Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine
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Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine
Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine : Raisons pour lesquelles le Canada doit se doter d’une plaque tournante du renminbi Octobre 2014 Branchez-vous. Nous sommes l’association de gens d’affaires la plus importante et influente du Canada et, à ce titre, nous sommes le lien principal et essentiel entre les entreprises et le gouvernement fédéral. Forte d’un réseau de plus de 450 chambres de commerce, qui représentent 200 000 entreprises de toutes les tailles, de tous les secteurs de l’économie et de toutes les régions, nous démontrons continuellement que nous avons un impact sur les politiques publiques et le processus décisionnel au profit des entreprises, des collectivités et des familles du Canada. Faites-vous entendre. La préparation de ce document a été rendue possible grâce au soutien généreux de notre commanditaire Table des matières Mise en contexte 2 Qu’est-ce qu’une plaque tournante du renminbi ? 3 Quels sont les avantages d’avoir une plaque tournante du renminbi ? 4 Que signifierait une plaque tournante du renminbi pour les entreprises canadiennes ? 5 Dans quelle mesure la présence d’une plaque tournante du renminbi contribuerait-elle à accroître le commerce avec la Chine ? 6 Quels secteurs de l’économie en bénéficieraient le plus ? 8 Quelles régions seraient les plus avantagées ? 9 Pour quelles raisons les entreprises canadiennes n’utilisent-elles pas déjà le renminbi ? 10 Que signifie la plaque tournante pour le secteur financier canadien ? 11 Qu’en est-il des marchés canadiens des capitaux ? 12 Conclusion 13 Mise en contexte Et s’il existait un moyen de multiplier les échanges commerciaux avec le marché d’exportation du Canada qui connaît la plus forte croissance et de prendre des mesures pour faire du Canada un chef de file financier international et un pionnier des Amériques dans l’établissement de flux d’échanges commerciaux et d’investissements vers l’Asie ? Et si nous pouvions cimenter nos relations commerciales et diplomatiques avec le pays qui deviendra un jour la première économie en importance sur la planète tout en apprenant à faire plus efficacement des affaires au sein du marché monétaire qui enregistre la croissance la plus rapide dans le monde ? Le potentiel de croissance future est énorme à mesure que la Chine se prépare à devenir la première économie mondiale. Au cours de la dernière décennie, la Chine est devenue le deuxième partenaire commercial du Canada en matière de taille et de rythme de croissance. Nos exportations vers la Chine ont quadruplé, passant de 5 G$ à 20 G$, alors que nos importations en provenance de la Chine ont presque triplé, passant de 18,6 G$ à 52 G$. Les deux pays se complémentent mutuellement : le Canada exporte beaucoup des ressources naturelles dont la Chine – qui s’industrialise rapidement – a besoin, tandis que le Canada – un pays riche – importe beaucoup de biens de consommation. En fait, c’est en 2013 que la Chine a raflé aux États-Unis le titre de première nation commerciale au monde en enregistrant des importations et des exportations totalisant 4 billions de dollars. En même temps, l’utilisation du renminbi chinois (RMB) est en pleine croissance dans le financement des échanges commerciaux. Ne représentant que 1,9 % de l’activité mondiale en janvier 2012, 8,7 % des transactions étaient effectuées en renminbis à la fin de 2013 (la deuxième monnaie la plus souvent utilisée dans le monde). Le gouvernement chinois souhaite vivement libéraliser le renminbi afin qu’une plus grande part du flux des échanges commerciaux soit libellée dans cette devise. Il en résulte pour les entreprises et les banques canadiennes une occasion unique en l’espace d’une génération de dépasser la concurrence et d’adopter le renminbi (la monnaie qui connaît actuellement la croissance la plus rapide sur la planète) avant d’autres. Le moment est venu de porter la relation commerciale avec la Chine à un niveau supérieur en établissant une plaque