1 L`AGE DU NAIN L`elfe : - Tu n`as donc pas de
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1 L`AGE DU NAIN L`elfe : - Tu n`as donc pas de
L’AGE DU NAIN L’elfe : - Tu n’as donc pas de cœur ? Le nain : - C’est toujours mieux que de ne pas avoir de cervelle !!! Donjon de Naheulbeuk 1, 11 « Nous sommes les nains sous la montagne ! » Dans une salle, les enfants chantent tellement fort que les vitres tremblent. Les animateurs qui les entourent ne sont évidemment pas en reste, puisque ce sont eux qui leur ont appris cette chanson. Il y a une vingtaine d’années, on chantait du Joe Dassin dans les colos. Ces chansons parlaient de ballons, d’amour, de fleurs et de petits animaux. Aujourd’hui, ces chants feraient pouffer la nouvelle génération, qui préfère chanter avec des trolls, des haches et de la bière. Le monde change, c’est évident. A tel point que maintenant, l’ancienne génération n’arrive plus à suivre la nouvelle. Autrefois, c’étaient les anciens qui apprenaient des choses aux nouveaux. Mais aujourd’hui, c’est l’inverse : les enfants montrent à leurs parents comment installer des protections sur les ordinateurs familiaux. Protections qui, d’ailleurs, ne sont là que pour rassurer les parents… L’image d’un système traditionnel de transmission est effectivement en train de se désagréger. Dans un système traditionnel, l’adulte a plus de connaissances que l’enfant, lui transmet un savoir et se charge de le protéger. Mais dans le système actuel, l’enfant sait désormais plus de choses que l’adulte, et c’est lui qui se charge de rassurer ses parents. Bien entendu, cette situation a quelque chose de caricatural, et pourtant ce basculement s’est bel et bien opéré. Combien de parents peuvent encore expliquer à leurs enfants comment faire des fractions ? Sûrement pas la majorité, bien que ce soit au programme de CM2… Alors que s’est-il passé ? Comment qualifier ce changement ? La réponse est simple : nous sommes entrés dans l’âge du nain. Le nain est râleur, têtu, fêtard, avare, individualiste, et surtout, c’est un personnage cynique. Autant d’adjectifs qui définissent à merveille la société actuelle. La bonne question ne consiste donc pas à se demander ce qui s’est passé, mais plutôt « pourquoi le nain ? ». Pourquoi, en effet, la chanson des nains sous la montagne connaît-elle autant de succès auprès des enfants et des jeunes ? D’autres créatures, comme les braves hobbits ou les elfes jolis, issues elles aussi des mondes fantastiques, ne seraient-elles pas meilleures comme images à proposer à la jeunesse actuelle ? Un rapide survol de l’aigle de l’histoire de ces dernières décennies nous permet de bien comprendre un fait avéré : nous sommes entrés dans l’âge du nain. I. Tout a commencé avec Tolkien… Il est un fait avéré que l’on ne peut pas parler des mondes fantastiques qui déferlent dans la culture contemporaine sans reprendre ces éléments à leur source, à savoir l’œuvre du professeur Tolkien. Maître en philologie à l’université d’Oxford, celui qui fut l’un des plus grands esprits du XX° siècle a consacré toute sa vie à l’élaboration d’un monde comportant ses peuples, son histoire, sa géographie, sa mythologie, ses langues, et même (il est bon de le préciser) sa théologie. De toute cette fantastique richesse culturelle ne seront principalement retenus ici que deux personnages : l’elfe et le nain. Dans l’œuvre de Tolkien, l’elfe et le nain sont deux créatures combattant du côté du bien de manière (très) générale. Mais le fait qu’ils soient alliés n’entraîne pas le fait qu’ils s’entendent bien. En effet, tout semble opposer ces deux créatures. Au niveau physiologique, d’abord : l’elfe est grand et mince, élancé et léger, imberbe et androgyne. La finesse de ses traits, la grâce de ses gestes et sa prestance ne font que renforcer le contraste avec le nain. En effet, ce dernier et petit et trapu, solide et costaud, et tellement barbu que l’on raconte que même leurs femmes le sont. Plutôt rustaud et imposant malgré sa petite taille, il est véritablement l’enfant de la pierre s’opposant ainsi à la dimension très éthérée des elfes. 