L`alimentation chez l`enfant

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L`alimentation chez l`enfant
L’alimentation chez l'enfant
Avec les conseils d’Audrey Avaux, diététicienne-nutritionniste. Site internet : zelius
Après vous avoir présenté les principales notions d’équilibre alimentaire, ce second dossier est consacré exclusivement à l’alimentation
de vos enfants. Voilà un sujet qui soulève beaucoup de questions, et même des inquiétudes, surtout si c’est votre premier enfant…
Car, l’alimentation joue un rôle important dès la première année de la vie : elle contribue au développement physiologique de l’enfant
mais aussi à son développement psychologique et émotionnel.
Les besoins d’un enfant varient en fonction de son âge, mais aussi de sa vitesse de croissance, de son activité physique, des habitudes
alimentaires de la famille, il est donc impossible de conseiller des valeurs-repères précises en termes d’apports en énergie, en telle ou
telle vitamine. Deux enfants du même âge peuvent avoir une taille et un poids très différents. Les conseils alimentaires sont à adapter
à chaque enfant.
Informations pour vous rassurer…
Votre bébé a entre 0 et 3 ans
Votre bébé a des troubles digestifs : Nausées, vomissements,
constipation… Pour vous rassurer, des informations vous
présentent les origines possibles et les mesures à prendre.
Mon bébé présente non pas des régurgitations, mais de
véritables vomissements. Que faire ?
Même si ces manifestations semblent alarmantes, elles peuvent
d’une manière générale être facilement résolues. Elles peuvent
être la conséquence d’un apport alimentaire trop volumineux,
d’une mauvaise reconstitution du lait de substitution (trop de
mesurettes, ce qui entraîne un lait trop concentré), d’un repas
pris trop vite (ex. : si les tétines sont trop percées), d’une
introduction trop précoce de certains aliments. Grâce à une
enquête alimentaire, votre pédiatre ou votre diététicien(ne)
identifiera le problème et vous aidera à le résoudre en
rétablissant une alimentation correcte. Plus rarement, les
vomissements peuvent être dus à un problème de reflux au
niveau de l’estomac, ou encore être la manifestation d’une
infection. Votre pédiatre vous renseignera et vous aidera à
soigner l’infection le cas échéant. En cas de reflux, les principes
à adopter sont le fractionnement des repas et l’épaississement
de la texture de ceux-ci.
Il semble constipé. Est-ce dangereux si cela se prolonge ?
Banale chez le nourrisson et l’enfant, la constipation n’est pas
pour autant à négliger car il est important d’obtenir chaque jour
une évacuation suffisante du colon. La cause de la constipation
est soit un trouble physiologique, mais c’est rare.
Généralement, la cause est alimentaire.
Le nourrisson est allaité, la mère peut ne pas avoir assez de
lait. Le nourrisson boit un lait de substitution, avec ou sans
farine, la cause peut provenir d’un excès de mesurettes utilisées
lors de la reconstitution du lait, ou d’un excès de farine dans le
lait. Le nourrisson a une alimentation déjà diversifiée, la
constipation peut être la manifestation d’une insuffisance
d’apports en légumes et en fruits.
Votre pédiatre vous orientera vers des solutions spécifiques qui
pourront être : augmentation de l’apport en eau, augmentation
de la consommation de fruits et légumes, reconstitution des
biberons avec de l’eau d’Hépar…).
Mon enfant a des diarrhées ; j’ai l’impression qu’il se vide !
Une diarrhée aiguë est assez spectaculaire car se manifestant
par une modification brutale du nombre et de l’aspect des selles
: passage à des selles de couleur verte, de 5 à 20 fois par jour.
L’association de la diarrhée à des vomissements traduit
généralement la présence d’une gastro-entérite aiguë.
Quelle que soit l’origine de la diarrhée (virale ou microbienne),
la complication majeure est le risque de déshydratation. Il est
donc primordial dans ce type de situation de peser
régulièrement votre enfant pour évaluer ses éventuelles
modifications de poids. Il ne faut pas attendre que votre enfant
ait perdu du poids pour lui donner à boire (de petites quantités,
très régulièrement). Votre médecin vous donnera un traitement
adapté pour résoudre l’origine de la diarrhée ainsi que des
boissons riches en minéraux… permettant de compenser les
substances nutritionnelles perdues dans les selles. Des
ralentisseurs de transit (carottes et dérivés, riz, banane, pomme
crue râpée, coing, tapioca, myrtille…) et/ou des substituts du
lait peuvent être conseillés.
Il refuse de manger : court-il des risques de croissance ?
