ENTRÉE EN MATIÈRE

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ENTRÉE EN MATIÈRE
ENTRÉE EN MATIÈRE
Philippe COGNÉE - Daniel DEZEUZE - François DUFRÊNE
Denis LAGET - Eric PROVENCHÈRE
Anne-Marie ROGNON - Nils UDO
Œuvres de la collection du FRAC Auvergne
AU LYCÉE LAFAYETTE - BRIOUDE
Du 17 novembre au 16 décembre 2016
ENTRÉE EN MATIÈRE
Triturée, malaxée, chauffée, assemblée, déchirée ou encore déplacée, la matière est sans cesse transformée
sous les doigts de l’artiste. Il s’agit pour lui de mettre au point des processus de transformation afin que son
œuvre reflète au plus juste sa pensée esthétique et artistique. Entrée en matière montre toute la richesse de
ces transformations ainsi que la grande diversité des matériaux utilisés aujourd’hui par les artistes.
Chez Denis Laget, l’excès de matière révèle la qualité organique de sa peinture tandis que chez Philippe
Cognée son utilisation particulière de la peinture à la cire, chauffée puis lissée, offre à voir une surface
devenue poreuse et glacée. La douceur des couleurs est révélée dans les œuvres d’Eric Provenchère où
pastel gras et bâtons d’huile sont écrasés sur de simples morceaux de cagettes en bois.
Sortir de l’atelier a été le moyen pour les artistes de renouveler les matières traditionnellement employées
dans la création artistique. Un vieux sac en cuir trouvé par hasard au cours d’une promenade par Daniel
Dezeuze puis assemblé sur une branche de bambou devient le point de départ à un travail de sculpture très
délicat. Même sensibilité chez Nils Udo qui trouve dans la nature les matières naturelles (ici de la mousse
végétale) pour l’assemblage de ses constructions si légères. Quant à François Dufrêne, c’est en déchirant
minutieusement des morceaux d’affiches arrachées aux murs de la ville qu’il parvient à trouver la composition
qui allie forme, couleur et mots.
Entrée en matière offre la possibilité au spectateur d’une expérience directe de la matière, d’observer au plus
près les effets sensibles produits par ces processus de transformation et de se confronter à la physicalité des
œuvres comme devant "ce paysage de tendresse pour liliputiens" qu’Anne-Marie Rognon a imaginé pour
nous.
Philippe COGNÉE
Né en France en 1957 - Vit et travaille en France
Cœur, 1994
Encaustique sur toile tendue sur bois
22 x 14 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Depuis plus de 10 ans, Philippe Cognée tente de
peindre les sujets les plus banals qui soient. Son
questionnement est simple : un peintre peut-il
tout peindre (un château de sable, une chaise de
jardin, un immeuble, une cabane de chantier…) et
que devient un sujet très banal lorsqu’il devient
une peinture ? Que se passe-t-il lorsqu’on transfère
une chose triviale sur une toile ? Cette chose
prend-t-elle une symbolique particulière ou une
force singulière, du simple fait de devenir l’objet du
regard des spectateurs ?
C’est à cette série de questions que Philippe Cognée
tente de répondre. Il utilise un procédé identique
pour toutes ses œuvres. Le point de départ est une
photographie, que Philippe Cognée reproduit sur
une toile en utilisant de l’encaustique (cire d’abeille
mélangée à des pigments de couleurs). Cette
technique nécessite de travailler à chaud, tant que
la cire est liquide. Une fois la matière refroidie,
Philippe Cognée dispose un film en plastique sur
la totalité de la surface de l’œuvre puis, à l’aide
d’un fer à repasser, il chauffe à nouveau la cire. Les
couleurs se liquéfient, se mélangent d’elles-mêmes
puis refroidissent. Philippe Cognée arrache alors le
film en plastique, ce qui crée toutes les aspérités
visibles à la surface de l’œuvre.
