L`éveil de la Chine

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L`éveil de la Chine
L’éveil de la Chine
Jonathan Sebban
I)
La chine de mao a la chine capitaliste
A) LE MODELE CHINOIS AVEC MAO ZEDONG (1956-1976)
a) Le rejet du modèle soviétique et le "Grand Bond en Avant" (1956-1961)
1. La rupture sino-soviétique
2. L’expérience du « Grand Bond en Avant »
3. L’échec du Grand Bond en Avant
b) La NEP chinoise (1961-1965)
c) La Révolution culturelle (1965-1969)
d) La Chine jusqu’à la mort de Mao en 1976
B) LA CHINE DE L’APRÈS-MAOÏSME (1976-1998)
a) L’évolution du modèle après la mort de Mao.
1. La succession de Mao
2. Les "quatre modernisations"
3. L’évolution des grands secteurs de l’activité économique depuis le
milieu des années 80
L’agriculture
L’industrie
Le développement du secteur tertiaire
La politique extérieur confirme l’ouverture, mais aussi
quelques préoccupations
b) Les limites du modèle
II)
Transition vers une économie de marche
A) De MAO à l'ouverture de la Chine 1978-1992
B) DEPUIS 1990 : LA DEUXIÈME PHASE DE PASSAGE AU CAPITALISME
III)
La réussite chinoise
A) Les clefs de la réussite chinoise
Une main d’œuvre importante et bon marché
Un apport technologique associé au processus de remontée en gamme
Un riche marché intérieur
B) Les multinationales chinoises
a) Les produits chinois : leaders du marché chinois
b) Les stars du « made in China »
C) Le positionnement de la Chine sur le marché mondial
a) La Chine et l’Afrique
b) « Une autre manière de faire du business »
c) Le cas Chine - Etats-Unis
d) Relation avec l’union européenne
e) La relation franco-chinoise
f) Chine et Russie
g) Une présence croissante en Amérique latine
D) La chine face aux crises eco
a) la résistance à la crise asiatique de 1997
IV)
Le futur de la Chine
A) La Chine bientôt numéro 1
a) 2025 : la Chine plus forte que les Etats-Unis dans l'économie mondiale
b) Les gagnants et les perdants de la mondialisation
c) 2035 : une montée en puissance annoncée pour la Chine
B) Développement économique futur
C) Un développement militaire qui inquiète
D) Problèmes lies a l’environnement
L’ère Mao Zedong
Après la Seconde guerre mondiale, la reprise de la guerre civile entre les nationalistes de Tchang
Kaï-chek et les communistes de Mao Zedong aboutit à la proclamation, le 1er octobre 1949, de la
République populaire de Chine. Ce n’est pourtant qu’après la mort de Mao en 1976, que la Chine
s’ouvre sur l’extérieur et que les priorités économiques prennent le pas sur les priorités idéologiques
donnant naissance à un modèle très original que les autorités chinoise ont baptisé "socialisme de
marché".
I)
La chine de mao a la chine capitaliste
A) LE MODELE CHINOIS AVEC MAO ZEDONG (1956-1976)
a) Le rejet du modèle soviétique et le "Grand Bond en Avant" (1956-1961)
Au printemps 1956, est lancée la campagnes des "Cent fleurs" destinées à encourager la libre
discussion. Ces débats montre donc que le Parti communiste chinois est extrêmement critiquable. Le
résultat du modèle soviétique n’est donc pas parfait. La priorité donnée à l’industrie lourde rentre en
contradiction avec la Révolution qui a été menée par les paysans. La collectivisation des terres sur le
modèle soviétique n’arrive pas à satisfaire les besoins d’une population en pleine expansion
démographique. C’est ainsi que Mao décide d’élaborer une voie socialiste chinoise : "Marcher sur ses
deux jambes" ; c’est-à-dire, continuer le progrès industriel sans négliger l’agriculture.
1. La rupture sino-soviétique
Le désaccord entre la Chine et l’URSS surgit donc à la fin des années 50 lorsque la Chine
abandonne le modèle soviétique de développement et lance le "Grand Bon en Avant". La rupture se
produit en 1960, lorsque les soviétiques retirent brusquement tous leurs techniciens. La crise
s’accentue à partir de 1962. Le conflit entre les deux pays n’est pas dû uniquement à des divergences
d’ordre économique, mais aussi à des divergences diplomatiques, idéologiques. C’est un conflit de
grandes puissances.
Divergences diplomatiques : La Chine est hostile à la détente qui s’amorce entre EUA et
URSS. Elle critique sévèrement le recul de Khrouchtchev à Cuba face au "Tigre de papier" américain.
Ce à quoi Khrouchtchev réplique que les "Tigre de papier" avait des "dents atomiques".
Khrouchtchev rappelle aussi aux chinois que certains de leurs territoires (Hong Kong ou Macao) sont
encore occupés par l’étranger.
Divergences idéologiques : En 1963, la Chine accuse ouvertement l’URSS de trahir l’objectif
de la Révolution mondiale. Elle condamne la déstalinisation et le réformisme de Moscou.
Khrouchtchev et ses successeurs sont les "nouveaux tsars du Kremlin". L’URSS s’embourgeoise au
niveau des cadres du Parti et du gouvernement. Entre la Chine et l’URSS se développe désormais une
lutte pour le chef de file du communisme mondial. La Chine appelle tous les PC du monde entier à se
révolter contre Moscou.
Conflit de grandes puissances : La Chine devient puissance nucléaire sans l’aide soviétique en
1964 (bombe A, 1967, bombe H). Les incidents de frontières se multiplient. Entre 1960 et 1968, on en
enregistre plus de 5000. Les chinois assimilent les russes qui ont conquis les territoires asiatiques à
l’époque des tsars à des impérialistes européens et réclament la restitution de l’extrême Orient
soviétique puisque celui-ci est peuplé de mandchous. Les relations se détériorent tellement entre les
deux pays que les relations diplomatiques sont suspendues entre 1967 et 1970.
2. L’expérience du « Grand Bond en Avant »
Il s’agit de mobiliser toutes les forces humaines pour pallier au manque de capitaux et de
techniciens par le travail des masses paysannes sous-employées. Cette mobilisation doit s’effectuer
dans le secteur industriel et dans les secteurs traditionnels de l’agriculture et de l’artisanat. Il faut
aussi demander aux campagnes de subvenir au maximum à leurs besoins même sur le plan industriel
(mini barrages, mini hauts-fourneaux) d’où l’abandon des kolkhozes et la mise en place des
communes populaires.
Dans le premier plan, 740 000 coopératives agricoles avaient été créées. Elles sont
abandonnées et regroupées en 26 000 communes populaires qui constituent désormais la nouvelle
structure de base de la société chinoise. Les communes populaires sont non seulement des unités
économiques de production mais aussi des unités de formation scolaire, idéologique, sanitaire et
militaire.
3. L’échec du Grand Bond en Avant
1958 est une année d’euphorie. Mais très vite viennent les désillusions. 1959, mais surtout
1960 et 1961 sont des années noires marquées par des difficultés économiques gigantesques. La
Chine connaît la plus grande famine de son histoire, qui fait entre 20 (chiffre officiel) et 43 millions de
victimes. Le taux de mortalité passe de 11 pour mille en 1957 à 29 pour mille en 1960.
Cet échec est dû à la précipitation dans l’exécution du GBA, mais aussi à l’improvisation et au
brusque retrait des techniciens soviétiques en 1960 qui consomme la rupture entre la Chine et
l’URSS. Les raisons en sont fort diverses : abandon du modèle soviétique, Mao refuse la politique de
détente, la déstalinisation...
L’échec du Grand Bond en Avant conduit la Chine à une nouvelle réorganisation économique
et à des tensions politiques d’où l’effacement temporaire de Mao au profit de Liu Shaoqi. Qui devient
Président de la Chine.
b) La NEP chinoise (1961-1965)
Priorité à la révolution paysanne et à la formation idéologique, voilà en quoi le modèle
chinois est original en ce début des années 60. Face à une Union soviétique prête à faire des
concessions à l’ennemi mortel que sont les Etats-Unis, la Chine veut proposer un modèle
révolutionnaire à l’ensemble des pays du Tiers Monde.
Les communes populaires sont réorganisées en unités plus petites et un lopin de terre individuel est
donné aux paysans. L’économie sous l’impulsion du premier ministre Zhou Enlaï se redresse et les
industries légères se développent. Le contrôle des naissances est encouragé. En 1964, la Chine rentre
dans le concert des puissances nucléaires en faisant exploser sa bombe A.
Mais cette nouvelle politique économique s’accompagne de luttes entre les différentes
tendances du Parti. Certains restent attachés au modèle soviétique, d’autres comme Liu Shaoqi,
Zhou Enlaï ou Deng Xiaoping développent une tendance pragmatique accompagnée d’une certaine
ouverture sur l’Occident. Mao, tout en restant président du Parti et ayant céder la présidence de la
République à Liu Shaoqui, lance en 1963 une nouvelle campagne de masse le "Mouvement
d’éducation populaire" destiné à éliminer les tendances capitalistes qui renaissent en milieu rural.
La période 1961-1965 voit donc s’affronter deux tendances en Chine : une ligne "dure"
autour de Mao qui met l’accent sur les aspects purement idéologiques et une ligne "droitière" autour
de Liu Shaoqi qui semble l’emporter à partir de 1964. C’est dans ce contexte que Mao lance la
Grande Révolution Culturelle Prolétarienne dès 1965.
c) La Révolution culturelle (1965-1969)
Le mouvement est dirigé par Mao lui-même. Il s’agit d’une gigantesque campagne de masse
qui s’appuie sur la jeunesse étudiante et lycéenne organisée en Gardes Rouges. Mao relance "la
Révolution dans la Révolution". Le mouvement met en cause les gens en position d’autorité dans le
Parti, les administrateurs, les municipalités, accusés de suivre une voie capitaliste. Mao appelle à
lutter contre le révisionnisme : "Feu sur les Etats-majors".
Mais dès 1967, le mouvement dégénère, des troubles apparaissent dans toute la Chine qui
est de nouveau au bord de la guerre civile. Face au danger, Mao fait intervenir l’armée dirigée par Lin
Biao, pour canaliser et contrôler le mouvement. L’armée crée des communautés révolutionnaires qui
remplacent les pouvoirs locaux dans les provinces, les villes et les communes. Fin 1968, le calme
semble revenu. Le PCC est épuré, Liu Shaoqi et Deng Xiaoping sont destitués. La reconstruction peut
alors se faire suivant de nouvelles bases autour de Mao et Lin Biao.
Avec la Révolution culturelle, Mao a voulu avant tout extirper l’individualisme et lutter contre la
naissance d’une nouvelle bourgeoisie d’appareil, pour ne pas suivre les pas de la Nomenklatura
soviétique. C’est pour cette raison que la Révolution culturelle s’est appuyée avant tout sur les
masses et la jeunesse. Mais avec le recul, on se rend compte que la Révolution culturelle n’a été
qu’une continuation de la lutte entre les deux lignes "dure et droitière".
La Révolution culturelle n’en a pas moins bouleversé la société chinoise et a fortement désorganisé
l’économie ; elle a développé le culte de la personnalité de Mao et s’est accompagnée d’une très
dure répression qui a fait plusieurs millions de victimes. Toutefois le secteur de la recherche a été en
partie épargné, la Chine faisant exploser sa bombe H en 1967.
d) La Chine jusqu’à la mort de Mao en 1976
Mao, malade, réunit, en avril 1969, le IXème Congrès du PCC, où Lin Biao est désigné comme
le successeur officiel. C’est une consécration pour l’armée qui, cette même année, joue un rôle très
important dans la défense du pays lors des incidents de frontière sur l’Oussouri avec l’URSS. Mais, de
profondes divergences opposent Mao et Lin Biao en ce qui concerne la politique étrangère. Mao est
partisan d’une certaine ouverture, alors que Lin Biao y est totalement opposé. 1971, Lin Biao
disparaît mystérieusement dans un accident d’avion.
Face à un Mao de plus en plus vieillissant, c’est Zhou Enlaï qui réussit à remettre de l’ordre.
Avec lui, l’économie se redresse et l’armée voit son rôle diminuer. Il réussit à regrouper autour de lui
les partisans du pragmatisme comme deng Xioaping qui devient Premier ministre en 1973. Les
gestionnaires reviennent donc en force malgré la violente campagne anti-droitière menée par la
"bande des quatre" (Jiang Qing, l’épouse de Mao et 3 militants de Shanghai) qui symbolise la ligne
"dure". Zhou Enlaï réussit à rétablir l’ordre mais meurt en janvier 1976, alors que Mao disparaît en
septembre de la même année.
B) LA CHINE DE L’APRÈS-MAOÏSME (1976-1998)
a) L’évolution du modèle après la mort de Mao.
1. La succession de Mao
Deng Xiaoping réussit finalement à s’imposer face à la "bande des quatre" qui est rapidement
éliminée. Ils sont arrêtés, puis accusés de complots, jugés et exécutés (sauf Jiang Qing). C’est la
défaite des maoïstes purs et durs qui cèdent peu à peu du terrain face aux partisans de l’économie et
de la gestion. Il faut 5 ans à Deng Xiaoping pour éliminer définitivement la tendance "dure" et le
XIIème Congrés du Parti, célébré en septembre 1982, marque le triomphe de Deng Xioaping qui, vu
son grand âge, laisse gouverner ses partisans.