Généralement, un refus de manger est l’expression d’autres «
tracasseries » de l’enfant. L’alimentation est pour lui un moyen
de communication, d’expression. Il ne faut pas s’inquiéter car
son organisme finit toujours par lui manifester la sensation de
faim ; il ne peut rester très longtemps sans ressentir le besoin
de consommer de l’énergie. Si ce refus de manger devient
vraiment insistant et préoccupant, parlez-en à votre pédiatre,
en ayant pris soin au préalable de noter exactement ce qui a
été consommé et ce qui a été refusé par l’enfant pendant
quelques jours. De même, le fait qu’un bébé ne mange que de
petites quantités n’est pas forcément inquiétant. Il faut bien se
dire que nous avons une vision faussée des quantités
nécessaires et que l’important est qu’un enfant mange, même si
ce sont de petites quantités. Il ne faut pas forcer un enfant car
son organisme sait le guider vers les quantités dont il a besoin.
Votre enfant a plus de 3 ans
Un manque de calcium entraîne-t-il une fragilité des os ?
Oui. Le calcium joue un rôle essentiel pour la formation et le
développement des os. Il leur donne solidité et rigidité (99% du
calcium du corps est concentré dans le squelette). Jusqu’à la fin
de l’adolescence, la masse osseuse se construit et dépend du
capital calcique constitué. Il est primordial pour votre enfant
d’avoir des apports suffisants en calcium pour que son capital
calcique, garant de la solidité des os, soit optimal pour le reste
de sa vie.
Le calcium des produits laitiers est-il le mieux assimilé ?
Oui. Le calcium des produits laitiers est considéré comme le
calcium « de référence ». Dans les produits laitiers, l’absorption
du calcium est favorisée par la présence de phosphore, de
lactose, de protéines et de vitamine D. Ces facteurs favorisant
la disponibilité ne se retrouvent pas dans les autres aliments
apportant du calcium.
Que faire si mon enfant n’a pas faim le matin ?
Tout d’abord, vérifiez que le repas du soir ne soit pas trop
copieux (surtout s’il est pris tard) ; revoyez éventuellement sa
composition en diminuant les quantités. Si votre enfant ne
prend pas de goûter dans l’après-midi, incitez-le à en prendre
un ; son dîner sera alors plus léger.
Au lever, pour que l’appétit vienne, donnez-lui une boisson
(cela peut être un verre d’eau) et faites sa toilette avant de le
mettre à table. S’il a du mal à manger le matin, ne lui présentez
pas tout de suite un petit déjeuner complet. Introduisez
progressivement les différents aliments en commençant par la
boisson, puis l’aliment céréalier, le produit laitier et le fruit.
Pour ouvrir l’appétit de vos enfants, pensez à leur présenter
une table de petit déjeuner conviviale en utilisant de la vaisselle
et une nappe ludiques, de couleurs gaies.
Faut-il forcer mon enfant à prendre un petit déjeuner ?
Non. Même si le petit déjeuner est un repas primordial pour
l’équilibre alimentaire, il ne faut pas forcer votre enfant si son
organisme ne supporte pas de manger quelque chose le matin.
Par contre, il est important dans ce cas de décaler un peu dans
le temps la prise du petit déjeuner ou de prendre une collation
dans la matinée.
Peut-il prendre un petit déjeuner salé s’il le souhaite ?
Il est possible de consommer des aliments salés au petit
déjeuner, comme la charcuterie, le fromage ou les œufs. Dans
ce cas, adaptez la composition des autres repas en fonction de
ce qu’il a pris au petit déjeuner, en fonction des conseils
suivants : il est recommandé de consommer chaque jour trois
produits laitiers (le fromage en fait partie) et au maximum deux
aliments de la famille viande-poisson-œufs-charcuterie ; un
aliment céréalier doit être présent à chaque repas et la
consommation quotidienne de 2 à 3 fruits (ou équivalents) est
conseillée.
Mon enfant ne mange que des frites ou des pâtes. Dois-je le
forcer à manger des légumes verts ?
Le terme « forcer » est à proscrire ! Les enfants ont une
préférence marquée pour les féculents ; il ne s'agit pas de
céder à toutes leurs exigences, mais il n'y a pas non plus de
raison pour leur imposer quotidiennement une plâtrée de
légumes. De plus, s’ils consomment au moins 2 fruits par jour,
cela « compense » assez bien. En pratique, vous pouvez
accommoder les légumes de différentes manières : cuits en
gratin, en soupe, en purée, en lasagnes ; crus râpés, sous
forme de bâtonnets à « tremper » dans des sauces (au yaourt
ou au fromage blanc additionné de fines herbes… ou de
ketchup !), ou encore proposer des préparations chaudes ou
froides de pâtes avec des légumes.
