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B ULLET IN D ’AC T UALIT ÉS D EST IN É AUX PR O FESSIO N N ELS D E L’IN FO R MAT IO N
NEWSLETTER N° 51 - SEPTEMBRE 2011
C o nt act p re sse : Houney Touré Valogne • T e l. : 01 43 73 13 07 • Po rt . : 06 10 80 72 96 • E- mail : [email protected]
R é d act io n : Odile Mathieu / Sébastien Cuvier • T é l : 01 49 29 29 11 • Fax : 01 49 29 29 19 • E- mail :
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A LA UNE
CAFE, CAFEINE ET DOULEUR
Une revue des propriét és
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EN BREF
LA CAFEINE PEUT INFLUENCER NOTRE PERCEPTION DE L'ENVIRONNEMENT
Un ef f et sur l'at t ent ion visuelle
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PAS D'EFFET DU CAFE SUR LA MORTALITE DES FEMMES ATTEINTES DE
MALADIE CARDIOVASCULAIRE
11 697 f emmes suivies pendant 24 ans
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Sous la direction d'Ast rid N e hlig (Inserm U666, Faculté de Médecine de Strasbourg)
CAFÉ, CAFÉINE ET DOULEUR
UNE REVUE DES PROPRIÉTÉS
Le caf é , no t am m e nt grâce à la caf é ine qu’il co nt ie nt , e st
f ré que m m e nt co nso m m é po ur se s e f f e t s st im ulant s t e ls
que l’accro isse m e nt de la vigilance e t de la co nce nt rat io n e t
la ré duct io n de la se nsat io n de f at igue . La caf é ine po ssè de
d’aut re s pro prié t é s m o ins co nnue s co m m e par e xe m ple une
act io n ant algique . Ce t t e pro prié t é a é t é ré é t udié e
ré ce m m e nt dans un art icle re ce nsant le s dif f é re nt e s
m o dalit é s d’act io n de la caf é ine sur la do ule ur (1).
LA SIT UAT ION ACT UELLE
La caf é ine po t e nt ialise l'act io n de s ant algique s
La caféine a été ajo utée à des médicaments co ntenant de l’aspirine,
du paracétamo l o u des anti-inflammato ires no n stéro ïdiens (AINS).
Cette co mbinaiso n a sans do ute été réalisée à l’o rigine po ur
co ntrecarrer les effets sédatifs des analgésiques mais la caféine est
maintenant co nsidérée co mme un adjuvant analgésique. En effet,
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EN SAVOIR PLUS
1. Sawyno k J . Caffe ine and p ain. Pain 2011 ;
152 : 726-9.
maintenant co nsidérée co mme un adjuvant analgésique. En effet,
l’analyse en 1984 de 30 études no n publiées (do uleurs po sto pérato ires, céphalées) a mis en évidence un po uvo ir analgésique
accru de 41 % po ur la co mbinaiso n aspirine o u paracétamo l avec 65
mg de caféine. Ces do nnées o nt établi le po uvo ir analgésique
adjuvant de la caféine (2). Des méta-analyses plus récentes o nt
co nfirmé cet effet adjuvant dans les céphalées mais pas dans la
do uleur po st-o pérato ire. Les pro priétés analgésiques de la
co mbinaiso n aspirine, paracétamo l, ibupro fène o u AINS avec la
caféine o nt été étudiées dans des mo dèles précliniques de do uleur.
Des do ses de 18-32-56 mg/kg de caféine augmentent le po uvo ir
analgésique de ces mo lécules (3).
Un e f f e t ant algique pro pre
De même la caféine a des pro priétés anti-no ciceptives intrinsèques
qui dépendent de la nature du test, de la do se (25-100 mg/kg) et de
l’espèce étudiée. Ces effets so nt dus au blo cage par la caféine des
récepteurs A1 et A2A de l’adéno sine ainsi qu’à des mo dificatio ns
dans la synthèse et l’activité de la cyclo -o xygénase qui régule
l’inflammatio n et la do uleur (4).
La caf é ine e st e f f icace dans le s cé phalé e s
Utilisée en do se unique de 65 à 200 mg la caféine a des pro priétés
analgésiques sur certaines céphalées, en particulier les céphalées
de tensio n (5). Des do ses plus élevées (300-500 mg) so ulagent des
céphalées co nsécutives à une po nctio n so us-durale (1). Ces
pro priétés so nt dues aux effets vaso co nstricteurs de la caféine liés à
l’inhibitio n des récepteurs vasculaires de l’adéno sine (5).
