Terminale S - Fonction logarithme népérien
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Terminale S - Fonction logarithme népérien
Fonction logarithme népérien
I) La fonction logarithme népérien : Définition
1) Définition de la fonction logarithme népérien
Soit π un nombre réel strictement positif. On appelle logarithme népérien
de π, noté ππ(π) ou ππ π lβunique nombre solution de lβéquation : πππ(π) = π
La fonction exponentielle (étudiée dans le chapitre précédent), est dérivable
(donc continue) et strictement croissante sur β. De plus, lim π π₯ = +β et lim π π₯ = 0
π₯β¦+β
Dβaprès le théorème des valeurs intermédiaires il en résulte que :
π₯β¦ββ
β Lβimage par la fonction exponentielle de β est ]0 ; +β[
β Pour tout π₯ > 0 il existe un unique nombre π¦ et un seul tel que: π π¦ = π₯
β On définit ainsi une fonction de ]0 ; +β[ dans β appelé fonction logarithme népérien.
2) Conséquences
β La fonction ππ est définie sur ]0 ; +β [
β Pour tout nombre > 0 , par définition on a : πππ(π) = π
β ππ(π) = π
β ππ(π) = π
3) Théorème:
Pour tout nombre réel π strictement positif et pour tout nombre π :
ππ(π) = π équivaut à π = ππ
a) Démonstration :
Si ππ(π) = π alors π ππ(π) = π π cβet a dire π = π π
Réciproquement si π = π π alors ππ(π) = ππ(π π ) cβest-à-dire ππ(π) = π
b) Exemples dβapplication :
Résoudre les équations suivantes :
a) ππ(π₯) = 5
Cette équation nβest possible que pour π₯ > 0 on a donc = π 5 . La solution est: S = {ππ }
b) ππ(π₯) = β3
Cette équation nβest possible que pour π₯ > 0
on a donc = π β3 . La solution est: S = {πβπ }
c) 4 ππ(π₯) = 3 Cette équation nβest possible que pour π₯ > 0
4
4
4
elle est équivalente à: ππ(π₯) =
dβoù π₯ = π 3
La solution est : S = {π 3 }
3
c) Conséquence graphique
Dire que le point π (π; π) appartient à la courbe représentative de la fonction exponentielle,
ou encore si π = π π cela revient à dire, dβaprès le théorème précédent,
que π = ππ π cβest-à-dire que le point πβ(π ; π) appartient à la courbe représentative de la
fonction logarithme népérien.
Cela a pour conséquence que, dans un repère orthonormé, les deux courbes sont
symétriques par rapport à la droite π¦ = π₯
4) Sens de variation
Théorème :
La fonction ππ est strictement croissante sur ]0 ; + β[
Démonstration: Considérons deux nombres π’ et π£ strictement positifs tel que π < π
Comme π’ = π ππ(π’) et π£ = π ππ(π£) alors cela revient à écrire: π ππ(π’) < π ππ(π£)
Comme la fonction exponentielle est strictement croissante sur β, alors on a forcément:
ππ(π’) < ππ(π£)
Ce qui prouve que la fonction ππ est elle aussi strictement croissante sur ]0 ; + β. [
Conséquence:
Pour tout nombre réel π et π strictement positifs :
β ππ(π) = ππ(π) βΊ π = π
β ππ(π) < ππ(π) βΊ π < π
II) Propriétés de la fonction logarithme népérien
1) Propriétés de la fonction logarithme népérien
Pour tout nombre réel π et π strictement positifs :
β ππ(π × π) = π₯π§(π) + ππ(π)
β ππ(
β ππ(
π
π
π
π
) = βππ(π)
) = π₯π§(π) β ππ(π)
β ππ(ππ ) = π ππ(π)
β ππ(βπ) =
π
π
ππ(π)
Pour tous nombres π1 , π2 , β¦β¦.ππ :
