infections virales et gale SFHH, juin 2007
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infections virales et gale SFHH, juin 2007
XVIIIe Congrès national de la Société Française d’Hygiène Hospitalière Strasbourg – 7 et 8 juin 2007 Indications « hygiène des mains » Infections VIRALES et GALE Dr. J. Foeglé – Dr ML GOETZ Service d’hygiène hospitalière CHU de Strasbourg Grippe Sarcoptes scabei 1 Virus de la grippe Virus du SIDA Virus de l’hépatite B Hygiène des mains et infections virales 2 Introduction Les infections nosocomiales virales (INV) constituent un problème préoccupant en établissement de santé Î notamment chez l’enfant et la personne âgée Î responsables d’épidémie de grande ampleur dans ces 2 sous-populations (ex: épidémie saisonnière à rotavirus et à VRS) Î Selon ENP 2001: rotavirus représentaient 4,2% des microorganismes chez les nnés, enfants, adolescents (<=18 ans)1 Pb majeur de santé publique: nouveaux virus émergents (grippe aviaire, pandémie grippale…) 1Branger B. Enquête de prévalence nationale 2001 des infections nosocomiales chez les nouveau-nés et les enfants et adolescents de moins de 18 ans. Arch Pediatr 2005; 12(7): 1085-1093. 3 Surveillance des INV Les INV sont moins étudiées que les IN bactériennes, car: Diagnostic plus complexe (variabilité de la période d’incubation, diagnostic clinique et biologique difficile) Probablement sous-évaluées La surveillance des INV est limitée, les données sont issues: Investigations d’épidémies Investigations d’accidents d’exposition au sang ou aux liquides biologiques Les INV sont souvent le reflet d’un phénomène communautaire (Rotavirus, VRS, Grippe saisonnière…). 4 Impacts des INV Î Augmentation Î Impact de la durée de séjour économique Le coût moyen d’une INV s’échelonne entre 720 et 9419 euros selon le type d’infection et la population touchée, l’augmentation de la durée de séjour s’échelonne entre 3 et 66 jours1. En France, l’infection à rotavirus serait responsable de 300.000 épisodes de diarrhée aiguë par an chez l’enfant < 5 ans (160.000 diarrhées sévères): Î Le coût annuel est estimé à 28 millions d’euros pour le système de santé2 1Piednoir E. Infections nosocomiales virales: augmentation de la durée de séjour et impact économique. Hygienes – 2005 Volume XIII – N°6: 481-484. 2Melliez H. et al. Mortalité, morbidité et coût des infections à rotavirus en France. BEH n°35/2005 – 6 septembre 2005: 175-176. 5 Principaux virus responsables d’INV Î Virus transmis par le sang: VIH, VHC, VHB Î Virus des gastro-entérites: rotavirus, enterovirus, norovirus Î Virus à tropisme hépatique : hépatite A et E (transmis par voie orofécale) Î Virus à tropisme respiratoire: VRS, Virus influenza et para-influenza Î Virus responsables de conjonctivite: adénovirus Î Virus responsables d’affections cutanées: herpès, varicelle, zona 6 Mesures de prévention des INV Existence de moyens simples et efficaces Capables de limiter la diffusion des virus à l’hôpital Respect des précautions standard Précautions complémentaires (selon le mode de transmission: chambre seule, surblouse, port de gants, masque) Vaccination (hépatite B, grippe) Parmi ces différentes mesures le respect strict de l’Hygiène des mains reste primordial 7 Mains = vecteur de propagation pour de nombreux virus MALADIES RÉSULTANTES MOYEN DE PROPAGATION Rotavirus Diarrhée aigüe Contact (Mains) Calicivirus dont (norovirus) Diarrhée aigüe Contact (Mains) Virus de l’hépatite A Hépatite aiguë Contact (Mains) Rhinites Gouttelettes – contact (mains) Infections respiratoires graves chez l’enfant Gouttelettes – contact (mains) Conjonctivites, diarrhées, infections respiratoires Gouttelettes – contact (mains) Éruption cutanée Air – Contact (mains) VIRUS Rhinovirus Virus respiratoire syncytial Adénovirus Varicelle/Zona 8 Place de l’hygiène de mains dans la prévention des INV L’hygiène des mains reste un élément clef de la prévention: Elle est d’autant plus importante que: le portage asymptomatique peut être long: une des difficultés majeures dans la prévention de la propagation virale dans les hôpitaux est liée à l’existence d’une excrétion virale débutant avant l’apparition de signes cliniques persistant plusieurs jours après guérison l’environnement constitue une source de recontamination potentielle des mains 9 Survie des virus sur les mains et les surfaces inertes Un certain nombre de virus peuvent rester viables: Îplusieurs heures sur les mains et Îgénéralement beaucoup plus longtemps sur les surfaces environnementales 10 Exemple de survie des virus sur les mains et les surfaces inertes Virus Survie sur la peau Survie sur des surfaces inertes Grippe1 5 mn, qques heures dans des sécrétions séchées Jusqu’à 48 heures sur les surfaces contaminées VRS1 20 mn 30 – 45 mn sur papier 90 mn sur les gants 6 h sur des surfaces contaminées Rotavirus2 57% de l’inoculum initial persiste sur la peau après 20 mn, 43% après 1 heure 7% après 4 heures 10 jours sur des surfaces (verre, acier, plastique) Inactivation plus rapide (carton, papier, vêtement) 1A.G. Andrieu et al. Infection grippale et à virus respiratoire syncytial chez les sujets âgés vivant en institution. HYGIENES – 2005 – Volume XIII – N°6: 457-461 2F. Chomienne et al. Infections nosocomiales pédiatriques à rotavirus. HYGIENES. 