Dès lors, le sujet, aussi banal soit-il, se trouve
mis à distance derrière la surface poreuse de
l’œuvre, derrière le pelliculage glacé amené
par l’encaustique, derrière la liquéfaction de la
géométrie des formes.
Cœur appartient à une grande série de peintures
de petits formats dans laquelle Philippe Cognée
a choisi de représenter des parties organiques
(cœurs, cervelles, abats). Ici se pose la question de
connaître la relation entre un sujet et les qualités
esthétiques qu’il génère. Le réalisateur David Lynch,
à qui l’on doit des films comme Elephant Man, Lost
Highway ou Mulholland Drive, explique que les
choses les plus dérangeantes, les plus repoussantes
peuvent devenir, lorsqu’elles sont vues en détail
rapproché, de très belles représentations,
esthétiquement très fortes. C’est ce qui arrive
ici avec Cœur : sa vue rapprochée et l’utilisation
de la technique de l’encaustique permettent de
transformer son aspect froid et peut-être morbide
en œuvre dotée d’une indéniable douceur et d’un
fort pouvoir de séduction.
Daniele DEZEUZE
Né en France en 1942 - Vit et travaille en France
Sans titre (Objets de cueillette), 1993
Technique mixte
Dimensions variables
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Les objets fabriqués par Daniel Dezeuze
s’apparentent davantage à des bricolages
modestes ou à des attributs de chaman qu’à des
sculptures. Leurs matériaux les rapprochent des
assemblages hétéroclites qui pourraient joncher
le sol autour de la cabane d’un excentrique, miclochard, mi-rebouteux. Ils sont construits à
partir d’éléments de récupération aussi banals
et a priori dépourvus d’intérêt qu’un vieux sac
en cuir, un porte-savon, un arrosoir en plastique…
Les différentes parties tiennent ensemble grâce
à des morceaux de scotch, des lanières de cuir,
des cordes. Nous sommes donc là bien loin d’une
certaine idée de la sculpture triomphante moulée
dans le bronze ou taillée dans le marbre. Plutôt
que de fonte ou de taille, il s’agit d’assemblages de
petites choses sans importance qui prennent peu
de place et tiennent plus ou moins bien ensemble.
Malgré leur apparence misérable, ils restent des
sculptures. Le bambou qui leur sert généralement
de pied tient lieu de socle. Le changement induit
est considérable : la sculpture ne se donne plus à
voir comme un objet massif lourdement posé sur
le sol mais comme une ligne verticale. De ce simple
fait, ces pièces entretiennent un rapport étroit
avec un corps debout.
Cependant, leur taille – plus de deux mètres –
fait qu’elles nous dominent. Longues silhouettes,
elles sont presque réduites à des graphismes
dans l’espace. En effet, leurs lignes sont plus
proches du dessin que du volume que suppose
généralement la sculpture. Appuyées contre un
mur, elles s’apparentent à un système de traits ou
à un collage se détachant sur une surface. Leur
réalisation suppose de prendre en considération
une dimension poétique. Elles sont en effet le
résultat d’objets collectés par Daniel Dezeuze
lors de promenades, d’où leur titre d’Objets
de cueillette. C’est par la déambulation et la
découverte hasardeuse que se crée l’œuvre d’art.
Chaque sculpture entretient donc une étroite
relation avec un moment précis vécu par l’artiste.
Chaque œuvre devient le témoin d’un morceau de
vie. C’est donc pour Daniel Dezeuze une manière
de matérialiser, de rendre visible et durable un
instant de bonheur ressenti lors d’une promenade.
François DUFRÊNE
Né en France en 1930 - Décédé en 1982
Et Goliath !, 1972
Dessous d’affiches lacérées, marouflées sur toile
146 x 114 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Comme Raymond Hains, François Dufrêne est
affichiste, c’est à dire qu’il trouve dans les affiches
arrachées aux murs de nos villes la matière
première de son travail artistique. Mais sa
technique diffère car il travaille sur le verso des
affiches. Il travaille par soustraction en enlevant,
déchirant jusqu’à trouver la composition qui allie
forme, couleur et mots… Dufrêne précise ainsi
que l’assemblage peut se définir de deux manières
opposées : le support papier assemblé à d’autres
supports papiers ; et l’assemblage par soustraction
de couches qui illustre l’acte d’assembler en
retirant.
