La légende d`Uylenspiegel - Musée Royal de Mariemont

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La légende d`Uylenspiegel - Musée Royal de Mariemont
Document pédagogique
Exposition :
Ecrivains : modes d’emploi
De Voltaire à bleuOrange
02 novembre 2012 - 17 février 2013
Musée Royal de Mariemont
B-7140 Morlanwelz
64 21 21 93
www.musee-mariemont.be
Fiche pédagogique :
Charles De Coster, la légende d’Uylenspiegel
FICHE PEDAGOGIQUE DESTINEE A L’ENSEIGNANT
1. Fiche d’identité
2. Biographie de Charles De Coster
3. La légende d’Uylenspiegel
4. Evolution et étymologie du nom du héros
5. Les caractéristiques du héros
6. Le courant littéraire
7. Bibliographie et références
8. Compétences à exploiter par le professeur en classe
Conception : Henri Carême et Elie Kondis
dans le cadre du cours de Médiation Muséale
et Patrimoniale LHAGI 2550.
Fiche pédagogique conçue pour enseignants
et élèves de 5ème et 6ème secondaire.
Professeurs. : M.-E. Ricker et M.-C. Bruwier,
UCL, 2011-2012
1. Fiche d’identité :
-
Charles De Coster
La légende d’Uylenspiegel
Manuscrit autographe, 4 vol.,
642 folios
Pages : 31 x 23 cm
Feuillets : 21,9 x 13,9 cm
1867
Inv. R. 111/29.622-25
2. Biographie de Charles de Coster
Charles de Coster est né le 27 août 1827, à Munich, d'un père flamand et
d'une mère wallonne. En 1833, de retour en Belgique, sa mère l’inscrit au
Collège Saint-Michel à Bruxelles. En 1844, il termine ses humanités avec un
diplôme de gréco-latines. Puis, il travaille comme employé à la Société
Générale de banque de Belgique. En 1850, il démissionne pour entreprendre
des études à l'Université Libre de Bruxelles où il obtient un diplôme en
Philosophie et Lettres. Par la suite, il s’intéresse au folklore flamand dès
1856. Il se passionne pour ces légendes et décide de les réécrire à sa manière
tout en respectant l’œuvre originale. Parmi celles-ci, on retrouve le fameux Sire
Halewyn, personnage mythique, qui inspirera également le romancier belge
Michel de Ghelderode au XXème siècle. Au début des années 1860, plongé
dans une euphorie créatrice, il écrit « Contes brabançons » et « Légendes
flamandes ».
De 1856 à 1863, il collabore à la
rédaction du journal hebdomadaire
belge Uylenspiegel. Fondé par
Félicien Rops, ce journal a la
vocation de traiter des polémiques
littéraires et artistiques auxquelles
l’esprit facétieux ajoute l’humour des
caricatures. En 1867, après 10
années d’écriture, il sort son chefd'œuvre en quatre volumes intitulé
« La Légende et les Aventures
héroïques, joyeuses et glorieuses
d'Ulenspiegel
et
de
Lamme
Goedzak au pays de Flandres et
ailleurs ». Cet ouvrage sera traduit
dans toutes les langues européennes.
Il suscita de nombreuses critiques au sein du milieu conformiste belge. L’élite
de cette époque, majoritairement francophone, n’adhère pas à cette vision
nationale, car cette œuvre incarne le cœur et l’esprit de la Flandre.
En 1870, il est chargé de cours d'histoire et de français à l'École de Guerre de
Bruxelles. Il décède dans l’anonymat le 7 mai 1879 à Ixelles. En 1894,
quinze ans après sa mort, un monument commémoratif (voir ci-contre) sera
construit à Ixelles par le sculpteur Charles Samuel pour honorer Charles De
Coster et « La Légende d'Uylenspiegel ». Il représente Nele et Thyl.
3. La légende d’Uylenspiegel :
Thyl Uylenspiegel est né à Damme, en Flandres, sous le règne de
Charles Quint. Un jour, après avoir accusé les prêtres de détourner
l'argent des messes, Thyl est contraint à se rendre en pèlerinage à
Rome pour implorer le pardon du pape. Pendant ce voyage, il est
l'auteur de nombreux enfantillages qui lui valent divers ennuis. Arrivé
à Rome, le Pape lui pardonne et Uylenspiegel reprend le chemin du
retour. Pendant ce temps, à Damme, Claes, le père de Thyl, est
injustement condamné à mort par l'Inquisition. De plus, sa mère
meurt sous la torture des Espagnols. De retour au pays,
Uylenspiegel jure de les venger et de délivrer la Flandre de
l'envahisseur. Dans ce but, il rejoint, avec son ami Lamme, l'armée
de Guillaume Ier Nassau-d’Orange, les "Gueux".