tournante du renminbi au Canada. Exportations canadiennes vers la Chine (en M$ CA) Importations canadiennes en provenance de la Chine (en M$ CA) 60 000 20 000 50 000 15 000 40 000 30 000 10 000 20 000 5 000 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 0 2003 2013 2012 2011 2010 2009 2008 2007 2006 2005 2004 2003 0 10 000 1 Statistique Canada. “Données sur le commerce en direct”, accessible en ligne à l’adresse www.ic.gc.ca/eic/site/tdo-dcd.nsf/fra/accueil 2 SWIFT. “RMB now 2nd most used currency in trade finance, overtaking the Euro”, accessible en ligne à l’adresse www.swift.com/about_swift/shownews?param_dcr=news.data/en/swift_com/2013/PR_RMB_nov.xml#sthash.7B2wLZzU.dpuf Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 2 Qu’est-ce qu’une plaque tournante du renminbi ? Il s’agit d’un centre autorisé par la banque centrale de la Chine à conclure des transactions en renminbis. Un tel centre est doté de l’infrastructure de règlement et de compensation nécessaire et dispose de suffisamment de liquidités pour traiter d’importantes transactions à des taux de change stables et prévisibles. Habituellement, l’établissement d’une telle plaque tournante requiert la mise en place de l’infrastructure financière nécessaire, dont un accord de swap avec la banque centrale, une banque de compensation, des licences/quotas d’investissement et d’autres éléments de compensation et de commerce ainsi qu’une mise en marché active par les secteurs privé et public. Au cours des derniers mois, la Banque populaire de Chine a approuvé des banques de compensation en renminbi dans des centres comme Londres, Francfort et Séoul en plus d’avoir signé des accords avec Paris et le Luxembourg. De plus, 25 autres pays ont conclu des accords de swap de devises avec la Chine à ce jour. Il commence à y avoir foule, mais aucun pays des Amériques ne compte encore une plaque tournante du renminbi. Si le Canada agissait rapidement, il pourrait devenir un pionnier et nous doter d’un avantage concurrentiel considérable. 3 Le gouvernement fédéral est appelé à jouer un rôle important en menant les négociations avec la Chine et en mettant en place l’infrastructure nécessaire. Néanmoins, le secteur privé du Canada jouera un rôle central, car le secteur financier fera la promotion des avantages sur les plans du commerce et de l’investissement du renminbi et positionnera le Canada comme une plaque tournante. Par ailleurs, c’est l’ensemble des entreprises canadiennes qui dicteront l’étendue et le rythme d’adoption du renminbi. À plus long terme, l’internationalisation du renminbi est une grande tendance qui refaçonnera la finance mondiale. Cette tendance risque même de remettre éventuellement en question la suprématie du dollar américain. Cependant, cette tendance pourrait aussi accélérer la réforme du système chinois, encourageant plus d’efficacité et une plus grande orientation sur le marché en ouvrant davantage l’économie chinoise à la planète entière. Il est essentiel que les entreprises, institutions financières et investisseurs du Canada fassent partie intégrante de cette transformation. Liao, Steven et McDowell, Daniel E. “Redback Rising: China’s Bilateral Swap Agreements and RMB Internationalization”, accessible en ligne à l’adresse http://faculty.maxwell.syr.edu/dmcdowel/redback_rising_mcdowell_liao.pdf Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 3 Quels sont les avantages d’avoir une plaque tournante du renminbi ? L’établissement d’une plaque tournante du renminbi offrirait quatre principaux avantages à l’économie canadienne. 1. Il est probable que les échanges bilatéraux augmenteraient étant donné que l’utilisation du renminbi permettrait de réduire les coûts de transaction, d’améliorer les modalités de crédit, de bénéficier d’escomptes sur les produits importés de fournisseurs chinois et d’augmenter les exportations vers la Chine, car les acheteurs chinois préfèrent nettement transiger dans la devise de leur pays. 2. Les marchés financiers canadiens auraient la possibilité de s’étendre et de se diversifier pour permettre aux entreprises de réunir des fonds en renminbis et d’accéder à un des plus importants bassins d’épargne de la planète. De plus, les investisseurs auraient la possibilité d’acheter des titres chinois et de tirer profit d’une économie très dynamique en forte croissance. 