Le petit poisson enchanté
Transcription
Le petit poisson enchanté
Le petit poisson enchanté Benvenuta de Araujo CC BY 2.0 torbakhopper Il était une fois une vieille qui avait un fils si paresseux qu’il restait couché toute la journée. Il ne savait rien faire. Il allait mourir de faim si la mère ne lui trouvait de quoi manger. Ayant perdu patience, la vieille prît un bâton pour corriger le paresseux et l’obliger à sortir de la maison pour aller travailler un peu. « Va donc chercher quelque chose, ne fusse que du bois pour le feu ! » Le paresseux sortit en se traînant tout en gémissant. Ayant soif, il se souvint qu’il y avait là un petit puits très profond. Il mit sa main dans l’eau ; quelle ne fut pas sa surprise de retirer un poisson qui remuait encore. Le paresseux allait le mettre dans sa poche lorsque le petit poisson lui dit : — Ne me tues pas. Si tu me remets dans le puits, je te donnerai tout ce que tu voudras quand tu diras : « Si Dieu veut, ainsi que mon petit poisson... » Déjà fatigué à l’idée de ramener le petit poisson, le paresseux le jeta dans le puits. Il resta assis en pensant au fagot de bois qu’il devait faire. Il finit par dire : — Si Dieu veut, ainsi que mon petit poisson, qu’il apparaisse ici un gros fagot de bois. Un immense fagot de bois apparut. Le paresseux ne tenta même pas de le soulever car il avait remarqué sa lourdeur. Il dit à nouveau : — Si Dieu veut, ainsi que mon petit poisson, je désire rentrer chez moi assis sur ce fagot. S’installant sur le fagot, celui-ci se lança dans une course effrénée. Les gens qui assistaient à ce manège éclatèrent de rire, ce qui commença à l’irriter. Le fagot passa enfin devant le palais du roi où la princesse accompagnée de ses amies prenait l’air sous la véranda. Quand elles virent arriver cette petite bête, les rires redoublèrent. Devant les rires de la princesse, le paresseux dit : — Si Dieu veut, ainsi que mon petit poisson, la princesse aura un fils de moi ! En arrivant chez lui, il donna le fagot à sa mère puis alla se coucher. À partir de ce jour, il mena une vie exemplaire aux côtés de sa mère, en demandant tout au petit poisson. Or, la princesse tomba malade ; après de nombreux examens, les médecins constatèrent qu’elle attendait un enfant. Le roi devint presque fou. Un joli garçon naquit et personne ne savait qui était son père. Le roi fit alors paraître un avis afin que tous les hommes se réunissent sur la place. Tous s’y rendirent ainsi que le paresseux. La princesse vint avec son bébé, le roi et la cour. Ils circulèrent tous parmi les gens du peuple. Lorsque le bébé aperçut le paresseux, il lui tendit ses petites mains, en s’accrochant à lui et lui criant : « Papa ! » Le roi le fit arrêter aussitôt ainsi que sa fille. Il les mit avec le bébé dans une grande caisse qui fut jetée à la mer. La caisse s’en alla sur les eaux, vers le large... Le paresseux était allongé dans la caisse ; il jouait avec son fils, heureux et satisfait. Après que la faim fut passée, car il avait mangé de bonnes choses, le jeune homme dit : — Si Dieu veut, ainsi que mon petit poisson, que cette caisse arrive sur une plage proche du palais du roi ! La caisse nagea au-dessus des flots comme un poisson pour venir s’échouer sur une plage. Ils sortirent et une fois sur la terre ferme, le paresseux dit : — Si Dieu veut, ainsi que mon petit poisson, qu’apparaisse ici un palais plus beau et plus confortable que celui du roi ! Un magnifique palais apparût aussitôt. Le paresseux, la princesse et l’enfant l’habitèrent. Ils devinrent riches, entourés de serviteurs, de carrosses et d’autres merveilles encore. Tristement, le roi se repentait de ce qu’il avait fait. Il passait une grande partie de la nuit sans dormir. Au cours d’une de ces nuits, il vit au loin une clarté qui l’intrigua. Il chercha à savoir de quoi il s’agissait. On lui répondit que c’était un palais tout illuminé, plus beau que le palais royal. Le roi sortit le lendemain pour le voir. En arrivant devant ce palais, il ne se lassa pas de l’admirer. Il rencontra en s’approchant un jeune homme bien éduqué qui l’invita à entrer pour déjeuner. Le roi accepta et ne reconnut pas le paresseux. À la fin du repas, grâce à l’aide du petit poisson, le paresseux fit déposer une cuillère en or de la table dans la poche du roi. En finissant le repas, le jeune homme signala la disparition de la cuillère. Il accusa le roi. Pris d’une colère subite, celui-ci se défendit. le jeune homme ordonna de le fouiller. On trouva la cuillère dans la poche du roi qui devint tout honteux. — Comment puis-je être voleur sans le savoir ? — De la même façon que votre fille fut mère sans le savoir ! répondit le jeune homme qui se fit connaître. La princesse et l’enfant furent appelés pour que le roi les bénisse. Ils firent la paix et vécurent le plus heureusement du monde. Benvenuta de Araujo Natal. Rio Grande do Norte