2. Les "quatre modernisations"
Priorité est donnée à de grandes réformes dans 4 secteurs : l’agriculture, l’industrie, l’armée
et les techniques.
A partir de 1984, le mouvement de libéralisation s’amplifie. Le but est d’accroître la
productivité, créer des emplois, améliorer le niveau de vie des habitants, moderniser l’appareil
productif en ayant recours à l’importation de technologies. Pour cela, la Chine assouplie le
fonctionnement de son économie, généralise le système de responsabilité des agents économiques
et développe les secteurs coopératifs et privés.
3. L’évolution des grands secteurs de l’activité économique depuis le
milieu des années 80
L’agriculture
C’est toujours le secteur prioritaire. Les communes populaires ont disparu et la dé
collectivisation des terres s’est accompagnée d’une redistribution de lots sur une base familiale.
Le paysan n’est pas propriétaire de sa terre ; il en a seulement la jouissance. Par contre, il
peut acquérir son propre matériel de production Le système des livraisons obligatoires a été aboli en
1985. Désormais, le paysan passe des contrats avec les autorités locales.
Il a l’entière responsabilité de la production et peut vendre ses surplus au marché libre.
Toutefois, l’Etat joue encore un rôle fondamental dans les grands aménagements
hydrauliques ou les campagnes de reboisement. Il freine l’exode rural en améliorant le pouvoir
d’achat des paysans en augmentant les prix des denrées agricoles. Les fermes d’Etat subsistent
toujours dans les régions pionnières de l’ouest où elles sont animées par l’Armée rouge.
Le niveau de vie du paysan chinois s’est considérablement amélioré, surtout aux abords des
grandes agglomérations. Ses revenus ont beaucoup augmenté, et son sort est aujourd’hui envié par
de nombreux citadins.
L’industrie
Trois objectifs sont poursuivis : accroissement de la productivité, rééquilibrage de la
production au profit des industries légères et de consommation, acquisition de technologie
occidentale pour moderniser un appareil productif vétuste. L’autonomie a été développée chez les
responsables d’entreprises et un système de stimulation matérielle a été introduit à tous les niveaux.
Les entreprises coopératives ont été encouragées à se regrouper pour être plus
concurrentielles.
Des entreprises mixtes, associant capitaux chinois et étrangers, se sont multipliées. De très
nombreuses entreprises étrangers sont venues investir dans les zones économiques spéciales mises
en place sur la côte depuis 1980. Le commerce extérieur s’en est vu considérablement stimulé.
Le développement du secteur tertiaire
En milieu urbain, la libéralisation s’est traduite par le développement de petites entreprises
de commerce et de services. Pour cela, une déréglementation du travail a été nécessaire de manière
à ce que ces entreprises puissent embaucher elle-même leur personnel. En 1986, les bureaux chargés
de l’affectation de la main-d’œuvre ont été supprimés.
La politique extérieur confirme l’ouverture, mais aussi quelques préoccupations
Entre 1979 et 1990, La Chine normalisent ses relations avec le Japon et l’URSS. En 1997, Hong
Kong est restitué par le Royaume Uni à la Chine et en 1999, le Portugal rétrocèdera Macao. La Chine
ne désespère pas de récupérer un jour Taiwan et ne renonce pas à ses visées impérialistes sur les îles
de la Mer de Chine méridionale.
b) Les limites du modèle
Officiellement la Chine reste dans la voie socialiste et le PCC continue d’exerce le pouvoir. Le
système économique reste d’inspiration marxiste-léniniste, centralisé et planifié. La propriété d’Etat
demeure prépondérante malgré le développement des secteurs privé et coopératif.
L’ouverture économique ne s’est pas accompagnée d’une ouverture politique. La nouvelle
Constitution de 1982 qui affirme la séparation du Parti et de l’Etat, n’envisage à aucun moment de
démocratiser le système. En 1989, durant le "printemps de Pékin" les étudiants occupent la Place
Tien An Men et réclament plus de libertés. Le mouvement est impitoyablement écrasé par l’armée.
Les revendications des minorités nationales sont systématiquement étouffées. Le Laogaï (les camps
de travail chinois) compte plus de 100 000 prisonniers politiques. La question des droits de l’homme
demeure très préoccupante en Chine.
Le modèle chinois a été appliqué au Cambodge entre 1975 et 1979, durant la dictature des
Khmers rouges. La population y connaît un véritable génocide faisant plus de 2 millions de morts soit
¼ de la population.
Et pourtant, depuis la mise en place du "socialisme de marché", la Chine de Jiang Zemin, le
nouvel homme fort depuis 1989, connaît une des croissance les plus importantes du monde (10% par
an en moyenne). Mais le retour a une économie concurrentielle provoque des inégalités sociales et
des déséquilibres régionaux au profit des zones côtières en particulier.
II)
Transition vers une économie de marche
«Quand la Chine s'éveillera, le monde tremblera.» Cette affirmation prophétique est attribuée à
Napoléon. L’empereur l'aurait prononcée en 1816, après avoir lu La relation du voyage en Chine et
en Tartarie de Lord Macartney
Il y a une quarantaine d’années, la Chine apparaissait aux yeux de la population comme une
alternative du tiers-monde comme une alternative concrète au capitalisme et aux régimes
bureaucratiques d’Europe de l’Est.
Aujourd’hui, la Chine est l’une des pièces du capitalisme mondialisé. Troisième puissance
économique, elle détient le tiers des avoirs en dollars.
A) De MAO à l'ouverture de la Chine 1978-1992
C’est lors du 3ème plénum du 11ème comité central du Parti communiste chinois en décembre
1978, lorsque Deng Xiaoping, qui avait été écartée lors de la Révolution culturelle, et les
réformateurs, convainquent les dirigeants du Parti communiste de suivre une voie autre que la
planification maoïste, le but est de développer économiquement le pays pour répondre aux attentes
de la population au sortir de la Révolution culturelle.
L'enjeu est alors d'éviter les dépendances et humiliations nationales du XIXe siècle et du
début du XXe siècle, “ À l'ouverture forcée par les puissances impérialistes d'hier doit répondre
désormais une ouverture contrôlée par les Chinois eux-mêmes“
A partir de 1978, la situation des paysans s’améliore avec le retour de l’exploitation familiale
de la terre, dont la propriété est transférée de l’État aux municipalités.
Mais dès le milieu des années 1980, dans les campagnes, la bureaucratie locale se lance dans
un véritable racket fiscal, la situation des paysans se dégrade alors et beaucoup sont prêt a quitter la
campagne pour la ville. Il en résulte la formation d’un réservoir de main-d’œuvre disponible pour
aller travailler en ville.
Les « sans papiers » fuient la misère des campagnes constituent une proie de choix pour les
entreprises qui se développent en ville. Se constitue ainsi une nouvelle sorte d’ouvriers, les
mingongs, surexploitée à l’extrême.
La nouvelle voie choisie s’axe autour de deux grande périodes, celle des réformes et celle de
l’ouverture.
La première période des réformes engage plus une transition qu'une rupture. les réformes
des années 1980 ne touchent pas au domaine politique et le monopole de Parti communiste chinois
n’est pas remis en question, les reformes tiennent plutôt de l'adaptation sectorielle et spatiale,
d'une chine mise en place sous l'influence soviétique.
C’est avec le retour au pouvoir de Deng Xiaoping en 1976 qui profite de la mort de Mao,
qu’est officiellement adoptée la politique de « réformes et d’ouverture ».
Les trente années qui vont suivre vont être celles de bouleversements profonds des
structures économiques et sociales de la Chine qui l’on amené à devenir une puissance mondiale.
Cependant les effets n’ont pas été immédiatement perceptible car au cours de la première
période de 1978 à 1992, le gouvernement a d’abord du assurer la transition post-maoïste. Ce n’est
qu’à partir des années 90 que les grands changements ont été déterminants.
Cette mutation commence avec la privatisation des terres ainsi que la décentralisation des
pouvoirs de décisions économiques aux profits des provinces, municipalités, districts et bourgs.
Le mouvement part du sud de la Chine dans les provinces du Guangdong grâce à l’impulsion de la
diaspora chinoise.
Jusqu’au milieu des années 90 le Sud accumule une forte avance économique qui le rend
attractif pour les investisseeurs étrangers ce qui lui permet de beneficier de taux de croissance
élevés.
On peut délimiter plusieurs étapes de cette mutation :
-
-
1980 : création de 4 zones économiques spéciales : trois dans le Guangdong et une dans le
Fujian.
1984 : quatorze villes côtières, dont Canton, Wenzhou et Shanghai sont autorisées à créer
leur propre zone de développement ouverte aux investisseurs étrangers.
1985 : trois régions littorales sont ouvertes. C’est le début du développement des entreprises
industrielles rurales tournées vers la production de biens de consommation destinés à
l’exportation et de l’insertion massive de la Chine dans l’économie mondiale.
1988 : toutes les villes littorales sont ouvertes.
1992 : la grande majorité des capitales provinciales, les ports fluviaux le long du Yangzi et
beaucoup de villes frontalières sont ouverts.
A partir de 1980, la création d’entreprises privées est autorisée dans l’industrie légère et dans
les services. S’ensuit alors une emmergence de nouvelle societe qui voient le jour mêlant des
capitaux étrangers et chinois. En 1984, 14 villes sont ouvertes aux investisseurs étrangers.
La construction d’une « économie socialiste de marché » se fait à partir des réformes des
entreprises d’Etat en 1992 qui s’accompagne d’une politique de privatisation suivant les règles du
marché et va s’accélérer grâce à une diversification des types d’entreprises.
La structure des villes se modifie aussi, la population part vivre en peripherie expulse par la
specialisation des espaces.
Les centres-villes se recomposent avec de grandes artères piétonnières, des centres commerciaux,
des tours de bureaux et des immeubles de logement à haut-standing.
Les périphéries urbaines s’étendent mélangeant des zones résidentielles à des aires
d’activités de production. “La Chine de la bicyclette laisse la place à celle de l’automobile individuelle.
“ Et des mégapoles, comme Shanghai, apparaissent.
L'ouverture se caractérise également par la création de zones franches littorales qui favorise
une industrialisation légère à vocation exportatrice, avant de rencontrer le développement d'une
société de consommation intérieure.
La mutation du mode de vie du citadin chinois se fait grâce à deux réformes capitales :
- celle du travail, dans l’ancien système la vie du citadin était encadrée à partir du travail.
Tout était décidé à ce niveau : salaire, emploi, mobilité mais aussi vie privée par l’autorisation
ou non du mariage et des naissances, mais en contrepartie l’employeur garantissait l’emploi
à vie, l’accès au magasin d’Etat, le logement et les allocations sociales. Les réformes ont créé
un véritable marché du travail, avec un système contractuel, des offres indiquant nature du
travail, salaire et qualifications. Les sécurités sociales ont disparu. Le chômage est apparu et
s’aggrave.
-
celle de l’accession à la propriété. Dans les années 90, le logement est passé du statut de
bien géré par l’Etat à celui de produit de consommation régi par le marché. Les promoteurs
immobiliers sont les acteurs majeurs, avec les autorités locales, de la construction. Les
citadins sont propriétaires de leur logement mais le sol reste propriété d’Etat. Les nouveaux
ensembles sont gérés à l’occidentale : association de propriétaires et société de gérance
spécialisée. Dans la périphérie, une nouvelle forme d’habitat apparaît : la villa familiale.
Cette première phase de transition au capitalisme déstabilise la société chinoise. « Un fossé
grandissant s’est creusé entre dominants et dominés », ce qui a eu pour effet de favoriser un
mouvement de révolte et qui a eu pour conséquence en 1989 au mouvement démocratique de la
place Tienanmen.
Le PC a été fortement inquieté car un une grande partie des travailleurs se soient mobilisés pour
soutenir la revendication de droits démocratiques élémentaires formulée par les étudiants.
Hanté par la grève générale polonaise de 1980 et l’effondrement des pays de l’Est, le pouvoir
réagit brutalement et enjuin 1989, les chars tirent sur les étudiants et la loi martiale est proclamée.
Une répression tres dure est est organisée contre les“ meneurs “, le gouvernement ayant signifié
qu’il est prêt à tout pour rester au pouvoir, il estime de ce fait, avoir les mains libres pour engager la
deuxième phase de la transition au capitalisme en ayant su faire taire l’opposition.
B) DEPUIS 1990 : LA DEUXIÈME PHASE DE PASSAGE AU CAPITALISME
«La Chine s'est fixée un objectif: assurer d'ici au milieu du XXIe siècle son grand retour sur la scène
mondiale. Pour réaliser cette ambition qui est de se hisser prochainement au niveau américain en
termes de poids commercial, il lui faut renouer avec son rôle de grande puissance régionale»
Après une période de fermeture sur elle-même qui suit les événements de Tiananmen, la
Chine s’ouvre de nouveau la relance des réformes en 1992.
Hong Kong reste le principal sas de communication avec l'espace économique mondial,
L'essentiel des investissements directs étrangers qui gagnent la Chine continentale vient de Hong
Kong, Taiwan.
