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N° 199 25 juillet 2009 2 � le numéro Editorial : Vos ennemis préférés Naguère la paroisse Saint-Jean-de-Brébeuf, au Québec, comptait trois églises. L’an dernier, l’église Saint-Philippe a été désaffectée pour être vendue à un particulier. Ce mois-ci, une dernière messe a été célébrée par Mgr Raymond Saint-Gelais, évêque de Nicolet, à l’église Saint-Simon qui, elle aussi, sera désaffectée et vendue à un groupe punk rock, Your Favorite Enemies (vos ennemis préférés). Ce groupe de la région de Montréal aurait l’intention de transformer l’église en centre de concerts, et le presbytère en lieu de rencontres. Les paroissiens de Saint-Jean-de-Brébeuf n’auront plus désormais que l’église du Christ-Roi pour prier. Au Québec, les catholiques pratiquants ne représentent plus que 5 % de la population, contre 80 % en 1960, avant la Révolution dite « tranquille ». Ainsi s’est opérée, en moins de 50 ans, dans une tranquillité mortifère, la déchristianisation du pays. Mais la désaffectation de l’église Saint-Philippe a valeur de symbole bien au-delà des frontières de la Belle Province. Partout où le catéchisme disparaît, où les sacrements se raréfient, où les vocations s’éteignent, les ennemis de la foi catholique deviennent des « ennemis préférés », c’est-à-dire plus tout à fait des ennemis… auxquels on peut vendre une église, et peut-être son âme. Et l’Ennemi susurre : « Pourquoi me craindrais-tu, puisque tu sais que je n’existe pas ? ». Tranquillement. Abbé Alain Lorans SOMMAIRE DE ROME L’encyclique Caritas in veritate. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 Lu dans l’Osservatore Romano sur Michael Jackson, Jean Calvin et Harry Potter. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 En bref. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 L’EGLISE DANS LE MONDE Italie : Benoît XVI en séjour dans le Val d´Aoste. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 Angleterre : Le Codex Sinaiticus désormais accessible sur Internet. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 France : La cathédrale de Chartres retrouve sa clarté originelle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 NOUVELLES DE LA TRADITION Allemagne : Les Verts redoutent que la Fraternité Saint-Pie X ne soit une menace pour la Constitution allemande. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Motu Proprio Ecclesiae unitatem . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 DOCUMENTS Motu Proprio Ecclesiæ Unitatem . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 DICI Nº 199 2 • 25 juillet 2009 LE JOURNAL L De Rome ’encyclique Caritas in veritate Signée de la main de Benoît XVI le 29 juin 2009, l’encyclique Caritas in veritate a été rendue publique le 7 juillet. A première lecture, le document romain procure l’impression que traduit Jean-Marie Guénois dans Le Figaro : « Remarquable en plusieurs de ses passages, (ce texte) est peu accessible dans son ensemble. En voulant sans doute traiter de trop de sujets, il s’éparpille et le fil directeur ‘l’amour dans la vérité’ n’est pas évident à suivre. C’est le lot, dit-on, des textes à rédacteurs multiples. (…) Le risque est que la forme de ce texte nuise à son impact. » Les vaticanistes se sont efforcés d’identifier les différentes personnalités consultées par le pape pour rédiger cette encyclique sociale de plus de 150 pages. Ont été cités des économistes comme Stefano Zamagni ou des experts de la finance comme le banquier Ettore Gotti Tedeschi, éditorialiste de L´Osservatore Romano sur les thèmes économiques et financiers, ainsi que l’expert en doctrine sociale, Mgr Reinhard Marx, deuxième successeur de Mgr Ratzinger à l´archevêché de Munich. Malgré tout, ce document porte bien la marque de Benoît XVI qui offre là un exercice pratique d’« herméneutique de la continuité », telle qu’il l’a définie au début de son pontificat, devant la curie romaine, en décembre 2005. C’est ce qu’il écrit lui-même au chapitre I de Caritas in veritate, où il se situe clairement dans la continuité du message de l’encyclique de Paul VI Populorum progressio (1967), tout en affirmant que leurs deux encycliques s’inscrivent, elles aussi, dans la ligne constante de l’enseignement de l’Eglise : « Le lien existant entre Populorum progressio et le Concile Vatican II ne représente pas une coupure entre le magistère so- cial de Paul VI et celui des Papes qui l’avaient précédé, étant donné que le Concile est un approfondissement de ce magistère dans la continuité de la vie de l’Église. (…) Il n’y a pas deux typologies différentes de doctrine sociale, l’une pré-conciliaire et l’autre post-conciliaire, mais un unique enseignement, cohérent et en même temps toujours nouveau. Il est juste de remarquer les caractéristiques propres à chaque encyclique, à l’enseignement de chaque Pontife, mais sans jamais perdre de vue la cohérence de l’ensemble du corpus doctrinal. Cohérence ne signifie pas fermeture, mais plutôt fidélité dynamique à une lumière reçue. La doctrine sociale de l’Église éclaire d’une lumière qui ne change pas les problèmes toujours nouveaux qui surgissent. Cela préserve le caractère à la fois permanent et historique de ce patrimoine doctrinal qui, avec ses caractéristiques spécifiques, appartient à la Tradition toujours vivante de l’Église. » (n° 12) - Refus d’une coupure entre pré- et post-conciliaire, recherche d’une fidélité qui ne soit pas fermée mais dynamique, affirmation d’une Tradition toujours vivante, tels sont bien les thèmes désormais familiers de l’actuel pontificat. Deux questions se posent : 1. L’encyclique de Paul VI Populorum progressio n’a-t-elle réellement introduit aucune rupture avec l’enseignement antérieur à Vatican II ? 