Le théâtre enseigné en lycée « pro » : une première en France !

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Le théâtre enseigné en lycée « pro » : une première en France !
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Ça m Interesse
DOSSIER
Tousen
A quoi sert le théâtre ? A Cran-Gevrier, depuis
des années, des spectacles de qualité, mais aussi
des stages et des ateliers font « grandir » tous
les enfants, jeunes et adultes qui y participent.
Partage d’émotions…
> La « promotion 2013 », la première de l’option théâtre, un très bon cru !
Le théâtre enseigné
en lycée « pro » :
une première en France !
Depuis cette rentrée, le lycée des Carillons
propose une option théâtre aux élèves de CAP,
BEP et bac pro. Sur les planches, ils progressent
en expression et en estime de soi…
Le lycée professionnel des Carillons est, depuis la rentrée
2013, le seul lycée professionnel de France à bénéficier d’un
enseignement théâtre. Une spécificité née de la passion de
Sandrine Charton, professeur d’économie-gestion et de
Christophe Seiffert, professeur de mathématiques, sollicités
il y a dix ans par des élèves pour monter une troupe.
« Au début, on jouait dans un coin du gymnase, puis en 2006
nous avons créé une troupe, les Cloch’arts. Grâce à la ville,
nous avons pu bénéficier de l’intervention d’un comédien de
la Fabrique des Petites Utopies pendant deux ans. Et cette
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année, nous avons obtenu un enseignement théâtre, au titre
d’une expérimentation pédagogique financée par la région
Rhône-Alpes et la DRAC* ». Une vraie réussite : 45 élèves ont
été intéressés sur les 450 que compte l’établissement ! Un
moyen d’avoir accès au théâtre, sa pratique mais aussi son histoire, ainsi que les métiers liés au théâtre : écriture, technique,
administration.
Retrouver la confiance en soi
« Les élèves des Carillons n’ont pas forcement choisi d’aller en
lycée professionnel en 1er vœu, quelques-uns ont des difficultés
scolaires, beaucoup ont un problème de confiance en eux »,
explique Sandrine Charton. « Le théâtre leur permet de
retrouver confiance. Après avoir joué devant 700 personnes,
c’est plus facile ensuite pour eux de se présenter aux examens
devant un jury de deux personnes. Sandrine Charton pense
déjà à la prochaine étape du projet : « Nous voulons tenter de
faire apparaître l’enseignement théâtre sur les diplômes des
élèves qui ont suivi la formation ».
* Drac : Direction régionale de l’action culturelle.
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scène !
Ateliers théâtre
au collège Beauregard
Quatre classes ont participé à un stage encadré
par une comédienne de la Fabrique des Petites
Utopies. Travail de groupe et esprit d’équipe…
Après deux mois de répétitions, quatre classes du collège
Beauregard ont présenté le fruit de leur travail devant leurs
enseignants, camarades et en présence de parents d’élèves au
théâtre Renoir en avril. Une représentation proposée dans le
cadre du stage théâtre encadré par Anne Claire Brelle,
comédienne de la compagnie La Fabrique des Petites Utopies.
Kafka et l’absurde
Le spectacle reprenait les thèmes de la pièce de La Fabrique,
joué le 21 et 22 mars sous le Chapiteau « Nous sommes tous
des K ». Revisitant le théâtre de l’absurde, les élèves ont
abordé divers sujets d'actualités, tels que la dépendance à la
télévision, la violence des relations humaines, du chômage et
des entretiens d’embauche, mais aussi la religion, l'uniformisation des individus et les dictatures déguisées.