À partir de 1992, les réformes touchent tout le territoire. Les Chinois restructurent en
profondeur leur système productif et social de façon très rapide, et découvrent la société de
consommation.
Les années 1990 représentent ainsi une période majeure pour la Chine : des mutations
intenses et très rapides modifient définitivement ce pays et bouleversent ses valeurs. La ville n'est
plus alors "contournée". Elle devient au contraire le leader et la vitrine emblématique de
l'émergence chinoise. »
En 1992, Deng Xiaoping proclame « l’économie socialiste de marché ».
L’usage du terme « socialiste » signifie que le PC continue à détenir le pouvoir. Le terme «
marché » indique que la Chine veut s’intégrer dans l’économie capitaliste mondiale, ce qui se
traduira en 2001 par son entrée dans l’OMC.
Le but des dirigeants chinois est en effet de construire une économie reposant sur
l’exportation et sur des coûts salariaux parmi les plus faibles du monde.
En 1993, Jiang Zemin accède au poste de président continue la politique d'ouverture et de
réformes de son prédécesseur. Sous ses mandats, il assiste à la rétrocession de Hong-Kong et de
Macao.
Fin 1993, le système de planification disparaît et l’économie chinoise passe en partie sous la
domination de capitaux étrangers, dont ceux de la diaspora chinoise.
Les capitaux étrangers contrôleraient aujourd’hui 75 % des exportations et 75 % de l’industrie. (2007)
En Chine continentale, un capitalisme autochtone commence à émerger à partir de 1994
avec la vente par les autorités de PME.
Des entreprises privées chinoises voient le jour en zone rurale puis en ville notamment pour
servir de sous-traitants aux entreprises étrangères. Une nouvelle bourgeoisie chinoise émerge
agglomérant des chinois de la diaspora et du continent.
La conversion au capitalisme franchit un seuil décisif à partir de 1997 avec la restructuration
des grandes entreprises d’État, préalablement transformées en sociétés anonymes et dont le capital
est ensuite ouvert à des investisseurs privés chinois ou étrangers.
Les grands groupes sont alors dépecés, les groupes les plus rentables sont regroupées dans
de nouvelles structures, le reste est purement et simplement fermé. Le but est de créer des grands
groupes modernes semblables aux conglomérats japonais ou coréens et capables de leur résister.
Parallèlement, le gouvernement organise la libéralisation et la privatisation des services
publics:
Les soins de santé sont hors de prix, et des hôpitaux privés se mettent en place, l’École
publique devient payante.
La monté en puissance de la Chine s’explique donc par cette politique de reforme suivit sur
plus de 30 ans, la Chine a aujourd’hui trouvé sa place dans le monde, elle est redouté par les pays
riches et fait trembler le monde, pourtant tout n’est pas rose au pays de l’extrême orient « A
l’époque maoïste (…) la société chinoise apparaissait comme l’une des plus égalitaires du monde. La
réforme en a fait l’une des plus inégalitaires » Ou comme le dit un ouvrier métallurgiste de
Shenyang : « Mao nous avait au moins donné le bol de riz en fer, Deng Xiaoping l’a percé, Jiang
Zemin l’a aplati. »
III)
La réussite chinoise
Le progrès réalisé par la Chine pendant la période de ses réformes a commencé durant l’année
1978. Depuis, la Chine réalise d’énormes progrès économiques et est même devenue la troisième
économie mondiale et le premier pays d'accueil des investissements directs à l’étranger.
De 1949 à 2003, seuls le Japon et la Corée ont réussis à atteindre un niveau aussi bon de
croissance. La Chine demeure un pays interventionniste (capitaux et interventions étatiques),
cependant, les performances de la Chine sont remarquables.
Plutôt qu'une nouvelle orientation, l'accession de la Chine à l'Organisation mondiale du
commerce (OMC) à constitué une étape importante sur le chemin de la réforme dans lequel ce pays
s'est engagé depuis plus de trente ans. Depuis le milieu des années 80, la Chine libéralise sa politique
relative aux échanges et aux investissements internationaux. Son économie est aujourd'hui aussi
ouverte que celle des membres actuels de l'OMC.
A) Les clefs de la réussite chinoise
Une main d’œuvre importante et bon marché
Les travailleurs à bas prix représentent certainement le facteur clé de la réussite chinoise. On
pourrait même dire que c’est un facteur internationalement reconnu. De ce fait, la Chine est
parvenue à se créer une place très avantageuse sur le plan économique mondiale. Même la montée
en puissance industrielle des Etats-Unis et de l'Allemagne à la fin du XIXe siècle n’avait pas autant
bouleversé l'économie mondiale, et n’a pas engendré la nécessité de réorganiser à ce point les
circuits de production mondiaux.
En raison des salaires 10 à 15 fois inférieurs à ceux des ouvriers américains qu’elle peut
proposer, la Chine est devenue en dix ans l'épicentre de la mondialisation. Au rythme actuel, elle
s’est vite retrouvée première puissance manufacturière du monde. D’autant plus que dans le secteur
manufacturier toutes les analyses continuent de conclure a un excédent de capacité d'offre sur la
demande solvable.
Les échanges intra firmes, voire la simple sous-traitance, représentent plus de la moitie des
exportations de la Chine. Cela implique que le contenu en importations des produits exportes est
particulièrement important.
Typiquement, les producteurs asiatiques exportent des pièces détachées pour automobiles
et bon nombre de fournitures en tous genres, notamment dans les industries textiles (produits
intermédiaires).Le secteur de la haute technologie est très sollicité également afin de profiter des bas
coûts de main-d’œuvre dans la phase d'assemblage. Ce processus a été favorisé par une suppression
de droits de douanes pour les importations de produits intermédiaires destinés à la réexportation
après transformation.
Selon les spécialistes et démographes, cette situation ne cessera de croître « Le réservoir
inépuisable de main-d’œuvre - entre 300 et 500 millions de personnes - garantit des salaires et des
coûts de production imbattables pour une de longues années encore, d'autant que, au fil du temps,
« les usines se déplaceront de la côte vers l'intérieur du pays », analyse Andy Xie, l'économiste de
Morgan Stanley à Hong-kong. Déjà, les entreprises qui produisent dans le delta de la Rivière des
Perles, autour de Canton, commencent à se délocaliser vers les provinces voisines (Anhui, Jiangxi ou
Shandong), où elles profitent de coûts de production deux fois plus faibles en termes de
rémunération des ouvriers
Un apport technologique associé au processus de remontée en gamme
Les multinationales américaines, japonaises ou européennes et 425 000 autres entreprises à
capitaux étrangers sont désormais implantées en Chine pour produire, et les géants de la distribution
comme Wal-Mart et Carrefour y font leur marché, pour le plus grand profit des consommateurs
occidentaux.
Récemment, EADS a pris en octobre dernier une participation de 5 % (pour une valeur de 30
millions d'euros) dans AviChina Industry and Technology en se promettant de renforcer la
coopération entre sa filiale Eurocopter, le groupe chinois et Singapore Technology. Ils produisaient
ensemble depuis 1992 un appareil léger, le EC- 120, qui était assemble a Marignane. Hier, les trois
partenaires ont signe le lancement d'une chaîne de montage d'hélicoptères à Harbin, au nord du
pays. Elle démarrera au début de l'année prochaine. L'investissement, ' un peu moins d'une dizaine
de millions d'euros ', selon Fabrice Bregier, PDG d'Europter, sera supporte par AviChina, les
Européens apportant ' leurs technologies, le support client et l'environnement '. Elle ne sera pas en
concurrence avec Marignane puisqu'elle alimentera exclusivement la marche chinoise, la chaîne de
montage française conservant l'Hexagone et toutes les exportations. Mais elle ' va permettre à
Harbin de se positionner sur un marche promis à une très forte expansion ', visant notamment la
protection civile, la police, les secours médicaux, qui doivent être déréglementes.
Entre 30 et 40 appareils pourraient être fabriques chaque année pour atteindre les 200
unîtes d'ici 5 ou 6 ans. A titre de comparaison, Marignane assemble annuellement entre 50 et 80 EC120.Les premiers investisseurs restent les Chinois de Taiwan, qui se sont constitués une base
technologique puissante sur la côte Est. Plus des deux tiers des exportations chinoises de produits
électroniques émanent ainsi de sociétés à capitaux taïwanais. L'usine d'ordinateurs portables que le
fabricant de Taipei, Quanta, a installée près de Shanghai, l'une des plus grandes au monde, à même
permis à la Chine de créer une concurrence réelle à Taiwan, comme premier pays producteur
mondial.
Les salariés français ou européens l'ont appris parfois brutalement : la Chine n'est plus
seulement le paradis de la chaussure, du jouet ou du textile produits par une main d’oeuvre peu
coûteuses. La montée en gamme des savoir-faire chinois est spectaculaire et, surtout progresse de
jour en jour.
Dans la zone économique spéciale de Shenzhen, proche de Hongkong, la haute technologie
représente désormais les trois cinquième de la production industrielle nationale. Elle est encore
largement produite par les géants étrangers comme IBM, Sanyo, ou Compaq, qui importent des
composants pour les assembler avant de les réexporter.
Depuis 1995, les entreprises étrangères ont assuré à elles seules les deux tiers du boom des
exportations. Peu à peu, des producteurs locaux émergent et exportent à leur tour. La Chine
représente donc aujourd’hui une plate forme technologique, utilisée de plus en plus par les firmes
étrangères.
Cette évolution technologique permet dorénavant aux chinois de produire chez eux et euxmêmes. Après le made in China, voici le made by China. En position de force, les entreprises locales
sont leaders pour les biens de consommation et attaquent le marché des biens d'équipement, tirés
par la forte demande intérieure et des perspectives à l'export.
Selon de nombreux analystes, le savoir-faire technologique chinois n'aurait plus que trois à
cinq ans de retard sur celui des Etats-Unis. L'effort de recherche et développement local demeure
assez faible, mais il faut compter sur l'apport « volontaire » technologique élevé des partenaires
étrangers par le biais des joint-ventures, fusions et surtout des haiguipa, les « tortues de mer » : ces
milliers de Chinois immigrés et formés à l'étranger qui reviennent en Chine avec des formations et
diplômes riches et variés qui serviront au développement de leur pays .
Un riche marché intérieur
La Chine n'attire plus seulement pour ses bas coûts, mais aussi pour son immense marché
intérieur qui représente un grand nombre de clients potentiels. L'augmentation rapide du pouvoir
d'achat dans les villes a créé une classe moyenne de 130 à 400 millions de consommateurs selon les
estimations. Ces personnes seraient presque devenues les objets de toutes les convoitises. Les
habitudes de consommation s'occidentalisent très vite : pour la première fois, plus de 1,6 million de
véhicules se sont vendus dans le pays en 2006, et les immatriculations vont bondir de 17 % cette
année la, ce que les constructeurs occidentaux apprécient grandement.
La Chine est d'ores et déjà le deuxième plus gros marché de Volkswagen, après l'Allemagne.
Ceci prouve en quelque sorte de grands changements : le ministère de l'Industrie et de l'Information
se garde bien d'intervenir dans la bataille sans merci que se livrent les deux fournisseurs de
téléphones portables rivaux, China Unicom et China Mobile, sur un marché qui compte 1 million de
nouveaux abonnés chaque mois.
Finalement, la réussite chinoise repose essentiellement sur sa main d’œuvre importante et à bon
marché, l’apport technologique volontaire associé au processus de remonté en gamme, son
important marché intérieur, ses connaissances améliorées par des formations européennes et
américaines et surtout les importants IDE car ils sont les principaux responsables de la croissance
asiatique de ces dernières années.
B) Les multinationales chinoises
Les Chinois ne se contentent plus de produire à bas prix. Ils ont acquis un savoir-faire dans
des domaines de pointe et investissent aussi sur le marché mondial sous leurs propres marques.
Défendre la réputation du savoir-faire technologique chinois, effacer l'image du produit bas
de gamme et peu fiable est devenu une priorité nationale. Le respect des délais, l'amélioration de la
qualité et le marketing de masse sont les nouvelles taches des exécutifs. La société de consommation
chinoise est réellement en marche.
a) Les produits chinois : leaders du marché chinois
En 1983, début de la politique d'ouverture, les autorités enregistraient déjà quelque 100 000
dépôts de marque. L'an dernier, elles en ont compté quinze fois plus. Les Chinois les plus aisés sont
devenue plus acheteurs... Et les entreprises savent à présent fabriquer, prospecter et vendre aussi
bien qu’un PDEM le ferais. Une récente étude d’un organisme officiel nommé Bureau d'Etat des
Statistiques affirme que 8/10ème des 80 produits de consommation les plus vendus en Chine sont de
marque locale.
Haier est une des marques préférées des Chinois. Mais les chinois ne se contentent pas de leur
parts de marché actuel. L’entreprise possédant près du tiers du marché de l'électroménager, le
groupe de Qingdao s'attaque à présent au marché de l'informatique et aux téléphones portables.
Coté à la Bourse de Shanghai depuis 1993, il pèse aujourd'hui plus de 10 milliards d'euros de chiffre
d'affaires, dont 10 % hors de Chine et génère 250 millions de bénéfices.
