Centres sociaux et développement durable

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Centres sociaux et développement durable
R H Ô N E
Centres sociaux et développement
durable : quels liens ? quels enjeux ?
L’état de la question perçue par les
acteurs et inscrite dans leurs projets
Rapport final
15 janvier 2007
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Sommaire
PRÉAMBULE
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1 - SYNTHÈSE DE L’ÉTUDE
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2 - CAHIER DES CHARGES
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4 - VOYAGE D’ÉTUDE À LILLE
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5 - ENTRETIENS AVEC DES CENTRES SOCIAUX DU RHÔNE
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ANNEXE : GUIDE D’ENTRETIEN SUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE
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Préambule
Dans le cadre de sa mission, la Fédération des centres sociaux du Rhône est amenée à soutenir, aider les
équipes de professionnels des 75 équipements dans la réalisation de projets spécifiques. Ainsi, pendant
plusieurs années, nous avons coordonné l’opération d’arrachage de l’ambroisie financée par la Mission Ecologie
du Grand Lyon.
A cette occasion, nous avons pu constater que les centres sociaux n’étaient pas, loin de là, insensibles aux
questions liées à l’éducation à l’environnement, mais que par manque de soutien méthodologique, ils
développaient peu de projets autour de cette thématique avec les habitants (jeunes et adultes) des quartiers
dans lesquels ils sont implantés.
Pour répondre à une interrogation du Grand Lyon qui souhaitait savoir comment les centres sociaux se
saisissaient des enjeux du développement durable, nous lui avons proposé d’aller à la rencontre de certains
d’entre eux .
Ce rapport donne à voir comment des professionnels et administrateurs de centres sociaux du Rhône
appréhendent le développement durable, ce qu’ils font déjà en la matière, souhaitent faire, mais aussi leurs
questionnements et doutes.
Au-delà du panorama qu’il propose, ce rapport est également une « base de travail » pour envisager les actions
que notre Fédération pourrait proposer aux centres sociaux souhaitant renforcer ou développer des actions en
faveur d’un développement durable.
Michèle Descamps
Présidente de la Fédération des centres sociaux du Rhône
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1 - Synthèse de l’étude
La Fédération a été sollicitée par le Grand Lyon pour savoir comment les centres sociaux se saisissent
de la thématique du développement durable, notamment sur des territoires en politique de la ville.
Parce que les actions d’éducation au développement durable soutenues par le Grand Lyon sont moins
nombreuses sur ces territoires de l’agglomération que sur d’autres, et parce que les habitants y ont
souvent accès à moins d’opportunités pour faire face à un développement non durable, la communauté
urbaine pense que les centres sociaux qui y sont implantés ont un certain rôle à jouer pour y favoriser,
avec d’autres, un développement durable.
Pour répondre à la sollicitation du Grand Lyon, la Fédération lui a proposé de mener une investigation
consistant essentiellement en un voyage d’étude auprès de la Fédération du Nord qui travaille sur le
développement durable depuis 2003 et des entretiens auprès de 7 centres sociaux du Rhône. Elle a
mobilisé un chargé de mission et un délégué.
A partir d’une approche qui considère les différents piliers du développement durable, elle a permis de
montrer que les centres sociaux en sont déjà des acteurs :
- à travers la participation des habitants aux activités ( à la conception et/ ou à leur mise en
œuvre), au pilotage du centre (via le CA notamment) et parce qu’il vise à renforcer leur pouvoir
d’agir, le centre social participe directement au pilier de la « gouvernance » ;
- en favorisant la mixité sociale des publics ou encore en étant attentif au lien intergénérationnel,
le centre social contribue au pilier « équité sociale » ;
- à l’occasion d’actions de sensibilisation à la protection de l’environnement (à partir de ses
propres compétences ou en partenariat avec des associations spécialisées), il peut participer
au pilier « Environnement»
- enfin, dans une moindre mesure, il peut contribuer au pilier « développement économique» –
que ce soit à travers la mise à disposition d’informations auprès des habitants, le soutien à
leurs projets ou que ce soit en tant qu’employeur.
Au-delà de son intérêt propre, le développement durable permet, pour le centre social qui le souhaite,
de :
- ré-interroger le projet centre social tel qu’il s’est historiquement constitué ;
- le situer dans un champ plus vaste qui renforce sa pertinence et favorise les relations avec
d’autres acteurs territoires.
Mais, il présente également différentes difficultés :
- C’est un jargon peu utilisé dans la culture centre social et pas très parlant pour les habitants;
- Les professionnels, les bénévoles ne sont pas toujours assez sensibilisés/ informés à cette
problématique;
- Les habitants ne s’y opposent pas mais n’en sont pas non plus demandeurs en tant que tel;
- Écouter les habitants, les accompagner dans leurs projets, tisser des partenariats, etc…
demande du temps, des façons de faire innovantes.
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2 - Cahier des charges
L’objet
Nous proposons de conduire une investigation auprès et avec les centres sociaux pour mieux connaître
la manière dont ils se saisissent ou envisagent de se saisir de la question du développement durable,
ainsi que certaines actions qu’ils mettent déjà en œuvre et leurs « envies d’agir ».
Elle permettra également d’accompagner la mise en relation des centres sociaux qui le souhaiteraient
avec des associations spécialisées dans le domaine du développement durable.
Par ailleurs, cette investigation pourra renforcer ou susciter l’intérêt des centres sociaux pour le
développement durable, notamment sur sa possible intégration au sein de leur projet associatif.
Enfin, au delà du projet présenté ici, elle constituera une référence pour les acteurs souhaitant soutenir
certaines initiatives des centres sociaux de l’agglomération dans le domaine du développement durable
(agenda 21 d’un centre social,…).
La démarche
L’investigation sera réalisée essentiellement sur la base d’entretiens semi-directifs auprès des directeurs
de 7 centres sociaux (soit 10% des centres établis sur le territoire du Grand Lyon). Le guide d’entretien
sera construit autour de leurs représentations de la notion de développement durable, des actions que
leur centre met en œuvre dans ce domaine, de la manière dont il est débattu au sein du centre et de leur
perception de la manière dont les habitants s’en saisissent.
Le panel de directeurs à interviewer sera constitué en fonction :
- de l’intérêt de certains d’entre eux pour le développement durable ou les questions
environnementales ;
- des territoires : nous ciblerons les territoires confrontés à des enjeux urbains (densité,
restructuration) et sociaux face auxquels le développement durable n’est souvent pas identifié
comme une priorité en tant que tel. Il s’agit notamment de l’est lyonnais.
La synthèse des entretiens précisera comment les centres sociaux s’inscrivent ou envisagent de
s’inscrire dans la thématique du développement durable et présentera des actions déjà réalisées, en
cours ou envisagées.
Par ailleurs, des contacts avec d’autres acteurs (notamment la Fédération des centres sociaux du Nord
qui appréhende le développement durable comme une notion essentielle au regard du projet des
centres sociaux) permettront d’enrichir les entretiens réalisés avec les directeurs des centres sociaux.
Un document de synthèse sera mis en débat au sein des centres sociaux du Rhône, et pourra être
exploité au delà avec d’autres réseaux et organisations intéressés. Il permettra notamment d’envisager
les formes que pourraient prendre un éventuel soutien à certaines initiatives originales identifiées ou
envisagées lors de l’étude.
Enfin, sous réserve de l’intérêt qu’exprimeraient les personnes mobilisées lors de l’investigation et sans
préjuger de la forme que cela pourrait prendre, la FCSR et le Grand Lyon pourront envisager ensemble
l’organisation d’un événement pour partager le document de synthèse.
Le calendrier
Le projet sera réalisé de mi-octobre 2006 à mi-janvier 2007.
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3 - Réalisation
Conformément à la démarche proposée dans le cahier des charges, nous avons effectué un voyage
d’étude à Lille pour y rencontrer la Fédération des centres sociaux du Nord et certains centres sociaux
qui réfléchissent collectivement à la question du développement durable et mettent en oeuvre des
actions dans ce domaine. Une synthèse de ce voyage est proposée dans la quatrième partie de ce
rapport.
Par ailleurs, nous avons réalisé des entretiens avec les directeurs de 7 centres sociaux du Rhône et la
directrice d’un centre de loisirs. Une synthèse de chaque entretien est présentée dans la cinquième
partie de ce rapport
Enfin, nous avons assisté à un temps d’échanges organisé par le Grand Lyon le 8 novembre 2006
autour de son « plan d’éducation au développement durable » ainsi qu’à un atelier sur le développement
durable dans le cadre d’une rencontre régionale des « comités locaux de développement » (Conseil
régional, 25/11/2006) et à la journée « Ville & développement durable » organisée par r2d2 le 12
décembre dernier à Saint Etienne. Nous avons présenté les conclusions provisoires de notre
investigation lors d’une réunion organisée au Grand Lyon le 9 janvier dernier.
4 - Voyage d’étude à Lille
Agenda
30 octobre – après-midi
- Séance de travail avec Jean-Luc Deleforge (administrateur de la Fédération / référent sur le
développement durable) et Francis Gautier (délégué fédéral) au siège de la Fédération du nord
- Séance de travail avec Jean-Luc Deleforge (directeur) au centre social Le parc (Haubourdin)
31 octobre
- Séance de travail avec Bernard Despierre (directeur) au centre social de Marcq en Baroeul
- Séance de travail avec Pierre Lecerf (directeur) au centre social Les « 4 saisons » à Armentières
Synthèse des séances de travail
La séance de travail à la Fédération du Nord a principalement porté sur la démarche collective mise en
œuvre pour appréhender la thématique du développement durable au sein des centres sociaux et
l’approche qu’elle a permis d’ébaucher progressivement.
Le point de départ de cette démarche est un atelier de travail consacré au développement durable dans
le cadre du congrès régional des centres sociaux du Nord organisé à Dunkerque en 2003. Cet atelier a
notamment suscité un intérêt très fort de plusieurs administrateurs fédéraux pour le thème du
développement durable.
Un groupe s’est mis en place au sein du CA ; Jean-Luc Deleforge s’est positionné comme
administrateur référent sur le développement durable.
Ce groupe a sollicité le soutien de Bruno Villalba (maître de conférence en sciences politique, Ceraps Lille 2) et mobilisé Pauline Denissel (étudiante à Lille 2) pour mieux cerner la pertinence du concept de
développement durable pour les centres sociaux – Cf rapport de P. Denissel et B. Villalba, septembre
2005. Il est également en contact avec le Centre ressource du développement durable (www.cerdd.org).
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Le développement durable s’avère être un cadre pertinent pour resituer le positionnement et l’action des
centres sociaux – notamment sur 2 de ses 4 piliers : l’équité sociale et la gouvernance – dans un champ
plus vaste pour :
- s’interroger sur l’équilibre entre les différents piliers : développement économique, équité
sociale, protection de l’environnement, gouvernance ;
- articuler les centres sociaux avec les autres acteurs d’un territoire – notamment ceux travaillant
plus directement sur les champs économiques et environnementaux.