L’envers favorisant la douceur des teintes, la
moindre apparition d’une ligne ou d’un mot aura
son importance. François Dufrêne découvre ainsi le
mot David suite au grattage de la surface. L’artiste
répond par le titre "Et Goliath !". Il tisse, outre la
référence biblique, un nouveau rapport de force
entre deux adversaires.
Dans ce cas, l’affiche et la pauvreté de son support
(David) sont opposées à la société de consommation
de masse (Goliath) des années 70.
Denis LAGET
Né en France en 1958 - Vit et travaille en France
Sans titre, 1987
Huile sur toile, cadre zinc sur bois
56 x 63 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Portraits, vanités, natures mortes, paysages...
Denis Laget maintient sa peinture dans les sujets
les plus classiques mais peu héroïques de l’histoire
de la peinture - à moins qu’il faille considérer que
peindre ces sujets-là après Chardin, Morandi,
Manet... serait une tâche héroïque. La mort traverse
ces sujets parce que, sans doute, la peinture parle,
en grande partie ou en général, du corps et de la
meurtrissure des chairs. On se souviendra des
autoportraits de Rembrandt comme de La Raie
de Chardin, certes, mais aussi que la peinture
occidentale s’est penchée longuement sur la
question de la représentation de la carnation et
que la transparence de sa surface renvoie à celle
de la peau, à ce que contient le corps - et du coup
pas seulement dans les peintures qui concernent
cette thématique mais dans toutes ou presque qui
ont affaire à la figure. Cette peinture renvoie donc
au corps et pas uniquement dans sa thématique
mais, également dans sa matière : une matière
épaisse, organique, croûteuse ou onctueuse,
malaxée, triturée, étalée...
La cuisine apparaît comme l’autopsie du cadavre
et révèle un corps de peinture. La jouissance
s’impose par l’excès de la surface surimposé à
la représentation et, justement, produit que la
peinture peut échapper à la représentation.
Eric PROVENCHÈRE
Né en France en 1970 - Vit et travaille en France
Fragile wind, Même le plus abîmé, Nous oublions qui nous avons
2012-2013
Bâtons d’huile, pastels gras, acrylique sur balsa collé sur carton bois
3 x (20 x 30 cm)
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Avec la série Massif, dont sont extraites les œuvres
acquises par le FRAC Auvergne, Eric Provenchère
s’est sans doute éloigné du cœur d’un propos
résolument tourné, depuis des années, vers
la couleur et vers la poursuite d’une réflexion
historiquement importante qui prend ses sources
dans l’abstraction américaine - Colorfield et
Hard Edge notamment. Mais cet éloignement
s’est incontestablement effectué au profit d’une
sensibilité accordée à la matière et au matériau
que l’artiste se refusait peut-être d’aborder ou
d’assumer, ayant consacré jusqu’alors l’énergie de
sa pratique à l’exploration de processus divers.
Avec Massif et les titres généralement poétiques
donnés à chacune des peintures qui en constitue le
corpus, Eric Provenchère ouvre la voie au versant
le plus sensible de son œuvre, renouant avec les
affinités électives qui sont les siennes et qui, depuis
longtemps, l’ont conduit à admirer d’autres artistes,
sans doute plus inclassables, comme Richard Tuttle
ou Raoul de Keyser. Peintures miniatures réalisées
en empâtements délicats sur de simples morceaux
de cagette en bois, les œuvres de la série Massif se
livrent dans une fragilité assumée qui en appelle
inévitablement à un assentiment du spectateur visà-vis d’une abstraction acceptant d’être doucement
contaminée par une forme de romantisme et de
fascination pour la beauté des matériaux.
