EPREUVE POUR ANALYSE CRITIQUE D`ARTICLE
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EPREUVE POUR ANALYSE CRITIQUE D`ARTICLE
EPREUVE POUR ANALYSE CRITIQUE D’ARTICLE Antibioprophylaxie et l’Infection Urinaire Récurrente chez les Enfants Craig et al. New England Journal of Medicine 2009; Numéro de registre de cet essai clinique ACTR (Australian New Zealand Clinical Trials Registry number 2608000470392) L’Infection Urinaire (IU) est une maladie fréquente chez l’enfant. Elle affecte 2% des garçons et 8% des filles jusqu’à l’âge de 7 ans 1. Elle est associée à une morbidité à long terme avec atteinte rénale, rapportée dans 5% des cas 2. L’observation d’une association entre l’IU et le reflux Vesico-Urétéral (RVU) avec l’atteinte rénale 3-5 a conduit à la détection du reflux par l’urétérocystographie chez les enfants avec IU 6,7 et à l’administration de faible dose d’antibiotique (ATB) au long cours 8 pour prévenir la récidive d’IU et ses conséquences rénales. Parce que les enfants ne présentant pas de reflux semblaient aussi à risque de séquelles rénales, l’antibioprophylaxie a été étendue par la suite à ces enfants 9. Cependant, devant l’absence d’essai clinique randomisé de puissance suffisante 10,11, cette approche thérapeutique a été remise en question 12,13. Notre étude, appelée Prévention de la Récurrence de l’Infection Urinaire chez les Enfants avec Reflux Vesico-Urétéral ou avec Voies Urinaires Normales (PRIVENT), a été conçue afin de déterminer l’efficacité d’un traitement à long terme à dose faible de sulfaméthoxazole/ triméthoprime dans la prévention de récurrence des IU basses. Méthodes Patients Quatre centres en Australie ont recruté les enfants âgés de 0 à 18 ans ayant présenté au moins une IU symptomatique14. Les enfants étaient éligibles quel que soit le grade de leur RVU. L’IU symptomatique a été définie par des symptômes cohérents avec une IU associés à une culture positive définie par la croissance de n’importe quel organisme pathogène après un prélèvement urinaire par cathéter sus-pubien, ou la présence d’au moins 107 unités formant colonie par litre d’un seul microorganisme obtenu à partir d’un échantillon de jet urinaire. Les enfants avec trouble neurologique, orthopédique, ou pathologie prédisposant à une anomalie urologique ou chez qui l’ATB sulfaméthoxazole/triméthoprime (TMP-SMX) était contre-indiqué étaient inéligibles. Type d’Etude Les enfants ayant été traités à court terme, ayant eu une imagerie du tractus rénal (si indiquée) et étantcliniquement asymptomatique avant le recrutement ont été randomisés pour recevoir soit (TMP-SMX) (Bactrim, Roche) soit le placebo (avec couleur, goût, texture identique), pendant 12 mois. Le traitement était interrompu lorsqu’une IU survenait. Le traitement par TMP-SMX a été choisi car il est internationalement recommandé en première intention dans cette indication6,7,15,16. Les investigateurs, les patients, les pharmaciens, les évaluateurs externes, et le biostatisticien de l’étude n’avaient pas connaissance de la nature du traitement. La liste de randomisation a été générée par ordinateur et stratifiée pour le centre, la provenance du patient (envoyé par un médecin généraliste, spécialiste, etc.), la fréquence des IU préalables, le statut du RVU, l’âge, le sexe, en utilisant la méthode de minimisation17. La randomisation centralisée était effectuée par téléphone par un centre de coordination d’essai clinique indépendant, après que les parents aient donné leur consentement. 