A ce stade de la réflexion, il s’agit donc bien de réaffirmer le cœur de métier des centres sociaux mais
en le situant dans un champ plus vaste qui renforce sa pertinence et interroge ses modalités.
En revanche, le modèle de société – et notamment le modèle économique axé sur un certain type de
croissance ou une décroissance – n’a pas fait l’objet d’un débat à part entière. Différentes sensibilités
composent le groupe de travail qui n’a pas jugé nécessaire jusqu’à présent d’aborder ce débat en tant
que tel.
Le développement durable constitue l’une des orientations du projet fédéral 2006 – 2012 de la
Fédération du nord :
Orientation fédérale II : Développer la prise en compte des enjeux territoriaux et des enjeux du développement
durable
Objectifs généraux 2006 – 2010
- Accompagner la capacité du réseau à être en veille stratégique par rapport aux grandes évolutions
sociétales et celles des politiques publiques
- Accompagner la capacité d’innovation des projets centres sociaux
- Accompagner la capacité du réseau à l’interpellation de la société locale et des politiques publiques
- Accompagner la capacité du réseau à évaluer l’efficacité sociale des centres sociaux
Effets attendus 2006 – 2012
- Développement de la capacité d’intervention des projets centres sociaux sur les enjeux structurels
des territoires
- Les centres sociaux contributeurs de la transformation de leur environnement local.
Extrait du projet fédéral 2006 - 2012
La Fédération du nord a produit une « note d’opportunité » qui précise son plan d’actions pour
poursuivre ces premières réflexions. Elle envisage notamment de réaliser une étude exhaustive auprès
des centres sur le thème du développement durable. Elle devrait être conduite par une chargée de
mission grâce à un financement du Conseil Régional et de Lille Métropole Communauté Urbaine. Elle
prévoit également de revoir certains de ses outils – dont « l’Accompagnement Méthodologique à
l’Elaboration Participative du Projet » (A.M.E.P.P.) – pour y intégrer les finalités du développement
durable. La Fédération sollicite une aide méthodologique de la coopérative Extra-muros pour travailler
sur l’articulation entre la démarche de progrès en développement durable que cette dernière a
développée (dite HQ21) avec celle de l’AMEPP. L’expérimentation dans 3 centres sociaux et des
ateliers coopératifs devraient permettre d’intégrer les finalités du développement durable dans les outils
AMEPP et l’intégration des spécificités du projet centre social dans les outils HQ21.
Enfin, la Fédération a fait part de sa démarche à la FCSF et de son souhait de la partager avec les
Fédérations intéressées par ce sujet. Lors de notre rencontre, nous avons envisagé la coorganisation par les Fédérations du Nord, de Bretagne, du Rhône – toutes 3 intéressées par le
développement durable - de 2 jours d’échanges de réflexions et de pratiques courant 2007.
Les séances de travail avec 3 directeurs ont permis de préciser comment leurs centres se saisissent, de
leur point de vue, du développement durable parallèlement à la démarche collective engagée au niveau
de la Fédération.
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Centre social Le parc
Directeur : Jean-Luc Deleforge
L’investissement du centre dans le domaine du développement durable a été et est encore fortement porté
par son directeur. Il a toutefois été institutionnalisé à travers le projet associatif 2006 – 2009 proposé à la
CAF. Le développement durable en constitue en effet un axe à part entière au côté d’un axe de consolidation
et d’un axe parentalité. Il se décline à travers :
1) Communiquer et sensibiliser autour du développement durable
2) Faire reconnaître le centre social comme acteur du développement durable
Les actions envisagées sont des réunions, conférences, tracts affiches pour sensibiliser et informer le
personnel , les administrateurs, les adhérents ainsi qu’une mise en cohérence des pratiques du centre :
choix de fournitures labellisées écologiques, tri sélectif…
La décision de structurer le projet associatif autour de 3 axes dont un consacré au développement rural
résulte du positionnement du centre sur différentes actions ces dernières années.
Forum des astuces du développement durable : au delà de l’intérêt même de cette manifestation, il est surtout
intéressant qu’elle ait été co-organisée par la ville, le centre social, le Lions Club – 3 acteurs travaillant sur
différents piliers du développement durable.
Passeport éco-citoyen : ce document est décerné par un jury sur la base d’un questionnaire qui précise les actions
réalisées. Au-delà, ce questionnaire permet de sensibiliser les personnes qui le remplissent et de leur faire
prendre conscience des actions supplémentaires qu’elles pourraient mettre en œuvre.
Charte du développement durable : cette charte a été signée par 8 centres sociaux et la Fédération du nord. Elle
précise leurs engagements (dans leur fonctionnement quotidien, déplacements alternatifs, actions d’information/
de sensibilisation), ceux de la Fédération et le dispositif de suivi. Au-delà de son contenu, une charte signée par
les présidents est en soi un engagement politique fort.
Commission développement durable : cette commission est composée d’administrateurs, d’adhérents, de
bénévoles, de salariés, de partenaires. Elle travaille sur le projet politique développement durable du centre sous
l’autorité du CA.
Les itinéraires du développement durable : le centre social a été l’une des étapes d’un des circuits proposés. Il a,
dans ce cadre, accueilli des personnes intéressées par ce sujet. Les itinéraires sont une manifestation organisée
par le Conseil Régional
L’organisation de débats éco-citoyens, d’échanges… notamment dans le cadre de la semaine du développement
durable.
Ouverture d’un point relais, avec la coopérative Norabio, pour l’abonnement à des « bio-cabas »
Le directeur a été nommé « Ambassadeur 21 » de la ville et siège à ce titre dans une commission extramunicipale.
Des actions « développement durable » du Centre social Le Parc
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Centre social de Marcq en Baroeul
(Directeur : Bernard Despierre)
Le centre social s’est intéressé au développement durable à l’initiative de son directeur engagé
personnellement et depuis de nombreuses années sur des questions environnementales. Cette
démarche s’inscrit ainsi dans une réflexion qui dépasse le centre et son territoire en intégrant la
mondialisation, le rapport nord – sud. Elle répond à plusieurs enjeux :
- lever le clivage développement durable/ développement social local pour approfondir le lien
entre ces 2 concepts ;
- préciser « comment les centres sociaux font du développement durable » en reconnaissant que
la majorité s’inscrit dans cette démarche sans le savoir ;
- s’interroger sur le mode de management à mettre en œuvre au sein du centre ;
- constater que ce sont les couches populaires qui pâtissent le plus d’un développement non
durable : à la fracture sociale s’ajoute une fracture écologique.
- être à l’écoute de comment les gens nous disent ce qu’ils pratiquent… et on est parfois surpris
de leurs préoccupations, de leurs connaissances sur des thèmes qui relèvent du
développement durable alors qu’on suppose souvent qu’ils n’y accordent pas une réelle
importance.
- revenir à l’une des sources des centres sociaux, l’éducation populaire, pour développer une
« écologie populaire »
- s’inscrire dans le contexte de son territoire, en l’occurrence l’existence d’une population
défavorisée, certains sites très pollués et donnant lieu à de vastes projets (ex : canal de
Roubaix), la requalification d’un quartier, 6 ans de présidence verte qui n’est pas le fruit du
hasard…
- ne pas jouer sur la fibre de la culpabilisation qui empêche l’action plus qu’elle ne la favorise (on
se sent dépassé par l’ampleur du problème et on doute de l’intérêt de ce qu’on pourrait faire
individuellement), mais souligner toutefois l’urgence du problème
Le développement durable n’apparaît pas comme un axe à part entière dans le projet associatif en cours
de négociation avec la CAF. Il y est plutôt disséminé par petites touches et de manière transversale.
L’engagement du centre sur le développement durable est déjà visible à travers différentes actions
concrètes :
Agenda 21 de la ville : le centre social a été partie prenante de l’élaboration de cet agenda avec la ville et les
autres acteurs du territoire. Il a ainsi accueilli un atelier consacré à « une économie responsable dans un
territoire équilibré ». Portant une approche du développement durable articulant économique/ social/
environnement/ gouvernance, il a volontairement souhaité accueillir un atelier consacré à un autre sujet que celui
sur lequel il est habituellement identifié (le développement social ou la participation des habitants).
Ecole des consommateurs : ce dispositif du Conseil Général est animé par une conseillère en économie sociale
et familiale. Il se réunit une ½ journée par semaine pour aborder avec les personnes qui y participent les sujets
de consommation qui les préoccupent tout en les resituant dans des champs plus vastes : ainsi, l’analyse d’une
facture d’eau peut amener à s’interroger, au-delà, sur d’où vient l’eau, comment elle est gérée, son accès dans
les pays du sud…
Jardin partagé : ce type de jardin a été proposé dans le cadre d’un atelier de la citoyenneté travaillant sur un
quartier en requalification. Il a été préféré aux jardins familiaux pour inscrire le développement de la personne
dans un espace réellement collectif. Dans le même esprit, le centre a un projet de mini jardin potager qui pourra
servir de support à certaines de ses activités.
Comité d’usager : le centre souhaite développer cet espace collectif pour permettre une plus grande participation
des habitants. Les CA abordent parfois des questions techniques, financières… qui n’intéressent pas tout le
monde et qui ne permettent pas toujours à chacun d’y participer.
Des actions « développement durable » du Centre social de Marcq en Baroeul
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Centre social d’Armentières
Directeur : Pierre Lecerf
Le « développement durable » n’est pas une expression très parlante. Le centre se réfère plutôt à la
« citoyenneté active » qui est plus utilisée dans les centres sociaux ou au « développement local dans
une approche mondiale » qui permet de faire le lien avec le développement social local.
Le maître mot qui interroge et oriente le centre dans ses réflexions autour de ces questions est la
COHERENCE – notamment entre ce qu’on dit, ce qu’on fait, ce qu’on montre. Soulignant l’importance
de « petits gestes » concrets, le centre se positionne fortement sur les piliers « social » et
« gouvernance », développe des actions diverses dans le domaine environnemental (au risque parfois
que cela parte un peu dans tous les sens) et s’interroge sur son rôle quant au pilier « développement
économique ».