ππ(ππ × ππ × β¦ β¦ . .× ππ ) = ππ(ππ ) + ππ(ππ ) + β― . +ππ(ππ )
2) Démonstrations:
β Montrons que ππ(π) + ππ(π) = ππ(π × π)
Pour tout nombre π et π strictement positifs :
π ππ(π)+ππ(π) = π ππ(π) × π ππ(π) (Propriété de la fonction exponentielle)
Or π ππ(π) × π ππ(π) = π × π donc : πππ(π)+ππ(π) = π × π
De plus πππ(π×π) = π × π donc :
il en résulte :
πππ(π)+ππ(π) = πππ(π×π)
ππ(π) + ππ(π) = ππ(π × π)
β Montrons que
1
ππ (π) = βππ(π)
Pour tout nombre π strictement positif:
1
ππ (π × π) = ππ(1) = 0
1
1
ππ (π × π) = ππ (π) + ππ(π) (en utilisant la propriété précédente)
On obtient donc :
1
ππ (π) + ππ(π) = 0
π
π
Dβoù le résultat : ππ ( ) = βππ(π)
π
π
β Montrons que ππ ( ) = ln(π) β ππ(π)
Pour tout nombre π et π strictement positifs :
π
ππ (π × π) = ππ(π)
π
π
π
π
ππ ( × π) = ππ ( ) + ππ(π)
On obtient donc :
π
ππ (π) + ππ(π) = ππ(π)
Dβoù le résultat :
π
ππ (π) = π π(π) β ππ(π)
β Montrons que ππ(ππ ) = π ππ(π)
Pour tout nombre π strictement positif, montrons par récurrence que pour tout entier
naturel π, ππ(ππ ) = π ππ(π)
Soit Pn la propriété: ππ(ππ ) = π ππ(π)
- P0 est vraie. En effet lorsque π = 0 on obtient : ππ(π0 ) = ln(1) = 0 et 0 ln(π) = 0 donc on a
bien P0 vraie
- Supposons que pour un entier naturel π quelconque fixé on ait Pn vraie cβest-à-dire
ππ(ππ ) = π ππ(π) on a donc
ππ(ππ+1 ) = ππ(ππ × π) = ππ(ππ ) + ππ(π) = ππ π(π) + ππ(π) = (π + 1) ππ(π)
On a bien : ππ(ππ+1 ) = (π + 1) ππ(π)
Ce qui implique que Pn+1 est vraie
On a donc démontré le caractère héréditaire de cette propriété.
On peut donc conclure que la proposition est vraie pour tout entier naturel π (non nul).
- Donc pour tout entier naturel π, ππ(ππ ) = π ππ(π)
β Montrons que ππ(βπ) =
1
2
ππ(π)
Pour tout nombre π strictement positif:
ππ(π) = ππ(βπ × βπ) = ππ(βπ) + ππ(βπ) = 2 ππ(βπ)
On obtient donc : ππ(βπ) =
1
2
ππ(π)
β Pour tous nombres π1 , π2 , β¦β¦.ππ , montrons par récurrence que pour tout entier
naturel π, π β₯ 2, ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ ) = ππ(π1 ) + ππ(π2 ) + β― . +ππ(ππ )
Soit Pn la propriété: ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ ) = ππ(π1 ) + ππ(π2 ) + β― . +ππ(ππ )
- P2 est vraie. En effet lorsque π = 2 on obtient : ππ(π1 × π2 ) = ππ(π1 ) + ππ(π2 )
(propriété 1) donc on a bien P2 vraie
- Supposons que pour un entier naturel π, π β₯ 2 quelconque fixé on ait Pn vraie
cβest-à-dire :
ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ ) = ππ(π1 ) + ππ(π2 ) + β― . +ππ(ππ ) on a donc
ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ × ππ+1 ) = ππ[(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ ) × ππ+1 ] = ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ ) +
ππ( ππ+1 ) = ππ(π1 ) + ππ(π2 ) + β― . +ππ(ππ ) + ππ( ππ+1 ) On a bien
ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ × ππ+1 ) = ππ(π1 ) + ππ(π2) + β― . +ππ(ππ ) + ππ( ππ+1 )
Ce qui implique que Pn+1 est vraie
On a donc démontré le caractère héréditaire de cette propriété.
On peut donc conclure que la proposition est vraie pour tout entier naturel π (π β₯ 2).
