Ingénieuse.ch No 6 - HES-SO
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Ingénieuse.ch No 6 - HES-SO
La gestion des ressources, un défi au féminin Numéro 6 / Février 2009 4Portrait d’ingénieure Etudier pour gagner l’indépendance 4Gestion des ressources L’eau dans le Sud marocain 4Essayez ! Un frigo à démonter 4Portrait d’étudiantes Onze jeunes femmes en voyage 4Reportage A la poursuite de l’eau 4Interview Isabelle Chevalley 4Dossier Le frigo solaire Consultez notre site www.ingenieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/edito.php Les voyages forment la jeunesse De futures ingénieures conscientes de leur responsabilité citoyenne, c’est le leitmotiv d’un des cours qu’elles ont suivi et du voyage d’étude qui s’y rapporte. Contribuer à mieux gérer les ressources de la planète, c’est le défi technologique et humain posé aux ingénieur.e.s d’aujourd’hui et de demain. Pour appréhender la problématique de l’eau, elles sont allées sur le terrain, là où il y en a peu, dans le Sud marocain. Sans eau, la vie s’arrête. Interrogations, indignation face au gaspillage, inquiétudes pour l’avenir et réponses technologiques qui se veulent rassurantes se sont succédé. Partagez leur expérience dans ces pages et sur notre site ! Anne de Montmollin et Sylvie Villa www.ingenieuse.ch/fr/portrait_ingenieure.php Fatiha Lemmini : Etudier pour accéder à l’indépendance destin de leurs mères, des femmes contraintes à vivre sous la dépendance de leurs maris parce qu’elles n’ont pas eu accès à l’instruction. Motivée par cette envie d’indépendance, Fathia est bonne élève. Elle obtient une bourse pour étudier à l’étranger et va passer un Master en Californie, où elle participe à une étude sur les degrés de pollution atmosphérique liés à divers procédés nucléaires. Ingénieure et mère de deux enfants, Fatiha Lemmini a toujours souhaité travailler dans son pays, le Maroc, afin de participer à son développement et ainsi améliorer la vie de toute la population. Parce qu’elle est une fille, la jeune Fatiha ne réalisera pas son rêve de devenir pilote, sa Majesté Hassan II ne souhaitant pas de femmes pilotes dans la flotte marocaine. Elle choisit alors d’intégrer la faculté de physique et chimie de l’Université de Rabat, où elle obtient une licence en physique nucléaire parce que « c’était la mode à l’époque ». Dans le Maroc des années 70, les filles des villes veulent faire de bonnes études pour ne pas connaître le Une fois rentrée au pays, la jeune diplômée enseigne à l’Université de Rabat, tout en travaillant dans un laboratoire de physique nucléaire. Forte de son expérience américaine, elle y constate de nombreux manquements à la radioprotection. Ne souhaitant pas s’exposer ainsi, elle change d’orientation pour s’investir dans le solaire, une énergie moins dangereuse et plus durable. Tout en enseignant à Rabat, Fatiha passe une thèse d’Etat à Paris, avec un projet de réfrigération solaire. « Je voulais construire ce frigo dans mon pays, pour les Marocains, et effectuais donc mes recherches à Rabat », précise-t-elle. Elle se marie, attend très vite un enfant et termine la partie expérimentale de sa thèse pendant sa grossesse. Elle la rédigera tout en s’occupant de son aîné et obtient son doctorat avant ses collègues masculins du même âge. Fatiha intègre ensuite un laboratoire de recherche en énergie solaire dépendant de la Faculté des sciences de l’Université de Rabat, fondé par une femme. Elle lui succèdera à la direction, poste qu’elle occupe toujours aujourd’hui. L’ingénieure a ainsi concrétisé son projet de thèse : le réfrigérateur solaire existe et fonctionne. « Nous avons d’ailleurs collaboré avec l’Ecole d’ingénieur.e.s www.ingenieuse.ch/fr/gestion_des_ressources.php d’Yverdon, échangé nos expériences » note celle qui a aimé mettre la main à la pâte pour aboutir « puisque tout était à créer, du concept jusqu’aux pièces et soudures ». Au service de l’économie marocaine En dirigeant les travaux de thèse de