Il y a vingt ans, Haier n'était encore qu'un immense conglomérat. Mais le 26 décembre 1984, le
Parti Communiste a choisi d'en faire l'un de ses champions du capitalisme à la chinoise. Au
commencement, la jeune entreprise s'est dénichée un partenaire allemand, Liebherr - d'où l'origine
germanique de son nom. Objectif : percer sur le marché des frigos. En 1995, Haier a voulu s'attaquer
au segment des machines à laver.
Avec Merloni, le pape du lave-linge, il a mis en place le joint-venture de rêve, fabriquant pour
le compte du groupe italien les produits estampillés Ariston et Indesit, et utilisant les transferts
technologiques pour inonder le marché chinois avec sa propre marque.
Le parc industriel mis en place pour répondre à cette demande dépasse l'imagination : à
Qingdao, le groupe dispose de 38 usines de 24 000 mètres carrés chacune. « La moitié de cette
capacité de production a été ajoutée au cours des trois dernières années pour accompagner les
diversifications dans les télécoms et l'informatique », précise avec un brin d'exaltation le directeur
général de la filiale française, Claude Poulain. Le groupe s'est aussi offert treize usines hors de Chine
pour maintenir son rythme de croissance : encore 20 % l'an dernier. Le catalogue maison affiche
désormais quelque 13 000 références, du « réfrigérateur 007 » au « climatiseur générateur
d'oxygène » en passant par le « téléviseur numérique à haute définition ».
Haier ne serait rien sans ces fameux transferts technologiques, fondement de la réussite des
entreprises chinoises. Les grands fabricants européens et américains d'équipements de
télécommunications n’avaient pas mesuré ni prévu ces changements et sont en souffre beaucoup
aujourd’hui. En l'espace de quinze ans, Huawei Technologies s'est ainsi imposé parmi les grandes
entreprises du secteur des télécommunications.
Avec de 3 milliards d'euros de chiffre d'affaires, il s'est notamment imposé comme le leader
incontesté des équipements d'accès à Internet en Chine et n° 1 des commutateurs de réseaux.
Depuis plusieurs années, le groupe s'est attaqué à l'international - qui représente désormais 10 % de
son activité -, remportant toujours plus de contrats et d’appel d’offre en Allemagne, en Espagne ou
aux Etats-Unis. Et dans un environnement économique difficile, le fabricant prévoit d'augmenter ses
ventes de 30 % cette année. Lars Bondelind, patron de la R& D pour le groupe, donne la recette
toute simple de ce succès : « Nous sommes plus compétitifs que les concurrents, car nos équipes de
chercheurs sont basées en Chine. » Et quand il affirme dépenser 10 % de son chiffre d'affaires à ses
activités de recherche et développement - 10 000 personnes sur un total de 22 000 salariés -,
certains grincent des dents. Cisco, le leader mondial de l'industrie, se plaint au piratage et porte
même plainte. Le rival mis en cause a récemment accepté de négocier puis de modifier ses produits...
Mais le voilà reparti de plus belle à l'assaut du marché américain, et il vient de signer des accords
avec 3Com, concurrent de Cisco, pour fabriquer et vendre de nouveaux produits.
Dans la sphère informatique, un autre nom fait concurrence les leaders occidentaux : Legend,
l'empereur du PC chinois. L'histoire de cette entreprise est une vraie success story à la chinoise,
mélange de paternaliste et de capitalisme extrême. Durant six ans, l’entreprise distribue les marques
IBM et AST à travers le pays. Puis elle décide d'assembler elle-même ses machines et de les vendre
sous son nom. Impossible aujourd'hui de rivaliser en Asie avec le n° 1 Legend, 2,5 milliards d'euros de
chiffre d'affaires, un tiers du marché chinois et plus de 13 % de parts de marché en Asie Pacifique
Pour rester compétitif, Dell, le n° 1 mondial du PC, a dû revoir son modèle de vente directe :
en Chine, il commercialise ses modèles en utilisant les réseaux de distribution classiques.
Au printemps dernier, le groupe pékinois a décidé de déployer de grands moyens pour lancer sa
politique d’inondation du marché planétaire. Anticipant les difficultés sur la marque Legend - déjà
déposée dans des dizaines de pays -, les juristes ont suggéré de créer de toutes pièces une nouvelle
marque pour le marché international : Lenovo. Pour Legend, c'est un pari à quelques dizaines de
millions d'euros. Mais Mary Ma, la directrice financière, est confiante : cet investissement permettra
à l'entreprise d’augmenter les ventes à l'étranger. L'objectif est de passer de 5 % du chiffre d'affaires
aujourd'hui à 20 % d'ici les cinq prochaines années.
b) Les stars du « made in China »
Petit à petit, la Chine est devenue un géant. L'ex-usine du monde, où se construisaient à tour de
milliards de bras les produits imaginés en Occident, a développé ses propres entreprises, avec la
démesure qui la caractérise.
Elles sont 20 à avoir pris place en 2006 dans le classement du magazine Fortune des plus grandes
entreprises du monde.
De son côté, le très sérieux Boston Consulting Group a récemment identifié 100 "new global
challengers", c'est-à-dire futurs champions internationaux. Parmi ces 100, 44 sont chinoises. Le JDN
Economie en a sélectionné dix et les a comparées avec les champions français. Le résultat est sans
équivoque.
China Mobile a de quoi faire pâlir de jalousie Orange, SFR et Bouygues réunis. Le premier
opérateur mobile de Chine totalise 290 millions de clients, ce qui en fait le plus gros opérateur
mobile du monde. La société est issue de la restructuration du secteur des télécommunications
chinois en 2000, pour cause d'entrée dans l'organisation mondiale du commerce.
- Chiffre d'affaires 2005 : 24 milliards d'euros
- Résultat opérationnel 2005 : 7,3 milliards d'euros
Dongfeng Motor, troisième constructeur automobile de Chine, n'en finit plus de grandir. Son
bénéfice net a augmenté de 69% au premier semestre 2006, à 107,7 millions d'euros. Une des
recettes de l'entreprise : monter des co-entreprises avec des acteurs plus expérimentés, tels Honda
et PSA. En 2007, Dongfeng lancera sept nouveaux modèles sous sa propre marque. Il est entré en
bourse fin 2005.
- Chiffre d'affaires semestriel 2006 : 2,3 milliards d'euros
- Résultat net semestriel 2006 : 107,7 millions d'euros
Haier est tout simplement le symbole du capitalisme chinois. L'ex-PME d'Etat sans le sous est
devenue en vingt ans un géant de l'électroménager, pesant 10,3 milliards d'euros de chiffre d'affaires
en 2005 contre 2,5 milliards pour le leader français Seb. En revanche, son résultat net a baissé de
35,2% en 2005.
- Chiffre d'affaires 2005: 10,3 milliards d'euros
- Résultat net 2005: 23 millions d'euros
Sinochem, entreprise de chimie fondée en 1950, est contrôlée directement par l'appareil d'Etat
chinois. Elle peut se vanter d'être l'une des plus anciennes entreprises figurant au palmarès des 500
plus grandes entreprises du magazine Fortune. En 2006, elle y figure pour la seizième année
consécutive, au 304e rang, avec 2 milliards d'euros de profits. Rhodia, le spécialiste, français, a de
son côté perdu 616 millions d'euros en 2005.
- Chiffre d'affaires 2005 : 16 milliards d'euros
- Résultat net 2005 : 2 milliards d'euros
China Shipping a ouvert son siège en France l'année dernière, au Havre, signe de sa volonté
d'internationalisation. Spécialiste du transport maritime, China Shipping dispose de 440 navires
répartis en cinq flottes de cargos spécialisés, de pétroliers et même de bateaux de passagers. En
France, le leader du transport maritime de conteneurs, CMA CGM, se contente de 279 navires.
- Chiffre d'affaires au 30 sept. 2006: 717 millions d'euros
- Résultat net au 30 sept. 2006 : 215 millions d'euros
Tsingtao Brewery, du même nom que la bière qu'elle commercialise dans 50 pays, est une
entreprise plus que centenaire (création en 1903) fondée par des… Allemands. Pour sa fabrication,
l'orge est notamment importée de France ! Ses résultats en constante hausse contrastent avec ceux
du néerlandais Heineken, forcé d'adopter un plan d'économie de 200 millions d'euros d'ici 2008.
- Chiffre d'affaires : 1 milliard d'euros
- Résultat net 2005: 30 millions d'euros
China Aviation Industry, l'un des leaders chinois de l'aérien (hélicoptères et jets) est une
compagnie discrète, qui ne communique qu'une partie de ses chiffres. Mais ceux-ci sont en
constante augmentation depuis la création de la société en 1999. En 2004, le chiffre d'affaires et les
bénéfices ont respectivement augmenté de 28 et 32%. Entre 2004 et 2005, le bénéfice net de
Dassault Aviation a lui diminué de 1%.
- Chiffre d'affaires 2004: 5,7 milliards d'euros
- Résultat net 2004: 139 millions d'euros
Chalco, producteur et distributeur d'aluminium, voit son chiffre d'affaires augmenter chaque
année: 3,5 milliards d'euros en 2005, 3 milliards en 2004 et 2,2 milliards en 2003. Ce qui est
cependant encore loin des performances d'Alcan, numéro 2 mondial et propriétaire du français
Pechiney depuis 2003, avec 16 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2005. Mais quand le Canadien
réalise 100 millions de bénéfices en 2005, en baisse de 50%, Chalco encaisse 695 millions d'euros, en
hausse de 17,5%.
- Chiffre d'affaires 2005 :
- Résultat net 2005 : 695 millions d'euros
En 2005, la Chine était donc passée d’un coup du septième au quatrième rang mondial pour
le produit intérieur brut. En 2008, sans aucun doute, elle avancera encore d’une place, doublant
l’Allemagne, et passant au troisième rang. A quand la seconde place ? Cela s’explique parce que la
croissance économique en Chine est sans équivalent dans aucun pays développé. Alors que la
croissance des pays riches se situe en moyenne ces dernières années entre 2% et 4% par an, celle de
la Chine est en gros trois fois plus rapide.
En particulier, depuis quatre ans, la croissance est égale ou supérieure, en termes réels, à
10% par an : 10% en 2003, 10,1% en 2004, 10,2% en 2005 et 10,7% en 2006. Comme on le voit, il y a
une accélération, alors même que le gouvernement chinois avait indiqué qu’il ferait tout pour freiner
la croissance et la ramener aux environs de 8% : mais, même en Chine, la dynamique spontanée
d’une économie est plus forte que la politique.
Certes, beaucoup s’interrogent sur la fiabilité des statistiques chinoises. Mais c’est là qu’il y a
un paradoxe. Dans tous les autres pays totalitaires, comme autrefois en URSS, les statistiques étaient
truquées à la hausse. Or tous les experts s’accordent pour dire que dans le cas chinois, c’est l’inverse.
Les statistiques sont sous-estimées. Certains parlent de 12% ; les plus audacieux envisagent 16%. En
tous cas, c’est le décollage à la vitesse grand V.
La Chine est devenue la cinquième nation commerçante du monde. Elle a doublé le
Royaume-Uni l'an dernier et menace désormais la France selon un classement dressé par
l'Organisation Mondiale du Commerce.
L'Hexagone a vu sa part de marché se réduire légèrement elle passe de 5,2 a 5,1 % alors que
Pékin avec une croissance époustouflante de 22 % de 266,7 a 325 milliards de dollars atteint le
pourcentage français. L'expansion chinoise se traduit également par une explosion des importations.
La progression a atteint 21 %, les contrats passant de 243,6 a 295,2 milliards de dollars.
Selon les experts de BNP Paribas Peregrine et d'après les projections de Goldman Sachs, en
2050, la Chine sera la première puissance économique de la planète ! Toutefois, cette projection doit
être nuancée car beaucoup reste à faire. En effet, la Chine, n'est à l'origine que de 5 % des
exportations mondiales et de 4 % de la production de la planète, contre 15 % pour le Japon et 20 %
pour les Etats-Unis. Certes, la nation surfe sur des taux de croissance a faire pâlir d'envie plus d'un
pays occidental. En 2005, il devrait atteindre 8,5 %.
Mais on vient de loin. En 1978, ce qui n'est pas si ancien, le PIB par tête était de 379 Rmb, en
2006 de 8.184, soit respectivement 39,50 et 853 euros. La progression est indiscutable, mais les
niveaux sont encore très loin de ceux des pays développes. En outre, la qualité de la croissance est
perfectible car elle est essentiellement le fait de la combinaison des investissements étrangers et des
dépenses budgétaires.
Cette politique Bien sur, le pays dispose aujourd'hui d'infrastructures étonnantes, du
deuxième réseau autoroutier mondial, mais que l'on ferme la vanne budgétaire, comme cela finira
par arriver, et il faudra rapidement trouver des relais à la croissance pour maintenir le taux de
développement du pays et limiter l'envolée du chômage. L'équation n'est pas résolue d'avance, car la
consommation des ménages est insuffisante pour maintenir des taux de croissance comme ceux
d’aujourd’hui. L’avenir nous dira si la chine sera en mesure de tenir sa promesse.