3. Le secteur financier du Canada se doterait d’un avantage concurrentiel en pouvant offrir une gamme complète de produits du renminbi à sa clientèle. Le secteur créerait ainsi de nouvelles possibilités d’affaires et ferait du Canada un pionnier des Amériques en la matière en dirigeant les flux des échanges commerciaux et d’investissements vers l’Asie. 4. Les relations commerciales et diplomatiques du Canada seraient renforcées avec le pays qui deviendra un jour la première économie mondiale, et le Canada pourrait ainsi contribuer à la libéralisation et à l’ouverture de l’économie chinoise. Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 4 Que signifierait une plaque tournante du renminbi pour les entreprises canadiennes ? Le principal avantage serait une hausse potentielle du chiffre d’affaires et de la marge bénéficiaire des entreprises canadiennes faisant affaires en Chine. Il y a abondance de preuves que les entreprises chinoises préfèrent utiliser le renminbi dans leurs transactions. Selon une récente étude menée par la HSBC, 55 % des entreprises chinoises se disent prêtes à offrir des escomptes pouvant atteindre 5 % à leurs partenaires commerciaux qui acceptent de transiger en renminbis. BNP Paribas rapporte que les entreprises étrangères qui transigent avec des entreprises chinoises en renminbis bénéficient d’escomptes de l’ordre de 1 % à 3 %. Ainsi, plusieurs importateurs canadiens pourraient économiser beaucoup d’argent et refiler une partie de ces économies à leurs clients au Canada. De plus, en Chine, les modalités de paiement applicables aux transactions effectuées en devises étrangères se limitent habituellement à un maximum de 90 jours (importations et exportations confondues) parce que des modalités de paiement de plus de 90 jours imposent des exigences administratives additionnelles à la banque centrale. Transiger en renminbis permet de prolonger les modalités de paiement jusqu’à un maximum de 210 jours. Ainsi, un importateur canadien pourrait acheter des biens et les revendre à ses clients avant de payer son fournisseur chinois. Ou encore, un exportateur canadien pourrait proposer des modalités de crédit de 210 jours par lettre de crédit pour obtenir le contrat, puis régler la lettre de crédit auprès de sa banque canadienne pour toucher son argent sans délai. 4 5 En même temps, les entreprises manufacturières et exportatrices dont les chaînes d’approvisionnement sont situées en Chine laissent de l’argent sur la table parce qu’elles ne paient pas leurs fournisseurs en renminbis. De plus, transiger en renminbis témoigne d’un engagement et d’une compréhension profonde pouvant contribuer à rehausser les relations avec des entreprises chinoises. En fait, près des deux tiers des entreprises en Chine continentale et à Hong Kong sont d’avis que les entreprises étrangères qui transigent en renminbis en bénéficient financièrement et bâtissent des relations commerciales plus solides. Selon une étude menée par la HSBC, 55 % des entreprises chinoises se disent prêtes à offrir des escomptes pouvant atteindre 5 % à leurs partenaires commerciaux qui acceptent de transiger en renminbis. Surtout, transiger en renminbis peut ouvrir la porte à de nouvelles occasions d’affaires. Il est plus facile pour les entreprises chinoises de contracter des emprunts en renminbis. De plus, comme une majorité d’entreprises chinoises sont disposées à réduire leurs prix, proposer de transiger en renminbis peut faire toute la différence. Étant donné que le Canada exporte vers la Chine principalement des ressources hautement concurrentielles à faible marge de profit comme des produits du bois, du minerai de fer et du charbon, le fait de vendre ces produits en renminbis peut donner un avantage aux entreprises canadiennes par rapport à la concurrence internationale. HSBC. “RMB Survey”, accessible en ligne à l’adresse www.hsbc.com/news-and-insight/2013/rmb-survey BNP