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Synergies CHAMBRE TUNISO-FRANÇAISE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE www.ctfci.org BULLETIN D’INFORMATION - N° 87 - MAI 2014 Le packaging, ça emballe CONJONCTURE NATIONALE Ce qui reste à faire pour arrêter la spirale du déficit financier RELATIONS ENTREPRISES-CAISSE DE SÉCURITÉ SOCIALE Quand la communication fait défaut ! MARCHÉS PUBLICS Décret du 14 mars 2014 : quels apports ? Synergies est un magazine économique publié par la CTFCI Sommaire CHAMBRE TUNISO-FRANÇAISE DE COMMERCE ET D’INDUSTRIE EDITORIAL 39, Av. du Japon - 1073 Tunis- Montplaisir Tél . : (216) 71 90 43 29 - Fax : (216) 71 90 09 66 E-mail : [email protected] Site web : http://www.ctfci.org VIE POLITIQUE Association tunisienne, créée en juin 1974, la Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’industrie a pour objet : • De mettre en relation les hommes d’affaires tunisiens et français et de donner aux uns et aux autres toutes les indications utiles à l’effet de favoriser entre eux la conclusion des affaires. • D’assurer une liaison permanente avec les organismes tunisiens, officiels et privés, responsables du développement des échanges et des implantations industrielles . • D’organiser des rencontres, colloques, missions à caractères économique et professionnel. • De promouvoir des manifestations économiques destinées à développer les échanges (foires - expositions journées commerciales, ect.). • D’aider au règlement des différends et des litiges pouvant survenir entre ressortissants des deux pays. • D’analyser les réglementations du commerce extérieur et des investissements, de les diffuser, ainsi que toutes informations économiques permettant une meilleure connaissance et une approche plus facile des marchés tunisiens et français. • De mettre en œuvre des mesures de coopération technique, à l’échelon des entreprises. • D’émettre des avis, de faire des suggestions permettant de mieux adapter les réglementations aux besoins d’un développement harmonieux des échanges commerciaux entre la Tunisie et la France. • La Chambre Tuniso-Française de Commerce et d’Industrie offre, en outre, à ses adhérents : - Un bureau équipé pour contacter et recevoir les relations d’affaires ; - Une documentation variée sur l’économie et les législations tunisienne et française ; - Un secrétariat compétent et efficace pour l’organisation de contacts en France et en Tunisie. BUREAU EXECUTIF Président d’Honneur : M. R. BENMANSOUR Président : M. F. LAKHOUA Vice-Présidents : M.S. BENSAID - M. J. M. MERCIER Mme A. ZENAIDI Secrétaire Général : M. K. ZRIBI Trésorier Général : M. H. DOGHRI Membres Institutionnels : Mme Christel PERIDON, Chef du Service Economique M. N. DEGUILLEBON (CCEF), M. Bertrand DIVONE DE LA FOREST / UBI-France Synergies est une publication de la CTFCI Directeur de la publication : Foued LAKHOUA Rédaction / coordination : Med Néjib OUERGHI Publicité : Héla TRIFI N° 87 - Mai 2014 • L’indispensable consensus p.03 • Visite du Premier Ministre en France (28-29 avril 2014) : La France lance la conférence des amis de la Tunisie p.04 • Visite en Tunisie des deux chefs de la diplomatie française et allemande : Soutien à la transition démocratique et au redressement économique p.05 CONJONCTURE ECONOMIQUE Une économie en stand by Ce qui reste à faire pour arrêter la spirale du déficit financier • Commerce extérieur : Aggravation du déficit de la balance commerciale • Prix : Légère décélération du taux d’inflation • IDE : La tendance vers la baisse se poursuit • Environnement d’affaires : La Coface dégrade la note de la Tunisie • • • Micro, petites et moyennes entreprises : Un appui de 100 millions de dollars • Conjoncture mondiale : Reprise modérée dans les pays avancés, hésitante dans les économies émergentes 11, av. Abderrahmen Azzam - Montplaisir - 1002 TUNIS Tél. : (+216) 71 906 155 (L.G) - Fax : (+216) 71 901 973 E-mail : [email protected] p.13 p.14 DOSSIER - EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT • Une industrie dynamique à la recherche de pistes d’avenir • Une jeune industrie avide d’innovation et de compétitivité • Interview de Slim Zeghal : Directeur général d’Altea Packaging • France / Observatoire de l’emballage 2013 : Les nouveaux piliers de développement de la filière p.16 p.19 p.21 p.22 ECONOMIE • Un plan d’action du partenariat privilégié et des appréhensions • Performance logistique : L’écart se creuse entre le Nord et le Sud p.24 p.26 PERSPECTIVES D’AFFAIRES • Enquête Markit (2014) : Regain de confiance des entreprises françaises p.28 DOSSIER - SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE • Agir dans l’urgence • Relations entreprises-CNSS : Quand la communication fait défaut ! • Etude de la BAD : Eradiquer la pauvreté avec de meilleurs transferts sociaux p.30 p.35 p.37 ZOOM • Marchés publics : Les principaux apports du décret du 14 mars 2014 • Investissements publics : Absence de performance et de vision stratégique • Commerce transfrontalier : Des pistes pour bloquer les moteurs du commerce informel p.38 p.40 p.43 ECLAIRAGE • La croissance, un concept à revisiter dans la région MENA • Finances : Appui de l’IFC au secteur bancaire p.46 p.48 ACTIVITÉS DE LA CTFCI • Principales activités de la CTFCI Conception et impression SCRIPT p.06 p.08 p.10 p.11 p.11 p.12 p.49 FOIRES & SALONS • FUTURALIA 2014 : La CTFCI conduit une délégation d’hommes d’affaires • Programme des salons 2ème SEMESTRE 2014 p.53 p.55 Synergies N° 87 - Mai 2014 / 1 Foued Lakhoua EDITORIAL Président de la CTFCI L’indispensable consensus L ’adoption le 26 janvier 2014 de la nouvelle constitution a, certes, scellé la sortie du pays d’une longue crise politique, elle n’a pas produit, pour autant, l’électrochoc souhaité pour renforcer la confiance des opérateurs, stimuler l’activité économique et relancer l’investissement. Au terme du premier trimestre 2014, la plupart des indicateurs de l’économie tunisienne ont viré presque au rouge. Aggravation du déficit budgétaire, devenu structurel (plus d’un milliard de dinars en avril), accroissement des pressions sur les finances publiques au regard du fardeau représenté par la masse salariale dans le secteur public, de l’envolée vertigineuse des ressources consacrées aux subventions de l’énergie et des produits de première nécessité et des grandes difficultés financières rencontrées par les entreprises publiques et le secteur bancaire. Toutes ces difficultés surviennent à un moment caractérisé par le tarissement des ressources publiques, la baisse des recettes fiscales et le recul inquiétant de l’activité économique. Loin de surprendre, ce scénario, tant redouté, était prévisible, dans la mesure où trois ans après la révolution du 14 janvier 2011, la Tunisie a épuisé presque toutes ses cartouches et se trouve, subitement, dos au mur. Elle ne dispose plus de ressorts suffisants pour amortir les chocs qui risquent d’être cette fois-ci douloureux et coûteux. Loin d’occulter la réalité, le gouvernement Jomaa n’a pas reculé à dire la vérité, toute crue aux tunisiens afin qu’ils saisissent la gravité de la situation, l’importance des défis que le pays est en train de rencontrer et, surtout, de les avertir sur la portée des mesures à prendre pour éviter que le bâteau Tunisie ne coule. Des mesures mais aussi des réformes structurelles, difficiles mais impératives qui ne peuvent être mises en œuvre, dans cette dernière période transitoire, que dans un cadre de concertation et de consensus. Pour que le pays parvienne à préserver ses fondamentaux ou, tout au moins, limiter les dégâts nés de cette mauvaise passe, la marge de manœuvre reste très étroite. La communauté nationale se trouve dans l’obligation de consentir des sacrifices nécessaires pour créer plus de richesses, stimuler l’investissement privé, renforcer la compétitivité de l’économie sans pour autant sacrifier le pouvoir d’achat des catégories les plus vulnérables. En effet, outre un déficit budgétaire devenu abyssal, le pays se trouve dans une situation inextricable qui l’oblige, dans un contexte international difficile, à mobiliser en l’espace de trois mois seulement (avril - juillet 2014) une enveloppe de 3,3 milliards de dinars pour continuer à fonctionner normalement et honorer ses engagements les plus pressants. L’entreprise est loin d’être une sinécure, elle exige, au demeurant, un pilotage à haut risque et une mobilisation de tous les instants. Au-delà du devoir de servir les salaires à temps, d’arrêter cette descente aux enfers du déficit budgétaire, de rembourser une dette extérieure de plus en plus lourde (900 millions de dinars d’ici juillet prochain), le véritable défi du gouvernement Jomaa est de trouver la bonne piste qui aiderait à relancer l’investissement productif, à renforcer la compétitivité de l’économie, à créer plus d’emplois et à préserver le pouvoir d’achat. Cette équation à plusieurs inconnues ne peut aucunement être résolue par de simples expédients ou avec une baguette magique. Elle présuppose une haute conscience des tunisiens appelés à resserrer leurs rangs et à oublier leurs différences pour que leurs volontés convergent vers un objectif commun : la préservation des intérêts de la Tunisie. Le dialogue national sur le dossier économique qui doit réunir tous les partenaires sociaux et toutes les parties concernées est, peut être, la voie qui devrait permettre à la Tunisie, en cette période de fortes turbulences, de trouver la bonne trajectoire. Celle qui lui garantira de créer les conditions optimales d’un retour des tunisiens au travail et de l’activité économique à un rythme normal. Ce préalable est déterminant. Il constituera la plateforme idoine pour soutenir le développement, la conception de stratégies innovantes et la restauration de la confiance et le ciment qui favorisera une construction aussi solide que durable. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 3 VIE POLITIQUE VIE POLITIQUE VISITE DU PREMIER MINISTRE EN FRANCE (28-29 AVRIL 2014) VISITE EN TUNISIE DES DEUX CHEFS DE LA DIPLOMATIE FRANÇAISE ET ALLEMANDE La France lance la conférence des amis de la Tunisie Tunisie» destinée à relancer les investissements dans notre pays et qui pourrait avoir lieu en septembre prochain. Cette conférence qui pourrait avoir comme thème: «investir pour la Conférence de presse Jomaâ-Hollande Tunisie», est une Après l’entretien qu’il a eu mardi, initiative» dont «la France est partie 29 avril 2014, avec M Mehdi Jomaâ, prenante» et réunira, précise le Premier ministre, Le président Président français, «les bailleurs François Hollande a annoncé le projet financiers, les institutions internationales qui sont d’ores et déjà «d’une conférence des amis de la prêts à apporter un soutien à la Tunisie». «Il ne s’agit pas là de mobiliser des aides - la Tunisie n’est pas dans cette situation - mais de mobiliser tous les investisseurs pour qu’ils puissent se porter sur les projets les plus attractifs et intéressants pour la Tunisie», a expliqué le Président François Hollande. M. Jomâa , a pour sa part , fait valoir que «La Tunisie est un excellent partenaire d’avenir» disposant «d’énormément d’atouts» et «d’opportunités, ajoutant qu’après «les turbulences» de la révolution du 14 janvier 2011, «le train est en marche». AU MEDEF Appel aux investisseurs français à Croire en la Tunisie nouvelle Pierre Gattaz, Président du MEDEF : «il est temps de mettre en place une véritable alliance entre les entreprises tunisiennes et françaises» Pour sa première visite en France, les 28 et 29 avril 2014, le chef du gouvernement Mehdi Jomâa a trouvé le juste ton. La priorité, pour lui, consiste à donner un signal fort aux investisseurs en France, premier partenaire de la Tunisie et à présenter une nouvelle image de la Tunisie, celle d’une démocratie naissante. Au cours de la réunion du conseil des chefs d’entreprises France-Tunisie tenue, mardi 29 avril 2014, à Paris, au siège du MEDEF international, le président du MEDEF, Pierre Gattaz a renouvelé la volonté des entreprises françaises de soutenir la Tunisie, affirmant que celles-ci n’ont jamais quitté ce pays. Le patron des patrons français a estimé que les entreprises tunisiennes comme françaises gagneraient à se tourner ensemble vers l’Afrique subsaharienne et le MoyenOrient. «Nous partageons pour cela la vision de l’UTICA qui a souscrit l’année 2014 comme celle de l’Afrique». Le Président du MEDEF, 4 / Synergies N° 87 - Mai 2014 a ajouté qu’«Il est temps de mettre en place une véritable alliance entre les entreprises tunisiennes et françaises»,. La présidente de l’UTICA a soutenu le même choix, en affirmant qu’«on ne parle plus aujourd’hui plus de compétitivité de l’économie ou de l’entreprise, mais de la compétitivité des alliances». Le Premier ministre, Mehdi Jomaa, a saisi l’occasion pour inviter les chefs d’entreprises français à venir massivement investir en Tunisie et «à croire en cette Tunisie nouvelle très ambitieuse. Il a indiqué, dans son intervention, «qu’il est temps aujourd’hui de relancer la dynamique d’entrepreneuriat et d’inciter les jeunes à innover et à créer», notant que la Tunisie est un réservoir de compétences qui peut être très profitable pour les entreprises locales et étrangères. Le Premier Ministre s’est engagé à lever les freins au développement du secteur privé et à accélérer le lancement de 250 projets qui passera par une révision des procédures d’appels d’offres». Lors de la réunion du conseil des chefs d’entreprises France-Tunisie, Mehdi Jomâa a saisi l’occasion pour inviter les chefs d’entreprises français à venir massivement investir en Tunisie et «à croire en cette Tunisie nouvelle très ambitieuse». Les accords signés Deux accords ont été signés, à l’occasion de la visite effectuée par le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa en France. Le premier entre le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et des technologies, et l’incubateur d’entreprises Agoranov. Le second concerne la coopération et l’échange entre l’école nationale d’ingénieurs de Tunis et l’institut de science et technologie (Paris tech). Soutien à la transition démocratique et au redressement économique Laurent Fabius : «Investir en Tunisie, c’est investir dans la démocratie». L a visite entreprise en Tunisie par les deux ministres des Affaires étrangères français Laurent Fabius et allemand FrankWalter Steinmeier, les 24 et 25 avril 2014,a revêtu une symbolique particulière. Ce déplacement inédit des deux chefs de la diplomatie française et allemande constitue un signal fort de soutien à la transition démocratique en Tunisie et un engagement de ces deux pays à lui prêter main forte pour accélérer son redressement économique. Ce premier voyage de Laurent Fabius et de Frank-Walter Steinmeier, dans un pays étranger hors d’Europe, a été accompagné de déclarations inédites et d’engagements clairs envers la Tunisie. «Nous sommes venus ici pour exprimer notre confiance et notre soutien aux Tunisiens. Nous sommes là non pas pour parler, mais pour agir et pour écouter les Tunisiens qui doivent nous exprimer leurs besoins et leurs projets», a déclaré en substance le chef de la diplomatie française à Tunis, ajoutant, «qu’investir en Tunisie, c’est investir dans la démocratie». Même son de cloche chez le ministre allemand des Affaires étrangères qui a estimé que les évolutions enregistrées par la Tunisie notamment, en matière de consécration de la pratique démocratique, constituent une base solide qui devrait inciter les investisseurs européens à s’engager en Tunisie. Cet appui s’est traduit par l’annonce d’un soutien financier de la France à la Tunisie d’une valeur de 500 millions d’euros. Un prêt de 345 millions d’euros sera destiné à la rénovation ferroviaire du Triangle de phosphate, l’équipement des ports de Rades, La Goulette et Bizerte, ainsi que le cofinancement du réseau ferroviaire rapide (RFR) du Grand-Tunis. Par ailleurs, l’Agence française de développement (AFD), accorde 150 Conférence de presse des trois ministres des Affaires étrangères. millions d’euros pour le financement de projets de réhabilitation de quartiers populaires, d’assainissement et d’adduction d’eau potable dans les régions défavorisées. Enfin, on a annoncé l’élaboration d’un projet d’accord de reconversion des dettes tunisiennes en projets d’investissement à hauteur de 60 millions d’euros. L’Allemagne, pour sa part, poursuivra son soutien financier et logistique et continuera à appuyer la Tunisie auprès des institutions financières internationales a indiqué M. Steinmeier. Dans cette phase difficile que traverse la Tunisie, l’Allemagne et la France ont exprimé leur disposition à être à ses côtés tout en prônant la mobilisation dans tous les domaines : la lutte contre le terrorisme, le développement des régions, le soutien à la société civile de la relance de l’économie. Au sujet des questions sécuritaires et de lutte contre le terrorisme, les deux pays ont exprimé leur confiance de la façon dont la Tunisie a abordé le problème de sécurité intérieure, et celle liée à la situation difficile en Libye ; signalant que «beaucoup de pays sont prêts à apporter un soutien matériel pour que les frontières soient bien contrôlées et la Libye puisse être débarrassée des armements excessifs». Quand Fabius montre la voie Lors de sa dernière visite en Tunisie (24-25 avril 2014) le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a promis de passer une partie de ses vacances en Tunisie, afin de «montrer l’exemple» de la mobilisation de la France et de l’Europe en faveur de notre pays. «La Tunisie a fait un grand chemin, il lui reste encore à décider de sa loi électorale et à voter. Mais pour le reste, la Constitution est à bien des égards exemplaire», a-t-il souligné. «Nous comptons énormément sur nos amis tunisiens, nous sommes à leur côté et d’ailleurs, là c’est plutôt anecdotique, mais pour encourager les choses j’ai dit et je le ferai, que je passerai une partie de mes vacances en Tunisie». «Je pense qu’il faut aussi montrer l’exemple et en plus c’est un exemple agréable», a indiqué M. Fabius. