Jocelyn Brudey J`aimerais tant oublier. Tout passer par

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Jocelyn Brudey J`aimerais tant oublier. Tout passer par
CAL
Jocelyn Brudey
J’aimerais tant oublier. Tout passer par-dessus bord. Etre libre. Vider
cette mémoire malade. La nettoyer de toutes ses immondices.
Mémoires. Souvenirs. Impressions. Croyances. Réalités confuses.
Schizophrénie. Toujours ces visions des cales. Infâmes tortures dans
ces prisons des mers. Complots avortés et suicides en masse. A trop
vouloir se remémorer, le vomi vous revient à la bouche. Poissons
séchés, grumeaux ou rien. Un tissu sur les reins, une humiliation qui
vous oppresse. Aujourd’hui encore, le bruit négrier nous déchire. Ce mal
de mer qui vous saisit la gorge. Et la tête.
Ne plus avoir à traverser cet océan brisé de taches vagues. Renoncer à
ce passé. Etre du présent et du futur. Libre de ses transports, la main à
la barre. Je ne suis pas noir, je ne suis pas blanc. Je nais du monde et
de ses tragédies. Je suis un homme au cerveau inondé de liquide. Je ne
crie pas à l’aide. Je veux saisir l’immonde. C’est notre mémoire qui le
demande. C’est notre mal être qui nous fait trébucher. Ne pas être
esclave des chaînes anciennes. Traverser les ports, les déserts et les
mers, une lampe à la main.
Et souvent quand les odeurs affleurent, il me faut retenir toute haine.
Hommage aux victimes. Désignation des bourreaux et mise en exergue
d’un système. Calme. Cependant, je ne peux réfréner mon impatience à
voir porter sur la scène les gabarres impures et les millions de
tombeaux. Serais-je un spectacle, une marchandise, une bête
impavide ? Un des cors de l’humanité ? Un cal ? Le premier. La matrice.
Un sexe entêté ?
Que font-ils au-dessus meurent-ils eux aussi, ont-ils des femmes des
pères des mères des enfants, où sont les miens ? Mes genoux me font
mal. Ils ont tué mon père, assassiné ma mère, ils ont tué ma fille, je ne
sais où est ma femme et je ne sais où je vais. Ma tête s’est retirée de
mon corps. Je voudrais me battre mais je ne sens plus rien. Je suis
prisonnier. Je voudrais mourir mais je n’en ai plus la force. La cale se
déplace d’un côté puis de l’autre. A travers la planche j’entends les os de
mes voisins qui craquent. Je ne peux compter les jours. Il fait nuit.
Parfois cela s’ouvre et nous allons sur le pont, face au vide.
CAL
Jocelyn BRUDEY
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Moussa, tu veux bien remplir ma calebasse avec de l’eau. J’ai beaucoup
de travail aujourd’hui. Je dois construire un enclos pour y tuer les
chèvres et une grande cabane dans laquelle je rangerai tous mes outils
et …
Mais que fais-tu Moussa ? Où cours-tu ainsi ? T’ai-je effrayé à ce point ?
Tu dormais ? Reviens Moussa. Il a perdu la tête. Tant pis. Je me
débrouillerai seul. Elle est fraîche cette eau. Fraîche comme de l’eau de
pluie.
Moussa ! Il court tout au fond du désert comme s’il avait pris peur. Je lui
fais signe mais il court de plus belle. Tant pis. Demain, je tuerai une
chèvre.
A quel moment va-t-il s’arrêter ce bateau ?
Il me regarde avec ses yeux de fou. Il est transi comme moi. Coincé,
comme nous tous. Pisser sur l’autre qui pue l’agonie. Je me répugne.
Nous marchions depuis longtemps… Puis ce fut le nettoyage. Les plaies
avaient du mal à sécher… Des hommes léchaient d’autres hommes. Les
brutalités. Les corps attachés ensemble. Entassés comme des singes
hébétés. Rien à manger et rien à boire, durant des heures. Un
cauchemar sans fin et sans raison. Des hommes, des femmes, une
odeur de merde, de dégueulis, de sueurs, d’urines angoissées…
Qu’a-t-il à me regarder avec ses yeux de fou ? Qu’il me lâche ! Je ne
peux rien pour toi. Celui qui criait hier, on ne l’a plus revu. Alors, taisonsnous.
