La trilogie d`Agota Kristof
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La trilogie d`Agota Kristof
Paula Giusti Adaptation et mise en scène Toda Vía Teatro Un projet de la compagnie La trilogie d’Agota Kristof 1 Sommaire p.3...............Pourquoi la trilogie d’Agota Kristof au théâtre p.4...............Le grand cahier ou les stratégies de la subsistance p.5...............La preuve ou comment mourir de ce qui nous sauve p.6...............Le troisième mensonge ou l’étranger p.7...............Les personnages et l’écriture, fil conducteur de la pièce p.8...............Notes de mise en scène p.9...............Les objets, l’espace Extraits de dialogues p.10......................................L’arrivée chez grand-mère p.11......................................Bec de Lièvre p.12......................................Exercice de cécité et surdité p.13......................................L’incendie p.14......................................Extrait de La Preuve p.18.............Toda Vía Teatro p.19.............Notre parcours p.20.............Ce qu’ils ont dit de notre travail p.21.............Qui sommes nous ? p.24.............Contacts 2 Pourquoi la Trilogie d’Agota Kristof au théâtre? Il y a des livres qui nous accompagnent, et qui de temps en temps se font présents quand, en quête d’une image ou d’une histoire pour expliquer un sentiment, nous faisons appel à eux. Ce sont des livres qui nous ont appris des choses et auxquels nous sommes toujours reconnaissants. De ceux là nous avons toujours un exemplaire qui se promène entre la table de chevet et la bibliothèque et ce sont ceux que nous offrons souvent pour un anniversaire. Mais il y a une autre sorte de livres dont on constate l’existence. Ce sont des livres qui, non seulement nous accompagnent, mais nous poursuivent. Ce sont des livres qui nous hantent, que nous avons peur de donner en cadeau par crainte d’offrir des insomnies. Ce sont des livres mystérieux, comme Le livre de l’Intranquillité de Pessoa, un livre voué à l’inachèvement, ou Le livre de sable de Borges qui n’a ni commencement ni fin, un livre aux pages infinies. Le Grand Cahier, La preuve et Le troisième mensonge entrent dans cette catégorie de livres presque doués d’une âme. Inutile de chercher à comprendre pourquoi : peut être parlent-ils mieux de nousmêmes que nous ne sommes capables de le faire. Peut être ont-ils quelque chose qui leur échappe, peut-être sont-ils tellement personnels et sincères qu’ils en sont devenus universels. La trilogie des jumeaux est une de ces histoires qui nous habitent et ne nous quittent pas. Comment faire pour qu’elle arrête de nous poursuivre ? Borges essaya de se débarrasser du livre de sable dans une bibliothèque. Faire une pièce permettait d’abandonner cette histoire dans les labyrinthes de la fiction. ... La Trilogie de Kristof nous raconte une période terrible de l’Histoire et nous présente en même temps une métaphore de la solitude de l’homme et de toutes les armes subtiles et parfois dangereuses qu’il développe pour subsister envers et contre tout. Il est impossible de ne pas reconnaître que l’histoire se passe sous l’occupation allemande en Hongrie, pendant et après la libération. La « guerre » peut se voir dans chaque personnage, tous traversés par des pertes, des attentes, des vices, des perversions ou simplement par la mort. Mais ces livres gardent soigneusement une dimension universelle : cette « guerre » est une métaphore d’une vie où par peur de la douleur on renonce au sentiment. 3 Le grand cahier ou les stratégies de la subsistance Dans le premier livre, Le grand cahier, deux frères jumeaux sont laissés chez leur grand-mère, une femme sèche et dure, afin de subsister jusqu’à la fin de la guerre. Cette expérience sera comme un parcours initiatique assez brutal où l’enfance disparaît, tel un costume qu’on nous force à ôter. En passant au monde des adultes ils découvriront que tout est possible et qu’il faut être prêt. Ce premier livre pourrait bien être résumé comme la somme de toutes sortes de « stratégies de subsistance » qui vont des plus concrètes jusqu’aux plus profondes et abstraites. Les jumeaux apprennent ainsi à chercher leur nourriture, à travailler pour avoir de l’argent, mais ils apprennent aussi à lire et à écrire et c’est là qu’ils découvrent la plus efficace des armes : la fiction. Et si la vie n’était qu’un cahier que quelqu’un remplit quotidiennement ? Et si la vie n’était que quelque chose qui arrive à quelqu’un d’autre, à un personnage qui n’est pas moi ? Et si la vie n’était qu’un mensonge ? Mais il existe aussi une stratégie particulière que développe la main qui trace cette fiction et qui nous servira de clé théâtrale : la création d’un personnage double, qui échappe à la solitude par définition. Les jumeaux ont au moins dans ce chemin qu’ils doivent tracer la compagnie de l’autre, le regard de l’autre. Et c’est peut-être dans la dynamique du regard de cet autre moi qu’ils bâtissent leur éthique, sans Dieu, « objective », presque supra morale. 4 La preuve ou comment mourir de ce qui nous sauve Mais les jumeaux ont voulu aussi se préparer à la « séparation » c’est pourquoi l’un d’entre eux traverse la frontière. Qu’ils aient été deux n’était peut être qu’un mensonge… Parce que dans le deuxième livre nous connaissons l’histoire de celui qui est resté, Lucas, qui se prête à jouer le jeu de la vie dans un univers totalitaire. Dans La preuve le paradoxe de la vie se révèle avec intensité. Les armes qui nous sauvent peuvent nous tuer. L’écriture qui sauve Lucas enfonce Victor dans l’obsession, la folie et le crime. Sophie qui voulait aider Victor lui fait inévitablement du mal. Lucas aime Clara mais celle-ci attend toujours le retour de quelqu’un d’autre. Dans ce livre l’absence du frère jumeau de Lucas, ce trou, ce manque qui l’accompagne et l’obsède symbolise une identité perturbée par une illusion nourrie tout au long d’une vie. Peut-être l’insomniaque est-il la quintessence de ces personnages en attente de quelque chose d’insaisissable ; il est le veilleur qui demande inlassablement aux passants de lui donner l’heure. 