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 5 CONJONCTURE NATIONALE CONJONCTURE NATIONALE Une économie en stand by Les évolutions enregistrées au cours du premier trimestre 2014 montrent une activité rétive, où la production manufacturière progresse sur une très faible tendance de 1,5% l’an et des échanges extérieurs en volume nettement affaiblis. A près plusieurs mois de tiraillements, le dénouement de la crise politique en janvier 2014 a permis d’amortir, du moins provisoirement, la morosité du sentiment économique qui s’était accentuée au cours de la seconde moitié de 2013 et particulièrement durant les derniers mois de la même année. La croissance économique s’est affichée au rythme annuel de 2,3% au dernier quart de 2013, soit le rythme enregistré au cours du troisième trimestre, mais en baisse de 0,3% comparée au trimestre précédent. Dans la foulée de la publication des comptes relatifs au quatrième trimestre de l’année écoulée, une première lecture du bilan économique de l’ensemble de l’année 2013 a fait ressortir que le produit intérieur brut n’aurait augmenté que de 2,6% contre 3,6% en 2012. Les développements conjoncturels observées durant le premier trimestre de l’année en cours augurent de perspectives économiques peu favorables en 2014, tant la situation devient davantage compliquée à plus d’un titre, avec l’aggravation continue des équilibres macroéconomiques. Actuellement, les prévisions de croissance varient, selon les sources, entre 21/2 et 23/4% et traduisent l’ampleur des défis auxquels il faudra faire face. Avec une activité au premier trimestre 2014 a priori aussi plate qu’au dernier quart 2013, l’économie démarre l’année avec un faible acquis de croissance et le tournant 2013/2014 pourraît avoir marqué une nouvelle récession, au sens «technique» du terme, c’est-à-dire deux trimestres successifs de croissance négative. Le choc de confiance tant attendu de l’issue d’un dialogue national qui a trainé en longueur n’a eu pour le moment qu’un impact relativement limité. Certes, la sortie de crise début 2014 a constitué un certain soulagement et s’est manifestée à travers le redressement du marché financier et l’atténuation de la dépréciation du Dinar. Mais sa capitalisation et sa concrétisation dans l’évolution des indicateurs quantitatifs constitue une autre paire de manche. L’évolution des données disponibles pour le premier trimestre 2014 montrent une activité rétive, où la production manufacturière progresse sur une très faible tendance de 1,5% l’an et des échanges extérieurs en volume nettement affaiblis. Parallèlement au freinage continue du crédit, l’économie perd progressivement le soutien de la consommation finale, son unique moteur durant la crise actuelle. La décélération rapide du pouvoir d’achat depuis le troisième trimestre 2013 et sa probable poursuite dans les mois à venir ne laisserait aucune marge à des gains substanciels, en dépit du léger reflux des pressions inflationnistes. L’affaiblissement de la demande intérieure devient ainsi fatal pour l’économie nationale. Cette situation place la politique économique dans l’impératif du «sauvetage» d’un côté, et de l’autre d’amorcer les grandes lignes des réformes structurelles. Dans un tel contexte, l’action à entreprendre doit garantir un minimum de visibilité, une meilleure coordination entre politique monétaire et politique budgétaire, dans la mesure où les relais immédiats de croissance dans la phase actuelle ne pourront provenir qu’à travers l’effort d’investissement productif. A ce titre, si le soutien de la demande intérieure s’avère incontournable, une politique d’offre devrait également prendre forme pour épauler les unités productrices et dessiner les prochaines transformations structurelles. Les contraintes sur les finances publiques suscitent par ailleurs des inquiétudes et alimentent des polémiques tendues, aussi bien sur le système de compensation que sur les négiciations salariales. A l’évidence, les salaires ont progressé ces dernières années en moyenne comme si la croissance, la productivité et l’emploi étaient dans le vert. Néanmoins, les salaires ne peuvent constituer la seule variable d’ajustement. Les indicateurs des finances publiques Concrètement, le peu d’éléments parus sur les comptes économiques n’apportent rien de nouveau. La reprise économique annoncée depuis 2012 semble trainer encore la patte. Le plus étonnnant est l’inscription en fin d’année dans le budget économique, et donc dans la loi de finance, un chiffre de croissance à 3,6%, supérieur de un point de pourcentage, alors que la performance de 2013 était largement attendue par tous les observateurs à son niveau annoncé aujourd’hui. 6 / Synergies N° 87 - Mai 2014 Synergies N° 87 - Mai 2014 / 7 CONJONCTURE NATIONALE CONJONCTURE NATIONALE Ce qui reste à faire pour arrêter la spirale du déficit financier Les signes de fragilité se multiplient et concernent les finances publiques qui font face à des fortes pressions.Ce qui est nouveau c’est que le pays fait face à une grave crise de liquidités. pour assurer le versement des salaires des fonctionnaires de l’Etat du mois d’avril 2014. A l’évidence, ces difficultéshéritées de trois ans de difficultés, de tensions sociales et de gestion approximative des affaires publiques, résultent de la hausse enregistrée au niveau des reports de 2013, estimées à 2,5 Milliards de dinars qui ont été remboursés au cours des mois de janvier-févriermars 2014. Outre les reports, de nouvelles pressions financières évaluées à 2,1 Milliards de dinars non inclues dans la loi de finances pour 2014, sont apparues. En outre, les revenus des biens confisqués qui ont été évaluées à 1 Milliard de dinars ont été surestimés, les premières estimations montrent qu’elles ne peuvent pas dépasser 300 millions de dinars. L oin d’être catastrophique, l’état de l’économie nationale devient une source de questionnement et d’inquiétudes insistantes. Les différents indicateurs du premier trimestre 2014 constituent des avertissements à prendre trop au sérieux, dans la mesure où les équilibres macroéconomiques du pays sont mis à mal. À un moment où la reprise de l’activité tarde encore à se manifester, les signes de fragilité se multiplient et concernent particulièrement les finances publiques qui font face à des fortes pressions. 8 / Synergies N° 87 - Mai 2014 Ce qui est nouveau, dans la présente situation, c’est que le pays fait face à une grave crise de liquidités. La situation a été qualifiée, au plus haut sommet de l’Etat, de «difficile, voire très difficile». Le déficit financier s’élève à 1 milliard de dinars pour le seul mois d’avril. Un déficit qui a tout fait l’air d’être «structurel», et pouvant se renouveler chaque mois, à défaut d’actions urgentes pour arrêter cette spirale vertigineuse. Cette crise est d’autant plus grave que le ministère des finances a pris des mesures exceptionnelles Bien plus, des crédits additionnels d’une valeur de 1,1 Milliard de dinars ont été alloués à la couverture du déficit financier de certaines entreprises publiques qui passent par de grandes difficultés, à l’instar de la Caisse Nationale de retraite et de Prévoyance sociale et la Compagnie TUNISAIR. Enfin, le déficit commercial a atteint des niveaux élevés au cours du premier trimestre 2014, soit 3290,3 millions de dinars, engendrant une baisse des réserves en devise à moins de cent jours d’importation, ce qui constitue un niveau jamais atteint depuis des décennies. Pour couvrir ses dépenses et tenir ses engagements, l’Etat se trouve dans l’obligation de contracter des prêts de 2,4 milliards de dinars, dont 600 millions de dinars d’ici juillet. Besoin de 2,4 milliards de dinars supplémentaires Le déficit commercial de la Tunisie s’est également creusé sur les trois premiers mois de 2014, selon des chiffres officiels. Les importations ont augmenté de 7,9% par rapport à la même période l’an dernier, tandis que les exportations ont baissé de 1,8%. Le secteur-clé du tourisme a connu une chute vertigineuse avant de se reprendre lentement, et des conflits sociaux alimentés par la pauvreté et le chômage continuent d’agiter régulièrement le pays. Le gouvernement de Mehdi Jomâa a préféré balancer, à l’adresse de l’opinion publique, la vérité toute crue sur la situation économique du pays. L’objectif étant de susciter une réaction rapide et de mettre tous les partenaires sociaux devant leurs responsabilités et, partant, d’entourer toutes les actions à entreprendre d’un consensus large. Face à une situation d’urgence, le gouvernement n’a plus de marge de manœuvre qui lui permet d’attendre, il est acculé à agir vite et à opter pour des thérapeutiques qui auront les apparences d’être douloureuses. Le dialogue national sur l’économie, devant être organisé au cours du mois de mai prochain avec la participation des différents partenaires sociaux sera une LE CHIFFRE DE SYNERGIES : Avec une conjoncture atone, le gouvernement Mehdi Jomaa adopte une attitude prudente en matière de prévision de la croissance. Il semble qu’il préfère des bonnes surprises à la fin de l’année, en révisant à la hausse le taux de croissance, non les mauvaises qui l’obligent à apporter des correctifs douloureux vers la baisse. La problématique ne concerne pas la révision du taux de croissance mais, elle est liée «aux équilibres macroéconomiques. Des prévisions de croissance à la hausse devront être accompagnées par un renforcement des ressources fiscales. En effet, en cas de maintien d’un taux de occasion de débattre des moyens de dépasser cette situation. Car, on est conscient dans cette phase délicate qu’on ne peut relever les défis qui se posent avec une grande acuité sans un large consensus et sans une prise de conscience des tunisiens de l’importance de se remettre au travail, seul moyen pour sortir de ce cercle vicieux. L’Etat n’a plus les moyens pour s’endetter, comme il l’a fait avec des petites fortunes pour depuis 2011, pour stimuler la consommation et améliorer le pouvoir d’achat. S’il y a un facteur qu’il peut appuyer au cours de la prochaine période, c’est bien l’investissement, car il est le seul moteur de croissance et moyen pour desserrer les contraintes en termes de création d’emploi et de renforcement durable du pouvoir d’achat. 2,8% croissance de 4% alors qu’en ne peut réaliser que 2,8%, l’écart en ressources fiscales sera de 400 millions de dinars. Pour cette raison évidente, la Tunisie table au cours de l’année 2014, sur la réalisation d’un taux de croissance de son PIB de 2,8%. Il s’agit d’une prévision réaliste qui tient compte des pressions et des difficultés que rencontre la Tunisie en cette période. Les premières prévisions établies ont porté sur un taux de croissance oscillant entre 2,3 et 3%. Le taux prévu par le gouvernement provisoire et la BCT est de 2,8%. Ce taux sera révisé à la lumière des évolutions de la conjoncture économique du pays. Pour la région du MoyenOrient et l’Afrique du Nord (MENA), les prévisions du FMI et la Banque mondiale (BM) tablent sur un taux de croissance se situant entre 2,6 et 2,8% pour l’année en cours. Les équipes du FMI estiment que les risques à court terme pour les perspectives de l’économie tunisienne restent importants, particulièrement en cas de prolongement de la transition politique, d’un regain de tensions sécuritaire ou d’une baisse de la conjoncture économique des principaux partenaires commerciaux de la Tunisie. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 9 CONJONCTURE NATIONALE CONJONCTURE NATIONALE COMMERCE EXTÉRIEUR : PREMIER TRIMESTRE 2014 PRIX Aggravation du déficit de la balance commerciale Fortes pressions sur la balance commerciale dont le déficit s’est creusé sous l’effet combiné de l’accroissement des importations et du fléchissement des exportations. L es échanges commerciaux de la Tunisie avec l’extérieur au cours du premier trimestre 2014 ont laissé apparaitre des résultats contrastés et, surtout, des fortes pressions sur la balance commerciale dont le déficit s’est, davantage, creusé sous l’effet combiné de l’accroissement des importations et du fléchissement des exportations. Au cours de cette période, les échanges commerciaux ont enregistré en volume une baisse à l’export de 4,7% Exportation 10 9,0% 8,5% 7 3,0% 4 1 -0,5% -2 -1,8% -5 -4,7% 3 mois 2013 Variation aux prix courants 3 mois 2014 Variation aux prix constants Variation des prix Importation 10 7,5% 7,9% 5,5% 5 3,9% 2,3% 0 -5 -3,4% 3 mois 2013 Variation aux prix courants 10 3 mois 2014 Variation aux prix constants / Synergies N° 87 - Mai 2014 Variation des prix et une augmentation de 2,3% à l’import. En valeurs courantes les échanges ont atteint 6855,2MD en exportations et 10145,5MD en importations. Résultat : le déficit de la balance commerciale s’est aggravé pour atteindre 3290,3Millions de Dinars (contre -2418, 9 MD en 2013) et le taux de couverture s’est replié de 6,7 points pour se situer à 67,6% contre 74,3% au cours de la période correspondante une année auparavant. Le repli des exportations (pour les deux régimes totalement exportateur et général) (1,8%) s’explique à la forte baisse (-38,5%) enregistrée au niveau des exportations du groupe agroalimentaire, particulièrement de l’huile d’olive dont la valeur a été divisée presque par cinq en se situant à 71,8MD contre 328,9 MD au cours de la période en 2013 et des phosphates et dérivés(-14%). En revanche, d’autres secteurs ont observé des évolutions positives à l’instar de l’énergie (+7,2%), des industries mécaniques et électriques (+5,5%) et les autres industries manufacturières. L’accélération des importations (+7,9%) provient essentiellement du groupe énergie (+30,6%)et des produits agroalimentaires, notamment des céréales, dont la valeur a atteint 195,5MD contre 132,6 MD en 2013. En même temps les importations des biens d’équipement (+5,4% contre -3,4% en 2013) et des semi produits (+3%) ont observé une évolution significative. Au niveau de la répartition géographique, l’Union Européenne demeure le principal partenaire commercial de la Tunisie et son marché absorbe environ 75% de nos exportations. Au cours du premier trimestre 2014, les ventes tunisiennes sur ce marché ont progressé de 1,3%. Les évolutions les plus marquantes ont été enregistrées sur les marchés britannique (+30,5%), allemand (+18,1%) et italien (+4,4%) avec une quasi stabilisation des nos exportations sur le marché français (+0,4%). Dans l’autre sens, la France et l’Italie restent les deux premiers fournisseurs de la Tunisie assurant respectivement 16,8% et 16,1% de nos importations. Si les importations de l’Italie ont progressé au cours du premier trimestre 2014 de 22,2%, celles en provenance de la France ont observé une baisse de 10,1%. Légère décélération du taux d’inflation Après les pics enregistrés en janvier (5,9%) et en février (5,6%) 2014, le taux d’inflation a observé une certaine décélération en mars pour s’établir à 5%. Cette baisse est expliquée par la régression du rythme de croissance des prix durant les mois de février et mars 2014, contre une hausse enregistrée au cours de la même période de l’année 2013. Elle trouve son explication dans la baisse des prix du groupe des produits alimentaires et boissons. En glissement annuel, le taux d’inflation du groupe alimentation et boissons a augmenté de 6,6%, au cours du mois de mars 2014, contre 7,1% en février de la même année. L’indice du groupe transport, notamment, les hydrocarbures est passé de 4,7% en février 2014 à 2,8%, au cours du mois de mars de la même année. Il en est de même pour le groupe logement et énergie domestique, notamment, les prix de l’électricité, du gaz et de l’essence (de 5,9 à 4,8%). Le taux d’inflation enregistré en mars 2014 (5%) s’explique par la hausse des prix du groupe des produits alimentaires et boissons de 6,6% par rapport au mois de mars 2013 (les fruits et fruits secs ont augmenté de 11,6%, les légumes de 9,2%, les viandes de 5,8%). En revanche, l’indice des prix du groupe des vêtements et chaussures a augmenté de 7% (vêtements 6,8%, chaussures 7,8%, tissus 3,5% ) par rapport au mois de mars 2013. L’indice du groupe logement et énergie domestique a pour sa part enregistré une croissance de 4,8% par rapport au même mois de l’année écoulée. Cette croissance est essentiellement expliquée par la hausse des prix de l’eau potable et de l’assainissement (7,9%). Les prix des loyers ont enregistré une hausse de 5%, alors que les prix de l’électricité du gaz et de l’essence ont cru de 3,1% en glissement annuel. Il est à noter que hors le panier énergie et alimentation, le taux d’inflation enregistré au cours du mois de mars 2014 se situe à 4,5% seulement. INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS La tendance vers la baisse se poursuit Au cours du premier trimestre de l’année 2014, les investissements étrangers ont atteint le montant de 342,1 MTND. Comparés aux trois dernières années, ces investissements ont enregistré des baisses importantes, de -19,3% par rapport à 2013, -22,4% par rapport à 2012 contre une légère évolution de 1,1% par rapport à 2011. MTND Portefeuille IDE Energie Industrie Services Total 2010 18,6 457,0 260,0 99,5 97,5 475,6 2011 17,1 321,4 180,0 76,3 65,1 338,5 Les IDE ont suivi le même rythme enregistrant des variations respectives de +20,5%, -22,2% et -0,1% par rapport aux années 2013, 2012 et 2011. Cette chute des IDE vient principalement de la baisse des investissements dans les services (-89,7% par rapport à 2013). Les investissements de portefeuille, ont évolué de 5% Mars 2012 28,1 412,5 250,0 93,8 68,7 440,6 2013 20,0 403,7 230,0 48,5 125,2 423,7 2014 21,0 321,1 265,0 43,2 12,9 342,1 par rapport à 2013 contre une baisse de 25,3% par rapport à 2012. Malgré leur fluctuation, les variations des investissements de portefeuille restent insignifiantes du fait de leur faible pondération. Les énergies sont en hausse par rapport aux trois dernières années. En contrepartie, les industries et les services sont en baisse. 2013 5,0% -20,5% 15,2% -10,9% -89,7% -19,3% Source : FIPA Evlution 2014 (%) 2012 2011 -25,3% 22,8% -22,2% -0,1% 6,0% 47,2% -53,9% -43,4% -81,3% -80,2% -22,4% 1,1% 2010 12,9% -29,7% 1,9% -56,6% -86,8% -28,1% Synergies N° 87 - Mai 2014 / 11 CONJONCTURE NATIONALE CONJONCTURE NATIONALE d’être freiné par des tensions sociopolitiques jusqu’à l’achèvement du processus de transition, ainsi que par une conjoncture économique mondiale modérément porteuse et une reprise modeste dans l’Union européenne (UE), premier partenaire économique du pays. Un taux de croissance à peine supérieur à celui de 2013 semble donc plus probable. ENVIRONNEMENT DES AFFAIRES La Coface dégrade la note de la Tunisie La COFACE relève la persistance de tensions sociopolitiques et de nombreux défis économiques et sociaux en Tunisie, estimant que le pays reste confronté à de multiples défis sociaux et économiques, ainsi qu’aux attentes de la population. L e nouveau «Panorama Risque Pays» du printemps 2014, publié en avril 2014 par le groupe d’assurance-crédit à l’exportation pour les entreprises françaises, COFACE, fournit un aperçu de l’environnement des affaires de 160 pays et des risques d’impayés, dans le cadre de transactions commerciales à court terme, des entreprises. Il les note sur une échelle de sept niveaux, A1, A2, A3, A4, B, C, D, dans l’ordre croissant du risque. Dans sa publication 2014, la COFACE a dégradé la note sur l’environnement des affaires de la Tunisie (d’A4 à B) justifiant cette dégradation, notamment, par l’instabilité politique du pays. Dans cette notation, la COFACE a pris en compte le rapport 2014 sur la Compétitivité internationale du Forum économique mondial qui fait apparaître une très forte dégradation de la Tunisie et une détérioration qui s’explique par le développement du secteur informel, de la corruption et de la contrebande, ainsi que des conflits sociaux. Les experts de la Coface prévoient une reprise difficile en Tunisie vu que les indicateurs de gouvernance de la Banque mondiale de 2013 se dégradent. Par ailleurs, Coface constate une hausse des incidents de paiement et un allongement des délais de recouvrement des créances. La solvabilité bancaire, la qualité des actifs et la rentabilité, déjà médiocres avant 2011, se sont dégradées depuis. En plus, la stabilité macroéconomique risque d’être minée par les faiblesses du secteur bancaire, avertit l’étude Coface. La COFACE relève la persis tance de tensions sociopolitiques et de nombreux défis économiques et sociaux en Tunisie. Les enjeux majeurs demeurent la création d’emplois et une meilleure répartition sociale et géographique de la croissance, l’intérieur du pays restant défavorisé par rapport aux régions côtières. Pour 2014, les autorités visent un taux de croissance de 4%, revu à 2,8% par la suite, qui repose sur un développement soutenu des industries manufacturières et des services, mais plus modéré du secteur agricole. Par ailleurs, un repli limité du secteur non manufacturier est prévu. Concernant la demande intérieure, une hausse de l’ordre de 5% de la consommation et des investissements est envisagée. Ce rebond de l’économie risque, toutefois, Principaux indicateurs économiques 2011 -1,9 2012 3,6 2013 (e) 2,7 2014 (p) 3,0 Inflation (moyenne annuelle) 3,5 5,6 6,1 5.5 Solde budgétaire / PIB (%) -3,5 -5,7 -7,0 -6,5 Solde courant / PIB (%) -7,4 -8,2 -8,2 -7,0 Dette publique / PIB (%) 44,5 45,5 49,0 52,0 Croissance PIB (%) (e) Estimations. (p) Prévisions. 12 / Synergies N° 87 - Mai 2014 En raison de coupes dans les dépenses courantes et les subventions, le déficit budgétaire pourrait légèrement se tasser en 2014, mais une discontinuité de la politique fiscale est possible. La dette publique - déjà supérieure, en part du PIB, à la moyenne des pays émergents comparables augmente graduellement, mais elle est en partie interne et pour le solde contractée à des conditions concessionnelles. Les comptes extérieurs, estime la COFACE, vont rester sous pression. Les exportations progresseront modestement, en raison de l’instabilité politique et sociale et de la situation économique morose du principal partenaire commercial du pays, l’UE, tandis que les importations pâtiront encore du coût élevé de celles d’énergie (constituant 15% du total). Par ailleurs, les transferts des expatriés seront résilients, mais le rebond du tourisme dépend de l’amélioration de la situation politique et sécuritaire et, au total, le déficit courant restera élevé, malgré une légère réduction. 