FTANCiS CHATEAU - Les Fils de la Charité

Transcription

FTANCiS CHATEAU - Les Fils de la Charité
nous ont rejoints pour vivre la célébration des
obsèques à I'Abbaye Sainte Marie du Mont des Cats.
Les vingt ans qui ont suivi furent déterminants
dans la vie de Francis. En effet, il lui est demandé
de partir comme prêtre-ouvrier. ll est embauché
dans I'usine Chausson de Cennevilliers comme
chauffeur poids lourds. Syndiqué à la CCT, il ne
logeait plus au presbytère. Avec son ami de noviciat : Louis C., il rejoint deux autres prêtres-ouvriers de la Mission de France à Gennevilliers. Dans
une lettre adressée à un prêtre-ouvrier, Francis
retrace rapidement cette période. « En '1966, avec
Louis C, nous rejoignons deux copains de la Mission
de France : Bernard A. et Jean E. J'y suis resté 21
ans dont'18 ans comme chauffeurr.
Francis s'est donné totalement dans ce minis-
FTANCiS CHATEAU
1930 - 2013
Ce goût pour la prière, ce goÛt de Dieu, a
traversé toute la vie de Francis.
ll était autant attaché à l'amour des foules
ouvrières qu'à l'amour de Dieu.
Francis Château, contrairement aux apparences, n'était pas un homme tiraillé entre
l'amour de Dieu et l'amour du peuple ouvrier.
Sa vie était réellement unifiée.
s'en'
Entré au Mont des Cats en 2001,
gagea comme oblat dans la Communauté le 7
octobre 2006
il
Francis Château est né à Arras le 8 novembre
1950. ll était le fils d'une famille de 15 enfants. Au
terme de ses études secondaires à Saint Joseph
d'Arras, il est entré au grand séminaire. Au cours de
sa formation, il a ressenti I'appel à la vie religieuse.
C'est au mois de février 1958 à un mois de son
ordination presbytérale que Francis demande officiellement à rejoindre la Congrégation des Fils de la
Charité. Son évêque désire qu'il reste deux ans au
service du diocèse. C'est ainsi qu'il est ordonné
prêtre le 22 mars 1958. Francis désirait très fort
entrer chez les « Fils » et il ne cache pas sa déception au supérieur du séminaire '. ,, Comme vous
pouvez le penser, ie suis un peu déçu de devoir
attendre deux ans avant de songer à quitter le
diocèse, mais je ne suis nullement découragé !n.
Après ces deux années comme vicaire à Arras, il
entre au noviciat des Fils de la Charité et prononce
ses væux religieux le 18 septembre 1960. Nommé
à Notre Dame Auxiliatrice de Clichy, ily reste dix ans
comme jeune vicaire. ll était très proche des jeunes
de Clichy qui formaient réellement une bande
d'amis, reliés à la Jeunesse Ouvrière Chrétienne.
Très fortement marqués par Francis beaucoup
Mémoire vivante 2013
tère en aimant ces travailleurs de I'usine, en se
faisant proche et solidaire. ll était un véritable militant ouvrien partageant les luttes de ses cama-
rades de travail aussi bien dans l'usine que dans les
manifestations ouvrières.
Chez les Fils de la Charité, Francis vivait en
moine, si je puis dire. ll se levait très tÔt chaque
matin pour prendre un long temps d'oraison,
célébrer I'Eucharistie avant de prendre le chemin
de l'usine avec son camion. Sa vie était empreinte
de beaucoup de régularité, de fraternité et
d'austérité aussi.
Francis était un priant, reconnu comme tel, y
compris par les copains musulmans de son entreprise Chausson, quiau cours d'une longue grève, lui
avaient aménagé un n coin prière , dans les locaux.
goût pour la prière, ce goÛt de Dieu, a traversé toute la vie de Francis. ll était autant attaché
Ce
à I'amour des foules ouvrières qu'à l'amour de Dieu.
ll avait en lui le « mal de Dieu , et le u mal du mi-
nistère du peuple , un mal qui répand le bonheur
dans une vie, les deux amours indissociables dont
parlait le Père Anizan notre fondateur.
Depuis longtemps, Francis était attiré par la
vie contemplative. Fréquemment il allait faire un
séjour à l'Abbaye Sainte Marie du Mont des Cats
dans le Nord. Bon nombre de n Fils » regardaient
ces allers retours vers I'Abbaye avec curiosité. ll
s'y sentait bien, vivait intensément sa relation à
Dieu en y associant son amour pour les travailleurs de Chausson. En fait, il lui était impossible de choisir entre ses deux amours qui pour lui
ne faisaient qu'un. Mais oÙ fallait-il vivre cette
vocation, en restant dans la vie auprès des travailleurs ou en consacrant sa vie à Dieu et aux
ouvriers dans la vie communautaire de l'Abbaye ?
Contrairement aux apparences, Francis n'était
pas un homme tiraillé entre I'amour de Dieu et
l'amour du peuple ouvrier. Sa vie était réellement
unifiée.
Courrier PO juillet 2014
Dans les équipes « Fils » où Francis a vécu,
à
Clichy, mais aussià Belleville dans paris, à Saint Ouen
et au Mans, il a beaucoup aidé les uns et les autres
à entrer plus profondément dans la vie spirituelle
et dans la fidélite à la vie religieuse. « Francis m,a
beaucoup aidé pour approfondir ma vie religieuse
et
cela avec beaucoup d'humour », nous confiait
I'un de ses frères.