Comme le note la critique d’art Karen Tanguy,
"cette appréhension du matériau prédomine
dans les Massifs où touches de pastel gras et de
bâton d’huile y sont apposées tout en souplesse…
[...] D’un processus plus spontané, cet ensemble
est l’un des seuls où chaque occurrence dispose
d’un titre propre encourageant ainsi certaines
analogies. [...] La relation textuelle et picturale des
pièces de l’artiste suscite chez l’observateur des
images mentales où il y perçoit une atmosphère
de paysage, parfois métaphorique, parfois plus
accidenté et tumultueux." (Extrait du texte de
Karen Tanguy pour l’exposition Tout ce que la main
peut atteindre, La Tôlerie, Clermont-Ferrand, 2014)
Anne-Marie ROGNON
Née en France en 1969 - Vit et travaille en France
Le Petit Prince, 2002
Acrylique sur papier, fil, fusain
11 x 12 x 24 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
A quelqu’un lui demandant ce qu’il aurait créé s’il avait
été en prison, Picasso aurait répondu "Peu importe,
j’aurais peint avec ma salive". De même que pour
George Brecht, l’art d’Anne-Marie Rognon requiert
si peu d’espace, et bien peu de moyen. L’artiste est
originaire de Clermont-Ferrand et a été formée par
l’école supérieure d’art de Clermont-Communauté
d’où elle est sortie avec les félicitations du jury. Elle
réalise des peintures sur des formats variables, des
installations qui seront parfois miniatures comme
celles en question ici, des vidéos la mettant en scène
dans une attitude décalée. De même que ce Funambule
réalisé en 2004 (une petite figurine se tenant sur
un fil tendu entre les deux surfaces d’un réduit de
mur), l’artiste ne connaît ni l’échelle ni le vertige.
Elle tend son filin fragile pour un Petit Prince aérien,
entre un support d’art majeur et un autre dit mineur,
entre une temporalité (celle d’un temps pluvieux) et
une autre (celle où le parapluie sèche).Utilisant les
petits recoins de l’espace qu’ordinairement chacun
ignore, coin de mur, angle d’escalier, renfoncement
de porte, cueillie de plafond, écoinçon, jambage de
fenêtre, Anne-Marie Rognon les repeint ou non, mais
s’y installe pour une modeste intervention. Petit
carottage du réel, prélèvement du quotidien, décor
de théâtre à l’échelle de nos doigts, pop-up pour
spectateur à genoux, cet espace local construit dans
un espace global se fait alors monumental. Armée de
son métalangage puissant tel un dessin d’enfant, elle
s’installe dans un univers qui lui appartient.
Il est possible, comme l’insinue Jean-Paul Fargier
dans le texte accompagnant son exposition au
Centre d’Art de Saint-Fons en 2001, que l’artiste
porte un regard critique sur notre monde actuel.
Je devine pour ma part une construction mentale
singulière. L’artiste tisse dans l’espace, pour le
visiteur, une sorte de piège d’araignée sans venin
pour petits enchantements virevoltants. "Avec
l’âge, je me sens de plus en plus responsable de
mon propre bonheur. […] J’aime m’asseoir à une
table, goûter un bon vin, serrer mes amis dans
mes bras ", confesse le réalisateur italien Ermanno
Olmi. De même que Charles Trenet voyait le monde
dans le cœur d’une noix, de même que ces pères
du "paysagisme chinois", de même que maître Gu
Yiang, l’art en question ici tient moins à conquérir
qu’à capter et activer un temps de félicité.
L’œuvre en kit se doit d’être reformulée, et à
chaque fois déplié et installée pour être présentée.