1 L’étude a été financée par l’Institut de Santé National et la Fondation Financière pour les Enfants de l’Australie. Les médicaments utilisés dans l’essai ont été achetés. Les investigateurs de Privent étaient responsables de tous les aspects de l’essai. Imagerie de la voie urinaire. Aucun prérequis en termes d’imagerie n’était demandé pour l’étude. Cette décision était fondée sur le fait qu’aucun consensus ne semble exister dans le monde sur la place de l’imagerie18. Les protocoles de chaque centre étaient utilisés avec possibilité d’utiliser l’ultrasonographie, l’urétrocystographie et la scintigraphie au TC 99 m marqué par acide dimercaptosuccinique. Quatre-vingt-neuf pourcent des examens ont été revus de manière centralisée. Lorsque la lecture centralisée n’a pas été possible, le rapport clinique local effectué en routine a été utilisé. Le RVU19 a été classé en utilisant l’étude Internationale de Reflux, et l’atteinte rénale a été classée en utilisant les critères de Goldraich et al20. Médicament de l’étude Après l’obtention du consentement et avant la randomisation, tous les enfants ont reçu TMPSMX pendant 2 semaines en simple insu pendant une période d’essai. Après randomisation et tous les 3 mois, les médicaments de l’étude ont été dispensés avec une dose quotidienne calculée en fonction du poids (2 mg TMP plus 10 mg SMX par Kg de poids corporel ou 0.25 ml de suspension contenant 40 mg de TMP et 200 mg de SMX pour 5 ml). L’adhérence au traitement a été évaluée en comparant le contenu des flacons tous les trois mois et en questionnant directement les parents pendant l’étude. Procédure de suivi des patients Les enfants étaient vus tous les 3 mois pendant 12 mois. A chaque visite, le poids, la taille, la pression artérielle, l’observance et la survenue d’une IU ou des critères secondaires notés dans le cahier ou le dossier hospitalier du patient étaient enregistrés. Critères Principal et Secondaire Le critère principal était l’IU symptomatique pendant les 12 mois de suivi avec la même définition que celle utilisée lors de l’inclusion des patients. En cas d’IU, le traitement était arrêté et les soins cliniques de routine étaient proposés à l’enfant par le médecin traitant. Les enfants n’étaient pas suivis au-delà de 12 mois. Les critères secondaires étaient l’IU avec température supérieure à 38 °C (ou ATCD de fièvre), l’hospitalisation pour IU, l’hospitalisation pour causes autres qu’IU, la prise d’ATB pour d’autres maladies infectieuses, et la détérioration de la scintigraphie. La scintigraphie était recommandée à la fin de l’étude chez les enfants ayant une image anormale à l’entrée dans l’étude ou ayant eu une IU. Les IU dues aux bactéries résistantes au TMP-SMX ont été rajoutées comme critère secondaire. Analyse statistique Notre objectif était de recruter 780 enfants (390 dans chaque bras) sur la base d’une réduction clinique de récidive d’IU de 10% pendant les 12 mois de suivi avec un taux d’événements estimé à 29%. Avec un taux de non observance de 10%, ce nombre de patients nous procurait une puissance de 80% avec un risque αen bilatéral de 5%. Un risque d’événements de 20% dans le groupe traité était fondé sur les essais avec ATB chez les enfants avec ou sans RVU. Toutes les analyses ont été effectuées en intention de traitement. 2 Nous avons comparé les proportions d’enfants avec critères principal et secondaires dans les deux groupes en analysant les délais d’apparition d’événement. Le test Xi ² a été utilisé pour les autres données. Le test de Log-Rank a été utilisé pour analyser les données sur le critère principal. La méthode de régression de risque proportionnel de Cox a été utilisée pour obtenir le taux d’événement non ajusté et ajusté sur les facteurs de stratifications et afin d’étudier la modification de l’effet du traitement en fonction de ces facteurs de risque. Les données des patients perdus de vue ont été considérées comme censurées. Les données des enfants qui n’ont pas eu d’IU après 12 mois de suivi ont été censurées à cette date. Nous avons utilisé la méthode de Kaplan-Meier afin d’estimer la proportion des enfants avec IU. Nous avons calculé le nombre d’enfants qu’il faudrait traiter pour prévenir un événement à partir des rapports de taux d’événements et de leur intervalle de confiance21. Afin de déterminer si l’effet du traitement variait en fonction du stade de reflux, une analyse en sous-groupe définie a priori a été planifiée, en fonction du stade de reflux, et un test d’interaction a été utilisé dans le modèle de Cox. Une analyse en sous-groupe post hoc a aussi été effectuée en utilisant d’autres variables de stratification incluant