Dépistage du cancer de la prostate
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Dépistage du cancer de la prostate
DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE : UTILISATION DE L’APS COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC AVANT-PROPOS L’utilisation du dosage de l’antigène prostatique spécifique (APS) dans le dépistage du cancer de la prostate a connu une croissance considérable au cours des dernières années. Or en raison de certains inconvénients reliés à ce test et au cancer lui-même, plusieurs médecins et patients ne savent aujourd’hui quelle attitude adopter : faut-il ou non demander ce test de dépistage? Le Collège des médecins du Québec a donc jugé opportun de publier des lignes directrices de pratique clinique concernant l’utilisation du dosage de l’APS dans le dépistage du cancer de la prostate. Élaborées notamment à partir d’une recherche exhaustive de la littérature médicale et de recom- mandations proposées par plusieurs organismes du secteur de la santé, ces lignes directrices brossent un tableau détaillé et à jour de la problématique. Nous espérons que les recommandations qui en découlent, même si elles ne permettent pas de trancher cette question difficile, aideront les médecins et leurs patients à faire un choix éclairé. Le président, Roch Bernier, MD INTRODUCTION Le Collège des médecins du Québec, en collaboration avec l’Association des urologues du Québec et le Groupe de travail sur l’implantation des lignes directrices en pratique clinique au Québec regroupant des représentants de la profession médicale québécoise, s’est penché sur la controverse que soulève présentement le dosage de l’APS comme test de dépistage du cancer de la prostate. Le groupe d’experts mis sur pied pour ce projet a ainsi fait le tour de la question, ce qui lui a permis d’établir des lignes directrices dont l’objectif est double : d’une part, favoriser l’utilisation appropriée du dosage de l’APS par les médecins et, d’autre part, informer et sensibiliser la population en regard du test de l’APS, particulièrement dans le dépistage du cancer de la prostate. Ces lignes directrices s’adressent à tous les médecins du Québec, mais spécialement à ceux qui sont susceptibles de rencontrer et de suivre des clientèles masculines, notamment les médecins de famille, les internistes, les gériatres et les urologues. Un dépliant informatif conçu à l’intention des hommes et de leur famille accompagne le présent document. Enfin, soulignons que le Collège des médecins du Québec, le Conseil d’évaluation des technologies de la santé ainsi que la Direction de la recherche et de l’évaluation du ministère de la Santé et des Services sociaux ont fourni les fonds nécessaires pour l’élaboration de ces lignes directrices. FÉVRIER 1998 1 1. PROBLÉMATIQUE Parmi ceux qui atteindront l’âge de 80 ans, on estime qu’on diagnostiquera un cancer de la prostate chez un homme sur huit et qu’un homme sur vingt-sept en mourra. Actuellement, le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent et la deuxième cause de mortalité par cancer chez les hommes. Parmi ceux qui atteindront l’âge de 80 ans, on estime qu’on diagnostiquera un cancer de la prostate chez un homme sur huit et qu’un homme sur vingt-sept en mourra. Pour suivre l’évolution des patients traités pour ce cancer, on utilise depuis plusieurs années le dosage sanguin de l’APS. Toutefois, au début des années 1990, différents groupes de chercheurs et d’urologues ont recommandé que ce test soit aussi offert de façon systématique aux hommes asymptomatiques âgés entre 50 et 70 ans. La facilité d’administration de ce test ainsi que l’impor- tance de ce type de cancer comme problème de santé ont entraîné une augmentation exponentielle de la prescription du dosage de l’APS, au Québec comme dans toute l’Amérique du Nord. Cependant, certaines caractéristiques du dosage de l’APS et du cancer de la prostate ont amené d’autres groupes, dont des urologues, à déconseiller le recours à ce test dans une optique de dépistage. Selon eux, cette pratique cause en moyenne plus de torts qu’elle n’apporte de bienfaits. Il s’en est donc suivi une controverse qui dure encore et qui laisse plusieurs cliniciens et la population dans le doute quant à la conduite à tenir. 2. MÉTHODE D’ÉVALUATION DES DONNÉES SCIENTIFIQUES ET DÉMARCHE DU GROUPE D’EXPERTS CRITÈRES D’ÉVALUATION ET VALEURS Le Collège des médecins du Québec, en collaboration avec l’Association des urologues du Québec, a choisi les membres du groupe selon leurs expertises respectives. Le comité était composé de deux médecins de famille, de deux urologues, d’un biochimiste, d’un épidémiologiste, d’un médecin en santé publique et d’un homme représentant la population. APPLIQUÉES Le groupe d’experts a opté pour une démarche fondée sur l’analyse des données probantes. La classification des recommandations et les niveaux de qualité des preuves justifiant des recommandations sont présentés aux appendices 1 et 2. Les études sur le cancer de la prostate (efficacité thérapeutique et préventive, validité des tests diagnostiques, pronostic et analyses coûts-bénéfices) ainsi que les lignes directrices de pratique clinique ont été évaluées selon les critères