Il refuse de manger de la viande. Par quoi la remplacer ?
Il arrive que les enfants éprouvent, pendant une période, un
rejet pour certains types d'aliments. Si cela concerne la viande,
remplacez-la par du poisson ou des œufs ou du jambon et
pourquoi pas, de temps en temps, par du fromage. Ayez
recours à des recettes dans lesquelles la viande est cachée,
hachée ou en petits morceaux (hachis Parmentier, légumes
farcis, sauce bolognaise…).
Mon enfant ne boit plus de lait. Que faire ?
Si votre enfant n'aime plus le lait, même aromatisé, il peut
consommer des yaourts, des fromages blancs ou des fromages.
Pour être sûr qu'il consomme suffisamment de produits laitiers et donc de calcium - il existe un repère simple : un produit
laitier à chaque repas, soit trois à quatre portions par jour.
Comment savoir si mon enfant mange assez à la cantine ?
L'équilibre alimentaire ne se joue pas sur un repas mais sur
toute une journée, voire sur la semaine. Si votre enfant a peu
mangé le midi, spontanément, il se rattrapera aux repas
suivants. Pensez à jeter un œil aux menus affichés à l'école
pour varier les plats à la maison. Le soir, il n'est pas
indispensable de lui proposer de la viande : misez plutôt sur les
produits laitiers, les fruits et les légumes, le tout associé à des
féculents ou du pain.
Y a-t-il de mauvaises habitudes à ne pas laisser prendre ?
Boire des boissons sucrées (qui doivent rester des boissons de
fête) et manger n'importe quand, n'importe comment, debout
ou couché devant la télé…
Dois-je interdire les bonbons et sucreries ?
Non, cela serait trop triste ! Bonbons, sucettes, chocolat…
constituent une facette du monde magique de l'enfance, ont
leurs propres talents nutritionnels (apport d’énergie disponible
rapidement pour les sucreries, apport de magnésium, de fer et
d’antioxydants pour le chocolat…) et participent au plaisir,
indispensable à l’obtention d’un bon équilibre alimentaire. Pas
question de les supprimer ; il s'agit de les distribuer
harmonieusement, en évitant leur consommation en dehors des
repas (pour les caries). Quant aux bonbons « sans sucre », s'ils
évitent les caries, ils sont malgré tout destinés aux adultes (leur
surconsommation peut provoquer des douleurs abdominales
chez les enfants). Méfiance également vis-à-vis des sodas : une
canette de 33cl de boisson au cola apporte l'équivalent de 7
morceaux de sucre.
Des allergies, des intolérances.
La différence entre intolérance et allergie
Une allergie alimentaire est le signe que le corps se défend
contre une protéine contenue dans un aliment, car il n'est pas
capable d'assimiler cette protéine; elle apparaît souvent dès
l’enfance, et se déclare parfois à l’âge adulte. Une fois déclarée,
l’allergie est définitive. L’aliment concerné ne doit plus être
consommé, même en petite quantité, sinon il provoque des
plaques et/ou des boutons sur la peau, des troubles du
comportement, des troubles nerveux, une paralysie, un choc
respiratoire, voir un « choc anaphylactique » qui s’il n’est pas
pris en charge rapidement, peut entraîner la mort. Un même
individu peut souffrir de plusieurs allergies alimentaires à la
fois.
Une intolérance ne concerne pas un aliment précis mais une
substance nutritionnelle, comme le lactose (le sucre du lait), le
gluten (une protéine). L’intolérance se manifeste rarement par
des problèmes de santé graves mais par des troubles digestifs.
Parfois, il faut supprimer complètement les aliments contenant
cette substance nutritionnelle pendant une courte période. Mais
si par la suite, il arrive qu’une petite quantité de la substance
concernée soit consommée, la vie de la personne n’est pas en
danger.
Différents types d’intolérances peuvent se manifester lors de la
première année de la vie de l’enfant. Certaines sont rares mais
sachez tout de même qu’elles existent : intolérance au lactose,
intolérance au gluten (maladie cœliaque), intolérance aux
protéines de lait, phénylcétonurie (intolérance à la
phénylalanine, un acide aminé)… Les manifestations de ces
intolérances sont généralement évidentes.
Les allergies alimentaires touchent environ 5% de la population
pédiatrique.