la sensibilité de l’infection ou la résistance au TMP-SMX. L’effet du traitement a été décrit par le rapport de taux (équivalent du risque relatif), de réduction du risque absolu et de leurs intervalles de confiance à 95%. Toutes les valeurs de P rapportées sont en bilatéral et n’ont pas été ajustées pour des analyses multiples. Résultats Recrutement et suivi De Décembre 1998 à Mars 2007, nous avons revu les résultats des tests urinaires de 9482 patients. Seulement 2960 des patients ont été jugés éligibles pour l’étude. Parmi les patients éligibles, le consentement a été obtenu pour 645 (22%), 576 (89% de ceux qui ont donné leur consentement) ont été randomisés après 2 semaines de « run-in »1. Les raisons de l’inéligibilité, l’absence de consentement et les exclusions après randomisation sont présentées dans la figure 1. Le recrutement a cessé après l’inclusion de 576 patients (780 patients prévus) car le recrutement était trop lent dans certains centres. La décision d’arrêter le recrutement a été prise sans connaître les résultats de l’étude et a été basée uniquement sur le taux d’inclusion. Parmi les 576 patients qui ont été randomisés, 564 ont été suivis pendant 12 mois. 12 enfants (4 ATB, 8 Placebo) ont été perdus de vue ; 13 enfants (6 ATB, 7 Placebo) ne remplissaient pas les critères d’éligibilité mais ont été randomisés et secondairement détectés lors de la procédure d’analyse centralisée et de validation des données. Les raisons d’inéligibilité étaient IU non confirmée (2 patients), IU asymptomatique (2 patients), prélèvement d’urine avec une poche (3 patients), culture bactérienne en deçà de la limite (5 patients). Caractéristiques des patients à l’entrée dans l’étude 288 patients ont été randomisés dans chaque bras. Les caractéristiques des patients ne semblaient pas différer entre les deux groupes après la randomisation (Tableau 1). Dans l’ensemble, l’âge médian à l’entrée était de 14 mois, 64% des patients étaient des filles, 42 % avaient un RVU (grade II dans 53 % des cas) et 71 % ont été enrôlés après un premier diagnostic d’IU. Dans les deux groupes, approximativement 87% des infections étaient causées par E Coli, 15% des bactéries à l’origine de l’infection étaient résistants au TPM-SMX. Pendant la durée de l’étude, un certain nombre de patients ont arrêté leur traitement pour des raisons autres que le diagnostic d’IU symptomatique : 90 des 576 patients (16%) à 3 mois, 122 1 Période avant la randomisation qui sert à s’assurer que les patients remplissent les critères d’éligibilité 3 des 514 patients (24%) à 6 mois, 141 des 495 patients à 9 mois (28%) et 151 des 485 patients à 12 mois (31%). Un total de 29 enfants (15 dans ATB et 14 dans le groupe placebo) ont arrêté leur traitement et ont repris leur traitement à 12 mois. 14 enfants (4 dans le groupe ATB et 10 dans le groupe placebo) (2%) ont arrêté définitivement leur traitement pour cause d’événements indésirables qualifiés de modérés. Aucune différence n’a été détectée entre les deux groupes en ce qui concerne l’observance. Critère principal Pendant la durée de l’étude, une IU a été diagnostiquée chez 36 des 288 patients (13%) dans le groupe ATB et 55 des 288 (19%) dans le groupe placebo (risque relatif de 0.61 ; IC 95% 0.40, 0.93 ; P=0. 02 test de log rank), une réduction absolue de risque de 6% (IC 95% 1 à 13) (figure 2). Donc à 12 mois, 14 patients (IC 95%, 9 à 86) auraient besoin d’être traités pour prévenir une IU. La moitié des événements dans le groupe placebo sont survenus pendant les 3 premiers mois après la randomisation ; 25% des événements sont survenus pendant les 3 mois qui ont suivi. Le spectre des bactéries à l’origine de l’infection a été similaire entre les deux groupes, avec E Coli reconnu comme cause chez 30 des 36 patients (83%) dans le groupe ATB et chez 46 des 55 patients dans le groupe placebo. L’effet de TMP-SMX dans la prévention de l’IU ne variait pas de manière significative dans les différentes strates d’âge, de sexe, de statut du reflux, d’ATCD de plus d’une IU, de sensibilité de la bactérie en cause au