recommandés. Cependant, comme on ne dispose pas de données de premier niveau (essai clinique randomisé) pour évaluer l’efficacité du dépistage du cancer de la prostate au moyen du dosage de l’APS, le groupe d’experts a aussi formulé ses recommandations en s’appuyant sur les valeurs éthiques proposées pour établir des lignes directrices de pratique clinique portant sur des méthodes de dépistage. IDENTIFICATION DES INFORMATIONS Le groupe d’experts a procédé à une recherche exhaustive des guides d’exercice, des rapports d’évaluation et de conférence de consensus, des articles de révision, des métaanalyses et des articles originaux sur le sujet à partir de la base de données MEDLINE et du réseau Internet. De plus, il a écrit aux associations et aux collèges de chaque province canadienne et des États-Unis pour obtenir les documents officiels non compris dans les bases de données habituelles. Il a enfin répertorié les bibliographies de tous ces documents. 2 Les valeurs éthiques suivantes ont donc été considérées : • Comme le dépistage s’adresse à des personnes qui se considèrent comme étant en bonne santé ou qui ne souffrent d’aucun malaise spécifique relatif à l’affection concernée, il est important de disposer de preuves suffisantes démontrant que le dépistage apporte en moyenne plus d’avantages que d’inconvénients avant de le recommander. • Les médecins doivent proposer à leurs patients toute intervention susceptible de comporter plus d’avantages que d’inconvénients en réponse à leurs demandes et aux problèmes qu’ils présentent. Ils doivent également vérifier les craintes et les malaises qui ont motivé une demande de services médicaux. Cependant, ils n’ont pas à créer un dilemme pour le patient à propos d’une controverse médicale, lorsque l’efficacité ou l’inefficacité d’une technique spécifique n’est pas encore établie et que cette question ne fait pas partie des préoccupations du patient au moment de la consultation. • Selon les principes de la déontologie médicale, la décision finale de recourir ou non à une technique revient toujours au patient après qu’il a reçu toute l’information disponible sur le sujet. Les médecins doivent se garder d’influencer leurs patients selon leurs propres valeurs. Cela est d’autant plus important lorsque les VALIDATION données scientifiques ne permettent pas d’établir clairement l’efficacité ou l’inefficacité d’une approche. Le groupe d’experts considère que ces recommandations s’appliquent tant au dépistage de masse qu’au dépistage de cas dans le cadre de la consultation médicale. En effet, dans ces deux situations, le dépistage s’adresse à des individus asymptomatiques, si bien que les propriétés des tests de dépistage (sensibilité, spécificité et valeurs prédictives) sont comparables. VALIDATION Afin d’en évaluer la clarté et la pertinence, le groupe d’experts a soumis ses recommandations à un échantillon de médecins de famille, d’urologues, de médecins en santé publique ainsi qu’à l’Association des urologues du Québec, à la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et au Collège québécois des médecins de famille. De plus, il a animé trois groupes de discussion avec des représentants d’hommes âgés de 50 à 70 ans dans le but de valider la clarté et l’acceptabilité du dépliant informatif conçu à l’intention du public. Enfin, il a comparé ses recommandations à celles formulées par d’autres groupes. La liste des groupes, des associations et des collèges consultés qui ont émis des recommandations sur le dépistage du cancer de la prostate figure à l’appendice 3. 3. CANCER DE LA PROSTATE FACTEURS DE RISQUE risques augmenter de 1,5 à 10 fois selon le nombre de parents au premier degré affectés. Une légère augmentation du risque de cancer de la prostate a été observée dans les populations consommant une alimentation riche en gras et chez les hommes d’origine afro-américaine. Le tableau 1 à la page 4 indique le risque relatif de ces facteurs. Le risque d’avoir un cancer de la prostate croît avec l’âge. En effet, on retrouve rarement ce type de cancer chez les hommes âgés de moins de 50 ans. De plus, les hommes ayant une histoire familiale de cancer de la prostate, tant du côté paternel que du côté maternel, voient leurs 3 Le groupe d’experts considère que ses recommandations s’appliquent tant au dépistage de masse qu’au dépistage de cas dans le cadre de la consultation médicale. TABLEAU 1 FACTEURS DE RISQUE DU CANCER DE LA PROSTATE Facteur de risque Ce qui distingue le cancer de la prostate de plusieurs autres cancers, c’est la diversité de son évolution clinique. L’évolution du cancer peut donc être très variable, d’anodine à fatale. Risque relatif Histoire familiale : Premier degré (père, frère) • Un parent • Deux parents • Trois parents ou plus Deuxième degré (grand-père et oncle) • Paternel et/ou maternel Premier et deuxième degrés (Intervalle de confiance) 2,2 4,9 10,9 (1,4-3,5) (2,0-12,3) (2,7-43,1) 1,7 8,8 (1,0-2,9) (2,8-28,1) Alimentation riche en gras 1,7 (1,6-1,9) Hommes d’origine afro-américaine 1,4 (1,3-1,6) D’après : Steinberg, G.D. et al. — «Family history and the risk of prostate cancer». — Prostate. — Vol. 17, no 4 (1990). — P.337-347 On a déjà cru que d’autres facteurs tels que