2014 sera marqué par une détérioration supplémentaire des ratios d’endettement extérieurs. Toutefois, la Tunisie a obtenu, depuis le G8 de 2011, un soutien financier d’institutions bi et multilatérales pour couvrir ses déficits publics et extérieurs. A cet effet des prêts de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement doivent être reconduits, auxquels s’ajoutent ceux de la BEI et de l’AFD. En outre, le FMI a accordé en juin 2013 un prêt de 1,75 Md$ sur deux ans. Ces organismes demandent, cependant, en contrepartie, une accélération des réformes économiques, peu probable à ce stade. La solvabilité bancaire, la qualité des actifs et la rentabilité, déjà médiocres avant 2011, se sont dégradées depuis. Or, les faiblesses du secteur bancaire pourraient miner la stabilité macro économique. Pour toutes ces raisons, conclut la COFACE,, l’environnement des affaires reste problématique – avec le développement du secteur informel, de la contrebande et des tensions sociales – mais des améliorations de la loi sur les faillites et du code des investissements sont normalement prévues en 2014. ■ MICRO, PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES Un appui de 100 millions de dollars La Banque mondiale vient d’approuver un prêt de 100 millions de dollars à l’appui d’un projet visant à soutenir le financement des micro, petites et moyennes entreprises (MPME) en Tunisie. Cette opération permettra d’amplifier la montée en puissance d’un projet qui s’est révélé efficace pour améliorer l’accès des MPME tunisiennes au financement en temps de difficulté économique. Il permettra d’ouvrir des lignes de crédit pour accorder des prêts à des microentrepreneurs et de proposer aux petites et moyennes entreprises (PME) des financements à long terme assortis de périodes de grâce. Initialement, le premier projet (2012) avait pour objectif d’améliorer l’accès au financement des micro, petites et moyennes entreprises en Tunisie en permettant aux entreprises viables, y compris celles qui auraient connu une restructuration financière, de continuer à accéder à des prêts. L’objectif reste le même dans le cadre de ce financement supplémentaire, à la différence qu’il comporte deux nouvelles activités de nature à élargir le nombre de bénéficiaires et introduire de nouvelles formes de financement. Les MPME, qui sont au nombre de 624 000 en Tunisie — soit 99,7 % de l’ensemble des entreprises du pays — et qui emploient environ 1,2 million de travailleurs — soit 44 % environ de la maind’œuvre du secteur privé formel —, sont le moteur de la croissance économique du secteur privé en Tunisie et comptent parmi les plus gros pourvoyeurs d’emplois. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 13 CONJONCTURE MONDIALE Reprise modérée dans les pays avancés, hésitante dans les économies émergentes La reprise se confirme dans les économies avancées, étayée par des conditions financières favorables et un relâchement du freinage exercé par le resserrement budgétaire, mais la situation de l’activité est contrastée dans les grandes économies de marché émergentes. L a reprise est bien engagée aux ÉtatsUnis et au RoyaumeUni, mais elle est plus inégale au Japon et dans la zone euro qui reste à la traîne. Divers facteurs ponctuels – la rigueur de l’hiver en Amérique du Nord et l’anticipation de la hausse de la taxe sur la consommation au Japon – ont débouché sur une croissance irrégulière. à la tâche redoutable qui l’attend en matière budgétaire, et que subsiste la possibilité d’un ralentissement en Chine, il est crucial que les économies avancées comme les économies émergentes reconnaissent l’importance grandissante que revêtent les réformes structurelles pour relancer la croissance et stimuler la création d’emplois», a indiqué M. Tamaki. Certaines grandes économies émergentes se caractérisent toujours par une expansion rapide, notamment la Chine, mais d’autres connaissent une baisse de régime. Le durcissement des conditions financières accentue le ralentissement de la croissance dans les économies émergentes. Selon les prévisions de l’OCDE, la croissance aux États-Unis devrait atteindre 3.1% en rythme annualisé au deuxième trimestre de 2014, après avoir été affectée négativement par les températures exceptionnellement basses du premier trimestre. Ces conditions météorologiques extrêmes ont également eu des répercussions sur le Canada, dont la croissance devrait présenter une irrégularité similaire au premier trimestre, avant de rebondir à 2.4%.au deuxième trimestre. Pour le Secrétaire général adjoint et Chef Économiste par intérim de l’OCDE, M. Rintaro Tamaki, : «La reprise progressive observée dans les économies avancées est encourageante, même si des facteurs temporaires ont fait baisser les taux de croissance au cours des premiers mois de cette année, tandis que le ralentissement de l’activité dans les économies émergentes va sans doute être un frein à la croissance mondiale». «Étant donné que des fragilités perdurent dans la zone euro, que le Japon commence seulement à s’atteler 14 / Synergies N° 87 - Mai 2014 Au Japon, l’assainissement budgétaire prévu devrait entamer la croissance à court terme. La hausse du taux de la taxe sur la consommation qui entrera en vigueur le 1er avril devrait doper l’activité au premier trimestre, les consommateurs procédant à des achats par anticipation, et faire monter le taux de croissance à 3.9% en rythme annualisé. Ce phénomène sera contrebalancé par une contraction de l’activité au deuxième trimestre, avant que la reprise ne revienne sur une trajectoire plus normale. Le Royaume-Uni devrait enregistrer une expansion économique de 3% en rythme annualisé tant au premier qu’au deuxième trimestre, mais le taux de croissance de la zone euro – bien qu’en voie d’amélioration – reste inférieur à celui des autres économies avancées. De fortes disparités persistent en Europe, où les trois principales économies (l’Allemagne, la France et l’Italie) considérées dans leur ensemble enregistreront une croissance moyenne pondérée de 1.9% au premier trimestre et de 1.4% au deuxième. L’Allemagne devrait connaître une expansion économique d’environ 3,7% en rythme annualisé au premier trimestre et de 2,5% au second, tandis que le taux de croissance annualisé de l’économie française oscillera autour de 1% et que celui de l’Italie restera en deçà de 1% au premier comme au deuxième trimestre. DOSSIER SECTEUR DE L’EMBALLAGE & DU CONDITIONNEMENT : Une industrie dynamique à la recherche de pistes d’avenir Loin d’être un surcoût, il est, surtout, un facteur décisif pour renforcer la compétitivité de l’entreprise et la visibilité du produit. Quel qu’il soit son usage final, pharmaceutique ou alimentaire, l’emballage est à la fois un support de marketing et un outil indispensable pour stimuler l’écoulement d’une production en fournissant au consommateur la qualité, l’hygiène et la traçabilité. Le signe évident du dynamisme de cette jeune industrie réside dans l’adhésion des entreprises du secteur au programme de mise à niveau (PMN). Une option stratégique qui leur a permis de développer des produits à haute valeur ajoutée qui répondent à des besoins précis en matière de qualité. Le secteur de l’emballage, de conditionnement et de l’imprimerie compte quelque 380 entreprises dont 150 ont adhéré au programme de mise à niveau, mobilisant environ 350 Millions de Dinars en investissements matériels et 35 MD en investissements immatériels. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 15 DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT Une industrie dynamique à la recherche de pistes d’avenir de croissance important tiré essentiellement par l’innovation. En effet, la meilleure solution pour faire face à la concurrence réside dans l’option prise par les opérateurs pour la créativité et l’exploitation optimale des opportunités qu’offre ce secteur. Le signe le plus manifeste du dynamisme de cette industrie réside dans l’adhésion des entreprises du secteur au programme de mise à niveau (PMN). Une option stratégique qui a permis à de nombreuses sociétés de se développer à l’international. 16 / Synergies N° 87 - Mai 2014 L oin d’être un surcout, il est, surtout, un facteur décisif pour renforcer la compétitivité de l’entreprise et la visibilité du produit. Quel qu’il soit son usage final, pharmaceutique ou alimentaire, l’emballage est à la fois un support de marketing et un outil indispensable pour stimuler l’écoulement d’une production en fournissant au consommateur la qualité, l’hygiène et la traçabilité. Avec son économie ouverte et la priorité accordée à l’exportation, la Tunisie s’est dotée d’une industrie performante sur le segment de l’emballage. Les entreprises ont pris conscience que l’innovation packaging est une préoccupation majeure et un moyen efficace pour améliorer leur positionnement compétitif, car porteuse d’une réelle plus value en terme d’image. Pour cette raison évidente, le secteur de l’emballage et du conditionnement a connu, ces dernières années, une croissance remarquable favorisée par le développement du secteur de l’industrie qui exprime des besoins grandissants en matière de consommables et d’emballages. Le secteur de l’emballage et de l’imprimerie renferme un potentiel L’importance du Secteur de l’Emballage et du conditionnement se manifeste à travers sa contribution à la promotion des exportations et les opportunités qu’il procure en matière d’investissement, d’emploi et de partenariat. La production totale du secteur est estimée a environ 900.000 tonnes. Ses importations se situent aux alentours de 500 millions de dinars tunisiens (MDT) et ses exportations à 320 MDT, affichant une progression continue. Les entreprises du secteur ont fait un effort pour adopter un fonctionnement plus souple qui leur permet d’assurer, à la fois, le transfert technologique et l’innovation, le contrôle des coûts, la maîtrise de la qualité et l’amélioration du taux d’encadrement. Une intégration dans les réseaux commerciaux Le secteur de l’emballage et du conditionnement compte 250 entreprises qui emploient environ 20 000 personnes. Une cinquantaine d’entreprises est certifiée ISO 9001, une dizaine est certifiée ISO 22000 et une dizaine est certifiée selon les référentiels de sécurité et de l’environnement OHSAS 18 001 et ISO 14001. Le signe évident du dynamisme de cette industrie réside dans l’adhésion des entreprises du secteur au programme de mise à niveau (PMN). Une option stratégique qui leur a permis de développer des produits à haute valeur ajoutée qui répondent à des besoins précis en matière de qualité, tout intégrant, dans leur conception et fabrication, les exigences du développement durable imposées par les marchés internationaux, comme l’allégement, la réutilisation, le recyclage et la valorisation d’une façon générale. 180 entreprises du secteur de l’emballage et de l’imprimerie ont adhéré au PMN, les investissements se sont élevés à 350 MDT (+35 MDT en immatériel), ce qui représente quelque chose comme 10% du montant global des investissements de mise à niveau. Les résultats de cet effort ne se sont pas fait attendre: une soixantaine d’entreprises sont certifiées selon les différents référentiels internationaux (Iso 9001, Ohsa 18001, Iso 22000, Iso14001). Plusieurs partenariats se sont également concrétisés dans les différentes branches du secteur permettant un transfert de savoirfaire et une plus grande intégration dans les réseaux commerciaux. Ce qui mérite d’être souligné, c’est bien la diversité des domaines et des spécialisations de ces entreprises qui ont élu domicile dans notre pays. Le domaine du papier et carton comporte plus de 47 sociétés dont un spécialisé dans la fabrication de Pâte d’Alfa. Huit entreprises se spécialisent dans le la transformation du papier carton. Les autres entreprises sont des transformateurs de papier qui assurent la production Synergies N° 87 - Mai 2014 / 17 DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT de carton ondulé, sacs en papier, boîtes et cartonnage pliant…A cet égard, la production tunisienne annuelle de papier et carton s’élève à 242 000 tonnes pour une valeur de plus de 234 M . Une diversité de spécialisations Le secteur de la production des emballages plastiques consomme 1/3 de la production nationale en plastique et comporte plus de 91 entreprises dont 6 dédiées totalement à l’export. L’industrie de l’emballage métallique groupe une dizaine d’usines qui produisent près de 150 000 tonnes de matières métalliques par an. La majorité de la production est affecté au secteur agroalimentaire et à l’industrie chimique. La production de verre est utilisé à hauteur de 70% pour servir le marché du conditionnement des boissons gazeuses, à hauteur de 50% pour servir le marché du conditionnementdes eaux minérales, à hauteur de 85% pour servir le marché de la bière et à hauteur plus de 96% de celui du vin. Le verre est aussi utilisé dans l’industrie pharmaceutique à titre de 40%. Le bois est utilisé pour la fabrication de palettes et de caisses d’emballage de transport. Ce secteur regroupe peu d’entreprises dont PACKAGING WOOD les barquettes et les caissettes, TUNISIE PALETTES spécialisée dans les emballages de transport, SEFOPEB spécialisée dans les cagettes en bois pour produits alimentaires. Pour optimiser ces savoir-faire, la création du Centre technique de l’emballage et du conditionnement PACKTEC, il y a près de 18 ans, a servi de levier important. Ce dernier fournit une expertise technique aux fabricants, aux conditionneurs et aux exportateurs d’emballages. A cet effet, le centre dispose des outils nécessaires pour accompagner les entreprises et les exportateurs. Parallèlement, il possède une unité de design, de laboratoires, un centre de logistique et propose diverses prestations dont des stages de formation à destination des intervenants. C’est également PACKTEC qui organise, chaque année, le Concours national du meilleur emballage «Tunisia Star Pack». Avec le développement de l’industrie de l’emballage, c’est la facture d’importations des cartons, papiers, verres, plastiques et autres boites de conserves, qui s’allège. La production locale permet à la Tunisie d’exporter une partie de sa fabrication. Dans cette industrie dominée par de PME/PMI, de nombreuses entreprises sont parvenues, non seulement, à renforcer leur positionnement sur le marché local, mais surtout à s’internationaliser. Les success stories, fruit d’actions de partenariats féconds, ne cessent de se multiplier. Tel est le cas de Altea Packaging devenu l’un des fleurons tant au DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT niveau local qu’à l’export. Ce groupe spécialisé dans le développement, la transformation et l’impression d’emballages souples capitalise plus de 100 ans d’expérience. Présent en Tunisie, en Egypte, en Algérie, au Maroc et en France, Altea packaging group est référencé comme partenaire de la plupart des multinationales du sud de la Méditerranée. Il en est de même pour Poulina, un groupe qui opère dans de nombreux domaines - dont l’emballage -, doit aussi ses bonnes performances à son développement à l’international. La filière emballage regroupe plusieurs sociétés spécialisées dans des métiers divers tels que les activités d’imprimerie, de transformation de carton et de papier, de l’alvéole, du polystyrène et de l’impression sur film plastique, ainsi que des emballages alimentaires et des boîtes en cartons. Loin de se cantonner uniquement à la production tous azimuts d’emballages, la Tunisie se soucie également de la protection de son environnement et a adopté, pour ce faire, une série de mesures visant, en amont, à la fabrication de matériaux moins polluants et, en aval, à la collecte et au recyclage de ses déchets. Les actions engagées dans ce domaine sont aussi importantes que pointues nécessitant une veille permanente et une réactivité. L’écoemballage constitue un argument marketing qui mérite un plus grand engagement des industriels au cours des prochaines années. PACKTEC : Au service d’une jeune industrie avide d’innovation et de compétitivité Tirant sa force de l’innovation et de la conformité aux règles de qualité et normatives, ce secteur présente, aujourd’hui, un énorme potentiel d’exportation, d’investissement et d’emploi. Dans cette dynamique PACKTEC joue un rôle de relais important. E ntre PACKTEC (centre technique de l’emballage et du conditionnement) et les entreprises d’emballage et de conditionnement, il existe une relation d’amour qui se renouvelle mais ne s’use pas. Il ne pourrait pas y être autrement dans une activité où l’innovation, la qualité et la veille technologique constituent le cordon ombilical de sa pérennité et de sa compétitivité. L’expérience des centres techniques en Tunisie est, à cet égard, bien particulière. En offrant un service mutualisé aux PME et PMI, ils assument une mission essentielle d’accompagner les entreprises dans leur processus de mise à niveau, en leur assurant un support technique et technologique leur permettant de mieux maitriser les procédés de fabrication et de se conformer aux exigences règlementaires et normatives. Cette mission stratégique dévolue aux centres techniques répond à un double besoin, consistant à soutenir l’effort d’industrialisation du pays et à fournir une assistance aux industriels pour la mise en place d’un référentiel en matière de qualité, de formation, de maitrise technologique et de veille normative. 18 / Synergies N° 87 - Mai 2014 C’est ce que PACKTEC n’a cessé de faire, avec un zeste de réussite, depuis maintenant dix-huit ans, contribuant à l’éclosion d’une jeune industrie d’emballage et de conditionnement dynamique dont la compétitivité et la performance sont aujourd’hui reconnues. A travers la panoplie d’instruments qu’il a su mettre à la disposition des industriels, les PME et PMI locales ont réussi à renforcer leur positionnement sur le marché national, parvenues à se développer à l’international et à saisir la toute importance de suivre l’évolution technologique. Car dans ce secteur, les positions ne sont jamais acquises, d’où l’impératif d’investir toujours dans la recherche développement et de savoir répondre à une demande où les critères d’exigence sont de plus en plus sévères. 