4. Evolution et étymologie du nom du héros :
En 1515, est écrite une première édition anonyme de ses aventures où il est
orthographié : Eulenspiegel. Selon les origines de la légende, Till Eulenspiegel
serait né en 1300 et décède en 1350 en Allemagne. Toutefois, il n'existe pas
de preuve de l'existence historique de ce personnage. Ce récit a été traduit en
plusieurs langues durant le XVIe siècle. Plus tard, de nouvelles versions font
évoluer l’histoire. Ainsi, Charles De Coster place son personnage dans le
contexte des Pays-Bas méridionaux sous l'occupation espagnole au
XVIe siècle.
L’orthographe du nom Ulenspiegel se décline sous diverses formes selon les
traductions: en français « Till l'Espiègle », en allemand « Till Eulenspiegel »,
en bas-allemand « Dyl Ulenspegel », en néerlandais « Tijl Uilenspiegel », sans
compter les autres variantes orthographiques du prénom : Thyl, Thijl...
Charles De Coster choisira de l’écrire
« Thyl Uylenspiegel ». Le nom allemand
d’Eulenspiegel évoque deux explications
différentes :
Willy Vandersteen, Thyl Ulenspiegel : La révolte des
gueux/Fort Amsterdam, Lombard, 1951.
-
soit uyl en spiegel, textuellement:
hibou et miroir, objets fétiches du
personnage qui symbolise la
sagesse et la comédie.
-
soit : uelen = vôtre, spiegel =
miroir.
5. Les caractéristiques de Thyl, Claes et Nele :
Thyl Uylenspiegel est un aventurier intrépide et comme son nom français
l’indique : Thyl l'Espiègle. C’est un personnage de fiction, saltimbanque,
malicieux, moqueur et farceur de la littérature populaire. Ce personnage
est devenu le symbole de la liberté et de l'indépendance de la Belgique,
face à l'oppression politique et religieuse de Charles Quint et de Philippe II.
Thyl défend sa famille, ses amis, son pays, ce qui fait de ce récit une
histoire pleine de rebondissements. Le livre est pourtant écrit par un écrivain
francophone, mais Charles de Coster avait le souci, au milieu du siècle
dernier, de chercher à raffermir le sentiment national de la toute récente
Belgique.
Thyl représente l'esprit et la liberté ; Claes le courage et Nele l’amour.
Les valeurs s'affrontent sans concession dans le contraste absolu du noir et
du blanc. Le bien s'oppose au mal, le droit à l'injustice, la liberté à
l'esclavage, la lumière à l'ombre. (...). Uylenspiegel et les siens sont des
personnages de lumière et s’opposent à l'oppresseur espagnol.
Thyl est l’arme contre la sottise. Il est bien plus qu'un héros de farce, il
est avant tout le visage de la vengeance. Il est donc à la fois vengeance
personnelle et vengeance populaire.
Le comique n'est là que pour souffler le tragique. Lamme Goedzak
représente l'amour de la bonne chair, l'estomac du peuple des Flandres.
-
Karlheiz Goedtke (1915-1995), Eulenspiegelbrunnen, 1950, Bronze, Allemagne
Mölln.
6. Le courant littéraire :
Ecrite en 1867, La Légende d'Uylenspiegel reste une œuvre exceptionnelle. C’est un mélange de genres, de styles et
de tons.
Le genre
La légende d'Uylenspiegel appartient ni au roman historique, ni au roman
réaliste, ni au roman épique. En fait, le roman de Charles De Coster
invente une histoire remplie de péripétie qu’il insère dans un cadre
historique et dans laquelle il inscrit ses idées progressistes. Les quêtes
s'entrelacent, les motifs se croisent et s'opposent, offrant une remarquable
cohérence pour un texte carnavalesque. Le personnage de Thyl
Uylenspiegel est à l'image de son créateur. Il se bat pour sa liberté et celle
de son peuple. L'intérêt de De Coster n'est pas tant de prendre parti pour tel
ou tel autre camp, mais de défendre des valeurs qu'il croit universelles: le
progrès, la justice, la maîtrise des passions, la conquête de l'autonomie. Il
bouillonne d'indignation lorsque les grèves sont réprimées brutalement, ou
en raison de l'esclavagisme sévissant en Amérique du Nord.