At t e nt io n au se vrage de caf é ine
Des céphalées et une sensatio n de fatigue peuvent être o bservées
pendant quelques jo urs dans 10 à 20 % de la po pulatio n à l’arrêt
brutal de la co nso mmatio n chro nique de café o u de caféine. Ces
symptô mes o nt un impact direct sur le co nfo rt de quelques patients
en pério de po st-o pérato ire. La co nso mmatio n rapide de caféine
so us n’impo rte quelle fo rme le jo ur de l’interventio n so ulage
rapidement ces céphalées (6) et cet effet devrait être pris en co mpte
dans la pratique ho spitalière.
A FAIBLE DOSE, UN EFFET PARADOXAL SUR D'AUT RES
CLASSES T HÉRAPEUT IQUES
Parado xalement, au co urs de la dernière décennie, une série
d’études précliniques a mo ntré que des do ses de caféine inférieures
aux do ses analgésiques inhibaient l’effet anti-no ciceptif de diverses
substances. C’est le cas de l’amytriptylline, de la venlafaxine,
carbamazépine et o xcarbazépine qui so nt utilisées dans le traitement
des do uleurs neuro pathiques. Il en est de même po ur l’allo purino l
utilisé dans le traitement de la go utte, et la cizo lirtine qui est un
analgésique expérimental (1).
LA CAFÉINE ET L’ACUPUNCT URE : UNE INT ERACT ION
POSSIBLE ?
L’acupuncture est très utilisée dans le traitement de la do uleur, en
particulier l’électro -acupuncture qui libère des endo rphines, des
mo no amines, des peptides et des ho rmo nes (7). Récemment, o n a
mo ntré que l’insertio n et la manipulatio n des aiguilles augmente les
taux tissulaires d’ATP, d’ADP, d’AMP et d’adéno sine. Les récepteurs
A1 de l’adéno sine so nt les médiateurs de l’effet analgésique de
l’acupuncture (8) et la caféine à faible do se est un antago niste de ces
récepteurs. A l’heure actuelle, aucune do nnée n’est dispo nible sur
l’interférence po tentielle de la caféine avec les effets antalgiques de
l’acupuncture. En co nclusio n, il apparaît que les effets de la caféine
so nt plus co mplexes et vo nt bien au-delà de ses effets co nnus
d’adjuvant analgésique. Ils so nt no tamment fo nctio n de la do se, de
no tre sensibilité individuelle vraisemblablement liée à no tre
patrimo ine génétique.
2. Las ka EM, e t al. Caffe ine as an analg e s ic
ad juvant. J AMA 1984 ; 251 : 1711-8.
3. G ranad o s -So to V, e t al. A re vie w o f the
p harmac o kine tic and p harmac o d ynamic
fac to rs in the p o te ntiatio n o f the
antino c ic e p tive e ffe c t o f no ns te ro id al antiinflammato ry d rug s b y c affe ine . J Pharmac o l
To xic o l Me tho d s 1999 ; 42 : 67-72.
4. Sawyno k J . Me thylxanthine s and p ain.
Hand b Exp Pharmac o l 2011 ; 200 : 311-29.
5. Ne hlig A. Caffe ine and he ad ac he :
re latio ns hip with the e ffe c ts o f c affe ine o n
c e re b ral b lo o d flo w. In Co ffe e , Te a,
Cho c o late and the Brain (e d . Ne hlig A), CRC
Pre s s , Bo c a Rato n, Fl, 2004 ; 175-86.
6. Hamp l KF, e t al. Pe rio p e rative
ad minis tratio n o f c affe ine tab le ts fo r
p re ve ntio n o f p o s to p e rative he ad ac he s . Can
J Anae s th 1995 ; 42 : 789-92.
7.Shap iro RE. Caffe ine and he ad ac he s . Curr
Pain He ad ac he Re p 2008 ; 12 : 311-5.
8. G o ld man N, e t al. Ad e no s ine A1 re c e p to rs
me d iate lo c al anti-no c ic e p tive e ffe c ts o f
ac up unc ture . Nat Ne uro s c i 2010 ; 13 : 883-8.
EN SAVOIR PLUS
LA CAFÉINE PEUT INFLUENCER NOTRE
PERCEPTION DE L'ENVIRONNEMENT : UN
EFFET SUR L'ATTENTION VISUELLE
So urc e : Maho ne y CR e t al. Caffe ine ind uc e d p hys io lo g ic al aro us al ac c e ntuate s
g lo b al p ro c e s s ing b ias e s . Bio c he mis try
and Be havio r 2011, 99 : 59–65.
Un ef f et sur l'at t ent ion visuelle
Des scientifiques américains se so nt intéressés à l'effet de la
caféine sur l'attentio n visuelle, dans une étude parue en mars
dans Pharmaco lo gy, Bio chemistry and Behavio r.