Une allergie à un aliment se manifeste dès la consommation
d’une petite quantité de cet aliment, qu’il soit cru ou cuit,
conservé au froid ou au chaud.
Fruits exotiques, nouvelles céréales, une alimentation de plus
en plus « métissée »… explique en partie l’apparition de
nouveaux allergènes alimentaires.
Diversifier trop tôt l'alimentation de l'enfant (avant 4 mois
révolus) augmente le risque de déclenchement d'une allergie
car les défenses de sa flore intestinale ne sont pas arrivées à
maturité.
Les
industriels
agroalimentaires
indiquent
généralement la liste complète des ingrédients sur les
étiquetages de leurs produits. Si votre enfant est allergique,
pensez à bien lire les étiquetages.
Aliments les plus impliqués dans les allergies.
S’il y a des antécédents familiaux d’allergies, mieux vaut
retarder l’introduction de ces aliments jusqu’à 9 mois, voire
jusqu’à 12 mois si possible.
Groupe 1 (part dans les allergies : 70%) : Œuf, Arachide, Lait,
Poisson (surtout morue).
Groupe 2 (part dans les allergies : 20%) : Soja, Kiwi (peut se
manifester après l’âge de 1 an), Noisette, Amande, Crevette
(peut se manifester après l’âge de 1 an), Moutarde (peut se
manifester après l’âge de 1 an).
Groupe 3 (part dans les allergies : moins de 10%) : Porc, Blé,
Cerise, Petits pois, Sésame, Lentilles (peut se manifester après
l’âge de 1 an).
Groupe 4 (part dans les allergies : moins de 5%) : Noix de
coco, Pêche, Poulet, Lapin, Ail, Tournesol, Levure de boulanger,
Chocolat, Orange.
Bébé s’alimente : une 1ère année riche en émotions ! De
l’alimentation lactée à l’alimentation diversifiée, des
étapes à savourer et à réaliser en douceur…
Points-clés alimentaires de cette période.
Beaucoup d’« événements alimentaires » au cours de cette
première année ! D’une alimentation exclusivement lactée et
liquide, bébé découvre progressivement les autres aliments et
la notion de repas.
L’introduction d’un nouvel aliment est pour lui une véritable
révolution physique et émotionnelle ; son corps apprend à
digérer et à utiliser de nouveaux aliments, bébé élargit sa
palette de connaissances gustatives…
L’alimentation occupe une place prépondérante car, au-delà du
simple « remplissage », elle apporte à bébé ses premiers
instants privilégiés avec sa mère, peuplés de douceur et
d’amour. La relation socio-affective qui s’installe est la base du
comportement alimentaire futur.
Les spécificités nutritionnelles de cette période.
L’apport d’eau est vital pour l’enfant : l’eau représente 75 % du
poids du corps pendant les premières semaines de la vie. Pour
éviter tout risque de déshydratation, l’alimentation de bébé est
initialement exclusivement liquide. Il est primordial de donner
de l’eau à boire à bébé régulièrement au cours de la journée,
en dehors des biberons : des eaux minérales faiblement
minéralisées (du type Volvic, Evian ou Valvert).
Les protéines et les acides aminées : les 9 acides aminés, les
constituants des protéines sont indispensables chez le bébé car
son corps ne sait pas les synthétiser. Une alimentation
équilibrée couvre les besoins de bébé.
Contrairement à l’adulte, chez lequel il est nécessaire de réduire
les apports en graisses car la consommation actuelle est
excessive, les graisses doivent représenter la source essentielle
d’énergie chez l’enfant lors de la première année. Ces graisses
apportent non seulement l’énergie nécessaire à la croissance,
mais également les acides gras essentiels nécessaires au
développement cérébral et à la maturation du système nerveux.
Les acides gras essentiels sont des acides gras polyinsaturés.
Le sel. Les aliments infantiles sont peu salés : ils ne
correspondent pas à votre goût mais c’est volontaire car le rein
de bébé ne sait pas éliminer l’excès de sel. Pour le reste, de
nombreux aliments contiennent des quantités suffisantes de
sel. Prenez tout de suite la bonne habitude de ne pas le faire
manger trop salé.
Le calcium : Elément minéral essentiel pour le développement
optimal du squelette, et ce jusqu’à la fin de la croissance (vers
20 ans).
La vitamine A : Indispensable, elle intervient notamment dans
le mécanisme de la vision. Le lait maternel en apporte et les
laits de substitution en sont enrichis.
La vitamine D : Indispensable, notamment pour permettre une
bonne fixation du calcium pendant les deux premières années
de la vie : les laits pour nourrissons en sont enrichis, et une
supplémentation médicale en vitamine D est conseillée, jusqu’à
18 mois.