Une expérience enrichissante pour l'enseignante Madame
Peterschmitt : « Des élèves en difficulté à l’écrit ont pris énormément d’assurance à l’oral. Cela leur a également permis de
valoriser le travail de groupe, la solidarité et l’esprit d’équipe. »
> L'atelier des comédiens amateurs de la Fabrique des Petites Utopies
a joué devant les collégiens de Beauregard
La « semaine Baudelaire »,
une vraie institution
« Des élèves en difficulté
à l’écrit ont pris énormément
d’assurance à l’oral. »
Depuis 21 ans, le lycée Baudelaire se « met en
scène » durant une semaine : théâtre, mais aussi
expositions, concerts…
Organisée en avril, la semaine culturelle du lycée Baudelaire
est devenue au fil des années une véritable institution où le
théâtre a toute sa place. Depuis son origine, la ville a soutenu
cette opération qui permet aux lycéens d’exprimer toute leur
créativité. Lors de la dernière édition, la 21e déjà, élèves et
enseignants ont choisi la pièce de Jean Giraudoux, « Electre »
pour constituer le socle de la semaine culturelle. « Cela s’appelle l’Aurore », tel en était le titre. Parmi les spectacles
présentés, les élèves de l’option théâtre de Première et de
Terminale ont présenté deux pièces sur le thème de l’exclusion, à la salle Renoir devant un public dense et enchanté !
www.ac-grenoble.fr/lycee/baudelaire.cran-gevrier/
> La classe de 3e4 prête à entrer en scène.
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DOSSIER
Tous
en scène !
Geneviève Métral,
1ere adjointe au maire,
chargée de la Culture
« A travers le théâtre,
beaucoup de choses se
révèlent »
Pourquoi le théâtre à une telle
importance dans la politique
culturelle de la ville ?
C’est une belle histoire qui a commencé avec l’ouverture
du lycée Baudelaire, en 1990. L’établissement proposait
une option théâtre puis a imaginé la semaine culturelle et
nous avons soutenu cette initiative car nous avions la
conviction qu’à travers le théâtre, et la création plus largement, beaucoup de choses se révèlent chez l’adolescent.
La ville accueillait déjà une compagnie de théâtre et nous
avons décidé de poursuivre et de développer cette pratique, une formule à l’époque originale, qui permet à une
compagnie de travailler sur un territoire grâce au soutien
financier de la ville, et de s’inscrire dans la vie de la cité
en s’adressant à différents publics, mais aussi de faire
son métier de diffusion de ses propres créations. En
somme, un échange de bons procédés qui satisfait tout le
monde et qui perdure aujourd’hui.
Depuis 2008, la Fabrique des Petites Utopies
est en résidence à Cran-Gevrier…
Cette compagnie a réalisé un travail formidable : elle a
travaillé avec toutes les écoles, lycées, le collège, mais
aussi les espaces jeunes, ou encore l’espace des pratiques
musicales. Elle a fondé une troupe d’amateurs avec des
habitants. Elle a participé aux célébrations du 8 mai, présenté des spectacles sous son chapiteau dans les quartiers,
et aussi aux lycées Baudelaire et Carillons, en appliquant
notre volonté de faire du théâtre « hors les murs » et ainsi
aller vers un large public.
Cette résidence s’achève, y a-t-il une relève ?
A la rentrée, nous allons accueillir deux nouvelles compagnies plutôt qu’une, afin de diversifier les propositions en
direction du public, avec des genres différents, et de promouvoir une compagnie locale émergente, Les Moteurs
multiples. Cette dernière travaillera davantage sur le
terrain, favorisera la proximité avec la population. L’autre
compagnie, Turak, a plus d’expérience car elle a été créée
en 1985, et plus de notoriété aussi ; elle a présenté ses
créations de théâtre d’objets à l’international. Ces deux
compagnies se complètent bien et vont poursuivre le travail déjà mené, avec une nouvelle approche ! Je pense
aussi que les Cran-Gevriens vont les aimer car leurs comédiens sont des professionnels, drôles et attachants.
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> Les Zalérygolos, une troupe composée d’une trentaine de personnes,
parents et enfants, unis par la passion du théâtre !