Dans le crépuscule de la cale, je revois tes yeux câlins. Tu n’étais qu’une
enfant. L’avenir de tes parents. Et moi, avec mes yeux, je les ai vus,
avec mes yeux, je les ai vus, te tuer à coups de machettes.
Oui. Combien en voulez-vous ? Deux cents ? C’est difficile. J’ai déjà ici
quelques hommes et quelques femmes qui sont nés esclaves... A ceuxlà, je peux rajouter ceux qui me doivent de l’argent … quelques
prisonniers de guerres… Je pourrais brûler un village qui se trouve
assez loin d’ici …tuer les impotents et les imbéciles, les vieux et les
enfants, enfin …tous ceux qui ... Mais, il me faut des armes, du matériel
et de la main d’œuvre pour les capturer, les surveiller. Tout ceci coûte
cher. Il y a aussi le transport à prendre en compte. Combien me
donnerez-vous en échange ? Non, ce n’est pas suffisant. J’ai moi-même
des dettes. Et si je ne les règle pas je serais vulnérable. Ce trafic doit me
rapporter. Je n’ai pas d’autres choix. Et que vont-ils faire après, avec
vous, tous ces nègres et toutes ces négresses ? De toute façon, si vous
me payez bien ils seront à vous. Le reste ne me regarde pas. Payez-moi
et nous ferons route ensemble. Seuls, vous n’y arriverez pas.
CAL
Jocelyn BRUDEY
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Je m’arrangerai avec les chefs et ils ne nous attaqueront pas. Combien
avez-vous d’hommes ? Et les fusils ? Vous avez des fusils ? Vous savez
comment faire ? Vous connaissez les risques ? Une fois que le travail
sera terminé, il faudra trier. Eliminer tous ceux qui ne rapporteraient rien
ou qui seraient difficiles à transporter ou bien qui risqueraient de
contaminer les autres. Pas de malades ! Vous avez un chirurgien dans
votre équipe ? C’est indispensable. Il vous faut des hommes costauds,
solides et résistants. Les noix qui pendouillent de trop. Hop ! C’est bon à
rien. Nous on sait bien les repérer les bons produits. Il vous faut des
femmes aussi. Des femelles avec les tétons bien fermes. Pas de tétés
flétris ! Des femmes aux fesses bien dures, avec des hanches bien
ouvertes. Celles-la aussi on sait bien les repérer.
Il est mort. Enfin ! Je n’en pouvais plus de ses soubresauts. Il est mort.
Tant mieux. Ils vont venir les chercher les morts tout à l’heure. J’aurai
plus de place. Je ne comprenais rien de ce qu’il disait.
Après, c’est mon tour. J’ai mal. Je me chie dessus. Les seaux d’eau.
J’arrête de respirer. Je veux crever. C’est ma tête qui explose. Non, je
n’hurle pas. Je veux prendre l’air. J’étouffe. Mes yeux. La fièvre. Un
autre se traîne vers moi. Se révolter. Comment ? Tu es fou ? Il faut que
je me concentre. C’est quoi ? C’est où ? Ils crient comme des cinglés.
Fermez-la ! Il faut que je me relève. Non. Impossible. On se cogne. C’est
quoi ? Je dois dormir. Ils vont apporter la pâte à manger. Manger, oui,
manger. Concentre-toi. Manger, dans une heure, ou deux, ils sont déjà
venus. Il fait jour ? Quand ? Quand le bruit va-t-il s’arrêter ?
Dors. Dors. Dors. Dors.
Moussa, c’est mon ami. J’ai grandi avec lui. Nous avons été éduqués
ensemble avec quelques autres du même âge. Nous nous disions tout.
Lui aussi avait trouvé une femme. Peu de temps après moi. Nous avions
eu peur tous les deux au moment de notre initiation. Il savait faire
beaucoup de choses. On s’entraidait. Où est-il ? Pourquoi est-il parti ?
Je ne l’ai jamais revu. Il s’est enfui, comme ça, tout d’un coup ! Peu de
temps après sa fuite dans le désert, les maisons ont commencé à brûler.
Je venais tout juste de disposer quelques planches pour l’enclos quand
ils sont venus me chercher. Il fallait faire vite ! Le feu prenait à plusieurs
endroits.
Dors. Dors. Dors. Dors.