5 Le troisième mensonge ou l’étranger Dans le Troisième mensonge le pays est libéré, les frontières s’ouvrent et les frères peuvent enfin se retrouver. Que Lucas ait été celui qui soit resté, n’était peut-être qu’un mensonge… Parce que dans ce troisième livre nous le voyons revenir, sous un autre nom : Claus, étranger dans la ville où il est né mais étranger aussi d’un point de vue existentiel. A quoi bon dans le présent chercher la vérité alors qu’on s’est habitué au mensonge ? Avec quel objectif ? Le frère que Lucas a si longtemps cherché est retrouvé mais il ne veut pas reconnaître Lucas. Klaus, son frère, n’attendait personne ou celui qu’il attendait sera toujours un autre … 6 Les personnages et l’écriture, fil conducteur de la pièce Le rapport à la langue et à l’écriture chez les personnages de Kristof est un thème central. Dans son autobiographie elle raconte : « Cette langue, le français, ce n’est pas moi qui l’ait choisie. Elle m’a été imposée par le hasard, par les circonstances. Je sais que je ne réussirai jamais à écrire comme écrivent les écrivains français de naissance. Mais j’écrirai du mieux que je le pourrai. C’est un défi. Le défi d’une analphabète. » Ce défi d’écriture que l’auteur s’impose à son arrivée en Suisse semble marquer plusieurs personnages de la pièce. Les jumeaux tiennent « un Grand Cahier » où ils consignent chaque événement, tout au long du séjour chez leur grand-mère. Plus tard dans « La preuve », le personnage de Victor vend sa maison et ses biens, quitte sa ville pour s’installer chez sa soeur et pouvoir finalement écrire le livre dont il a toujours rêvé. Dans le « Troisième mensonge » Lucas est en Prison. La seule chose qu’il demandera, ce sera du papier et un crayon. Klaus, le frère de Lucas, travaille dans une imprimerie pour pouvoir le soir écrire et imprimer ses livres de poésie. Par la suite, il devient un écrivain célèbre. Le livre est pour Kristof un élément vital. «Je sais lire, je sais lire à nouveau - crie-t-elle dans sa biographie quand elle apprend à lire et à écrire en français.- Le monde est plein de livres, des livres finalement compréhensibles, pour moi aussi ! » Dans la trilogie presque tous les personnages ont finalement un lien avec « le livre » : le curé prête des livres d’histoire et de géographie aux jumeaux ; Clara est une bibliothécaire qui cache des livres interdits et lit tout ce qui peut être lu ; Peter cache « le grand cahier » à la demande de Lucas et devient le premier lecteur de ce livre-journal. Les livres défilent tout au long de l’histoire, symbole d’espoir et de mémoire. 7 Notes de mise en scène La pièce que j’ai écrite auparavant et que nous avons créée avec un groupe de comédiens argentins était une petite introduction à la vie et à l’œuvre de Fernando Pessoa. Il s’agissait là aussi, en bonne partie, de stratégies que l’on crée pour vivre ou pour s’épargner la pénible tâche de devoir le faire. Fernando Pessoa s’était créé un monde de fiction dans lequel il n’était qu’un personnage parmi d’autres. Cela se traduisait sur le plan théâtral par un personnage manipulé, tel une marionnette, par ses propres créations. Chez Agota Kristof nous trouvons un univers où les personnages sont des entités à double ou triple visage, insaisissables. Leur émotion semble extrêmement contrôlée, comme si leur âme se tenait à leur côté ou qu’ils parlaient d’une voix qui ne provenait pas d’eux-mêmes ; comme s’ils avaient la volonté séparée de l’action. On dirait que nous ne savons pas bien qui est qui, quel personnage est vrai, lequel est une fiction ou un mensonge. Notre jeu théâtral explorera les différentes facettes de ce décalage. 8 Les objets, l’espace L’espace sera administré avec une « économie de guerre ». Quelques rares objets serviront à construire les éléments scénographiques. Ce sont des valises, des livres, des cageots. Tout peut arriver, tout peut devenir autre chose. Une table se fait avec trois cageots, avec quatre on peut faire un lit, une estrade, un comptoir… Une valise est une fenêtre ou une porte. Elle peut contenir des vêtements mais aussi des souvenirs. On peut dormir sur une valise… Une pile de livres c’est un petit banc, deux piles une table. Un livre c’est une vie. Une bibliothèque, une ville. 9 Extraits des dialogues… C’est peut être ce rapport non « naturel » à la langue qui dépouille l’écriture de Kristof de tout accessoire. On trouvera chez elle très peu d’adjectifs, des phrases souvent courtes et sans détour. Des dialogues pointus. Voici la scène qui ouvre la pièce : L’arrivée chez Grand-Mère Des pas. Une mère et deux enfants. Deux valises et un dictionnaire. Mère : attendez-moi ici. Mère : Il n’y a plus rien à manger chez nous, ni pain, ni viande, ni légumes, ni lait. Rien. Je ne peux plus les nourrir. Grand-mère : Alors, tu t’es souvenue de moi. Pendant dix ans, tu ne t’étais pas souvenue. Tu n’es pas venue, tu n’as pas écrit. Mère : Vous savez bien pourquoi. Mon père, je l’aimais, moi. Grand-mère : Oui, et maintenant tu te rappelles que tu as aussi une mère. Tu arrives et tu me demandes de t’aider. Mère : Je ne demande rien pour moi. J’aimerais seulement que mes