2. Et s’il y a rupture, comment Caritas in veritate peut-elle y remédier ? Populorum progressio analysée par Romano Amerio Dans son ouvrage Iota unum, étude sur les variations de l’Eglise catholique au XX e siècle (Nouvelles Editions Latines, 1987), Romano Amerio analyse l’encyclique de Paul VI en ces termes : « L’Eglise s’est chargée, à Vatican II, de prendre part directement au perfectionnement temporel, tentant ainsi de faire rentrer le progrès des peuples dans la finalité de l’Evangile. L’encyclique Populorum progressio explicite la doctrine (nouvelle, N.D.L.R.) ». Le philosophe italien dénonce alors « le changement de perspective qui renverse la téléologie en faisant du progrès technique et utilitaire sinon la fin, du moins la condition préalable de la perfection spirituelle et de l’action de l’Eglise. (…) Il est vrai que le terme vers lequel se dirige le développement est ‘une croissance intégrale’ et un humanisme destiné à s’intégrer au Christ, devenant ainsi un humanisme transcendant. Mais le rapport entre l’entier qu’est l’homme humainement développé et l’autre entier qu’est l’homme surnaturalisé demeure indéterminé. » (pp. 601-602) - Autrement dit, le développement humain intégral envisage de façon indéterminée, c’està-dire floue ou confuse, le rapport entre la nature et la grâce. Ce qui soulève une autre question : l’encyclique Caritas in veritate qui entend traiter précisément de ce « développement humain intégral » échappe-t-elle à l’influence que l’ouvrage Humanisme intégral de Jacques Maritain, devenu personnaliste, a exercé sur Paul VI ? Une phrase, au n° 42, donne la réponse : « La vérité de la mondialisation comme processus et sa nature éthique fondamentale dérivent de l’unité de la famille humaine et de son développement dans le bien. Il faut donc travailler sans cesse afin de favoriser une orientation culturelle personnaliste et communautaire, ouverte à la transcendance, du processus d’intégration planétaire. » DICI Nº 199 • Revenons à Romano Amerio qui nomme « catholicisme secondaire » la tendance anthropocentrique manifestée au Concile Vatican II, en particulier dans Gaudium et Spes (n° 12 et n° 24). Il s’explique : « La religion a certainement pour effet la civilisation et l’histoire de l’Eglise en témoigne, mais elle n’a ni pour but, ni pour effet premier la civilisation au sens de perfectionnement terrestre. L’état présent de la civilisation (moderne, N.D.L.R.) est indépendance et ‘aséité’ : le monde rejette toute dépendance sauf de soi-même. L’Eglise semble redouter d’être rejetée, comme elle l’est positivement par une grande fraction du genre humain. Alors elle cherche à décolorer ses propres particularités méritoires et à colorer en revanche les traits qu’elle a en commun avec le monde : toutes les causes juridiques soutenues par le monde ont l’appui de l’Eglise. Elle offre au monde ses services et cherche à prendre la tête du progrès humain. J’ai donné à cette tendance le nom de christianisme secondaire. » (p. 415) Et Amerio expose la critique théologique de ce « christianisme secondaire » : « Le péché spécifique du christianisme secondaire, qui vicie la cité de l’homme, est la péremption du transcendant. Elle coïncide avec le péché que saint Augustin appelle inadvertance et saint Thomas inconsidération, ce en quoi ils font consister le péché des anges. C’est que l’inadvertance de la fin dernière céleste trouble de fond en comble la religion et en renverse la perspective : ‘ Nous avons ici notre cité permanente et n’en cherchons pas d’autre pour l’avenir’ (à l’inverse de Hebr., XIII, 14). D’où perspective finale purement terrestre, réduction du christianisme à servir de moyen, apothéose de la civilisation (moderne, N.D.L.R.). » (pp.416-417) Caritas in veritate veut s’opposer à cette « inadvertance de la fin dernière céleste », en particulier dans son introduction : « Dans le contexte socioculturel actuel, où la tendance à relativiser le vrai est courante, vivre la charité dans la vérité conduit à comprendre que l’adhésion aux va- 3 leurs du christianisme est un élément non seulement utile, mais indispensable pour l’édification d’une société bonne et d’un véritable développement humain intégral. » (n° 4) De même dans sa conclusion : « La fermeture idéologique à l’égard de Dieu et l’athéisme de l’indifférence, qui oublient le Créateur et risquent d’oublier aussi les valeurs humaines, se présentent aujourd’hui parmi les plus grands obstacles au développement. » (n° 77) Mais on ne peut s’empêcher de voir que cette dénonciation de l’athéisme, de l’indifférence et du relativisme contemporains est contrariée et affaiblie par la volonté d’affirmer une continuité avec l’enseignement conciliaire dont Amerio a bien dégagé l’esprit fondamental sous sa formulation équivoque. Caritas in veritate sur la question de la liberté religieuse Benoît XVI réussit-il dans Caritas in veritate à résorber l’opposition entre pré- et post-conciliaire ? Nous ne retiendrons qu’un exemple particulièrement significatif et qui sera parmi les thèmes étudiés lors des prochaines discussions doctrinales entre le Vatican et la Fraternité SaintPie X : la liberté religieuse. A propos de la liberté religieuse, Benoît XVI écrit : « S’il est vrai, d’une part, que le développement a besoin des religions et des cultures des différents peuples, il n’en reste pas moins vrai, d’autre part, qu’opérer un discernement approprié est nécessaire. La liberté religieuse ne veut pas dire indifférence religieuse et elle n’implique pas que toutes les religions soient équivalentes. Un discernement concernant la contribution que peuvent apporter les cultures et les religions en vue d’édifier la communauté sociale dans le respect du bien commun s’avère nécessaire, en particulier de la part de ceux qui exercent le pouvoir politique. Un tel discernement devra se fonder sur le critère de la charité et de la vérité. Et puisqu’est en jeu le développement des personnes et des peuples, il devra tenir compte de la possibilité d’émancipation et d’intégration dans la perspective d’une 25 juillet 2009 communauté humaine vraiment universelle. ‘Tout l’homme et tous les hommes’, c’est un critère qui permet d’évaluer aussi les cultures et les religions. Le Christianisme, religion du Dieu qui possède un visage humain, porte en lui un tel critère. » (n° 55) Mais, un peu plus haut, le pape n’exclut pas les autres religions qui remplissent elles aussi, selon lui, ces critères : « D’autres cultures et d’autres religions enseignent elles aussi la fraternité et la paix, et présentent donc une grande importance pour le développement humain intégral. » (ibidem) Dès lors, si l’Eglise, unique Arche de Salut, est mise au niveau des autres religions, comment fallait-il comprendre l’introduction de l’encyclique où il est écrit : « l’adhésion aux valeurs du christianisme est un élément non seulement utile mais indispensable pour l’édification d’une société bonne et d’un véritable développement humain intégral » ? Le christianisme est indispensable, mais pas exclusif ? D’autres religions (lesquelles ? l’encyclique ne le dit pas) peuvent contribuer au développement humain intégral, c’est-à-dire ouvert à la transcendance, mais cette transcendance s’identifie-t-elle au salut éternel ? Ne confond-elle pas, comme le soulignait Amerio, le plan naturel et le plan surnaturel ? Dans le paragraphe suivant, le pape affirme : « La religion chrétienne et les autres religions ne peuvent apporter leur contribution au développement que si Dieu a aussi sa place dans la sphère publique, et cela concerne les dimensions culturelle, sociale, économique et particulièrement politique. La doctrine sociale de l’Église est née pour