- Donc pour tout entier naturel π supérieur ou égal à 2,
ππ(π1 × π2 × β¦ β¦ . .× ππ ) = ππ(π1 ) + ππ(π2 ) + β― . +ππ(ππ )
3) Exemples:
Exemple 1 Résoudre lβéquation suivante:
Cette équation nβest possible que pour π₯ > 0
π4
elle est équivalente à: ππ(5π₯) = 4 dβoù 5π₯ = π 4 On obtient donc : π₯ =
5
ππ(π₯) + ππ(5) β 4 = 0
La solution est: S = {
ππ
π
}
16
9
Exemple 2 Ecrire sous la forme ππ(2) et ππ(3): ππ(24) et ππ( )
β ππ(24) = ππ(3 × 8) = ππ(3) + ππ(8) = ππ(3) + ππ(2 × 2 × 2) = ππ(3) + ππ(2) + ππ(2) + ln(2)
= ππ(3) + 3 ππ(2) Donc ππ(ππ) = ππ(π) + π ππ(π)
16
24
9
3
ππ
π
β ππ( )= ππ( 2) = ππ(24 ) β ππ(32 ) = 4 ππ(2) β 2ππ(3) Donc : ππ( )= π ππ(π) β πππ(π)
Exemple 3 Résoudre lβéquation suivante ππ(3π₯ β 4) = 2
Il faut que 3π₯ β 4 > 0 soit π₯ >
4
3
Cette équation nβest possible que pour π₯ >
ππ(3π₯ β 4) = 2 alors 3π₯ β 4 = π 2 donc π₯ =
La solution est: S = {
π + ππ
π
}
4 + π2
3
comme
4 + π2
3
>
4
3
alors
4
3
Exemple 4: Résoudre lβéquation suivante ππ(π₯ + 2) = ππ(π₯) + 1
π₯ + 2 > 0 soit π₯ > β2 de plus il faut aussi que π₯ > 0 il faut donc que π₯ > 0
Cette équation nβest possible que pour π₯ > 0
ππ(π₯ + 2) = ππ(π₯) + 1 donc ππ(π₯ + 2) β ππ(π₯) = 1 ce qui implique que :
ln (
π₯+2
π₯
) = 1 ce qui donne :
π₯+2
π₯
= π1
π₯+2=ππ₯
π₯(1 β π) = β2
π₯=
β2
1βπ
=
2
πβ1
>0
La solution est: S = {
π
}
πβπ
Exemple 5: Résoudre lβéquation suivante: 2π 2π₯β1 = π π₯
2π 2π₯β1 = π π₯ on obtient donc:
ππ(2π 2π₯β1 ) = ππ(π π₯ ) on en déduit :
ππ(2) + lπ(π 2π₯β1 ) = ππ(π π₯ )
ππ(2) + 2π₯ β 1 = π₯
2π₯ β π₯ = 1 β ππ(2)
π₯ = 1 β ππ(2)
La solution est: S = {π β ππ(π)}
Exemple 6: Résoudre lβéquation suivante: π 2π₯ + 3 π π₯ = 10
Ce qui équivaut à : (π π₯ )² + 3 π π₯ = 10
Posons π = π π₯
Or pour tout π₯ de β, π π₯ >0 donc π > 0 on obtient alors :
π 2 + 3π = 10
π 2 + 3π β 10 = 0 Cette équation a pour solutions π1 = 2 et π2 = β5
Comme π > 0 alors lβunique solution est π1 = 2 (π2 < 0) ne peut être solution)
Donc π π₯ = 2
On obtient donc : π₯ = ππ(2)
La solution est: S = {ππ(π)}
III) Etude de la fonction logarithme népérien
1) Dérivée de la fonction ππ
On admet que la fonction ππ est continue sur ]0 ;+β[
Théorème:
La fonction ππ est dérivable sur ]0 ;+β[et ππβ(π) =
π
π
Démonstration:
On sait que pour tout π₯ > 0 π ln(π₯) = π₯
Or, (π π’ )β² = π’β²π π’ et la fonction dérivée de π₯ est 1
β²
Si π(π₯) = π₯ alors πβ(π₯) = 1 donc (π ππ(π₯) ) = 1
β²
On obtient donc : pour tout π₯ > 0, (π ππ(π₯) ) = (πππ₯)β² × π ππ(π₯) = 1
Donc pour tout π₯ > 0, (πππ₯)β² × π₯ = 1 dβoù
(πππ₯)β² =
1
π₯
La fonction ππ est donc dérivable sur ]0 ; +β[ et sa fonction dérivée est
1
π₯
2) Limites de la fonction ππ
Théorème :
β π₯π’π¦ ππ(π) = +β
πβ+β
β π₯π’π¦ ππ(π) = ββ
πβπ
Démonstration :
Soit π(π₯) = ππ(π₯) sur ]0 ; +β[ , πβ(π₯) =
π est donc croissante sur ]0 ; +β[
1
π₯
donc πβ(π₯) > 0 sur ]0 ; +β[
β Soit M un nombre réel, la fonction ππ étant strictement croissante sur ]0 ; +β[ alors
pour tout π₯ > π π , ππ(π₯) > ππ(π π ), donc ππ(π₯) > M
Ce qui veut dire que pour tous les nombres π₯ suffisamment grands, tout intervalle ouvert
de la forme ]M ; +β[ contient toutes les valeurs de π(π₯). Par conséquent: lim ππ(π₯) = +β
π₯β+β
β Soit π =
1
π₯
alors lorsque π₯ tend vers 0 (π₯ > 0), π tend vers +β
1