ses étudiant.e.s, Fatiha Lemmini continue à investir ses compétences au service de l’économie marocaine, dans la mise au point, par exemple, d’un séchage solaire pour le bois. « Actuellement, le potentiel du bois marocain est gaspillé en papeterie ou bois de feu car le sécher à l’électricité coûte trop cher pour qu’il soit compétitif dans la menuiserie ou la marqueterie. Des applications pour lesquelles nous ne pouvons le laisser sécher à l’air libre, car sa structure se fissure. Nous cherchons donc à réduire les coûts en fabriquant un séchoir à l’énergie solaire, ressource qui ne manque pas au Maroc ! » explique la cheffe de projet. Depuis toujours, Fatiha Lemmini défend l’idée qu’un pays où les femmes ne sont pas assez instruites pour participer à la vie économique ne peut pas se développer. Et prouve, par son exemple, qu’il est possible de mener une carrière d’ingénieure, élever deux enfants et « construire, avec les hommes, le Maroc de demain ». Marie-christine pasche A suivre sur www.ingenieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/essayez.php Une ressource à gérer : l’eau La technique, en quelques clics Sais-tu comment fonctionne le réfrigérateur que tu vois tous les jours dans ta cuisine ? Oui ? Alors, teste tes connaissances et participe à un concours ! Non ? Et bien c’est l’occasion de découvrir comment ça marche ! Une nouvelle rubrique : la gestion des ressources Un dossier à découvrir : la problématique de l’eau en région semi-aride Les ressources qu’offre notre planète sont limitées, nous le savons mais nous continuons trop souvent à les gaspiller. C’est pourtant elles qui permettent d’assurer notre existence et celle de milliers d’autres espèces. Apprendre à gérer ces ressources deviendra une priorité dans les décennies à venir. Et le rôle des ingénieur.e.s est primordial : pour trouver des moyens de les économiser, de les recycler, mais aussi pour dresser des états de situation et faire remonter l’information vers les sphères de décision. Un thème crucial Ainsi, nous avons décidé de créer une nouvelle rubrique pour traiter du rôle sociétal des ingénieur.e.s. L’onglet « Gestion des ressources » fera désormais partie intégrante de notre site, en proposant des dossiers thématiques. Le premier est consacré à la problématique de l’eau dans les régions arides, plus particulièrement dans le sud du Maroc. En juin dernier, la rédaction d’ingénieuse.ch y a suivi les étudiantes de l’année préparatoire Future ingénieure, pour un voyage d’étude intensif. Sur la base de leurs observations et leurs réactions, elle a créé un dossier multimédia - textes, photos et vidéos- à découvrir dès maintenant sur notre site. 2 Un dossier pour sensibiliser Guidées par des responsables de l’Etat marocain, les étudiantes ont découvert les systèmes de stockage de l’eau et d’irrigation, de l’Atlas aux champs de la région de Marrakech. En discutant avec des paysans, elles ont mesuré l’ampleur des problèmes liés à la sécheresse. Et découvert les contradictions du développement touristique, qui contribue à épuiser la nappe phréatique par une utilisation disproportionnée du précieux liquide : piscines, golfs, douches en plein désert ... Sans la réflexion de professionnel.le.s capables d’inventer de nouvelles techniques pour économiser ou mieux rentabiliser cette ressource (par le recyclage des eaux usées ou le dessalement grâce à l’énergie solaire par exemple) les régions semi-arides de la planète courent à la catastrophe. Un défi à relever pour les ingénieur.e.s ! C’est le message que nos étudiantes souhaitent transmettre à celles qui suivront peut-être leurs traces. ANNE DE MONTMOLLIN A suivre sur www.ingenieuse.ch Dans tous les cas, viens visiter notre rubrique « Essayez ! » A suivre sur www.ingenieuse.ch Des futures ingénieures sur le terrain www.ingenieuse.ch/fr/portrait_étudiantes.php En juin 2008, onze étudiantes ont terminé par un voyage d’études dans le Sud marocain leur formation passerelle leur