revendiquer ce ‘droit de cité’ de la religion chrétienne. La négation du droit de professer publiquement sa religion et d’œuvrer pour que les vérités de la foi inspirent aussi la vie publique a des conséquences négatives sur le développement véritable. L’exclusion de la religion du domaine public, comme, par ailleurs, le fondamentalisme religieux, empêchent la rencontre entre les personnes et leur collaboration en vue du progrès de l’humanité. La vie publique s’appauvrit et la politique devient DICI Nº 199 • opprimante et agressive. Les droits humains risquent de ne pas être respectés soit parce qu’ils sont privés de leur fondement transcendant soit parce que la liberté personnelle n’est pas reconnue. » (n° 56) Malgré cette revendication du « droit de cité », sont absents de l’encyclique le règne social de JésusChrist et les institutions chrétiennes. Le pape dénonce bien un athéisme pratique de l’Etat, mais il ne voit pas à la racine de cet athéisme pratique la laïcité de l’Etat : « Quand l’Etat promeut, enseigne, ou même impose, des formes d’athéisme pratique, il soustrait à ses citoyens la force morale et spirituelle indispensable pour s’engager en faveur du développement humain intégral et il les empêche d’avancer avec un dynamisme renouvelé dans leur engagement pour donner une réponse humaine plus généreuse à l’amour de Dieu. » (n° 29) En cela Benoît XVI ne s’écarte pas de ce que le cardinal Joseph Ratzinger déclarait à Peter Seewald dans Le Sel de la terre (Flammarion/Cerf, 1997) : « Je crois que le développement de la modernité apporte un côté négatif, le retour de la subjectivité ; mais l’élément positif, c’est la chance qu’il y ait une Eglise libre dans un Etat libre, si l’on peut s’exprimer ainsi. Là résident les chances d’une foi plus vivante, parce que plus profonde et plus librement fondée. Elle doit certes se défendre contre le retour du subjectif et continuer à chercher à se faire entendre de l’opinion publique. » (p. 231) Ailleurs, le pape constate le fait de la mondialisation, mais il ne semble pas vouloir voir dans ce fait l’effet d’une idéologie : le mondialisme, idéologie étrangère et même hostile au catholicisme. « A notre époque, l’État se trouve dans la situation de devoir faire face aux limites que pose à sa souveraineté le nouveau contexte commercial et financier international, marqué par une mobilité croissante des capitaux financiers et des moyens de production matériels et immatériels. Ce nouveau contexte a modifié le pouvoir politique des États. Aujourd’hui, fort des leçons données par l’actuelle crise écono- 4 mique où les pouvoirs publics de l’État sont directement impliqués dans la correction des erreurs et des dysfonctionnements, une évaluation nouvelle de leur rôle et de leur pouvoir semble plus réaliste ; ceux-ci doivent être sagement reconsidérés et repensés pour qu’ils soient en mesure, y compris à travers de nouvelles modalités d’exercice, de faire face aux défis du monde contemporain. » (n° 24) Les Etats n’ont-ils qu’à corriger « les erreurs et les dysfonctionnements », fruits de la mondialisation, sans chercher à combattre en amont l’idéologie mondialiste ? Dans Caritas in veritate aucune idéologie n’est désignée par son nom, ni le libéralisme, ni le socialisme, ni le mondialisme. Les effets sont dénoncés, mais les causes ne sont pas nommées. Ne peut-on affirmer clairement ce qu’énonçait Romano Amerio : « L’état présent de la civilisation est indépendance et ‘aséité’ : le monde rejette toute dépendance sauf de soi-même » ? Les remèdes à prendre relèveraient alors un peu moins de la médecine symptomatique qui ne soigne que les effets ; ils iraient à la cause du mal. L’embarras est manifeste à propos du gouvernement mondial. Au chapitre V intitulé La collaboration de la famille humaine, Benoît XVI se montre très critique à l´égard de l´efficacité réelle des organismes internationaux. Il lance de nouveau l´appel de son prédécesseur Jean XXIII dans l´encyclique Pacem in terris (1963) pour la naissance d´une « véritable Autorité politique mondiale » : « Il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu´elle a déjà été esquissée par mon prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII » (n° 67). Dans cette encyclique le pape qui convoqua le Concile Vatican II estimait que les problèmes de dimensions mondiales « ne (pouvaient) être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d´action prennent eux aussi des dimensions mondiales ». Et Benoît XVI n’hésite pas à dresser le portait de cette nouvelle entité mondiale : « Une telle Autorité devra être réglée par le droit, se confor- 25 juillet 2009 mer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité, être ordonnée à la réalisation du bien commun, s´engager pour la promotion d´un authentique développement humain intégral qui s´inspire des valeurs de l´amour et de la vérité ». Elle devra en outre être reconnue par tous, jouir d´un pouvoir effectif pour assurer à chacun la sécurité, le respect de la justice et des droits et « évidemment posséder la faculté de faire respecter ses décisions par les différentes parties, ainsi que les mesures coordonnées adoptées par les divers forums internationaux » (ibidem). Le pape préconise-t-il là les moyens concrets et efficaces du « développement humain intégral » ? Cette autorité mondiale considèrera-t-elle le christianisme comme « un élément indispensable pour l’édification d’une société bonne et d’un véritable développement humain intégral » ? Ne restera-t-elle pas foncièrement indépendante de toute religion, c’est-à-dire laïque, ne s’inspirant des « valeurs de l’amour et de la vérité » que dans un sens laïque ? Les commentaires des prélats romains qui ont présenté l’encyclique à la presse le 7 juillet, sont particulièrement révélateurs. Interrogé sur la question de « l´urgence de la réforme de l´Organisation des Nations unies » que demande Benoît XVI, Mgr Giampaolo Crepaldi, secrétaire du Conseil pontifical Justice et Paix, a affirmé que, depuis Pacem in terris de Jean XXIII, « la configuration des problèmes a changé », constatant une « inadéquation reconnue par les Nations Unies elles-mêmes ». Il a souligné la nécessité de « mieux adapter les institutions internationales face à l´apparition de problèmes et à leur complexité ». Cependant, aux yeux de Mgr Crepaldi, « sur le plan technique, il est impensable de demander au Saint-Siège une proposition organique et technique, c´est-àdire (...) une formulation sur le plan juridique et politique de la réforme des Nations Unies ». Caritas in veritate ne demande pas un « super-gouvernement, un gouvernement mondial », a affirmé pour sa part le cardinal Renato Raffaele DICI Nº 199 • Martino, président du