1 Mais elfes et nains ne sont pas seulement différents par leur stature. Leurs caractères respectifs sont taillés à l’image de leur physionomie. Les elfes aiment la poésie et le chant, se nourrissent de fruits et légumes, vivent dans la forêt, et se montrent facilement enjoués. A l’inverse, les nains aiment les métaux précieux et les calculs de valeurs, sont friands de viande, vivent dans des grottes sous les montagnes et font montre d’un caractère grognon et bourru. Dans la manière de combattre, là encore, alors que le nain fait preuve de robustesse et fonce dans la mêlée pour tailler son ennemi en pièce à grands coups de hache, l’elfe fait preuve de finesse, et use plutôt de sa furtivité et de son agilité pour frapper sans être vu, voire attaque à distance grâce à son arc. Il va donc de soi que l’elfe et le nain ne s’entendent pas du tout. Les aventures particulières que vivent la communauté de l’Anneau dans le Seigneur des Anneaux font que le héros elfe Legolas et le héros nain Gimli se rapprochent et se lient d’amitié, alors que ce n’était pas couru d’avance. Là où les choses se corsent, c’est dans la vision de Tolkien en personne vis-à-vis de ces deux peuples. Visiblement, il a un très net penchant pour les elfes, puisqu’ils prennent une part essentielle de l’histoire de son monde, alors que les nains ne sont présents que très occasionnellement, et ne sont pas toujours à l’honneur. De toute évidence, la nature elfique est très proche de la nature angélique chez cet auteur. Aussi, si il existe des moments où certains elfes ne se montrent pas à la hauteur de cette nature, on peut dire qu’ils sont proportionnellement rares face aux nombreuses pages qui parlent d’eux. En revanche, le nain semble nettement plus enclin à passer du côté obscur de la force, et ce particulièrement en raison de son caractère avide et possessif envers des objets précieux. Ainsi, en lisant Tolkien, le lecteur a l’impression que la condition elfique est très enviable, alors que celle du nain ne prend que peu d’importance. Au mieux ses connaissances géologiques et son habileté au combat de mêlée en font un adjuvant de quête acceptable. C’est ainsi qu’au lendemain de la publication du Seigneur des Anneaux, dans les années 60, tout le monde voulait vivre avec les elfes, ou du moins comme eux. A l’inverse, il ne serait venu à l’idée de personnes de vivre de manière « nanique ». La contre culture de cette époque a beaucoup repris, d’ailleurs, les idées de Tolkien, les instrumentalisant à l’idéologie hippie. Jusque dans les années 80, donc, la figure elfique était un véritable modèle culturel. II. …et continue avec John Lang Les aventures que l’on peut lire dans le Seigneur des Anneaux ont inspiré de nombreux joueurs pour les jeux de rôle. Le principe est simple : il s’agit d’un conte interactif où le conteur propose aux joueurs de choisir les actions des personnages respectifs qu’ils incarnent dans le conte. Evidemment, chaque personnage a des compétences différentes, et on retrouve bien les personnages de l’elfe et du nain ayant chacun leurs compétences propres. A l’instar du mythe tolkienien, le jeu de rôle permet aux joueurs de sortir victorieux de leur quête grâce à la combinaison de leurs atouts respectifs. Il faudra en effet la force du nain, la dextérité de l’elfe et l’intelligence du magicien combinés pour parvenir à bout de l’aventure. Les différences entre les personnages sont donc importantes pour pallier à toutes les situations. Les jeux de rôle sont ainsi devenus une activité ludique fort prisée par la jeunesse. D’une part à cause de l’ouverture culturelle sur les mondes fantastiques, d’autre part à cause de la grande richesse d’expression qu’elle propose. Dans un jeu de rôle, un jeune peut en effet exprimer beaucoup de choses qu’il n’exprimera nulle part ailleurs. Mais surtout, le jeu de rôle devient vite un lieu de franche rigolade. Et c’est là qu’intervient John Lang. Partant d’un simple délire entre copains, le Donjon de Naheulbeuk est devenu une série culte dont la teneur humoristique a conquis une bonne partie de la jeunesse actuelle. Et c’est ainsi que l’on peut observer un fait tout à fait remarquable : c’est le nain qui est devenu un modèle culturel. En effet, la série contemporaine se décline désormais sur de nombreux supports culturels : la série audio téléchargée sur internet s’est vue mise en bande dessinée. La 2 troisième et la quatrième saison de cette série humoristique sont parus sous forme de roman. Mais surtout, un groupe de musique, le Naheulband, s’est formé, pour chanter des chansons à l’aspect folklorique mettant en scène les nains, les elfes, et autres créatures plus ou moins recommandables que l’on trouve désormais sur tous les supports fantastiques actuels (BD, jeux vidéos, films…). Ce sont ces chansons qui forment désormais le corpus culturel contemporain, et que l’on ressort autour des feux de camp ou en randonnée. Et là, il faut bien remarquer que la chanson titre par excellence du groupe musical n’est pas la chanson sur les elfes, mais celle sur les nains. Dans cette série humoristique contemporaine, les personnages ne sont plus des héros mais des anti-héros. Au lieu de combiner leurs compétences, ils se chamaillent en permanence. Et bien entendu, le lieu de chamaillerie par excellence se trouve être la querelle entre les nains et les elfes. Le ton est donné dès les premiers instants du premier épisode. Nonobstant cette querelle traditionnelle, force est de constater que si dans l’œuvre