permettant de rejoindre une école d’ingénieur.e.s HES. Huit venaient d’effectuer l’année préparatoire Future Ingénieure de la HES-SO. Trois autres terminaient une formation professionnelle accélérée de dessinatrice en bâtiment : elles fêteront l’obtention de leur CFC à Marrakech. Au programme, 10 jours de découverte, où le farniente n’avait pas sa place. Les futures ingénieures ont eu la chance de rencontrer des responsables techniques venant de Marrakech, ainsi que des hommes et des femmes travaillant la terre dans leur petit village. But, rapporter en Suisse toutes les informations nécessaires à la rédaction d’un dossier sur la problématique de l’eau dans cette région semi-aride. A découvrir sur www.ingenieuse.ch www.ingenieuse.ch/fr/reportage.php Reportage égalité A la poursuite de l’eau dans le Sud marocain Autour de Marrakech, le groupe a suivi le cheminement de l’eau d’irrigation, des barrages de l’Atlas aux champs d’oliviers. Puis cap sur le désert pour expérimenter la sécheresse, et retour dans la ville rouge, toujours sur les traces de l’or bleu. Un vent brûlant balaie la surface asséchée du lac Iriki et soudain un adolescent paraît avec son troupeau de dromadaires. Descente de voiture, premier contact physique avec le désert depuis l’arrivée à Marrakech quatre jours plus tôt. L’impression d’avoir plongé dans un four à air chaud est saisissante : brûlure, et le bruit du vent qui envahit le silence. La situation vaut tous les discours du monde sur la difficulté de vivre en zone désertique pour les onze étudiantes venues étudier la problématique de l’eau dans le sud marocain, avec leur professeure Sylvie Villa, responsable du domaine Sciences de l’ingénieur.e à la HES-SO (Haute école spécialisée de Suisse occidentale). Durant ces dix jours, elles récolteront pour www.ingenieuse.ch toutes les informations disponibles sur le terrain, nécessaires à la rédaction d’un dossier sur la problématique de l’eau dans la région : visites des installations d’irrigation datant des années 60, explications de spécialistes locaux sur les travaux effectués aujourd’hui afin de gérer l’or bleu avec parcimonie. Une bonne gestion de l’eau est en effet cruciale dans cette région semi-aride soumise à la double pression du changement climatique et de l’évolution socio-économique. Depuis des siècles, la population cherche et trouve des solutions pour amener l’eau jusqu’aux cultures, le réseau étendu de seghia (petits canaux en terre) en atteste. Mais ce fragile équilibre est aujourd’hui menacé. Les pluies se font toujours plus rares et Marrakech change : 1’500’000 habitant.e.s y vivent aujourd’hui, et sa vocation touristique s’affirme. Le groupe est particulièrement interpellé en découvrant les travaux d’aménagement d’un golf, très gros consommateur d’eau, dans une banlieue résidentielle en plein essor où les projets immobiliers foisonnent. Le contraste avec la situation régnant dans les campagnes est saisissant : là, des associations de paysans éprouvent une difficulté grandissante à trouver assez d’eau pour leurs cultures. Les futures ingénieures sont ainsi confrontées à la complexité de situations qu’elles rencontreront peut-être dans l’exercice de leur métier, lorsque le développement économique, indispensable pour créer de l’emploi et sortir une population de la misère, se fait au détriment de celles et ceux qui vivent en autarcie des revenus de leurs terres. C’est l’occasion de s’interroger sur leur futur métier et les possibilités qu’il leur offrira de promouvoir un partage équitable de tout ce qu’on peut exploiter et produire, en respectant les modes de vie, ainsi que l’intégrité de la biosphère. Remise en question, recherche de l’équilibre et du respect, accompagneront tout le voyage jusqu’au milieu des dunes. Quel équilibre le développement du tourisme va-t-il bouleverser ? En arrivant au premier bivouac, surprise : le camp est éclairé à l’électricité, grâce à un groupe électrogène, fort bruyant, et des