Conseil Justice et Paix. Pour autant, les organisations actuelles devraient avoir cette autorité politique mondiale : « voilà pourquoi le pape demande la réforme des Nations Unies ». « Le Saint-Siège, tout comme le pape, demande cette réforme des Nations Unies mais ne dit pas ce qu´il faut faire, comment la réforme doit être menée », a-t-il insisté. Lorsque Caritas in veritate parle d´une autorité pour le gouvernement de la mondialisation, elle demande une nouvelle « governance » (en anglais) L 5 et non pas un nouveau « gouvernement mondial », a indiqué de son côté Stefano Zamagni, membre du Conseil pontifical Justice et Paix. – Ainsi donc, « un authentique développement humain intégral » serait promu par une nouvelle gouvernance mondiale ? Malgré le portrait idéal qu’en trace le pape, on aimerait avoir des précisions sur l’influence réelle de cette gouvernance-là. L’encyclique invite à une « fidélité dynamique », à une « nouvelle synthèse humaniste », à « une orientation culturelle personnaliste et 25 juillet 2009 communautaire, ouverte à la transcendance, du processus d’intégration planétaire ». Cette recherche permanente d’un nouvel équilibre, toujours à venir, montre que la conciliation entre le magistère pré-conciliaire et l’enseignement post-conciliaire n’est guère évidente. « La doctrine sociale de l’Église éclaire d’une lumière qui ne change pas les problèmes toujours nouveaux qui surgissent », déclare l’encyclique. L’éclairage est ici très faible ; la lumière de la Tradition ne peut être tamisée. u dans l’Osservatore Romano sur Michael Jackson, Jean Calvin et Harry Potter Depuis un mois, le quotidien du Vatican se signale à l’attention des lecteurs en faisant l’éloge de figures fort peu catholiques. Qu’on en juge : M ich ael Jackson , mor t le 25 juin, à l´âge de 50 ans, a été qualifié par L´Osservatore Romano de « mythe de la musique pop », au même titre que son « ex-beau-père Elvis Presley ». Jackson « peut être défini sans aucun doute comme un enfant prodige », poursuit le quotidien du Saint-Siège qui loue également « la voix soul extraordinaire du petit Michael » à ses débuts. « A cette époque, il était encore noir et il n´avait donc pas encore commencé le processus de redéfinition personnelle, plus que raciale, qui l´a conduit au fil des années à perdre les traits somatiques typiques des Afro-américains », continue l’article avec un art consommé de la litote, faisant ensuite allusion aux « aléas judiciaires bien connus » du chanteur, E n bref Royaume-Uni et Portugal : Grippe A H1N1 et liturgie L´archevêque de Westminster, Mgr Vincent Nichols, primat de l´Eglise catholique d´Angleterre et du Pays de Galles, a édicté quelques règles en vue d´éviter la transmission de la grippe porcine lors des messes. Il demande ainsi que l´on renonce à « suivis d´accusations de pédophilie ». « Mais aucune accusation, conclutil, aussi grave et honteuse qu´elle fût, n´a suffi pour égratigner son mythe parmi ses millions de fans à travers le monde ». D ébut j u i l let, L´Osser vatore Romano, rendait un éloge appuyé au protestant Jean Calvin, né il y a 500 ans. Le journal du Vatican saluait en lui un réformateur « extraordinaire », un « chrétien » qui a laissé « une empreinte profonde ». « Etant donné la violence des polémiques à son encontre, il n´est pas inutile d´affirmer que Calvin est un chrétien », déclarait-il en soulignant que « l´empreinte laissée par le réformateur est profonde », et en ajoutant que « l´organisation calviniste est une création de génie » qui a su « résister habilement à tous les changements et les révolutions de la modernité », grâce à sa « supériorité et son efficadonner la communion sous les deux espèces, en partageant la même coupe, et la communion dans la bouche, là où elle se pratique encore, doit faire place à la communion dans la main. Les liturgistes post-conciliaires n’avaient pourtant pas attendu le virus A H1N1 pour prendre en grippe la communion sur les lèvres ! Au Portugal, les prêtres ont reçu des instr uctions simi la ires : cité, en comparaison à la rigidité autoritaire du monde luthérien ». Dans un article publié sur son site Internet, L’Osservatore Romano a affirmé que le film Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé, qui sortait le 15 juillet dans les salles du monde entier, était le meilleur film de la série. Le cardinal Joseph Ratzinger, en 2003, avait estimé que les romans de J.K. Rowling - dont s’inspirent ces films - exerçaient « une séduction subtile et profonde », et qu´ils « corrompaient l´âme des jeunes chrétiens avant même qu´elle ne soit complètement formée ». Déjà dans son édition datée du 15 janvier 2008, L´Osservatore Romano avait consacré une pleine page au « double visage d´Harry Potter ». Après la publication du septième et dernier tome de la série, il avait publié deux avis opposés sur cette oeuvre. (Sources : Osservatore Romano/Imedia/Apic) « L´hostie sera donnée dans la main et les curés devront purifier très bien leurs mains », a déclaré le père Vitor Feytor Pinto, responsable des questions de santé au sein de l´Eglise au Portugal, cité par l´Agence France Presse. Autres modifications, momentanées, « le baiser de paix sera remplacé par un simple salut de la tête ». Quant aux bénitiers, ils seront vidés. (Sources : Apic/kna/AFP) DICI Nº 199 • Rome : Les Musées du Vatican présentent une exposition sur saint Paul Au ter me de l ´a n née consacrée à saint Paul, les Musées du Vatica n proposent u ne ex position temporaire intitulée « Saint Paul au Vatican - La figure et la pa role de l ´Apôtre des Genti ls dans les collections pontificales », du 26 juin au 27 septembre 2009. L’inauguration de l’exposition a eu lieu le 25 juin présidée par le professeur Antonio Paolucci, directeur des Musées du Vatican, et par Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture. Près de 130 pièces sont rassemblées pour présenter la figure du saint dans l´art chrétien primitif, mais aussi les recherches effectuées autour du sarcophage de saint Paul dans la basilique romaine de Saint-Paul-horsles-murs, telle une reproduction de la plaque de marbre située au-dessus du tombeau de saint Paul, portant l´inscription « Paolo apostolo mart » [Paul apôtre mart(yr)]. Egalement des reproductions de fresques issues des catacombes romaines, un certain nombre de sarcophages en marbre dont celui de saint Timothée d´Antioche (martyrisé en 311), ainsi que des objets trouvés dans ce sarcophage en terre cuite situé tout près de celui de l´apôtre. (Sources : apic/imedia/annopaolino) Suisse : Vertigineuse hausse des divorces Le nombre de divorces en Suisse a plus que triplé en 30 ans, indique l´Office fédéral de la statistique. Les divorces sont ainsi