Fonctionnement du centre : utilisation de papier recyclé, réflexion autour des achats (produits équitables
quand c’est possible, interrogation quant aux aliments semi-industriels (type barre chocolatées) qui ont
l’avantage d’être pratique, moins chers
Appropriation de l’espace : le centre est vigilant à utiliser les espaces collectifs sur le territoire et à éviter ainsi
qu’ils ne soient plus accessibles (parce qu’ils sont monopolisés par certains, pollués par des crottes de
chiens…)
Mission environnement : en plus des responsabilités propres à leur secteur, certains membres de l’équipe
sont en charge d’une mission plus transversale (management matriciel). Ainsi, le responsable du secteur
jeune s’est vu confier la responsabilité de la « mission environnement », qui consiste principalement au
développement de relations partenariales.
Jardin : le centre propose un jardin ouvert à tous sur un mode participatif avec un calendrier des actions
collectives.
Projet de SEL (système d’échange local) : l’idée est séduisante mais le centre s’interroge sur la possibilité de
la mettre en œuvre dans un contexte de cloisonnement, d’enfermement des personnes chez elles : comment
permettre l’ouverture, la rencontre ?
Actions environnementales/ découverte de la nature : nettoyage annuel des berges, utilisation de coccinelles
pour le jardin, camps à la ferme…
Des actions « développement durable » du Centre social Les 4 saisons
Conclusion provisoire
Les personnes que nous avons rencontrées tout au long de ces 2 journées ont toutes insisté, d’une manière
ou d’une autre, sur :
1. beaucoup de centres sociaux font du développement durable sans le savoir .
2. c’est un cadre qui permet tout à la fois de ré-interroger le projet centre social tel qu’il s’est
historiquement construit et de le situer dans un champ plus large qui renforce sa pertinence et
favorise les relations avec d’autres acteurs du territoire.
3. les centres sociaux participent directement aux piliers « équité sociale » et « gouvernance ». Ils
peuvent assez facilement s’engager sur le pilier environnemental à travers des choix dans leur
mode de fonctionnement et au niveau des activités qu’ils proposent. En revanche, leur rôle/
responsabilité/ engagement quant au développement économique est peut-être plus difficile à
cerner.
4. C’est essentiellement une ou un tout petit noyau de personnes qui ont souhaité à un moment donné
porter le débat du développement durable dans leur centre.
5. L’expression « développement durable » n’est pas forcément très parlante dans les centres
sociaux, d’autant qu’elle est maintenant utilisée à toutes les sauces.
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) ces différentes observations plaident pour avancer pas à pas sur le « développement durable » au sein
des centres sociaux pour qu’il soit véritablement intégré à leur projet associatif et qu’il n’y soit pas
simplement accolé de manière un peu superficielle ;
) cela n’empêche naturellement pas les centres de renforcer et diversifier les actions qu’ils mènent dans
chacune dimension du développement durable : en continuant à s’interroger sur leur participation à l’équité
sociale et à la gouvernance, en diffusant davantage des préoccupations environnementales dans leur
fonctionnement et leurs activités, en précisant leur contribution au développement économique de leur
territoire.
5 - Entretiens avec des centres sociaux du Rhône
Nous avons été à la rencontre de 8 centres sociaux pour comprendre comment ils se saisissent (ou non)
de la thématique du développement durable, ce qu’ils font déjà, ce qu’ils souhaiteraient faire, leurs
interrogations et réserves sur ce sujet.
Ces entretiens ont été conduits sur un mode semi-directif à partir du guide présenté en annexe. Ils ont
systématiquement donné lieu à des synthèses écrites qui ont été soumises aux personnes interviewées
pour qu’elles puissent les amender. Ces synthèses ont été anonymées pour être diffusées dans le cadre
de ce rapport.
Entretien avec le directeur du centre social 1
Le centre social et le développement durable
Pour le directeur, le développement durable doit permettre de préserver l’environnement pour les
générations à venir.
Il a déjà eu l’occasion de participer à différentes rencontres à ce sujet : que ce soit dans le cadre de
Millénaire 3, d’une rencontre internationale organisée par la Croix Verte fondée par Michaël Gorbatchev
ou une présentation au sein du Grand Lyon sur le bois labellisé.
Le centre social mène déjà différentes actions dans le domaine du développement durable :
-
que ce soit en direction et avec les publics :
o 26 parcelles de jardin de 200 m² sont cultivées par des habitants selon des techniques
et avec des produits respectant l’environnement ;
o un CLSH accueillant de 100 à 120 enfants peut être parfois l’occasion de sensibiliser
les enfants au respect de l’environnement ou de mener des actions de nettoyage ;
o l’achat de produits équitables lors d’une fête pour les enfants ;
o une opération de récupération de vêtements pour des pays en développement a
fortement mobilisé la population.
-
que ce soit dans le fonctionnement du centre :
o au sein du centre, le directeur est vigilant à utiliser les pages verso des feuilles
usagées ;
o la consommation – parfois – de café équitable.
Plusieurs facteurs facilitent ou encouragent la mise en œuvre de ces actions :
- Ces actions sont notamment accompagnées par une animatrice militante à titre personnel sur
des questions environnementales.
- Elles ont pu être menées également – mais pas très souvent – en partenariat avec des
associations spécialisées (avec une association de vélo et une association du commerce
équitable).
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A contratrio, d’autres facteurs peuvent limiter l’investissement du centre dans le domaine du
développement durable :
- le coût plus élevé de certains produits ou services : ainsi dans le cadre d’un voyage à
l’étranger, un groupe de femmes s’est intéressé au tourisme équitable et y a finalement
renoncé en raison du prix élevé qui leur était proposé.
- Le manque d’information sur le développement durable.
Le centre social et son territoire
Le contexte social du centre est marqué par :
- une fragilisation des publics repérables à travers la progression de l’alcoolisme chez les femmes,
l’absence de suivi des personnes ayant séjourné en hôpitaux psychiatriques, l’individualisation de
certaines pratiques (ex : fumer des substances légales ou non est de plus en plus une activité
solitaire), une violence que des individus dirigent aujourd’hui plus contre eux-mêmes que contre les
institutions.
- un territoire en restructuration avec la destruction d’une partie des bâtiments (logements, école) du
quartier qui suscite de l’inquiétude des habitants sur le réaménagement de l’espace et posera à
terme le défi de l’accueil de nouveaux habitants.
Au vu de ce contexte, le développement durable - tel qu’il a été défini précédemment - n’est probablement
pas ressenti comme une priorité par les habitants. Ils y sont d’ailleurs peu sensibilisés.
Différents acteurs institutionnels du territoire s’intéressent à la question du développement durable : un élu
municipal en charge du commerce équitable et du développement durable ou encore le CCAS qui proposent
des « bio-cabas » principalement à destination du personnel municipal. Pour autant , il n’existe pas de
dynamique collective – type agenda 21 local – auquel le centre social prend part.
Le centre social, acteur du développement durable ?
A partir d’une grille de lecture présentant les 4 piliers du développement durable, le directeur a pu
compléter son analyse de la manière dont le centre se saisit de ces différents enjeux :
- enjeux culturels : le centre propose des ateliers de calligraphie occidentale et arabe dans le cadre de
l’opération « Les jardins des mots » du 6 novembre au 7 décembre 2006. En permettant de repérer ce
qu’il y a de commun entre les différents dialectes de la langue arabe, ces ateliers peuvent mettre
l’accent sur les ressemblances entre les différentes cultures du bassin méditerranéen et permettre de
dépasser différents clivages qui les opposent.
- enjeux liés à la participation des habitants : le centre y accorde une vraie importance que ce soit à
travers la composition de son CA composé très majoritairement de personnes qui y siègent en qualité
d’habitants ou des groupes de pères ou d’habitants qui décident des sujets qu’ils souhaitent aborder,
des activités qu’ils souhaitent mener. Le centre mène également une campagne sur l’inscription sur les
listes électorales et notamment sur la réinscription pour ceux qui ont déménagé. C’est sûrement là un
enjeu important pour permettre à chacun d’exercer sa citoyenneté (en décidant de voter ou non mais en
le faisant par choix et pas par défaut). Par ailleurs, des outils d’évaluation interrogent également la
participation sur un autre registre en proposant aux usagers d’analyser pourquoi ils participent à des
actions : pour soi ? pour soi avec d’autres que je connais ? pour soi avec d’autres que je ne connais
pas ? pour d’autres que je connais ? pour d’autres que je ne connais pas ? Dans son étude et diagnostic
du développement social de la commune (Juin 2002), Cité Publique souligne que « le cas du centre
social révèle l’enjeu d’appréhender la participation non seulement comme objet de l’action mais aussi et
surtout comme manière de pratique et faire vivre un équipement. En effet, le fonctionnement interne du
centre social et les pratiques démocratiques variées qui s’y construisent progressivement ne concernent
pas seulement le CA et son fonctionnement mais aussi la vie interne, les relations entre groupes (pères,
jeunes, femmes, jeunes femmes, enfants etc…) et l’ajustement quotidien de logiques d’usages variées
dans un espace commun. A travers ce fonctionnement, c’est aussi l’existence de dynamiques collectives
dans l’espace public qui est en construction au jour le jour, enjeu dont se saisissent les usagers et qui
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donne toute son importance à l’équipement comme espace de construction collective de la société
locale » (p99)
- enjeux liés à la solidarité, l’équité sociale : Le centre social accompagne – notamment pas la mise à
disposition d’informations - des réseaux d’entraide sur le quartier : réseau d’entraide pour la garde
d’enfants pour pallier le manque de dispositif d’accueil en centre ville, réseau d’entraide alimentaire pour
les familles ayant de très faibles revenus, réseau d’entraide pour les personnes âgées qui sont de plus
en plus accueillies au centre en raison du déclin de l’attention qui leur était traditionnellement réservée,
réseau d’entraide économique (commercialisation de produits approchant leur date de péremption par
exemple).
- enjeux liés au développement économique : le centre appuie ponctuellement des habitants
souhaitant développer une activité génératrice de revenus : taxi, couture, alimentaire…Il a ainsi pu
réserver une petite partie d’un étalage lors de la fête de la ville pour des jeunes qui souhaitaient y
vendre des produits. Ils n’ont finalement pas occupé cet espace mais il était important de trouver avec
eux une solution à un blocage qu’ils avaient eux-mêmes identifiés, ce qu’ils en font relève ensuite de
leur responsabilité.
L’analyse des actions du centre et de sa posture permet de dresser le tableau suivant :
Protection, respect de
l’environnement
Le centre mène déjà des actions même si c’est « à un petit niveau »
Développement économique
Le centre peut soutenir très ponctuellement des « petits » projets proposés par
des habitants. Mais, il a surtout vocation à orienter ses usagers vers les
nombreux dispositifs sur le territoire de la commune en matière d’insertion
économique ou d’aide à la création d’entreprises.