Ecole de Sous-Aléry
« Les Fables en folie »,
montées par des parents
et des élèves
La petite compagnie de théâtre de l’association des parents
d’élèves de Sous-Aléry a encore frappé fort cette année avec
sa pièce « Les fables en folie ! ». Devant une salle comble
chaque soir (quatre représentations), ces comédiens amateurs
ont présenté une adaptation très drôle et décalée de quelques
fables de Jean de La Fontaine. Les petits acteurs de la compagnie « Les Zalérygolos » travaillent depuis cet automne pour
mettre en scène et préparer cette pièce, dans la salle d’arts
plastiques de l’école, mise à disposition par la ville. Pour Arlette
Parent, metteur en scène et parent d’élève, il s’agit d’une expérience riche, tant pour les élèves que pour les parents :
« C’est un véritable travail d’équipe ou chacun s’est senti
concerné et happé par le projet. Les enfants ont répété chaque
semaine et ont participé à la mise en scène. Quant aux parents,
ils ont fabriqué les décors, les costumes, créé l’affiche, préparé la bande son… Cela tisse des liens forts entre les enfants et
leurs parents qui partagent un projet commun ».
« Les trois Brigands »,
à l’école du Vernay
Lise Ardaillon, comédienne de la compagnie « les Moteurs
multiples », est intervenue à l’école élémentaire du Vernay
dans le cadre de la résidence de théâtre de la « Fabrique des
Petites Utopies ». Elle a travaillé avec les élèves sur le célèbre
album pour enfants « Les trois brigands » de Tomy Ungerer.
Et tout ce petit monde est monté sur les planches, pour une
représentation au théâtre Renoir, le 11 juin !
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IMPROVISATION
Eva Konickova,
directrice du théâtre Renoir
Le théâtre d’impro,
à l’honneur à CGA !
« Une programmation
de qualité, facile d’accès
pour tous »
CGA a organisé cette année la 9e édition des
« févriers de l’impro », un évènement phare de
la saison. Une discipline bien particulière…
L’histoire particulière entre CGA et le théâtre d’improvisation
a débuté il y a une dizaine d’années, lorsque Julie Despriet,
championne du monde de la discipline, a suggéré l’idée
d’enseigner l’impro aux jeunes. Une équipe s’est alors créée
pour les 13-17 ans, les Cran’Magnons. Chaque année, les ados
affrontent d’autres équipes de la région pour remporter la
Frite d’or lors des « févriers de l’impro », un festival sur deux
jours qui propose également des spectacles professionnels de
la compagnie de Julie Despriet, Jeux D’Esprit. « C’est un évènement attendu qui a ses supporters. Il permet aux jeunes de
se confronter aux autres mais toujours avec beaucoup de respect et d’écoute, l’atout majeur de l’improvisation » explique
Isabelle Baldo, coordinatrice des spectacles à CGA. Et de
poursuivre, « Nous voyons également l’improvisation comme
un moyen de toucher des jeunes qui ne vont pas d’habitude
au théâtre et de les ouvrir à la culture ».
Comment choisissez-vous
les spectacles de la saison
culturelle et du Festival
des arts nomades ?
Il faut garder une forte exigence en termes de qualité
esthétique, de recherche d’originalité, que ce soit dans la
forme du spectacle, de son propos ou de sa thématique ;
et aussi veiller à une facilité d’accès pour les publics, que
les spectacles puissent toucher le plus grand nombre sans
nécessiter de connaissances particulières, avec cette idée
générique que l’art et la culture sont universels. Je me
déplace beaucoup dans des festivals ou dans d’autres
théâtres tout au long de l’année. Je vois plus d’une centaine de spectacles par an, ce qui me permet de faire le
choix.
La prochaine saison Place des arts et la billetterie en ligne sur
www.placedesarts-renoir.fr
> Les Cran'Magnons ont remporté
le prix de la meilleure écoute lors de
la dernière édition de la Frite d'or.
> Le Théâtre Renoir en chiffres
L’improvisation
permet de toucher
des jeunes
qui ne vont pas
d’habitude au théâtre.
u ne saison de 24 spectacles pour
une cinquantaine de représentations
7 700 entrées en 2011-2012
(tarifs de 2 à 12 euros)
> Le Festival des Arts Nomades
2013
3 jours avec 12 spectacles dans la rue
entièrement gratuits
6 lieux de spectacles en plein air
é quipe : 4 en administration (directrice,
relations publiques et action culturelle,
administration et accueil des artistes,
secrétariat et billetterie), 2 régisseurs
7500 spectateurs en 2012
accueil de spectacles associatifs et scolaires
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