la vasectomie, l’histoire sexuelle, les maladies transmises sexuellement et l’hypertrophie bénigne de la prostate, étaient associés à ce cancer; à la lumière des données récentes, ces éléments ne sont plus considérés comme facteurs de risque du cancer de la prostate. stade final sera déterminé par l’exérèse chirurgicale et l’analyse anatomopathologique du spécimen. Le stade final précis ne sera donc connu que pour les patients ayant eu une exérèse chirurgicale, puisque le matériel obtenu par biopsie ne permet pas d’estimer avec certitude le grade histologique final ni le degré d’extension de la tumeur. HISTOIRE NATURELLE DE LA MALADIE OPTIONS THÉRAPEUTIQUES Ce qui distingue le cancer de la prostate de plusieurs autres cancers, c’est la diversité de son évolution clinique. Selon la littérature, environ 30 % à 40 % des autopsies pratiquées chez des hommes de plus de 50 ans décédés d’autres causes démontrent des foyers, souvent microscopiques, de cancer de la prostate. Ces cancers ne se manifestent pas et ne sont jamais diagnostiqués. Par contre, au moment du diagnostic, plus d’une fois sur deux le cancer sera trop avancé pour qu’on puisse espérer le guérir. L’évolution du cancer peut donc être très variable, d’anodine à fatale. À partir des propriétés de l’APS, de la recherche en biologie moléculaire et en génétique, on s’efforce actuellement de trouver une façon de différencier les tumeurs selon leur potentiel de malignité. Cependant, le On classifie le cancer de la prostate selon le stade d’évolution et le grade histologique. Le type de traitement dépend essentiellement du stade de la maladie. À stade d’évolution égal, les autres paramètres à considérer dans le choix du traitement sont le grade histologique, l’espérance de vie du patient ainsi que sa préférence personnelle face à un type ou un autre de traitement. Le tableau 2 à la page 5 résume la classification du cancer de la prostate et les options thérapeutiques habituellement considérées en fonction de chaque stade. Pour une même situation clinique, il peut exister plus d’une option thérapeutique valable. La décision doit être prise par le patient et l’équipe médicale après une évaluation complète. 4 TABLEAU 2 TRAITEMENTS OFFERTS CLASSIQUEMENT EN FONCTION DU STADE DE LA MALADIE Stade Définition Traitement A1 ou T1a Présence de cellules cancéreuses dans moins de 5 % des fragments provenant d’une résection transurétrale de la prostate Observation A2 ou T1b Présence de cellules cancéreuses dans plus de 5 % des fragments provenant d’une résection transurétrale de la prostate; aucun nodule détecté par toucher rectal Prostatectomie ou radiothérapie B0 ou T1c Cancer détecté par biopsie après constatation d’un taux d’APS élevé; toucher rectal et échographie transrectale normaux Prostatectomie ou radiothérapie B1 ou T2a Nodule cancéreux occupant moins de la moitié d’un lobe prostatique Prostatectomie ou radiothérapie B2 ou T2b Nodule cancéreux occupant plus de la moitié d’un lobe prostatique Prostatectomie ou radiothérapie B3 ou T2c Tumeur touchant les deux lobes prostatiques Prostatectomie ou radiothérapie C ou T3 Tumeur non confinée à la capsule prostatique, envahissant les vésicules séminales ou le bassin Radiothérapie Prostatectomie dans certains cas D1 ou N+ Atteinte des ganglions lymphatiques pelviens Hormonothérapie précoce ou retardée D2 ou M1 Métastases éloignées (osseuses) Hormonothérapie D3 Rechute consécutive à l’hormonothérapie Soins palliatifs Chimiothérapie dans certains cas Dans tous les cas, selon le grade, le stade, l’âge, les facteurs de comorbidité et le choix du patient, l’observation attentive fait partie des options à considérer. Adapté de : Gaudet, Rachel; Jolivet-Tremblay, Martine; Saad, Fred — «Le cancer de la prostate : où en sommes-nous ?». — Le clinicien. — Vol. II, no 4 (avril 1996). — P.134 Pour les tumeurs cliniquement limitées à la capsule prostatique (stades T1b, T1c et T2), au moment du diagnostic, trois options sont disponibles : l’attente sous observation, la prostatectomie radicale et la radiothérapie. À l’heure actuelle, les études ne permettent pas d’établir avec certitude la supériorité d’une option sur une autre pour les tumeurs de grade 1 (bien différenciées). Pour les tumeurs de grades 2 et 3, des données récentes suggèrent que l’attente sous observation n’est pas une option optimale et que l’on doit considérer la chirurgie ou la radiothérapie. 5 À l’heure actuelle, les études ne permettent pas d’établir avec certitude la supériorité d’une option sur une autre pour les tumeurs de grade 1 (bien différenciées). TABLEAU 3 CANCER DE LA PROSTATE LOCALISÉ : SURVIE À DIX ANS (INTERVALLE DE CONFIANCE 95 %) SELON L ’OPTION CHOISIE INITIALEMENT ET LE GRADE HISTOLOGIQUE DE LA TUMEUR Cependant, il est clair que le patient doit avoir une espérance de vie d’au moins dix ans pour qu’il soit justifié d’intervenir. Thérapie Grade 1 Grade 2 Grade 3 Prostatectomie radicale 94 % (91 %-95 %) 87 % (85 %-89 %) 67 % (62 %-71%) Radiothérapie 90 % (87 %-92 %) 76 % (72 %-76 %) 53 % (47 %-58 %) Approche conservatrice 93 % (91 %-94 %) 77 % (74 %-80 %) 45 % (40 %-51 %) Lu-Yao, G.L.; Yao S.L. — «Population-based study of long-term survival in patients with clinically