Paribas. “All About RMB – A Corporate Handbook”, accessible en ligne à l’adresse www.fccihk.com/files/dpt_image/5_committees/ Sourcing/100114-BNPP%20RMB%20Brochure.pdf Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 5 Dans quelle mesure la présence d’une plaque tournante du renminbi contribuerait-elle à accroître le commerce avec la Chine ? Le principal avantage de transiger en renminbis est le potentiel de conclure un plus grand nombre d’ententes d’exportation étant donné que les acheteurs chinois préfèrent payer dans la devise de leur pays. En raison de l’intensité du commerce avec la Chine, toute augmentation du taux de croissance aurait d’énormes retombées. Depuis 10 ans, les exportations canadiennes vers la Chine enregistrent un taux de croissance annuel composé de 11,7 %. Dans l’optique d’obtenir une estimation approximative de l’incidence potentielle d’un recours accru au renminbi par les exportateurs canadiens, la Chambre a modélisé différents scénarios pour quantifier le taux d’adoption au Canada, mesurer l’ampleur de l’augmentation du commerce avec la Chine et déterminer les variations de l’incidence sur le secteur de l’exportation. Exportations canadiennes vers la Chine 45 000 40 000 35 000 30 000 25 000 20 000 15 000 Poursuite des tendances actuelles 10 000 Avec la plaque tournante du renminbi 5 000 0 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023 Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 6 Le Canada exporte principalement des matières premières vers la Chine, notamment du charbon, des métaux et des produits agricoles. Le marché des matières premières est très concurrentiel et les marges de profit sont faibles. Par conséquent, le fait de transiger en renminbis représenterait une mesure incitative de taille aux yeux des acheteurs chinois. Les études susmentionnées indiquent que les compagnies chinoises préfèrent de beaucoup transiger en renminbis et nous savons que les escomptes aux acheteurs peuvent faire une grande différence. Ainsi, une entreprise canadienne aurait tout avantage à pouvoir transiger en renminbis. À la suite de discussions avec des entreprises et des institutions financières, nous avons adopté le scénario le plus prudent, lequel prévoit une augmentation modérée de 10 % du taux de croissance. En termes absolus, cela indique que la croissance des exportations augmenterait d’un peu moins de 1 % de façon composée par la suite. À notre avis, il s’agit d’une hypothèse raisonnable et prudente compte tenu de la préférence sans équivoque qu’ont les Chinois pour le renminbi et de l’avantage dont bénéficierait le Canada en devenant le premier pays des Amériques à se doter qu’une plaque tournante du renminbi. En fait, nombre d’experts ont jugé que les avantages d’une telle plaque tournante pourraient être encore plus grands. Le modèle montre néanmoins que le Canada pourrait accroître ses exportations de l’ordre de 21 à 32 G$ au cours de la prochaine décennie. Par rapport aux importations, il est difficile d’évaluer combien d’entreprises canadiennes commenceront à transiger en renminbis afin de bénéficier d’escomptes. L’exemple de l’Australie devrait nous inspirer : les paiements en renminbis effectués par l’Australie ont augmenté de 248 % dès la première année suivant la mise en place d’une plaque tournante. Cependant, il s’agit d’une valeur de base faible assortie de peu de points de données. Par souci de prudence, nous avons modélisé ce qui se produirait au cours de la prochaine décennie si le nombre d’entreprises canadiennes payant leurs importations en renminbis augmentait de 30 % et si environ la moitié d’entre elles bénéficiaient d’escomptes de l’ordre de 3 %. Les économies supplémentaires réalisées par les importateurs canadiens passeraient de 68 M$ la première année à 500 M$ la dixième année. Au cours de la décennie qui suivrait, les économies totaliseraient quelque 2,75 G$. Nous estimons qu’une plaque tournante du renminbi se traduirait directement par une augmentation des exportations de l’ordre de 21 à 32 G$ en plus d’escomptes potentiels sur les importations totalisant 2,8 G$. Ainsi, la mise en place d’une plaque tournante du renminbi se traduirait directement par une augmentation des exportations de l’ordre de 21 à 32 G$ en plus d’escomptes potentiels sur les importations totalisant 2,8 G$. Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 7 Quels secteurs de l’économie en bénéficieraient le plus ? Un vaste éventail de secteurs de marchandises au Canada exportent vers la Chine, mais ceux qui bénéficieraient le plus d’une plaque tournante sont les industries où règne une vive compétitivité des prix à l’échelle internationale. Selon les entreprises canadiennes avec lesquelles nous nous sommes entretenus, dans le cas de nombreuses exportations de marchandises, l’utilisation du renminbi pourrait faire une différence marquée pour des entreprises participant à des appels d’offres. Le secteur de l’exploitation forestière en sortirait grand gagnant en enregistrant des exportations additionnelles d’une valeur de 6,7 G$ vers la Chine au cours de la prochaine décennie. Ces gains potentiels seraient attribuables à des taux élevés de croissance des exportations, à une vive concurrence internationale et à l’interchangeabilité du produit. Dans la même veine, les exportations de soja, de blé, de minerai de fer et de papier augmenteraient de plusieurs milliards de dollars au cours des dix prochaines années. Par conséquent, nous avons modélisé les secteurs qui bénéficieraient le plus du renminbi en fonction d’une augmentation de 10 % du taux de croissance ajusté pour tenir compte des caractéristiques du secteur d’exportation. Augmentation (en M$ CA) des exportations au cours de la prochaine décennie Industrie 11331 – Exploitation forestière 3 398 32111 – Scieries et préservation du bois 3 326 11111 – Culture de soja 1 800 11114 – Culture du blé 1 530 21221 – Extraction de minerais de fer 1 496 32211 – Usines de pâte à papier 1 480 33641 – Fabrication de produits aérospatiaux et de leurs pièces 1 255 31161 – Abattage et transformation d’animaux 1 178 21211 – Extraction de charbon 1 103 31122 – Amidonnerie et fabrication d’huiles et de graisses végétales 1 052 21223 – Extraction de minerais de cuivre, de nickel, de plomb et de zinc 1 018 11113 – Culture de pois et de haricots secs 767 11293 – Élevage d’animaux à fourrure et de lapins 674 21239 – Extraction d’autres minerais non métalliques 501 32519 – Fabrication d’autres produits chimiques organiques de base 394 32518 – Fabrication d’autres produits chimiques inorganiques de base 361 11112 – Culture de plantes oléagineuses (sauf le soja) 303 31171 – Préparation et conditionnement de poissons et de fruits de mer 231 33331 – Fabrication de machines pour le commerce et les industries de services 172 Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 8 Quelles régions seraient les plus avantagées ? En utilisant un modèle similaire basé sur les taux de croissance provinciaux historiques ajustés selon la composition industrielle, nous constatons que c’est la Colombie-Britannique qui enregistrerait la plus forte augmentation de ses exportations (+9,37 G$) au cours des dix prochaines années. En effet, les provinces qui bénéficieraient le plus d’une plaque tournante seraient celles qui exportent déjà beaucoup vers la Chine, qui y exportent du bois, des métaux et d’autres matières premières ainsi que celles qui comptent des industries où les marges de profit sont faibles et les prix sont souvent dictés par les marchés internationaux. Province Augmentation des exportations au cours de la prochaine décennie Colombie-Britannique 9 370 Saskatchewan 4 378 Québec 2 255 Alberta 1 503 Ontario 1 070 Terre-Neuve-et-Labrador 1 067 Manitoba 1 000 Nouveau-Brunswick 414 Nouvelle-Écosse 253 Territoires du Nord-Ouest 28 Île-du-Prince-Édouard 14 Nunavut 2 Yukon – Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 9 Pour quelles raisons les entreprises canadiennes n’utilisent-elles pas déjà le renminbi ? L’étude menée par la HSBC indique que les entreprises canadiennes sont devancées par la concurrence étrangère. Parmi celles des 11 pays à l’étude, les entreprises canadiennes étaient les moins susceptibles de transiger en renminbis. À peine 5 % des