enfants survivent à cette guerre. La Grande Ville est bombardée jour et nuit, et il n’y a plus de nourriture. On évacue les enfants à la campagne, chez des parents ou chez des étrangers, n’importe où. Grand-mère : Tu n’avais qu’à les envoyer chez des étrangers, n’importe où. Mère : Ce sont vos petits-fils. Grand-mère : Mes petits-fils ? Je ne les connais même pas. Ils sont combien ? Mère : Deux. Deux garçons. Des jumeaux. Grand-mère : Qu’est-ce que tu as fait des autres ? Mère : Quels autres? Grand-mère : Les chiennes mettent bas quatre ou cinq petits à la fois. On en garde un ou deux, les autres, on les noie. Ils ont un père, au moins ? Tu n’es pas mariée, que je sache. Je n’ai pas été invitée à ton mariage. Mère : Je suis mariée. Leur père est au front. Je n’ai pas de nouvelles depuis six mois. Grand-mère : Alors, tu peux déjà faire une croix dessus. Mère : (aux jumeaux) Voici votre Grand-Mère. Vous resterez chez elle pendant un certain temps, jusqu’à la fin de la guerre. Grand-mère : Ça peut durer longtemps. Mais je les ferai travailler, ne t’en fais pas. La nourriture n’est pas gratuite ici non plus. Mère : Je vous enverrai de l’argent. Dans les valises, il y a leurs vêtements. Des draps et des couvertures. Soyez sages, mes petits. Je vous écrirai. Grand-mère : (en riant très fort) Des draps, des couvertures ! Chemises blanches et souliers laqués ! Je vous apprendrai à vivre, moi ! 10 C’est dans ce contexte hostile qu’ils grandiront et feront plein de rencontres. Voici une scène avec un personnage qu’ils ont décidé de protéger. Cette scène a lieu après que les jumeaux l’aient vu avoir une relation sexuelle avec leur chien. Bec-de-Lièvre Bec-de-Lièvre : Sales petits espions ! Qu’est-ce que vous avez vu ? Jumeaux : Nous t’avons vue jouer avec notre chien. Bec-de-Lièvre : Je suis toujours votre copine ? Jumeaux : Oui. Et nous te permettons de jouer avec notre chien tant que tu veux. Bec-de-Lièvre : Et vous ne direz à personne ce que vous avez vu ? Jumeaux : Nous ne disons jamais rien à personne. Tu peux compter sur nous. (Elle s’assied, elle pleure) Bec-de-Lièvre : Il n’y a que les bêtes qui m’aiment. Jumeaux : Est-ce vrai que ta mère est folle ? Bec-de-Lievre : Non. Elle est seulement sourde et aveugle. Jumeaux : Que lui est-il arrivé ? Bec-de-Lievre : Rien. Rien de spécial. Un jour, elle est devenue aveugle et, plus tard, elle est devenue sourde. Elle dit que pour moi ce sera pareil. Vous avez vu mes yeux ? Le matin, quand je me réveille, mes cils sont collés, mes yeux sont pleins de pus. Jumeaux : C’est certainement une maladie qui peut être guérie par la médecine. Bec-de-Lièvre : Peut-être. Mais comment aller chez un médecin sans argent ? De toute façon, il n’y a pas de médecin. Ils sont tous au front. Jumeaux : Et tes oreilles ? Tu as mal aux oreilles ? Bec-de-Lievre : Non, avec mes oreilles, je n’ai aucun problème. Et je crois que ma mère non plus. Elle fait semblant de ne rien entendre, ça l’arrange quand je lui pose des questions. 11 Quand les jumeaux découvrent quelque chose d’extraordinaire, comme la cécité et la surdité de la mère de Bec de Lièvre, cela donne souvent lieu à un exercice qu’ils exécutent avec régularité pour se préparer à la vie. Ils en ont plusieurs, comme l’exercice d’endurcissement du corps, de l’esprit, l’exercice d’immobilité, d’habilité, etc. Voila un bel exemple de l’écriture rude et poétique de Kristof. Cette scène sert également au spectateur à connaître le contexte dans lequel les jumeaux vivent. Exercice de cécité et de surdité L’un fait l’aveugle, l’autre fait le sourd. L’aveugle attache un fichu noir devant ses yeux, le sourd se bouche les oreilles avec de l’herbe. Jumeaux : (au public) Nous allons nous promener pendant les alertes, quand les gens se cachent dans les caves et que les rues sont désertes. Jumeau-sourd : La rue est droite et longue. Elle est bordée de maisons basses, sans étage. Elles sont de couleurs blanche, grise, rose, jaune et bleue. Au bout de la rue, on voit un parc avec des arbres et une fontaine. Le ciel est bleu, avec quelques nuages blancs. On voit des avions. Cinq bombardiers. Ils volent bas. Jumeau-aveugle : (parle lentement pour que le sourd puisse lire sur ses lèvres) J’entends les avions. Ils produisent un bruit saccadé et profond. Leur moteur peine. Ils sont chargés de bombes. Maintenant, ils sont passés. J’entends de nouveau les oiseaux. Sinon, tout est silencieux. Jumeau-sourd : Oui, la rue est vide. Jumeau-aveugle : Pas pour longtemps. J’entends des pas approcher dans la rue latérale, à gauche. Jumeau-sourd : Tu as raison. Le voilà, c’est un homme. Jumeau-aveugle : Comment est-il ? Jumeau-sourd : Comme ils sont tous. Pauvre, vieux. Jumeau-aveugle : Je le sais. Je reconnais le pas des vieux. J’entends aussi qu’il est pieds nus, donc il est pauvre. Jumeau-sourd : II est chauve. Il a une vieille veste de l’armée. Il a des pantalons trop courts. Ses pieds sont sales. Jumeau-aveugle : Ses yeux ? Jumeau-sourd : Je ne les vois pas. Il regarde par terre. Jumeau-aveugle : Sa bouche ? Jumeau-sourd : Lèvres trop rentrées. Il ne doit plus avoir de dents. Jumeau-aveugle : Ses mains ? Jumeau-sourd : Dans les poches. Les poches sont énormes et remplies de quelque chose. De pommes de terre, ou de noix, ça fait de petites bosses. Il lève la tête, il nous regarde. Mais je ne peux pas distinguer la couleur de ses yeux. Jumeau-aveugle : Tu ne vois rien d’autre? Jumeau-sourd : Des rides, profondes comme des cicatrices, sur son visage. Jumeau-aveugle: J’entends les sirènes. C’est la fin de l’alerte. Rentrons. Jumeaux : (au public) Plus tard, avec le temps, nous n’avons plus besoin de fichu pour les yeux ni d’herbe pour les oreilles. Celui qui a fait l’aveugle tourne simplement son regard vers l’intérieur, le sourd ferme ses oreilles à tous les bruits. 