La vitamine K : Elle est la vitamine « anti-hémorragique »; elle
permet au sang d'épaissir quand cela est nécessaire et de
limiter ainsi le risque de saignements. La teneur en vitamine K
du lait de femme est faible. Les préparations lactées diététiques
pour enfants en sont enrichies. Après 1 an, les besoins sont
couverts chez l'enfant grâce à une alimentation équilibrée, riche
en légumes verts. Chez l’enfant nourri au sein uniquement, il
est recommandé d’apporter de la vitamine K dès la naissance et
jusqu’à l’établissement d’une alimentation variée.
Les vitamines du groupe B et la vitamine C : A priori, il n’y a
pas de risques de carences si l’enfant né à terme, nourri au sein
par une mère dont l’alimentation est normale et équilibrée ou
par des préparations pour nourrissons.
Le fer : Utilisez des laits enrichis en fer de 5 mois jusqu’à 3 ans.
Les besoins en fer de bébé sont alors couverts si ces laits
s’intègrent dans une alimentation diversifiée.
Le fluor : La nécessité d’une supplémentation en fluor dépend
du degré de fluoration de l’eau consommée (qu’elle soit
minérale ou de distribution, car la teneur de cette dernière
dépend de la région) et du reste de l’alimentation. Votre
pédiatre vous renseignera (ainsi que la mairie pour la teneur en
fluor du réseau de distribution).
Repères sur l’évolution du poids et de la taille de bébé
tout au long de la 1ère année.
De la naissance à l’âge de 1 an, la croissance de bébé est très
rapide. Le poids moyen à la naissance est de 3,2 kg.
Bébé prend ensuite de 25 à 30g par jour pendant les 2
premiers mois, puis environ 20g par jour de 2 à 6 mois, puis
environ 12g par jour de 6 à 12 mois.
Globalement, son poids double entre 0 et 4 mois et il triple
entre 0 et 1 an ; il est multiplié par 5 à 4 ans, par 10 à 11 ans
et par 20 à 16 ans.
La taille moyenne à la naissance est comprise entre 45 et
50cm. Bébé prend 5 à 6cm pendant les 2 premiers mois. Il
grandit de 25cm en 1 an.
De 1 à 3 ans : au fil des galipettes alimentaires de sa
majesté… Bébé grandit, se forge un caractère ; tout en
découvrant des aliments, il s’initie à la malice !
Points-clés alimentaires de cette période.
Après 1 an, l’enfant vit une période d’évolution alimentaire :
son alimentation est encore lactée mais désormais presque
totalement diversifiée. Il peut presque consommer les mêmes
aliments que vous, seul impératif : des aliments faciles à
mastiquer.
La diversification alimentaire se poursuit naturellement avec
l’initiation à de nouvelles saveurs et elle permet à l’enfant de
participer, petit à petit, à part entière au repas familial.
L’autonomie de bébé en matière de prise alimentaire s’affirme ;
certains soucis s’éliminent, d’autres apparaissent.
Ainsi, le développement de l’intelligence va de pair avec celui
des sensations gustatives et tactiles et le désir d’affirmation de
soi. Peuvent alors se manifester des crachats, des caprices, des
refus alimentaires…
L’alimentation doit alors toujours se faire sans « brusquerie ».
Les spécificités nutritionnelles de cette période.
Puisque bébé grandit et va encore grandir, ses besoins en
énergie, vitamines, minéraux, augmentent progressivement. La
diversification permet d’assurer cette augmentation progressive
des besoins nutritionnels. Son organisme le guide naturellement
vers les aliments qui contiennent les éléments nutritionnels
dont il a besoin. Il est important que des apports suffisants en
lait et produits laitiers soient maintenus car ils apportent le
calcium, indispensable pour la croissance osseuse. Les
supplémentations médicales conseillées lors de la première
année de la vie le restent jusqu’à l’âge de 3 ans. Une précision :
Même si les graisses (lipides) doivent apporter l’essentiel de
l’énergie durant la première année, l’alimentation de bébé
devient ensuite équilibrée en nutriments (voir dossier sur
l’équilibre alimentaire) : les sucres (glucides) incarnent
désormais la principale source d’énergie.
Zoom sur… le « forcing » alimentaire : Bien nourrir ne signifie
pas « distribuer à tout prix » des aliments mais plutôt offrir une
alimentation harmonieuse, variée et équilibrée pour une bonne
croissance, une bonne santé et une joie de vivre. « Gaver » un
enfant dans les pleurs et les cris est une maladresse. Mieux
vaut lui laisser la possibilité de s’épanouir à travers ses goûts en
veillant, bien entendu, à l’équilibre des apports.