Solidarité, équité sociale
C’est certainement une vocation du centre. Mais il faut pointer la difficulté du
centre à concilier l’attention qu’il accorde à des approches collectives avec des
institutions qui les poussent vers des accompagnements plus individualisés et,
au delà, avec la progression de l’individualisme dans notre société.
Gouvernance, participation
des habitants, diversité
culturelle
La participation des habitants est un enjeu important pour le centre « non
seulement comme objet de l’action mais aussi et surtout comme manière de
pratique et faire vivre un équipement ».
Cette grille de lecture positionne le centre comme un acteur du développement durable fortement ancré
sur 2 piliers - la solidarité sociale et la gouvernance – mais s’intéressant également aux 2 autres piliers
à partir de ses ressources propres (notamment sur les questions environnementales) ou en lien avec
d’autres activités (notamment à travers l’orientation de ces publics vers des dispositifs spécialisés sur
les enjeux économiques).
Comment investir davantage le champ du développement durable ?
Toute volonté d’investir davantage ces enjeux doit impérativement tenir compte du contexte social actuel
et être respectueux des habitants. Ainsi, avant de parler de tri des déchets, il faut déjà prendre
conscience que certains habitants jettent leurs déchets par leur fenêtre. Ou encore, encourager la
participation des habitants est sûrement important mais encore faut-il, au préalable, s’assurer que leur
parole sera vraiment écoutée et qu’il ne s’agira pas d’une démarche factice pour valider des décisions
déjà prises.
Sur cette base, plusieurs pistes pourraient être envisagées :
- l’intérêt des habitants pour des actions visibles, simples, concrètes en direction des pays du
sud ;
- l’amélioration de leur environnement de proximité pour lequel ils ont également un vrai intérêt ;
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l’information des groupes déjà constitués qui peuvent être des relais intéressants pour leur
quartier.
Enfin, concernant la restitution de cette investigation auprès des centres, il serait intéressant qu’elle ne
se limite pas uniquement à une synthèse des entretiens mais qu’elle propose également des éléments
de réflexion originaux et/ou des expériences concrètes.
-
Entretien avec le président du centre social 1
Ayant vécu en Allemagne, le président est très sensible au développement durable. Dans sa vie personnelle
comme dans sa vie professionnelle, il est vigilant à adopter des modes de transports, des choix de
consommation, des façons de travailler qui soient les plus respectueux possibles de l’environnement – même si
ce n’est pas toujours facile dans la société dans laquelle nous vivons.
A travers des petits gestes du quotidien (utiliser les faces verso des feuilles, récupération des gobelets…), le
personnel du centre, et notamment son directeur, sont très soucieux de l’environnement. Il incite également des
habitants à adopter des pratiques respectueuses de l’environnement. Il invite par exemple un groupe de femmes
à acheter des produits locaux sur le marché, plutôt qu’en supermarché, pour réaliser un repas.
Pour réelle qu’elle soit, cette préoccupation n’est pas explicitée. D‘abord, parce qu’elle est vécue comme tout à
fait normale – et c’est probablement l’un des objectifs du développement durable que ces petits gestes du
quotidien deviennent des réflexes. Ensuite, parce que cette préoccupation est trop loin des populations
confrontées à des soucis économiques, sociaux, linguistiques, vivant des dépaysements complets pour les
personnes d’origine étrangère. A titre d’exemple, le taux de refus du tri des déchets est 3 fois plus élevé dans le
quartier du centre social que dans le quartier où vivent les catégories socioprofessionnelles les plus élevées de la
ville. Du reste, le surcoût de produits biologiques ou équitables les rend effectivement luxueux pour des publics
fragilisés.
Parce que les objectifs d’un centre social sont avant tout sociaux et citoyens et parce que la participation des
habitants est un souci constant, le développement durable doit certainement être davantage un moyen, un souci
transversal qu’une finalité pour le centre social. Il est ainsi important de veiller à ce que chaque action respecte
des critères du développement durable ou encore d’interroger le projet associatif au regard de ce concept comme
cela est prévu au centre social fin janvier. Des habitants peuvent ainsi respecter et vivre plus en harmonie avec
leur environnement même si cela n’est pas explicité de cette manière et même si ils ne le formulent pas comme
une préoccupation forte. Ainsi, à travers les jardins, les habitants – notamment ceux qui sont d’origine rurale –
peuvent prendre un vrai plaisir à récolter ou encore retrouver pour certains une dignité à travers une activité
physique et intellectuelle. C’est une activité qui concourt très directement au développement durable mais pour
laquelle les habitants ne se référeront probablement jamais à cette appellation. Une autre activité qui peut
mobiliser les habitants sont des actions de solidarité internationale, notamment en direction de leur pays
d’origine. L’intérêt du président pour le Burkina Faso ainsi que celui de la conseillère en économie sociale et
familiale qui y a travaillé les amènent à penser des actions en direction de ce pays, par exemple un chantier de
jeunes. Au delà de ces actions ou pistes d’actions, il faut être créatif, innover pour sensibiliser les habitants au
respect de l’environnement. Ainsi, nombre d’entre eux sont très respectueux de leur espace privé, mais le sont
nettement moins vis-à-vis de l’espace public.
Pour permettre une prise de conscience et un changement des pratiques, il faut sûrement privilégier des actions
concrètes au quotidien, des « petits gestes » au lieu d’actions plus médiatiques estampillées « développement
durable ». C’est par exemple par le choix de certains supports dans le cadre d’ateliers de lecture ou d’écriture
qu’on pourra sensibiliser les enfants au respect de l’environnement.
Aussi, soutenir les centres sociaux dans ce domaine passe très probablement par un soutien à la consolidation et
au développement d’actions qu’ils mènent déjà et qui concourt concrètement à un développement durable même
si elles n’ont pas été conçues avec ce vocable. Il ne faut, du reste, pas oublier que pour les centres sociaux, il
constitue davantage un levier pour atteindre leurs objectifs sociaux, citoyens qu’une finalité. Si ils peuvent en être
des acteurs, ils n’en sont pas les premiers responsables.
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Entretien avec le directeur du centre social 2
Les actions du centre social dans le domaine du développement durable
Le directeur est arrivé au centre social il y a 7 ou 8 ans. Une opération de sensibilisation des enfants à la
nature fonctionnait déjà. Il a ainsi repris le "flambeau" sans trop connaître le développement durable.
L'appui très fort de certains élus locaux lui a permis de s'engager assez facilement dans la démarche.
Puis, au fur et à mesure , il s'est formé sur le tas, à l'occasion de colloques, rencontres et autres
manifestations sur le territoire du Grand Lyon.
Aujourd'hui au bout de plusieurs années de pratique de la manifestation à destination des enfants, il
s'aperçoit que certains employés ont modifié leurs pratiques et sont en train d'évoluer (par exemple pour
les goûters; les portions individuelles tendent à être bannies).
La bonne porte d'entrée semble être le centre de loisirs. Il est la base (où l'on teste les actions) et
ensuite on développe (éventuellement) à l'ensemble du centre social. Le centre est en effet bien
conscient qu'il faut maîtriser les consommations d'eau; que la restauration collective doit être une
éducation à l'alimentation. Il partage également les valeurs humanistes, environnementales que portent
le développement durable. Or, on sait que les enfants sont moteurs dans ce genre d'action - ils montrent
aux parents leurs actions menées à la marre par exemple.
Au-delà du centre de loisirs, voici quelques actions déjà réalisées ou en cours : jardin pédagogique,
mare, une formation sur le commerce équitable avec Equi’Sol . Le directeur trouve notamment la
démarche de "jard'ingue" très intéressante, les jardins en pieds d'immeubles sont une initiative qui lui
plait beaucoup. Le fait qu'une habitante soit responsable de son petit carré de verdure devant chez elle
lui semble particulièrement pertinent d'un point de vue social.
Concernant le pilier économique du développement durable, le centre a déjà financé des projets de
jeunes à l'occasion de l'opération en direction des enfants en contre-partie de leur aide à l'installation
des stands. Il réfléchit à faire travailler des jeunes à la vente de produits du commerce équitable dans le
cadre de leur projet humanitaire à l'étranger.
Le directeur pense que le centre est déjà positionné sur le pilier de la "gouvernance" si cela recouvre la
participation des habitants. C'est l'objet même du centre social.
La notion de développement durable a permis au directeur de développer des actions dans le domaine
de l'alphabétisation en partenariat avec les écoles voisines. Il indique ainsi « Pour moi le
développement durable n'est pas une fin en soi , c'est un moyen pour atteindre les objectifs du
centre social ». Le développement durable est alors un outil de plus dont dispose le centre.
Le centre social sur son territoire
Malgré les difficultés sociales et économiques que certaines populations rencontrent, elles ont
naturellement le droit à réfléchir, à se sentir solidaires, à une qualité de vie. D’ailleurs, si les habitants
n’expriment pas de demandes spécifiques en matière de développement durable, chaque fois que le
centre social organise un évènement, - même une conférence – ils y participent. De la même manière,
on peut relever que le jardin qui jouxte le centre est toujours respecté bien qu’il soit ouvert à tous.
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Quelles pistes d’actions/ d’amélioration ?
Les centres sociaux rencontrent différents blocages pour renforcer leurs actions dans ce domaine du
développement durable : le jargon , le rythme parfois effréné des partenaires institutionnels, ou
simplement la logistique. Par exemple, dans un souci de cohérence, le centre souhaitait mettre à
disposition des poubelles de tri lors de l'opération à destination des enfants… il aura fallu attendre 3 ans
pour les obtenir. La coordination avec les services n'est pas toujours évidente car ils n'ont absolument
pas les mêmes rythmes de travail, ni les mêmes modes de fonctionnement. Tous les acteurs n’ont pas
forcément non plus la même culture du développement durable. Il faut également accepter qu’on ne
peut pas garantir le résultat même si cela peut être insécurisant.
Au delà de ces difficultés, le directeur pense à différentes pistes d’actions concrètes. Il faudrait réinventer le panier du marché à la disposition des habitants pour les sensibiliser au goût et au
commerce équitable. Un projet de ce type devait être porté par un CCAS (pour prendre en charge
financièrement le surcoût du caractère bio et/ ou équitable des produits) et une association du type
"Pass'Jardin" (pour proposer les produits). Une autre piste pourrait être d’imaginer un repas
"équitable" composé par un groupe de femmes.