En rangeant ces délicates créations dans des
encoignures méprisées, l’auteur creuse une petite
niche de curiosité dans l’espace commun. Ces
simples scènes qui ramènent au plus pauvre du
quotidien agissent pourtant tel un drap parfumé
de lavande dans l’armoire de la mémoire. Une fois
posé, ce tableau à trois dimensions pour spectateur
lilliputien ouvre, véritable judas, un paysage de
tendresse dans l’imaginaire de chacun.
Nils UDO
Né en Allemagne en 1937 - Vit et travaille en Allemagne
Sans titre (Auvergne), 2000
Ilfochrome
124 x 124 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Pour Nils-Udo la photographie est une trace, un
témoignage, ce qui reste d’un travail de sculpture
qui se fait avec et dans la nature, et qui est amené
dès lors à se transformer avec le temps, voire à
disparaître. En novembre 2000, il a ainsi réalisé,
dans le cadre d’un projet pédagogique, une série
d’installations sur le site des orgues basaltiques
de Lavoûte-Chilhac en Auvergne et sur les rives de
l’Allier près de Brioude. La photographie acquise
par le FRAC Auvergne est le souvenir de l’une de
ces installations, réalisée avec de la mousse sur les
colonnes de basalte.
L’art de Nils-Udo est un art "doux" : alors que la
sculpture traditionnelle taille, coupe, tranche le
bois ou la pierre, modèle la terre et conserve les
formes ainsi créées dans le bronze, ses œuvres
sont réalisées sans aucune agressivité à l’égard
de la nature et des éléments naturels. Ses outils
ne sont pas le burin, le ciseau ou la hache, mais
le vent ou l’eau. Il ne frappe pas ses matériaux
mais se contente de les assembler ou de les faire
se rencontrer. Et ses matériaux sont des branches,
des feuilles, des fleurs, des mousses, tout ce que
peut trouver dans la nature un promeneur attentif.
Dès lors ses œuvres sont des constructions légères
sur lesquelles le regard ne vient pas buter comme
il buterait sur un objet clos : il les traverse. Ce sont
des constructions qui n’imposent pas leur masse,
leur volume ou leur opacité à un site naturel. Elles
se fondent au contraire dans la nature, à peine
lisibles parfois, plus proches du dessin dans l’espace
que de la sculpture. Un art qui approche ainsi la
nature et les matériaux, d’une façon non violente,
est bien l’art d’une époque qui sait que la nature
est menacée.
L’art de Nils-Udo se met à l’unisson de la nature et
fait ce qu’elle-même fait : déplacer les objets, les
réassembler comme le fait le vent qui emmène les
feuilles et les pollens ou comme le fait l’eau qui crée
parfois dans le cours des rivières des assemblages
étranges de pierre et de bois. Créer des jeux de
lumière, des transparences, des jeux de formes
(et dans l’installation dont la photographie est le
témoin, le jeu des horizontales et des verticales, la
rencontre de la pierre dure et de la mousse tendre).
Ne jamais fixer cela dans le bronze ou le marbre,
mais le laisser vivre et subir les assauts du temps.
Faire de l’art loin des lieux qui lui sont consacrés et
en ramener ces témoignages photographiques
comme pour dire que l’art n’est pas forcé d’imiter
les produits de l’industrie. Un art d’apaisement en
somme.