350 millions de dinars d’investissements Le secteur de l’emballage, de conditionnement et de l’imprimerie compte quelque 380 entreprises dont 150 ont adhéré au programme de mise à niveau, mobilisant pour la circonstance environ 350 Millions de Dinars en investissements matériels et 35 MD en investissements immatériels. Dans ce processus de mutation, le centre a joué un rôle de relais important. Avant 1996, le nombre de bureaux Synergies N° 87 - Mai 2014 / 19 DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT d’étude et de consulting se comptent sur les doigts de la main (environ cinq), note M Hamdi Guezguez, Directeur Général de PACKTEC. Aujourd’hui, ils sont quelques centaines. Bien plus, la plupart des entreprises du secteur utilisaient un matériel d’occasion. Cette phase, pense M Guezguez, a servi pour démystifier la technologie liée au domaine de l’emballage et à la maitriser par une certaine intégration des différentes fonctions qui en sont liées. Incontestablement, le programme de mise à niveau a été le catalyseur de la dynamique que connait ce secteur. PACKTEC a accompagné 30% des entreprises dans ce processus à travers la mise en œuvre dans différents programmes de promotion de la qualité et autres financés par l’Union Européenne. Résultat : une bonne partie des entreprises se sont engagées dans le renouvellement de leur outil de production ou de programmes d’extension à l’effet de répondre aux besoins exprimés tant au niveau local qu’international. De façon concomitante, un bon nombre d’entreprises ont réussi à renforcer leur positionnement compétitif en parvenant à prendre de parts appréciables sur les marchés voisins ou ceux de certains pays développés. A l’évidence, ces évolutions intéressantes montrent que le secteur de l’emballage et du conditionnement en Tunisie présente un potentiel de production qui lui autorise à concourir d’une manière plus efficiente à l’amélioration de la balance économique de cette branche industrielle. Qualité et conformité aux normes et règlements Aujourd’hui on est convaincu qu’à travers l’appui apporté au secteur industriel, les entreprises peuvent légitimement aspirer atteindre un niveau supérieur de compétitivité, de qualité et réussir ainsi un meilleur positionnement à l’international. Pour cela, estime M Guezguez, il faut remplir certaines conditions 20 / Synergies N° 87 - Mai 2014 DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT INTERVIEW DE SLIM ZEGHAL : DIRECTEUR GÉNÉRAL D’ALTEA PACKAGING On a réussi à passer d’une PME locale à un leader régional «Notre vision : être leader de l’emballage flexible dans la région MENA et un outsider crédible en Europe. En management, on peut se tromper. Le tout est de se tromper moins et de réussir plus». objectives dont notamment la parfaite gestion de la productivité, la maîtrise du sourcing et la stricte conformité aux exigences règlementaires et normatives. et analyses sont opérés sur l’alimentarité et la migration entre contenants et contenus, sur les conditions de préservation et de perméabilité des produits. Pour cette raison, le centre technique de l’emballage et du conditionnement balise la voie et entreprend un travail d’approche à même de permettre aux industriels d’être constamment au fait de tout se qui se passe dans ce secteur qui offre un énorme potentiel d’exportation mais qui nécessite, en même temps, une veille permanente. Concrètement, PACKTEC organise annuellement des réunions «B to B» qui permettent de rapprocher l’offre et la demande représentée dans le cas d’espèce par les entreprises offshore présentes en Tunisie.. Il faut dire que, le secteur de l’emballage et du conditionnement, pratiquement la seule activité non sinistrée après la révolution avec une évolution annuelle enregistrée variant entre +10% et +15%, est une industrie qui est bien parti. Dans cette optique, PACKTEC entend miser plus sur la fonction recherchedéveloppement. En témoigne, la mise en place dans le cadre de sa nouvelle organisation, d’une direction dédiée au développement technologique. L’objectif recherche étant de répondre aux besoins des entreprises en matière de développement par le truchement des mécanismes mis en place. Pour s’acquitter au mieux de ses missions à la fois pointues et complexes, le centre dispose d’une infrastructure laboratoires d’analyse et d’essai accrédités au niveau international. Par ce biais, le centre délivre aux industriels des cahiers de charges définissant les caractéristiques techniques des produits qu’ils présentent à leurs fournisseurs. Dans l’autre sens, le centre accompagne les fournisseurs dans leur processus de conformité aux normes de qualité requises. L’action de conseil ne se limite pas à un seul champ, elle englobe, bien au contraire, le choix de la matière première, l’examen de sa composition, de ses caractéristiques techniques, les conditions touchant à la sécurité, l’hygiène et la santé du consommateur. En effet, des essais Bien plus, le centre vient de présenter une requête à l’Union Européenne afin de bénéficier d’un projet de jumelage prometteur qui couvre le thème : «de la sécurité des matériaux et emballages en contact avec les denrées alimentaires et la prévention des déchets d’emballages». ce projet pourra permettre de suivre les exigences règlementaires européennes en matière d’emballage alimentaire. européennes en matière d’emballage alimentaire. Derrière ce projet se profile une volonté de favoriser une plus grande harmonisation de la règlementation tunisienne et européenne dans ce créneau particulier. Ce qui est loin d’être une mince affaire. • A quoi attribuez vous la réussite d’un groupe de PME, devenu leader dans la région du Maghreb et au-delà, dans un secteur pointu comme l’emballage ? Je pense que tous les secteurs sont complexes et pointus, et pour nous développer, nous devons poursuivre notre quête de l’excellence. Nous devons aussi savoir rester humbles car nous sommes très petits face à nos concurrents internationaux, qui avaient pour la plupart de grands territoires pour commencer leur aventure. En ce qui nous concerne, nous sommes passés d’une PME tunisienne a une PME régionale, en ayant développé une vision : être leader de l’emballage flexible dans la région MENA et un outsider crédible en Europe. Cette vision a été le fruit d’un grand travail d’analyse, de définition de ce qu’était notre métier (l’emballage au sens large, ou l’emballage flexible…), de compréhension du marché au delà de nos frontières : fragmentation, fournisseurs, clients, d’analyse de nos forces et faiblesses et aussi, de mise en adéquation avec les moyens financiers dont nous pouvions disposer. Nous avons ensuite cherché à transformer cette vision en une réalité et nous avons taché d’exécuter au mieux la stratégie qui en a découlé, avec des bonheurs et des malheurs… En management, on peut aussi se tromper. Le tout est de se tromper moins et de réussir plus… • Votre positionnement actuel sur le marché vient il des réponses que vous présentez aux besoins des entreprises et du marché ou bien de vos relations privilégiés avec des multinationales dans le domaine ? On ne peut pas bâtir de relations privilégiées et pérennes autrement que sur le professionnalisme ! Il faut comprendre les attentes des clients, et y répondre, voire les anticiper. C’est en montrant que l’on peut apporter de la qualité, du service, de l’écoute et de l’innovation que l’on tisse des relations professionnelles privilé-giées et que l’on devient bien plus partenaire que simple fournisseur. Ceci étant, les challenges sont permanents et il n’y a pas de situation acquise d’avance. Il faut toujours s’améliorer pour préserver ses clients et ses marches. Qui n’avance pas recule ! • L’internationalisation de votre groupe, avec une présence dans le Maghreb et le Moyen Orient, va-t-elle se renforcer notamment en Afrique et dans la région du Golfe ? Les marchées du Golfe et de l’Afrique sub-saharienne nous intéressent fortement et nous commençons à y exporter. Nous devons développer encore plus notre connaissance de ces marches et y avoir un business suffisant avant de songer a nous y installer. Ceci est bien évidemment envisageable, mais peut-être pas a très court terme car nous devons consolider notre assise sur nos marches traditionnels, ou nous avons encore beaucoup a faire et ou nous avons besoin de concentrer nos ressources, encore modestes au vu des opportunités qui s’offrent a nous. • Quelle place accordez-vous à la recherche développement pour renforcer votre position compétitive ? La R&D (recherche développement) joue un grand rôle dans la préparation de l’avenir, et ce, quel que soit le métier. Le cycle des produits fait qu’ils deviennent, après un certain temps, des commodités plus de compétiteurs savent les faire et cela finit par éroder les marges. Une entreprise a toujours besoin de produits nouveaux pour améliorer son mix produits et remonter ses marges. Nous avons renforcé nos équipes de R&D ces derniers temps, les avons rapprochées des achats pour travailler conjointement avec nos fournisseurs partenaires en vue de développer de nouveaux produits et d’offrir à nos clients des solutions qui leur permettent de soutenir euxmêmes leurs positions et une offre dans un marche où la sensibilité du consommateur aux prix est forte. Nous n’avons pas la prétention de faire de la recherche fondamentale, ni d’avoir les moyens de certains de nos confrères internationaux qui ont aussi accès à des marches en quête d’innovations majeures. Notre activité R&D est beaucoup plus de développement, adaptée à nos marches et à nos consommateurs. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 21 DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT DOSSIER : EMBALLAGE & CONDITIONNEMENT FRANCE : OBSERVATOIRE DE L’EMBALLAGE 2013 Les nouveaux piliers de développement de la filière Le rapprochement des métiers Packaging - Processing - Printing – Handling amenuise La frontière entre ces 4 métiers et permet aux entreprises de maîtriser l’ensemble de la chaîne de production et du cycle de vie du produit. Le Top 3 des axes majeurs d’innovation pour les acheteurs, tous secteurs confondus, reste la recyclabilité des matériaux et l’emploi de matières recyclées, suivis par l’ergonomie, la praticité et la fonctionnalité des emballages et par les fonctions de protection et de transport des produits. Emploi de matières recyclées D A ces efforts, succède un nouveau chantier : l’optimisation des emballages pour l’intralogistique. Largement à la recherche du zéro déchet, optimisant les prélèvements de matières premières et d’énergie tout au long de son cycle de vie, maitrisant autant que possible les circuits : l’emballage est plus qu’engagé dans l’économie circulaire ! Après deux années moroses, les résultats de l’Observatoire de l’Emballage 2013 soufflent comme un air de renouveau sur une filière qui a su tirer les leçons des évolutions macro-économiques. Les principales variations concernent : • la réutilisation des emballages : 36% des réponses (contre 31% en 2012) • et surtout la suppression du suremballage qui, en enregistrant 29% des votes (contre 41% l’année précédente), se trouve reléguée de la 4ème à la 9ème position dans le classement. ans le cadre de son «Observatoire de l’Emballage 2013», le salon français de l’Emballage a interrogé l’ensemble de la filière (acheteurs, fabricants et distributeurs). Il en ressort un bilan chiffré de l’année 2013 et des pistes de développement pour 2014 dont le levier essentiel reste l’innovation. Les perspectives de production de produits emballés, d’emballages et de machines pour l’emballage et le conditionnement sont plus optimistes. Les prévisions d’investissements sont davantage à la hausse. Les prévisions sur les marges d’exploitation des producteurs se montrent plus stables et les exportations s’accroissent déjà en valeur. la croissance (52% vs 49%) ou sur la stabilité de leur production (32% vs 30%). Ce qui replace ce secteur en tête de liste en 2013, devant les secteurs de la santé / pharmacie et de la cosmétique / hygiène / parfumerie. Cette évolution se traduit par des perspectives plus optimistes sur les marges d’exploitation. • Les répondants sont deux fois plus nombreux à les pressentir à la hausse (32%) qu’à la baisse (15%) et se montrent aussi plus optimistes qu’en 2012 ; • Ces perspectives sont majoritairement envisagées comme stables (53%) ; • Et les appréciations en matière d’emplois restent prudentes pour 64% des répondants qui misent sur leur stabilité. De leur côté, les fabricants d’emballage sont plus nombreux à miser sur Les fabricants et distributeurs de machines et d’équipements pour En effet, 83% des acheteurs d’emballages tous secteurs confondus envisagent des perspectives de production à la hausse ou stables (contre 79% en 2012) : • Ils sont 53% à prévoir spécifiquement une hausse de leur production ; • 63% partagent cette opinion dans l’agro-alimentaire (hors liquide). 22 / Synergies N° 87 - Mai 2014 emballage et conditionnement emboitent le pas et misent à 47% sur une hausse de leur production à moyen terme (contre 37% en 2012), bien que 14% n’aient pas de visibilité. La situation s’améliore également pour leurs perspectives d’investissements qui devraient être stables pour 57% des répondants (versus 47% en 2012), sachant que 17% des opinions (contre 25% en 2012) prévoient une baisse de ces investissements. L’embellie profite également au développement de l’emploi dont la hausse serait possible pour 32% de ces équipementiers et dont la tendance à la baisse n’est plus avancée que par 15% d’entre eux (respectivement 18% et 23% en 2012). Ces chiffres illustrent la progression des industries utilisatrices d’emballages qui, après avoir supprimé et réduit, intègrent de plus en plus de matières recyclées, tout en veillant à la sécurité sanitaire des aliments, et prolongent désormais leurs efforts sur toute la supply chain, et en particulier sur l’intralogistique pour la gestion des flux internes de matières emballées. Des singularités apparaissent par secteur utilisateur. L’axe fonctionnalité/ praticité est prioritaire pour les biens d’équipements et les biens intermédiaires, le design (image, graphisme, e!ets matières) devient l’axe majeur pour la cosmétique et arrive en 3ème position pour l’alimentaire hors liquide. La conservation des produits figure dans le top 3 pour le secteur de la santé et la réutilisation des emballages est surreprésentée dans le secteur des biens d’équipements. Les moteurs d’innovation La réduction des coûts est moteur d’évolution et d’innovation pour 73% des acheteurs tous secteurs confondus, soit 20 points de plus que le 2ème facteur, la réglementation et la normalisation pour 52%. Le cumul des réponses des acheteurs et des fabricants d’emballage par secteur montre que la réduction des coûts est omniprésente (en tête sur tous les secteurs). Les équipementiers continuent à privilégier la flexibilité des équipements, la réduction des temps de changement des outillages (71% des répondants), la fiabilité des équipements et des moyens de contrôle (65% en 2013 contre 63% l’année précédente), ainsi que l’ergonomie des machines et la sécurité des opérateurs, qui enregistrent 60% des réponses en 2013 (contre 55% en 2012). Les nouvelles technologies perdent 14 points dans le classement de cette année mais concernent 50% des répondants. L’export : source de développement Les fabricants d’emballage et de conditionnement réalisent en moyenne 22% de leur chiffre d’affaires hors de France, tandis que les fabricants et distributeurs d’équipements en réalisent 24%. • 40% des fabricants d’emballage estiment que leurs exportations vont augmenter ; • Et 55% des fabricants d’équipements misent pour leur part sur cette hausse. Parmi les pays ciblés, viennent en tête l’Afrique du Nord et l’Allemagne, puis la Belgique. D’une manière générale 2014 annonce de profondes mutations dans ces secteurs qui se traduisent par un rapprochement prononcé des métiers Packaging - Processing Printing - Handling. Une nouvelle situation qui permet au secteur de présenter une offre complète. La frontière entre ces 4 métiers s’amenuise et les entreprises de ces secteurs travaillent de plus en plus de pair. Cela leur permettra, de maîtriser l’ensemble de la chaîne de production et du cycle de vie du produit. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 23 ECONOMIE ECONOMIE CONSEIL D’ASSOCIATION UE-TUNISIE Un plan d’action du partenariat privilégié et des appréhensions L’adoption, le 8 avril dernier, par la Commission européenne d’un règlement d’exécution établissant de nouvelles valeurs forfaitaires à l’importation pour la détermination du prix d’entrée de certains fruits et légumes se présente comme une nouvelle entrave pour les exportations agricoles tunisiennes. L e dixième Conseil d’Association UETunisie, qui s’est tenu le 14 avril 2014 à Luxembourg en marge du Conseil des Affaires Etrangères de l’UE, a été présidé par le vice-ministre grecque des Affaires étrangères, Dimitris Kourkoulas au nom de Catherine Ashton, Haute représentante de l’UE pour la Politique extérieure et de Sécurité commune et viceprésidente de la Commission européenne. La Commission européenne était représentée par Stefan Füle, Commissaire à l’Elargissement et à la Politique de voisinage. La délégation tunisienne était présidée par le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, Fayçal Gouia. Il semble que la présence officielle tunisienne à minima vient exprimer une insatisfaction de l’évolution des relations avec le partenaire européen. L’adoption, le 8 avril dernier, par la Commission européenne d’un règlement d’exécution établissant de nouvelles valeurs forfaitaires à l’importation pour la 24 / Synergies N° 87 - Mai 2014 un accord politique sur le Partenariat privilégié entre la Tunisie et l’UE, concrétisé par le nouveau Plan d’action et sa matrice identifiant les actions prioritaires jusqu’en 2017. Le Plan d’action du Partenariat privilégié constitue une feuille de route impliquant la mise en œuvre de réformes dans tous les domaines. Le Conseil d’association a permis aux deux parties de faire le bilan des réalisations accomplies, de passer en revue les étapes à venir et d’échanger sur les développements en Tunisie et dans l’UE. Poingée de mains entre MM. Dimitris Kourkoulas et Fayçal Gouia. détermination du prix d’entrée de certains fruits et légumes en provenance de pays tiers, dont la Tunisie a été considérée comme une nouvelle entrave pour les exportations agricoles tunisiennes vers ce marché. Il faut préciser que la question de la libéralisation des prix des produits agricoles, que l’UE tente d’imposer à ses partenaires de la rive sud de la méditerranée, revêt une dimension stratégique. Pour un pays comme la Tunisie, où le secteur agricole est formé à 80% de petits exploitants, l’enjeu est de taille. Une ouverture totale du marché agricole risquerait d’entrainer une désintégration de ce secteur, encore fragile et peu compétitif, et d’accroitre la vulnérabilité de l’économie tunisienne qui, depuis trois ans, peine à retrouver ses repères. Hormis l’écart de développement qui existe entre les secteurs agricoles de deux rives, la question de la libéralisation des produits agricoles soulève des appréhensions légitimes dans la mesure où ce processus ne peut qu’être que graduel et précédé d’actions d’accompagnements bien réfléchies afin de préserver la compétitivité, la productivité et les emplois qu’offre ce secteur. Un plus grand soutien politique et économique Même si l’UE fait miroiter les opportunités que cette libéralisation peut créer, la Tunisie considère qu’il importe, au préalable, de mettre des gardes fous afin que ce processus n’entraine pas une concurrence déloyale au détriment des producteurs nationaux et n’affecte les orientations nationales qui convergent toutes vers la réalisation de la sécurité alimentaire du pays. Le Conseil d’Association UETunisie du 14 avril 2014 a donné l’opportunité de sceller A cet effet, la partie tunisienne a fait part des derniers développements politiques et institutionnels positifs qu’ connus le pays depuis le début de l’année en cours. Ces derniers sont directement liés à l’adoption le 26 janvier 2014 de la nouvelle Constitution. En effet, les étapes électorales à venir commandent de renforcer les relations Tunisie-UE via la mise en œuvre du Partenariat privilégié. Dans cette dernière phase du processus de transition, la Tunisie s’attend à un plus grand soutien politique et économique qui soit en adéquation avec ses priorités en matière de commerce et de mobilité. Initiatives en faveur de l’entreprenariat Lors de cette réunion, l’UE a confirmé son appui à la transition en soulignant l’importance de mettre en œuvre la nouvelle Constitution et consolider la protection des droits de l’Homme, des libertés fondamentales et de l’État de droit. Tout en reconnaissant les importants défis socio- économiques et sécuritaires auxquels la Tunisie fait face, l’UE a assuré la Tunisie de son soutien croissant et estime que les perspectives économiques et sociales de la Tunisie dépendent largement de l’évolution de la transition politique, de la consolidation de ses institutions et de son secteur bancaire, de la modernisation de la gestion des finances publiques, mais aussi de l’adoption de réformes structurelles. A cet égard, l’UE a réitéré son offre d’une intégration progressive de la Tunisie dans le marché intérieur européen, d’une relance des négociations de libéralisation du commerce agricole et aérien et d’un soutien accru aux petites et moyennes entreprises à travers la participation de la Tunisie aux programmes de l’UE et à travers des initiatives en faveur de l’entreprenariat. Ce Conseil a aussi été l’occasion de rappeler que l’offre européenne concerne aussi l’amélioration des conditions de mobilité pour les citoyens européens et tunisiens à travers la mise en œuvre du partenariat pour la mobilité dont la déclaration politique a été signée le 3 mars dernier. Tout en reconnaissant les inquiétudes exprimées par la société civile tunisienne, l’UE a rappelé son engagement à répondre d’une manière globale et équilibrée à tous les aspects du phénomène migratoire, sans obsession sécuritaire, tout en fournissant un cadre coordonné de coopération avec les 10 Etats membres qui s’engagent aux côtés de la Tunisie pour faire de ce partenariat un succès. A cette occasion, l’UE a présenté le nouvel instrument financier d’aide aux pays du voisinage (ENI) dont bénéficiera la Tunisie dans le cadre du nouveau cadre financier pluriannuel 2014-2020. Enfin, ce Conseil d’association a permis de lancer la procédure d’adoption de deux protocoles additionnels à l’Accord d’association entre l’UE et la Tunisie en ce qui concerne, d’une part, l’adhésion de la Bulgarie et de la Roumanie, et d’autre part, un accord cadre ouvrant l’accès de la Tunisie aux programmes et agences de l’UE. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 25 ECONOMIE ECONOMIE PERFORMANCE LOGISTIQUE L’écart se creuse entre le Nord et le Sud Le grand écart qui persiste dans les pays en développement résulte de la complexité des réformes liées à la logistique et du manque d’investissement. La Tunisie est classée 110ème avec une note de 2,55 dans l’indice de performance logistique (LPI). S elon un rapport du Groupe de la Banque mondiale, en dépit d’une lente les pays en développement convergence amorcée depuis 2007, l’écart reste grand entre les pays les plus performants et les moins performants dans le domaine de la logistique commerciale. Cet écart persiste en raison de la complexité des réformes liées à la logistique et du manque d’investissement dans les pays en développement. Or, il est presque universellement reconnu que la faible efficacité de la chaîne logistique est le principal obstacle à l’intégration commerciale dans le monde moderne. Ce rapport, intitulé Connecting to Compete 2014 : Trade Logistics in the Global Economy, évalue 160 pays sur un certain nombre d’aspects du commerce qui sont de plus en plus reconnus comme des 26 / Synergies N° 87 - Mai 2014 facteurs importants de développement : le rendement des services douaniers, la qualité de l’infrastructure et la rapidité des livraisons, notamment. Les données proviennent d’une enquête menée auprès de plus de 1 000 professionnels de la logistique. Le service en charge du commerce international au sein du Groupe de la Banque mondiale produit l’indice de performance logistique (LPI) tous les deux ans depuis 2007. «L’objectif de cet indice est de rendre compte d’une réalité assez complexe : les caractéristiques de la chaîne logistique. Dans les pays où les coûts logistiques sont élevés, ce n’est souvent pas la distance entre les partenaires commerciaux, mais la fiabilité de la chaîne logistique qui est le principal facteur de renchérissement de ces coûts». Dans l’édition 2014 du rapport sur l’indice de performance logistique, l’Allemagne se classe globalement au premier rang, tandis que la Somalie arrive en dernière position. Les pays à revenu élevé figurent parmi les dix meilleurs du classement. Dans le groupe des pays à faible revenu, le Malawi, le Kenya et le Rwanda ont enregistré les meilleures performances. La Tunisie est classée 110 ème avec une note de 2,55 dans l’indice de performance logistique (LPI). Le rapport de la BM classe l’Egypte à la 62 ème position mondiale, deuxième position au niveau continental derrière l’Afrique du Sud (34 ème). L’Algérie est 96 ème avec une note de 2,65 et la Libye arrive à la 118ème position avec une note de 2,50. Selon les tendances mises au jour dans les rapports précédents, les pays améliorent globalement leurs performances, les moins performants d’entre eux affichant des améliorations plus rapides que ceux en tête du classement. Le rapport 2014 met en évidence différentes stratégies à mettre en œuvre, en fonction du niveau de revenu des pays. Dans les pays à faible revenu, les avancées les plus notables sont généralement attribuables à l’amélioration de l’infrastructure et de la gestion intégrée du dédouanement aux frontières. Ces mesures peuvent consister, par exemple, en une réforme des douanes, mais elles concernent de plus en plus l’amélioration de l’efficacité des autres services de contrôle, dont notamment ceux chargés des contrôles sanitaires et phytosanitaires. De multiples approches s’avèrent souvent nécessaires en la matière. En effet, on ne peut pas se contenter d’améliorer les infrastructures sans traiter en même temps les problèmes de gestion des frontières. Il est difficile de tout mener de front. Les projets sont plus compliqués, ils font intervenir plusieurs acteurs. Il n’y a de moins en moins de solutions qui produisent des résultats rapides. Les pays à revenu intermédiaire, en revanche, disposent généralement d’assez bonnes infrastructures et de services de contrôle des frontières qui fonctionnent bien. Ils tirent généralement leurs succès les plus importants de l’amélioration des services logistiques, et en particulier de la sous-traitance d’activités spécialisées comme le transport, le transit et l’entreposage. Dans les pays à revenu élevé, on constate une prise de conscience croissante en faveur de «la logistique verte», qui s’accompagne d’une hausse de la demande de services respectueux de l’environnement. Selon l’enquête sur l’indice de performance logistique de 2014, environ 37% des personnes qui expédient des marchandises vers les pays de l’OCDE ont constaté une demande pour des solutions logistiques respectueuses de l’environnement, contre seulement 10% chez celles qui acheminent des cargaisons vers des destinations à faible revenu. d’autres aspects de la facilitation des échanges comme des postes de réduction des coûts commerciaux. Selon une étude de 2013 menée par le Groupe de la Banque mondiale et le Forum économique mondial, la réduction des coûts de transaction élevés et des tracasseries administratives inutiles auxquelles font face les commerçants pourrait doper le PIB mondial. En janvier, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a finalisé un «accord de facilitation des échanges» qui définit des normes pour des procédures douanières plus rapides et plus efficaces et prévoit des dispositions pour l’assistance technique et la formation dans ce domaine. En octobre dernier, la Banque mondiale et six autres institutions financières multilatérales ont appuyé les efforts de l’OMC dans une déclaration commune. Dans ce contexte général, l’indice de performance logistique est de plus en plus respecté par les décideurs politiques. En Indonésie, par exemple, il est officiellement utilisé pour mesurer la performance du ministère du Commerce. L’Organisation de coopération économique AsiePacifique (APEC) a recours à cet indice pour mesurer l’impact d’une initiative visant à améliorer la connectivité de la chaîne logistique. La Commission de l’UE s’en est également servie pour établir son tableau de bord transport ou dans l’évaluation récente (2013) de l’Union douanière européenne. L’indice de performance logistique est un outil concret de sensibilisation qui encourage les améliorations,. Il permet d’évaluer les contraintes dans un large éventail de pays. L’appui du Groupe de la Banque mondiale en faveur de la facilitation des échanges entre ses pays clients a été considérable. Le Groupe a consacré 5,8 milliards de dollars en 2013 aux projets de facilitation des échanges, reconnaissant ainsi que les obstacles logistiques entravent la participation des pays en développement au système commercial international. Au cours des dernières années, la baisse des droits de douane à l’échelle mondiale a fait émerger la logistique et Synergies N° 87 - Mai 2014 / 27 PERSPECTIVES D’AFFAIRES PERSPECTIVES D’AFFAIRES ENQUÊTE MARKIT ECONOMICS (2014)* Regain de confiance et d’optimisme des entreprises françaises Le degré de confiance des entreprises privées françaises se redresse mais reste inférieur à celui enregistré dans les principales économies européennes. L e Rapport Mondial sur les Perspectives d’Affaires de l’Industrie Manufacturière et du Secteur des Services est produit par Markit Economics. Il est établi à partir d’une enquête réalisée auprès d’environ 11 000 fabricants et prestataires de services auxquels il est demandé ce que sera, selon eux, la situation économique de leur entreprise dans les mois à venir. celles des marchés émergents qui restent faibles. Les pays étudiés par l’enquête sont les Etats-Unis, le Japon, l’Allemagne, le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, l’Autriche*, les PaysBas*, la Grèce*, la République tchèque*, la Pologne*, le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine. Les entreprises de la zone euro affichent leur plus fort degré d’optimisme depuis trois ans. L’enquête sur les perspectives d’affaires indique, par des résultats nets, le degré d’optimisme ou de pessimisme des entreprises concernant les mois à venir pour chacune des variables de l’enquête. Ces résultats nets varient entre -100 et +100, un chiffre égal à 0.0 indiquant des perspectives neutres pour les douze prochains mois. L’enquête Markit publiée en mars 2014 fait ressortir que l’optimisme des entreprises, à l’échelle mondiale, atteint un plus haut de deux ans. Les perspectives de croissance des économies développées s’améliorent, contrairement à 28 / Synergies N° 87 - Mai 2014 Les projets d’investissement et les perspectives d’emploi atteignent leur plus haut niveau d’après crise. De toutes les économies développées couvertes par l’enquête, c’est le RoyaumeUni qui affiche les meilleures perspectives en termes de croissance, d’emploi, d’investissement et de bénéfices. Les perspectives d’activité s’améliorent aux Etats-Unis et atteignent un plus haut d’un an. La confiance des entreprises japonaises concernant leur volume d’activité futur reste quasiment inchangé par rapport au faible niveau enregistré à la fin de l’année 2013. La confiance des entreprises françaises continue de s’améliorer en ce début d’année 2014, les derniers résultats de l’enquête sur les perspectives d’affaires indiquant le plus fort degré d’optimisme des huit dernières périodes d’enquête. Se redressant de +21.2% en octobre dernier à +28.0 % en février, le résultat net des entreprises anticipant une hausse de leur activité au cours des douze prochains mois atteint son plus haut niveau depuis juin 2011. Perspectives optimistes Le degré d’optimisme enregistré en France reste toutefois inférieur à celui des autres grandes économies de la zone euro couvertes par l’enquête, et s’inscrit nettement en dessous de la moyenne mondiale (+39.8 %). Selon les entreprises interrogées, le déficit de confiance chez leurs clients, la faiblesse des investissements et les fortes pressions concurrentielles devraient, entre autres facteurs, peser sur les perspectives d’activité dans l’année à venir. Un certain nombre de répondants espèrent toutefois dépasser ces obstacles, grâce notamment à des innovations et au développement de nouveaux produits ou à la conquête de nouveaux marchés. Le regain d’optimisme observé en février dans l’ensemble du secteur privé français reflète principalement une amélioration de la confiance chez les prestataires de services. Le résultat net des entreprises anticipant une hausse de leur activité dans les douze prochains mois se redresse en effet de +22.2 % en octobre à +31.6 % dans le secteur des services. Dans l’industrie manufacturière en revanche, ce même résultat net ne progresse que très légèrement : de +18.4 % en octobre à +18.8 % en février. Les nouvelles affaires devraient, selon les résultats de l’enquête, augmenter au cours des douze prochains mois dans l’ensemble du secteur privé français. A +31.2 %, le résultat net des entreprises anticipant une hausse des nouveaux contrats atteint en outre son plus haut niveau depuis février 2011. En conséquence, les entreprises interrogées s’attendent à une croissance de leurs revenus dans l’année à venir, le résultat net relatif à cette variable affichant ainsi en février sa quatrième hausse consécutive. Les perspectives d’évolution des bénéfices restent favorables au cours de la dernière période d’enquête. A +12.5 % en février, le résultat net reste relativement stable par rapport à octobre dernier (+12.6 %), mais s’inscrit toutefois nettement en dessous de la moyenne enregistrée pour l’ensemble de la zone euro (+21.0 %). Les entreprises françaises anticipent une hausse des dépenses d’investissement dans les douze prochains mois. A +4.6 %, le résultat net des dépenses d’investissement se redresse légèrement par rapport au +4.1 % enregistré en octobre, et atteint ainsi son plus haut niveau depuis deux ans. Les perspectives de croissance de l’emploi ont également été revues à la hausse depuis octobre dernier. Le résultat net des entreprises prévoyant d’augmenter leurs effectifs progresse de +4.9 % en octobre à +7.1 % et atteint ainsi son plus haut niveau depuis l’hiver 2011. Le renforcement des perspectives d’embauche dans le secteur des services permet de compenser le pessimisme des fabricants, ceux-ci anticipant en effet une accélération des destructions d’emplois. Les prix des achats des entreprises privées françaises devraient augmenter au cours des douze prochains mois, le résultat net se repliant toutefois légèrement, de +23.6 % en octobre à +22.0 % en février. L’inflation des coûts devrait, selon les données de l’enquête, être plus marquée chez les prestataires de services que chez les fabricants. Cherchant à compenser la hausse de leurs coûts, les répondants prévoient d’augmenter leurs tarifs dans l’année à venir. Le résultat net des entreprises anticipant une hausse de leurs prix de vente se redresse très légèrement de +8.4 % en octobre à +8.6 %. Synthèse des résultats composties pour la France (industrie manufacturière + secteur des services) Résultat net (% age de répondants prévoyant une hausse au cours des 12 prochains mois moins % age prévoyant une baisse) Activité Revenus de l’entreprise Nouvelles affaires Bénéfices Emploi Dépenses d’investissement Prix des achats Prix facturés Oct.12 -0.5 -7.3 +5.2 -6.1 -6.3 -12.2 +15.4 +1.2 Fév. 13 +12.6 -0.4 +13.6 +1.3 -8.0 -5.2 +16.0 -2.3 All Intellectual Property Rights owned by Markit Economics Limited. Juin 13 +12.4 +2.9 +9.3 -1.0 -4.0 -1.2 +15.3 +1.0 Oct.13 +21.2 +12.7 +23.5 +12.6 +4.9 +4.1 +23.6 +8.4 Fév. 14 +28.0 +17.6 +31.2 +12.5 +7.1 +4.6 +22.0 +8.6 Compiled by markit * Markit Economics est une société indépendante d’envergure mondiale spécialisée dans les analyses financières. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 29 DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE situation financière assez préoccupante. Leur situation est maintenue relativement soutenable, grâce à une série de mesures correctives et ponctuelles. Agir dans l’urgence Cette situation délicate est la conséquence logique de l’accroissement accéléré du nombre des affiliés (+6% par an) qui ont rejoint le camp des retraités, notamment dans l’intervalle 2000-2010 où moment où l’évolution des ressources n’a pas dépassé 2%. Le déficit des trois caisses sociales a atteint 220 millions de dinars en 2012, plus de 280 millions de dinars en 2013 et environ 400 millions de dinars en 2014. A défaut de mesures urgentes et consensuelles, cette spirale infernale porterait ce déficit à 800 millions de dinars en 2017. Contrairement à la CNSS, la situation da la CNRPS est plus compliquée et les problèmes se posent avec acuité. L’enlisement des équilibres financiers de la Caisse est perceptible. Il a fallu à maintes reprises en modifier les taux de cotisation, pour lui donner un nouveau souffle. L e déséquilibre financier du système de protection sociale, devenu structurel est, aujourd’hui, objet d’inquiétude manifeste et de questionnement lancinant. Les chiffres annoncés montrent que ce système est au bout du rouleau. Il est maintenu sous perfusion et les caisses sont en train de s’acquitter dans la douleur de leurs engagements vis-à-vis de leurs affiliés, soit au moyen d’avances budgétaires ou en raclant les fonds du tiroir. Les données chiffrées parlent d’elles même. Le déficit des caisses sociales s’est multiplié par sept depuis 2010. En plus clair, le déficit des trois caisses sociales a atteint 220 millions de dinars en 2012, plus de 280 millions de dinars en 2013 et environ 400 millions de dinars en 2014. A défaut de mesures urgentes et consensuelles, cette spirale infernale porterait ce déficit à 800 millions de dinars en 2017. La CNRPS est la plus touchée en raison de charges de plus en plus lourdes aggravant son déficit, désormais structurel. L’appel aux avances de l’Etat est devenu incontournable pour lui permettre de ne pas perdre la face vis-à-vis de ses adhérents. Les difficultés de la CNSS sont moins lourdes cela va sans dire à 30 / Synergies N° 87 - Mai 2014 court terme seulement à la faveur d’un volume, relativement, adéquat de ses réserves techniques. Néanmoins, sa solvabilité risquerait de se trouver altérée à moyen et à long terme dans la mesure où ces réserves pourraient être réduites de façon drastique d’ici 2015-2016. Les menaces n’épargnent pas la CNAM mais avec une intensité moindre. Cette dernière gère le régime d’assurance maladie et fait face, depuis son entrée en activité, à des carences financières de moins en moins maîtrisables en raison de fortes pressions sur ses dépenses. Essoufflement et mesures correctives Pour faire face à ce problème, des réformes urgentes s’imposent. Elles doivent prévoir des solutions structurelles qui garantiraient à long terme la pérennité et la viabilité d’un système qui supporte mal le recours à de simples expédients. La hausse annoncée dans la cotisation aux différentes caisses sociales et la prolongation de l’âge de la retraite à 62 ans permettraient aux caisses sociales, certes, de retrouver leur souffle pendant deux ou trois années, mais ne résoudraient pas radicalement le problème. La mise en place d’une réforme globale du système reste la voie du salut et le moyen le plus adéquat pour écarter le spectre de la faillite et éviter de souffler le tocsin des régimes de la retraite en Tunisie. Etant arrivé à maturité, le système nécessite une réforme en profondeur qui prendrait en considération ses principales faiblesses et insuffisances qui, faut-il dire, ne datent pas d’aujourd’hui. Depuis le début des années 2000, on avait prédit l’essoufflement des régimes de retraite en Tunisie et toutes les études élaborées avaient proposé un éventail de mesures dont notamment le relèvement de l’âge de la retraite. L’évolution des résultats financiers des caisses de sécurité sociale depuis les années 90 reflétait une Incontestablement, ce sont les variables d’ordre démographique qui ont fortement impacté les équilibres financiers des caisses de sécurité sociale. Toute modification des caractéristiques démographiques de la population se ressent doublement au niveau des indicateurs financiers des caisses et au niveau de la structure des emplois (pensions, prestations familiales, charges diverses…). La raison est évidente ; la Tunisie, connait une phase avancée de sa transition démographique, dont les principales manifestations se font ressentir d’une manière différenciée, entre la CNSS et la CNRPS. Pour les caisses de sécurité sociales, l’allongement de l’espérance de vie est perçu comme un fardeau financier, dans la mesure où le volume global des pensions est fonction croissante de l’espérance de vie à la retraite. Ces espérances de vie à 60 ans, sont aujourd’hui de 72.9 ans pour les hommes et de 76.9 ans pour les femmes. Le vieillissement de la population tunisienne va certainement avoir des conséquences sur l’économie d’une manière générale et tout particulièrement sur l’évolution de la population active. Les changements intervenus au niveau de la structure par âge de la population ne manqueront pas d’avoir un impact sur le ratio de dépendance (retraités/actifs) et donc sur la croissance potentielle par tête et sur l’équilibre des régimes de retraites Plusieurs facteurs pourraient accélérer la tendance à l’aggravation des déficits et rendre les pressions de plus en plus lancinantes. Ainsi, la persistance du chômage à des niveaux élevés (15,3%) combiné à un rythme de croissance économique faible (2,3%), inférieur au taux de croissance potentielle, se répercuteraient par une élévation de la part des retraites dans le PIB. Sous déclaration et sous recouvrement L’impact le plus manifeste des effets démographiques sur la structure des emplois de la CNSS, se reflète à travers la montée fulgurante de la part des charges de pensions. Se situant aux environs de 32.8% en 1988, la part des pensions (y compris régime complémentaire), a été portée à plus de 53% des emplois actuellement. Il est à noter dans ce contexte, l’accroissement rapide des pensions de retraite servies ( +12%) en raison de l’arrivée à maturité de la plupart branches du régime. Par ailleurs, les problèmes de sous déclaration et de sous recouvrement des créances sont devenus au fil des ans des entraves majeures à l’optimisation des ressources des caisses de sécurité sociale. Ce problème, faut-il le préciser, est spécifique à la CNSS. Il se manifeste dans le présent contexte par un tarissement graduel des ressources. La sous déclaration des salaires dont l’ampleur et la gravité Synergies N° 87 - Mai 2014 / 31 DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE sont incontestables, a amplifié les difficultés en favorisant une évolution asymétrique des ressources et des emplois de la CNSS. macroéconomiques, telles que les gains de productivité pourraient apaiser les pressions pesant sur les équilibres financiers des caisses dans la mesure où une partie pourrait être affectée au financement de capacités de production supplémentaires requises pour accélérer le rythme de créations d’emplois. Le recouvrement des créances des caisses de sécurité sociale auprès de l’Etat et des entreprises publiques constitue une action de première importance dans le sens où la préservation des