L`Heretic Club ou le prosélytisme bienveillant

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L`Heretic Club ou le prosélytisme bienveillant
FOOD & NIGHTLIFE
L’Heretic Club ou le
prosélytisme bienveillant
Présenté comme l’un
des derniers bastions
de la culture musicale
underground à Bordeaux, l’Heretic Club
offre une programmation variée, magnifiée
par son atmosphère
atypique.
Texte Edouard Teulières
Photo Pauline Garcia-Sancho
J
oli sol carrelé comportant encore les
stigmates de la dernière
soirée, dont on peine à
décoller ses semelles. Décor
mêlant culture punk ou
skateboard et rappelant
certains lieux de sorties berlinois. L’Heretic Club existe
depuis 2006. Cette salle de
concerts “accueille toutes les
tribus musicales”. Sa création
fut motivée par l’avalanche
de refus essuyés par des
groupes de rock pour se
produire dans des salles de
concert. Autant leur créer
un lieu !
→ Un lieu pour tous
Le message de présentation
du site Internet rappelle
étrangement la déclaration
de candidature de Coluche
pour les élections présidentielles de 1981 : “crêteux,
skinheads, hardcoreux,
metalleux, rockers, clubbers
électro, psychos, popeux artys,
voyous notoires, skateurs old
school, skateurs à papa, fils à
maman qui s’encanaille sur le
dancefloor, filles à papy dans
le mosh pit, baggys, slim, kilt,
short de Platini, triplex, para,
santiags, tong, prolétaires,
homos, lesbiennes, hétéros,
transsexuels, indiens, vendeurs
de fleurs, dépressifs, alcooliques, etc etc,
REJOINS l’armée des Hérétiques !”
Bref, le lieu “accueille toute
clientèle”. Sa gestion est as-
056/132
surée par l’association Rock
Your Life, collectif d’une
quinzaine de passionnés.
Ce staff, constitué à la base
d’un groupe d’amis, s’en
tient à sa ligne de conduite
originelle : “Pas une seule
voix et pas de hiérarchie.”
→ Un club autofinancé
Programmation éclectique
et qualitative pour des
concerts se déroulant dans
une atmosphère survoltée
mais joviale. Les tarifs
(comme ceux des consommations) restent volontairement bas. “Les prix proposés
sont abordables, car sortir
pour aller écouter de la musique coûte cher et nous voulons organiser le maximum
de soirées.” Soirées ne riment
cependant pas avec débordements nocturnes aux
abords de la salle. “L’Heretic
n’est ni un commerce, ni une
boîte de nuit. Nous rappelons
qu’aucune entrée n’est possible
après 2h, qu’on se le dise.”
Les profits de L’Hérétic,
100 % autofinancé, sont
réinvestis pour la gestion
du lieu “en fonction de nos
moyens”. Crédo revendiqué ?
“Passion, indépendance &
musique qui saignent.”
Marcel Proust et certains
noctambules bordelais
estiment que “les vrais
paradis sont les paradis
qu’on a perdus”. L’Heretic
Club doit être l’exception
confirmant la règle.