A) Le positionnement de la Chine sur le marché mondial
Intimement liée à la mondialisation, la Chine est ancrée dans le système international
La Chine avance à grand pas dans de multiples secteurs économiques. Elle est composée de
45 métropoles de plus d'un million d'habitants. Elle s'attaque à des projets d'infrastructures de
grande ampleur : ponts, ports, barrages. Elle attirent des investisseurs internationaux dans les
domaines de la distribution commerciale des produits et services et dans les projets sur
l'environnement, l'eau, les infrastructures . Les entreprises chinoises réalisent aussi des
progrès techniques importants et exportent leur savoir-faire, notamment dans les pays
émergents ou en développement.
La croissance économique chinoise, depuis la fin des années 1980, se basait sur les
exportations et les investissements liés aux exportations pour compenser une consommation
intérieure insuffisante du pays. La vitesse de croissance des capacités de production chinoises dans
de nombreux secteurs a entrainé des déséquilibres internationaux générant destructions
d'emplois et déficits commerciaux en Europe, au Japon, aux Etats-Unis. La Chine est désormais le
quatrième exportateur mondial (derrière les Etats-Unis, l'Allemagne et le Japon) et ses secteurs
exportateurs se sont diversifiés (des domaines des textiles et jouets à ceux des matériels
électriques et de l'électronique).
Les autorités chinoises résument ainsi les principes directeurs de leur action diplomatique :
- coordonner la situation internationale et le développement intérieur du pays. La priorité reste
la poursuite de la croissance économique et la politique étrangère doit, avant tout,
permettre la création d'un environnement favorable à la stabilisation de cette expansion
économique.
- poursuivre une démarche « d'émergence pacifique » de la Chine : promouvoir la paix et
la stabilité, de part son propre développement.
- développer une stratégie « gagnant- gagnant » avec des partenariats économiques,
scientifiques, techniques mais aussi culturels.
Enfin, la Chine est convaincu dans la construction d'un « monde harmonieux » : les
intentions pacifiques et la stratégie non agressive sont réitérées, mais la République
populaire s'opposera toutefois, de façon déterminée, à toute action qui menacerait sa
souveraineté, sa sécurité et ses intérêts de développement.
a) La Chine et l’Afrique
La République Populaire de Chine RPC, entrée récemment à l’OMC, trouve avec les pays
africains de nouveaux partenaires avec qui elle peut discuter, et qu’elle peut aider sur le plan
international. En 2004, des entreprises chinoises et africaines ont signé à Addis-Abeba, en Ethiopie,
une vingtaine de contrats pour une valeur totale de près de 460 millions de dollars US en marge de la
première conférence des hommes d’affaires sino-africains. Ainsi, en 2004, 17 entreprises chinoises
ont procédé à la signature de contrats avec des entreprises, des institutions commerciales ou des
gouvernements africains, notamment avec l’Éthiopie, le Nigéria, le Cap-Vert, le Rwanda, l’Ouganda,
le Soudan et la Tanzanie. Les accords passés avec les pays africains portent notamment sur la
construction d’usines, les secteurs de la cimenterie, du sucre, du textile, d’une station
hydroélectrique, de la production et de la commercialisation de médicaments. Ces projets de
coopération économique sont de plus en plus
fréquents entre la Chine et l’Afrique avec des projets
importants et concrets pour les pays africains.
Dans un but de bonne coopération avec
l’Afrique, la Chine s’ouvre au marché africain en
pratiquant un tarif douanier “zéro” pour une partie des
marchandises des pays africains les moins développés
et augmenter le capital du Fonds de développement des ressources humaines africaines, mis en
place par la Chine, afin de former “10 000 personnes pour l’Afrique” dans les trois ans à venir. Par
ailleurs, la Chine a tenu en 2004 le “Festival des jeunesses chinoises et africaines”, le festival
international “Rendez-vous à Beijin”, consacré à l’Afrique et le “Voyage de la culture chinoise en
Afrique” afin de rapprocher la connaissance entre les peuples chinois et africains.
Cet envie de rapprochement fut marquer par le Forum de coopération Chine-Afrique est un
mécanisme de consultation et de dialogue lancé en 2000 à Pékin par la Chine et 49 pays africains,
avec un but de promotion des relations sino-africaines. Environ 400 hommes d’affaires africains et
chinois étaient présents le 16 décembre 2003 dans la capitale éthiopienne pour participer à une
conférence. Dans les affaires internationales, la Chine et l’Afrique souhaitent intensifier leur
coopération au sein des Nations Unies, de l’OMC et des autres organisations internationales. La
République Populaire de Chine souhaite ainsi soutenir les efforts des pays africains qui ne sont pas
encore membres de l’OMC pour leur future adhésion. Au niveau économique, la RPC et les pays
membres du forum s’engagent à promouvoir leur collaboration dans l’agriculture, la santé, les
infrastructures, le commerce, l’investissement, le tourisme, l’exploitation des ressources naturelles…
Avec la fin de l’accord multifibres, en janvier 2005,
limitant les exportations de textile des pays en
développement vers l’Europe et les Etats-Unis, les ventes
chinoises ont explosé. Ainsi, la Commission de Bruxelles a
annoncé, le 14 avril, l’ouverture d’une procédure de
surveillance. Parfois agressive, mais jouant la carte tiersmondiste, la stratégie de l’empire du Milieu suscite espoir et
controverse sur le continent noir. Concernant les échanges
commerciaux, le plan d’action indique que la Chine et les
pays africains s’engagent à promouvoir le commerce
équilibré dans les deux sens entre les deux parties. La RPC
décide donc de faire bénéficier du “tarif zéro” certains produits en provenance des pays d’Afrique les
moins avancés pour permettre leur accès au marché chinois. Avec un tel potentiel et la coopération
entre les deux parties, la Chine et l’Afrique ne sont qu’au début de leur collaboration.
Ces différentes mesures montrent bien l’importance que la Chine attache à l’égard du
continent africain.
Cependant, comment pouvons nous être persuadé de croire que la Chine respectera ses
engagements et accordera du respect aux africains dans le cadre de leurs relations économiques ?
Plusieurs éléments démontrent le contraire et c’est en contradiction avec ceux, naïfs ou
hypocrites, qui affirment que les liens sino-africains se font avec plus d’harmonie et d’humanité que
les rapports occidentaux.
b)
Une autre façon de faire des affaires
Nombreux sont les africains qui louent l’esprit de « respect mutuel » et l’« attention pour la
diversité » culturelle qui caractérisent le commerce avec les chinois - pour reprendre les mots du vieil
ami de la Chine qu’est le président gabonais Omar Bongo Ondimba. Mais ce « safari » dans «
l’eldorado » africain inquiète les autres pays qui gravitent traditionnellement autour du continent. De
même, une diplomatie américaine officiellement soucieuse de « bonne gouvernance » commence à
s’agacer des pratiques économiques chinoises. M. Gal Luft, spécialiste en sécurité énergétique et
directeur exécutif de l’Institut pour l’analyse de la sécurité globale (IAGS), un think-tank
néoconservateur (= grand penseur), affirme que « les Chinois sont enclins à mener leurs affaires
d’une manière que les Américains et les Européens commencent à rejeter : payer des pots-de-vin et
autres dessous de table. D’où l’intérêt de certains pays africains à travailler avec des entreprises
chinoises plutôt qu’avec des compagnies occidentales dont les marges d’action se sont resserrées
depuis le lancement de campagnes telle que Publish what you pay (Publiez ce que vous payez) visant
à plus de transparence financière ».
« Cette autre manière de faire du business » selon les termes du ministre rwandais des
finances, M. Donald Kaberuka « est encore plus préoccupante pour les organisations non
gouvernementales qui dénonçaient déjà les cyniques pratiques occidentales en Afrique. En effet, si
les prêts conditionnés des grandes organisations internationales demeurent critiquables car ils
soumettent sans discussion le pays bénéficiaire aux diktats des bailleurs, la coopération chinoise »
qui accorde des crédits sans condition et prône le « clef en main » favoriserait les « éléphants blancs
» et s’écarterait des exigences minimales de transparence financière.
Un autre sujet porte polémique, celle des ventes d’armes chinoises. Après avoir entretenu le
meurtrier conflit érythréo-éthiopien de la fin du XXe siècle (plus d’un milliard de dollars de contrats),
la Chine est soupçonnée de s’être servie du Soudan, début 2000, comme débouché pour sa
technologie militaire. En outre, elle continue d’aider militairement le Zimbabwé, autre nation au ban
de l’Occident. On voit aussi une impressionnante concentration d’attachés militaires chinois dans les
pays membres de la Communauté pour le développement de l’Afrique australe. On en conclut une
importance de l’aspect économique plus que géopolitique ou bien idéologique.
Le gagnant-gagnant de la Chine (ce nouveau jeu économique où, selon Pékin, il n’y aurait a
priori aucun partenaire perdant) ne serait-il, finalement, qu’une nouvelle forme de néocolonialisme
sous des illusions d’un développement Sud-Sud ? Certains observateurs africains n’ont pas manqué
de s’interroger sur les limites de la politique commerciale chinoise et sur la concurrence directe que
font peser certains produits asiatiques (du textile à l’acier) sur l’économie africaine. Premier
partenaire africain de la Chine, l’Afrique du Sud, qui rompit en 1997 ses relations avec Taïwan pour
se rapprocher de Pékin, est confrontée tout à la fois « à une appétissante collaboration et une
terrifiante menace », note M. Moeletsi Mbeki, vice-président de l’Institut sud-africain des affaires
étrangères de l’université de Witwatersrand, à Johannesburg : « En échange des matières premières
que nous leur vendons, nous achetons leurs produits manufacturés. Et cela ne peut qu’avoir un
résultat prévisible : une balance commerciale négative. N’assiste-t-on pas à la répétition d’une vieille
histoire ? ».
Le fait est que, de 24 millions de dollars en 1992, le déficit commercial de Pretoria à l’égard
de Pékin a passé la barre des plus de 400 millions de dollars. En septembre 2004, certaines
organisations sud africaines ont ainsi menacé de boycotter les vendeurs de produits chinois, accusés
de contribuer à la montée du chômage. Même problème à Dakar, où les produits chinois à bas prix
(des chaussures aux médicaments) envahissent désormais les trottoirs et les étals, tandis que les
ateliers textiles du Lesotho soufrent après la fin de l’accord multifibre en janvier 2005.
Avec ces interrogations, le partenaire chinois multiplie promesses, cadeaux, références
historiques à l’esprit de Bandung et mesures symboliques à l’égard d’un continent dont il a annulé 10
milliards de dollars de dette bilatérale depuis l’an 2000... Tout en reconnaissant que la décision finale
se trouve entre les mains de l’Union africaine, le pays soutient par ailleurs publiquement les trois
candidats africains (Nigeria, Afrique du Sud et Égypte à un siège de permanent au Conseil de sécurité
des Nations unies.
Un grand pas commercial a eu lieu en 2006, avec le lancement du Nouveau Partenariat
stratégique Asie-Afrique, qui concerne le secteur privé et dont Pékin devrait être le premier
bénéficiaire. Lors de son voyage au Gabon en 2004, le président Hu Jintao a promis « une
coopération économique qui se préoccupera davantage des infrastructures, de l’agriculture et du
développement des ressources humaines ». Pékin se comporte désormais comme n’importe quelle
autre puissance soucieuse de ses intérêts. Elle cible sa coopération sur des pays à fort potentiel, qu’il
s’agisse de matières premières, de pouvoir d’achat et d’influence diplomatique.
Jusqu’où et comment les partenaires traditionnels du continent s’accommoderont-ils de
cette présence ? En 2005, selon le Fonds monétaire international, l’Afrique devrait connaître son
meilleur taux de croissance en trente ans : 5,8 %. Ce sera en partie grâce à l’investissement de la
Chine.
Les entreprises chinoises sont devenues les principaux bâtisseurs en Afrique. Ponts, barrages,
routes, stades, bâtiments publics, portent l’empreinte chinoise partout à travers le continent. En une
dizaine d’années, les échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique ont décuplé. Entre 2007 et
2008, ils ont progressé de 45 %. Quoiqu’il en soit, la présence chinoise est aujourd’hui plus
contestée… par les Africains eux-mêmes. Le sentiment anti-chinois s’exprime très clairement,
notamment en Zambie où le président Hu Jintao avait dû annuler une visite officielle en 2007.
Cependant, dans le contexte actuel avec la crise financière internationale qui a éclaté en
2008, cela a quelque peu calmé les ardeurs anti-chinoises en Afrique. A nouveau, la coopération sinoafricaine est qualifiée « d’exemplaire » par les chefs d’États africains. Ayant entamé son actuel
périple africain par le Mali, le président Hu Jintao y a déclaré que « la Chine maintiendra la densité de
ses échanges avec le continent » et que les investissements devraient même augmenter. Le discours
a de quoi plaire aux gouvernements africains qui craignent une contraction de l’aide au
développement à cause de la conjoncture internationale.
« Jamais l’occident ne s’est autant intéressée à l’Afrique que depuis la
Chine est partie à sa conquête »
La Chine ne peut se détourner de l’Afrique tant qu’elle aura besoin de ses matières premières
abondantes pour soutenir sa croissance, même si elle accuse un ralentissement. Paradoxalement,
l’attrait salvateur, sur le court terme, des ressources naturelles africaines provoquent le dévoiement
de son développement. La dissymétrie est toujours à l’honneur, qu’il s’agisse des relations sinoafricaines ou autres.