équilibres financiers, y est intimement liée. Dans cette perspective, seules les réformes paramétriques sont en mesure de faire soutenir le régime par répartition et réduire l’ampleur de ses déficits. La réforme des retraites pourra porter sur de nombreuses variables se rapportant sur le retardement de l’âge de départ à la retraite, la réduction du rendement des annuités, l’indexation de la revalorisation des pensions sur les prix et non en fonction des salaires…dans tous les cas de figure, toute réforme envisagée dans ce domaine comportera nécessairement un coût et des sacrifices qui seront inévitables si l’on veut jouer la carte de la viabilité du système. Les dettes de l’Etat et des entreprises publiques envers la CNSS, ont atteint au terme de l’année 2000, un montant global de l’ordre de 140MD en principal sans compter les pénalités et les dettes qui ont été l’objet d’un programme de rééchelonnement (SNT et CPG Gafsa), pour un montant de 58MD. Concernant la CNRPS, les dettes des entreprises publiques ont atteint en 2000, un montant global de l’ordre de 90MD. Bien plus, et eu égard au contexte économique général, les retraites anticipées, notamment celles pour des raisons économiques, sont en train de peser lourdement sur les équilibres financiers de la CNSS et de la CNRPS. Entre 2000 et 2010 le nombre de personnes bénéficiant de la retraite anticipée s’est accru de 38,1% dans le secteur public et de 33,4% pour le régime des salariés non agricoles. Ce phénomène s’est aggravé davantage au cours des trois dernières années atteignant des seuils inquiétants et entrainant des dépenses supplémentaires pour les caisses de sécurité. Il en est de même pour les cas de départ à la retraite pour raisons économique. d’âge 60 et plus, représenterait 17.7%de la population en 2030 contre 9.2% actuellement. Au cours des années à venir, les variables démographiques exerceront une influence de premier rang sur les équilibres financiers des caisses de sécurité sociale Les difficultés inextricables qu’affrontent aujourd’hui le système de sécurité social peuvent s’inscrire dans la durée au regard de la situation démographique du pays et aux difficultés économiques persistantes. Aussi, les projections effectuées par le CRESS montrent, à paramètres constants à moyen et long terme, que les difficultés se sont intensifiées depuis 2008, les réserves ont commencé à être consommées et épuisées en 2013. Les taux de cotisation commenceront à augmenter en épousant la trajectoire du taux de cotisation d’équilibre. Les déficits annuels des deux caisses atteindront plus que 8% du PIB en 2030. En effet, d’après les projections effectuées par l’INS, la tranche Vers la fin de la période 2020-2030, les régimes légaux de sécurité 32 / Synergies N° 87 - Mai 2014 sociale seront inévitablement en difficultés financières, dont l’intensité dépendra des différents paramètres et de l’envergure et la profondeur des réformes adoptées. Plusieurs facteurs pourraient atténuer la tendance au creusement des déficits en reculant certaines échéances déterminantes à l’instar de l’épuisement total des réserves, ou en écartant la prise de certaines décisions pouvant porter sur de fortes augmentations des taux de cotisation. Parmi ces facteurs, on peut citer l’amélioration du recouvrement des créances des caisses auprès de l’Etat et du secteur privé, l’optimisation des ressources en trouvant des solutions adéquates aux problèmes de sous déclaration et notamment une meilleure valorisation des réserves des caisses de sécurité sociale sur les marchés financiers. D’autre part, les variables Le régime des salariés non agricoles (RSNA) Désignation Disposition règlementaire Article de référence Textes de référence Loi n°60-30 et loi n°60-33 du 14 décembre 1960, Décret n°74-499 du 27 avril 1974. Champ d'application Les travailleurs salariés du secteur non agricole (personnel salarié de tous les établissements industriels et commerciaux, des professions libérales, des coopératives, des sociétés civiles, des syndicats et des associations) Article 34 de la loi n°60-30 12,5% 7,7639% 4,7361 Article 5 alinéa b et article 9 du décret 74-499 Taux de cotisation • Employeur • Salarié Assiette de cotisation Pension de vieillesse 1) Conditions d'ouverture du droit a) Age normal • L'ensemble des salaires, rémunérations ou gains en espèces ou en nature • à l’exception de quelques avantages à caractères social et culturel Article 9 du décret • 60 ans Article 15 du décret alinéa a Décret n°2003-1098 du 19 mai 2003 Synergies N° 87 - Mai 2014 / 33 DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE RELATIONS ENTREPRISES-CAISSE DE SÉCURITÉ SOCIALE (CNSS) Le régime des salariés non agricoles (RSNA) (suite) Désignation b) Age anticipé c) Stage • Retraite normale • Retraite proportionnelle 2) Base de calcul de la pension a) Salaire de référence b) Rendement des annuités c) Pension maximum d) Pension minimum e) Revalorisation de la pension 34 / Synergies N° 87 - Mai 2014 Disposition règlementaire Article de référence • 50 ans licenciement pour raisons économiques et usure prématurée de l’organismeet femme salariée mère de 3 enfants justifiant de 60 trimestres de cotisations validées au moins. • 55 ans convenance personnelle justifiant de 120 trimestres de cotisations validées au moins Article 15 bis du décret alinéa a, b et d • 55 ans agents occupés à des travaux pénibles et insalubres (verrerie, ouvriers des mines, fonderie de plomb et convoyeurs routiers).Une bonification du stage d’une durée égale aux deux tiers du nombre de mois qui restent à courir avant jusqu’à l’âge de 60 ans Article 16 du décret dernier alinéa Quand la communication fait défaut ! Article 15 bis du décret alinéa c modifié en 2007 • Nombre de trimestres cotisés et validés (salaire trimestriel déclaré au moins égal à 2/3 du SMIG trimestriel) • Périodes assimilées (périodes au titre desquelles une rente ou une indemnité a été servie) • 120 mois de cotisations • 60 mois de cotisations pour les postulants à pension à l’âge légal de mise à la retraite (60 ans), pour les licenciés pour des raisons économiques ainsi que ceux affectés pour usure prématuré de l’organisme • Les salaires soumis à cotisation que l’assuré a perçu au titre des dix dernières années précédant l’âge d’ouverture du droit à pension. • Les salaires pris en compte sont plafonnés à 6 fois le SMIG • Les dits salaires sont actualisés selon un barème fixé annuellement par arrêté du MAS et déterminé par référence à l’évolution de l’indice des prix. Article 15 alinéa b du décret Article 40 du décret Article 18 du décret 4% par an pour les dix premières années de cotisation avec majoration de 0,5% par trimestre supplémentaire avec un maximum de 30 ans de service soit 80% Article 17 du décret 80% du salaire moyen de référence Article 17 du décret • 2/3 du SMIG si le stage est supérieur ou égale à 120 mois de cotisation • 50% du SMIG si le stage est compris entre 60 et 120 mois de cotisation Article 45 du décret Le montant de la pension est revalorisé automatiquement et proportionnellement à chaque majoration du SMIG. le montant de la majoration fait l’objet d’une retenue et déterminée par référence au taux de cotisation salariale. Article 53 du décret Réunion Chambres Mixtes - CNSS du 17 avril 2014. L a relation CNSS (caisse Nationale de Sécurité Sociale)-entreprises est restée prisonnière d’une image quelque peu écornée. La logique de partenariat et d’assistance qui devrait régir normalement leurs relations a cédé la place au doute, à l’incompréhension et à la tension. Les facteurs qui pourraient bâtir une plus grande confiance entre les deux partenaires font encore défaut, ou presque. De part et d’autre, c’est la communication ciblée qui est quasiment absente. Résultat : dans ce cafouillage, au lieu de cerner les problèmes en vue de leur trouver les bonnes réponses, chacun renvoi la balle à l’autre partie, ce qui ne fait perdurer les problèmes et n’aide guère à lever l’épais brouillard qui persiste. Le débat organisé, le 17 avril 2014 à Tunis, par les trois chambres mixtes Tuniso-Française, TunisoAllemande et Tuniso-Italienne sur la problématique CNSS-entreprises s’inscrit dans une logique consistant à trouver de points de convergence entre ces deux partenaires, préalable nécessaire pour bâtir des relations de confiance et de complémentarité. Que reprochent les entreprises à la CNSS ? A la faveur de ce débat direct et franc, les intervenants ont relevé particulièrement l’opacité des procédures, la difficulté de la communication, l’absence d’interlocuteurs qui accompagnent l’entreprise, la difficulté des voies de recours et une qualité de prestations souvent qui laisse à désirer. A ce niveau, les avis des intervenants sont convergents s’agissant notamment des procédures, non encore normalisées, appelant à l’élaboration d’une charte qui favoriserait une plus grande transparence et visibilité pour les entreprises. Cela concerne en premier lieu l’épineuse formalité de déclaration trimestrielle des salaires. A l’ère de l’Internet, la CNSS continue à exiger des entreprises des supports papiers et magnétiques qui doivent mobiliser, pour la circonstance, nombre de leurs cadres pour accomplir des formalités souvent dans de conditions difficiles. Il en est de même pour les questions inhérentes aux procédures de contrôle, aux interprétations hâtives et parfois contradictoires des règlements en vigueur, de la délivrance de certaines attestations (comme l’attestation de solde nécessaire pour la participation aux appels d’offres), des pénalités de retard ou de taxation d’office. C’est à ce niveau, estime-t-on, que se situe la plus grande faiblesse du régime de la sécurité sociale. En effet, même en cas de divergences Synergies N° 87 - Mai 2014 / 35 DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE d’interprétation ou de calculs erronés, l’entreprise doit nécessairement payer ce qui lui est réclamé puis faire opposition. Les défaillances des entreprises vues par la CNSS A toutes ces doléances, la CNSS estime qu’elle preneuse de l’offre des entreprises qui demandent visibilité, célérité, assouplissement, accompagnement et partenariat, tout en posant quelques conditions et énumérant les nombreux manquements qu’elles devraient résoudre. Le plus grand effort à accomplir reste en matière de communication. Pour lever bien des équivoques, aussi bien la CNSS que les entreprises se trouvent, aujourd’hui, dans l’obligation d’effacer l’image stéréotypée qu’à l’un de l’autre en faisant l’effort de mieux se connaitre mutuellement. Pour le cas des services en ligne, par exemple, il est bon à savoir que la CNSS a introduit depuis des années la formule de la télé déclaration, qui évite aux entreprises le déplacement aux bureaux de la CNSS, sans grand succès. Sur les 7800 entreprises recensées (employant plus de 20 salariés), 500 seulement ont adopté cette formule. La caisse a manifesté sa disposition à accompagner toutes les entreprises voulant adhérer à ce système, suggérant l’organisation d’une opération spéciale au profit des adhérents aux chambres mixtes. Au sujet des procédures, on annonce la parution imminente d’un guide approuvé par le BIT (Bureau International du Travail) qui sera une sorte de document unique et DOSSIER : SYSTÈME DE SÉCURITÉ SOCIALE simplifié pour les entreprises. ETUDE DE LA BAD : Au sujet de la situation financière de la Caisse, l’on reconnait que la CNSS fait face à un déficit structurel, amplifié par le facteur démographique (3,2 actifs pour un pensionné) et, aussi, par la sous déclaration des salaires et les créances non recouvrées. En effet, 90% des recettes de la caisse sont reversées aux pensions et le taux de la sous déclaration par les employeurs a atteint le seuil inquiétant de 50%. Eradiquer la pauvreté avec de meilleurs transferts sociaux En attendant, la mise en œuvre de réformes profondes, la situation financière de la CNSS tirera énormément profit de l’effort qui pourra être fait par les entreprises ne serait-ce qu’en matière de sincérité des déclarations. Le débat ne fait que commencer ! Mouliste et Plasturgiste, une solution globale pour vos pièces plastiques Depuis 2005, Thomas Tunisie Plastic, une entité du Groupe THOMAS, propose à ses clients une large gamme de savoir faire dans les domaines de l’injection plastique, de l’assemblage et des solutions de parachèvements (Tampographie, Soudure US, Peinture, Bouterolage,…). Nous exerçons dans les différents secteurs Automobile, Aéronautique, Electrique, Médical et Industriel. Nous sommes certifiés ISO9001, ISO TS 16949 et ISO 14000 THOMAS TUNISIE PLASTIC 1, rue du plastique Z.I. Sidi Rezig 2033 Mégrine - Tunisia Phone : +216 71 425 349 Fax : +216 71 425 229 www.thomas-sa.com Les solutions existent, elles peuvent épargner à l’Etat des millions de dinars de dépenses qui grèvent son budget, tout en réduisant fortement la pauvreté dans le pays. L a révolution de 2011 et les mouvements sociaux qui s’en ont suivi ont mis en exergue les inégalités persistant en Tunisie et exacerbé les demandes sociales. La pauvreté – voire l’extrême pauvreté – est une réalité dans le pays : en 2011, 15,5% de la population tunisienne se trouvait en dessous de la ligne de pauvreté. Pour autant, ces 15,5% de ménages pauvres ne perçoivent que 12% de l’enveloppe totale des subventions accordées par l’Etat. En effet, le Tunisien défini comme pauvre ne perçoit individuellement que 64,8 dinars par an, alors que le Tunisien riche, quant à lui, perçoit 86,9 dinars par an. Ce constat, implacable, questionne la performance des systèmes de transferts sociaux existants en Tunisie. Une première analyse de l’impact des subventions alimentaires et des transferts sociaux directs vers la population pauvre et vulnérable avait souligné que le caractère universel des subventions alimentaires nuit gravement à l’efficience de ce mécanisme de lutte contre les inégalités et la pauvreté. D’où l’étude publiée récemment par la Banque africaine de développement (BAD), intitulée «Subventions alimentaires et aides sociales directes, vers un meilleur ciblage de la pauvreté monétaire et des privations en Tunisie». Objectif : formuler des solutions qui optimisent les transferts directs et les procédures de transferts sociaux. Reposant sur des méthodologies éprouvées et reconnus au plan international, à l’instar de la méthode des privations multiples et de celle des «Proxy mean test», elle s’inspire de ce qui a pu se faire en Iran, en Inde et au Maroc, tout en tenant compte des spécificités de la Tunisie. Et les solutions existent. Pour peu qu’elles soient appliquées, on peut épargner à l’Etat des millions de dinars de dépenses qui grèvent son budget, tout en réduisant fortement la pauvreté dans le pays. Le rapport définit une nouvelle méthode de ciblage pour identifier les ménages tunisiens les plus démunis. In fine, l’efficience du Programme national d’aides aux familles nécessiteuses (PNAFN) s’en verrait améliorée, pour un moindre coût. L’étude esquisse divers scénarios, permettant de conjuguer plusieurs objectifs, dont la réduction de la pauvreté, la préservation du pouvoir d’achat de la classe moyenne et l’allègement du poids de ces transferts sur le budget de l’Etat. Elle conclue que : • Sans jamais toucher aux subventions alimentaires, recourir à cette approche pour les transferts directs permet de plafonner le taux de pauvreté extrême à 1,5% (contre 4,6% actuellement), avec un budget pour le PNAFN réduit de moitié. • Dans le cas où le budget du PNAFN demeure inchangé, la pauvreté extrême est éradiquée et le taux de pauvreté abaissé à 8% (contre 15,5% en 2011). Les ménages souffrant d’extrême pauvreté percevraient alors 2 526 dinars par an – tous transferts confondus –, soit 2 277 dinars de plus qu’aujourd’hui. In fine, les Tunisiens les plus pauvres toucheraient 52% du budget total alloué aux transferts directs et indirects (contre 12% aujourd’hui). • Accroître la force de frappe budgétaire du PNAF, en lui transférant l’intégralité du budget dévolu jusqu’ici aux subventions, et en utilisant les nouvelles méthodes de ciblage, entraînerait des résultats spectaculaires : la pauvreté extrême en Tunisie serait éradiquée (avec un taux de 0%) et le taux de pauvreté réduit à 4,1%. Les scénarios de politiques ainsi esquissés, qui explorent différentes combinaisons d’allocation et de réduction budgétaire, soulignent tous, sans exception, que rien ne milite en faveur du maintien des subventions indirectes, si l’objectif premier est de lutter contre la pauvreté. Aucun scénario de politique publique n’égale, en termes de performance, l’abolition des subventions et la réallocation du budget dévolu aux transferts directs. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 37 ZOOM ZOOM MARCHÉS PUBLICS Les principaux apports du décret du 14 mars 2014 L e Décret 2014-1039 du 14 mars 2014 portant réglementation des marchés publics se propose d’atteindre deux objectifs complémentaires : assurer l’efficacité des achats publics et consacrer la bonne gouvernance dans ce domaine. Ce décret permet notamment de : - Simplifier et clarifier les procédures et mieux organiser les structures de contrôle dans le domaine. - Protéger les droits des parties intervenantes dans les marchés publics. L’’Etat représente le principal agent économique. Chaque année les marchés publics consomment entre 12 à 13% du PIB tunisien et plus de 40% du budget de l’Etat. Cette révision a porté sur la réforme les procédures de passation des marchés publics, ainsi que la modernisation des mécanismes appliqués par le recours aux nouveaux procédés, tels que les achats électroniques. Les procédures de révision du code des marchés publics ont été entamées depuis 2011, en collaboration avec les partenaires de la Tunisie, tels que la BAD et la Banque Mondiale. La Tunisie procède, presque, tous les dix ans, à la révision de son code des marchés publics. Le Décret 2014-1039 du 14 mars 2014 portant réglementation des marchés publics est venu fixer les règles régissant la passation, l’exécution et le contrôle des marchés publics, à 38 / Synergies N° 87 - Mai 2014 l’exception de certaines dérogations prévues dans le présent décret ou des conventions internationales approuvées par la Tunisie. A cet effet, sont exclus de ce champs, les contrats d’association, de groupement, de sous-traitance, les contrats de maîtrise d’ouvrages délégués conclus entre l’acheteur public et d’autres parties et les conventions d’exécution de travaux publics entre services de l’Etat régis par la législation et la réglementation en vigueur,. Il en est de même pour les contrats de concession ou de parrainage. Modes de passation des marchées publics Certains achats publics des entreprises publiques opérant dans certains secteurs sont soumis à des dispositions spécifiques. Cela concerne, par exemple, l’achat de produits importés à prix fluctuants, l’achat des produits destinés à être vendus en l’état ou conditionnés au titre d’une activité commerciale, les achats des entreprises publiques opérant dans un environnement concurrentiel ou les marchés d’études relatifs aux bâtiments civils. Le Décret 2014-1039 du 14 mars 2014 portant réglementation des marchés publics fixe les organismes adjudicateurs qui sont respectivement l’Etat, Lles collectivités locales, les établissements publics, les établissements publics à caractère non administratif et les entreprises publiques. Ce décret détermine les modes de passation des marchés publics. L’expression des besoins s’opère par l’élaboration d’un plan prévisionnel annuel de passation des marchés publics conformément au projet de budget, la notification dudit plan pour information aux commissions de contrôle des marchés compétentes avant la fin du mois de février de chaque année et, enfin, sa publicité. L’acheteur public est obligé à assurer la publication du plan prévisionnel sur le site national des marchés publics au plus tard trente jours (30) avant tout début des procédures de passation. En outre, le décret 2014-1039 du 14 mars 2014 fixe les types de marchés et les conditions d’exécution d’un marché public. Ceux-ci concernent les marchés publics de conception – réalisation, les Marché public de fourniture de biens, les marchés publics d’études, les marchés publics de fourniture de services et les marchés publics de travaux. Un quota pour les petites entreprises En effet, les conditions d’exécution d’un marché public doivent, dans la mesure du possible, comporter des éléments à caractère social ou environnemental qui tiennent compte des objectifs du développement durable. Les conditions d’exécution ne doivent en aucun cas avoir d’effet discriminatoire à l’égard des candidats potentiels. Ce décret accorde une discrimination positive aux petites entreprises. Concrètement, l’acheteur public est tenu à réserver annuellement aux petites entreprises un pourcentage dans la limite de 20% du montant estimé des marchés de travaux, de fourniture de biens et de services et d’études. Les marchés, stipule le décret du 24 mars 2014, sont conclus sous forme écrite sur support matériel ou immatériel et font l’objet d’un dossier unique dont les cahiers des charges et l’offre sont les éléments constitutifs. Généralement, les marchés publics sont passés après mise en concurrence par voie d’appel d’offres (ouvert ou restreint), à l’exception des marchés publics par voie de négociation directe. Les marchés sont passés suivant cinq étapes à savoir, l’appel à la concurrence, l’ouverture des offres, l’évaluation des offres, l’attribution du marché et la publication de l’attribution. Outre les conditions d’ouverture et d’évaluation des offres énumérées par le décret ; l’acheteur public est obligé en vertu des nouvelles dispositions d’afficher les résultats de la mise en concurrence et le nom du titulaire du marché dans un tableau d’affichage destiné au public et sur le site web des marchés publics. Le marché doit être conclu et notifié au titulaire avant tout commencement de l’exécution. Le marché ne peut être signé qu’après l’expiration d’un délai de cinq (5) jours ouvrables à compter de la date de publication de l’avis d’attribution. Le marché doit comporter au moins l’identification des parties contractantes, l’objet du marché, la clause d’incitation à la sous-traitance, le prix du marché ferme ou révisable, le délai d’exécution et les pénalités de retard, les conditions de livraison et de reception, les conditions de règlement et les délais de paiement, les procédures de règlement des litiges, la date de conclusion du marché… Les prestations objet du marché doivent être définies conformément à des spécifications techniques précises. Elles concernent essentiellement, les normes nationales ou autres documents de référence équivalents accessibles aux candidats, les performances ou les exigences fonctionnelles d’efficacité. Celles-ci doivent être précises pour permettre aux candidats de connaître exactement l’objet du marché et à l’acheteur public d’attribuer le marché Le décret énumère cinq types de prix du marché. Il s’agit respectivement du marché à prix global forfaitaire, du marché à prix révisables, du marché à prix unitaires, du marché à prix mixtes et du marché à prix ferme. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 39 ZOOM ZOOM GESTION DES INVESTISSEMENTS PUBLICS Absence de performance et de vision stratégique investissements publics. Ce diagnostic a été entrepris suite à la requête faite par le Ministère du Développement Régional et de la Planification (en juillet 2012) qui avait pour objectif la mise en place d’un système plus développé de suivi-évaluation des projets d’investissement public. Il s’est avéré qu’un diagnostic de tout le cycle de projet était nécessaire car un bon suivi de projets pouvait ne pas nécessairement améliorer la qualité de l’investissement public si la sélection et la préparation des projets étaient structurellement défaillantes. Manque de coordination et absence d’études L’adoption d’une approche participative a remplacé le système de planification fondé sur des stratégies sectorielles. Résultat : une faible capacité de réalisation et d’absorption des ressources additionnelles mobilisées. L ’investissement public est perçu comme un outil indispensable pour relancer la croissance et créer les conditions favorables pour stimuler l’initiative et l’investissement privés. Le constat qui se dégage aujourd’hui est quelque peu pessimiste dans la mesure où le pays peine à se remettre de la récession de 2011. Après une contraction du PIB de 1,9% en 2011, la croissance est redevenue positive en 2012, principalement en raison du rebond du tourisme et du secteur minier, deux secteurs qui n’ont pas encore retrouvé leur rythme habituel. A cet effet, dans la perspective d’assurer la stabilité économique et stimuler la 40 / Synergies N° 87 - Mai 2014 croissance dans un environnement rétif, la Loi de Finances complémentaire de Juin 2011, a proposé des mesures de relance budgétaire avec une hausse importante des programmes d’investissement public, notamment dans les régions intérieures du pays. Cette politique budgétaire expansionniste a atteint ses limites. Seule une infime partie des ressources ont été dépensées avec un taux d’exécution budgétaire inférieur à 75% (et inférieur à 30% pour les financements extérieurs, dons inclus). La faible absorption de la dépense budgétaire, à la limite ponctuelle, et imputable à différentes causes soulève la question de l’efficacité du système de gestion des investissements publics. Le système actuel de gestion des investissements publics est caractérisé par une multitude de faiblesses. Aux défaillances structurelles se sont greffées, d’autres, résultant des évolutions politicoinstitutionnelles qu’a connues le pays. D’où la nécessité de déterminer les raisons qui n’ont pas permis la bonne exécution des projets d’investissement publics et d’évaluer l’impact réel obtenu par les projets. La présente note, élaborée par la Banque Mondiale et publiée en mars dernier, fait l’état des lieux concernant la performance du système de gestion des investissements publics en Tunisie. Elle a l’ambition d’analyser les conditions minimales considérées comme nécessaires au bon fonctionnement d’un système de gestion des Un système d’investissement public considéré comme satisfaisant se doit avant tout d’éviter de sélectionner les projets qui génèrent les gaspillages. Il est ainsi crucial aujourd’hui de rendre la sélection de projets fondée sur des fiches projets qui contiennent des indicateurs quantitatifs fiables. Il est aussi important de limiter la sélection de nouveaux projets dans le contexte actuel. L’on s’est aperçu que, le résultat de la compétence accrue transférée au niveau des gouvernorats combinée avec une augmentation sans précédent des enveloppes prévue au titre de la Loi de Finances complémentaire, a conduit à une augmentation considérable du nombre et du volume des projets d’investissements publics (6400 M TND en 2012, soit une augmentation de 30% par rapport au budget précédent). A titre d’exemple, ceux du ministère de la santé ont augmenté par 3 et le linéaire de routes rurales a été multiplié par 5 par rapport à la période antérieure à la révolution (8000 kms de routes rurales par an contre 1500 par an auparavant). choix des projets a pris place en dehors de toute référence à des objectifs ou une stratégie de développement régional de court / moyen terme. Le court et le long terme Ce processus «ascendant» peu coordonné de formulation des stratégies régionales et d’identification des projets a remplacé le système de planification quinquennal fondé sur des stratégies sectorielles. Ces développements ont pris place à partir de 2011 au niveau régional où les capacités administratives sont inégales et généralement faibles et où le ministère eb charge de ce dossier ne dispose pas de l’autorité nécessaire pour coordonner les différentes initiatives. Les projets achevés, en cours de réalisation, en cours d’étude et au stade de l’appel d’offre représentent 71% du nombre de projets et 65% du coût total des projets. D’après les statistiques du ministère des finances, le taux d’exécution moyen était de 82% en 2011 et se situe à niveau encore plus bas en 2012. Il est toutefois à noter qu’il y a une variation très importante selon les gouvernorats : en juin 2013, 7 gouvernorats, 10 avaient réalisé plus de 20% de leurs projets et 3 gouvernorats avaient réalisé 7% de leurs projets (Ariana, Médénine et Tataouine). Cela montre qu’il existe une corrélation entre le nombre de projets achevés et le nombre de projets non lancés ou avec des problèmes importants d’exécution. Les mauvaises performances se concentrent dans l’intérieur du pays et les bonnes autour de Tunis. Or, ceci est infirmé puisque l’Ariana connait les plus mauvaises performances et Tozeur et Kebili connaissent des performances supérieures à Sousse ou Sfax. Vraisemblablement, ce constat résulte du démantèlement de la planification et de l’adoption d’une approche participative. Le démantèlement de la planification a conduit à l’affaiblissement d’une vision stratégique d’ensemble. En effet, l’adoption d’une approche participative dans le Résultat : la sélection des projets a été faite au cas par cas, de façon indépendante d’une vision d’ensemble. Cette mutation s’est opérée au moment où l’enveloppe budgétaire disponible a été considérablement augmentée, suite à la pression populaire. Cela a abouti à l’identification de très nombreux projets répondant parfois à des considérations politiques. Répartition par secteur des investissements publics en 2012 Synergies N° 87 - Mai 2014 / 41 ZOOM ZOOM d’une simple demande par le Ministère concerné, au Ministère des Finances, et ce sans justificatif) et la réduction des délais (les crédits sont ouverts dans un délai de 20 jours à compter de la date de dépôt, à moins d’un avis contraire). Ce diagnostic propose de mettre en œuvre une série d’actions à court terme qui permettraient une amélioration rapide des actions à mener à plus long terme, lorsque le paysage institutionnel sera stabilisé. Cyber Parc - Béja En Tunisie, relève la note de la Banque Mondiale, les projets identifiés font rarement l’objet d’études préalables et de faisabilité avant leur inscription au budget, et quand c’est le cas, les études sont de faible qualité. Des analyses coût-bénéfices ne sont pas entreprises, et on enregistre une absence de procédures d’évaluation ex ante standardisée. L’explosion du nombre de projets a entraîné une dégradation des conditions de préparation des projets, menée dans la précipitation. La tendance à survoler l’étape des études préalables et de faisabilité a été accentuée par la volonté d’accélérer le rythme d’octroi des crédits de développement. L’accélération est obtenue au moyen de la simplification des procédures (crédits octroyés sur la base 42 / Synergies N° 87 - Mai 2014 Sur le court terme, il est jugé impérieux de : • développer des manuels de procédures pour la préparation de projets et fixer des objectifs quantifiables: • renforcer la transparence sur la préparation de projets, les critères de sélection des projets afin de créer une culture de responsabilité auprès des citoyens ; • mettre en place une structure d’une ou deux personnes responsables du suivi-évaluation des projets des différentes directions et de l’analyse des données S’agissant des projets en cours de mise en œuvre, plusieurs mesures importantes devraient être prises afin de : • rendre obligatoire le suivi individualisé des projets : • développer des manuels de procédures pour la préparation de projets, • adopter des critères opérationnels pour catégoriser les projets. • renforcer la transparence sur la préparation de projets, les critères de sélection des projets afin de créer une culture de responsabilité auprès des citoyens ; Sur le long terme il est suggéré de : • assurer au niveau régional des ressources humaines suffisantes et formées • former des réserves foncières que l’Etat peut mobiliser rapidement en cas de nécessité • développer le suivi participatif de certains projets lorsque cela est pertinent, • développer une culture de l’évaluation. • mettre en place une structure d’une ou deux personnes responsables du suivi-évaluation des projets des différentes directions et de l’analyse des données. • rendre obligatoire le suivi individualisé des projets : • adopter des critères opérationnels pour catégoriser les projets . Face à ce diagnostic, il est devenu Il nécessaire d’adopter des mesures de court terme, à mettre en place dans le contexte actuel, et d’autres de plus long terme, à envisager une fois que le contexte institutionnel sera bien défini. D’une manière générale, ces évolutions suggèrent, plus que jamais, de se concentrer sur l’exécution des projets sélectionnés, plutôt que de continuer à adopter de nouveaux projets à un rythme annuel trop important et, en même temps, de les intégrer dans le cadre d’une vision stratégique de développement régional. COMMERCE INFORMEL TRANSFRONTALIER Des pistes pour bloquer les moteurs du commerce informel La présente étude, élaborée en 2014 par la Banque Mondiale, vise à évaluer l'ampleur du commerce informel qui occasionne une perte de recettes publiques d’au moins 1,2 milliard de dinars par an. I l était florissant avant la révolution, mais depuis trois ans, le commerce informel à travers les frontières, ou ce qui est appelé communément la contrebande, a pris de l’ampleur, devenant une véritable menace non seulement pour l’économie, mais surtout, pour la sécurité nationale. Hormis les marchandises de tout genre et le carburant, ce commerce dont les tentacules se sont étendus sur tout le territoire, a touché des domaines jusque-là interdits : le trafic des armes et le financement du terrorisme. D’où les inquiétudes manifestées devant le développement anarchique de ce secteur et toute la difficulté de le ramener à sa juste dimension. Pour mieux cerner le poids de ce commerce, avoir une appréciation sommaire sur les produits échangés, leur valeur et, surtout, les préjudices subis par l’économie tunisienne en termes de recettes fiscales, le récent rapport élaboré par la Banque Mondiale : «Estimation du Commerce informel à travers les frontières terrestres de la Tunisie», apporte quelques éclairages utiles et propose des pistes d’action qui sont susceptibles de contenir les effets pervers de ce commerce sur le secteur organisé et sur l’économie du pays. Ce rapport, présenté en février 2014, vise à évaluer l’ampleur de ce commerce entre la Tunisie et la Libye et la Tunisie et l’Algérie et d’estimer la part perdue dans les impôts et taxes ainsi que l’impact en termes de création de revenu. La prolifération de cette activité trouve son explication la plus plausible dans le fait que ce type de commerce a un impact économique et social important dans les régions frontalières. Dans plusieurs de ces régions, il est l’une des activités économiques les plus importantes ; tel est le cas à Ben Guerdane, par exemple. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 43 ZOOM ZOOM ne peut pas simplement se réduire au renforcement des opérations de contrôles et à l’aggravation des sanctions. Les expériences similaires dans un certain nombre de pays ont démontré, que la différence de prix est telle que le commerce informel continue à faire flores, même dans les cas où les sanctions sont sévères. Taxes prélevées : la portion congrue Le commerce informel entre la Tunisie et la Libye ne provient pas seulement de flux commerciaux entretenus par l’intervention physique de Tunisiens (Ben Guerdane) , Libyens (Tripoli et Zliten) et Chinois, mais surtout par un flux de trésorerie alimenté par des interventions dans ces pays ainsi qu’à Dubaï. Cette dernière semble être la principale plateforme pour le paiement des fournisseurs chinois. Pourtant, l’on reconnait que la croissance de ce type de commerce présente des effets nocifs sur plusieurs secteurs de l’économie. Le carburant est moins cher, mais les recettes revenant au budget de l’Etat se trouvent fortement amputées, non seulement parce que les marchandises ne sont pas soumis aux droits de douane à la frontière, mais aussi parce que les commerçants évitent de payer la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), s’ils restent dans le réseau informel. La perte de recettes publiques est importante. Elle est estimée par la présente étude à au moins 1,2 milliard de dinars (dont environ 500 millions 44 / Synergies N° 87 - Mai 2014 TND pour les droits de douane ou plus d’un sixième du total des droits de douane). De plus, de nombreuses personnes et organisations impliquées dans le commerce informel. Alors que certains sont très visibles, comme ceux qui transportent les marchandises à la frontière, les vendeurs ambulants et les commerçants ad hoc (connus officieusement comme «fourmis»), d’autres le sont moins, comme les grossistes, les changeurs de monnaie, et les fonctionnaires des administrations concernées. Il va sans dire, que la lutte contre le commerce informel L’introduction d’un impôt forfaitaire de 50 TND n’a pas beaucoup changé la donne. Ce taux forfaitaire ne semble pas générer de revenus, mais paradoxalement ,a épargné aux passeurs de contrôles sévères sur les frontières ce qui a favorisé l’introduction illicite de marchandises prohibées telles que les armes et les drogues. L’étude a estimé que la taxe prélevée sur chaque véhicule commercial au passage de la frontière avec la Libye a permis la collecte de près de 3 millions de TND . ce montant ne représente en réalité qu’une infime partie (ou 2 %) des estimations des bénéfices réalisés par les commerçants L’objectif de cette étude consiste à évaluer l’ampleur de ce commerce et le volume perdu dans les impôts et taxes à la suite ainsi que d’évaluer l’impact local en termes de génération de revenus. Dans le contexte actuel, quelles actions pourraient être entreprises pour stopper l’accroissement anarchique de cette activité ? Les expériences mondiales dans ce domaine ont montré que le renforcement des contrôles (en particulier avec plus de technologie) ne peut pas tout seul faire face à la contrebande. Une politique globale devrait être arrêtée pour limiter les incitations à la contrebande, comme le changement de la politique tarifaire de certains produits et le renforcement des contrôles internes au sein des douanes. certaines régions frontalières du pays. Il y a d’abord, la nécessité d’affiner les données statistiques disponibles. Les statistiques officielles du commerce sont actuellement au mieux fragmentaires et doivent être traités avec prudence car il est probable que le niveau du commerce informel soit supérieur à celui du commerce bilatéral officiel. Cette situation met en évidence que le niveau de l’intégration régionale est beaucoup plus élevé que ne l’indiquent les statistiques officielles, même si cette intégration est le produit de différences dans la charge fiscale entre les pays. Ensuite, conclut l’étude, sans une plus grande harmonisation des prix au niveau régional, le commerce informel continuera à croître. D’où la nécessité d’une coordination régionale entre la Tunisie et ses voisins en termes de droits de douane, de taux d’imposition et de subventions. Enfin, et au regard de l’importance économique et sociale du commerce informel dans la région, tout l’effort ne devrait pas pas verser dans le contrôle, mais plutôt dans la promotion de la gouvernance dans les différentes institutions et dans la collecte d’information sur les flux. Renforcer les contrôles aux frontières coûterait probablement plus en termes d’équipement et d’infrastructure et qui compromettrait davantage les actions de contrôle. Quelles solutions ? A cet effet, il importe d’analyser, produit par produit, les principaux moteurs de l’échange informel. Pour certains produits, il est jugé nécessaire d’opérer une révision de la politique tarifaire ou les procédures d’importation. Plus important, il est devenu impérieux de renforcer la coopération régionale et de considérer le commerce transfrontalier informel et la contrebande comme une préoccupation majeure commune. A défaut de solutions radicales, l’étude présente quelques pistes pour contenir ce commerce qui fait vivre de milliers de personnes et qui reste l’activité principale dans Synergies N° 87 - Mai 2014 / 45 ECLAIRAGE ECLAIRAGE La croissance, un concept à revisiter dans la région MENA Une note économique publiée en 2014 par la BAD (Banque Africaine de Développement) sur la croissance inclusive montre que le talon d’Achille de la région MENA réside dans son incapacité à traduire sa croissance en emplois productifs, surtout pour sa population jeune. Les profonds bouleversements politiques observés depuis trois ans dans la région MENA (Moyen Orient et Afrique du Nord), ont brusquement remis en question les modèles adoptés par certains pays de la région, poussant la réflexion vers de nouvelles pistes qui soutiennent un développement à même de profiter à des segments plus importants de la société. En effet, le lien établi, de longue date, entre croissance et répartition des richesses a été revu ces dernières