REPÈRES
REFÉRENCES
Entrée en matière
ART
1840-1917 : Auguste Rodin
1962 : Yves Klein, L’arbre
1964 : Lucio Fontana, Concetto Spaziale
1970 : Cesar, Expansion n°14
1977 : Wolfgang Lieb, Pollen from Hazelnut
2005 : Wim Delvoye, Tattooed Pigs
2005 : Robert Smithson, Spiral Jetty
2012 : Tony Cragg, Group
ARCHITECTURE
1995 : Shigeru Ban, Maisons en tubes de carton, Japon
LITTERATURE/POESIE
1975 : Charles Reznikoff, Holocauste
1981 : Charles Reznikoff, Témoignages les Etats-Unis, 1885-1890
POUR ALLER PLUS LOIN
Entrée en matière dans la collection du FRAC Auvergne
> Etienne BOSSUT, Grand Laocoon, 2004, Moulage en polyester teinté dans la masse, 200 x 300 x 215 cm
Collection FRAC Auvergne (En dépôt longue durée au CHU d’Estaing, Clermont-Ferrand)
Notice de l’œuvre
Depuis plus de vingt ans, Etienne Bossut utilise des
objets du quotidien (pots, bassines, chaises...) ou
de design (meubles, fauteuils...) comme matrices
destinées à être le modèle de moulages en résine
teintée. Les objets manufacturés sont reproduits à
l’identique, à l’échelle 1 et se muent, par le jeu de la
couleur, de la répétition et de la mise en espace, en
des objets sculpturaux étonnants. Grand Laocoon
appartient à la série Laocoon, initiée en 2003. Elle
utilise un moulage du fauteuil Orgone créé par le
designer australien Marc Newson. Elle est le résultat
d’un empilement de 39 moulages de fauteuil
produisant ainsi cette forme s’enroulant sur ellemême. Les titres des sculptures d’Etienne Bossut
sont souvent essentiels à la compréhension de son
œuvre. C’est avec beaucoup d’attention qu’il les
choisit, jouant avec les mots et les formes, faisant
référence à l’histoire de la sculpture, de l’art ou du
cinéma. Ces titres sont des indices pour nous aider
à regarder et à voir. Le titre de cette oœuvre, Grand
Laocoon, fait référence à l’un des épisodes les plus
fameux de la Guerre de Troie.
Un matin, les troyens découvrent devant les portes
de leur ville un immense cheval en bois. Alors
qu’ils hésitent à le faire entrer dans la cité, leur
prêtre, Laocoon, leur conseille de ne pas accepter
ce présent. Peu après, alors qu’il se trouve au bord
de la mer avec ses fils, Laocoon est saisi par deux
énormes serpents de mer et meurt étouffé. Les
troyens voient alors dans la mort de leur prêtre une
punition divine pour ne pas avoir accepté le cheval,
le font entrer dans la ville, ce qui causera leur
perte... Des soldats grecs étaient, en réalité, cachés
à l’intérieur du cheval et, dès la nuit tombée, ils en
profitèrent pour sortir et piller la ville entière. La
composition d’Etienne Bossut reprend ainsi le cercle
formé par les serpents qui attaquent le prêtre et ses
fils, enfermant ainsi la vérité dans un silence qui sera
fatal à Troie. L’artiste fait là une référence à l’une des
sculptures antiques les plus célèbres : le Laocoon en
marbre conservé au musée du Vatican à Rome.
> Eugène LEROY
Atelier 94/6, 1994, Huile sur toile, 100 x 81 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Eugène Leroy a poursuivi pendant plus de 50 ans
une œuvre singulière, singulière parce qu’elle
semble n’avoir été marquée par aucun des courants
majeurs qui ont traversé cette période et qu’elle
s’est établie dans une continuité sans rupture. Si
l’on peut percevoir, dans les peintures des années
40 et 50, quelques réminiscences du siècle (de
Marquet à Fautrier), c’est avant tout avec la peinture
ancienne que cette œuvre entretient un dialogue
(Rembrandt, Velásquez, Chardin, Delacroix...). Ce
dialogue s’établit surtout par sa problématique
: comment représenter un corps, quelle est la
relation entre la peinture et la chair, qu’est-ce que
la peinture montre du visible... ?
Toute la peinture de Leroy représente un corps
fortement en matière. Si le corps émerge
difficilement, c’est par défaut – il va sans dire que
ce défaut est l’exigence de cette peinture. C’est
parce qu’il y a une difficulté primordiale à voir qu’il
y a une difficulté à représenter, et cette difficulté
impose la surcharge, la sédimentation. En cela,
c’est une peinture qui tente de dépasser son propre
échec, l’échec à faire un corps produit malgré tout
un corps et ce jeu dans son recommencement
perpétuel. Eugène Leroy impose une équivalence
entre la vision du peintre et la vision du spectateur.