Les animateurs s’interrogent également sur leurs pratiques quotidiennes au sein du centre
(recyclage ? …). Ils sensibilisent les enfants au respect de l’environnement – notamment lors de
l’opération « enfance et nature » - mais mettent-ils en oeuvre eux-mêmes leurs recommandations ? Il y
a certainement là un axe de travail pour le centre.
L'idée d'un appel à projets en direction des centres sociaux pour des initiatives dans le domaine du
développement durable lui semble séduisante – sous réserve toutefois de bâtir quelque chose de simple
avec des projets concrets. Il pense à ce sujet à l'opération "ambroisie" qui était une action que le centre
appréciait particulièrement à l'époque.
Entretien avec un administrateur du centre social 2
Le centre social contribue directement au développement durable en accueillant des publics de tous les
âges : les jeunes enfants et les parents dans l’espace multi accueil, les enfants dans le cadre du CLSH, les préadolescents et adolescents (même si ils demandent une forte présence), les adultes, les personnes âgées (avec
une difficulté particulière pour les personnes âgées à mobilité réduite qui ne peuvent venir au centre et qui
peuvent être véritablement isolées). A travers des rencontres enfants/ anciens, la table d’hôtes… le centre
contribue ainsi au lien social, à créer du lien de proximité dans les quartiers.
Le centre est très soucieux de travailler sur cette proximité et de mener des actions sur son territoire plutôt qu’à
des échelles plus grandes. C’est d’autant plus important que ce territoire local est déjà difficile à appréhender car
« fragmenté » de différentes manières : sur 2 arrondissements, du fait de l’autoroute qui créé une barrière, une
coupure….
Le centre mène également des actions de sensibilisation des enfants à l’environnement. Le centre participe
aussi à l’initiation des enfants à l’écologie par l’ordinateur qui est un outil très intéressant. Toutefois
l’administrateur regrette que beaucoup parlent d’environnement, d’écologie mais que pas grand monde n’y
croit véritablement à en juger par les gâchis de toute sorte (par exemple, cette manie des entreprises et des
collectivités locales françaises de changer régulièrement de logos). Cela demeure essentiellement un affichage
politique sans volonté réelle de changer nos façons de travailler, de vivre.
Ainsi, le développement durable suppose d’inscrire des actions et des partenariats dans la durée. Or les
financements, les dispositifs ne le permettent pas. Ils favorisent plutôt des actions ponctuelles. Il y a une
contradiction dans les injonctions des politiques : un discours en faveur d’un développement durable d’un côté,
des dispositifs et des modalités financières qui conduisent les associations à mener des actions très ponctuelles
d’un autre côté. Le centre social est pris dans cette tension qu’il essaie de résoudre au mieux avec ses
convictions, ses savoir-faire, et surtout, les ressources des habitants.
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Entretien avec la directrice du centre social 3
Développement durable ???
L’expression « développement durable » n’évoque rien de particulier à la directrice. Elle la trouve très
peu parlante et lui semble, à priori, éloignée des priorités du territoire au sein duquel est implanté le
centre.
Ce territoire est frontalier, sans véritable centre, très mal desservi par les transports en commun, sans
cohésion et au contraire marqué par la juxtaposition de quartiers concentrant des populations très
différentes.
Le contexte social est particulièrement dur : beaucoup de familles vont vraiment très mal (beaucoup de
femmes seules dans des situations difficiles, difficulté des parents à exercer leur fonction parentale…),
les gens se croisent sans véritablement se rencontrer ; certains sujets (racisme, tolérance…) ne sont
pas abordés.
En parallèle des difficultés du territoire, il faut également en souligner les ressources et les forces sur
lesquelles s’appuie le centre :
- une forte demande de la population : le CLSH était complet lors du dernier été ;
- la présence de nombreuses associations qui datent notamment de l’époque où l’entreprise
Rhône Poulenc Textile (RPT) était encore ouverte et sont à l’image de la population :
association de personnes âgées (comprenant des anciens ouvriers de RPT) ou de populations
d’origine étrangère (association des portugais par exemple).
Le centre social, acteur du développement durable ???
Face à cette situation, le centre social se fixe comme ambition essentielle de rassembler, de fédérer à
travers 4 pôles susceptibles d’accueillir des publics de différents âges. Ces pôles ne sont en effet pas
organisés par tranches d’âges comme c’est souvent le cas. Il s’agit de :
- sport & culture ;
- vie locale et citoyenneté ;
- vie sociale et familiale ;
- CLSH (pour les 3 à 17 ans).
La notion de « développement durable » n’apparaît pas en tant que telle dans les activités ou l’organisation
du centre. Peut-être parce que le jargon des centres n’intègre pas ce vocabulaire (du reste la notion d’écocitoyenneté peut peut-être faire davantage écho à la culture centre social). Aussi parce que les
préoccupations environnementales, auquel le développement durable est parfois réduit, sont certes
importantes pour le territoire mais probablement pas prioritaires. Enfin, la directrice souligne que l’équipe du
centre est très prise par le quotidien et n’a peut-être pas toujours le recul nécessaire pour intégrer ces
enjeux.
Pour autant, le centre social a pu organiser ponctuellement certaines actions en lien avec l’environnement.
Ainsi, dans le cadre de la fête de la science, il a accompagné un passionné d’ornithologie qui a proposé une
animation aux enfants autour de différentes espèces – dont des mandarins qui sont encore présents à
l’accueil du centre !
A partir d’une grille de lecture plus large du développement durable intégrant ses différents piliers,
l’engagement du centre social est plus large qu’en première analyse :
-
le terme de « gouvernance » n’est pas très explicite. Si ce pilier recouvre notamment la participation
des habitants à la vie sociale, il est alors intéressant de relever la participation de certains d’entre
eux au Conseil d’administration et donc à l’élaboration du projet associatif ou encore les groupes de
19
-
-
paroles qui permettent à ceux qui y participent d’analyser collectivement une situation à partir de
leurs demandes et selon des modalités qu’ils définissent.
Le développement économique : le centre n’y travaille pas directement, mais que ce soit à travers
une permanence emploi ou en orientant certains habitants vers des dispositifs spécialisés (PLIE,
IFRA…), il peut contribuer, par l’orientation, à l’insertion économique.
Le développement social : à travers le soutien à des réseaux d’entraide, le centre s’inscrit dans
cette dynamique avec toutefois des résultats mitigés.
Etre plus actif dans le domaine du développement durable ?
A partir du positionnement du centre social et de sa sensibilité personnelle pour la nature, la directrice
défend l’idée que le centre a sûrement à s’intéresser davantage au développement durable.
Mais compte tenu de la position actuelle du centre et du contexte social, plusieurs conditions devraient
être réunies :
- une plus grande sensibilisation des salariés – et notamment des animateurs – ainsi que des
administrateurs au développement durable ;
- des partenariats avec des organisations spécialisées sur les enjeux du développement
durable : il ne peut s’agir de prestations du centre vers ces organisations mais bien de
partenariat. Au centre social de savoir accompagner ces organisations dans la conception de
démarches pédagogiques adaptées au public, aux organisations d’être pointues sur leur
domaine, fiable et de savoir communiquer leur passion.
- Concevoir des actions simples, concrètes, faciles et éviter les actions dont on a du mal à
comprendre la finalité et/ ou les modalités.
La proximité de certains lieux (un parc ou encore les pistes cyclables aménagées récemment) pourrait
sûrement être davantage valorisée dans le cadre des activités du centre.
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Entretiens avec le Président et le directeur du centre social 4
Développement Durable ?
Le directeur s’interroge sur ce qu’on appelle le développement durable; s’agit il d’un avatar du Pacte de
Rome dit de « croissance zéro » (donc de l’austérité) ? Il faut définir ce terme avant d’en traiter.
Pour le président, la question du développement durable est très éloignée des priorités quotidiennes du
centre social. Pour lui le développement durable passe surtout à travers des valeurs de connaissance et
de respect de la nature. Le centre social connaît bien le moulin de l’Yzeron, les plantations d’arbres avec
les services du Grand Lyon.
Dans le patio du centre social il y a un jardin des plantes ordinaires qui est là en permanence, il est
entretenu par un habitant bénévolement.
Les habitants et usagers organisent aussi la balade des 4 saisons (chaque saison).
Les débats au sein du centre ?
La question du développement durable n’a pas réellement été abordée avec les administrateurs.
Pour les salariés, la question du développement durable a été soulevée avec ses pour et ses contres.
Les usagers et bénévoles du centre ne s’impliquent pas vraiment sur ces thématiques, il n’y a que 2
bénévoles qui se sont investis sur le patio pour en faire un jardin.
Les partenaires : nous n’avons jamais vu de proposition de la part de la mairie ou d’autres acteurs (à
part sur le recyclage et le tri). Mais il est quand même regrettable que le ramassage de la poubelle verte
du tri n’ait lieu qu’une fois par semaine. Résultat : autrefois on triait tout pour remettre ensuite dans la
poubelle grise (qui part à l’incinération) du fait du problème de place et de stockage dans la verte. La
régie de quartier organisait avec les habitants, une sorte de nettoyage de printemps, mais ça ne se fait
plus vraiment. L’OPAC invite à participer au nettoyage de printemps mais il y a un ras le bol des
habitants par rapport à l’OPAC.
Les actions vers le développement durable
Aucun réel désir de faire du développement durable mais plutôt de faire des actions pour mieux
connaître la nature.
Le centre a fait appel à EDF qui propose des animations pour mieux lire sa facture et ainsi réduire sa
consommation d’électricité (c’est peut être où le développement durable est intéressant parce qu’on
touche au portefeuille des gens et donc à l’aspect « économique ») ;
Il aurait aimé mettre « éventuellement » le tri et un compost en place dans la cuisine mais il y a un
problème de place.
Le centre avait à une certaine époque une animatrice très branchée sur ces questions de découverte
des sciences et de la nature, elle avait fait plusieurs actions et productions avec les enfants dans ce
domaine. Le directeur pense que le développement de telles activités repose vraiment sur l’engagement
des animateurs.
Dans le patio, le centre a fait un petit « arboretum » en mettant des étiquettes. Le président pense que le
centre pourrait peut être aller plus loin en faisant des actions avec la mairie, mais il faudrait voir déjà si
elle propose des choses.
21
Comment se situe le centre par rapport au développement durable, ce qu’il fait et ce qu’il pourrait faire ?
Il n’y pas de consignes particulières de la part du CA à ce niveau là. Il y a une totale autonomie de
l’animateur : « si il est motivé, il fait ! »
La priorité du CA est de répondre aux besoins des parents.