Quelques chiffres:
750 000 Chinois sur le continent africain
106,84 milliards de dollars: montant en 2008 du commerce bilatéral.
51 % des exportations chinoises vers l’Afrique sont constituées de machines et produits finis.
20 pays africains totalisent des échanges supérieurs à 1 milliard de dollars annuels avec la Chine.
40 % : la part consentie à l’Afrique pour la totalité de l’aide chinoise pour le développement.
La Chine est devenue le 2e partenaire commercial de l’Afrique, juste après l’Union européenne.
Les pays d’Afrique où la Chine investit le plus
sont des pays producteurs de pétrole comme el
Nigeria. Les nouveaux dictateurs arrivés à la tête de
ces pays par des coups d’État à répétition annulent
les projets des précédents et lancent de nouveaux
chantiers, qui s’orientent essentiellement dans
l’intérêt des Chinois. Remarquablement organisés,
ils sont capables de “redresser” une entreprise là où
les bailleurs occidentaux ont abandonné.
Même si les transactions entre Chine et pays africains peuvent enrichir ces derniers, ce sont
les gouvernements qui en profitent et non les peuples. Le peuple, désespéré, se révolte ou se tourne
vers des mouvements extrémistes, islamistes par exemple. Le problème est bien résumé dans le livre
Chinafrique : “Des Chinois pour extraire le pétrole, puis l’engouffrer dans un pipeline chinois surveillé
par des miliciens chinois, à destination d’un port construit aussi par des Chinois… Des Chinois, qui
importent leur nourriture, qui font pousser leurs légumes avec des maraîchers chinois, des chinois
enfin pour ARMER un pays qui commet des crimes contre l’humanité”.
La Chine qui n’a de communiste que le nom, utilise les mêmes méthodes que les pays
capitalistes: elle se sert de son immigration, avec la complicité des pays “demandeurs” pour profiter
de la croissance des pays d’Afrique.
c) La relation Chine - Etats-Unis
Les Etats-Unis peuvent trembler. Ils pressentent la montée économique chinoise prête à
tout pour asseoir sa puissance. Empêtrés en Irak et en Afghanistan, ils assistent impuissants à la
pénétration chinoise dans leurs fiefs sud-américains ou dans ceux qu'ils rêvaient de ravir aux
anciennes puissances coloniales : l'Afrique. Il y a aussi l'Iran devenu « arch-ennemy », qui tisse des
liens d'amitié avec Pékin. Même Israël est au mieux avec la Chine lui ayant fourni assistance
technologique et militaire , et les entrepreneurs israéliens y sont accueillis à bras ouverts.
Pékin contourne les Etats-Unis de tous les côtés. Les uns regardent ailleurs quand on leur parle de
Gaza, les autres se taisent quand il s’agit du Tibet ou de Taiwan. Tout va pour le mieux dans le
meilleur des mondes possible. « Cultivons notre jardin » : tout fait vendre.
La crise des subfunds a laissé des traces de deux sortes : dans les bilans des
institutions financières et surtout l'espoir qu'une remontée du dollar s'est estompée. Pire,
l'inflation des prix des matières premières tant industrielles qu'agricoles a enclenché une spirale
inflationniste dont elle ne maîtrise rien. La Chine découvre que le maintient d'une croissance
mondiale équilibrée est nécessaire à sa propre santé.
Pour la Chine, les Etats-Unis sont pour l'heure la seule véritable puissance mondiale à
prendre en compte. Les Etats-Unis accordent également de leur côté, une importance stratégique à
leurs relations avec Pékin. Les deux pays entretiennent des relations ambiguës caractérisées par la
compétition et le pragmatisme. Les Etats-Unis et la Chine sont les moteurs de la croissance mondiale.
Leurs performances économiques, qui devraient vraisemblablement se confirmer, ont pour
conséquence d'opposer deux géants économiques concurrents.
Les Etats-Unis ont quelques inquiétudes face avec un déficit commercial bilatéral avec la
Chine qui a dépassé les 200 milliards de dollars sur un total de 725 milliards de dollars. Par ailleurs, la
Chine finance le tiers du déficit américain par le placement de ses réserves de changes en bons du
Trésor américain. Les réserves de change chinoises ne cessent d'augmenter et ont représenté, en
2005, plus de 10 % du PNB. Les autorités chinoises ont toutefois accepté, en 2005, de réévaluer le
renmibi (monnaie chinoise) de + 2,1 % par rapport à la monnaie américaine.
La politique d'approvisionnement énergétique chinoise amène également des inquiétudes
du côté américain. En Afrique, la concurrence entre les Etats-Unis et la Chine (ainsi que l'Inde) est
importante et porte des tensions. L'événement le plus marquant a été l'initiative chinoise visant à
acquérir, par l'intermédiaire de la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC), l'entreprise
américaine Unocal Corporation. L'OPA chinoise a échoué mais son aspect symbolique a
cristallisé les craintes américaines au sujet de la Chine. Pour celle-ci, les relations avec ce qu'elle
considère comme la « seule super puissance mondiale » revêtent une importance clé. Selon
les interlocuteurs de la délégation, Pékin voudrait instaurer une relation de « coopération
constructive à long terme avec les Etats-Unis, favorable au développement économique et à
la réalisation des objectifs chinois ».
Même si, dans le domaine économique, le partenariat entre les Etats-Unis et la Chine est
incontournable, il n'en va pas de même dans le domaine géostratégique où la concurrence,
voire la rivalité, demeure. Les Etats-Unis et la Chine se trouvent en effet en situation de rivalité en
Asie de l'Est.
Dans cette partie du monde, les alliances et les rapports de forces évoluent. L'influence
américaine y demeure sans doute prédominante mais se heurte à celle de la Chine, notamment au
sujet de Taïwan et du Japon. Taïwan, principal obstacle à la mise en place d'un partenariat
stratégique entre les Etats-Unis et la Chine, a établi des relations particulières avec celle-ci
(séparation des prises de position politiques et des rapprochements économiques et
familiaux). L'île demeure néanmoins sous parapluie américain. En conséquence, tout en
insistant pour que la question taïwanaise reste une affaire intérieure, Pékin a placé Washington au
centre de sa stratégie de pression pour dissuader les dirigeants taïwanais de poursuivre une
politique d'affirmation de l'indépendance de l'île par des moyens juridiques. Quant aux
Etats-Unis, ils ont marqué leur opposition à l'indépendance de l'île, mais ont « regretté »
l'adoption de la loi « anti- sécession » votée à Pékin le 14 mars 2006 et réaffirmé leur volonté
de maintenir les capacités de défense de Taïwan dans le cadre du Taïwan Relation Act du
Congrès. La situation est donc très ambiguë.
En ce qui concerne le Japon, le renforcement de l'axe Washington- Tokyo est perçu, à
Pékin, comme un contre-feu préventif à l'encontre d'une influence régionale chinoise croissante.
Cependant, la Chine et le Japon, malgré une rhétorique parfois agressive ou des
manifestations de tension politique, privilégient l'intensité croissante de leurs liens économiques.
Dans le cas du Japon comme dans celui de Taïwan, la Chine se satisfait d'un statu quo qui garantit ses
progrès économiques.
Ces exemples montrent le délicat équilibre auquel
Asie de l'Est : pour se voir reconnaître son statut
convaincre tous les pays, y compris les Etats-Unis, de
régional, tout en donnant une image positive afin
développement économique et commercial.
tend la politique extérieure chinoise en
de grande puissance, la Chine doit pouvoir
sa capacité à soutenir un éventuel conflit
de créer un climat propice à son
A plus long terme de la Chine et des Etats-Unis, les interlocuteurs de la délégation ont fait valoir
que les deux puissances peuvent coexister et s'entendre. Du côté des analystes américains, comme
l'avait écrit Henry Kissinger, conclure que l'émergence de la Chine aboutira inévitablement à
une confrontation est une hypothèse « aussi dangereuse que fausse » . Toutefois, on peut
s'inquiéter du manque de clarté de la position américaine qui évolue entre « Engagement or
Containment » à l'égard de la Chine.
En 2006, après la visite du président Hu Jintao à Washington et la reprise du
dialogue de haut niveau, la relation Chine-Etats-Unis a démontré sa solidité. Les facteurs de tension
demeurent -négociations commerciales, Taïwan, droits de l'homme- mais l'ambiguïté stratégique
longtemps suivie par les Etats-Unis -que choisir entre l'endiguement de la Chine ou l'engagement vers
un partenariat ?- semble mûrir sur cette dernière voie, plus constructive, en faveur des intérêts à
long terme des deux partenaires et, plus généralement, au bénéfice de la stabilité mondiale.
d) Relation avec l’union européenne
L’Union européenne ne correspond pas vraiment comme zone d’intérêt prioritaire pour les
chinois qui préfèrent se tourner vers d’autres enjeux pour elle stratégiquement plus immédiats. On
peut dire que l’UE n’intéresse en fait la Chine qu’à seul titre instrumental : pour servir sa politique
régionale ou pour stimuler sa politique de développement économique…Cependant, l’attitude de
Pékin à l’égard de l’Union européenne, montrant sa grande habileté diplomatique, reste importante
afin d’obtenir toujours un certain bénéfice.
On constate en fait que les relations des pays européens avec la Chine (comme celles que la
Chine entretient également avec le Japon ou les Etats-Unis…) sont aujourd’hui fortement
conditionnées par leur aspect économique : la Chine étant un marché prioritaire pour toutes les
grandes entreprises européennes.
Ainsi, toute grande entreprise européenne se force d’être présente en Chine : l’allemand
« Volkswagen » et l’italien « Fiat » (pour l’automobile…), le français « Alcatel » ou le finlandais
« Nokia » (pour la téléphonie mobile…), le néerlandais « Shell » ou le britannique « BP » (pour la
pétrochimie…), pour ne prendre que quelques exemples parmi les dizaines de grands groupes
européens qui comme « Airbus industries », par exemple, jouent aujourd’hui des coudes pour être
présents en Chine, aux meilleures places possibles.
La Chine n’est pas dupe et en profite. Ainsi, sachant les difficultés de coopération au sein
même de l’union la RPC a su retirer un maximum de bénéfices, quel que soit le sujet abordé :
diplomatiques, économiques, politiques, etc.
En 1992 par exemple quand Paris accepte de vendre des avions de combat à Taïwan, les
entreprises françaises alors en course pour la construction du métro de Canton seront alors
subitement exclues de la compétition ; contrat finalement accordé aux entreprises allemandes
concurrentes : cyniquement présentées officiellement comme « bénéficiaires directs » de l’
« erreur » de Paris.
En 1997
quand la France (alors suivie de près par l’Allemagne, l’Italie puis
l’Espagne) abandonnent un projet de motion (présentée par les pays européens à l’ONU) ayant pour
objet une condamnation des violations des droits de l’homme en Chine, Pékin accordera juste avant
le vote, ses félicitations à Paris et ses menaces à Copenhague, chef de file des pays européens
continuant à soutenir la fameuse motion.
Toujours en 1997, le Royaume-Uni trouvera finalement bien peu de soutien parmi ses
partenaires européens dans sa demande à la Chine de garanties du respect des droits de l’homme à
Hong Kong : les autres pays européens estimant que les soucis tardifs des britanniques en la matière
ne valaient sans doute pas la peine de se brouiller avec la République populaire…
Ainsi, ce pays lointain et fascinant qu’est la Chine remplit vis-à-vis de l’Union européenne un
rôle de révélateur inquiétant : face à ce partenaire diplomatique habile, le concept d’une « politique
extérieure européenne commune » ne résiste visiblement pas à quelques promesses de contrat. Et
l’UE paye là, au prix fort, sa désunion chronique.
Décidément, même pour des régions sur lesquelles elle n’influe pas directement, l’immense
Chine s’avère pleine d’enseignements à méditer… D’où l’intérêt urgent que les Etats membres de
l’UE se réunissent pour essayer d’adopter une position commune sur les graves questions
diplomatiques du moment impliquant aujourd’hui la Chine
e) La relation franco-chinoise
La reconnaissance française de la Chine populaire, le 27 janvier 1964, a constitué le point
de départ des relations officielles entre la République populaire de Chine et la France. Si les
événements du printemps de Pékin et la décision de la France de vendre des équipements
militaires à Taipei ont constitué, à la fin des années 80, un frein au dialogue entre les deux pays, le
communiqué commun des deux Etats de janvier 1994 avait permis sa normalisation.
Trois ans plus tard, la « déclaration conjointe pour un partenariat global », signée à Pékin
le 16 mai 1997, a ouvert un nouveau chapitre des relations bilatérales. La visite d'Etat du
Président Hu Jintao en janvier 2004, à l'occasion du 40e anniversaire de l'établissement
des relations diplomatiques entre les deux pays, et la signature d'une nouvelle déclaration
conjointe ont confirmé la volonté de la France et la Chine de franchir une étape
supplémentaire dans leur coopération. Reprenant les acquis de 1997, cette nouvelle déclaration
a pour objectif d'« approfondir le partenariat global stratégique franco-chinois pour promouvoir
un monde plus sûr, plus respectueux de sa diversité et plus solidaire ».