12 Et voici la scène par laquelle on apprend la fin de Bec de Lièvre. Elle a lieu après « la libération ». L’incendie Ils vont chez Bec de Lièvre. La porte de la masure est ouverte. La voisine, couchée sur la table de la cuisine. Ses jambes pendent, ses bras sont posés sur son visage. Elle ne bouge pas. Bec-de-Lièvre est couchée sur le lit. Elle est nue. Entre ses jambes écartées il y a une flaque séchée de sang et de sperme. Jumeux : Bec-de-Lièvre est morte ? La voisine : Allez-vous-en. Jumeaux: (à la voisine) Vous n’êtes pas sourde ? La voisine : Non. Je ne suis pas aveugle non plus. Allez-vous en. Jumeaux : Nous voulons vous aider. La voisine : Je n’ai pas besoin d’aide. Je n’ai besoin de rien. Allez-vous-en. Jumeaux : Qu’est-ce qui s’est passé ici ? La voisine : Vous le voyez bien. Elle est morte, n’est-ce pas ? Jumeaux : Oui. C’était les nouveaux étrangers ? La voisine : C’est elle qui les a appelés. Elle est sortie sur la route, elle leur a fait signe de venir. Ils étaient douze ou quinze. Et pendant qu’ils lui passaient dessus, elle n’arrêtait pas de crier : « Comme je suis contente, comme je suis contente ! Venez tous, venez, encore un, encore un autre ! » Elle est morte heureuse, baisée à mort. Mais moi, je ne suis pas morte ! Je suis restée couchée là, sans manger, sans boire, je ne sais depuis combien de temps. Et la mort ne vient pas. Quand on l’appelle, elle ne vient jamais. Elle s’amuse à nous torturer. Je l’appelle depuis des années et elle m’ignore. Jumeaux : Vous désirez vraiment mourir ? Voisine : Qu’est-ce que je pourrais désirer d’autre ? Si vous voulez faire quelque chose pour moi, mettez donc le feu à la maison. Je ne veux pas qu’on nous trouve comme ça. Jumeaux : Mais vous allez atrocement souffrir. Voisine : Ne vous occupez pas de ça. Mettez le feu, c’est tout, si vous en êtes capables. Grand-Mère: La maison de la voisine a brûlé. Elles y sont restées, sa fille et elle. La fille a dû oublier quelque chose sur le feu, folle qu’elle est. Jumeaux: (au public) Nous y retournons pour prendre les poules et les lapins, mais d’autres voisins les ont déjà pris pendant la nuit. 13 Extrait de La preuve Il s’agit d’un fragment final du monologue dialogué et fantasmé de Victor. C’est lui-même qui l’a écrit à côté du cadavre de sa sœur Sophie. […] Victor : Ne me dérange pas ! J’ai des idées magnifiques ! Il faut que je les note avant qu’elles s’envolent. La sœur : (de derrière la porte) Je ne voulais pas te déranger. Je voulais seulement te souhaiter bonne nuit. Victor : Bonne nuit, Sophie ! (il écoute, elle ne part pas…) La sœur : J’avais une cliente très exigeante. Il faut que sa robe soit prête pour le Nouvel An. Pardonne-moi, Victor, pour le repas que tu as dû prendre seul. Victor : Aucune importance, va au lit, Sophie, il est tard. La sœur : Pourquoi as-tu fermé ta porte à clé, Victor ? Tu n’aurais pas dû fermer ta porte à clé. Cela n’était vraiment pas nécessaire. (Il boit une gorgé d’eau-de-vie pour se calmer) Victor : Je ne veux pas être dérangé. J’écris. La sœur : C’est bien. C’est très bien, Victor. 14 La sœur : Il est deux heures. Comment peux-tu dormir aussi longtemps ? Victor : J’ai écrit jusqu’à cinq heures du matin. Je suis un artiste. J’ai le droit de travailler quand je le veux, quand l’inspiration me le permet. La sœur : Tu as raison, Victor, pardonne-moi. L’auras-tu bientôt fini, ton livre ? Victor : Oui, bientôt. La sœur : Quel bonheur ! Ce sera un très beau livre. Les quelques passages que j’en ai lus m’en ont convaincue. Victor : (à voix basse) Pauvre conne… La sœur : Tu fumes ! Victor : Oui, je fume. Je ne peux pas écrire sans fumer. La sœur : Tu m’avais promis de ne plus fumer ! Victor : Je me l’étais aussi promis à moi-même. Mais je me suis rendu compte que j’étais incapable d’écrire si je ne fumais pas. C’est un cas de conscience pour moi, Sophie. Si j’arrête de fumer, j’arrête aussi d’écrire. La sœur : Fume donc, ce n’est pas si grave, et si c’est pour ton livre... Victor : Je l’ai fini, Sophie. Il faut maintenant que je le corrige et que je le tape à la machine. C’est un grand travail. La sœur : Je n’aurais jamais pensé qu’écrire un livre prenait autant de temps. Victor : Un livre, ce n’est pas une robe, Sophie, ne l’oublie pas. Victor: L’été est venu. Je souffrais terriblement de la chaleur. Je passais mes après-midi dans la forêt, couché sous les arbres. Parfois je m’endormais, je faisais des rêves confus. Un soir l’orage m’a surpris dans mon sommeil, un orage terrible. C’était le quatorze août. Je suis sorti de la forêt aussi vite que j’ai pu avec ma jambe malade. Je me suis précipité à l’abri dans le premier bistrot venu. Des ouvriers, des gens simples y buvaient des verres. Ils se réjouissaient tous de l’orage, car cela faisait plusieurs mois qu’il n’avait plu. J’ai commandé une limonade, ils ont ri et l’un d’entre eux m’a tendu un verre de vin rouge. Je l’ai accepté. Ensuite, j’ai commandé une bouteille et j’ai offert du vin à tous. Cela a continué ainsi pendant que la pluie tombait, je commandais une bouteille après l’autre, je me sentais merveilleusement bien, entouré par une amitié chaleureuse. J’ai dépensé tout l’argent que j’avais sur moi. Mes compagnons s’en allaient les uns après les autres, moi je n’avais pas envie de rentrer, je me sentais seul, je n’avais pas de chez moi, je ne savais où aller, j’aurais voulu rejoindre ma maison, ma librairie, dans la petite ville lointaine qui était l’endroit idéal, je