entreprises sondées ont indiqué utiliser la devise chinoise dans leurs transactions par rapport à 22 % des entreprises à l’échelle internationale et à 17 % des entreprises américaines. Pour quelles raisons les transactions en renminbis sont-elles si rares au Canada ? À l’heure actuelle, transiger en renminbis coûte cher, le fardeau administratif lié à l’utilisation du renminbi est lourd et il est très difficile de couvrir l’exposition au renminbi. Les comptes d’épargne commerciaux en renminbis ne sont offerts au Canada que depuis 2012. Lorsque 6 interrogées sur les raisons pour lesquelles elles n’utilisent pas la devise chinoise, les entreprises ont invoqué principalement leur ignorance des avantages ou qu’une évaluation incomplète des avantages d’utiliser le renminbi. En fonction de nos discussions avec des entreprises et des institutions financières, il est fort probable qu’un nombre beaucoup plus élevé d’entreprises canadiennes utiliseraient le renminbi dans leurs transactions commerciales si de tels services étaient abordables et facilement accessibles au Canada. Les institutions financières reconnaissent qu’elles seraient appelées à jouer un rôle central dans la promotion des avantages potentiels pour leurs clients. HSBC. “RMB Survey”, accessible en ligne à l’adresse www.hsbc.com/news-and-insight/2013/rmb-survey Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 10 Que signifie la plaque tournante pour le secteur financier canadien ? La possibilité de convertir directement le dollar canadien en renminbi (sans passer par le dollar américain) permettrait aux entreprises canadiennes de réduire leurs coûts de 6,2 G$ au cours de la prochaine décennie. Une majorité de membres qui exercent dans le secteur financier canadien nous ont dit que la principale raison pour laquelle ils ont besoin d’une plaque tournante du renminbi est pour mieux servir leurs clients. Ils veulent pouvoir offrir un ensemble complet de produits du renminbi personnalisables en fonction des besoins propres à leurs clients, que ce soit en matière de financement commercial, de cautionnement de marchés, de comptes chèques, de liquidités à court terme ou de financement à long terme. Le potentiel à long terme est énorme et les entreprises canadiennes doivent bénéficier d’un accès accru aux services en renminbis. En 2013, environ 10,5 % du commerce mondial avec la Chine (plus de 400 G$) a été négocié en renminbis et la HSBC prédit que cette proportion pourrait atteindre 30 % – ou quelque 2 billions de dollars – d’ici 2015. L’ensemble des données et des études confirme que l’utilisation du renminbi est à la hausse parmi les concurrents internationaux. Aussi, une plaque tournante du renminbi conférerait un important avantage aux institutions financières canadiennes, car elles seraient ainsi en mesure d’offrir une gamme complète de services en renminbis à leurs clients partout aux États-Unis et en Amérique latine. Une plaque tournante du renminbi permettrait au secteur financier canadien d’effectuer rapidement et efficacement la compensation et le règlement des opérations ici au Canada sans devoir recourir à des filiales à Londres ou à Singapour. En fait, le simple fait de pouvoir convertir des dollars canadiens en renminbis sans passer par le dollar américain permettrait aux entreprises de réduire leurs coûts de transaction d’environ 1,03 %. Un pour cent peut sembler minime, mais il en aurait résulté des économies totales de 730 M$ en frais d’exploitation de change sur les 73,2 G$ d’échanges commerciaux de l’an dernier. Même si nous supposons que la moitié de ces économies potentielles s’évaporait en raison des prix concurrentiels ou des fluctuations du taux de change du renminbi par rapport au dollar canadien, les économies totaliseraient néanmoins 6,2 G$ au cours des dix prochaines années – autant d’argent qui resterait dans les coffres des entreprises canadiennes. Aussi, une plaque tournante du renminbi conférerait un important avantage aux institutions financières canadiennes, car elles seraient ainsi en mesure d’offrir une gamme complète de services en renminbis à leurs clients partout aux États-Unis et en Amérique latine. 