traitement par TMP-SMX. Le risque relatif ne variait pas de manière significative et la différence du risque absolu était de 6 à 8% entre les différents sous-groupes. L’effet du traitement était en faveur de TMP-SMX pour tous les sous-groupes sauf pour les enfants qui avaient une IU résistante au TMP-SMX. Critères secondaires Les fréquences de survenue des critères secondaires étaient inférieures mais de manière nonsignificative dans le groupe ATB par rapport au groupe placebo, à l’exception des IU résistantes au TMP-SMX qui étaient plus fréquentes dans le groupe ATB. Pendant la durée du traitement, une IU avec fièvre est survenue chez 19 des 288 patients (7%) dans le groupe ATB et 36 des 288 patients (13%) dans le groupe placebo (risque relatif 0.49 ; IC 95% 0.28 à 0.86; P= 0.01 et une réduction absolue de risque de 6% IC 95% 1 à 11) Figure 4. L’effet de TMP-SMX sur la prévention des IU symptomatiques et fébriles ne variait pas dans les différentes strates en terme relatif ou absolu. La progression vers des résultats anormaux sur le scanner rénal à l’entrée de l’étude ne différait pas entre les deux groupes. Très peu de patients ont eu une aggravation de leur état rénal à l’imagerie comme il était attendu. Les hospitalisations et les effets indésirables étaient moins fréquents dans le groupe ATB par rapport au placebo mais ces différences n’étaient pas statistiquement significatives. Alors que le nombre d’enfants ayant reçu au moins un traitement par ATB pour autres causes que l’IU n’était pas significativement inférieur dans le groupe ATB, un test de tendance montrait que les enfants sous placebo avaient plus de chance de recevoir un traitement par ATB que le groupe ATB pour d’autres infections. Discussion Le traitement à dose faible et au long-cours par TMP-SMX était associé à une réduction modeste dans le nombre d’IU symptomatiques chez les enfants prédisposés, avec une réduction de risque absolu de 6 pourcent. Cette découverte signifie que 14 enfants auraient besoin d’être traités pour prévenir un cas d’IU. L’effet du traitement semble constant lorsqu’on tient compte des facteurs de risque. La tendance des récurrences suggère que le bénéfice était plus grand pendant 4 les 6 premiers mois de traitement, le moment le plus vraisemblable pour la récurrence d’IU. Alors que le TMP-SMX prévenait l’IU de manière générale, nos données suggèrent que l’administration prolongée avait pour conséquence de changer la susceptibilité des pathogènes avec une augmentation de risque d’IU symptomatique due aux bactéries résistantes au TMPSMX. Les résultats indiquent que les enfants avec une infection résistante au TMP-SMX pourraient ne pas bénéficier de cette prophylaxie. Un bénéfice à long terme de cette prophylaxie sur les lésions rénales reste spéculatif, étant donné que notre étude n’avait pas la puissance suffisante pour analyser ce résultat. Cependant, étant donné la modeste réduction du risque d’IU dans le groupe ATB et le faible risque de lésion rénale (5%) après la survenue d’une seule infection2, la quantité de l’effet du traitement sur ces lésions est vraisemblablement faible dans le meilleur des cas. Nos résultats sont renforcés par le fait que le risque d’IU fébrile était réduit chez les enfants sous ATB. L’ATB au long cours ne semble pas les prédisposer à d’autres infections, étant donné que les infections ayant nécessité une antibiothérapie étaient moins fréquentes dans le groupe ATB. Peu d’essais cliniques randomisés contrôlés ont été réalisés dans ce domaine22. En 1970, 4 essais ont montré une tendance à la réduction du nombre d’IU dans le groupe ATB23-26. Cependant, au total 172 enfants ont été inclus dans ces études dont 32 enfants avec RVU. De plus, ces études avaient des limites méthodologiques et le diagnostic de l’IU était fondé sur la culture urinaire et non sur les symptômes cliniquement importants, ce qui réduit l’intérêt de leurs résultats. Malgré le manque de connaissances sur l’intérêt de l’antibioprophylaxie, 20 ans sans essais cliniques ont suivi, pendant lesquels, l’antibioprophylaxie a été