passés de 6 406 en 1970 à 21 332 en 2005. Une légère baisse est cependant constatée depuis 2005 : « Seuls » 19 882 divorces ont été enregistrés en 2007 et 19 613 en 2008. Selon cet Office, si les comportements observés en 2007 et 2008 devaient s´avérer identiques à l´avenir, 6 un mariage sur deux (49 %) se terminerait par un divorce. On peut observer, souligne l’Office, les disparités entre cantons et remarquer le taux le plus important dans le canton de Neuchâtel où sont dénombrés 3,5 divorces pour 1 000 habitants en 2007. Sur le plan communal, la ville d’Opfikon (canton de Zurich) atteint 5,3 divorces pour mille. Ce sont des chiffres qui se situent largement au-dessus de la moyenne nationale qui est de 2,6 divorces pour 1 000 habitants. (Sources : apic/office fédéral de la statistique OFS) Allemagne : La crosse du « Lion de Münster » a été volée Des inconnus ont dérobé la crosse épiscopale de Mgr Clemens August von Galen (1878-1946), évêque de Münster et opposant au régime nazi. Le vol s´est déroulé dans la nuit du 29 au 30 juin dans la Basilique Sankt Ludgerus à Essen-Werden. Les auteurs ont également emporté une croix d´autel de grande valeur ayant appartenu au cardinal von Galen. Ils se sont introduits dans l´édifice en brisant une porte en fer, puis se sont emparés des objets, exposés dans une vitrine, qui faisaient partie d´une exposition consacrée au cardinal Clemens August von Galen. C lemen s Au g ust von G a len est né le 16 mars 1878 au château de Di n k l a ge à Oldenbu rg, onzième des treize enfants du comte Ferdinand Heribert von Galen et d’Elisabeth von Spree. Ordonné prêtre à Münster le 28 mai 1904, il est nommé évêque de Münster en 1933 par Pie XI. Surnommé le « Lion de Münster », il s´est illustré par son opposition et sa résistance au régime nazi : il n’a cessé d’écrire et de s’élever très clairement et de façon critique contre le « néopaganisme de l’idéologie national-socialiste ». Dans de célèbres sermons à l’été 1941, Mgr von 25 juillet 2009 Galen, s’est prononcé contre la confiscation des biens de l’Église et l’exécution des programmes d’euthanasie effectuée par le régime. Le 18 février 1946 le pape Pie XII le créa cardinal. Gravement malade, il rendit son âme à Dieu le 22 mars 1946. Il a été enterré le 28 mars dans la Ludgerus Chapelle de la cathédrale en ruines, qui est devenue un lieu de pèlerinage à ce défenseur de la foi face à l’oppression politique. « La perte de ces deux objets commémoratifs est très douloureuse », a déclaré Mgr Franz Vorrath, évêque auxiliaire et administrateur du diocèse d´Essen. Ajoutant : « Le cardinal von Galen n´était pas seulement une personnalité hors du commun de l´Eglise catholique, mais également de l´histoire de l´Allemagne ». (Sources : apic/kna/vatican.va) France : Les vols de reliques de saints Cinq reliques de saints ont été dérobées dernièrement dans des églises du sud de la France, en l´espace d´une quinzaine de jours. Le premier de ces vols a été signalé fin juin dans le Var, à Callian, puis le lendemain à Seillans. Plusieurs tentatives de vols ont en outre été constatées dans la même région. Plus récemment, des ossements de sainte Sara, patronne des Gitans, ont disparu aux SaintesMaries-de-la-Mer. La police fait le rapprochement entre ces différentes affaires. De sources judiciaires, ont estime que le ou les voleurs ne sont pas attirés par la valeur marchande de ces reliques, ce qui prouve qu´ils agissent pour des motifs religieux. Une thèse que corrobore le curé de Fayence, dans le Var, l´abbé Maurice Franc, cité par la presse régionale : « Ils ont pris les reliques comme des objets sacrés. Pour eux, ce n´est donc pas un vol ». (Source : apic) DICI Nº 199 7 • 25 juillet 2009 L’EGLISE DANS LE MONDE I talie : Benoît XVI en séjour dans le Val d´Aoste Le pape s’est rendu, lundi 13 juillet, au pied du massif du Mont Blanc dans la petite commune italienne d´Introd (Val d’Aoste), afin d’y séjourner pour un temps « de repos et aussi un peu de travail, mais surtout de repos », jusqu´au 29 juillet 2009. Benoît XVI passera, comme en 2005 et 2006, une partie de ses vacances d´été à 1 300 mètres d´altitude, dans ce chalet prêté par les salésiens, isolé au milieu des bois et entouré de géraniums, avec une vue imprenable sur le massif du Mont Blanc. La sécurité du lieu-dit des Combes, est assurée par quelque 300 hommes de la police italienne et de la Gendarmerie vaticane. L´espace aérien y est interdit à plusieurs kilomètres à la ronde. Parmi ses proches se trouvent son secrétaire particulier, Mgr Georg A Gänswein, et deu x des quatre Memores Domini, laïques consacrées à son service à Rome. Au premier étage se situent la chambre du pape, celle de son secrétaire, un bureau et une petite chapelle pour la messe quotidienne. Dimanche 26, l’Angélus aura lieu depuis sa résidence des Combes. Le 17 juillet, le Saint-Père a été opéré à l’Hôpital Umberto Parini d’Aoste « d’une légère fracture » du poignet droit, provoquée par une chute la nuit précédente, au chalet des Combes. Le P. Federico Lombardi, directeur de la Salle de Presse du Saint-Siège, a précisé que cela ne l’avait pas empêché de « célébrer le matin la messe et de prendre son petit-déjeuner ». Vers 10 heures, il s’est rendu à l’hôpital où, après examen, il a été décidé de réduire la frac- ture sous anesthésie locale et de plâtrer. « Les conditions générales du Saint-Père sont bonnes », a alors déclaré le Dr Patrizio Polisca, son médecin personnel. « Le pape apprend à vivre avec le poignet droit plâtré et avec les inconvénients qui en découlent », a indiqué le Père Federico Lombardi le 18 juillet en ajoutant que « le plus douloureux », pour le pape, était « de devoir renoncer à écrire, ce qu´il entendait faire fréquemment ces jours-ci ». Après son séjour en Val d’Aoste, Benoît XVI gagnera sa résidence d’été de Castelgandolfo à 30 km au sud de Rome où il passera le reste de l’été. (Sources : apic/imedia/VIS) ngleterre : Le Codex Sinaiticus désormais accessible sur Internet Le 6 juillet la British Library a annoncé que le Codex Sinaiticus, Bible manuscrite datant du IVe siècle, est désormais consultable dans son intégralité sur Internet (www.codexsinaiticus.org). Le Codex Sinaiticus, rédigé en grec entre 330 et 350 apr. J.C. sur un parchemin en peau de bœuf par les moines du monastère SainteC at her i ne , s u r le Mont S i n a ï (Egypte), est considéré comme la plus ancienne Bible connue. Seul le Codex Vaticanus, conservée à la bibliothèque du Vatican à Rome, est sensiblement de la même époque. Enfermé au monastère SainteC at her i ne , a u S i n a ï , j u s q u´a u XIXe siècle, ce Codex - dont le monastère réclame la restitution depuis longtemps - a été apporté en Europe en 184 4 pa