ππ(π₯) = ππ( ) = βππ(π)
π
lim ππ(π₯) =
π₯β0
π₯>0
lim β ln(π) = ββ
π βΌ +β
3) Tableau de variation et courbe représentative de
la fonction ππ
a) Tableau de variation :
Les résultats précédents nous permettent dβécrire:
π₯
0
1
π
+β
+
ππβ²(π₯)
+β
1
ππ(π₯)
0
-β
b) Courbe représentative de la fonction ππ
4) Limites importantes
Théorème :
β π₯π’π¦
ππ(π+π)
πβ π
β π₯π’π¦
πβ+β
π
ππ(π)
π
=π
=π
β π₯π’π¦ πππ(π) = π
πβπ
Démonstration :
ππ(1+π₯)
ππ(1+π₯)βππ(1)
β Comme ππ(1) = 0 alors lim
= lim
π₯β 0
π₯
π₯
π₯β 0
On reconnait la limite, quand π₯ tend vers 0, du taux dβaccroissement de la fonction ππ entre
ππ(1+π₯)
1 et 1+π₯, limite égale au nombre dérivé de ππ en 1. Donc, lim
= (ππ)β(1) = 1
π₯β 0
β Déterminons : lim
ππ(π₯)
π₯
π₯β+β
Posons π = ππ(π₯) soit π₯ = π π alors
ππ(π₯)
π₯
=
ππ(π π )
ππ
=
π
ππ
Lorsque π₯ tend vers +β, π tend vers +β et comme lim
π
ππ
πβ+β π
(voir chapitre fonction exponentielle)
Donc lim
π₯
= +β
= 0
πβ+β π π
β Déterminons : lim π₯ππ(π₯)
π₯β+β
En utilisant le même changement de variable : π = ππ(π₯) soit π₯ = π π
Lorsque π₯ tend vers 0, π tend vers ββ ( lim π π = 0)
π βΌ ββ
π
π₯ππ(π₯) = π ππ(π
π)
=ππ
π
lim π₯ππ(π₯) = lim π π π = 0 (voir chapitre fonction exponentielle)
π₯β0
πβββ
IV) La fonction logarithme décimal
Définition:
La fonction logarithme décimal, notée log, est définie sur ]0 ; +β[ par :
πππ(π) =
ππ(π)
ππ(ππ)
Remarques :
β Comme la fonction πππ(π₯) =
1
ππ(10)
× ππ(π₯) et
1
ππ(10)
>0 alors la fonction πππ a le même
sens de variation que la fonction ππ
β La fonction πππ a les mêmes propriétés et les mêmes limites que la fonction ππ
V) Etude de la fonction : ππ(π(π))
β Soit π’ une fonction dérivable et strictement positive sur un
intervalle I alors la fonction π définie sur lβintervalle I par
π(π) = π₯π§(π(π)) est dérivable sur I et on a :
πβ² (π) =
πβ² (π)
π(π)
β Comme la fonction π’ est strictement positive alors le signe de la
dérivée dépend du signe de la fonction π’β²
β Comme la fonction ππ est strictement croissante alors dβaprès le
théorème des fonctions composées le sens de variations de π est
le même que celui de π’.
β Si π(π) tend vers +β alors ππ(π(π)) tend aussi vers +β
β Si π(π) tend vers 0 alors ππ(π(π)) tend vers -β
β Si π(π) tend vers 1 alors ππ(π(π)) tend vers ππ(π) cβest-à-dire 0
Cβest une application directe du théorème de dérivation des fonctions composées.
Exemple: Soit π la fonction définie par π(π₯) = ln(π₯ 2 β 3π₯ β 10)
Soit π’ la fonction définie sur β par π’(π₯) = π₯² β 3π₯ + 10
Dans notre exemple π(π₯) = ln(π’(π₯))
β Déterminons , tout dβabord, son domaine de définition :
π₯ 2 β 3π₯ β 10 = 0
Ξ = 9 + 4 × 1 × 10 = 49 on a donc π₯1 = 5 et π₯2 = β2
π₯ 2 β 3π₯ + 10 > 0 pour π₯ < β2 et π₯ > 5
La fonction π est définie sur ]ββ ; βπ[ βͺ ]π ; +β[
β Etudions les variations de π :
π’β² (π₯) = 2π₯ β 3 donc
πβ²(π₯) =
πβ²(π₯) =
π’β² (π₯)
π’(π₯)
2π₯β3
π₯²β3π₯+10
π β² (π₯) = 0 pour π₯ =
3
2
π’β² (π₯) β₯ 0 pour π₯ β₯
3
2
et
π’β² (π₯) β€ 0 pour π₯ β€
En tenant compte du domaine de définition :
π est donc décroissante sur]ββ ; β2[ et croissante sur ]5 ; +β[
3
2
On obtient le tableau de variation suivant :
π₯
ββ
π’β(π₯)
β2
3
2
5
+β
0
β
+
+β
+β
ππ(π’(π₯))
-β
Les courbes représentatives des fonctions π et π sont :
-β