le savais maintenant avec certitude, je n’aurais jamais dû quitter cette ville frontière pour rejoindre ma soeur que je haïssais depuis l’enfance. Le patron du bistrot : On ferme ! Victor: Dans la rue ma jambe gauche, ma jambe malade s’est dérobée sous moi, je suis tombé. Je ne me souviens plus du reste. Je me suis réveillé baigné de sueur dans mon lit. Je n’osais pas sortir de ma chambre. Des bribes de souvenirs me revenaient lentement. Des visages hilares, vulgaires, dans un bistrot de banlieue... Plus tard, la pluie, la boue... l’uniforme des policiers qui m’ont ramené... le visage décomposé de ma soeur... mes injures à son égard... le rire des policiers... La maison était silencieuse. Dehors, le soleil brillait de nouveau, la chaleur était suffocante. Je me suis levé, j’ai sorti ma vieille valise de sous le lit, j’ai commencé à y empiler mes vêtements. C’était la seule solution. Partir d’ici au plus vite. La tête me tournait. Mes yeux, ma bouche, ma gorge étaient brûlants. J’avais le vertige, j’ai dû m’asseoir. Je pensais que je n’arriverais jamais à la gare dans cet état. J’ai fouillé dans la corbeille à papier, j’y ai trouvé une bouteille d’eau-de-vie à peine entamée. J’ai bu au goulot. Je me suis senti mieux. J’ai tâté ma tête. J’avais une bosse douloureuse derrière l’oreille gauche. J’ai repris la bouteille, je l’ai portée à ma bouche, et ma soeur est entrée dans ma chambre. J’ai déposé la bouteille, j’attendais. Ma soeur aussi attendait. Le silence a duré longtemps. C’est elle qui l’a rompu d’une voix calme et bizarre : Sophie : Qu’as-tu à me dire ? 15 Victor : Rien. Sophie : C’est trop facile ! Ce serait trop facile ! Monsieur n’a rien à dire ! Il se fait ramasser par la police, ivre mort, couché dans la boue, et monsieur n’a rien à dire ! Victor : Laisse-moi. Je m’en vais. Sophie : Oui, je vois, tu prépares ta valise. Mais où iras-tu, pauvre imbécile, où irais-tu sans argent? Victor : J’ai encore à la banque de l’argent qui me reste de la vente de la librairie. Sophie : Ah, oui ? Je me demande ce qu’il en reste de ton argent. Tu l’as bradée, ta librairie, et le peu d’argent que tu en as tiré, tu l’as dilapidé en boisson, en cigarettes. Victor : Il m’en reste encore assez pour partir. Sophie : Et moi ? Je n’ai pas été payée, moi. Je t’ai nourri, logé, soigné. Qui me remboursera de tout cela ? Victor : (en bouclant sa valise) Je te rembourserai. Laisse-moi partir. Sophie : (brusquement adoucit). Ne fais pas l’enfant, Victor. Je te pardonne une dernière fois. Ce qui est arrivé hier soir n’était qu’un accident, une rechute. Tout changera dès que tu auras fini ton livre. Victor : Quel livre ? Sophie : (en soulevant le « manuscrit ») Ce livre-là. Ton livre. Victor : Je n’en ai pas écrit une seule ligne. Sophie : Il y a près de deux cents pages dactylographiées. Victor : Oui, deux cents pages copiées dans toute sorte de livres. Sophie : Copiées ? Je ne comprends pas. Victor : Tu ne comprendras jamais rien. Ces deux cent pages, je les ai copiées dans des livres. Il n’y a pas une seule ligne de moi. (Elle le regarde. Victor boit longuement) Sophie : Je ne te crois pas. Tu es ivre. Tu dis n’importe quoi. Pourquoi aurais-tu fait cela ? Victor : Pour te faire croire que j’écrivais. Mais je ne peux pas écrire ici. Tu me déranges, tu m’épies sans cesse, tu m’empêches d’écrire, te voir, ta seule présence dans la maison m’empêchent d’écrire. Tu détruis tout, dégrades tout, anéantis toute création, vie, liberté, inspiration. Depuis l’enfance, tu ne fais que me surveiller, me diriger, m’emmerder, depuis l’enfance ! (Sophie reste silencieuse pendant un moment) Sophie : J’ai tout sacrifié pour ton travail, pour ton livre. Mon travail à moi, mes clientes, mes dernières années. Je marchais sur la pointe des pieds pour ne pas te déranger. Et tu n’as pas écrit une seule ligne depuis près de deux ans que tu es là ? Tu ne fais que manger, boire et fumer ! Tu n’es qu’un feignant, un bon à rien, un ivrogne, un parasite ! J’ai annoncé la parution de ton livre à toutes mes clientes ! Et tu n’as rien écrit ? Je serai la risée de toute la ville ! Tu as apporté le déshonneur dans ma maison ! J’aurais dû te laisser croupir dans ta sale petite ville et dans ta librairie crasseuse. Tu as vécu là-bas, seul, pendant plus de vingt ans, pourquoi n’as-tu pas écrit un livre là-bas où je ne te dérangeais pas, où personne ne te dérangeait ? Pourquoi ? Parce que tu serais incapable d’écrire la moindre ligne d’un livre même médiocre, même dans la situation la plus favorable, et dans les conditions les meilleures. Victor: (au public) Je continuais à boire pendant qu’elle parlait et c’est de loin, comme venant de la pièce à côté que j’ai entendu ma voix lui répondre. Je, lui disais qu’elle avait raison, La voix de lui-même (elle est comme un murmure qu’on entend de loin) : Tu as raison… Victor: que je ne pourrais, ne pouvais écrire quoi que ce soit tant qu’elle serait en vie. La voix de lui-même : c’est toi qui m’empêche d’écrire tu sais ? Victor: Je lui ai rappelé nos expériences sexuelles enfantines dont elle était l’initiatrice, étant mon aînée de plusieurs années, et qui m’ont choqué au-delà de ce qu’elle pouvait imaginer. La voix de lui-même : tu me touchais, tu te rappelles ? Victor: Ma soeur répondait que ce n’étaient que des jeux d’enfants, qu’il était de mauvais goût de 16 reparler de ces choses, surtout qu’elle était restée vierge et que « cela » ne l’intéressait plus depuis longtemps. J’ai dit que je savais que « cela » ne l’intéressait pas, elle se contentait de caresser les hanches et les seins de ses clientes, je l’ai observée pendant ses