurs explicatifs du comportement du consommateur de vin français tels que l’expertise, le degré d’implication, la consommation antérieure, la recherche d’expériences ou encore l’influence de l’entourage et des informations additionnelles obtenues. 1,5 1 Q32 0 ,5 Q30 Q31 0 Parmi ces facteurs, la vision du changement en général. Plus les consommateurs ont une vision positive des changements qui s’opèrent dans leur propre existence, plus ils se déclarent prêts à accepter un changement de goût des vins de Bordeaux : Q28 - 0 ,5 changer dans leurs appréciations et leurs préférences est complètement erronée. Les goûts, les profils aromatiques et les modes changent. Aujourd’hui, on veut du soyeux, du fruit et surtout pas trop de bois. De plus en plus de consommateurs cherchent à varier leurs choix dans un désir de découverte de nouveaux stimuli, même s’ils sont satisfaits de leur consommation antérieure. D’ailleurs, les consommateurs français sont de moins en moins fidèles aux vins qu’ils avaient l’habitude de consommer. Selon Pliner (1982), leur approche du vin évolue en rupture avec l’histoire. Des occasions consécutives d’être confronté au produit peuvent entraîner le développement d’un lien de familiarité, créer un processus d’apprentissage et engendrer une préférence. -1 Visions du changement Les changements sont utiles Les changements sont inévitables Les changements oui, s’ils sont justifiés Les changements futurs m’inquiètent Je n’aime pas les changements - 1,5 - 1,5 -1 - 0 ,5 0 0 ,5 1 1,5 - - a xe F 1 ( 3 3 % ) - - > 3- RESULTATS ET ANALYSE DE L’ENQUETE L’analyse des résultats de l’enquête a consisté à caractériser les consommateurs qui, par leurs opinions et comportements aujourd’hui, sont les plus susceptibles d’accepter des changements de goût des vins de Bordeaux à l’horizon 2050 en raison du réchauffement climatique. Le principe étant de calculer et de comparer par des tests de Student les scores d’acceptabilité ACCEPT obtenus par groupes de consommateurs constitués selon leurs comportements de consommation actuels. Les différences d’acceptabilité entre groupes ont été considérées comme significatives pour des tests de Student inférieurs à 0,05. 3.1- Acceptabilité d’un changement de goût des vins de Bordeaux Q28 : "Dans l’avenir, seriez-vous ouvert à un changement de goût des vins de Bordeaux ? Pas d'avis 34% OUI 35% NON 31% % échantillon 17 % 27 % 42 % 9% 6% Score ACCEPT 4,25 4,22 3,95 3,57 3,18 3.2- Les connaisseurs plus inquiets des effets du changement climatique Le connaisseur entretient une véritable relation au vin qui reflète à la fois son importance et l’intérêt qu’il lui porte. Il dispose d’un appareil sensoriel performant, des sens plus développés. Il peut identifier et reconnaître les principales caractéristiques organoleptiques des vins et verbaliser ses perceptions. Le connaisseur recherche un plus grand nombre d’informations sur les vins qu’il achète et sa sensibilité au prix diminue au profit de la qualité. Il recherche des vins complexes, puissants, épicés et tanniques. Le vin est pour lui un art de vivre, un symbole de tradition et de l’authenticité. Le profane a peu de possibilités de juger du goût du vin sinon à travers ses caractéristiques extrinsèques (prix, image). Ses sensations se font à travers le plaisir procuré. Son jugement est hédonique. La qualité d’un vin ne dépend donc pas du terroir mais des valeurs qui lui sont attribuées, particulièrement la convivialité autour d’un repas ou d’un évènement festif. Les profanes préfèrent des vins faciles à boire, ronds, fruités. Les profanes n’achètent pas un goût lorsqu’ils achètent un vin. Cette dichotomie entre connaisseurs et profanes se retrouve-t-elle au niveau de leur acceptabilité des changements de goût des vins liés au réchauffement climatique ? On observe un équilibre presque parfait entre les 3 réactions possibles. La complexité d’un produit tel que le vin ainsi que la subjectivité du goût du vin conduisent à penser que l’acceptabilité des consommateurs à un changement de goût du vin de Bordeaux ne pouvait être qu’hétérogène. Le goût du vin n’est pas universel ni unanimement ressenti. L’idée que les consommateurs de vins ne puissent pas ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France 2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE Catégorie professionnelles 107 Novices 103 Amateur 100 Connaisseur 96 98 100 102 104 106 108 L’enquête montre que l’acceptabilité d’un changement de goût des vins de Bordeaux est nettement moins élevée chez les connaisseurs (Student=0,05) et à un degré les amateurs de vins. Les connaisseurs achètent un goût lorsqu’ils achètent un vin. Ils ne sont pas prêts à perdre ce goût. La profession devra certainement prendre des décisions adaptatives fortes pour conserver la typicité des nombreux terroirs locaux. Quant aux consommateurs profanes, ils se basent plus sur le plaisir procuré que sur le respect du goût du terroir. Leur appareil sensoriel peu performant détectera t-il des changements dans le goût des vins de Bordeaux ? Seront-ils séduits par de nouveaux vins soutenus par de redoutables techniques marketing ? 