de Tolkien les elfes étaient plus sympathiques que les nains, c’est maintenant l’inverse qui se trame. Le nain se montre fort pénible avec ses acolytes, mais c’est le personnage qui fait le plus rire. De même, de nombreux éléments font du nain un personnage central : il lui arrive des choses tout à fait extraordinaires (il lui pousse neuf jambes, il se fait téléporter dans le vaisseau spatial d’une autre série humoristique…) qui n’arrivent pas aux autres membres. Il meurt même deux fois, mais revient très vite dans l’aventure, alors que lorsque l’elfe meurt, il faut emporter son corps (conservé par magie) chez un magicien capable de le ressusciter grâce à un rituel complexe dont le nain n’a nullement eu besoin. Il semble donc clair que le nain est un personnage qui se détache du lot, même si à la base, dans un scénario de jeu de rôle, tous les personnages sont sur un même pied d’égalité. De même, l’elfe est devenu un « faire valoir », une sorte de cruche blonde totalement naïve, pour qui la meilleure chose à faire est de coiffer des poneys. C’est même à se demander comment un tel personnage peut se retrouver embrigadé dans une aventure, si ce n’est justement pour jouer le rôle d’une « Némésis » pour le personnage central qu’est le nain. III. Naheulbeuk sur le divan Dans le Donjon de Naheulbeuk, nous avons donc un héros caché dans la compagnie, le nain, qui voyage avec une ribambelle de personnages dont il n’hésite pas à fausser compagnie pour de l’argent (cupidité oblige). Dans cette compagnie se trouve sa « Némésis », l’elfe, qui est présente pour faire valoir le héros caché. En effet, ce personnage n’a rien d’un héros, mais il semble qu’il est préférable de lui ressembler que de ressembler à l’elfe. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que le nain représente la génération actuelle, alors que l’elfe représente la génération supérieure. Reprenons. L’elfe, dans l’œuvre de Tolkien, représentait un certain idéal de vie pour la génération issue des « trente glorieuses » (génération née entre les années 50 et les années 70). La vie en paix et en harmonie, où tout le monde s’aime bien (flower power), où personne ne se veut du mal… la vie en communauté, où chacun peut faire ce qu’il veut tant que cela ne nuit pas à l’autre, dirigée par cette utopie commune où les règles sont les mêmes pour tous. Cela se trouve caricaturé dans l’œuvre de John Lang avec un personnage débordant de bonne volonté mais totalement stupide et incompétent. On retrouve dans l’elfe de Naheulbeuk l’image même de ce que pense la nouvelle génération (celle du début du troisième millénaire) de la génération précédente. Le nain, dans l’œuvre de Tolkien, était un personnage d’importance secondaire. Beaucoup de choses ont été écrites sur les elfes, et peu sur les nains. Encore actuellement, les personnes les plus férues de l’œuvre de Tolkien ont nettement plus tendance à trouver un modèle dans une créature elfique que dans le nain. L’œuvre de John Lang inverse la situation en faisant du nain l’archétype même de la pensée contemporaine. De nos jours, en effet, une grande partie de la population se comporte « en nain ». Combien sont, en effet, ceux qui pense 3 qu’il est préférable d’arnaquer les autres plutôt que de se faire arnaquer ? Il est clair que la société de consommation dans laquelle nous vivons privilégie nettement la pensée naine. Le nain est râleur et contestataire de nature. Quand quelque chose ne va pas, c’est toujours de la faute des autres (surtout de l’elfe…), et il pense à grands coups de « il n’y a qu’à… », sous-entendant ainsi que c’est aux autres d’agir pour que le monde aille mieux, et pas à lui. Or, la plus grande partie de la société actuelle fonctionne ainsi : manifestations, provocations, contestations… pensant que c’est aux autres (et surtout aux hommes politiques) de faire en sorte qu’ils aient une vie meilleure. On pourrait résumer les choses par cette tirade que l’on pourrait mettre dans la bouche du citoyen consommateur de base comme dans celle du nain : « Allez, faites moi un monde à ma mesure ! ». Le nain est têtu. Il refuse de se remettre en question. Là encore, c’est aux autres de s’adapter à lui. Ce n’est pas le nain qui est petit, c’est les autres qui sont trop grands. « Ils n’ont qu’à rapetisser… ». Là encore, on voit bien un trait de cette société de consommation qui refuse de se remettre en question, et qui privilégie en permanence la facilité et l’inertie, prétextant ensuite qu’il n’y avait pas de choix possible. Le nain est un fêtard. Il aime beaucoup boire, chanter des chansons plus ou moins paillardes, et a peu de manières. Peu de choses l’intéressent, et surtout pas l’instruction, la morale ou l’art. Il suffit d’écouter ses réactions face au sage oriental… C’est un autre trait propre à notre