Chaque année EDF revient expliquer ses documents dans le cadre de l’action « lire et comprendre les
papiers de tous les jours », nous faisons de même avec la Sécu , la poste… Il y a 2 modules de 9
séances. Dans ce cadre nous organisons une exposition sur les économies d’énergies (documentation,
ampoules basses tensions, etc…).
Pour conclure nous avons le jardin dans le Patio et la balade des 4 saisons, l’activité cuisine mais il n’y a
pas d’activités animées directement par des habitants.
Développement durable
Dynamique : Le développement durable n’est qu’un affichage, il faudrait que les gens y trouvent leur
compte, il faut que les gens soient acteurs et disposent de moyens pour cela.
Contraintes : le développement durable est dilué dans un vague concept qui ne mène à pas grand
chose, c’est loin des préoccupations quotidiennes des gens.
Actions pour le futur : peut être une information au CA ? éventuellement une information aux habitants
(sans trop y croire) ; le débat sur la laïcité intéresse plus les gens du quartier aujourd’hui que le
développement durable.
Entretien avec l’animatrice socio culturelle/ responsable de
l’accompagnement scolaire et le directeur du centre social 5
Pour le centre social le développement durable n’est pas un objectif en soi , c’est un moyen d’atteindre
l’objectif du centre social.
Pour nous le développement durable, c’est tout ce qui concerne la prise en compte de notre
environnement dans le long terme . En animation, le développement durable ,c’est faire prendre
conscience aux plus jeunes de l’espace et du temps. C’est aussi le développement de la citoyenneté.
C’est une fonction politique à long terme. Il faut définir, ce qu’on entend par la notion d’Environnement,
s’agit il de l’écologique , du politique, de l’humanité et (ou) de la dimension sociale ? De manière
générale, c’est une prise de conscience de sa citoyenneté. Pour les enfants , il semble que l’entrée par
les notions d’environnement semble plus facile.
Nous organisons chaque année au centre social, une semaine du respect, qui a déjà fait débat avec les
administrateurs, notamment pour la visite d’un centre de tri (on sent que la sensibilité existe, les gens
ont envie de comprendre surtout si ils peuvent faire des « économies »). Il y a les actions d’EDF via le
Pim’s , ça fonctionne mais ce n’est pas une orientation principale.
Nous constatons que globalement les adultes , retraités et adolescents viennent plutôt consommer au
centre social mais ne sont pas réellement impliqués sur ces questions de développement durable .
Personne ne s’oppose réellement à une démarche « développement durable » dans le centre social
mais c’est vrai que nous n’avons pas spécialement développé cette thématique, chacun y va de sa
propre sensibilité. Nous avons une élue verte à la mairie parmi nos salariés, il faudrait la solliciter un peu
plus pour pouvoir mettre en place des actions.
22
On développe aussi des activités sur l’hygiène, la santé, la vie courante , l’alimentation. L’approche du
développement durable est plus individuelle que collective. La collecte des bouchons plastiques
fonctionne très très bien !
Nous faisons attention au non gaspillage d’eau, et nous essayons (systématiquement) d’appliquer une
logique d’achat vers des fournisseurs au plus prêt de notre centre social de façon à privilégier ce qu’on
appelle des « circuits courts » (moins consommateurs d’énergies, moins polluants et favorisant les
productions et les activités locales : petits commerces de quartier, entre autres…).
On utilise le papier des 2 cotés pour les activités et pour les photocopies.
On se pose aussi pas mal de question sur la fabrication des biens de consommation que nous avons :
ont-ils été fabriqués dans des conditions équitables et respectables des droits de l’homme ?
Nous avons essayé de mettre en place un système de panier « alter conso » mais nous étions déjà trop
nombreux sur le secteur géographique et notre demande a été refusée.
Nous essayons de travailler la relation avec le public, la participation, la gouvernance mais ce n’est pas
évident et pour l’instant nous ne savons pas le faire. Quand il est question d’animer des réunions de
participation entre habitants, on voit bien les limites de ce qui est non négociable et de ce qui est
négociable entre habitants à chaque fois, ça pose des problèmes mais les gens ne sont pas prêts.
Il est très difficile d’impliquer les habitants au delà des activités de simple « consommation », ils ont l’air
globalement satisfaits mais il n’y a pas les mêmes idéaux pour chacun.
Nous avons actuellement un projet d’exposition sur les oiseaux avec un ornithologue en collaboration
avec les enfants. Nous souhaitons faire se reproduire ses oiseaux d’élevage dans le centre social et
ensuite observer les oiseaux sauvages autour du centre social. Il y a un reportage photo tout au long de
l’évolution du projet . En tant qu’animatrice , je travaille énormément la notion de plaisir avec les enfants
(qui est un public captif), c’est ce qui compte avant toute chose !
Nous aimerions travailler sur un jardin partagé ou collectif pour les adultes.
Avec la conseillère en économie sociale et familiale nous travaillons sur la cuisine, la santé, le conseil
individuel . Il y a des ateliers recherche d’emploi.
Pour nous c’est un très bonne idée que la Fédération des centres sociaux « catalyse » les initiatives et
mette en réseau les acteurs, ça amène de l’oxygène ; à plusieurs , on est plus intelligent que seul ; le fait
d’entrer dans le réseau, ça permet de faciliter la mise en place d’action et on peut solliciter des aides
financières à plusieurs.
Pour l’avenir , nous souhaiterions des formations concrètes sur le terrain , pour voir qu’est ce que le
développement durable ?
L’échange de savoir entre centres sociaux est intéressant également.
Nous participons à la formation avec les JPA et les FRANCAS organisée par le Grand Lyon.
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Entretien avec une animatrice enfance/ jeunesse et le directeur du
centre social 6
Pour le centre, le développement durable est un moyen d’atteindre ses objectifs, de créer du lien social.
Cela lui a également permis de développer des actions spécifiques (la mise en place de compost ou
encore le tri sélectif).
La perception du développement durable au sein du centre
Les administrateurs ne sont pas tellement sensibles au développement durable - ce n’est pas vraiment
leur « truc » - dans la mesure où le projet du centre est prioritairement axé sur le lien social. Ils sont
également très sensibles au coût des projets, à l’économie du centre social. Aussi, pour qu’ils puissent
apprécier l’intérêt réel d’actions dans le domaine du développement durable, il pourrait être intéressant
de leur proposer une formation - à condition qu’elle ait véritablement du sens.
Le développement durable est de plus en plus un centre d’intérêt pour les bénévoles d’activités et les
salariés mais les besoins de base restent toutefois une priorité (comme par exemple l’apprentissage du
français qui concerne environ 80 personnes).
Les actions du centre dans le cadre du développement durable
Le centre développe diverses actions dans le domaine environnemental : compost , tri sélectif, mare,
spirale à insectes, plantation de fruitiers, 12 personnes qui gèrent 300 m² de jardin (c’est une véritable
dynamique qu’il faut entretenir) ; il y a 2 espaces jardins : un pieds d’immeuble et jardin de ville
Pour autant, au regard de la pyramide des besoins, certaines représentations du développement
durable apparaissent comme un luxe parfois décalé du quotidien des habitants. Ainsi, à titre
d’exemple, les gardiens d’immeuble expliquent qu’ils ne sont pas encore en train d’expliquer le tri
sélectif des déchets aux habitants, ils viennent juste de les sensibiliser au fait qu’on ne les jette pas par
la fenêtre.
En général , on s’aperçoit que les plus motivés ou intéressés sont toujours les mêmes : les écolos ou les
enseignants. Le centre a ainsi essayé d’expliquer aux jardiniers l’importance d’optimiser l’usage de
l’eau. Or ce n’est vraiment pas facile car si ils n’arrosent pas , ils ont le sentiment de ne rien faire et de
ne servir à rien. Par ailleurs, les jardiniers de la ville ont mis en place des systèmes de gestion
différenciée, par exemple la hauteur de tonte des gazons est un peu plus élevée qu’avant… résultat : les
habitants appellent pour se plaindre que ce n’est pas propre ou pas assez court !
En fait , le centre s’aperçoit qu’il faut amener le développement durable par petites touches , petit à
petit. Aussi, il regrette qu’il n’y ait plus d’ambassadeur du tri car les gens feraient bien l’effort si on leur
expliquait clairement le parcours des déchets. Autre exemple de la nécessité de s’investir dans la
durée : il a fallut négocier 5 ans pour avoir des poubelles de tri sélectif dans le cadre de l’opération
« enfance et nature ».
Le centre social a toutefois mené plusieurs actions qui ont vraiment bien marché : récupération des
bouchons plastiques ou le collecteur de déchets organiques qui alimente le compost au centre social.
Par ailleurs, Les jardiniers de la ville deviennent bénévoles le soir au centre, c’est très intéressant pour
expliquer la démarche « Développement Durable ». Un jardin de 500 m² qui nourrit 13 familles est ainsi
devenu un lieu référence qui permet une véritable réflexion sur le jardinage et les méthodes : système
d’irrigation et espace collectif notamment. Il y a tout un travail sur l’horloge des saisons : choix des
légumes en fonction des besoins et des saisons mais aussi par rapport aux habitudes de plantation. Les
Marocains avaient ainsi pour habitude de planter leurs tomates dès le mois de mars : il a fallut leur
24
expliquer le climat et le rythme des saisons en France. Plusieurs discussions se sont engagées
également par rapport à l’usage ou non de pesticides, d’engrais...
Il y a une fête des jardins organisée chaque année et aussi une foire aux « plançons » (sorte de troc aux
plantes).
Le centre a également accompagné les habitants pour visiter un centre de tri ainsi que l’usine
d’incinération dans le 7ème arrondissement .
Il a développé des actions avec Arthropologia sur le thème des papillons financées par la Fondation
Nicolas Hulot.
Il a récupéré un moulin à farine pour faire sa farine et son pain à partir du blé qui a été planté, il a
même un four à pain.
Le centre propose ou accueille également des ateliers : nature, santé et cuisine pour apprendre
notamment à cuisiner les produits frais. La plupart du temps ces produits frais étaient jetés car les
jeunes (souvent issus de familles mono parentales) ne savent pas cuisiner, c’est un travail de fourmi que
le centre effectue.
Le positionnement du centre social sur les différents piliers du Développement Durable :
Respect de l’environnement : si on ne respecte pas l’environnement, on ne respecte par les
personnes non plus, en général. Il faut favoriser les démarches collectives et promouvoir un « mieux
vivre ensemble ».
Le développement économique : ce pilier interroge notamment comment on peut faire des économies
pour/ avec un développement durable : recyclage du papier en grande quantité (mis en place d’un
collecteur pour le quartier) ; atelier cuisine avec les produits de saisons.