localised prostate cancer». — Lancet. — Vol. 349, no 9056 (March 29, 1997). — P.906-910 En général, la prostatectomie radicale et la radiothérapie s’accompagnent de taux de morbidité comparables, mais différents. Les complications des deux approches et leur fréquence sont décrites au tableau 4. Cependant, il est clair que le patient doit avoir une espérance de vie d’au moins dix ans pour qu’il soit justifié d’intervenir. Dans certains cas, selon le grade, le stade, l’âge, les facteurs de comorbidité et le choix du patient, l’observation attentive fait partie des options à considérer. Le tableau 3 présente les résultats d’une étude de la survie à dix ans selon la modalité thérapeutique choisie en fonction des grades histologiques. L’analyse portait sur 59 876 patients. On remarque que la survie est comparable pour les tumeurs de grade 1, quelle que soit l’approche thérapeutique choisie, mais que pour les tumeurs de grades 2 et 3, la prostatectomie radicale semble donner de meilleurs résultats. Cette étude est la plus importante compilation de données publiées à ce jour, mais comme elle n’est pas randomisée, on doit l’interpréter avec prudence. TABLEAU 4 FRÉQUENCE DES COMPLICATIONS ASSOCIÉES À LA PROSTATECTOMIE RADICALE ET À LA RADIOTHÉRAPIE Complications Prostatectomie radicale Radiothérapie Fréquence moyenne Fréquence moyenne Mortalité Incontinence urinaire totale Incontinence urinaire partielle Impuissance Sténose urétrale/col Rectite/troubles intestinaux Cystite radique 0,5 % 2% 10 % 57 % 4% 3% -% 0,2 % 1% 6% 40 % 5% 10 % 5% Adapté de : Wasson, J.H. et al. — «A structured literature review of treatment for localized prostate cancer: Prostate Disease Patient Outcome Research Team». — Archives of Family Medicine. — Vol 2, no 5 (May 1993). — P.487-493. 6 4. DIAGNOSTIC ET DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE Il est important de ne pas confondre les termes diagnostic et dépistage. Le diagnostic désigne le processus d’investigation d’individus présentant des symptômes ou des signes cliniques. Le dépistage, quant à lui, consiste à rechercher une maladie à un stade précoce en appliquant un test à des individus asymptomatiques chez qui on ne suspecte pas la présence de la maladie. La différence est importante, car la valeur prédictive des tests, donc la façon de les interpréter, varie en fonction du tableau clinique. Cette section du document traite du rôle de l’anamnèse et des examens complémentaires ainsi que de l’utilité du dosage de l’APS tant dans un contexte de diagnostic que de dépistage. cer de la prostate. Bien que, dans l’ensemble, ces études aient montré une augmentation de la détection de tumeurs limitées à la prostate, elles indiquent toutefois que le toucher rectal utilisé seul n’est pas associé à une réduction de la mortalité chez les personnes soumises au dépistage par cette approche. ÉCHOGRAPHIE PROSTATIQUE PAR VOIE TRANSRECTALE L’échographie prostatique par voie transrectale est un examen invasif, coûteux et dont la validité diagnostique est médiocre. On en réserve l’usage aux patients dont le TR ou le taux d’APS est anormal dans le but de guider la biopsie de la prostate. Toutefois, une échographie prostatique normale n’exclut pas la présence d’un cancer. ANAMNÈSE L’anamnèse a peu de valeur pour le dépistage, et même pour le diagnostic du cancer de la prostate. Les symptômes de prostatisme, présents chez environ le quart des hommes de 50 ans et plus, ne prédisent pas la présence ou l’absence de cancer et ne peuvent donc pas guider le clinicien en ce sens. De plus, lorsque le taux d’APS est anormal, l’absence de facteurs de risque (histoire familiale, hommes d’origine afroaméricaine) à l’anamnèse ne doit pas influencer la décision de poursuivre l’investigation. ANTIGÈNE PROSTATIQUE SPÉCIFIQUE L’antigène prostatique spécifique (APS) est une glycoprotéine sécrétée par les cellules épithéliales des canaux et des acini de la prostate. Sa concentration sérique augmente non seulement en présence du cancer de la prostate, mais aussi avec certaines pathologies prostatiques et toutes les manipulations urologiques. Plusieurs trousses pour mesurer le taux d’APS sérique sont offertes; une valeur supérieure à 4 ng/ml obtenue à l’aide d’une de ces trousses est considérée comme anormale. TOUCHER RECTAL ÉLÉMENTS INFLUENÇANT LE TAUX D’APS Comme les valeurs d’APS demeurent élevées pendant six à huit semaines après une prostatite, un épisode de rétention urinaire aiguë et toute manipulation de l’arbre urinaire bas (cystoscopie, biopsie de la prostate), on doit s’abstenir de prescrire un dosage de l’APS dans ces circonstances et reporter l’investigation de deux mois environ. Les études récentes montrent que le toucher rectal (TR) est peu valide pour la détection précoce du cancer de la prostate. En effet, la sensibilité de ce moyen ne dépasse pas de 50 % à 60 %, laissant ainsi non détectés près de la moitié des cancers. De plus, de 50 % à 70 % des tumeurs identifiées par cet examen présentent des preuves histologiques d’envahissement extra-prostatique. Quelques études ont également évalué l’efficacité du TR pour le dépistage du can7 Lorsque le taux d’APS est anormal, l’absence de facteurs de risque à l’anamnèse ne