société : on considère l’instruction comme une torture (puisque cela demande des efforts), la morale comme une domination instituée, et l’art comme une précieuse ridicule. A l’inverse, on aime bien faire la fête, s’éclater, bref, faire passer le plaisir des sens avant les satisfactions de l’esprit. Le nain est individualiste, voire égoïste. Il ne cherche pas à être copain avec les autres. Il vit avec eux dans l’espoir d’en tirer une compensation matérielle concrète, mais si il en a l’occasion, il préfère partir avec tout l’argent pour ne rien partager. Ce trait est toujours d’actualité, puisque dans la société de consommation, on entretient la peur de manquer. Cette peur de manquer fait que tout le monde fait des réserves (bien plus que nécessaires) et refuse de les partager. Dans la même lignée, le nain est matérialiste. Il n’a pas d’instruction, mais il sait très bien compter, il sait où trouver des gisements de métaux précieux, et il sait s’organiser pour gagner un maximum d’argent. C’est donc un personnage purement terrestre, s’opposant à tout ce qui peut être « spirituel », car cela viendrait écorner ce dynamisme. La société-machine dans laquelle nous vivons, orientée principalement sur les valeurs de productivité et d’efficacité, se retrouve bien dans cette illustration matérialiste du nain. Le nain du Donjon de Naheulbeuk est donc l’image même de la société dans laquelle nous vivons, très opposé à l’elfe qui est l’image de l’utopie prônée par la génération précédente. Mais la question du basculement de l’un à l’autre s’explique très facilement : il est en effet tout à fait logique, d’un point de vue anthropologique, qu’une mentalité « elfique » engendre une génération de nains. En effet, avec cette utopie pacifiste des « trente glorieuses » s’est développée l’idée que la transmission d’un savoir était inutile, voire dangereuse. Puisque chacun doit faire ce qu’il veut, chacun peut s’instruire au degré qu’il veut. C’est ainsi que les années 60 se sont accompagnées naturellement d’une véritable crise de la transmission, crise qui explique de nombreux problèmes de société actuels. Dans cette utopie très « elfique », les bons sentiments passent avant l’intellect. Mais la génération qui fait passer le cœur avant le cerveau engendre naturellement son inverse. Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec une nouvelle génération qui pense que c’est totalement stupide d’agir « par bon sentiments », et qu’il vaut mieux construire sa vie sur le calcul et la vie matérielle. Un excès de sentiments (au détriment de l’intellect) en entraîné un excès d’intellect (au détriment des sentiments). C’est ainsi que nous sommes passés de l’âge de l’elfe à l’âge du nain. 4 Conclusion On comprend donc bien pourquoi la chanson préférée des jeunes et des enfants est celle des nains sous la montagne, et non pas celle des elfes (qui racontent n’importe quoi uniquement parce que cela fait joli). C’est une manière détournée, voire inconsciente de cette nouvelle génération de reprocher à la génération précédente ses erreurs, à savoir le manque de transmission et l’excès de sentimentalisme. Mieux vaut un tableau montrant les deux mentalités qui s’opposent : râleur têtu fêtard individualiste matérialiste avare cynique dionysiaque consommateur NAIN enjoué léger poète communautaire éthéré prodigue candide apollonien hippie ELFE Ainsi s’opposent deux générations, les excès de l’une entraînant les excès inverse de l’autre. La dichotomie dionysiaque/apollonien est tirée des archétypes de Nietzsche, considérant la beauté apollonienne comme support pour l’art à contempler, de manière extérieure, et la beauté dionysiaque comme support pour l’art à vivre, de l’intérieur (mais ça, c’est juste une piste de réflexion pour les amateurs de philosophie sociale, en bonus). Pour finir, une question se pose : que choisir ? Le nain consommateur ou l’elfe hippie ? Il est pertinent de ne se retrouver dans aucune de ces deux colonnes. Il est même intéressant, constatant que ces deux formules sont excessives, de tracer une nouvelle voie, plus équilibrée. Celle du magicien. Calme et intelligent, sage et pondéré, il saura grâce à ses connaissances approfondies de l’histoire et de la société, ne pas tomber dans le piège classique qui consiste à tomber dans un excès en fuyant l’excès inverse. Il n’est en effet pas utopique du tout de penser que l’âge du nain n’est pas pérenne. Après tout, les choses changent… On est donc en droit d’espérer qu’après ce chamboulement de mentalités, un nouvel âge plus équilibré aide l’humanité à avancer vers un monde qui soit à la fois moins machinal et moins stupide. De Tolkien à John Lang, n’avons-nous pas, somme toute, de nombreux réenchanteurs de monde à notre disposition ? ULUDAHAN Diffusé par http://tolkienfrance.net 5