Le spectateur est placé dans une difficulté à voir, de
loin comme de près, par la disparition du contraste
coloré et le jeu de valeur sur valeur. [...] Eugène
Leroy ne saisit jamais l’aspect extérieur des choses
mais saisit l’aspect dans la matière, dans la matière
de la peinture, des choses elles-mêmes. Aussi, elle
est, même en dehors de ce qui est représenté,
fortement corporelle. On se souvient, de la question
que se posaient Picasso et Braque, dès qu’ils
faisaient un nu : "Est-ce qu’il sent sous les aisselles
?", la peinture de Leroy y répond par la sécrétion, la
salissure, la croûte... "Que voulez-vous faire devant
une toile blanche, puisque lorsqu’elle est blanche
elle est finie, sinon la salir", affirme Eugène Leroy.
La matière même de la peinture devient aussi
quelque chose de l’ordre du vivant parce que Leroy
emploie une forte épaisseur de peinture à l’huile qui
mettra des décennies à sécher, qui se transformera,
suintera, se plissera, se rétractera et se ridera. C’est
véritablement un corps qui continue à respirer, à
prendre en compte la lumière, l’humidité, l’air...
> Daniel SPOERRI
Voyage en Islande et au Groënland,1989, Eléments divers collés sur gravures du 19ème siècle
160 x 90 x 40 cm
Collection FRAC Auvergne
Notice de l’œuvre
Originaire de Roumanie, Daniel Spoerri est membre
du Nouveau Réalisme dans les années 60. Son
œuvre s’est rapidement imposée en raison de la
technique employée par Spoerri consistant, dans
les années 60, à réaliser des tableaux constitués
de restes de repas collés tels quels par l’artiste
sur un support puis redressés sur le mur. Ces
tableaux-pièges comme il les nomme, ne sont ni
des peintures ni des sculptures mais de véritables
bas-reliefs contemporains.
Il en va ainsi de l’œuvre intitulée Voyage en Islande
et au Groenland. Ce tableau présente des gravures
du 19ème siècle appartenant à l’origine à un atlas
publié à l’issue d’une expédition commanditée par
le roi Louis-Philippe dans les pays nordiques. Ces
gravures représentent des lépreux découverts en
Islande et au Groenland, ce qui à l’époque avait créé
la surprise car la lèpre était alors considérée comme
une maladie exclusivement tropicale. Spoerri ajoute
à ces gravures une série hétéroclite d’objets dont
l’éclectisme vient ajouter du "relief" aux maladies
de la peau des lépreux. Le tableau semble lui-même
contaminé par l’épidémie importée par la maquette
de bateau, souvenir de l’épopée des grandes
découvertes.
Cette œuvre, en évoquant la quête d’horizons
nouveaux et de terres inconnues, transmet
l’exaltation ayant accompagné les longs et périlleux
voyages des explorateurs de tous temps. Mais
simultanément, elle ouvre une réflexion sur les
motivations commerciales et coloniales de telles
expéditions et sur les violences dont elles sont
porteuses.
Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC), créés au début des années 80, sont des institutions dotées
de trois missions essentielles.
La première consiste à constituer des collections d’œuvres d’art représentatives de la création contemporaine
de ces 50 dernières années. La seconde est une mission de diffusion de ces collections sous forme d’expositions,
tant dans les régions d’implantation des FRAC respectifs qu’ailleurs en France et à l’étranger. Enfin, la troisième
raison d’être de ces institutions est d’œuvrer pour une meilleure sensibilisation des publics à l’art de notre
époque.
Le FRAC Auvergne a choisi dès le départ d’orienter sa collection vers le domaine pictural, se dotant ainsi
d’une identité tout à fait spécifique dans le paysage culturel français.