r Consta nt i n von Tischendorff, sujet du roi de Saxe, après avoir convaincu le Père supé- rieur du couvent d´en faire cadeau au tsar Alexandre II qui finançait les recherches à Sainte-Catherine. En 1933, la Russie devenue soviétique, vendit le manuscrit à la Grande-Bretagne qui le déposa à la British Library de Londres. Aujourd’hui le Codex se trouve partagé entre quatre détenteurs : 43 feuilles à la bibliothèque de l’Université de L eipzig ( A l lema g ne) - publiées en 1846 comme Codex Frederico-Augustanus en l’honneur de Frederick Augustus II, roi de Saxe, 347 feuilles à La British Library connu sous le nom de Codex Sinaiticus Petropolitanus, 6 feuilles à la bibliothèque nationale de SaintPétersbourg (Russie) et 12 feuilles au monastère Sainte-Catherine. Grâce à la mise en place d´un programme de recherche interdisciplinaire, le 9 mars 2005, la British Library a pu coordonner la numérisation de l’en- semble des feuilles préservées sur les 730 feuilles du manuscrit original. Ainsi, 400 feuilles écrites recto verso de la plus ancienne des bibles ont été numérisées, elles comprennent la moitié de l’Ancien Testament et la version complète du Nouveau Testament. Le contenu et la disposition des livres dans le Codex Sinaiticus permet de faire la lumière sur l’histoire de la Bible. Scot McKendrick, conservateur des manuscrits occidentaux à la British Library, a déclaré ce Codex « l´un des plus grands trésors écrits du monde ». Et de préciser qu’« il offre une fenêtre sur le développement du début du christianisme et une preuve de première main sur la manière dont le texte de la Bible a été transmis de génération en génération ». (Sources : apic/codexsinaiticus) DICI Nº 199 F 8 • 25 juillet 2009 rance : La cathédrale de Chartres retrouve sa clarté originelle Afin d’entreprendre la restauration du décor intérieur de la cathédrale de Chartres, et de lui redonner toute sa splendeur originelle, l’association Chartres, sanctuaire du Monde (CSM) a demandé à Michel Bouttier, historien spécialiste de l’architecture du Moyen-âge, un travail de restitution archéologique - par infographie - du décor peint d’origine. Après deux ans de recherche de fonds, Ser va ne de LayreMathéus, présidente de l’association pour la sauvegarde de la cathédrale de Chartres, a signé, le 29 avril 2008, la convention de mécénat pour la restauration intérieure de la chapelle des Apôtres. L’inauguration de la chapelle avec ses peintures murales restituées a eu lieu le 12 mai dernier. Ce chantier-pilote a permis de tester les techniques de nettoyage à utiliser pour l’ensemble du chœur et du déambulatoire. La Région Centre a la responsabilité des cinq cathédrales de Bourges, Chartres, Blois, Tours et Orléans. Le contrat de projets État-Région Centre pour la période 2007-2013 a adopté la restauration intérieure du chœur de la cathédrale de Chartres, en cours de réalisation aujourd’hui. Patrice Calvel, architecte en Chef des Monuments Historiques, en est le maître d’œuvre. Un travail expérimental d’archéologie, minutieux, millimètre par millimètre, a permis de retrouver des enduits colorés du XIIIe siècle grâce à un nettoyage par latex qui aspire les couches de crasse et de salissure, laissant apparaître les traces des polychromies anciennes. Un sondage du décor peint des voûtes a été également effectué pour identifier les traces de peintures antérieures au XIXe siècle. Ainsi, le décor médiéval constitué d’un enduit beige à faux joints blancs sur lequel se détachent les colonnes, chapiteaux et nervures recouvertes d’un badigeon de chaux d’un blanc pur, a été remis au jour, et les clefs de voûtes polychromes ont été restaurées. La couleur claire de ce décor, conservé sur la quasi totalité de sa surface, changera complètement la perception de l’édifice, jusque là obscurci par une épaisse couche d’encrassements noirâtres. La transparence des vitraux restaurés ajoutera encore à la luminosité retrouvée de l’architecture gothique. Dès le début de l’année 2010, la partie haute du chœur aura retrouvé son aspect du XIIIe siècle. La restauration du sanctuaire qui suivra immédiatement ces travaux permettra d’envisager dès la fin de l’année 2010 la réouverture au public et au culte de l’ensemble du sanctuaire. Dans le même temps, la cathédrale qui conserve le plus vaste ensemble de vitraux médiévaux, datant pour la majeure partie des premières années du XIIIe siècle, verra s’achever la restauration et le doublage de l’ensemble des verrières du haut-chœur. Le programme de restauration intérieure devrait se poursuivre par la restauration de la nef (2011-2012), et des transepts (2013-2014). A terme, Chartres pourra s’enorgueillir d’avoir la seule cathédrale, en Europe et dans le monde, qui présente à la fois une architecture, un décor intérieur, un ensemble de verrières et un programme sculpté quasiment complets, très proches de ce qu’ont pu connaître les fidèles et les pèlerins du XIIIe siècle. (Sources : chartres-csm/eureetloir.prefecture) NOUVELLES DE LA TRADITION A llemagne : Les Verts redoutent que la Fraternité SaintPie X ne soit une menace pour la Constitution allemande Début juillet, les parlementaires écologistes allemands se demandent si l´intervention de l´Office fédéral de protection de la Constitution ne serait pas nécessaire pour surveiller les membres de la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre, à cause des récents « propos haineux, non chrétiens et méprisants de la Fraternité Saint-Pie X visant les homosexuels », à l´occasion de la parade « gay » du Christopher-Street-Day. - Le Christopher-Street-Day fait référence à la première rébellion des homosex uels contre la police à Greenwich Village (New York), le 27 juin 1969. Le 27 juin dernier, la Christopher-Street-Day a rassemblé un demi million d´homosexuels à Berlin, selon les chiffres revendiqués par les organisateurs. En effet, le district d’Allemagne de la Fraternité Saint-Pie X a appelé à une veillée de prière silen- cieuse, le 1er août, à Stuttgart, suite à la manifestation du ChristopherStreet-Day qui se tiendra à partir du 24 juillet dans la capitale du BadeWurtemberg. Dans son bulletin, Mitteilungsblatt (n° 366 - juillet 2009), on peut lire : « Défendez-vous, aussi longtemps que c´est encore possible… Combien sommes-nous fiers quand nous lisons dans un livre d´histoire qu´il y avait sous le Troisième Reich des catholiques courageux qui di- DICI Nº 199 • saient : « on ne collabore pas à cette folie ! « De la même manière, il faut avoir à nouveau aujourd´hui des catholiques courageux ! ». Le 2 juillet, Volker Beck, président du groupe parlementaire des Verts au Bundestag à Berlin, a déclaré que celui qui compare sa propre manifestation contre le