Un refus d’un aliment est bien souvent le reflet d’une volonté
de « prise de pouvoir ». Le caprice fait souvent flancher la
maman ; préférant que l’enfant mange, affolée à l’idée d’un
ventre vide ou renvoyée vers une image de mauvaise mère, elle
remplace l’aliment. Conclusion : l’enfant refusera par la suite
toujours cet aliment, il ne lui sera donc plus proposé. Et c’est
une source de non-équilibre et de diminution du champ des
goûts et saveurs. L’éducation alimentaire est faussée. Le «
forcing » risque d’exposer l’enfant à des troubles du
comportement alimentaire.
Un enfant en bonne santé mange à sa faim. Le seul critère qui
doit guider la quantité d’aliment à consommer est son appétit.
Celui-ci est variable et souvent moindre lors de la 2ème année
de la vie. Une courbe de croissance régulière est un bon témoin
d’une adéquation correcte entre les apports alimentaires et les
besoins nutritionnels.
L’enfant peut affirmer des goûts très précis, mais n’oubliez pas
que ses goûts sont variables et évoluent dans le temps. Il faut
savoir proposer à nouveau 1 à 2 semaines plus tard un aliment
refusé, éventuellement sous une autre forme. Patience et
compréhension sont nécessaires durant cette période
d’acquisition alimentaire. C’est la complémentarité et l’éveil
sensoriel qui permet l’équilibre alimentaire.
L’évolution du goût de bébé.
Le goût d’un enfant se dessine très tôt (dès sa vie intrautérine), et il traverse différentes étapes plus ou moins
irréversibles. Étapes qu’il convient de ne pas brusquer : son
goût doit lui appartenir, le plus possible...
Avant 6 mois, le nourrisson a déjà une appétence pour la
saveur sucrée, il réagit à l’acidité en plissant le nez, pinçant ses
lèvres, clignant des yeux, il commence à discriminer ce qui est
agréable ou non pour lui.
À partir de 6-7 mois, le bébé commence à exprimer des
préférences. Vers 16 mois, l’enfant devient malin et son objectif
est de se faire comprendre.
Avant 2 ans, les aliments sont surtout choisis par les parents. À
partir d’environ 2 ans, l’enfant peut commencer à exprimer des
dégoûts et ressent la nouveauté comme un danger. Les rejets
peuvent durer jusqu’à 7 ans. En général, le rétrécissement du
champ des aliments accepté est maximal vers 4 ou 5 ans, et
vers l’âge de 6 ans, l’enfant est à nouveau prêt à goûter des
aliments qu’il ne connaît pas.
L’alimentation de 3 à 6 ans : apprendre le plaisir de
manger équilibré.
Les rejets alimentaires
Très vite, l’enfant exprime des dégoûts face à certains aliments,
comme les épinards ou le fromage.
Pourquoi ? L’enfant en grandissant explore le monde et la
nouveauté est souvent ressentie par lui comme un danger ! Ce
rétrécissement du nombre des aliments acceptés atteint son
maximum vers l’âge de 4-5 ans. Rien de grave là-dedans. Le
jeune goûteur a ses raisons et son rythme personnels qu’il faut
respecter. Il devient un être autonome, à qui il faut laisser du
temps… Un peu plus tard, ses rejets sont aussi un moyen de
s’affirmer. La période des rejets, période dite de « néophobie »
alimentaire, peut durer jusqu’à 5, 6, 7 ans. Parfois même
davantage, jusqu’à 8 ou 9 ans. Continuez, de votre côté à lui
proposer des légumes variés, sans le forcer. Ce n'est qu'une
mauvaise période ! Essayez de « masquer » les légumes :
tartes salées, gratins, légumes farcis, papillotes, légumes
découpés en julienne, soufflés, association avec des féculents,
purées, salades de crudités… Même si l'enfant ne mange
finalement qu'une petite portion de légumes, c'est déjà positif !
Les fruits sont souvent mieux acceptés, et comme ils sont
d'excellentes sources de vitamines, minéraux et fibres, ils
peuvent remplacer les légumes temporairement.
Légumes secs : A éviter avant 3 ans, il est désormais possible
de les introduire dans l’alimentation.
Les spécificités nutritionnelles de cette période
Après avoir découvert progressivement les différents aliments,
et augmenté les quantités, votre enfant peut désormais manger
comme les grands !