considérée comme la bonne pratique clinique rendant l’utilisation du placebo non éthique. Pendant la dernière décennie, devant l’incertitude sur l’efficacité des ATB dans la prévention de l’IU, 5 essais contrôlés randomisés ont été publiés chez les enfants avec ou sans reflux27-31. Cependant, aucun de ces essais n’était versus placebo et aucun ne rapportait l’observance du traitement. De plus, ces essais étaient peu puissants avec des tailles d’échantillon variant entre 100 et 218 patients10,11,32. Ces essais ne montraient pas de bénéfice du traitement prophylactique, avec une différence du risque absolu de 0.9 à 6%. La discordance entre ces résultats et le nôtre pourrait être expliquée par le manque d’adhérence au traitement au long cours, le manque de puissance statistique, et le déséquilibre entre les traitements concomitants entre les deux groupes. Nous attendons avec beaucoup d’intérêt les résultats de l’essai « Randomized Intervention for Children with Vesicoureteral Reflux (RUVUR) » 33, financé par l’Institut national de la Santé aux Etats-Unis. Une récente étude de cohorte 34 n’a pas montré de bénéfice de l’antibioprophylaxie, mais la nature observationnelle de l’étude n’exclut pas la présence de biais de sélection, et la possibilité que la validité des résultats sur le critère de l’étude (IU) soit mise en question. Notre étude avait quelques limites potentielles. Nous pensions recruter 780 enfants mais n’avons recruté que 576, essentiellement à cause d’un changement d’attitude des médecins et une prise de distance vis à vis de l’antibioprophylaxie pendant les 10 ans de la période de recrutement. Cependant, notre essai était assez puissant pour montrer une réduction du taux d’IU symptomatiques, et nos analyses sont valides car l’arrêt de l’étude a été décidé sans être influencé par les résultats. Notre étude n’était pas conçue pour estimer l’effet du traitement sur la progression des lésions rénales vues à la scintigraphie. Etant donné le faible taux de lésions rénales persistantes après une seule IU et le bénéfice modeste des ATB, un essai devrait enrôler 2 à 3 fois plus de patients que le nôtre afin de montrer un bénéfice. Seulement 4% des garçons dans notre étude étaient circoncis, ce qui reflète le taux actuel de circoncision chez les garçons en Australie. Aussi, notre étude n’était pas conçue pour voir l’effet du traitement sur les suites de la circoncision35. 5 Etant donné l’absence de différence entre les événements indésirables entre les deux groupes, et une réduction du nombre d’autres causes d’infection dans le groupe ATB, il serait raisonnable pour les cliniciens de recommander l’utilisation du TMP-SMX chez les enfants à risque d’IU ou ceux avec un indice d’infection sévère. Les facteurs de risque établis de l’IU sont le sexe féminin, le RVU, et particulièrement, l’IU récurrente34,36. Chez les enfants avec une IU unique, l’antibioprophylaxie peut être considérée mais non utilisée en routine. L’effet modeste du traitement et la possibilité de complications rares mais sévères, comme le syndrome de StevenJohnson37, suggère que ce médicament ne devrait pas être utilisé chez les enfants qui n’ont jamais eu d’IU symptomatique (par exemple, ceux avec hydronéphrose congénitale ou les fratries avec reflux). En conclusion, nos résultats indiquent qu’un traitement à dose faible par TMP-SMX est associé à une réduction modeste (7%) du risque absolu d’IU symptomatique chez les enfants prédisposés, quel que soit l’âge, le sexe, la fréquence d’IU préalable et la présence de reflux concomitant et pourrait réduire la probabilité qu’un antibiotique soit nécessaire pour une autre infection. 6 9482 patients éligibles 8837 exclus 6522 inéligibles 3811 ne présentant pas le critère microbiologique 1363 ayant des prédispositions 845 ne présentant pas les critères cliniques 503 autres raisons 2315 éligibles 1935 participations refusées par les parents 380 autres raisons Figure 1. 