doit pas influencer la décision de poursuivre l’investigation. Plusieurs experts ne conseillent plus de proposer systématiquement un dosage de l’APS aux individus manifestant des symptômes de prostatisme. • Hypertrophie bénigne de la prostate L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) peut élever le taux d’APS à l’intérieur des valeurs considérées comme suspectes de cancer. En fait, près de 75 % des patients dont le dosage de l’APS se situe entre 4 ng/ml et 10 ng/ml ne souffrent que d’une hypertrophie bénigne de la prostate. Plusieurs études ont montré que les hommes présentant des symptômes de prostatisme secondaires à une HBP ne courent pas plus de risques d’avoir un cancer de la prostate que les hommes de leur âge. Plusieurs experts ne conseillent plus de proposer systématiquement un dosage de l’APS aux individus manifestant des symptômes de prostatisme, puisque ces hommes sont plus à risques de présenter des résultats faussement positifs et, par conséquent, d’être soumis à des investigations inutiles. Toutefois, les hommes qui consultent pour des symptômes de prostatisme ne peuvent pas être rassurés qu’ils ne sont pas atteints du cancer de la prostate sans que l’on ait procédé à un toucher rectal et à un dosage de l’APS. Lorsque les hommes consultent pour des symptômes de prostatisme, mais qu’ils ne présentent aucune anomalie par toucher rectal, la décision de compléter l’investigation à l’aide du dosage de l’APS doit être prise après qu’on leur a expliqué les avantages et les inconvénients du test (voir la section «Conseils et avis du médecin aux patients», à la page 10). Avant de proposer un traitement spécifique de l’hypertrophie bénigne de la prostate, le groupe d’experts recommande de discuter avec le patient de la possibilité d’avoir recours au dosage de l’APS pour compléter l’investigation, si l’espérance de vie de ce patient est supérieure à dix ans et si la découverte d’un cancer de la prostate pouvait modifier l’approche thérapeutique. Le finastéride (ProscarMD) utilisé pour le traitement médical de l’hypertrophie bénigne de la prostate abaisse la valeur de l’APS, faussant potentiellement l’interprétation de résultats ultérieurs. Les travaux de Gormley suggèrent qu’on peut estimer la valeur «réelle» de l’APS d’un homme sous finastéride en multipliant par deux le résultat obtenu. Bien que ces travaux soient préliminaires, ils peuvent guider le clinicien dans l’interprétation d’un taux d’APS près des valeurs limites chez un patient sous finastéride depuis plus de six mois. Les alphabloqueurs, térazosine (HytrinMD) et doxazo-sine (CarduraMC), également utilisés pour le traitement de l’hypertrophie bénigne de la prostate, n’influencent pas les valeurs de l’APS. Le toucher rectal n’affecte pas non plus la mesure de l’APS. UTILITÉ DU DOSAGE DE L’APS COMME TEST DIAGNOSTIQUE • Cancer de la prostate L’APS est le meilleur indicateur de l’évolution du cancer de la prostate. Une augmentation de son taux dans le temps signale une progression de la maladie. Le dosage de l’APS est donc essentiel pour suivre tous les patients qui ont subi un traitement pour un cancer de la prostate ou qui ont opté pour l’observation en présence d’une tumeur localisée. Le dosage de l’APS est également inclus dans l’évaluation de tout tableau clinique pour lequel l’hypothèse d’un cancer de la prostate fait partie du diagnostic différentiel (toucher rectal anormal, suspicion de métastase osseuse, atteinte de l’état général, etc.). Un taux d’APS normal n’élimine pas la possibilité qu’il y ait un cancer de la prostate localisé en présence d’un toucher rectal démontrant un nodule ou une asymétrie prostatique. Il faut alors demander une évaluation en urologie pour établir la nature des anomalies observées. 8 UTILITÉ DU DOSAGE DE L’APS cancer chez environ 80 % des patients dont l’APS ou le toucher rectal est anormal. La probabilité individuelle pour un patient donné qu’il y ait cancer de la prostate dépend du résultat du toucher rectal et/ou de l’ampleur de l’augmentation du taux d’APS. Le tableau 5 indique les probabilités de cancer de la prostate selon les résultats du toucher rectal et du dosage de l’APS. Plus le taux d’APS est élevé, plus grande est la probabilité qu’il y ait un cancer et que ce cancer dépasse la capsule prostatique, même si le toucher rectal est normal. En général, pour un taux d’APS supérieur à 10 ng/ml, la probabilité de cancer est de plus de 50 % et la probabilité que la tumeur ait déjà envahi la capsule varie de 24 % à 50 %, selon les séries. Les données actuelles suggèrent que 85 % des cancers détectés par l’approche combinée sont cliniquement significatifs. Lorsque le toucher rectal et/ou le taux d’APS sont anormaux, l’avis d’un urologue devrait être sollicité. De façon idéale, on devrait réaliser une biopsie sous échographie après discussion avec un urologue. Même si la biopsie est négative, il persiste une possibilité qu’un cancer n’ait pas été révélé. Le suivi de ces patients doit être individualisé en consultation avec un urologue. COMME TEST DE DÉPISTAGE Comme il n’est pas possible, pour des raisons éthiques, de savoir véritablement qui, au moment du test, souffre ou non d’un cancer de la prostate, la sensibilité