Formes et modalités de phrases
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Formes et modalités de phrases
Formes et modalités de phrases I. Les modalités de phrases On parle de modalités ou de types de phrases pour désigner les valeurs variées et efficaces que l’émetteur peut mettre dans ses phrases afin d’appuyer son propos en corrélant le fond et la forme. Il peut ainsi indiquer son intention et provoquer une réaction chez le destinataire du message. On distingue ainsi quatre modalités principales : La phrase déclarative C’est la modalité de phrase la plus employée. Elle est utilisée pour transmettre une information neutre, un fait ou des opinions sans exprimer d’intention. Elle est simple ou complexe, affirmative ou négative. Dans le ton, la phrase déclarative s’achève sur une intonation descendante. Ex. : «Longtemps, je me suis couché de bonne heure.» (M. PROUST, A la recherche du temps perdu). La phrase interrogative La phrase interrogative est utilisée lorsque l’émetteur souhaite poser une question. L’interrogation est dite totale si la question amène une réponse de type oui / non (Ex. : Paul est-il là ?), partielle si la réponse attendue est plus large (Ex. : Quel est ton plat favori ?). La phrase interrogative utilise des mots interrogatifs comme des pronoms (qui, que, quoi, lequel… ?), des adjectifs (quel, quelles… ?) ou des adverbes (Comment ? Pourquoi ? Quand ?…). Une phrase interrogative et négative est dite interro-négative (Ex. : N’as-tu pas déjà dit cela ?). L’intonation interrogative est ascendante. La phrase exclamative Elle est souvent à valeur déclarative ou impérative mais on la distingue car elle exprime un sentiment vif de joie, de colère ou de surprise. Ex. : Quel beau soleil ! La phrase exclamative verbale est très souvent construite au conditionnel, au subjonctif ou à l’infinitif. Ex. «Partir ! Partir enfin vers des horizons inconnus !» BAUDELAIRE La phrase impérative La phrase impérative est aussi dite injonctive car elle a pour intention première de donner un ordre ou un conseil. Mais ce n’est pas son unique rôle. Le locuteur peut en effet vouloir exprimer une défense, une interdiction, un souhait et il utilisera pour ce faire la modalité impérative afin de faire réagir son interlocuteur aux propos. Il convient donc de ne pas confondre la modalité impérative et le mode verbal impératif. De plus, la phrase impérative se termine bien souvent par un point d’exclamation, il convient alors de ne pas la prendre pour une phrase exclamative. Ainsi, Range ta chambre ! et Il faut se coucher tôt. sont deux phrases de modalité impérative même si le ton et le sens paraissent bien éloignés. Le verbe est souvent à l’impératif, mais on le trouve aussi souvent à l’infinitif ou à la troisième personne du mode utilisé précédée de que. Ex. : Que la fête commence ! Une phrase sans verbe peut suffire à exprimer une modalité impérative. Ex. : A gauche ! Son intonation est descendante. II. Les formes de phrases En français, on distingue deux formes de phrases récurrentes : la phrase affirmative et la phrase négative. Certains spécialistes évoquent une troisième forme qu’ils appellent forme emphatique pour désigner la mise en relief à l’intérieur d’une phrase d’un syntagme particulier à l’aide d’expression du type C’est… qui ou voici…que. La forme affirmative Cette forme s’applique à tous les types de phrases. La déclarative affirmative exprime un fait, une idée. Ex. : Il dort. L’interrogative affirmative pose une question et attend une réponse. Ex. : Dort-il ? L’impérative affirmative exprime un ordre ou un conseil, mais jamais une défense ou une interdiction. Ex. : Dors ! La forme négative La forme négative est totale ou partielle. Totale lorsqu’elle est construite avec une locution adverbiale du type ne…pas, ne… rien, ne…plus… Partielle, elle ne porte que sur un élément précis de la phrase et se construit avec des locutions du type ne…guère, ne…pas toujours… Parfois, l’un des éléments de la négation est omis par l’usage courant. Ex. : Qui ne dit mot consent. Une double négation peut servir à atténuer une affirmation. Ex. : Vous n’êtes pas sans savoir que… La forme dite «emphatique» Elle permet la mise en relief d’un des éléments de la phrase : l’emphase signifie alors la mise en avant de tel ou tel élément. Il existe plusieurs moyens de mise en relief. Soit on place en tête de phrase le mot ou groupe de mot à mettre en valeur (Ex. : Heureux qui comme Ulysse…du BELLAY), soit on utilise un pronom de reprise (Ex. : Lui, il est malin.), soit, enfin, on utilise un présentatif tel que c’est…qui ou voici…que. Certaines figures de style basées sur la répétition, la gradation ou l’hyperbole ainsi construites peuvent aussi servir à renforcer la forme emphatique. Ex. : «Rome, l’unique objet de mon ressentiment ! / Rome à qui vient ton bras d’immoler mon amant !» (CORNEILLE, Horace).