2003 – Volume XI – N°4: 319-326 11 Exemple de survie des virus sur les mains et les surfaces inertes Virus Survie sur la peau Survie sur des surfaces inertes Hépatite A1,2 16 à 30% l’inoculum initial persiste sur la peau après 4 h 2 heures à 60 jours Rhinovirus1,3 38% l’inoculum initial persiste sur la peau après 1 h - 16% après 3 h 2 heures à 7 jours Herpes simplex 2 heures virus, type 1 et 21,4 4,5 heures à 8 semaines 3 h vêtements, 4h plastique Adénovirus1 7 jours à 3 mois Hépatite B1 > 1 semaine 1 A. Kramer et al. How long do nosocomial pathogens persist on inanimate surfaces? A systematic review. BMC Infectious Disease. 2006, 6: 130 2 I.N. Mbithi. Survival of hepatitis A virus on human hands and its transfer on contact with animate and inanimate surfaces. J. Clin Microbiol. 1992; 30 (4): 757-763. 3 A.S Ansari et al. Potential role of hands in the spread of respiratory viral infections: studies with human parainfluenza virus 3 and rhinovirus 14. J. Clin. Microbiol. 29 (10): 2115-2119. 4 R. Turner et al. Shedding and survival of herpes simplex virus from ‘fever blisters’. Pediatrics. 1982; 70(4): 547-9 12 Activité virucide des savons ATS et des solutions hydro-alcooliques Une désinfection appropriée et régulière des mains est essentielle pour la prévention de la propagation des INV Il est donc important de prendre en compte l’efficacité virucide des différents désinfectants utilisés pour l’hygiène des mains en milieu de soins Notons cependant que l’activité virucide n’est actuellement pas exigée pour les produits utilisés : Pour le traitement hygiénique des mains par lavage Pour le traitement hygiénique des mains par friction 13 Sensibilité des virus aux désinfectants VIRUS ENVELOPPÉS Herpès viridae VRS Virus influenza et parainfluenza Oreillons/rougeole/rubéole VIH Hépatite C… sont plus fragiles que les virus nus: inactivés par désorganisation de leur enveloppe lipidique Î VIRUS NUS Î Poliovirus (entérovirus) Echovirus (entérovirus) Hépatite A et E Rotavirus Adénovirus Calicivirus (norovirus)… Plus DIFFICILE A INACTIVER que les virus enveloppés EXCEPTIONS: Î Virus de l’hépatite B: virus enveloppé très résistant Î Poxvirus (variole, vaccine….): virus enveloppé très résistant 14 Activité virucide Les essais normalisés Dans les essais normalisés c’est un entérovirus (poliovirus 1) et un adénovirus qui ont été choisis comme virus d’essai: Le poliovirus est retenu comme le plus résistant De ce fait, en l’absence de tests standardisés pour les virus des hépatites, un produit actif sur poliovirus est considéré: comme actif sur les virus des hépatites et a fortiori sur le VIH 15 Activité virucide Les essais normalisés Particularité du VIH: Le VIH est un virus fragile détruit avec des produits de bas niveau. Î La norme NF EN 14476 précise que: « Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) n’est pas considéré comme un virus qui requiert d’être soumis à essai car extrêmement fragile » 16 Activité virucide Les essais normalisés Normes française et européenne testant l’activité virucide des antiseptiques et désinfectants: Î norme NF T 72-180 (décembre 1989) norme NF EN 14476 (publiée en août 2005) ou NF T 72-185 Î 17 Norme NF T 72-180 décembre 1989 Antiseptiques et désinfectants utilisés à l’état liquide, miscibles à l’eau. Détermination de l’activité virucide vis-à-vis des virus de vertébrés 18 Norme NF T 72-180 décembre 1989 Tests effectués sur 3 espèces de virus: Î Entérovirus polio I, Î Adenovirus humain type 5, Î Orthopoxvirus de la vaccine. Temps de contact minimal: 15, 30, 60 min Activité attendue: réduction d’au moins 10.000 fois le nombre d’unités infectieuses 19 Norme NF EN 14476 Août 2005 Antiseptiques et désinfectants chimiques Essai virucide quantitatif de suspension pour les antiseptiques et désinfectants chimiques utilisés en médecine humaine. Méthode d’essai et prescriptions (phase 2, étape 1). Norme d’application 20 Norme NF EN 14476 Août 2005 Tests effectués sur 2 espèces de virus: Î Poliovirus type 1, Î Adénovirus type 5. Temps de contact minimal: 1 min ou 30 sec. temps supplémentaire à 3 min. Activité attendue: réduction d’au moins 10.000 fois (4 log) le nombre d’unités infectieuses 21 Norme NF EN 14476 Août 2005 La norme NF EN 14476 définit les conditions d’essais spécifiques au lavage et à l’imprégnation hygiénique des mains (ce qui n’était pas le cas pour la norme NF T 72-180) Dans la norme NF T 72-180, les temps de contact sont inadaptés aux différentes techniques d’hygiène des mains. 