essayages, j’ai vu le plaisir qu’elle prenait à toucher ses clientes jeunes et belles comme jamais elle ne l’avait été elle-même, elle n’avait jamais été qu’une vicieuse. Je lui ai dit qu’à cause de sa laideur et à cause de son puritanisme hypocrite, elle n’avait jamais pu intéresser un homme quel qu’il soit. Alors elle s’était tournée vers ses clientes et sous prétexte de prendre des mesures, de lisser le tissu, elle se livrait à des attouchements sur ces femmes jeunes et belles qui lui commandaient des robes. Sophie : Tu as dépassé les bornes, Victor, cela suffit ! Elle attrape la bouteille, la bouteille d’eau-de-vie, elle la frappe contre la machine à écrire, l’eau-devie se répand sur le bureau. Tenant le goulot de la bouteille cassée, elle s’approche de Victor. Lui et toutes ses voix se lèvent, immobilisent son bras, elle lâche la bouteille. Noir. Bruit de la bouteille qui éclate contre le sol. Victor : (voix-off) Nous sommes tombés sur le lit, je me suis couché sur elle, mes mains ont serré son cou maigre et, quand elle a cessé de se débattre, j’ai éjaculé. 17 TODA VIA Association 1901 58, rue Georges Boisseau 92110 – Clichy Paula Giusti 06 22 14 51 67 01 42 58 34 52 [email protected] www.toda-via-teatro.com.ar [email protected] La compagnie Toda Vía Teatro naît spontanément au cours du travail de création de la pièce : Autour de la stratégie la plus ingénieuse pour s’épargner la pénible tâche de vivre , écrite et mise en scène par Paula Giusti. Présentation subjective et ludique de la vie et de l’œuvre de Fernando Pessoa, cette première pièce constitue le point de départ d’un chemin et d’une aventure qui souhaite s’étendre et se développer dans le temps. Toda Vía Teatro se reconnaît dans un théâtre où la poésie imprègne le texte, la forme et les rapports avec le public ; où parole et corps du comédien se prononcent avec la même importance dans une recherche qui vise à leur trouver une place juste sur la scène, une dynamique nouvelle entre le contenu et les formes. Notre recherche se rapproche plus d’un théâtre de convention et de stylisation que d’une quête partant du naturalisme ou de la psychologie. Toda Vía Teatro est un laboratoire théâtral ainsi qu’une compagnie, qui souhaite approfondir la recherche et l’étude, produire des échanges grâce à d’autres expériences et contribuer humblement à l’art théâtral. C’est pour cela que nous avons développé, parallèlement au travail créatif, une recherche dans le domaine du training. Nous avons sélectionné, et nous continuons à le faire, des exercices qui constituent l’échauffement du comédien et qui vont lui permettre d’aller vers une musicalisation, un dessin du corps et une coordination de la parole et du mouvement (paroles empruntées à Meyerhold). 18 Notre parcours… 2006 • Novembre Résidence de création d’un mois pour le nouveau travail de création de la Compagnie sur la trilogie d’Agota Kristof, Théâtre Camploy, Vérone, Italie. Une présentation de Autour de la stratégie…, Théâtre Camploy, Vérone, Italie. Une présentation de Autour de la stratégie…, dans le Théâtre de Villaba, Espagne. Conférence-démonstration dans le Cours d’Histoire du Théâtre et du Spectacle, Faculté de Lettres et Philosophie de l’Université de Vérone, Italie. 2006 • Octobre Quatre présentations de Autour de la stratégie…, au Festival de Otoño de Madrid, Madrid, Espagne. Une présentation à la Feria de Castilla, La Mancha, Espagne. Une présentation à la Escuela de teatro de Navarra, Espagne. 2006 • Septembre Trois présentations de Autour de la stratégie…, dans le Centre Culturel Virla, San Miguel de Tucumán, Argentine. Stage de cinq jours tenu par Paula Giusti auprès de «NDS - New Sardinian School of Performing Arts», Sardaigne, Italie. 2006 • Août Une présentation de Autour de la stratégie…, au Teatro de la Vuelta del Siglo, Jujuy, Argentine. Stage de trois jours de la Compagnie avec le soutien de la Faculté des Arts de l’Université National de Tucumán, Tucumán, Argentine. 2005 • Novembre – Décembre Neuf présentations au « Théâtre de l’Epée de Bois », dans le cadre du Festival Premiers Pas organisé par le Théâtre du Soleil, Cartoucherie de Vincennes, France. 2005 • Septembre – Octobre Trois présentations de Autour de la stratégie…, dans le Centre Culturel Virla, San Miguel de Tucumán, Argentine. Deux présentations de Autour de la stratégie…, à la Casa de la Cultura dans le cadre du programme « Pertenencia » organisé par le Fondo Nacional de las Artes, Buenos Aires, Argentine. 2005 • Mai – Juin Présentations de Autour de la stratégie… chaque dimanche dans le théâtre « Casa Club », Tucumán, Argentine. La pièce Autour de la stratégie… participe au 4ème Festival de Théâtre Expérimental Victor García, Tucumán, Argentine. La pièce Autour de la stratégie… participe et gagne la Fête Provinciale de la Ville de Tucumán organisée par l’Institut National du Théâtre. 2004 • Novembre Deux présentations de Autour de la stratégie… au Théâtre Poul Groussac, Tucuman, Argentine. 2004 • Septembre – Octobre La première de Autour de la stratégie la plus ingénieuse pour s’épargner la pénible tache de vivre a lieu le 29 septembre au Théatre El Pulmón, avec la présence de Maria Teresa Rita Lopes (spécialiste de Fernando Pessoa) avec le soutien de la Fondation Calouste Gulbenkian de Portugal et l’Institut Camoes de Buenos Aires. 19 Ce qu’ils ont dit de notre travail… « […]La délicatesse, l’intériorité, la légèreté rapide, alliées à la profondeur, la force précise du dessin des corps, la simplicité de l’ensemble et en même temps l’humour, la versatilité, bref la théâtralité fraîche mais déjà très mûre de votre travail à tous, m’a vraiment surprise et émue.