Tous les jours, il faut à votre enfant :
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Des céréales, des féculents, du pain pour l’énergie.
Des fruits et des légumes crus et cuits qui apportent les
vitamines, les minéraux et les fibres, essentiels pour que
tout fonctionne correctement dans son corps.
Des produits laitiers pour le calcium et les protéines.
De la viande, des œufs ou du poisson pour construire son
corps.
Un peu de matières grasses pour les vitamines et les acides
gras essentiels qu’elles véhiculent.
Des produits sucrés, pour l’énergie et le plaisir.
Et beaucoup d’eau, qui est la seule boisson indispensable,
pour que son corps soit bien hydraté.
Consommation des groupes alimentaires sur un jour
Un plat de féculents au déjeuner ou au dîner, et du pain à
chaque repas. Chaque jour : 3 fruits et au moins une portion de
légumes cuits et une portion de légumes crus.
3 à 4 produits laitiers par jour. Une portion de viande ou l’un de
ses équivalents par jour. Un peu de beurre le matin et d’huile
en assaisonnement aux repas principaux.
En fonction de l’âge, 1 à 2 produits sucrés par jour (ex. : de la
confiture au petit déjeuner, du chocolat au goûter…). 1,5 à 2 l
d’eau par jour.
Chaque jour, ces aliments peuvent être répartis en 3 à 4 repas :
un petit déjeuner, deux repas principaux (déjeuner, dîner), un
goûter. En fonction de l’appétit de l’enfant et de ses horaires de
crèche, école…, il est possible de faire 5 repas par jour : un
petit déjeuner, un goûter dans la matinée, un déjeuner, un
goûter dans l’après-midi, un dîner. Cela ne signifie pas pour
autant que l’enfant mange plus ; la même quantité d’aliments
est simplement répartie différemment sur la journée.
Le calcium
Les apports nutritionnels conseillés en calcium (les quantités de
calcium à apporter chaque jour) sont : pour l’enfant de 1 à 3
ans de 500mg ; pour l’enfant de 4 à 6 ans de 700mg ; pour
l’enfant de 7 à 9 ans de 900mg ; pour l’enfant de 10 à 12 ans
de 1200mg.
Les sources de calcium. Les produits laitiers sont la meilleure
source de calcium. 300mg de calcium sont présents dans :
250ml de lait, ou 2 yaourts nature, ou 300g de fromage blanc,
ou 30g d’emmental. D’autres aliments en apportent en moindre
quantité : les fruits et légumes, certaines eaux minérales. Il
faudrait de très grosses portions de ces aliments pour apporter
autant de calcium que les produits laitiers ! Ainsi, 300mg de
calcium sont également présents dans : 1kg d’oranges, ou 850g
de chou vert, ou 600ml d’Hépar ou de Contrex.
Exemple de programme « calcium ». Pour votre enfant de 5 ans
sur une journée : 250ml de lait (300mg de calcium) + 1 yaourt
nature (150mg de calcium) + 20g d’emmental (200mg de
calcium) + 1 orange de 150g (45mg de calcium), Soit 695mg
de calcium.
Le petit déjeuner, premier plaisir gourmand
Au réveil, le corps n’a pas été nourri depuis le dîner de la veille.
Le petit déjeuner a donc pour but de « rompre le jeûne », il est
un moment important de la journée. Manger calmement autour
d’une table bien garnie permet à la famille entière de se
retrouver dans la bonne humeur et de commencer à échanger
quelques paroles.
L’absence de petit déjeuner entraîne souvent de la fatigue, une
baisse d’attention en fin de matinée ainsi que des grignotages
intempestifs. Même avec un dîner copieux la veille, ceux qui
commencent la journée sans petit déjeuner seront fatigués
avant midi. Attention donc à ne pas perdre cette bonne
habitude ! Dans l’idéal, le petit déjeuner fournit 20 à 25% de
l’apport énergétique total de la journée, tout en participant à la
couverture des besoins journaliers en eau, vitamines, minéraux,
oligo-éléments et fibres.
Le petit déjeuner comporte 4 éléments :
•
Une boisson, pour réhydrater l’organisme. Cela peut être
de l’eau, du café, du thé, du pur jus de fruits (dans ce cas,
la boisson représente le fruit), du lait (dans ce cas, la
boisson représente le produit laitier)...
•
Un aliment céréalier, pour l’apport de glucides complexes,
de vitamines du groupe B et de fibres. Les aliments
concernés sont les pains, les biscottes et autres produits de
panification sèche, les céréales pour petit déjeuner, les
viennoiseries, les biscuits...