douches attendent les touristes ! A trois heures de piste de la lisière du désert et à quelques kilomètres d’un puits où les nomades remplissent leurs jarres. La plupart des voyageuses renonceront à la douche : elles s’en seraient trop voulu… marie-christine pasche A suivre sur www.ingenieuse.ch 3 www.ingenieuse.ch/fr/produit.php Frigo solaire : plus il fait chaud, plus il gèle... Faire du froid avec du chaud, sans moteur, c’est possible! Un réfrigérateur solaire conçu par une équipe de recherche appliquée de la HEIG-VD à Yverdon-lesBains changera bientôt la vie dans les pays du Sahel. Avec la participation des écoles d’ingénieur·e·s de la HES-SO Et le soutien financier de l’OFFT Avec 45°C la journée et 38°C la nuit, difficile de conserver des médicaments, semences ou réserves de sang, dans une ville comme Ouagadougou ! D’où l’initiative, en 1999, du Centre écologique Albert Schweitzer (CEAS) - organisation oeuvrant à améliorer les conditions de vie des populations d’Afrique par des moyens alliant économie et écologie - d’inventer un réfrigérateur adapté aux conditions climatiques africaines. Catherine Hildbrand, ingénieure en génie thermique, fait partie de l’équipe qui s’occupe de ce projet au Laboratoire d’énergétique solaire et de physique du bâtiment (LESBAT) de l’école d’ingénieur.e.s. « Les frigos classiques ne constituent pas la solution idéale dans les pays du Sahel », explique Catherine Hildbrand. De nombreuses régions sont totalement privées d’électricité, et le fluide frigorifique contenu dans ces appareils ne peut être ni recyclé, ni détruit convenablement. Au bout du compte, l’équipe de recherche réalise que seul un appareil autonome aura une chance d’être intégré à la vie quotidienne des indigènes. Celui-ci devra de surcroît être fiable, écologique, mais aussi fabriqué sur place, pour permettre aux populations d’être indépendantes. Aujourd’hui, après de nombreuses péripéties, un modèle de réfrigérateur solaire répondant à tous les critères a été développé, et trois exemplaires ont été produits par le CEAS. Comment ça fonctionne ? « Le capteur solaire, d’un mètre carré, est composé d’une boîte vitrée, isolée, dans Les écoles partenaires : HE-ARC Haute École Arc-Ingénierie Rue Baptiste-Savoye 26 CH-2610 Saint-Imier Tél. : +41 (0)32 930 11 21 Fax : +41 (0)32 930 11 22 www.he-arc.ch HES-SO Valais Haute École ValaisanneSciences de l’ingénieur-e Route du Rawyl 47 CH-1950 Sion Tél. : +41 (0)27 606 85 11 Fax : +41 (0)27 606 85 15 www.hevs.ch 4 A suivre sur www.ingenieuse.ch Isabelle Chevalley, docteure en chimie « Je crois aux femmes en politique » Chimiste, députée au Grand Conseil vaudois, fondatrice du mouvement Ecologie libérale et lobbyiste de l’Agence pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique, Isabelle Chevalley est surtout une redoutable avocate de la planète. EIA-FR hepia-GE Haute école du paysage, d’ingénierie et d’architecture de Genève Rue de la Prairie 4 CH-1201 Genève Tél. : +41 (0)22 546 24 00 Fax : +41 (0)22 546 24 10 www.hesge.ch/hepia Carole Pellouchoud www.ingenieuse.ch/fr/interview.php HEIG-VD Haute École d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud Route de Cheseaux 1 CH-1401 Yverdon-les-Bains Tél. : +41 (0)24 557 63 30 Fax : +41 (0)24 557 64 04 www.heig-vd.ch École d’Ingénieur·e·s et d’Architectes de Fribourg Bd de Pérolles 80 - CP 32 CH-1705 Fribourg Tél. : +41 (0)26 429 66 11 Fax : +41 (0)26 429 66 00 www.eif.ch laquelle se trouve une autre boîte remplie de zéolite, un silicate naturel. Le jour, la zéolite du capteur solaire génère de la vapeur d’eau. Celle-ci est transformée en eau par un condenseur. La nuit, « attirée » par la zéolite, cette eau remonte dans le capteur et génère alors suffisamment de froid pour créer de la glace dans l’évaporateur du réfrigérateur. » Entre le capteur solaire et le réfrigérateur se situe une vanne autonome qui réagit à la vapeur. Au final, plus l’ensoleillement est élevé le jour, plus le stock de glace