22 Comparaison de l’activité virucide des savons antiseptiques et des solutions hydroalcooliques Études des dossiers techniques des produits actuellement commercialisés pour lesquels un test de virucidie a été effectué (listing non exhaustif) Liste obtenue à partir de la liste positive des désinfectants 2007 - SFHH 23 Comparaison de l’activité virucide des savons ATS et des SHA *NF T 72-180 ** NF EN 14476 Produits À base de PVPI Savon À base de chlorhexidine ATS À base de chlorhexidine SHA Polio virus Adéno virus 60 mn* 15 mn* 30 mn* 15 mn * Essais non normalisés Rotavirus humain Herpès Non virucide en 60 mn* 76% isopropanol 30 sec* 30 sec* 30 sec 30 sec 82% éthanol 30 sec* 30 sec** 30 sec 30 sec 1 mn 1 mn 55% alcool isopropylique 70% isopropanol - 10% éthanol 62% alcool dénaturé 14% éthanol - 42% N Propanol 30 sec* 1 mn** 1 mn 30 sec** 30 sec 30 sec 30 sec 24 Comparaison de l’activité virucide des savons ATS et des SHA * Il faut cependant préciser que certains laboratoires n’ont peut-être pas effectué les tests en moins de 15 minutes au vu des temps préconisés dans l’ancienne norme NF T 72-180 !!! 25 Activité virucide des savons antiseptiques et des solutions hydro-alcooliques Devant la multiplicité des études proposées les utilisateurs doivent exercer leur vigilance pour disposer de dossier d’information de qualité!!! Vigilance: Essais non normalisés (VHB, VHC, hépatite A) Méthodes utilisant des virus de substitution Activité virucide à retenir uniquement si prise en compte de l’évaluation d’une activité sur Poliovirus 1 26 Activité virucide des savons antiseptiques et des solutions hydro-alcooliques Remarques Î Norme EN 14476 mal adaptée pour mains Î Volonté du groupe de travail (WG1) de lancer un projet de norme virucide spéciale « mains » avec des virus contaminants habituels des mains des personnels hospitaliers (rotavirus humain?, …) Î Souches à tester par des essais inter-laboratoires 27 Conclusion Surfaces inertes Transmission directe La durée de la survie sur une surface inerte est un élément clé du potentiel de cette surface à être une source de virus Î Î Influence la protection fournie par le fluide dans lequel il est excrété. Influence de l’humidité et de la température ambiantes Patient Compliance hygiène des mains + choix désinfectants virucides ÎSHA !!! Transmission indirecte Mains du personnel soignant 28 Hygiène des mains et gale 29 Introduction La gale est une dermatose parasitaire contagieuse dont la dissémination est favorisée par la vie en collectivité. Les institutions accueillant des personnes âgées ainsi que les unités de soins de gériatrie sont de ce fait fréquemment touchées par cette parasitose. Les formes atypiques, l’absence fréquente de plainte chez la personne âgée entraînent un retard au diagnostic à l’origine d’épidémies qui peuvent être longues à maîtriser. 30 Mesures de prévention La prévention de la propagation de cette affection passe : par la mise en place précoce des précautions contacts avec port d’une tenue de protection. Le port d’une surblouse à manche longue et de gants à usage unique non stériles est impératif pour tout contact cutané prolongé avec le patient ou les objets contaminés. L’hygiène des mains doit en parallèle être renforcée, le port de gants ne dispense pas du lavage des mains. 31 Place de l’hygiène de mains Il est important de rappeler que: les savons antiseptiques et les solutions hydro-alcooliques n’ont pas d’activité scabicide, seule l’action mécanique du lavage permet d’éliminer physiquement lors du rinçage les parasites présents à la surface de la peau 32 Place de l’hygiène de mains Lors de la prise en charge de cas de gale et particulièrement dans un contexte épidémique: il convient d’informer soigneusement le personnel quant au type d’hygiène des mains à pratiquer, les solutions hydro-alcooliques étant à proscrire, SAUF si elles sont précédées systématiquement d’un lavage simple des mains. 33 Conclusion Hygiène des mains est un des piliers de la lutte contre les infections nosocomiales En fonction des micro-organismes en cause: Choix adaptés Privilégier les SHA 2 exceptions: gale et Clostridium difficile (inefficacité des SHA) Î Dès suspicion du diagnostic adapter l’hygiène des mains 34