Solidarité sociale : C’est un enjeu important pour le centre et il est mis en oeuvre.
La gouvernance : c’est un des piliers du centre social, il faut accompagner les habitants sur des micros
projets qui favorisent l’exercice de la citoyenneté de tous, reconnaissent pleinement le statut des
bénévole… Le centre accueille ainsi 90 bénévoles équivalents à 6 postes à temps plein ! Ce sont les
bénévoles eux mêmes qui gèrent et animent les activités. Il est important de revaloriser l’individu. La
reconnaissance des bénévoles est très importante. Il y a ainsi 1 salarié qui fait l’interface pour valoriser
leur travail. Le fonctionnement est assez simple : tous ceux qui viennent pour apprendre quelque chose,
peuvent aussi donner quelque chose de leur propre savoir. Quand on donne , il faut accepter aussi de
recevoir , ce n’est pas évident dans notre culture judéo-chrétienne. Par ailleurs, l’animation des activités
par des bénévoles permet une certaine souplesse. Ainsi, si l’atelier « poterie » (animé par un bénévole)
devait s’arrêter, ce ne serait pas catastrophique, les gens venant de tous les milieux (CSP) pourraient
se retrouver autour d’une autre activité, d’une autre passion. Du reste, des activités émergent souvent
de la rencontre de plusieurs habitants.
Des pistes d’actions
La formation à destination du secteur jeunes mais aussi pour les administrateurs pourrait être
intéressante. Elle pourrait conduire à la signature d’une charte écologique ou à la mise en place du tri
dans le centre.
Le centre est en revanche plus réservé sur certaines notions. Ainsi , l’empreinte écologique est difficile à
faire comprendre et ne permet pas de toucher la majorité des gens du quartier.
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Qu’est que la dynamique Développement Durable peut apporter aux centres sociaux ?
C’est une réflexion générale sur le sens de la vie et des valeurs : l’eau, l’air, l’énergie ; il faut revenir sur
des bases. L’important ce n’est pas d’avoir réussi mais d’être réussi. Quel temps se donne-t-on à soi ?
Le centre peut permettre de se donner du temps - que ce soit dans un groupe d’habitants, à la piscine,
en discutant…
Quels sont vos craintes par rapport au sujet ?
L’effet de mode, le mot déjà dépassé et galvaudé par certains, la notion trop vague. Il faut du concret.
Quelles sont les actions collectives que vous trouveriez intéressantes et nécessaires et auxquelles vous seriez
prêts à participer ?
- Un agenda 21 de la ville sous réserve que ce ne soit pas une « usine à gaz »
- Mettre en place la récupération du papier usagé en vue d’un recyclage collectif et qui rapporte un peu
d’argent. (mais il faudrait l’aborder sur différents niveaux). Comme toujours si le circuit des déchets est
bien expliqué alors il est mieux accepté, compris et donc appliqué !
- Nous aimerions mettre en place les déplacements doux.
- Nous aimerions mettre en place une préparation aux vacances pour les adultes qui vont avoir la
charge de leurs enfants en dehors du cadre scolaire (en clair comment les occuper et comment vivre
avec eux hors cadre scolaire ?).
- Apprendre à avoir un repas ensemble , …
Entretien avec la directrice du CLSH du centre social 7
Qu’est ce que le Développement Durable ?
Comment va-t-on pouvoir mettre en place des actions pour modifier notre comportement au quotidien ?
Au centre, on essaye de donner aux enfants plus de connaissance sur leur environnement naturel
proche car on s’est aperçu qu’ils en avaient souvent peu de notions.
Nous développons depuis cette année des actions sur le respect de l’environnement, le tri des déchets,
la confection d’un jardin pédagogique, et la fabrication d’une mangeoire pour les oiseaux.
Nous impliquons petit à petit les familles dans ces projets notamment par la récupération de matériaux,
ou par une habitante qui nous aide à la conception du futur jardin pédagogique (cette personne travaille
au service espace vert ).
Trois permanents des secteurs adulte, enfance et halte garderie ont prévu de suivre la formation de
Pass’jardin en 2007 pour les aider à construire un projet de.
Mais le Centre social a su faire appel à l’équipe du pôle cadre de vie de la mairie qui est très impliqué et
qui accompagne les projets en environnement .
Le centre social a fait appel aux associations de la maison rhodanienne de l’environnement et aussi au
grand moulin de l’Yzeron.
Y a t’il eu débat sur la question du développement durable ?
Avec les administrateurs : non
Avec les salariés , oui , nous essayons de mener des actions au quotidien pour et avec les salariés.
Une formation va avoir lieu sur le tri des déchets en interne et nous allons accueillir une exposition du
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Grand Lyon sur le tri des déchets. « nous avons fait le choix dans le centre social de trier les déchets
toute l’année ! »
Avec les bénévoles et les usagers : pas encore car l’animatrice en poste vient d’arriver.
Avec les partenaires : la Ville et le Grand Lyon pour mettre des poubelles récupération du papier dans
toutes les salles d’activités ; Fédération de pêche, CORA, Naturama, Apieu Mille feuille, Robin des
villes, oikos.
Autrefois nous avions l’habitude de travailler sur des thématiques de manière ponctuelle, mais pour la
question du développement durable, nous avons choisi de travailler tout au long de l’année, c’est un
thème que nous voulons « récurrent » tout au long de l’année.
Nous souhaitons que le fil rouge de cette année devienne un fil rouge sur plusieurs années pour les
enfants de 7-12 ans.
Pour le futur :
On aimerait faire en plus sur les années à venir et à long terme un projet « ambitieux » , c’est à dire
investir les extérieurs d’un bâtiment que la Mairie nous met à disposition.
Nous aimerions la transformer en maison de l’observation de la nature, il y a un espace où l’on pourrait
faire un jardin , une prairie, une mare…
La question du développement durable et l’environnement : je suis la toute nouvelle directrice du
centre de loisirs et donc j’apporte avec moi un tout nouveau projet en l’occurrence sur le développement
durable, je ne sais pas si mon prédécesseur , y était sensible ?
La question du développement durable et de la solidarité sociale : apprentissage des règles de vie
au quotidien ; développer la richesse culturelle des enfants, prendre en compte les différents régimes
alimentaires (depuis cette année). En plus les 7 12 ans travaillent cette année sur les continents.
La question du développement durable et de gouvernance : on aimerait plus d’implication des
habitants dans l’ensemble des secteurs du Centre Social pour lancer une dynamique globale .
Nous avons conscience que le centre social est un exemple au niveau local des actions en
développement durable que nous pouvons mettre en place dans le quartier.
Mes craintes pour l’avenir sont de ne pas pouvoir dépasser la notion de découverte et d’initiation . Notre
projet sur le bâtiment mis à disposition par la ville permettra peut être de susciter d’autres envies et de
toucher d’autres publics.
Par exemple , nous aimerions mettre en place des actions sur l’initiation aux moyens de transports et
aux déplacements doux, mais aussi sur le bâti avec OIKOS.
Nous aimerions que les formations en éducation au développement durable puissent inclure les
animateurs .
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Entretien avec une animatrice et la directrice du centre social 8
Une définition du développement durable pour vous :
Les mots clés sont : ressources humaines, globalité, éco-citoyenneté, solidarité.
Selon l’animatrice, le terme apparaît comme trop élitiste pour les gens qui fréquentent le centre social :
« c’est un truc pour les riches ! »
Est-ce que le sujet développement durable a fait l’objet d’un débat dans le centre social ?
Le développement durable n’existe pas en tant que tel dans le centre social, c’est une notion à mettre en
place avec les administrateurs. Il faudrait d’ailleurs prévoir pour eux des formations courtes à ce sujet,
de manière à les former aux questions d’actualité.
Les relations humaines sont indispensables pour faire accepter le message.
La Mairie annonce avoir développé un agenda 21. C’est étonnant, nous n’avons pas été sollicités. S’agit
il d’un effet d’annonce ?
Pour nous, au centre social, le Développement Durable relève plus d’un état d’esprit, ou d’une
philosophie. Le centre social sert à ce que les gens puissent tisser des liens entre eux. Nous devons
appréhender les personnes dans leur globalité. Malheureusement le développement durable est perçu
par la plupart des membres du centre social et les habitants du quartier comme une idée réservée aux
riches. Autre réaction des habitants qui montre des différences dans les priorités : « pourquoi faire
nettoyer le jardin aux enfants, alors que les cages d’escaliers sont sales ! …. Il faudrait d’abord éduquer
les parents ! »
Certains salariés ont tenté des choses avec les ampoules basses tensions par exemple mais
globalement les salariés ne semblent pas intéressés. Le secteur jeunesse est hermétique à ce sujet.
Nous menons toutefois déjà des actions dans le secteur enfant (6-12 ans), des actions sur le commerce
équitable et avons un jardin pédagogique.
Le simple fait de partager un repas issu du commerce équitable ; pour nous, ça relève du
développement durable. Nous aimerions mettre cette idée en place en la partageant avec d’autres
centres sociaux.
Quelles sont celles que vous souhaiteriez développer ? Quels sont les obstacles et les opportunités que vous
avez identifiés ?
Nous aurions envie de mener plusieurs actions dans le cadre du développement durable comme :
proposer des actions d’éducation au goût et agir sur la réduction des parts individuelles, installer des
panneaux solaires sur le centre aéré, mettre en place le tri sélectif au centre aéré
Nous sommes bien conscients que le centre social doit être moteur. Par exemple, nous avons un repas
commerce équitable lors de la fête des mamans, nous avons eu pas mal de réactions notamment par
rapport au coca équitable le Guanama … on nous a dit « ce n’est pas du coca ! »... (avec pas mal de
sous-entendus)
Le positionnement du centre sur les différents piliers du développement durable
La participation des habitants est assez faible ; la ville a tenté de lancer une opération avec une
association qui valorise les compétences des habitants pour qu’ils s’aident chacun, par exemple : « je
sais écrire les courriers officiels et toi tu sais coudre, aidons nous ! »
Dans la réflexion sur le projet social du centre social, nous nous sommes souvent demandés comment
le centre social était perçu par les habitants ; et surtout comment nous pourrions les associer plus
activement aux activités ?
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L’animatrice propose d’aller tenir un stand sur le marché pour dialoguer hors les murs du centre social
avec les habitants.