grandit la nuit. Le cycle fonctionne en circuit fermé et le stock de glace permet de préserver dans le réfrigérateur une température de 3 à 8 degrés, ce pendant trois jours, même sans soleil. Disponible en deux versions, 70 ou 200 litres, ce réfrigérateur solaire a été conçu pour un usage humanitaire, ou collectif. Il y a moins d’un an, bardé de prix au Salon des inventions de Genève, le réfrigérateur yverdonnois attendait encore de sortir de l’ombre. Depuis, l’entreprise française SOLAREF a racheté le concept et va l’industrialiser. Les réfrigérateurs seront produits en pièces détachées, et assemblés sur le lieu d’utilisation. Et le premier atelier à s’y essayer n’est autre que le Centre écologique Albert Schweitzer, à Ouagadougou ! La boucle est bouclée. Impressum Direction du projet Sylvie Villa, responsable du domaine des Sciences de l’ingénieur.e à la HES-SO et directrice du programme Égalité HEIG-VD, Anne de Montmollin, coordinatrice Rédaction Marie-Christine Pasche, Patricia Bernheim, Carole Pellouchoud Photos jph-daulte-photo.com Imprimé Maquette : Sophie Jaton Mise en page : Albena Basset, hepia-GE Site internet Conception initiale : Vincent Greset Mises à jour : Chrystelle Vanni HE-ARC Impression Imprimerie St-Paul, Fribourg Edition Projet ingénieuse.ch, HEIG-VD, Rte de Cheseaux 1, 1400 Yverdon-les-Bains, [email protected] Tirage : 30’000 exemplaires Distribution : Apprenties et étudiantes des écoles professionnelles, des classes gymnasiales et des écoles de culture générale de Suisse romande. Comment passe-t-on de la chimie à l’écologie ? J’ai toujours eu besoin de comprendre le fonctionnement fondamental de toutes choses et c’est d’ailleurs l’origine de ma motivation à choisir cette branche. Après, on peut mettre cette connaissance au service de nombreux domaines, moi ce fut la défense de la planète. Pourquoi ce choix ? Peu avant la fin de ma thèse alors que j’allais donner un coup de main pour soigner des animaux sauvés de l’euthanasie, j’ai fait la rencontre de ma vie, avec une tigresse. Un vrai choc émotionnel qui m’a provoqué un zona. Ce n’était pas pensable de laisser s’éteindre cette espèce sans rien tenter. J’ai alors compris d’un coup que je voulais consacrer ma vie à la défense de la nature. Vous êtes donc devenue « lobbyiste » : en quoi consiste votre travail ? Il s’agit d’informer et de convaincre les milieux politiques, dans les cantons comme au Parlement à Berne, de l’importance d’abandonner l’énergie nucléaire et de se tourner vers les énergies renouvelables. Un milieu où les femmes ne sont pas nombreuses… En effet et je le regrette, je crois beaucoup aux femmes en politique, capables de dépasser les clivages gauchedroite pour défendre une cause comme celle de l’environnement. Parlons maintenant du thème de ce numéro, la gestion des ressources: n’est-ce pas difficile d’inciter les Suisses à économiser l’eau ? Bien sûr car nous n’en manquons pas, et les économies possibles ne changeront en rien la sécheresse dramatique de certains pays, ni le manque d’accès à l’eau potable de millions de personnes. Pourquoi le faire, alors ? Economiser l’eau ici a une incidence sur la consommation d’énergie car il faut de l’électricité pour pomper, traiter et assainir l’eau. Par exemple, 10% de la consommation électrique du canton de Neuchâtel est dévolu au traitement de l’eau. Et pour contribuer à améliorer la gestion de l’eau dans le monde, nous pouvons agir par nos achats : le papier recyclé qui évite la fabrication de pâte à papier gloutonne en eau par exemple. Pour quelles raisons une jeune fille devrait-elle choisir un métier technique ? Ce sont des métiers d’avenir, nous avons besoin de scientifiques pour relever les enjeux écologiques. Je suis persuadée que les filles peuvent y apporter beaucoup, car elles ont un autre regard. Montrer aux hommes que ce n’est pas leur chasse gardée peut être un moteur. Propos recueillis par Marie-Christine Pasche A suivre sur www.ingenieuse.ch