Aujourd’hui composée de plus de 750 œuvres, cette collection circule chaque année en région Auvergne et
ailleurs, à raison de 20 expositions annuelles.
Le FRAC Auvergne bénéficie du soutien du Conseil Régional d’Auvergne Rhône Alpes et du Ministère de la
Culture – Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Auvergne Rhône Alpes.
Il est également soutenu, pour l’Art dans les Lycées, par le Rectorat.
PROGRAMMATION FRAC 2016-2017
FRAC Auvergne
6 rue du Terrail
63000 Clermont-Ferrand
Retour au meilleur des mondes
Exposition des œuvres de la collection du FRAC Auvergne
Jusqu’au 2 octobre 2016
Ilse D’Hollander
Du 8 octobre au 30 décembre 2016
Pierre Gonnord
Du 14 janvier au 26 mars 2017
Gregory Crewdson
Du 8 avril au 18 juin 2017
Expositions hors les murs
Claude Lévêque
Domaine Royal de Randan - Jusqu’au 2 octobre 2016
Photographies Collections du FRAC Auvergne et du Centre national des arts plastiques
Michel Campeau - Stéphane Couturier - Thomas Demand - Rineke Dijkstra - Geert Goiris
Nan Goldin - Pierre Gonnord - Pascal Kern - Manuela Marques - Éric Poitevin - Zineb Sedira
Vincent J. Stoker - Yuri Kozyrev - Jeanloup Sieff - Patrick Tosani - Hocine Zaourar
Musée d’art et d’archéologie d’Aurillac - Jusqu’au 29 octobre 2016
PROGRAMMATION LYCÉES 2016-2017
La fabrique de l’image
> Lycée Pierre-Joël Bonté, Riom. Du 13 octobre au 8 décembre 2016 (dans le cadre de l’EROA)
> Lycée Louis Pasteur, Lempdes. Du 16 janvier au 17 février 2017
> Lycée agricole de Neuvy, Moulins. Du 14 mars au 13 avril 2017
Le geste de la couleur
> Lycée le Sacré Cœur, Yssingeaux. Du 15 novembre au 13 décembre 2016
> Lycée Sainte-Marie, Riom. Du 17 janvier au 16 février 2017
Entrée en matière
> Lycée Lafayette, Brioude. Du 17 novembre au 16 décembre 2016
Face-à-Face
> Lycée Jean Monnet, Yzeure. Du 22 novembre 2016au 13 mars 2017 (dans le cadre du jumelage)
Espaces sensibles
> Cité scolaire Albert Londres, Cusset. Du 17 janvier au 16 février 2017
Anatomies
> Lycée agricole de St-Gervais d’Auvergne. Du 16 mars au 14 avril 2017
Autres expositions pédagogiques
> Lycée Godefroy de Bouillon, Clermont-Ferrand. Du 10 novembre au 14 décembre 2016 (dans le cadre du
jumelage)
> Lycée René Descartes, Cournon. Du 31 janvier au 24 mars 2017 (dans le cadre du jumelage)
> Lycée Blaise Pascal, Ambert. Du 9 mars au 2 mai 2017 (dans le cadre de l’EROA)
INFORMATIONS PRATIQUES
FRAC Administration
1 rue Barbançon
63000 Clermont-Ferrand
Tél. : 04.73.90.5000
[email protected]
Site internet : www.fracauvergne.com
FRAC Salle d’exposition
6 rue du Terrail
63000 Clermont-Ferrand
Tél. : 04 73.90.5000
Ouverture :
- de 14 h à 18 h du mardi au samedi
- de 15 h à 18 h le dimanche
- fermeture les jours fériés
Entrée libre
Contact pour les scolaires
Laure Forlay, chargée des publics au FRAC Auvergne
04.73.74.66.20 ou par mail à : [email protected]
Patrice Leray, Professeur correspondant culturel
[email protected]
Ce document est disponible en téléchargement sur le site du FRAC Auvergne :
www.fracauvergne.com