[…] » Ariane Mnouchkine (France), suite au Festival Premiers Pas, dans une lettre à Paula Giusti. « […]Son travail, outre qu’il met en évidence une connaissance de l’univers de Pessoa, contient une authenticité, une audace, une imagination poétique et une rigoureuse exégèse des textes de l’auteur[…] » Maria Teresa Rita Lopes (Portugal), spécialiste de la littérature de Fernando Pessoa. « […]le spectacle est aussi beau et confondant que son titre. Pessoa apparaît sous quatre personnages différents et cet « excès de Mois » lutte sans cesse pour la priorité. Giusti traduit cela dans un langage corporel joyeux et détendu, qui tient tout en equilibre, même la douleur de la perte de soi, et qui fait de ce joli petit spectacle une sorte de drogue initiale pour futurs toxicomanes de l’œuvre de Pessoa. », Renate Klett (Allemagne), suite au Festival de Otoño de Madrid. « Comme dans un texte de Pessoa, la fidèle recherche de Paula Giusti réussit à créer l’atmosphère d’un rêve métaphysique, grâce aussi à une scénographie aussi simple qu’efficace. Quatre chaises, un lit d’hôpital, une petite table et une malle qui, dans le jeu parfait d’ombres et de lumières, apparaissent comme des représentations d’un esprit qui a transmuté consciemment la réalité en un rêve. », Leonardo Vilei (Italie), suite au Festival de Otoño de Madrid. « […]Les cinq comédiens sont en scène en train d’exécuter la même musique avec ses différents instruments. Et cette musique est partagée par les spectateurs dans un inoubliable moment d’émotion, qui, après la représentation, nous permet une profonde réflexion sur la condition humaine et artistique. C’est la « tucumana » Paula Giusti que dirige le spectacle avec une précision mathématique. Merci à tous. Vous le savez, si vous avez la possibilité, ne ratez pas ce spectacle » Luis Jaime-Cortez (Argentine), dans une lettre au CELTIT. « La pièce déborde d’une poésie exquise dans tous ses angles et nous invite encore et encore à rêver, ce qui peut s’interpréter comme une vraie stratégie pour vivre ou s’épargner de le faire. » Jorge Figueroa (Argentine), journal La Gaceta de Tucumán. En 2007… …la compagnie se remet au travail de création autour de la trilogie d’Agota Kristof (Le grand cahier, La preuve et Le troisième mensonge). 20 Qui sommes-nous ? La compagnie Toda Vía Teatro est composée d’artistes d’origines et de formations diverses qui se reconnaissent dans un théâtre poétique, un théâtre qui mène le comédien à développer un corps et un imaginaire capable de s’exprimer dans un langage non naturaliste. C’est pourquoi la danse, la musique ont une place centrale dans notre quête théâtrale même si le texte garde une grande importance. Paula Giusti, metteur en scène, comédienne, est originaire de Tucumán en Argentine, elle y a étudié le théâtre à la faculté des Arts et la danse contemporaine auprès de Beatriz Labatte. En France elle fait son DEA à Paris 8 dans le domaine de l’analyse de texte dramatique et suit une formation pratique à l’école L’œil du Silence, dirigée par Anne Sicco. Elle reçoit une bourse de la Fondation Gulbenkian pour étudier le théâtre de Fernando Pessoa. Ces études l’amènent à écrire et à monter la pièce Autour de la stratégie la plus ingénieuse pour s’épargner la pénible tâche de vivre. Celle-ci est présentée en Argentine, en Italie, à Paris : au Festival Premiers Pas, en Espagne : entre autres au Festival de Otoño de Madrid. Elle suit des stages avec Ariane Mnouchkine, Julia Varley Larsen, Mamadou Dioume Elle reçoit une distinction pour son parcours universitaire et le prix Iris Marga pour l’interprétation dans le One woman show Chronique de l’errante et invincible fourmi argentine. Elle dirige la compagnie Toda Vía Teatro. Les comédiens : Veronica Endo, comédienne d’origine péruvienne, danseuse, chorégraphe, pédagogue. Depuis ses débuts au Pérou comme danseuse classique, elle se confronte au répertoire néo-classique, moderne et contemporain au sein de compagnies internationales prestigieuses. Elle travaille au Ballet National de Santiago du Chili, de Lima au Pérou. Elle poursuit sa carrière en Hongrie dans L’opéra National de Budapest. Elle y travaille comme soliste ainsi que dans le Ballet National de Pecs. Au théâtre à Paris, elle travaille avec Omar Porras dans deux de ses créations dont l’une est actuellement dans le répertoire de la Comédie Française. Elle travaille avec Gilbert Deflo en tant qu’assistante chorégraphie pour le Festival d’Edinburgh 2007. Florian Westerhoff se forme en tant que comédien à l’école Claude Mathieu à Paris. Aussitôt après il commence à jouer, en Bretagne avec la compagnie Aquilon, dirigée par Amélie Porteu. Il travaille dans Oedipe Tyran de Sophocle sous la direction de Benno Besson à la Comédie Française. Il joue actuellement Jeux de mots laids pour gens bêtes, comédie musicale d’après les textes et les chansons de Boby Lapointe mise en scène par Léonie Pingeot. Il a tourné dans plusieurs courts métrages d’élèves de la Fémis et de réalisateurs indépendants et enregistré des fictions sonores pour la chaîne télévisée Arte et pour la Maison de la Radio. Il se forme également à la fabrication et au jeu du masque auprès de Jean-Marie Binoche. Oriane Varak, comédienne et danseuse, se forme en flamenco à Séville auprès de Manolo Marin et Adela Campallo, et s’installe à Paris par la suite pour étudier à l’École Internationale de Théâtre Jacques Lecoq. Elle s’intéresse à la danse-théâtre qu’elle étudie avec Julie Stanzak de la compagnie Pina Bausch. Elle entame un travail personnel de la voix qui la mène à l’étude de la mise en scène lyrique à Venise auprès de Pier Luigi Pizzi lors de la création d’un opéra au Théâtre Malibran. Elle suit des stages avec Mamadou Dioume du CICT de Peter Brook, de Commedia dell’Arte avec Carlo Bosso, de marionnettes russes avec Vladimir Kantor, Stanislav Jeleskin et Galina Molotova et de théâtre masqué avec Ariane Mnouchkine du Théâtre du Soleil. Elle joue depuis ses débuts dans de nombreux spectacles de théâtre et de danse-théâtre, du répertoire classique et contemporain, et elle travaille depuis 2006 avec Omar Porras à la ComédieFrançaise. 