ChristopherStreet-Day à la résistance contre le national-socialisme sous le Troisième Reich porte atteinte à la mémoire de toutes les victimes du nazisme. Le politicien écologiste allemand rappelle que les nazis ont assassiné des milliers d´homosexuels dans les camps de concentration. Pour Volker Beck, la Fraternité Saint-Pie X, qui déplore que l´homosexualité en Allemagne ne soit plus punissable, « montre qu´elle est non seulement en dehors de l´Eglise catholique, mais également en dehors de l´Etat de droit démocratique », raison pour laquelle « il faut sérieusement examiner si elle ne doit pas être soumise à la surveillance de l´Office fédéral de protection de la Constitution ». M 9 Le 6 juillet, lors d´une rencontre à Berlin, Brigitte Zypries, ministre allemande de la justice, a reproché à la Fraternité Saint-Pie X ses tendances extrémistes, considérant que la déclaration du district d’Allemagne constituait « une offense aux victimes du national-socialisme et une diffamation des homosexuels ». Elle a jugé inacceptable l´appel de la Fraternité à une protestation silencieuse en marge de la Christopher Street Day, à Stuttgart. Selon elle, dans la relation avec « de tels extrémistes religieux », il faut agir de la même façon qu´avec « les extrémistes de droite ». Elle a ajouté que les points de vue exprimés par la Fraternité Saint-Pie X révélaient clairement que la démocratie et la liberté ne sont pas uniquement menacées par les fondamentalistes islamiques. Le 9 juillet, s´estimant « gravement diffamé », le district d’Allemagne a demandé à la ministre de revenir sur ses paroles. Son porte-parole, l’abbé Andreas Steiner, a diffusé un communiqué en ce sens, où 25 juillet 2009 il cite la Constitution allemande qui garantit à chaque habitant le droit d´exprimer librement son opinion. Selon lui, le point de vue de Brigitte Zypries va « dans la direction d´une dictature de l´opinion ». La Fraternité Saint-Pie X rejette cette critique : ses propos en lien avec le nazisme sont « compris de façon totalement erronée ». La Fraternité n´a « pas comparé, ni dans son intention, ni dans les faits, la Christopher Street Day avec le régime nazi », a souligné pour sa part le supérieur du district d’Allemagne, l’abbé Franz Schmidberger. – Selon l’édition en ligne du Spiegel du 4 juillet, même le cardinal Walter Kasper, pourtant peu suspect de traditionalisme excessif, a critiqué le Christopher Street Day dans lequel il voit une forme de propagande, tout en disant « son respect pour les individus ». (Sources : Apic/kna/Spiegel/ sources privées) otu Proprio Ecclesiae unitatem Le 8 juillet, conformément à ce qu´il avait annoncé dans sa lettre du 10 mars 2009 aux évêques du monde entier, Benoît XVI a publié le Motu Proprio Ecclesiae unitatem par lequel il rattache la Commission Ecclesia Dei à la Congrégation pour la doctrine de la foi : « Précisément parce que les problèmes qui doivent maintenant être traités avec la Fraternité SaintPie X sont de nature essentiellement doctrinale, j´ai décidé - 21 ans après le Motu Proprio Ecclesia Dei, et conformément à ce que je comptais faire - de revoir la structure de la Commission Ecclesia Dei, en la reliant de manière étroite avec la Congrégation pour la doctrine de la foi », a annoncé le pape. Dans la nouvelle configuration de la Commission pontificale Ecclesia Dei, « le président de la Commission est le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi ». « La Commission a son propre organigramme composé du secrétaire et d´officials ». En outre, « il incombera au président, aidé par le secrétaire, de soumettre les cas et les questions à caractère doctrinal à l´étude et au discernement des instances ordinaires de la Congrégation pour la doctrine de la foi, mais aussi d´en soumettre les résultats aux dispositions supérieures du souverain pontife ». Tant que les questions doctrinales « ne seront pas éclaircies, la Fraternité n´a pas de statut canonique dans l´Eglise et ses ministres ne peuvent exercer aucun ministère de manière légitime », a précisé le pape. Peu avant la publication du Motu Proprio, le Bureau de presse du SaintSiège avait annoncé que le cardinal William Joseph Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, prenait la place du cardinal Dario Castrillon Hoyos, « ar- rivé au terme de son service comme président de la Commission pontificale Ecclesia Dei ». Mgr Guido Pozzo occupera le poste de secrétaire de la Commission, laissé vacant depuis la mort de Mgr Mario Marini en mai dernier. Enfin, dans un communiqué accompagnant le document pontifical, le cardinal Levada a annoncé le départ du vice-président de la Commission Ecclesia Dei, Mgr Camille Perl, « après de nombreuses années de service ». Dans un communiqué, le cardinal Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et membre de la Commission Ecclesia Dei, a présenté ainsi le document romain : « Il ne fournit pas d´informations absolument inédites puisque son contenu avait été déjà en grande partie dévoilé par le Saint-Père dans sa lettre aux évêques du monde entier du 10 mars dernier ». Il restructure ain- DICI Nº 199 10 • si la Commission pontificale Ecclesia Dei, qui demeure mais est désormais rattachée plus étroitement à la Congrégation pour la doctrine de la foi. Le cardinal Ricard rappelle que cette Congrégation donne son avis sur les questions dont elle a à se saisir et que cet avis est toujours soumis au pape pour décision. Et d’ajouter : « Le pape sait que les vraies difficultés sont d´ordre doctrinal et qu´une véritable communion dans l´Eglise ne saurait s´établir sur des ambiguïtés ou un flou doctrinal ». – Cette nécessité reconnue de discussions doctrinales est le point fondamental du Motu Proprio. La tâche de la Commission Ecclesia Dei rappelée au n° 2 du document romain - qui consistait depuis 1988 à donner un statut canonique aux prêtres ayant quitté la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre, ne comprenait pas ces discussions théologiques préalables, absolument indispensables aux yeux de la Fraternité Saint Pie X. (Voir le texte intégral du Motu Proprio Ecclesiae unitatem dans nos Documents) 25 juillet 2009 ports avec la Fraternité Saint-Pie X, le Motu Proprio Ecclesiae Unitatem n´évoque pas le sort des autres instituts qui dépendent de la Commission Ecclesia Dei, telles que la Fraternité Sa int-Pierre, l ´Instit ut du Bon Pasteur ou encore la fraternité brésilienne Saint-Jean-Marie-Vianney, du diocèse de Campos ». (Sources : Apic/ Imedia/sources privées) L’agence Apic note au passage : « S´il revient largement sur les rap- DOCUMENTS M otu Proprio Ecclesiæ Unitatem 1. La tâche de préserver l’unité de l’Eglise, avec la sollicitude d’offrir à tous l’assistance pour répondre avec les moyens opportuns à cette vocation et grâce divine, revient de manière particulière au Successeur de l’apôtre Pierre, qui est le principe et le fondement perpétuel et visible de l’unité, aussi bien des évêques que des fidèles [1]. La priorité suprême et fondamentale de l’Eglise, à chaque époque, de conduire les hommes vers la rencontre avec Dieu doit être favorisée à travers l’engagement de parvenir au témoignage commun de foi de tous les chrétiens. 