Voici quelques exemples d’actions et d’initiatives que nous avons déjà menées dans le cadre de la
protection de l’environnement : l’exposition du Grand Lyon et d’EDF sur la consommation d’énergie,
une action de nettoyage du quartier. Nous essayons toujours de cibler au maximum le public enfant pour
ce genre d’actions. Dans notre organisation quotidienne, nous ne mettons pas encore vraiment en place
d’actions pour préserver l’environnement.
Dans le domaine du développement économique, il y a des choses en place avec la mission locale,
l’ANPE, des cours de français. Nous faisons appel aux services d’UNIS-CITE pour l’emploi de jeunes en
services civils.
Concernant la solidarité sociale, nous participons au Téléthon, nous organisons des repas, et nous
essayons toujours de privilégier les actions intergénérationnelles, nous sommes relais jardin avec
l’association « alter conso ».
La prise en compte des piliers du développement durable nous amène à constater que le respect de
l’environnement devient un modèle important que nous prenons de plus en plus en compte. Concernant
le développement économique, nous pourrions être plus impliqués comme force de proposition. La
solidarité sociale pourrait être renforcée si il y avait un réel partenariat avec la Mairie
Les suites à donner à cette investigation
Nous avons un grand besoin de budget car nous ne pouvons pas nous projeter dans l’avenir. Le centre
social n’a pas eu le financement total des 3 années comme cela est prévu normalement, nous n’avons
que 2 années.
Il faudrait réfléchir aux formations courtes que nous pourrions proposer au sein du centre.
Les principes d’actions qui nous semblent importants à respecter sont les suivants :
• Dire que le CS fait des choses simples : fête pour les 6-12 ans, fête du jardin en juin, fête de la
solidarité en mai
• Les clés du succès sont : l’intergénérationnel dans le cadre du projet et la proximité.
• Il faut être modeste, concret et apporter des solutions rapidement : arrêt de bus
• Il faut être crédible pour garder les mêmes animateurs.
• Il faut démarrer par les petits, puis les élus.
• Intérêt de s’appuyer sur les associations spécialisées dans le dialogue des habitants.
• Il faut valoriser les compétences des gens, mais c’est très difficile. Cela doit être propulsé par la
politique de la ville.
• Il faut mener une réflexion sur le projet social, le diagnostic auprès des habitants n’est pas fait,
on essaye de sonder les habitants pour mesurer la température…. ?
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6 - Pistes d’actions pour 2007
Les entretiens que nous avons réalisés à Lille et avec les directeurs de centres sociaux du Rhône
confirment leur intérêt pour le développement durable - d’autant plus qu’ils mènent déjà des actions
dans l’un ou l’autre de ses piliers (notamment la participation des habitants ou l’équité sociale et la
protection de l’environnement pour certains d’entre eux).
Afin de valoriser ces actions, de les consolider et de permettre à ceux qui le souhaitent de les
développer et/ ou d’en imaginer de nouvelles, plusieurs pistes de travail ont été envisagées pour 2007 :
1. Lancer un appel à propositions à destination des centres sociaux pour soutenir les actions
qu’ils souhaiteraient mettre en œuvre. Le contenu et les modalités de cet appel à propositions
seraient définis à partir des résultats de l’investigation.
2. Produire un support de communication (4 pages) sur les actions des centres et les
partenariats mis en œuvre pour mieux les faire connaître au sein du réseau des centres
sociaux et de ses différents partenaires actuels ou potentiels.
3. Organiser une séance d’information à destination des acteurs lyonnais/ rhodaniens du
développement durable pour leur permettre de mieux connaître les centres sociaux (objectifs,
organisation, fonctionnement…) et pouvoir ainsi mieux les solliciter dans le cadre d’éventuels
partenariats.
4. Co-organiser une rencontre avec d’autres fédérations départementales de centres
sociaux pour échanger à la fois des réflexions sur le lien développement durable/ centres
sociaux et des expériences concrètes que mènent certains centres.
Ces pistes sont proposées ici à titre indicatif et ne pourront être confirmées que sur la base des
résultats de l’investigation actuellement en cours et de l’intérêt qu’exprimeraient les centres
sociaux.
Enfin, comme l’ont souligné la plupart des personnes rencontrées lors de cette investigation,
l’engagement des centres sociaux dans le domaine du développement durable doit naturellement
s’inscrire dans le respect des valeurs et des façons d’agir énoncées dans leur charte fédérale ainsi que
dans le cadre de leur projet associatif. Or, comme le souligne, P. Denissel et B. Villalba (2005), « loin de
constituer des espaces antagonistes, les champs d’actions du développement durable et des centres
sociaux se recouperaient non seulement sur les valeurs fondamentales mais aussi sur la méthodologie
d’action ». Ils ont commun de porter en eux l’idée d’un développement qui « consiste à surmonter
toutes les formes de non-libertés qui restreignent le choix des gens et leurs possibilités d’agir »
(Amartya Sen, 1999).
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Annexe : Guide d’entretien sur le développement
durable
Version définitive - 20 novembre 2006
Ces entretiens sont conduits avec le directeur du centre et éventuellement un ou des membres de l’équipe travaillant ou
intéressés par les enjeux du développement durable (salarié et/ou administrateur).
Ces entretiens doivent permettre de comprendre comment les centres interviewés se saisissent du développement durable.
Réalisé sur un mode semi-directif, ils sont structurés en 2 temps différents :
1. quelle en est leur représentation ? Au vu de cette représentation, quelles sont les actions qu’ils mettent en
œuvre ? souhaitent mettre en œuvre ? les opportunités et obstacles rencontrés ?
2. Au regard d’une grille d’analyse du développement durable qui leur sera proposée, comment positionnent-ils leur
centre ?
Le dialogue s’organisera ainsi autour des questions suivantes :
A. Nous vous proposons, dans un premier temps, de partir de vous, de votre centre…
Qu’est-ce que le développement durable pour vous ?
Identifier des idées forces / mots clés :
Est-ce que ce sujet (soit en tant que tel soit à travers les idées identifiées à la question précédente) a déjà fait l’objet de
débats au sein de votre centre ? si oui, sous quelle forme ? avec qui ? quelles en ont été les conclusions ?
Synthèse des débats/ échanges qui auraient eu lieu :
Avec qui ?
Administrateurs
Salariés
Comment ?
Usagers/ Bénévoles
Partenaires
Conclusions ?
Quelles sont les attentes/ demandes des habitants ? enjeux pour votre territoire ?
Identifier des idées forces / mots clés :
Quelles sont les actions de votre centre qui s’inscrivent dans votre définition/ représentation du développement durable ?
Quelles sont les obstacles et les opportunités que vous avez rencontrés ?
Activités
Opportunités
Obstacles
Disposez-vous de documents sur ces actions ? Sera-t-il possible, après l’entretien, de visiter / voir certaines d’entre elles ?
Document remis :
Activités visitées :
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Quelles sont celles que vous souhaiteriez développer ? Quels sont les obstacles et les opportunités que vous avez
identifiés ?
Activités
Opportunités
Obstacles
B. Après ce tour d’horizon de votre centre, nous vous proposons maintenant de partir d’une grille
d’analyse construite à partir de la définition « officielle » du développement durable pour voir comment
se situe votre centre, ce qu’il fait déjà, pourrait faire…
Le développement durable se définit comme « un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la
capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ».
Il comprend quatre piliers :
- le développement économique
- la solidarité sociale
- le respect/ la protection de l’environnement
- la gouvernance, la participation des habitants, la diversité culturelle
Nous vous proposons de regarder ensemble comment votre centre se positionne sur chacun de ces piliers :
-
en tant qu’acteur du développement social local d’abord (approche territoriale) ;
dans son fonctionnement ensuite (approche organisationnelle).
Exemples d’activités/ de principes d’action :
Votre centre…
Le respect/ la protection de
l’environnement
… comme acteur du développement
local social
Action de sensibilisation ? supports
d’information ?
paniers bio ?Jardin?…
Le développement
économique
Cellule emploi au sein du centre ?
Alphabétisation pour les personnes en
emploi/ en recherche ?
La solidarité sociale
Action intergénérationnelle ? Accueil de
tous, Mixité des publics, Attention
particulière pour les personnes en
difficulté…
La gouvernance, la
participation des habitants, la
diversité culturelle
Engagement des bénévoles dans la
conception/ la mise en œuvre des
activités , activités culturelles,
permanence sur les droits, écrivains
publics, la participation des femmes….
Votre centre…
Dvt Durable
Le respect/ la protection de
l’environnement
Le développement
économique
La solidarité sociale
La gouvernance, la
participation des habitants,
la diversité culturelle
… comme acteur du développement local
social
… comme une organisation
Utilisation de papier recyclé ? recyclage papier
usager ? photocopies recto-verso ? utilisation
de matériel réutilisable ? de matériaux
écologiques ? utilisation de produits bio …
Le centre comme employeur : nombre de
salariés ? emplois précaires vs CDI ? dvt des
compétences par la formation ? respect de la
convention collective…
Accessibilité des bâtiments/ des équipements ?
chèque Kdo en fonction des revenus ?
Accès de tous au classeur SNAECSO,
Existence d’espaces d’information/ de
négociation, DP…
… comme une organisation
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Nous pourrions conclure cette discussion en demandant aux personnes de qualifier la prise en compte de chacun
des 4 piliers par le centre – comme acteur du développement local social, comme organisation (++ ; + ; - ; --).
Votre centre…
… comme acteur du
développement local social
… comme une organisation
Le respect/ la protection de l’environnement
Le développement économique
La solidarité sociale
La gouvernance, la participation des habitants,
la diversité culturelle
++ : pilier fortement pris en compte
+ : pilier pris en compte
- : pilier peu pris en compte
-- : pilier très peu pris en compte
où situez vous les enjeux pour votre centre dans ce tableau ?
Priorisation des 3 plus importants : 1 – 2 - 3
C. La suite à donner à cette investigation
A votre avis qu’est ce que cette dynamique autour du Développement durable peut apporter aux CSx ?
Identifier des idées forces / mots clés :
Quels sont vos craintes par rapport à ce sujet ? les limites que vous voyez ?
Identifier des idées forces / mots clés :
Quelles sont les actions collectives que vous trouveriez intéressantes/ nécessaires et auxquelles vous seriez prêts à
participer ?
(échanges d’expériences, agenda 21, formation, comité de pilotage…)
Identifier des idées forces / mots clés :
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Cette investigation a été conduite par la
Fédération des centres sociaux du
Rhône avec le soutien du Grand Lyon
Fédération des centres sociaux du
Rhône
138, cours Emile ZOLA
69 100 Villeurbanne
Tel : 04.78.84.50.84
Fax : 04.78.84.48.88
[email protected]
www.centres-sociaux-rhone.com
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