années, l’accent étant mis désormais sur la notion d’une croissance qui réduit les inégalités, offre de nouvelles opportunités aux populations vulnérables et élimine l’extrême pauvreté. A cet effet, la Banque africaine de développement (BAD) a récemment adopté «la croissance inclusive» comme l’une de ses deux priorités stratégiques pour 2013-2022 afin d’élargir l’accès «aux opportunités économiques pour plus de personnes, pays et régions, tout en protégeant les groupes vulnérables». Dans cette optique, la croissance inclusive est basée sur quatre dimensions: l’inclusion économique, l’inclusion sociale, l’intégration spatiale et l’inclusion politique. La croissance inclusive doit être dans «l’intérêt du plus grand nombre et pas seulement des pauvres» et apparaît comme un processus grâce auquel chacun a plus de chances de bénéficier de la croissance. Cela est d’autant plus vrai que les développements récents observés dans la région arabe se sont produits paradoxalement dans le contexte d’une période de croissance, rendant impératif de redéfinir la réflexion sur la nature et le type de croissance dans la région MENA. Dans cette période de transition aux contours aussi imprécis qu’incertains, tout le défi consiste à atteindre une trajectoire de croissance inclusive qui profiterait aux groupes socio-économiques les plus larges possibles. La présente note, élaborée récemment par la Banque Africaine de Développement, met l’accent sur les pressions et les insuffisances des politiques de développement qui ont mené certains pays à une voie sans issue et propose des alternatives. Quelle que soit le concept de croissance inclusive adopté, la création d’emplois de qualité 46 / Synergies N° 87 - Mai 2014 se présente comme l’un des grands défis à relever pour que la croissance puisse être réellement inclusive. Le grand boom économique observé par l’Afrique au cours de la dernière décennie, avec un taux de croissance moyen de 6% par an entre 2001 et 2008, ne s’est pas accompagné d’une réduction significative de la pauvreté, les inégalités se creusant à la fois entre les pays et au sein des pays. En revanche, la croissance rapide et soutenue qu’a connue l’Asie montre que l’on peut véritablement réduire la pauvreté et les inégalités sociales et économiques. Nature et type de croissance Dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), les évolutions observées ont soulevé des questions concernant la nature et le type de croissance observés ces dernières années. L’exacerbation du mécontentement populaire contre les régimes a montré qu’une orientation trop étroitement axée sur la croissance, et une incapacité à tenir compte de certains phénomènes connexes pouvaient avoir de lourdes conséquences. Ce qui est un peu paradoxal, mentionne la note de la BAD, c’est que ces révolutions se sont produites dans un contexte d’une relative amélioration de la performance économique. Pour la période 2000- 2010, par exemple, la croissance du PIB réel de la région MENA se situe en moyenne autour de 4% à 5% par an, notamment pour la Tunisie, la Libye, le Yémen et l’Égypte, où des régimes ont été balayés. Toutefois, la région a continué à souffrir de disparités sociales et économiques, avec la persistance d’un chômage élevé, en particulier chez les jeunes. Le mécanisme de percolation des bienfaits de la croissance a fait défaut, ou n’a pas suffi à endiguer l’agitation sociale et politique. Incontestablement, l’évolution démographique pose un grave problème du côté de l’offre, car la région n’est pas capable d’offrir des opportunités d’emploi aux nombreux entrants sur le marché du travail. Le gonflement démographique actuel dans les groupes en âge de travailler s’accompagne de taux d’activité (participation au marché du travail) qui sont parmi les plus bas au monde. Le taux d’activité global pour l’ensemble de la région est d’environ 51%-52%, contre 60%-70% dans les autres régions. À mesure qu’augmente la part de la population en âge de travailler, les pressions sur l’emploi ne peuvent que s’accentuer. Bien que fragmentaires, les données Agriculture disponibles font apparaître une autre caractéristique importante du chômage dans la région MENA, à savoir que les diplômés de l’enseignement supérieur représentent une grande partie des chômeurs. La leçon à retenir Cela conforte l’idée que le talon d’Achille de la région MENA est bien son incapacité à traduire cette croissance en emplois productifs, surtout pour sa population jeune. Les jeunes en âge de travailler (entre 15 et 29 ans) y représentent un quart à un tiers de la population totale. Cette frange connait des taux de chômage nettement supérieurs à une moyenne nationale déjà élevée par rapport aux normes mondiales. Le taux de chômage des jeunes en 2010 était, dans l’ensemble, au moins deux fois plus élevé que les taux moyens de la plupart des pays arabes pour lesquels des données récentes sont disponibles. La grande leçon économique à retenir grands mouvements sociaux, est que l’élément important n’est pas la croissance en soi mais par contre le type et le modèle de croissance. Le grand défi à relever consiste à pouvoir combiner une accélération de la croissance et une réduction marquée des inégalités et de la pauvreté. Parvenir à une croissance plus inclusive au Industrie Services 1991 1995 1996 2000 2001 2005 2006 2009 2001 2009 1991 1995 1996 2000 2001 2005 2006 2009 2001 2009 1991 1995 1996 2000 2001 2005 2006 2009 2001 2009 Algérie 4,5 3,9 7,3 1,6 4,8 -0,5 4,0 4,1 1,6 3,0 1,0 2,2 5,1 5,4 5,2 Égypte 2,7 3,4 3,4 3,4 3,4 6,9 5,1 3,0 7,5 5,3 1,6 5,7 4,3 6,1 5,2 Maroc - 10,6 7,7 9,3 8,5 2,1 3,7 4,1 3,3 3,7 3,6 3,6 5,1 4,3 4,7 Tunisie - 8,9 2,2 1,2 1,7 4,4 4,1 2,6 3,5 3,1 4,9 6,0 6,5 6,3 6,4 Synergies N° 87 - Mai 2014 / 47 ECLAIRAGE ACTIVITIÉS DE LA CTFCI profit de segments plus larges de la société scellera une grande entre le passé et le futur. Bien qu’importantes les origines économiques du «printemps arabe» ne peuvent se comprendre si l’on ne tient pas compte de ses racines politiques, car les processus qui sont derrière la chute des régimes en place sont de nature complexe. A l’évidence, tout débat discussion sur la croissance inclusive doit prendre en considération le rôle de la démographie dans la croissance et le développement. Avec une structure par âge très asymétrique et une grande proportion de jeunes, les FINANCES : En définitive, si l’intérêt porté au concept de croissance inclusive est né, en grande partie, d’une prise de conscience des insuffisances que présentaient les stratégies de croissance pro-pauvres, il ne faut pas perdre de vue que cette croissance inclusive doit compléter – et non supplanter – les programmes d’éradication de la pauvreté. La croissance inclusive doit englober la poursuite de stratégies économiques favorables à la croissance tout en veillant à garantir que les opportunités économiques créées par la croissance profitent à tous - en particulier aux pauvres. Il va sans dire que l’ intérêt pour la croissance inclusive doit, en grande partie, être ancré dans une prise des échecs des politiques des «régimes déchus», et dans le désir d’éviter que de nouvelles «erreurs» ne se reproduisent. La croissance inclusive devrait servir comme un mécanisme d’assurance sociale. Appui de l’IFC au secteur bancaire Assistance de l’IFC à la BCT dans la consolidation de sa centrale de risques IFC (Société Financière Internationale), membre du Groupe de la Banque et la plus importante institution mondiale d’aide au développement, fournira son assistance à la Banque Centrale de Tunisie (BCT) dans la consolidation de sa centrale des risques, en vue d’améliorer la stabilité financière et renforcer l’accès au financement. Au cours de l’année passée, l’IFC a réalisé un diagnostic de la centrale des risques de la BCT et identifié les moyens de mieux exploiter les données disponibles pour renforcer l’accès au financement. L’appui d’IFC permettra à la 48 bienfaits de la croissance doivent toucher les jeunes si l’on veut que les pays d’Afrique du Nord réalisent, à la fois, leur véritable potentiel économique et partagent largement les fruits de la croissance. Quelle que soit le concept de croissance inclusive adopté, la création d’emplois de qualité sera un élément essentiel et l’un des grands défis à relever pour que la croissance puisse être réellement inclusive. / Synergies N° 87 - Mai 2014 BCT de renforcer la supervision du secteur financier et de fournir aux établissements de crédit des informations qui leur permettront d’assurer une meilleure gestion du risque.Ceci marque une étape importante dans le renforcement des prêts aux PME qui ont souvent du mal à obtenir les financements dont elles ont besoin. Cet appui devrait permettre de mieux tirer profit des données disponibles, d’améliorer la stabilité financière et de développer les offres de crédit, notamment auprès des PME. La centrale des risques de la BCT est la principale source d’informations financières en Tunisie. Une utilisation plus efficace de ces données est une mesure essentielle pour le renforcement du secteur financier qui souhaite atteindre des segments mal desservis, tels que les PME qui ont de réels besoins en matière de crédit. Il est à noter que ce projet est financé par le Secrétariat d’Etat suisse aux Affaires économiques dans le cadre du Fonds d’Assistance Technique des micros, petites et moyennes entreprises (MSME Technical Assistance Facility), une initiative lancée conjointement par IFC et la Banque mondiale. Ce fonds est également soutenu par l’Agence canadienne des Affaires étrangères, commerce et développement, l’Agence danoise de développement international, le Japon et K aid. Principales activités de la CTFCI Réunion avec M. Nidhal OUERFELLI le 4 avril 2014 Les Présidents des trois chambres mixtes (tuniso-française, tuniso-italienne et tuniso-allemande) ont rencontré le 4 avril 2014, M Nidhal Ouerfelli, ministre auprès du chef du gouvernement chargé de la coordination et du suivi des affaires économiques. Promotion du site Tunisie en France Au lendemain de l’adoption de la nouvelle constitution et la mise en place du nouveau gouvernement, la CTFCI a entrepris une vaste campagne de promotion en France en vue d’inciter les entreprises françaises à s’intéresser de nouveaux aux opportunités commerciales et d’investissement en Tunisie. Problèmes soulevés par les Chambres mixtes 1. Loi des finances 2014 : 1- Imposition de l’export à 10%, 2- Imposition du Chiffre d’Affaire à 0.1%, 3- Imposition de dividendes à 5%, 4- Les retenues à la source sur les virements des offshores vers l’étranger. 2. Rapatriement des dividendes des étrangers (BCT). 3. Difficultés rencontrées avec l’administration à tous les niveaux, douane, administration fiscale, autorisations des ministères, quasi absence de réactivité à tous les niveaux. Les procédures changent d’un bureau à l’autre et d’une administration à l’autre. 4. Les problèmes sociaux, des demandes d’augmentation de salaires excessives sans tenir compte du contexte difficile des entreprises. 5. Problèmes avec la CNSS. 6. Problèmes liés au port de Radès (STAM / CTN / DOUANES / OUVRIERS...). 7. Problèmes des quotas d’importation de véhicules automobiles. 8. Problèmes de sécurité dans certaines zones industrielles. 9. Augmentation de la corruption. Des réunions d’information et des rencontres avec des entreprises ont eu lieu respectivement à : - Lyon : 25 / 26 février 2014 - Brive : 28 février 2014 - Rouen : 3 mars 2014 - Besançon : 4 mars 2014 - Strasbourg : 5 mars 2014 - Valence : 6 mars 2014 - Perpignan : 7 mars 2014 - Paris/Bobigny : 20 / 21 mars 2014 - Niort : 25 mars 2014 - Grenoble : 7 / 8 avril 2014 - Orléans : 10 avril 2014 Outre la communication d’informations sur la situation politique et économique de la Tunisie, ces tournées en France ont, d’ores et déjà, permis de programmer : - Une mission en Tunisie d’entreprises françaises dans le secteur du BTP en marge du salon Carthage prévu du 20 au 23 mai 2014. - Une mission en Tunisie d’entreprises françaises provenant de la région Centre du 9 au 12 juin 2014. - Une mission en Tunisie d’entreprises françaises du secteur électrique et électronique en marge du forum de Carthage sur l’investissement-13-14 juin 2014. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 49 ACTIVITIÉS DE LA CTFCI Participation au 3ème Forum Ouest-Africain de Développement des Entreprises - AFICALLIA Ouagadougou (26 au 28/2/ 2014) La 3ème édition d’Africallia s’est tenue à Ouagadougou au BURKINA FASO du 26 au 28 février 2014. Cette manifestation est une plateforme de rendez-vous d’affaires individuels et personnalisés organisés en fonction des souhaits des participants. Le Burkina Faso, pays sahélien situé au cœur de l’Afrique de l’ouest, connaît depuis quelques années une croissance de son PIB de l’ordre de 5% essentiellement portée par le développement des investissements et l’existence d’un marché des matières premières, offrant de réelles opportunités d’affaires. Les secteurs porteurs sont : - le Bâtiment et travaux publics - l’hôtellerie et la restauration - le textile VOTRE PARTENAIRE EN METROLOGIE REFERENTIEL ISO/CEI 17025 : 2005 Accréditation N° 2-0039 La Société Lab-Equipment est accréditée ISO 17025 par le TUNAC, propose : DES PRESTATIONS D’ETALONNAGE Nous réalisons des étalonnages dans les domaines suivants : Electricité, Dimensionnel, Pression, Température, Force, Pesage, Masse, Hygrométrie... EXPERTISE EN METROLOGIE DIMENSIONNELLE Nous réalisons des expertises, des mesures 3D pour les pièces en acier, en plastique pour les industries Automobiles, Aéronautiques, Plastiques... QUALIFICATION DES SYSTEMES DE TRAITEMENT D’AIR DANS LES ZONES À ATMOSPHERE CONTROLES (ZAC) Mesure d’intégrité des systèmes de filtration, Mesure de la vitesse de l’air, Contrôle des pressions différentielles, Contrôle particulaire, Mesure de la température et de l’hygrométrie... LAB-EQUIPMENT SARL 13, Rue Claude Bernard - 3ème étage - Cité les Jardins - 1002 Tunis le Belvédère - Tunisie Tél. : (+216) 71 796 090 - 71 284 045 - Fax : (+216) 71 796 159 E-mail : [email protected] - site web : www.lab-equipment.com.tn - le transport - l’agroalimentaire L’édition 2014 d’Africallia, a vu la participation de plus de 600 entreprises ressortissantes de 20 pays venus pour nouer des relations d’affaires. La Tunisie a été présente à ce forum avec une délégation de 60 entreprises (dont une dizaine emmenées par la CTFCI) opérant dans différents secteurs d’activité. Plus de 700 rendez-vous B to B ont été organisés en leur faveur. Selon un premier sondage d’opinion, les participants tunisiens ont jugé globalement satisfaisante leur participation à cet événement. NOUVEAU CONSULTEZ LE SITE WEB DE LA CTFCI FOIRES & SALONS FORUM FUTURALLIA RHÔNE-ALPES 2014 (4-6 JUIN 2014) La CTFCI conduit une délégation d’Hommes d’Affaires Un événement qui enregistre 100 000 rendez-vous préprogrammés, mobilise les dirigeants de PME du monde entier, de grandes entreprises, les pôles de compétitivité et les entrepreneurs. L a Chambre TunisoFrançaise de Commerce et d’Industrie (CTFCI) conduira, en juin prochain, une délégation d’hommes d’affaires tunisiens à la 19ème édition du Forum Futurallia Rhône-Alpes 2014 qui se tiendra à EUREXPO à Lyon. Pour favoriser une présence tunisienne de qualité à cet événement, qui enregistre 10 000 participants et 100 000 rendez-vous préprogrammés et informels, les organisateurs ont présenté, le 12 mars 2014, au siège de la CTFCI le Forum Futurallia Rhône-Alpes. Il s’agir d’un Forum spécialisé en B to B où les rendez-vous d’affaires sont préprogrammés. Outre la plateforme multisectorielle internationale qu’il permet, ce forum se présente comme un puissant outil de réseautage. Il mobilise annuellement les dirigeants de PME du monde entier, de grandes entreprises, les pôles de compétitivité et les entrepreneurs et offre des opportunités aux opérateurs d’identifier les moyens de développer leur rayonnement international, de rencontrer des partenaires dans leur secteur et d’identifier et s’informer sur de nouveaux marchés. La plupart des Secteurs stratégiques sont représentés au Forum Futurallia RhôneAlpes 2014. Il s’agit notamment de la Santé, des Technologies de la santé, de l’Agroalimentaire, des produits biologiques & PPAM, de la Chimie & matériaux, de Mécanique, sous-traitance, de l’usinage et la mécatronique, des Matériaux & pièces plastiques, des Textiles techniques, les Nanotechnologies, l’Aéronautique, la Logistique… L’importance que revêt ce forum trouve sa source dans le poids économique de la région Rhône-Alpes qui constitue un pôle industriel et de services majeur en France. Elle représente la 1ère région industrielle de France pour la mécanique, chimie, plasturgie, le textile technique, la filière nucléaire. Elle est également la 1ère zone logistique de France. Elle est considérée, enfin, comme un pôle logistique européen majeur. Synergies N° 87 - Mai 2014 / 53 FOIRES & SALONS FOIRES & SALONS Pour mieux connaitre la région Rhône-Alpes Une pôle économique majeur en France La région Rhône-Alpes fait partie des régions les plus dynamiques en France et même en Europe. Avec une population jeune et nombreuse, une vocation affirmée en matière de recherche développement- elle est la quatrième région européenne en termes d’effectif travaillant dans la recherche-développement et la cinquième pour les dépenses investies, elle se présente comme un pôle économique majeur en France. Le Produit Intérieur Brut de Rhône-Alpes représente environ 10 % de celui de la France, plaçant la région au deuxième rang des régions françaises derrière l’Île-deFrance. Rhône-Alpes demeure une région industrielle, même si ce sont les services marchands qui constituent le principal moteur de l’économie. Rhône-Alpes, par sa taille, ses infrastructures, le nombre de ses habitants, son dynamisme démographique et son poids économique est une grande région européenne. Avec 54 / Synergies N° 87 - Mai 2014 6 millions d’habitants, RhôneAlpes est la 6ème des régions les plus peuplées d’Europe. Chiffres clés de la région • PIB : 193 Mds en 2011 • 6ème région de l’UE en termes de PIB • Un territoire de 43 698 km? (8% de la France) • 8 universités et 35 grandes écoles (250 000 étudiants en 2011-2012. Une démographie dynamique • 6 222 000 habitants (2010) • 9,9 % de la France métropolitaine • Part des 0-24 ans : 31,9 % (30,8 % en France) • 3ème région française pour le taux de croissance de la population active d’ici 2030 • Les performances de l’industrie • 1ère région industrielle de France pour la mécanique, chimie, plasturgie, le textile technique, la filière nucléaire … • 22% nouvelles implantations industrielles d’entreprises étrangères en France en 2012 • 15% des PMI françaises • 1ère région française de production d’électricité • Un pôle logistique européen majeur • 6 000 établissements de transport et d’entreposage, 136 000 emplois • 1ère zone logistique de France (l’Isle d’Abeau) Part de Rhône-Alpes dans les exportations françaises : - Composants électroniques : 42 %. - Equipement électriques : 24 %. - Informatique, électronique, optique : 18 %. - Machines et équipements : 17,6 %. - Instruments à usage médical : 17,5 %. - Produits chimiques, parfums et cosmétiques : 16,7 %. PROGRAMME DES SALONS 2ème SEMESTRE 2014 Promus par la CTFCI / Promosalons Tunisie DATE NOM OBJET LIEU PÉRIODICITÉ SEPTEMBRE 2014 26-29 Sept. 14 SILMO Salon International de Paris-Nord l’optique-lunetterie Villepinte Annuel OCTOBRE 2014 19-23 Oct. 14 19-23 Oct. 14 SIAL Salon International Paris-Nord de l’Alimentation Villepinte IPA Salon International des process Paris-Nord (tenue conjointe au Sial) pour les industries agroalimentaires Villepinte Biennal Biennal NOVEMBRE 2014 04-06 Nov. 14 04 - 07 Nov. 14 17-20 Nov. 14 EXPOPROTECTION Salon global de la protection Paris-Expo (partenariat à confirmer) sécurité prévention sinistres, Porte de accidents Versailles MIDEST Salon de la sous-traitance industrielle Paris-Nord (partenariat à confirmer) TUNISIE PAYS A L’HONNEUR Villepinte EMBALLAGE Salon international de l’emballage Paris-Nord Biennal Annuel Biennal Villepinte 18-21 Nov. 14 PISCINE – AQUALIE Salon mondial PISCINE, SPA Lyon Eurexpo Biennal Salon international des équipements Parc-Expo Biennal viti/vinicoles et des produits, matériels Bordeaux DECEMBRE 2014 02-04 Déc. 14 VINITECH-SIFEL pour la filière fruits & légumes 02-05 Déc. 14 POLLUTEC Salon des éco-technologies, Lyon Eurexpo Biennal de l’énergie et du développement durable Synergies N° 87 - Mai 2014 / 55 Consultez le nouveau site web de la CTFCI www.ctfci.org