Aucun repère. Ne rien pouvoir faire. Sur le pont j’écarquille les yeux. Je
cherche un point. Il n’y a que ce bateau et la mer, partout. Il y a des
hommes qui eux ne semblent pas prisonniers. Au-dessus de leur tête,
des oiseaux que je ne connais pas. Ils se taisent ou bien ils crient.
CAL
Jocelyn BRUDEY
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Il y a des tas d’autres choses : des tissus, des cordes, du bois. Ils ne
sont pas tous là. Certains types que j’ai déjà repérés ne sont pas avec
nous.
Cette eau immense, infinie. Ce sombre abîme de terreur. L’enfer. Un
homme nous compte, il écrit quelque chose. Je ne le quitte pas du
regard. L’air me fait du bien. Je le sens qui passe sur ma brûlure. Il
sèche ma peau qui peu à peu me recolle. Se révolter. Comment ? Je
titube.
Retrouver des restes de courage enfouis dans les cals de nos cerveaux.
Un seul espoir : les tuer tous, sauvagement, les déchiqueter, les
égorger. Et après ? Que faire ? Où aller ? Il faudrait que quelque chose
change, que le bateau s’arrête. Cela va s’arrêter et nous retrouverons le
port d’où nous sommes partis. Là nous mettrons en place un plan
d’évasion. Attendre et ne pas mourir.
Comment résister à cette réalité ? J’ai dix doigts. Je les fais bouger un à
un. Dans un ordre puis dans un autre. Je change le parcours. Je suis
maître de mes mouvements. Je construis des mécanismes
mathématiques. Trois deux, deux trois, un quatre, cinq dix. Je construis
des chemins dans ma tête. Je prie tous les dieux que je sais et tous
ceux que j’invente. Ils avancent et ils chantent un langage qui me fait
oublier les hoquets et les geignements. Il me faut croire au mouvement.
Je prends appui sur le roulis des vagues. Je crée les trajectoires et quitte
le tombeau.
Je retourne dans mon village. Moussa met de l’eau dans ma calebasse.
Mes filles, ma femme, mon père, ma mère, les autres familles… Tout le
monde est là.
Mes os se fracturent dans l’exiguïté de cette cale. Désorienté je ne
maîtrise plus mes sens. Déjà mort je me sens glisser vers un autre
caveau. Devenu animal je rugis d’incompréhension. Le négrier poursuit
sa route vers des mers abyssales. Lentement, je pénètre le coma. J’ai
perdu connaissance. Silences. Souffrances. Ma vie est entre leurs
mains. Avec l’aide de leurs complices, ils m’ont ravagé.
J’avais déjà entendu parler d’histoires d’esclaves, de prisonniers, de
caravanes. Les anciens évoquaient parfois les arabes, les noirs comme
nous, les blancs, les mélangés, qui achetaient ou vendaient des nègres.
Femmes, enfants, hommes… Tous ces humains qui possédaient
d’autres humains, tous ces échanges et ces trafics. Les plus vieux en
parlaient parfois. Mais cela nous semblait être des histoires lointaines et
inventées. Dans notre village nous n’avions jamais fait la guerre et nous
n’avions pas d’esclaves. Mais si on nous avait proposé de vendre
certains des nôtres en échange de tel ou tel bien qu’aurions-nous fait ?
CAL
Jocelyn BRUDEY
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La cale s’ouvre. Deux hommes pénètrent l’antre obscur. Il y a celui qui
m’a touché les testicules et celui qui m’a brûlé la peau. Ils tâtent les
corps, ouvrent les bouches. Ils s’essuient le front. Ils s’arrêtent,
échangent quelques mots et continuent leur inspection. Sur certains, ils
laissent une marque avec un couteau. Arrivent d’autres hommes. Ceuxlà détachent certains d’entre nous et les traînent en dehors de la cale.
Plus ils s’approchent de moi et plus je tremble. Le grand se penche et
glisse sa main sous mes aisselles. Il sent ses doigts et fait signe à son
acolyte qu’il passe au suivant. Ils n’ont pas fait de marque sur ma peau.
J’ai honte de n’avoir rien pu faire et en même temps je me sens soulagé.
Tu vois, ce n’est pas sorcier. Lorsqu’on les coupe, certains fruits ou
certaines plantes rejettent un liquide blanchâtre. Si le fluide reste au
soleil, il sèche. Cela peut créer des sortes d’excroissances sur le sol ou
bien sur les arbres. Dans le corps humain, il y a aussi du liquide
blanchâtre. Je l’ai observé, s’extirpant du cerveau de ma fille, après
qu’ils lui ont fendu la tête.