21 Laure Pagès, comédienne, clown et pédagogue, se forme au théâtre à l’Université, à l’Ecole Internationale de Théâtre Jacques Lecoq et en suivant plusieurs stages professionnels. Notamment en théâtre avec Ariane Mnouchkine, Thomas Prattki, Jos Houben, Paola Rizza ; en clown avec Michel Dallaire, Gabriel Chame Buendia, en mouvement avec Yves Marc et Claire Heggen. Son parcours est pluridisciplinaire, jalonné d’expériences théâtrales diverses. Elle travaille en jeu masqué avec le Théâtre du Kronope, joue dans des spectacles en direction du Jeune Public, dans des créations collectives mêlant jeu, chant et danse et dans le répertoire contemporain. Elle porte une attention particulière à un jeu axé sur le mouvement et est très attachée au métissage des arts, à la rencontre de différentes disciplines et notamment du clown et du mouvement. Par ailleurs, elle est «intervenante théâtre» au Théâtre de la Tête Noire et en milieu scolaire. Dominique Cattani, comédien et pédagogue se forme aux Arts et Métiers du Spectacle à l’Université d’Aix en Provence. Il débute en tant que comédien avec plusieurs compagnies marseillaises : In pulverem Reverteris, Les foules du dedans, Cithéa autour du répertoire classique et contemporain. Parallèlement, il s’intéresse à la manipulation de marionnettes et d’objets et il conçoit et interprète Son of a gun d’après les nouvelles de C. Bukowsky. Son parcours, basé sur diverses formes théâtrales, l’amène à suivre des stages avec Julie Brochen, Omar Porras, Linda wise, Catherine Germain. En 2002, il intègre la compagnie Philippe Genty en tant que comédien et dirige divers stages basés sur le mouvement et la marionnette. Sonia Enquin, danseuse et comédienne d’origine argentine, fait ses études au Théâtre San Martin et rejoint la compagnie dirigée par Oscar Araiz. Elle travaille en même temps avec plusieurs compagnies de théâtre en Argentine. En 1995 elle part à New York comme boursière chez Trisha Brown et travaille au Mouvement Research Project. Deux ans après elle s’intalle en France où elle travaille tout de suite avec La Fura del Baus, Laura Scozzi, Colline Serreau, Philippe Genty et Felix Ruckert. Elle suit depuis quelques années la formation de la Méthode Feldenkrais. Son intérêt pour le théâtre l’amène à suivre plusieurs stages de théâtre et de clown avec Omar Porras et Fred Robbe et de danse avec Wim Vandekeybus. Nathalie Franenberg, comédienne, marionnettiste, pédagogue, fait des études en Lettres et commence tout de suite à développer une activité de pédagogue et de metteur en scène auprès de groupes d’adolescents. Elle se forme ensuite aux Arts du Spectacle à la Sorbonne Nouvelle, s’initie à la marionnette auprès de François Lazaro et monte sous sa direction Altercation, un spectacle de pantins qu’elle joue au festival Clasticages de Clichy. Elle participe à plusieurs spectacles dirigés par Marco Candore, avec la compagnie Vous êtes ici, dont La ferme des animaux adaptation du texte d’Orwel, et Yoco fête son anniversaire de Roland Topor. Depuis 2006 elle est également l’assistante d’Anca Visdei, auteur dramatique et jouera dans sa pièce Toujours ensemble avec la compagnie La Skena. Nathalie Perquin est une jeune comédienne qui a suivi différentes formations théâtrales, notamment auprès de Malik Rumeau, Tapa Su Dana, Antoine Herbez, Patricia Samuel, Randal Douc. Dans le cadre de sa formation, elle s’intéresse au clown, aux masques, à l’aïkido, à la samba aux danses d’Afrique. Elle va au Mali pour un apprentissage direct des danses traditionnelles et suit de nombreux stages en France, avec notamment : Stéphane Cheynis, David Lescot, Eléonore Marino, et Sylvie Raboutet. Elle a joué, entre autres, dans diverses créations, comme Transition au Théâtre du gymnase, et La maison de Bernarda Alba de Federico Garcia- Lorca mis en scène par Sophie Bernarhd. 22 Pablo Diaz est comédien, animateur, et musicien d’origine argentine. Il se forme au théâtre en Argentine avec Norman Briski mais surtout au sein de l’école de techniques d’improvisation El Cuervo dirigée par Pompeyo Audivert. Intéressé par le contact direct du public, il organise des soirées d’improvisation théâtrale dans les bars à Buenos Aires. Dans le même état d’esprit, il présente à Paris dans le bar L’ambassadeur une pièce de Patrick Suskin, La contrebasse, dirigée par Nicola Simonin avec qui il prépare actuellement un monologue de Dostoïevski, Carnets de sous-sol. En France il continue sa formation de clown et de masque avec Donald Paz et il continue ses études de violon à l’ EPHEM (Ecole de la pratique musicale). 23 Les dessins originaux de chacun des personnages ont été realisés au crayon sur papier par Paula Giusti. La composition des illustrations et le travail de graphisme est de Pablo Flaiszman. www.pabloflaiszman.com TODA VIA Association 1901 58, rue Georges Boisseau 92110 – Clichy Paula Giusti [email protected] 0033 (0) 6 22 14 51 67 0033 (0) 1 42 58 34 52 Laetitia Dissard Chargée de diffusion et communication [email protected] 0033 (0) 6 18 35 16 33 0033 (0) 1 43 55 50 47 www.toda-via-teatro.com.ar [email protected] 24