645 inclus en « run-in » 69 exclus 6 allergiques au TMP-SMX 24 présentant des difficultés pour prendre l’antibiotique 10 ont eu des infections urinaires durant le « run-in » 29 autres raisons kk 576 randomisés 288 recevront le TMP-SMX 288 ont subi l’intervention (6 inéligibles) 233 sous traitement à la visite des 3 mois 55 ont arrêté le traitement 13 ont eu des infections urinaires 3 ont eu des effets indésirables 39 autres raisons 209 sous traitement à la visite des 6 mois 24 ont arrêté le traitement 7 ont eu des infections urinaires 1 ont eu des effets indésirables 16 autres raisons 194 sous traitement à la visite des 9 mois 15 ont arrêté le traitement 8 ont eu des infections urinaires 7 autres raisons 172 sous traitement à la visite des 12 mois 22 ont arrêté le traitement 8 ont eu des infections urinaires 10 autres raisons 4 n’ont pas donné suite 288 ont été inclus dans l’analyse 116 ont arrêté le traitement 36 ont eu des infections urinaires 4 ont eu des effets indésirables 72 autres raisons 4 n’ont pas donné suite 288 recevront le placebo 288 ont subi l’intervention (7 inéligibles) 212 sous traitement à la visite des 3 mois 76 ont arrêté le traitement 26 ont eu des infections urinaires 10 ont eu des effets indésirables 37 autres raisons 3 n’ont pas donné suite 178 sous traitement à la visite des 6 mois 34 ont arrêté le traitement 16 ont eu des infections urinaires 18 autres raisons 152 sous traitement à la visite des 9 mois 26 ont arrêté le traitement 11 ont eu des infections urinaires 14 autres raisons 1 n’a pas donné suite 152 sous traitement à la visite des 12 mois (10 ont repris) 14 ont arrêté le traitement 2 ont eu des infections urinaires 8 autres raisons 4 n’ont pas donné suite 4 n’ont pas donné suite 288 ont été inclus dans l’analyse 116 ont arrêté le traitement 36 ont eu des infections urinaires 7 4 ont eu des effets indésirables 72 autres raisons 4 n’ont pas donné suite Tableau 1. Caractéristiques des patients àl’inclusion.* Caractéristiques Groupe antibiotique (N=288) Age Median – mois 13,1 Groupe – no ( %) 0 à < 0,5 ans 61 (21) 0,5 à < 1 an 78 (27) 1 à < 2 ans 46 (16) 2 à < 4 ans 41 (14) 4 à < 10 ans 55 (19) 10 à < 15 ans 6 (2) ≥ 15 ans 1 (<1) Filles – no (%) 183 (64) Circoncis – no/total no (%) Oui 4/105 (4) Non 94/105 (90) Indeterminé 7/105 (7) Historique des infections urinaires – no (%)† Infections répertoriées 204 (71) 2 infections 26 (9) ≥ 3 infections 54 (19) Infections urinaires répertoriées Avec fièvre‡ 219 (76) Avec pyurie§ Oui 191 (66) Non 96 (33) Indeterminé 1 (<1) Infection de l’organisme – no (%) Escherichia coli 251 (87) Proteus 11 (4) Klebsiella 9 (3) Enterococcus 8 (3) Pseudomonas 4 (1) Stapylococcus 2 (1) Autre 3 (1) Sensibilité bacterienne au trimethoprim– sulfamethoxazole – no (%) Sensible 243 (84) Résistante¶ 42 (15) Non testé 3 (1) Stade maximum de reflux vesico-urétéral Aucun 119 (41) I ou II 57 (20) III à V 65 (23) Indéterminé 47 (16) Résultats du scanner rénal Anormal 73 (25) Normal 160 (56) Non réalisé 55 (19) Centre d’étude – no (%) Syndney 179 (62) Canberra 69 (24) Brisbane 25 (9) Melbourne 15 (5) Source référante – no (%) Département des urgences 163 (57) Pédiatre 59 (20) Médecin de famille 35 (12) Néphrologue 22 (8) Urologue ou autre 9 (3) * Le pourcentage n’atteint pas 100 car les valeurs ont été arrondies. Groupe placébo (N=288) 14,5 53 (18) 70 (24) 55 (19) 43 (15) 62 (22) 4 (1) 1 (<1) 186 (65) 5/102 (5) 83/102 (81) 14/102 (14) 206 (72) 35 (12) 44 (15) 235 (82) 197 (68) 89 (31) 2 (<1) 252 (88) 15 (5) 11 (4) 5 (2) 1 (<1) 0 4 (1) 236 (82) 44 (15) 8 (3) 115 (40) 57 (20) 64 (22) 52 (18) 73 (25) 162 (56) 53 (18) 181 (63) 68 (24) 25 (9) 14 (5) 158 (55) 58 (20) 40 (14) 27 (9) 5 (2) 8 † Parmi les enfants connus pour avoir eu au moins un antécédent d’infection du système urinaire, le nombre d’antécédent infectieux n’était pas connu pour quatre enfants dans le groupe antibiotique et trois dans le groupe placébo. ‡ Le nombre d’enfants ayant eu des infections du système urinaire avec fièvre n’était pas connu pour trois enfants dans le groupe antibiotique et quatre dans le groupe placébo. § La pyurie a été définie par la présence d’au moins 100 globules blancs par millimètre cube. ¶ Inclus dans cette catégorie, neuf enfants (six dans le groupe antibiotique et trois dans le groupe placébo) dont l’infection répertoriée a été causée par enterococcus ou pseudomonas. La sensibilité de ces bactéries pour TMP-SMX n’a pas été testée mais on suppose qu’elles sont résistantes. Egalement inclus, 20 enfants (12 dans le groupe antibiotique et 8 dans le groupe placébo) dont l’infection répertoriée a été causée par une bactérie résistante au TMPSMX mais dont la sensibilité au sulfamethoxazole n’a pas été testée. 