Dans l'Abbaye du Mont des Cats, où il est entré
définitivement en 2001,Francis avait pu obtenir de
rester abonné à la revue « La Vie Ouvrière , le journal de son syndicat CGT. ll gardait ainsi le contact
avec les événements qui marquaient le monde
ouvrier et pouvait les intégrer à sa prière quotidienne. Ses amis, anciens jocistes, ses amis de la
CCT, venaient le voir de temps en temps ainsi que
quelques Fils de la Charité.
8n2011, Francis nous écrivait: « Je vais avoir B,l
ans en novembre. A cet âge, des problèmes de
santé, ce n'est pas étonnant ! Mais ce n,est pas
agréable pour autant ! ll faut faire avec et l,accepter. Je suis toujours content d,avoir des nouvelles des o Fils o.
Francis était très heureux dans la communauté
monastique, il nous le disait à chaque visite. Mais il
ne perdait pas de vue la vie du monde ouvrier qu'il
avait servi fidèlement. Francis a vécu en paix
durant ces 12 années de vie monastique. ll est
décédé à I'hôpital, à la suite de complications pulmonaires. Merci aux frères de la communauté et au
Père Abbé pour la charité fraternelle dont ils ont
fait preuve.
Francis a rejoint la maison du père entouré des
nombreux membres de sa famille, de quelques Fils
la Charité et bien sûr de sa communauté monastique. Francis Château a été inhumé dans le
cimetière des moines à I'Abbaye Sainte Marie du
Mont des Cats dans le Nord de la France à CODEde
WAERSVELDE.
à son
Seigneur une réponse libre et
Très vite, peut-être même avant son ordination
sacerdotale, et, sans doute, grâce à la lecture relecture - méditation de l'ouvrage du père René
Voillaume « Au cæur des masses » durant son long
service militaire au Maroc, l'appel premier a pris
une couleur particulière : devenir missionnaire,
mais finalement ici en France, avec les Fils de la
Charité, au milieu du Monde Ouvrier et avec les
plus petits.
C'est là qu'il fut serviteur de Jésus et de tous
ses proches. Son apostolat alla vraiment dans le
sens de l'enfouissement, « au cæur des masses »,
en devenant prêtre-ouvrier à partir de ,1967. De
cette période qui commencait pourtant à s'éloigner très fort, il avait d'ailleurs gardé jusqu'à
aujourd'hui l'une ou l'autre bonne amitié.
Sa vie de chauffeur routier avait aussi son côté
de solitude. Equipé de son Evangile, il en faisait une
vie de prière. Peut-être est-ce dans son camion
qu'a germé I'idée de poursuivre le chemin dans une
vie monastique ! ll aimait ses retraites dans les
monastères. Mais ce n'est que plus tard qu'il s'aven-
tura vers ce Nord.
Chez nous, il s'est fait àla vie de solitude et de
communion fraternelle. ll y a trouvé son équilibre à
lui, même s'il a eu du mal à s'y retrouver avec le
silence. Le chapelet ne le quittait pas. Fr. Francis
continuait aussi de nourrir sa prière : ces derniers
temps, et encore ces derniers jours à l'hôpital, il
avait avec lui le o Nous autres, gens des rues , de
Madeleine Delbrel. Elle lui rappelait sans doute tout
son parcours de vie en banlieue, mais elle l'emmenait aussi au pays de la « joie de croire ».
Fr. Francis a répondu à l'appeldu Seigneur: il l'a
suivi. Le grain qui a été largement enfoui ; le voilà
qui meurt aujourd'hui. Mais il ne meurt pas seul
Baptisé en Jésus-Christ , c'est dans sa mort qu'il a
été baptisé. Et, dit St Paul aux Romains, c'est avec
Jésus qu'il a été mis au tombeau. Déjà, par le baptême puis par toute sa vie de baptisé, il a été
totalement uni, assimilé à la mort de Jésus. Mais,
continue St Paul, c'est pour qu'il soit aussi uni à la
Résurrection de Jésus. Et Paul conclut : « Si nous
sommes passés par la mort avec le Christ, nous
croyons que nous vivrons aussi avec Lui ».
!
Demandons au Seigneur d,accueillir Francis dans
sa tendresse de Père.
Pour le Conseil Région France
Jean GUELLERIN: fc
:
Homélie de Dom Jacques,
Abbé du Monts des Cats
pour les obsèques de Francis Château
Le Seigneur a d'abord conduit Fr. Francis au
Crand Séminaire d'Arras en octobre 1951, à 21 ans.
Première réponse à la parole du Seigneur que nous
avons entendue dans l'Evangile: u Siquelqu'un veut
me serviç qu'il me suive.
,
Selon l'expression d'un
frère, Francis était un être « pris par Dieu ». Mais
cela ne l'a pas empêché, - bien au contraire -, de
Mémoire vivante 2013
donner
généreuse, tout au long de sa vie.
Au terme de cette vie donnée à Jésus, Jésus le
prendra avec lui dans sa Résurrection. C'est la
prière que Fr. Francis nous invite à faire aujourd'hui
pour lui, Et lui-même continuera de prier le
Seigneur pour nous : nous. toutes ses familles, tous
ses amis proches ou lointains ; il continuera de
présenter au Seigneur la moisson qui lève et qui
espère ses moissonneurs.
Courrier PO juillet 2014