La France doit développer avec la Chine des relations bilatérales approfondies,
capables de structurer le dialogue euro-chinois.
Le socle de ces relations bilatérales peut être technologique et économique, dans les
secteurs aéronautique, spatial, ferroviaire, ainsi que dans le domaine de l'énergie nucléaire civile
ou les télécommunications. Il peut également être culturel via les échanges universitaires,
l'accueil d'étudiants, les manifestations dans les centres culturels, l'aide à l'apprentissage des
langues, l'action de l'Alliance française…
Les relations franco-chinoises peuvent être le moteur du rapprochement sinoeuropéen. Notre pays doit agir dans ce sens tout en invitant les Chinois à faire preuve de la
souplesse nécessaire afin de ne pas donner d'arguments à ceux de nos partenaires européens
qui se satisfont pleinement d'un statu quo de la relation bilatérale.
f)
Chine et Russie
A Pékin, les yeux s'écarquillent et l'estomac gronde : on n'oublie pas que Mao a cédé à Staline des
parts importantes du sol natal. Que ces terres se retrouvent au Kazakhstan, au Kirghizistan, au
Tadjikistan ou en Russie même ne fait pas grande différence pour les maîtres de ZhongNanHaï qui,
dans le Groupe de Shanghai, ménagent des voisins placés sur la route d'oléoducs qui peuvent
dans l'avenir s'avérer indispensables au pays. La Chine garde cependant à l'esprit les
spoliations territoriales passées. La Russie, elle, doute. Assise sur son magot, dans une phase
démographique inquiétante, elle se démène bruyamment face à une OTAN un peu provocatrice, sait
bien que le réel défi qui l'attend se situe, comme par le passé, du côté des plaines mongoles où se
groupe un quart de la population mondiale pressée d'apporter au monde entier un pacifique et
harmonieux message proclamant sa suprématie. De ce point de vue, Moscou est dans un état d'esprit
plus proche des Européens que des Américains, que la géographie autorise à des poussées
isolationnistes et que la Bible barde de certitudes qu'ils soient blancs ou noirs, hispaniques ou anglosaxons.
En renouvelant ses relations avec ce pays, la Chine entend préserver et élargir ses voies
d'accès aux ressources énergétiques mais aussi de contenir l'influence américaine.
Les relations sino-russes se fondent sur le « partenariat stratégique pour le XXIè
siècle » conclu en 1996, et sur le traité de bon voisinage, d'amitié et de coopération signé en
2001. Le contentieux frontalier a été apuré en 2004. Le partenariat a été renforcé par une
déclaration conjointe sur « l'ordre international au XXIè siècle », adoptée lors de la visite en
Russie du Président chinois en juillet 2005, et confirmé à l'occasion de la visite du Président
Poutine à Pékin en mars 2006. Les relations entre les deux nations sont étroites et leurs points de
vue sur les grands problèmes internationaux souvent convergents (Irak, Iran, Corée du nord). Les
deux pays s'accordent également pour essayer de limiter l'influence américaine en Asie
centrale.
Par ailleurs, ils ont développé, dans le domaine militaire, un partenariat
indispensable à la Chine, qui importe de Russie 80 % de son armement. Les deux pays ont
mené des manœuvres conjointes en 2005 et devraient renouveler cette opération en 2007 en y
associant davantage les pays membres de l'Organisation de Shanghai.
Malgré une augmentation assez rapide du commerce bilatéral au cours des dernières
années, le volume des échanges reste assez faible (avec 20 milliards de dollars en 2004, il est
dix fois moins élevé que le total des échanges entre la Chine et les Etats-Unis), ce qui satisfait peu
les Chinois. La Russie n'entend pas voir son économie « colonisée » par un partenaire qui
pillerait ses richesses naturelles et l'inonderait de ses marchandises. Cette réaction est typique
de pays qui s'estiment aujourd'hui victimes de la « voracité » chinoise.
En revanche, le volet énergie est un élément très structurant de la relation sinorusse. La Russie a fortement augmenté ses livraisons de pétrole par voie ferrée (7,5 millions de
tonnes en 2004, 15 millions en 2006). Afin d'accroître et de sécuriser ses approvisionnements
en pétrole, la Chine souhaiterait, bien sûr, que l'oléoduc transsibérien aboutisse sur son territoire,
ce que le Japon, pour des raisons identiques, refuse. Les Russes semblent s'orienter vers la
solution d'un embranchement vers la Chine (Daqing) et d'une prolongation vers la côte pour le
Japon.
En ce qui concerne la fourniture de gaz naturel, un M.O.U. (mémorandum
d'entente), signé à l'occasion de la dernière visite du Président Poutine prévoit la construction de
deux gazoducs d'une capacité de 30 à 40 milliards de m . Toutefois, les Chinois souhaitent que
le gaz leur soit facturé à un niveau bien inférieur à celui du marché, ce qui pose problème.
Enfin la relation sino-russe démontre aussi une forte proximité de positions sur les
principaux dossiers traités au Conseil de sécurité. Il est ainsi notable de voir la Russie très «
alignée » sur la Chine sur la question nord- coréenne, l'inverse étant perceptible pour le dossier
du nucléaire iranien…
g) Une présence croissante en Amérique latine
Les efforts déployés pour développer ses relations politiques avec l'Amérique latine
ont promu sensiblement les échanges économiques et commerciaux entre les deux parties. Le
volume commercial bilatéral a atteint 26,806 milliards de USD en 2003, presque 20 % de plus
qu'en 2002. La structure de l'import-export a été profondément modifiée, la proportion de
produits finis industriels importés, comme machines-outils, machinerie lourde, camions et avions,
ayant sensiblement augmenté. Les principaux produits d'Amérique latine exportés vers la Chine
sont des produits miniers, le guano de poisson, du sucre brut, de la laine, la pâte à papier. La Chine a
signé des accords sur la coopération économique et technologique ou de coopération
économique avec seize pays latino- américain, sur l'encouragement et la protection mutuelle
de l'investissement avec onze pays et, en matière de double imposition, avec cinq pays. Elle a
aussi établi un comité mixte scientifique et technologique avec le Brésil, le Mexique, le Chili,
l'Argentine et Cuba.
Le champ de la coopération économique et technologique s'élargit des échanges
commerciaux purs à l'assistance économique et à la coentreprise, dans les secteurs privilégiés que
sont l'énergie, l'exploitation minière, la sylviculture, la pêche, le textile, la confection, le bâtiment
et la transformation de produits alimentaires. Les projets d'investissement d'envergure de la Chine
en Amérique latine sont ceux de minerai de fer au Pérou, d'extraction de pétrole au
Venezuela et en Équateur, d'exploitation de minerai de fer et de production d'acier au Brésil et
celui de textile au Mexique. L'Amérique latine a effectué des investissements dans de nombreux
projets en Chine, dont le nombre total a atteint 9 000 en 2002, pour un montant total
supérieur à 30 milliards de dollars.
Conclusion
Pékin a pleinement pris conscience de l'interdépendance entre la Chine et le reste
du monde et le positionnement international de la Chine n'échappe pas aux mutations
profondes que vit ce pays.
Si la Chine s'implique activement dans le multilatéralisme, cet engagement reste très
« raisonné » et prudent. Elle y prend encore en effet davantage en compte ses propres intérêts
économiques et stratégiques que la promotion des valeurs universelles que ce multilatéralisme
est censé promouvoir, en particulier à travers l'ONU. Son activisme croissant dans les pays du Sud,
et singulièrement en Afrique, va de pair, avec une indifférence explicite à l'égard des règles de
gouvernance dans ses partenariats bilatéraux avec certains Etats du continent, et vient compliquer
les stratégies d'aide au développement fondées sur la « conditionnalité démocratique » mise en
œuvre par les puissances occidentales, en particulier l'Union européenne et la France.
Ainsi, au-delà de l'actuelle conjonction positive entre, d'une part, les intérêts et les
besoins économiques de la Chine, et, d'autre part, la stabilité internationale, régionale et
mondiale qui lui est donc indispensable, d'autre part, la lecture des objectifs ultimes de la
diplomatie chinoise reste complexe et ambivalente.
A) La chine face aux crises eco
a) la résistance à la crise asiatique de 1997
La crise économique qui frappe l’Asie en 1997 a eu plusieurs répercussions sur l’économie
chinoise, et notamment sur les équilibres extérieurs. En effet, elle est intervenue a un moment
difficile, pendant lequel la restructuration des entreprises et l’assainissement du système bancaire
ralentissaient déjà la croissance du pays et créaient des tensions sociales.
Il y a d’abord un ralentissement des investissements directs étrangers. En effet, cette crise a
entraîné une diminution des capitaux asiatiques investis en Chine et une baisse générale de l’attrait
des investisseurs pour l’économie Chinoise. Toutefois les multinationales ont accrus leurs
investissements en Chine ce qui a permis de stabiliser les investissements.
Puis il y a eu un ralentissement des échanges extérieurs. De 1990 à 1998, les exportations
augmentaient à un rythme d’environ 15% par an (1997 :+20%, 1998 : +5%). En 1999, ces exportations
diminuent. Là encore la crise asiatique est la principale cause d’explication de cette tendance. En
effet, les pays d’Asie représentaient plus du tiers des exportations en 1997. Mais on peut remarquer
que si les exportations vers l’Asie ont diminué de 10% entre 1997 et 1998, elles ont augmenté de
12% vers les Etats-Unis, et de 18% vers l’Union Européenne.. Ainsi ces augmentations ont permis
compensé d’environ 80% celles résultant de la crise asiatique.
Cette perte de compétitivité fut sans grande conséquence. Car d’une part les pays qui sont
concurrents de la Chine et qui auraient pu profiter de la diminution de sa compétitivité sont
justement eux aussi en crise. D’autre part les exportations de la Chine ont un fort contenu en
importation, ce qui les rends moins sensibles à une appréciation du Yuan. L’appréciation de la
monnaie conduit à une baisse du prix des facteurs de production importés, ce qui permet aux firmes
exportatrices de maintenir leurs marges sans augmenter leurs prix à l’exportation. Ainsi, les
exportations en sous-traitance ont mieux résisté que le reste des exportations chinoises.
Finalement, la chine a bien résisté à la crise et ces sont les lacunes chinoises en terme de
libéralisation de son économie qui lui ont permis de résister à la crise :
• le système financier chinois était peu exposé aux mouvements internationaux de capitaux.
• La monnaie chinoise n’est convertible que pour les opérations commerciales et non pour les
opérations de capitaux.
•
•
•
IV)
Le contrôle des changes a de même limité la sortie des capitaux.
Les marchés boursiers sont restés étroits et les investissements étrangers de portefeuille
limités.
Les investissements étrangers étaient des investissements surtout directs et donc peu
volatils.
Le futur de la Chine
A ) La Chine bientôt numéro
Les économistes du monde entier ont développé plusieurs idées mais ils sont tous d’accord
sur un point, la Chine sera bientôt la 1ere puissance mondiale. Pour certains la Chine devrait
rattraper le Japon à l’horizon 2050. Pour d’autres, en 2050 elle deviendrait une «hyper-puissance»;
pour certains, elle atteindrait alors le niveau actuel du Portugal.
D'une certaine façon, la Chine a commencé à ’’retrouver sa place’’ dans le monde. Son PIB global a
rejoint celui du Japon vers 1990 et dépassera celui des États-Unis autour de 2020 et celui de l’Europe
(des 25) environ cinq ans plus tard. On semble cependant s’accorder sur un point: tout ceci ne peut
arriver que si l’économique l’emporte sur le politique et sur le militaire.
a) 2025 : la Chine plus forte que les Etats-Unis dans l'économie mondiale
Dans un contexte de mondialisation croissante, le rapport de forces entre les Etats de l'OCDE
et les pays émergents est en train de s'inverser. Selon les prévisions, en 2025 déjà, la Chine détrônera
les Etats-Unis de leur rang de première puissance économique mondiale. En 2050, le pouvoir d'achat
par tête d'habitant dans les pays émergents sera deux fois plus important qu'au sein des puissances
économiques actuelles.
Aujourd'hui, le pouvoir d'achat des pays du E-7 (Chine, Inde, Brésil, Russie, Indonésie,
Mexique, Turquie) correspond à 65% du pouvoir d'achat des Etats du G-7 (Etats-Unis, Japon,
Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada). Mais les investisseurs ne devraient toutefois
pas s'intéresser uniquement aux pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine). En effet, des pays
émergents tels que le Viêt Nam, le Nigeria, les Philippines ou encore l'Egypte disposent d'atouts
majeurs en termes de croissance.
En termes de PIB (en dollars US), les pays du E-7 connaîtront une croissance moyenne de
6,4% par année. Ce chiffre sera nettement moins élevé dans les Etats du G-7, où la croissance
annuelle atteindra 2% seulement. Les nouveaux pays émergents occupent les premières places pour
ce qui est des prévisions de croissance réelle. Le Viêt Nam est en tête avec une croissance réelle de
9,8% par année. Ce chiffre s'explique par des coûts de production très bas, qui concurrencent même
la Chine. On retrouve l'Inde en deuxième position (8,5%), suivie du Nigeria (8%).