Ces effets de la caféine sur l'attentio n o nt été étudiés chez des
faibles co nso mmateurs de café (N = 36, co nso mmatio n
quo tidienne de caféine : 42,5 mg). Ce travail était réalisé en
do uble-aveugle, rando misé avec mesures répétées. Après une
nuit de jeûne, les participants o nt co mplété 5 sessio ns de test
après l’abso rptio n de do ses variables de caféine (co nso mmatio n
habituelle, 0, 100, 200 et 400 mg), avec un délai d'au mo ins 3
jo urs entre chaque test. Au co urs de chaque sessio n, les
participants recevaient une des 5 do ses de caféine. Une heure
plus tard, ils devaient effectuer une tâche mettant en jeu leur
attentio n visuelle. Durant ces tests, leur humeur ainsi que leur
taux de caféine et de co rtiso l salivaires étaient évalués à
plusieurs reprises. Le taux de caféine salivaire servait à vérifier
l'efficacité de l'expérience, tandis que la mesure du niveau de
co rtiso l révélait l'état d'"éveil" du participant.
L'expérience mo ntre que l'administratio n de caféine faisait
augmenter le taux de co rtiso l salivaire et que les participants de
l'expérience se sentaient mo ins fatigués. Les analyses des tests
mettant en jeu l'attentio n visuelle mo ntrent que la caféine renfo rce
les pro cessus physio lo giques d’interprétatio n d’images et cet
effet intervient dès la co nso mmatio n de 100 mg de caféine (une
tasse de café).
Ces do nnées suggèrent que la co nso mmatio n de caféine peut
influencer po sitivement la faço n do nt les individus perço ivent et
traitent les info rmatio ns de leur enviro nnement. Elle po urrait
influer sur des tâches quo tidiennes telles que la reco nnaissance
des visages, l'apprentissage de no uveaux enviro nnements et la
reco nnaissance spatiale, surto ut chez
les
perso nnes
co nso mmant peu de caféine.
EN SAVOIR PLUS
PAS D'EFFET DU CAFE SUR LA
MORTALITE DES FEMMES ATTEINTES DE
MALADIE CARDIOVASCULAIRE
11 697 f emmes suivies pendant 24 ans
Le café n'a pas d'influence sur la mo rtalité des femmes atteintes
de maladies cardio vasculaires. C'est la co nclusio n d'un article
paru dans l'American Jo urnal o f Clinical Nutritio n de mai dernier.
So n o bjectif était d'évaluer l'asso ciatio n entre co nso mmatio n de
café caféiné filtré et mo rtalité to utes causes co nfo ndues o u par
So urc e : Lo p e z -G arc ia E e t al. Co ffe e
c o ns ump tio n and mo rtality in wo me n with
c ard io vas c ular d is e as e . Am J Clin Nutr
d o i: 10.3945/ajc n.110.010249.
maladie cardio vasculaire sur cette po pulatio n de femmes. Les
auteurs se so nt intéressés à la co ho rte de la Nurses' Health
Study, incluant 11 697 femmes suivies pendant 24 ans. La
co nso mmatio n de café était évaluée en 1980 à l'inclusio n par un
auto -questio nnaire, puis to us les 2 à 4 ans. La co nso mmatio n
cumulative a été calculée du diagno stic de maladie
cardio vasculaire jusqu'à la fin du suivi en 2004 po ur o bserver les
effets d'une co nso mmatio n à lo ng terme. Afin d'identifier les effets
du café à plus co urt terme, les auteurs o nt fait le lien entre la
mo rtalité et la mesure la plus récente de co nso mmatio n dans les
2 ans précédant le décès.
Les auteurs o nt do cumenté 1 159 décès, do nt 579 étaient dus à
une maladie cardio vasculaire. Les co nso mmatio ns de café
cumulatives étaient divisées en plusieurs catégo ries : < 1 tasse
(240 ml) par mo is, 1 tasse par mo is à 4 tasses par semaine, 5-7
tasses par semaine, 2-3 tasses par jo ur et ≥ 4 tasses par jo ur.
Les risques relatifs (RR) de mo rtalité to utes causes co nfo ndues
dans chacune des catégo ries étaient respectivement de 1, 1,04
(IC 95 % : 0,86-1,27), 1,13 (0,95-1,36), 1,01 (0,86-1,18), et 1,18
(0,89, 1,56) (p = 0,91).
Les RR de mo rtalité due aux maladies cardio vasculaires étaient
respectivement de 1, 0,99 (0,75-1,31), 1,03 (0,80-1,35), 0,97 (0,781,21) et 1,25 (0,85-1,84) (p = 0,76). L'appo rt de caféine sur des
pério des pro lo ngées (24 ans dans cette étude) n'est do nc pas
asso cié à la mo rtalité to tale o u par maladie cardio vasculaire.
Enfin, au niveau des effets à plus co urt terme, la co nso mmatio n
de café n’a aucune influence sur la mo rtalité to tale o u par
maladies cardio vasculaires dans les 2 années suivant la dernière
mesure de co nso mmatio n de café.
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