A quoi peut bien servir cette lymphe ? Coulant sur les lèvres d’un de mes
compagnons de cellule. Ils l’emportent celui-là. Et les femmes, comment
les traitent-ils ? On les aperçoit quand on est sur le pont. Elles sont nues
ou bien recouvertes de lambeaux. Et eux-mêmes ne sont-ils pas
malades de ce transport macabre ? Ils paraissent moins nombreux et
moins toniques qu’au départ. La mer, elle aussi, rejette des rebuts
livides.
Douze moins quatre cela fait huit. Donc cent vingt moins quarante cela
donne quatre-vingts. Et si je multiplie quatre-vingts par deux, cent
soixante. Cent soixante plus deux, cent soixante-deux. Plus quatrevingts, deux cent quarante-deux. Compter me maintient en vie. Je
compte tout. Obsession du nombre. Combien étions-nous, combien il en
reste ? Et si j’en rajoute ? Et si nous étions plus ? Je multiplie encore les
nombres sommes infinis tout le temps que tu regardes c’est fini. Vingttrois quarante et un sans rien quatre il me reste un doigt et si j’en avais
en plus je ferais quoi de tous mes doigts ? Un deux trois à la mer et on
range les paquets par sept. Deux jours manger et trente-trois nuits sans
parler. Ca ballotte on coule par deux par trois. Paradis de sang. Gouffres
de liquides blancs. Riche étoile de mes tempes. Tu. Jaune. Le temps de
verre grillagé. Seul. Ma verge colle le riz par deux. Et un chantage. Deux
huit. Vendre eau froide du dieu. Sous brûle chaleur. Tu. Fil tombe. Seul.
Chante toujours. Ciel. Noirs. Des vents horizons. Partent. Orange à
l’envers. Matin juin. Rien. D’avoir le temps voilé. Brume. Changer d’axe.
Dansez en deux. En trois. Quatre. Chassés corps à corps. Chercher
santé sans rien stopper. Pain bleu de coups nuques. Attaché. Respirer.
Huit dix. Enervé. Crever.
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Colacolacré éya Sambasambalé déma
Colacolacré éya Sambasambalé déma
Colacolacré éya Sambasambalé déma
Un premier coup dans les couilles. Ca part. Allez. Taper ou mourir.
Taper n’importe où, partout, comme on peut. Dans la cale on s’était
soutenus. Mordre, déchirer, comme des chiens. Ca tape. Toutes les
forces avec nous. Mouvement. Ca bouge. Ils arrivent. Et d’un autre sens,
cela repart. Nos pieds saignaient. Par chance ils avaient libéré nos
jambes. Ca frappe. A mort. Dans les genoux, ils s’abaissent et dans la
gueule, assommés. Coups de fusil. Un qui tombe. L’autre qui glisse.
Quel bordel. Vaincre sa peur. Rien à perdre. A terre ! Je lui saute sur la
gorge. Je l’éclate en mille. Han ! Rien. Ils me tirent. Je crie. Longtemps.
Quatre cents ans. Et avant. Et après.
Le plus inquiétant c’est quand vous sortirez du navire. Vous serez des
rescapés sans doute. Ils ne vous auront pas laissés en vie pour vous
mais pour eux. Vous tuer aurait représenté une perte trop importante.
Vous êtes des valeurs marchandes, des biens négociables. Ils vous ont
torturés mais ils ne vous ont pas totalement détruits. C’est vrai que vous
aurez du mal à marcher mais ils auront réussi à vous conserver. Brisés,
vous irez là où on vous dirigera. Vos ruines seront celles de bêtes qui
ont douté d’elles-mêmes et de leur avenir. Et vous continuerez à
marcher avec vos cals aux pieds, à penser avec vos cervicales. Et vous
oublierez : les convois, les caravanes et les durillons.
A qui revient le droit de traiter les callosités ? J’ai les miennes. Je les
observe et les transporte. Avec elles, je crie, je crée, je ris, j’écris.
Réparer les mémoires endolories. Prévenir et permettre de meilleurs
équilibres. Aujourd’hui, ni victime ni esclave, entre le passé, le présent et
le futur, entre mes différents espaces, je dispose mes propres cloisons.
En vain peut-être.