Dès 2025, selon toute probabilité, c'est la Chine, et non plus les Etats-Unis, qui sera la
puissance économique dirigeante dans le monde. En 2050, l'économie chinoise et l'économie
indienne pourront correspondre respectivement à 129% et 88% de la taille relative de l'économie
américaine. Au même moment, le Brésil pourra devancer le Japon et occuper le quatrième rang
mondial, tandis que la Russie, le Mexique et l'Indonésie ont le potentiel pour dépasser l'Allemagne et
la Grande-Bretagne. Enfin, la taille relative de l'économie turque pourrait être au même niveau que
celle de l'économie italienne.
b) Les gagnants et les perdants de la mondialisation
Les entreprises de commerce de détail font clairement partie des gagnants de la
mondialisation. Elles profitent, d'une part, des bas prix à l'importation et exploitent, d'autre part, les
possibilités de s'implanter dans des pays émergents. La Chine va devenir, d'ici à 2020, le deuxième
marché de consommateurs le plus important de la planète. Ce sont aussi les prestataires de services
sur le marché de l'énergie ainsi que dans les secteurs de la santé et des médias qui en profiteront.
Parmi les grands perdants, on retrouve principalement les producteurs traditionnels de
marchandises fabriquées en série qui, à long terme, ne pourront que très difficilement s'adapter aux
conditions imposées par la concurrence dans les pays émergents. Mais ce ne sont pas les seuls: les
entreprises qui consomment beaucoup d'énergie et de matières premières vont, elles aussi,
connaître des temps difficiles. La situation politique et écologique actuelle ne cesse de faire monter
les prix des matières premières".
c) 2035 : une montée en puissance annoncée pour la Chine
Avec des résultats annuels à deux chiffres, la Chine est actuellement le pays qui assure la plus
forte croissance économique. Un rythme que le géant asiatique semble pouvoir encore tenir
quelques décennies et qui lui permettra probablement d'être la première puissance économique
mondiale d'ici 2035.
Il ne s'agit que de conditionnel, mais la prévision est révélatrice de la montée en puissance de
la Chine en 2035, l'Empire du milieu devrait avoir la plus grande économie du monde devant les
Etats-Unis. Ses calculs indiquent même que l'économie chinoise aura doublé entre aujourd'hui et
2050. La forte croissance de la Chine est partie pour durer une bonne partie du XXI e siècle. Un
potentiel qui s'explique plus par la forte demande intérieure que l'importance des exportations du
géant asiatique.
Cette domination à venir de l'économie chinoise se traduira par un renforcement des
positions du géant asiatique dans tous les autres domaines des relations internationales : militaire,
diplomatique... En clair, si les Etats-Unis restent aujourd'hui la seule superpuissance, ils pourraient
céder la place dans le courant du siècle à l'ambitieuse Chine.
Néanmoins, la croissance de l'économie et du PIB chinois ne devrait pas se traduire
forcément par une hausse du niveau de vie de l'ensemble de la population. La qualité de vie
moyenne aux Etats-Unis voire en Europe devrait rester bien supérieure à celle en Chine, où les écarts
entre riches et pauvres sont déjà immenses et continuent à se creuser.
Il faut cependant relativiser ces résultats, qui si ils traduisent un phénomène prévisible depuis des
décennies, ne doit pas oublier les nombreux défis auxquels la Chine doit faire face (pollution,
évolution démocratique, déséquilibre des sexes, etc.).
B) Développement économique futur
Cette inégalité sociale croissante pourrait peser sur la stabilité interne.
Le développement économique s'inscrit dans un contexte de grave déséquilibre. Les
populations du centre, du nord et de l'ouest du pays sont quasiment exclues du progrès économique,
alors que la zone côtière de l'est concentre les activités industrielles et tertiaires et maîtrise
difficilement l'urbanisation de long terme.
Ce déséquilibre risque, dans le futur, de peser sur la progression économique chinoise et
crée, d'ores et déjà, une situation sociale si inégalitaire qu'elle constitue peut-être le véritable défi
auquel sera confrontée la Chine du XXIe siècle. Seule une politique active tendant à rééquilibrer le
développement économique pourra réduire ces inégalités qui sont un défi potentiel à la stabilité
interne.
Les autorités devront tenir compte des demandes d'une majorité de la population chinoise
dont le revenu annuel moyen atteint à peine 1 000 dollars. Si la Chine comprend désormais des
fortunes individuelles considérables et une classe moyenne consommatrice évaluée, suivant les
critères, de 150 à 290 millions d'habitants, cette évolution est loin de résorber les poches de
pauvreté et le fossé se creuse entre la Chine de l'intérieur et celle de la façade orientale : il est
important de souligner que le coefficient d'inégalité est plus élevé en Chine que dans tous les autres
pays asiatiques.
Par ailleurs, l'évolution démographique est un problème majeur. Le nombre de naissances
par mois est évalué à un million et plus de 15 millions de personnes arrivent chaque année sur le
marché du travail, qui ne peut les absorber malgré un taux de croissance économique élevé. Le
chômage urbain est en augmentation constante. L'économie chinoise est loin d'atteindre un rythme
de création d'emplois qui correspondrait à la croissance de son produit intérieur.
De plus, d'ici une vingtaine d'années, on estime à quelque 200 millions le nombre de paysans
qui viendront travailler dans le secteur industriel, ce qui risque d'aggraver les problèmes sociaux.
Compte tenu du strict contrôle des naissances, la Chine va connaître un problème de
vieillissement accéléré à partir de 2025 : le rapport était de 8 actifs par retraité en 1978, il est de 5,3,
aujourd'hui, et serait de 2,3 en 2030. «La Chine risque de devenir vieille avant de devenir riche ».
Ainsi, le financement des retraites et celui d'une probable sécurité sociale naissante constituent de
fortes hypothèques sur l'avenir de l'économie intérieure et accentuent le besoin d'une croissance
économique soutenue.
C) Un développement militaire qui inquiète
Le budget officiel de l'Armée Populaire de Libération pour 2004 est de 25 milliards de dollars
pour 2004, de 30 milliards de dollars pour 2005 et s'élèverait à 35 milliards de dollars pour 2006. Sa
progression constante a atteint 14,7 % en 2005.
Cette forte augmentation du budget chinois serait répartie en trois postes : les équipements
militaires, les dépenses de formation et la revalorisation des soldes des militaires dont le niveau
encore très bas (moins de 200 € mensuels par soldat dans le meilleur des cas) crée un phénomène de
désaffection des diplômés de haut niveau envers l'APL.
Toutefois, selon le Pentagone, le budget chinois de la défense s'élèverait en fait à 70, voire
100 milliards de dollars. Ainsi que le déclarait Donald Rumsfeld, en juin 2005 : « les dépenses
militaires chinoises sont bien plus élevées que ne le reconnaissent les autorités chinoises. Comme
personne ne menace la Chine, on ne peut que s'interroger : pourquoi ces investissements massifs ?
».
Certes, outre la progression du budget en termes financiers, la Chine a annoncé en mai 2006
un plan destiné à doter son armée de ses propres armes de haute technologie « nouvelle génération
» dans les quinze ans à venir afin d'éviter d'avoir recours aux armements étrangers et de pouvoir
compter sur une armée mécanisée et fondée sur l'information. Au même moment, le Pentagone a
transmis au Congrès américain son rapport annuel relatif à la politique de défense chinoise. Celui-ci
indiquait que « le rythme et l'ampleur des forces chinoises et ses développements militaires
pourraient se traduire par une menace sur le long terme. « Le développement militaire de la Chine est
tel qu'il met déjà en question les équilibres militaires régionaux. »
Le Pentagone note également que, « si la capacité de la Chine à intervenir militairement, loin
de ses frontières, reste limitée, ce pays dispose du plus grand potentiel au monde pour lui permettre
un jour de rivaliser avec les Etats-Unis. »
Mais tous ces éléments doivent être nuancés :
- un budget militaire chinois de 35 milliards de dollars correspondrait environ
au quinzième du budget militaire américain et à 1,36 % seulement du produit intérieur brut chinois ;
- la différence d'évaluation de ce budget provient notamment de ce que les Etats-Unis y
incluent des dépenses que les Chinois imputent à d'autres budgets (financement de la police militaire
par exemple) ;
- la revalorisation des soldes tient une place importante dans le budget ;
- l'APL avait acquis un tel retard par rapport aux armées occidentales qu'il était
indispensable d'améliorer le niveau de formation des militaires, d'acquérir des équipements de haute
technologie et de renforcer les capacités de projection des forces ;
- cette modernisation reste limitée. Seules les unités modernes, constituées en groupes
de réaction rapide (qui ne constituent pas plus de 15 % de l'effectif total) sont bien entraînées et
équipées de matériel récent. Le gros des forces est sous-équipé ; son matériel est obsolète et sa
mission essentielle est d'assurer la sécurité interne du pays ;
- la suprématie de l'armée de terre, parent pauvre de l'effort de modernisation, sur les
autres composantes et la complexité des processus décisionnels liée à l'imbrication des chaînes de
commandement opérationnelle et politique font de l'APL une armée peu apte à la projection de
forces dans le cadre d'opérations militaires, ailleurs que sur ses abords immédiats.
L'objectif prioritaire de Pékin est d'être en mesure de maîtriser tout conflit armé dans le détroit de
Taïwan. Concrètement, il s'agit de se donner les moyens de :
- neutraliser les forces armées taïwanaises et les centres politiques et économiques
vitaux de l'île avant que les Etats-Unis ne puissent réagir (ce qui explique que plus de 600 missiles
chinois sont déployés en face des côtes taïwanaises) ;
- atteindre les bases américaines au Japon et à Guam afin de ralentir toute intervention
de Washington ;
Pékin souhaite également renforcer le contrôle de ses frontières. La frontière continentale s'étend
sur 20 000km, la frontière maritime sur 10 000km. 14 pays sont frontaliers terrestres de la Chine et
les pays voisins au nombre de 25.
D) Problèmes lies a l’environnement
La situation de l’environnement est préoccupante et pourrait devenir un frein à la croissance
(pollution des centres industriels et urbains, diminution de la surface cultivable sous le coup de la
désertification, empoisonnement des eaux douces...).
Ainsi, six des dix villes les plus polluées du monde se trouvent en Chine, les pluies acides
tombent sur un tiers du territoire, les eaux contaminées tuent plus de 30 000 enfants chaque année :
on pourrait multiplier les exemples des méfaits d’une croissance mal contrôlée. Le rendement
énergétique est très mauvais : pour chaque dollar produit, la Chine dépense 4,7 fois plus d’énergie
que les États-Unis, et 11,5 fois plus que le Japon. Après l’amélioration constatée au cours des deux
dernières décennies, la consommation d’énergie s’est mise à augmenter plus vite que le PIB depuis
2002. Le gouvernement investit considérablement dans l’environnement et ouvre ainsi un marché
aux entreprises étrangères.
Mais il est incapable de contrôler les pratiques désastreuses des entreprises, soucieuses
avant tout de leur chiffre d’affaires. La question-clé est de savoir si le gouvernement sera capable ou
non d’imposer aux entreprises une croissance plus respectueuse de l’environnement et de mener les
politiques adéquates en matière énergétique. Encore un mauvais constat : la Chine est devenue en
2007 le premier émetteur mondial de CO2.
Dans ces conditions, les nécessités du développement d'un pays gigantesque, sa puissance
économique, scientifique et militaire ajouté à cela le désir de reconnaissance d'un peuple turbulent
largement ignorant des réalités de la planète et croyant dur comme fer devancer les souhaits de son
gouvernement forment un dangereux brouet. Tout cela augure mal d'une harmonie universelle
aujourd'hui présentée comme découlant naturellement de la place de plus en plus importante
occupée par la Chine sur la scène internationale. Si des résistances durables ou conflictuelles
apparaissent dans la mise en place du processus devant amener au couronnement de la Chine au
sommet de l'édifice mondial, la certitude populaire nationaliste l'emportera sur les timides doutes
qui peuvent parfois se faire jour dans des cercles extrêmement restreints de la population.
La Chine se trouvera alors confronté à deux sortes d'adversaires. D'un côté ceux qui
professent des certitudes philosophiques ou religieuses et qu'elle rencontrera frontalement, de
l'autre les sceptiques auxquels elle se chargera d'apprendre le nouvel évangile dont elle sera le
prophète. La Chine est et sera un acteur majeur dans le monde d’aujourd’hui et de demain.
Bibliographie
http://www.radio-canada.ca/nouvelles/dossiers/chine/index.shtml
http://www.algerie-dz.com/article896.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89conomie_de_la_Chine
http://lewebpedagogique.com/geographie/chine
http://www.lexpress.to/archives/94/
http://www.zetud.net/forums/7-9537-9579-_subject_.html
http://www.lexpansion.com/economie/l-eveil-des-multinationales-chinoises_21264.html
http://books.google.fr/books?id=5aPm9LghqUsC&dq=l'eveil+de+la+chine&printsec=frontcover&sour
ce=bl&ots=B7jdG75IX6&sig=EMmwKaexhwNPuNLzcohUwkdUNLA&hl=fr&ei=HG_fSdHzDcG0Aav_amMCQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=5#PPP1,M1
http://www.mecanopolis.org/?s=chine