Mais ce n'est pas tout : son usage de la langue et du style est également tout
à fait étonnant. De Coster utilise des archaïsmes qui permettent de faire
croire au lecteur qu'il s'agit bien d'une histoire qui se situe au XVIe siècle.
Mais ils sont surtout le reflet de sa volonté de liberté. Il refuse d'obéir aux règles de la littérature de l’époque.
Finalement, il est vraiment difficile de cataloguer cette œuvre aussi riche et dont le style est tellement particulier.
L'œuvre littéraire
Charles De Coster a écrit beaucoup mais n’a obtenu ni prix, ni reconnaissance, ni notoriété de son vivant. Il défend la
justice universelle et refuse le compromis. Uylenspiegel paraît à la fois le symbole de la résistance du peuple flamand
à l'oppresseur espagnol et l'expression de l'esprit farceur et frondeur. L'épisode de la résurrection de Thyl symbolise
le peuple belge à la conquête de sa liberté. Derrière les revendications politiques, les allusions historiques et la
dimension sociale, nous avons affaire à une œuvre passionnante, pleine de péripéties et de rebondissements. De
Coster a doté son héros d'une arme sans égale : l'humour. On peut comparer Thyl Uylenspiegel et Lamme Goedzak à
Don Quichotte et à Sancho Panza de Cervantès. En 1867, l’œuvre a été mal comprise et n'a pas eu le retentissement
mérité lors de sa sortie. Il faudra attendre encore quinze ans après son décès pour qu'on reconnaisse le génie de De
Coster. Sans le savoir, il a écrit une œuvre fondatrice de la littérature belge. A part les "Légendes flamandes" (1861),
la postérité n'aura retenu que "La Légende et les Aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d'Uylenspiegel et de
Lamme Goedzak au Pays des Flandres et ailleurs" (1867).
7. Bibliographie :
-
DE COSTER Ch., La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Uylenspiegel et de Lamme
Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs, Bruxelles, 1867.
-
DE COSTER Ch., Légendes flamandes, Bruxelles, 1990.
-
KLINKENBERG J.-M., Style et archaïsme dans 'La Légende d'Uylenspiegel de Charles De Coster, Bruxelles, 1973.
-
KOOPMANS J. et VERHUYCK P., Uylenspiegel de sa vie de ses œuvres : édition critique du plus ancien
Uylespiègle français du XVIe siècle, Anvers, 1988.
-
LEFEBVRE J., Les « Volksbücher» (livres populaires) au XVIe siècle d'Eulenspiegel à Faust dans Bulletin de
l'Association d'étude sur l'humanisme, la réforme et la renaissance. N°11, 1980. pp. 180-187.
Références électroniques :
-
GEOCITIES,
« Charles
De
Coster »,
dans
Les
[http://www.geocities.ws/decostercharles], (07/05/2012).
Amis
de
Charles
-
PAUL R., « Charles De Coster (1827-1879) », dans Arts et Lettres,
[http://artsetlettres.ning.com/profiles/blogs/charles-de-coster-18271879], (06/05/2012).
De
Coster,
2012,
15
novembre
2009,
8. Compétences à exploiter par le professeur en classe :
Compétence : savoir écrire :
-
Rédiger un compte-rendu de la visite de l’exposition.
-
Imaginer, en quelques lignes et en gardant l’esprit littéraire de De Coster, une suite au manuscrit autographe exposé au Musée de
Mariemont.
-
En allemand le nom du héros « Eulenspiegel » signifie hibou et miroir. Quel est le rapport de ses deux significations avec le nom
français « espiègle » ?
Compétence : savoir lire-écrire :
-
Comparer le roman de Don Quichotte de Cervantès avec La légende d’Uylenspiegel de Charles De Coster.
-
Transposer la manière d’agir et la personnalité du héros dans des situations d’aujourd’hui.
-
Réaliser un corpus sur la légende : illustrations, œuvres, livres, multimédias… en vue de faire un exposé en classe.
Compétence : savoir parler :
-
Synthétiser les notes prises lors de la visite en vue d’une présentation orale.
-
Communiquer en classe son vécu et son ressenti éprouvés lors de la visite de l’exposition.
-
S’exprimer sur les personnages ou événements à partir d’un corpus d’œuvres (sculptures, ouvrages, photographies, gravures…).
-
Dans le récit, Thyl symbolise le peuple belge à la conquête de sa liberté : inventer un poème ou une chanson tout en gardant l’esprit
aventurier et farceur du héros.
-
Jouer sous forme théâtrale une séquence du récit.