et la spécificité du dosage de l’APS comme test de dépistage ne sont pas connues avec exactitude. Toutefois, on considère que, lorsqu’il est utilisé seul, le dosage de l’APS décèle environ 70 % des cancers cliniquement significatifs; 30 % d’entre eux restent donc inaperçus. Ainsi, ceux qui appuient le dépistage recommandent qu’on allie toujours le toucher rectal à la prescription du test de l’APS. La sensibilité de l’approche combinée est de 87 %, réduisant à 13 % la proportion de cancers non reconnus par le dépistage. Pour un individu donné, lorsque les deux tests sont normaux, la probabilité qu’un cancer de la prostate soit présent est donc faible; selon les meilleures estimations actuelles, elle est de l’ordre de 0,5 % à 1 %. Lorsque l’on a recours au dosage de l’APS combiné au toucher rectal dans un contexte de dépistage, on peut s’attendre à ce qu’environ 18 % des hommes aient un résultat anormal à l’un ou l’autre des deux examens. Par contre, un résultat anormal ne signifie pas d’emblée qu’il y ait un cancer de la prostate. Dans l’ensemble, on ne retrouve pas de TABLEAU 5 PROBABILITÉS DE CANCER DE LA PROSTATE SELON LES RÉSULTATS DU TOUCHER RECTAL ET DU DOSAGE DE L ’APS UTILISÉS EN ASSOCIATION À DES FINS DE DÉPISTAGE Résultat du toucher rectal et du dosage de l’APS Toucher rectal et APS normaux Toucher rectal anormal et APS normal Toucher rectal normal et APS > 4 ng/ml Toucher rectal anormal et APS > 4 ng/ml Probabilité de cancer de la prostate (valeur prédictive positive) 0,5 % - 1 % approximativement 10 % 24 % 48 % Catalona, W.J. et al. — «Comparison of digital rectal examination and serum prostate specific antigen in the early detection of prostate cancer : results of a multi-center clinical trial of 6,630 men». — Journal of Urology. — Vol. 151, n° 5 (May 1994). — P.1283-1290 9 Lorsque le toucher rectal et/ou le taux d’APS sont anormaux, l’avis d’un urologue devrait être sollicité. Le manque de preuves démontrant une baisse de la mortalité et une amélioration de la qualité de vie, ainsi que les désavantages connus des investigations et des traitements demandent que l’on applique une politique de consentement éclairé plus serrée que pour la réalisation des tests courants. Jusqu’à maintenant, aucune étude évaluant l’efficacité du dépistage pour réduire la mortalité secondaire au cancer de la prostate n’a été publiée. Pour la première année, aux États-Unis, on a observé une légère diminution de la mortalité par cancer de la prostate. Il est cependant difficile d’attribuer cette baisse au dépistage ou à d’autres facteurs, car elle ne survient que quelques années après l’augmentation du recours au dosage de l’APS. On ne dispose donc pas de preuves que le dépistage du cancer de la prostate chez les hommes de 50 ans et plus soit associé à une réduction de la mortalité par ce cancer ou à une amélioration de la qualité de vie. L’analyse des données obtenues à partir d’études de cohorte, d’études cas-témoins et de séries de cas (niveaux de qualité de données II et III; voir l’appendice 2) suggèrent que, s’il y a un bénéfice à tirer du dépistage, il ne serait que pour les hommes âgés de 50 à 69 ans et dont l’espérance de vie est supérieure à dix ans. Au-delà des controverses, tous les experts s’entendent pour décourager l’utilisation du dosage de l’APS à des fins de dépistage, d’une part, chez les hommes âgés et, d’autre part, chez ceux pour qui les options thérapeutiques ne sont pas applicables en raison de maladies concomitantes importantes, et ce, quel que soit leur âge. La présence de facteurs de risque (histoire familiale, hommes d’origine afro-américaine) augmente la prévalence du cancer de la prostate et, par conséquent, la valeur prédictive d’un résultat anormal. Cependant, les données actuelles ne permettent pas d’affirmer que le dépistage est plus efficace dans de telles circonstances ni que le dépistage systématique dès 40 ans, comme le recommandent certains experts, est justifié. 5. CONSEILS ET AVIS DU MÉDECIN AUX PATIENTS CONSÉQUENCES D’UN RÉSULTAT Les médecins doivent être conscients des incertitudes, des avantages et des inconvénients entourant le dépistage du cancer de la prostate avant qu’eux et leurs patients décident d’y avoir recours. Le manque de preuves démontrant une baisse de la mortalité et une amélioration de la qualité de vie, ainsi que les désavantages connus des investigations et des traitements demandent que l’on applique une politique de consentement éclairé plus serrée que pour la réalisation des tests courants. NORMAL La majorité des hommes dont le dépistage par dosage de l’APS et par toucher rectal est négatif sont exempts de cancer de la prostate. Cependant, ceux qui ont un cancer de la prostate et dont le test de dépistage est normal n’en retirent aucun bénéfice. Il est donc nécessaire d’expliquer au patient la signification d’un résultat normal, la probabilité d’un cancer étant faible, soit de l’ordre de 0,5 % à 1 %. 