Bon tu vas la fermer espèce de sale négro. Tu vas la fermer ta gueule de
nègre à plateau ! Ca suffit maintenant ! Tu restes dans ta cale et tu
arrêtes de nous emmerder. C’est quoi ton problème ? T’es là pour en
chier un point c’est tout. Garde tes forces parce qu’on est bientôt arrivés.
Viens là ! Plus vite sale chien de mes deux ! Arrête de chialer comme
une mauviette. Arrête de nous casser les oreilles avec ton baragouin. Tu
vois là-bas, c’est la terre ! Je te laverai pour que tu ne pues pas trop.
Après je te vendrai. Cher j’espère. T’as voulu te révolter sale nègre !
Rentre dans ta cale avant que je n’écrase ta sale petite gueule de
cafard. Quoi tu veux te battre ? Cette fois, si tu bronches, je te tue !
CAL
Jocelyn BRUDEY
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Les crêtes de ces traites de nègres suffisamment curetées, j’irai me
reposer, apaisé. Enfin, soulagé. Un sexe dans ma tête. Et mon cerveau,
rongé.
Sur le pont les oiseaux se rapprochent. Aimeraient-ils décoller mes
orteils ? Leurs ailes dans les chaleurs immobiles. Comme des pointes
d’acier. Me susurrent des merveilles. Je décolle à mon tour et
m’accroche. Vers de belles lueurs indociles. Traversant d’autres cieux
émaciés. Dans des mondes irréels. J’aperçois des images essentielles.
Mais il me faut redescendre vers les réalités. Etre un affamé parmi les
affamés. Rester aux aguets de toutes les vicissitudes. Me frayer des
chemins fragiles parmi tant de morts inutiles.
Colacolacré éya Sambasambalé déma
Colacolacré éya Sambasambalé déma
Colacolacré éya Sambasambalé déma
La force me revient. J’ai tellement envie de travailler et de penser. De
faire et de défaire. De l’ouvrir ma gueule. D’enfoncer dans mon crâne
mes livres d’histoires. D’aimer et de danser. De construire multiple.
D’être civilisé, primitif. De lutter contre les fantômes. Tandis que le ténia
de ce chien de racisme continue de rôder dans les ports.
Ténu passage de la ligne vers la folie. Meurtres et tortures limitrophes
des délires. Avec mes quelques flux et reflux de raison. J’organise une
intérieure et lente évasion. De la cale cage cruelle et sauvage. Au lit
refroidi d’une terre plus sage.
Moussa
Sais-tu que les ignames sont nourrissantes et peuvent être préparées de
différentes manières ? Sais-tu que si tu les mélanges avec de nombreux
aliments elles peuvent te donner des plats savoureux ? Tu dois les
cultiver sur des sols de bonne qualité, si possible dans des endroits où
on aménage de nouveaux jardins. Le sol doit être profond et bien drainé.
Moussa
Sais-tu que les ignames sont prêtes à être récoltées après 9 à 12 mois
lorsque les feuilles sont desséchées ? Et qu’il est possible de récolter
cent fois plus d'ignames que ce qu'on avait planté au départ ? Une fois
récoltées, les ignames se conserveront bien si elles sont gardées dans
un endroit sec. Les ignames sont une excellente source d'énergie dont le
corps a besoin pour rester actif. Lorsqu'elle est consommée en grosses
quantités, l’igname procure aussi du fer et de l'acide nicotinique. Le fer
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Jocelyn BRUDEY
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maintient le système sanguin en bonne santé et l'acide nicotinique aide
le corps à récupérer les aliments énergétiques.
Moussa
Sais-tu que comme l'igname ne contient pas tous les éléments nutritifs
nécessaires, elle doit être consommée avec d'autres aliments pour
obtenir un régime équilibré ? Sais-tu que les aliments protecteurs
comme les légumes verts, et les aliments qui bâtissent le corps, comme
le poisson, la viande, les cacahuètes et le lait doivent être consommés
en même temps que l'igname ? Ainsi, ton corps aura en quantité
suffisante les aliments différents dont il a besoin pour rester en forme et
être fort.
Moussa
Sais-tu que réduites en purée et ajoutées aux autres aliments, comme
les fruits, les légumes verts, ou le poisson, les ignames constituent une
bonne nourriture ?
Colacolacré éya Sambasambalé déma
Colacolacré éya Sambasambalé déma
Colacolacré éya Sambasambalé déma
CAL
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