7 8 Clennam, Arthur. “Tackling Renminbi Trade”, Global Finance Magazine, accessible en ligne à l’adresse www.gfmag.com/magazine/june-2013/ tackling-renminbi-trade MMK Consulting. “Potential Benefits of a Canadian-Based RMB Settlement Centre”, septembre 2014. Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 11 Qu’en est-il des marchés canadiens des capitaux ? La Chine est bien plus qu’une nation commerçante. Le pays affiche certains des taux d’épargne les plus élevés du monde et est friand d’investissements libellés en renminbis. En 2013, l’activité du renminbi sur les marchés offshore a totalité 1,6 billion de dollars. C’est donc un incroyable ensemble de fonds accessibles aux entreprises canadiennes, voire aux gouvernements. En fait, en 2013, le gouvernement provincial de la Colombie-Britannique est devenu le premier gouvernement étranger à émettre des obligations libellées en renminbis et l’émission a rapidement été sursouscrite. Exportation et développement Canada, une société d’État fédérale, a également procédé à une émission d’obligations libellées en renminbis d’une valeur de 100 M$ en juillet dernier. Toute entreprise canadienne qui construit une usine en Chine ou dont une partie de la chaîne d’approvisionnement se trouve dans ce pays pourrait aussi émettre des obligations libellées en renminbis comme un moyen de générer des capitaux à faible coût. Les investisseurs canadiens auraient aussi la possibilité d’acheter des titres chinois. Le compte capital chinois demeure fermé et le montant total des investissements étrangers dans les marchés de capitaux chinois est plutôt faible, à 1 billion de renminbis (160 M$ US). Cependant, la Chine procède à une ouverture progressive de ses marchés intérieurs de capitaux dans une optique de diversification des portefeuilles et d’engrangement des rendements d’une des économies en plus forte croissance de la planète. Enfin, les banques canadiennes pourraient offrir ces services à leurs clients situés aux quatre coins des Amériques. Une institution financière canadienne pourrait procéder à une émission d’obligations libellées en renminbis au nom de ses clients américains ou devenir un arrangeur principal d’émissions obligataires pour des entreprises chiliennes ou brésiliennes qui s’approvisionnent en Chine. Les banques canadiennes se doteraient ainsi un important avantage en devenant des précurseurs dans les Amériques en position d’accaparer les marchés américain et latino-américain du renminbi. Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 12 Conclusion Dans un avenir prévisible, le dollar américain demeurera la monnaie de réserve du monde et la principale devise utilisée pour le commerce et l’investissement. Cependant, la diversification est une réalité, et une plaque tournante du renminbi offre d’énormes avantages potentiels, notamment un moyen à faible coût et peu risqué de bonifier les échanges commerciaux avec la Chine. Dans un environnement mondial concurrentiel, chaque avantage compte. Pendant ce temps, les entreprises canadiennes sont laissées pour compte. Simplement dit, il n’y a pas de temps à perdre parce que les retombées potentielles sont gigantesques : plus de 30 G$ en avantages commerciaux directs, un secteur financier plus concurrentiel, plus d’investissements au Canada et un renforcement des relations commerciales et diplomatiques avec le pays qui deviendra sous peu la première puissance économique de la planète. Pour plus de renseignements, communiquer avec : Hendrik Brakel | Directeur principal, Politiques économiques, financières et fiscales | 613.238.4000 (284) | [email protected] Cam Vidler | Directeur, Politique internationale | 613.238.4000 (230) | [email protected] Multiplier les échanges commerciaux avec la Chine | La Chambre de commerce du Canada 13 Ottawa 420 - 360 rue Albert Ottawa, ON K1R 7X7 613.238.4000 613.238.7643 Toronto 901 - 55 avenue University Toronto, ON M5J 2H7 416.868.6415 416.868.0189 Montréal 709 - 1155 rue University Montréal, QC H3B 3A7 514.866.4334 514.866.7296 Calgary CP 38057 Calgary, AB T3K 5G9 403.271.0595 403.226.6930 Chamber.ca