10 CONSÉQUENCES D’UN RÉSULTAT ANORMAL Les hommes qui n’ont pas de cancer reconnu, mais dont le test de dépistage est positif, doivent subir, souvent à plusieurs reprises, des investigations qui peuvent être désagréables. En outre, ils ne peuvent pas être complètement rassurés par le résultat négatif de ces investigations. Les véritables bénéficiaires d’un dépistage par dosage de l’APS et par toucher rectal sont les hommes dont le cancer, découvert à un stade précoce, peut être traité de façon efficace, alors qu’il n’aurait pas pu l’être en l’absence du dépistage. Cependant, il est possible que, pour certains hommes, le test permette de découvrir un cancer qui ne se serait jamais manifesté durant leur vie. Ce problème de surdiagnostic n’est pas anodin, car les traitements du cancer de la prostate provoquent des effets secondaires importants; le dépistage est donc susceptible de causer une diminution de la qualité de vie. On ne devrait pas procéder au toucher rectal et au dosage de l’APS à des fins de dépistage chez un homme qui ne serait pas prêt à envisager une prostatectomie radicale ou des traitements de radiothérapie advenant la découverte d’un cancer de la prostate ou qui ne serait pas prêt à accepter qu’il n’y ait aucune intervention même s’il se sait porteur d’un cancer. Il est donc nécessaire d’expliquer au patient la signification d’un résultat anormal. NÉCESSITÉ D’UN CHOIX ÉCLAIRÉ Pour certains hommes, les inconvénients connus à court terme associés aux investigations et aux traitements apparaissent négligeables par rapport aux bienfaits, même incertains, à long terme. Pour d’autres, ces inconvénients l’emportent sur les bienfaits possibles. Les hommes qui accorderont une plus grande valeur à la possibilité d’éviter que le cancer ne se développe jusqu’à un stade avancé opteront probablement pour le dépistage. Cette politique de consentement éclairé n’est cependant pas facile à appliquer dans le contexte de la consultation clinique, car plusieurs hommes ne sont pas familiarisés avec les incertitudes entourant le dépistage du cancer de la prostate. Conséquemment, ils ne perçoivent pas toujours la portée de la décision à prendre, ce qui ne facilite pas la tâche du médecin. Il est donc essentiel que le public soit mieux informé. Des études montrent en effet que certains hommes qui consultent avec la volonté d’obtenir un examen de dépistage changent d’avis lorsqu’ils sont informés de l’état actuel des connaissances sur l’efficacité de cette approche; le contraire est probablement aussi vrai. Un dépliant informatif destiné au public et joint à ces lignes directrices aidera les médecins à expliquer à leurs patients les éléments importants à connaître pour prendre une décision éclairée. Dans le but de faciliter la discussion, nous encourageons les médecins à laisser ce dépliant aux patients et à reporter la décision finale à un moment ultérieur. 11 On ne devrait pas procéder au toucher rectal et au dosage de l’APS à des fins de dépistage chez un homme qui ne serait pas prêt à envisager une prostatectomie radicale ou des traitements de radiothérapie advenant la découverte d’un cancer de la prostate ou qui ne serait pas prêt à accepter qu’il n’y ait aucune intervention même s’il se sait porteur d’un cancer. 6. RÉSUMÉ Le dépistage de routine du cancer de la prostate au moyen du dosage de l’APS et du toucher rectal n’est pas recommandé. Tout homme qui demande un dépistage ou de l’information sur le dépistage doit recevoir des renseignements objectifs sur les avantages et les inconvénients potentiels du dépistage et des traitements précoces. S’il opte pour le dépistage, l’approche la plus efficace est celle qui allie le dosage de l’APS au toucher rectal et qui limite le procédé aux hommes dont l’espérance de vie est supérieure à dix ans. POINTS À SOULEVER PENDANT LA DISCUSSION AVEC LE PATIENT • Le dosage de l’APS combiné au toucher rectal est présentement l’approche la plus fiable pour détecter le cancer de la prostate. • On ne peut affirmer pour le moment que le traitement précoce des patients porteurs d’un cancer de faible grade leur permet de vivre plus longtemps. Toutefois, pour les patients porteurs d’un cancer de grade intermédiaire ou élevé, le traitement précoce améliore la survie. • Nous ne disposons pas de données prouvant que le dépistage permet de réduire la mortalité par cancer de la prostate. • Un dosage de l’APS et/ou un toucher rectal normaux ne permettent pas d’exclure complètement la présence d’un cancer de la prostate. Toutefois, lorsque les deux tests sont normaux, la probabilité d’avoir un cancer de la prostate est faible, de l’ordre de 0,5 % à 1 %. • Un dosage de l’APS et/ou un toucher rectal anormaux ne signifient pas qu’il y ait un cancer. La seule façon de le savoir est de procéder à des biopsies de la prostate. En général, on ne détecte un cancer que chez environ 20 % des hommes dont le taux d’APS ou le toucher rectal est anormal. Cette probabilité dépend cependant du taux d’APS et du résultat du toucher rectal. Elle peut être aussi élevée que 50 % si les deux examens sont anormaux. • Lorsqu’un cancer est diagnostiqué, le patient doit choisir entre plusieurs traitements, dont la chirurgie, la radiothérapie ou l’observation sous surveillance de la tumeur, selon les résultats des investigations. Il doit comprendre que le choix optimal demeure incertain pour les tumeurs localisées de faible grade. 