3.3- Comportements des consommateurs de vin discriminant l’acceptabilité Fréquence de consommation Une fréquence de consommation de 1 à 3 fois par semaine correspond au taux d’acceptabilité le plus élevé (Student=0) ACCEPT % population Etudiants 12,9% 126 Ouvriers et employés 5,3% 117 Professions intermédiaires 14,3% 116 Professios supérieures 14% 113 Artisans et commerçants 6,5% 112 Retraités 15,1% 100 Couleur de vin préférée Les consommateurs préférant le vin blanc sec (Accept=114) ont une meilleure propension à accepter des changements de goûts dans le vin que les consommateurs préférant le vin rouge (Accept=103) avec un test de Student de 0,05. Désir de varier les vins consommés Les consommateurs qui aiment varier leurs choix et découvrir de nouveaux vins manifestent une meilleure acceptabilité (Accept=105) que ceux qui sont plus fidèles aux mêmes vins (Accept=100) Recherche d’informations sur les vins Les consommateurs qui recherchent le plus activement d’informations sur les vins, que ce soit dans les revues, les dégustations et les salons) sont les plus susceptibles d’accepter des changements de goût des vins : 114 Recherchent souvent 109 Occasionnellement 101 Recherchent parfois 117 1 à 3 fois / semaine 107 Recherchent jamais 100 Tous les jours 94 90 95 10 0 1 05 1 10 11 5 96 98 10 0 10 2 104 106 108 110 112 1 14 1 20 Attention portée au degré alcoolique à la dégustation Age des consommateurs L’acceptabilité d’un changement de goût des vins des moins de 45 ans est significativement plus élevée que celle des plus âgés (Student=1) : % population ACCEPT 18-24 ans 14,2% 119 25-34 ans 14,9% 113 35-44 ans 17,2% 115 Tranches d'age 45-59 ans 26,9% 101 60 ans et plus 26,9% 100 Catégorie professionnelle de consommateurs L’acceptabilité varie fortement selon les catégories. Elle est la plus élevée chez les étudiants (Accept=4,48) et la plus faible chez les retraités (Accept=3.54). Ce sont même les plus fortes variations observées parmi les caractéristiques de consommateurs étudiées. ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France Fort logiquement, ce sont les consommateurs qui sont les plus sensibles au taux d’alcool du vin qui sont les plus inquiets quant aux effets du réchauffement climatique (Student=0) : S’intéressent au degré d’alcool ACCEPT Toujours 100 Souvent 96 Rarement 105 Jamais 103 Sensations gustatives considérées comme gênantes Les consommateurs incommodés par trop d’amertume ou trop de boisé sont ceux qui sont les plus ouverts aux changements de goût liés au réchauffement climatique : Le boisé L’amertume L’acidité Les tanins L’alcool Gênés 6% 50 % 58 % 30 % 9% ACCEPT 115 109 104 101 100 ©www.vdqs.net/2016 Colmar – France 2016 COLMAR - FR 2016 COLMAR - FR XXIII ENOMETRICS CONFERENCE XXIII ENOMETRICS CONFERENCE Styles de vins préférés Les consommateurs prêts à accepter des changements de goûts du vin préfèrent très nettement (Student=0) : - une robe intense à une robe discrète - un niveau d’alcool soutenu - un vin épicé - un vin puissant à un vin léger Par contre, aucune différence significative n’est constatée entre vins jeunes et vins vieux ou entre vins fruités et vins boisés. 3.4- Comportements sans incidence sur l’acceptabilité BIBLIOGRAPHIE AURIER P., D’HAUTEVILLE F., MASSON J. (2010), L’exposition prolongée du consommateur à un nouveau produit permet-il d’accroitre son adoption ? Congrès association française de marketing AYOUZ MC, CIBERNEL C., LAPORTE JP. (2001), Etude des déterminants de la consommation française de vin, Cahiers d’économie et de sociologie rurales, Inra Paris, n° 60-61 CELHAY F. CUSIN J. (2008), L’innovation produit dans les vins de Bordeaux : une innovation en vain ?, Décisions marketing, n°52 COULON P. ABBAL P. (2012), Pourquoi le vin est-il bon ?; Vigne et Vin, ed. 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Un tiers des consommateurs interrogés y est favorable, un autre tiers y est défavorable et un dernier tiers n’a pas d’avis. Mais, les règles d’acceptation sont différentes selon le type de vins et la catégorie de consommateurs. L’acceptabilité est plus faible pour de vins de terroirs (le vigneron élabore un vin qu’il aime, qui change peu) que pour les vins marketés (le vigneron adapte son vin au goût de ses clients, le changement de goût existe déjà). De même, l’acceptabilité diminue avec le degré de connaissances des consommateurs et de leur quête d’une expérience de consommation. Les effets du réchauffement climatique inquiètent plus les professionnels du vin que les consommateurs. Les professionnels reconnaissent que le réchauffement climatique aura un impact important sur la viticulture et la qualité des vins, que les vignerons devront considérer et intégrer dans leur stratégie. La profession devra certainement prendre des orientations stratégiques à l’avenir même si les effets du réchauffement climatique apparaissent beaucoup trop lointains pour que le problème figure parmi les priorités de la viticulture. Le réchauffement climatique pourrait être l’occasion pour les professionnels de renouveler leur vision du vin, de proposer de nouvelles définitions des terroirs et de transformer les techniques viticoles et œnologiques. Même s’il faudra toujours des raisins sains et mûrs, des techniques de vinification permettant la pleine expression du raisin ou encore des cépages et une originalité du terroir, source de la diversité sensorielle des vins. JOURJON F., BROSSAUD F., SYMONEAUX R. (2013), Evaluation de l’acceptabilité de la qualité et la typicité des vins par les consommateurs, Laboratoire GRAPPE Angers LADWEIN R. (2003), Le comportement du consommateur et de l’acheteur, Ed. Economica LAMBERT JL. NICOLAS F. VALCESCHINI E. 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