9 Les différences de risqué, préférés aux hazard ratios, sont montrés pour les sous-goupes de patients recevant soit le traitement, soit le placebo car la différence de risqué semble être une mesure plus cohérente et plus adapté aux applications clinique. Aucune interaction significative n’a été identifiée parmi les différents sousgroupes de patients. L’axe horizontal représente un intervalle de confiance de 95% 10 Tableau 2. Résultats sur les critères secondaires Résultats Groupe antibiotique (N=288) Groupe placébo (N=288) Différence de risque (95% IC)* P value 0.01 0.38 <0.001 no.(%) Infection urinaire avec fièvre† Hospitalisation pour infection urinaire Infection urinaire à un organisme résistant au trimethoprimesulfamethoxazole‡ Effet indésirable Prise d’antibiotique pour d’autres maladies infectieuses Tous les épisodes No. de l’épisode 0 1 2 3 4 ≥5 Scanner renal à 1 an¶ No. de patients Résultats normaux Inchangé comparé à la référence Résolus par comparaisons avec la référence Pas de scanner de référence Résultats anormaux Améliorés par comparaison à la référence Inchangé après comparaison à la référence Pas de scanner de référence 19 (7) 23 (8) 24 (67) 36 (13) 29 (10) 13 (25) 6 (1 to 11) 2 (−3 to 7) −42 (−61 to −22) 4 (1) 10 (3) 2 (0 to 5) 0.10 123 (43) 141 (49) 6 (−2 to 14) 0.13 165 (57) 66 (23) 37 (13) 12 (4) 3 (1) 5 (2) 147 (51) 65 (23) 42 (15) 18 (6) 11 (4) 5 (2) 71 36 (51) 12 (17) 19 (27) 83 45 (54) 28 (34) 15 (18) 5 (7) 35 (49) 9 (13) 2 (2) 38 (46) 12 (14) 18 (25) 19 (23) 3 (4) 0 0.04§ 4 (−12 to 19) 0.87 * Les nombres positifs indiquent un risque plus important dans le groupe placebo, et les nombres négatifs augmentent le risque dans le groupe antibiotique. Les valeurs ont été arrondies. † Le nombre d’enfants ayant eu une infection urinaire avec fièvre n’était pas connu pour cinq enfants dans chaque groupe. Pour ce résultat, la P value a été calculée avec le test log-rank, et les pourcentages ont été obtenu par une estimation Kaplan-Meyer. ‡ Les pourcentages de cette catégorie correspondent à la proportion des patients à bacterie résistante chez qui l’infection urinaire a été diagnostiquée et dont la sensibilité à trimethoprime ou trimethoprime–sulfamethoxazole était connue (36 dans le groupe antibiotique et 52 dans le groupe placébo). Deux enfants (un dans le groupe antibiotique et un dans le groupe placébo) ont eu une ou plusieurs infections suivantes dues à enterococcus ou pseudomonas ; la sensibilité de ces organismes au trimethoprime– sulfamethoxazole n’a pas été testée mais on suppose qu’ils sont résistants. Huit enfants (six dans le groupe antibiotique et deux dans le groupe placébo) ont eu des infections causes par des bactéries résistantes à trimethoprime mais dont la sensibilité au sulfamethoxazole n’a pas été testée. La résistance n’a pas été testée chez trois enfants dans le groupe placébo. Pour cette comparaison, la P value a été calculée avec le test du khi-deux. § La P value a été calculée à l’aide du test Mantel–Haenszel. ¶ Le pourcentage de cette catégorie correspond à la proportion de patients avec des différents résultats ayant eu un scanner à un an. Les résultats du scanner rénal à un an n’étaient pas connus pour 22 enfants dans le groupe antibiotique et 17 dans le groupe placébo ayant un résultat de référence anormaux. Pour cette comparaison, la P value a été calculée à l’aide du test du Khi-deux à partir des patients ayant un scanner normal à 1 an. 11 Références 1. Hellström A, Hanson E, Hansson S, Hjälmås K, Jodal U. 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