12 7. RECOMMANDATIONS 1. Il n’est pas recommandé d’utiliser systématiquement le dosage de l’APS et/ou le toucher rectal seuls ou combinés comme méthode de dépistage du cancer de la prostate, quel que soit l’âge du patient. (Recommandation de catégorie D*) 4. Le patient qui manifeste un intérêt ou des craintes relativement au cancer de la prostate devrait recevoir du counselling pour lui permettre de faire un choix éclairé. De fait, une incertitude persiste quant aux avantages et aux inconvénients du dépistage chez les individus appartenant à l’un des deux groupes suivants : • les hommes âgés de 50 à 69 ans et jouissant d’une espérance de vie supérieure à dix ans; • les hommes âgés de 40 ans et plus d’origine afro-américaine ou les hommes de 40 ans et plus dont au moins un parent de premier degré a souffert d’un cancer de la prostate et qui jouissent d’une espérance de vie supérieure à dix ans. Cependant, les données actuelles ne permettent pas d’affirmer que le dépistage est plus efficace dans de telles circonstances. (Recommandation de catégorie C) 2. Le dosage de l’APS est approprié et doit être utilisé : • pour suivre l’efficacité du traitement et l’évolution de la maladie chez le patient porteur d’un cancer de la prostate, quelle que soit l’approche thérapeutique adoptée; • lorsque le cancer de la prostate fait partie des hypothèses diagnostiques à considérer compte tenu du tableau clinique présenté par un patient. (Recommandation de catégorie B) 3. En présence de symptômes de prostatisme avec un toucher rectal normal, avant de proposer un traitement spécifique de l’hypertrophie bénigne de la prostate, le groupe d’experts recommande de discuter avec le patient de la possibilité d’avoir recours au dosage de l’APS pour compléter l’investigation et diagnostiquer un cancer de la prostate. Cela s’applique à tout homme jouissant d’une espérance de vie supérieure à dix ans, chez qui la découverte d’un cancer de la prostate serait susceptible de modifier l’approche thérapeutique. La décision de compléter l’investigation par un dosage de l’APS doit être prise par le patient après qu’il a reçu toute l’information concernant les avantages et les inconvénients du test. (Recommandation de catégorie C) * Voir l’appendice 1 pour connaître les différentes catégories de recommandations. 13 ALGORITHME RÉCAPITULATIF DES RECOMMANDATIONS SUR L’UTILISATION DU DOSAGE DE L’APS NE PAS UTILISER SYSTÉMATIQUEMENT L’APS ET/OU LE TOUCHER RECTAL SEULS OU COMBINÉS COMME TEST DE DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE, QUEL QUE SOIT L’ÂGE. DOSAGE DE L’APS • POUR LE SUIVI DU CANCER • SI LE CANCER FAIT PARTIE DES HYPOTHÈSES DIAGNOSTIQUES PATIENT ASYMPTOMATIQUE AVEC CRAINTES OU DÉSIR D’INFORMATION SYMPTÔMES DE PROSTATISME COUNSELLING SUR LES AVANTAGES ET LES INCONVÉNIENTS DE L’APS ET SUR LA SIGNIFICATION DU RÉSULTAT DÉCISION DE PRESCRIRE UN TEST D’APS? OUI PAS DE TEST D’APS NON LE PATIENT A-T-IL FAIT UNE PROSTATITE OU A-T-IL EU UNE MANIPULATION DE L’ARBRE URINAIRE BAS? OUI NON ATTENDRE AU MOINS DE 6 À 8 SEMAINES AVANT DE PROCÉDER AU DOSAGE DE L’APS FAIRE LE TOUCHER RECTAL ET PRESCRIRE LE DOSAGE DE L’APS APS APS NORMAL ANORMAL TR TR NORMAL ANORMAL PAS D’AUTRE INVESTIGATION 14 POURSUIVRE L’INVESTIGATION ET OBTENIR L’AVIS D’UN UROLOGUE APPENDICE 1 APPENDICE 2 APPENDICE 3 APPENDICE 1 CLASSIFICATION DES RECOMMANDATIONS Catégorie Définition A B C D E Preuves suffisantes pour recommander l’utilisation Preuves acceptables pour recommander l’utilisation Preuves insuffisantes pour recommander ou déconseiller l’utilisation Preuves acceptables pour déconseiller l’utilisation Preuves suffisantes pour déconseiller l’utilisation APPENDICE 2 NIVEAUX DE QUALITÉ DES PREUVES JUSTIFIANT LES RECOMMANDATIONS Catégorie Définition I Données obtenues dans le cadre d’au moins un essai comparatif convenablement randomisé II Données obtenues dans le cadre d’au moins un essai clinique bien conçu, sans randomisation, d’études de cohortes ou d’études analytiques cas-témoins, réalisées de préférence dans plus d’un centre, à partir de plusieurs séries chronologiques, ou résultats spectaculaires d’expériences non comparatives III Opinions exprimées par des comités dans le domaine et reposant sur l’expérience clinique, des études descriptives ou des rapports de comités d’experts APPENDICE 3 POSITION DE DIFFÉRENTS GROUPES , ORGANISMES ET COLLÈGES FACE AU DÉPISTAGE DU CANCER DE LA PROSTATE Ne sont pas en faveur du dépistage, mais reconnaissent l’importance d’un choix éclairé • • • • • • • • • • • • • • Association canadienne d’urologie Société canadienne du cancer Groupe de travail canadien sur l’examen médical périodique Health Services Utilization and Research Commission in Saskatchewan College of Physicians and Surgeons of Manitoba Alberta Practice Guidelines Program Working Group Conseil d’évaluation des technologies en santé du Québec The Newfoundland Medical Board American Academy of Family Physicians American College of Physicians National Cancer Institute U.S. Preventive Services Task Force National Institutes of Health Centers for Disease Control and Prevention Sont en faveur du dépistage • American College of Radiology • American Cancer Society • American Urological Association 15 BIBLIOGRAPHIE 1. 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