2. En fidélité à ce mandat, au lendemain de l’acte par lequel Mgr Marcel Lefebvre, le 30 juin 1988, conféra de manière illicite l’ordination épiscopale à quatre prêtres, le pape JeanPaul II, de vénérée mémoire, institua, le 2 juillet 1988, la Commission pontificale Ecclesia Dei « ayant pour tâche de collaborer avec les évêques, avec les dicastères de la Curie romaine et avec les milieux concernés, dans le but de faciliter la pleine communion ecclésiale des prêtres, des séminaristes, communautés ou personnes religieuses, jusqu’à présent liés de différentes façons à la Fraternité fondée par Mgr Lefebvre, qui désirent rester unis au Successeur de Pierre dans l’Eglise catholique, en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques, à la lumière du Protocole signé le 5 mai dernier par le cardinal Ratzinger et par Mgr Lefebvre » [2]. 3. Dans cette optique, en adhérant fidèlement à la même tâche de servir la communion universelle de l’Eglise également dans sa manifestation visible et en accomplissant tous les efforts possibles afin qu’à tous ceux qui désirent véritablement l’unité, il soit rendu possible d’y rester ou de la retrouver, j’ai voulu élargir et actualiser, par le motu proprio Summorum Pontificum, l’indication générale déjà contenue dans le motu proprio Ecclesia Dei à propos de la possibilité d’utiliser le Missale Romanum de 1962, à travers des normes plus précises et détaillées [3]. 4. Dans le même esprit et avec le même engagement de favoriser le dépassement de toute fracture et division dans l’Eglise et de guérir une blessure ressentie de manière tou- jours plus douloureuse dans le tissu ecclésial, j’ai voulu lever l’excommunication aux quatre évêques ordonnés de manière illicite par Mgr Lefebvre. Par cette décision, j’ai voulu lever un obstacle qui pouvait porter préjudice à l’ouverture d’une porte de dialogue et inviter ainsi les évêques et la Fraternité Saint-Pie X à retrouver le chemin vers la pleine communion avec l’Eglise. Comme je l’ai expliqué dans ma Lettre aux évêques catholiques du 10 mars dernier, la levée de l’excommunication a été une mesure prise dans le cadre de la discipline ecclésiastique destinée à libérer les personnes du poids de conscience représenté par la sanction ecclésiastique la plus grave. Cependant, les questions doctrinales, bien évidemment, demeurent et, tant qu’elles ne seront pas résolues, la Fraternité ne jouira d’aucun statut canonique dans l’Eglise et ses ministres ne peuvent exercer de façon légitime aucun ministère. 5. Précisément parce que les problèmes qui doivent à présent être traités avec la Fraternité sont de nature essentiellement doctrinale, j’ai décidé - vingt-et-un ans après le mo- DICI Nº 199 11 • tu proprio Ecclesia Dei, et conformément à ce que je m’étais réservé de faire [4] - de refondre la structure de la Commission Ecclesia Dei, en la reliant de manière plus étroite à la Congrégation pour la doctrine de la foi. 6. La Commission pontificale Ecclesia Dei aura donc la configuration suivante : a) le président de la Commission est le préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi. b) la Commission a son propre organigramme, composé d’un secrétaire et d’officials. c) Il reviendra au président, assisté par le secrétaire, de soumettre les cas principaux et les questions à caractère doctrinal à l’étude et au dis- cernement des instances ordinaires de la Congrégation pour la doctrine de la foi, ainsi que de soumettre les résultats aux dispositions supérieures du Souverain Pontife. 7. Par cette décision, j’ai voulu en particulier faire preuve de sollicitude paternelle envers la Fraternité Saint Pie X, dans le but de retrouver la pleine communion avec l’Eglise. J’adresse à tous une invitation pressante à prier sans relâche le Seigneur, par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, afin que « ut unum sint ». 25 juillet 2009 [1] Cf. Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur l’Eglise Lumen Gentium, n. 23 ; Conc. œcum. Vat. I, Const. dogm. sur l’Eglise du Christ Pastor aeternus, chap. 3 : DS 3060. [2] Jean-Paul II, Litt. Ap. Motu proprio datae Ecclesia Dei (du 2 juillet 1988), n. 6 : AAS 80 (1988), 1498 ; cf. orlf n. 27 du 5 juillet 1988. [3] Cf. Benoît XVI, Litt. Ap. Motu proprio datae Summorum Pontificum (7 juillet 2007) : AAS 99 (2007), 777-781 ; cf. orlf n. 28 du 10 juillet 2007. [4] Cf. ibid. art. 11, 781. Donné à Rome, auprès de SaintPierre, le 2 juillet 2009, cinquième année de notre pontificat. BENEDICTUS PP. XVI DICI Notre site : www.dici.org Directeur de la publication : Abbé Christian Thouvenot Rédacteur : Abbé Alain Lorans Paraît le samedi - Le numéro : 2 � Abonnement annuel à DICI : (20 numéros) 40,- � Etranger : 49� (80 FS) Abonnement annuel à Nouvelles de Chrétienté : 20,- � Etranger : 24� (40 FS) Paiement par chèque à l’ ordre de : CIVIROMA Adresse postale DICI-Presse - 33 rue Galande - 75005 Paris Siège social : 11 rue Cluseret - 92150 Suresnes Parution bimensuelle CPPAP : 0613-G-80640 Imprimé par De Toutes les Couleurs 71 bis rue St Charles 75015 Paris DICI Nº 199 12 • 25 juillet 2009 Au sommaire de Nouvelles de Chrétienté n° 117 La Tradition manifestée Pèlerinage de Chartres 2009 Croyez-vous aux signes ? Abbé Jean-Michel Gleize Seigneur, donnez-nous des prêtres ! Abbé Arnaud Rostand Abonnement : 20 € * 24 f - 40 FS pour l’étranger (hors de France) Suisse : CCP 60-29015-3, IBAN : CH12 0900 0000 6002 9015 3 BIC : POFICHBE Priesterbruderschaft St. Pius X. Schwandegg — 6313 Menzingen Bulletin d’abonnement ou de ré-abonnement A retourner à : DICI-Presse - 33 rue Galande - 75005 Paris $ Chèque à l’ordre de l’association CIVIROMA (pour les chèques tirés sur une banque non française : à l’ordre de Fraternité Saint-Pie X) DICI : 1 an = 40 € (soutien : 50 € - hors de France = 49 € - 80 FS) 6 mois = 20 € (hors de France = 24,50 € - 40 FS) q Oui, abonnez-moi à Nouvelles de Chrétienté q Je suis déjà abonné, je désire abonner un parent, un ami… q à DICI - q à Nouvelles de Chrétienté q Je me ré-abonne à DICI q Je m’abonne à DICI NOM et PRENOM N° d’appartement - Boîte aux lettres - Etage - Escalier Entrée - Tour - Immeuble -Bâtiment - Résidence - Zone industrielle N° Type de voie (ex : Avenue des Fleurs) Code Postal - CEDEX Localité Pays