•
Un produit laitier, pour l’apport de protéines d’origine
animale et de calcium. La famille des produits laitiers
regroupe les fromages et les laitages (lait, yaourt, fromage
blanc, petits suisses).
•
Un fruit, principalement pour l’apport d’eau et de vitamine
C. Le fruit peut être consommé entier, pressé (sinon choisir
un pur jus de fruits) ou encore sous forme de salade de
fruits frais.
À ces 4 éléments s’ajoutent du beurre pour l’apport de vitamine
A et un produit sucré, pour la convivialité indispensable à
l’obtention d’un bon équilibre alimentaire.
Le goûter pour recharger les batteries
Il permet de tenir bon jusqu'au dîner sans fatigue, d’anticiper
les petits creux de fin de journée et donc d’éviter les
grignotages et un dîner trop copieux. Le goûter, c’est aussi une
pause-détente, pour les plus grands, avant d'attaquer les
devoirs.
Au même titre que les autres repas, l’intérêt est de varier le
goûter en choisissant des aliments différents au fil des jours.
C'est le moment de proposer du pain soit avec du fromage, soit
avec du chocolat. Des biscuits peuvent alterner avec des fruits
(frais, secs, compote), des gâteaux maison (le mercredi, par
exemple) et avec des laitages (fromages, yaourts, laits
aromatisés, milk-shakes…).
Exemples : De l’eau, du pain et du chocolat ; Un bol de lait et des
céréales ; Un verre de lait au cacao, des fraises et du pain aux
céréales ; Un verre d’eau, une barre de céréales et une banane ; Du jus
de fruit, un yaourt nature et une barre chocolatée ; Un lait aromatisé et
des biscuits type petit beurre ; Une barre de céréales et du pur jus
d’orange ; De l’eau aromatisée, un pain au lait et du fromage blanc ;
Une barre de céréales et un berlingot de lait concentré ou un yaourt à
boire ; Une barre de céréales et une compote à boire.
Exemple de répartition chez un garçon de 5 ans pesant 19kg
Petit déjeuner : 250ml de lait entier + 50g de pain + 10g de
beurre + 15g de confiture
Déjeuner : 100g de légumes crus + 5g d’huile d’olive (1
cuillerée à café) + 50g de viande ou équivalent (poids cru) +
200g de légumes cuits + 5g d’huile de soja (ou tournesol) (1c.
à café) + 20g de fromage à 45% de Mat. Gr. + 100g de fruit +
40g de pain + Eau
Goûter : 30g de pain blanc + 15g de chocolat au lait + 1 yaourt
nature au lait entier + 5g de sucre (1c. à café) + Eau
Dîner : 100g de légumes crus + 5g d’huile d’olive (1c. à café) +
150g de pâtes ou riz, blé cuits + 5g de margarine au tournesol
+ 100g de fruit + 30g de pain + Eau
Apport énergétique de cette répartition : 1450kcal. Les
protéines apportent 14,2% de l’apport énergétique total, les
glucides (sucres) 55,5%, les lipides (graisses) 30,3%.
Évaluation de la corpulence chez l’enfant
En France, la fréquence de l’obésité chez les enfants âgés de 5
à 10 ans est passée de 3% dans les années 60 à 10-12% dans
les années 90.
Pour vérifier l’évolution du poids, les médecins utilisent la
courbe de corpulence : celle-ci croît jusqu’à l’âge de 12 mois
(bébé grossit plus qu’il grandit) puis redescend jusqu’à la
sixième année (l’enfant s’allonge plus qu’il ne prend du poids)
pour remonter ensuite et se stabiliser à la fin de l’adolescence.
Si la courbe remonte trop tôt (avant 6 ans), l’enfant risque de
connaître des problèmes de surpoids.
De nombreux facteurs entrent en jeu. D’abord l’hérédité : le
risque de surcharge pondérale atteint 40% chez l’enfant dont
l’un des parents est gros, 80% si les deux parents sont obèses.
Une alimentation déséquilibrée, un mal-être les poussant à
compenser en se ruant sur la nourriture ou une faible activité
physique peuvent aussi être à l’origine des kilos superflus.
Dans tous les cas, il ne faut pas hésiter à lui en parler mais
sans l’accabler de reproches, et veiller à ce que son
alimentation réponde aux besoins de son corps en pleine
croissance : quatre repas par jour et des menus variés car il ne
s’agit pas de le mettre au « régime » alors qu’il grandit !
Faites participer votre enfant aux courses, à la préparation des
repas… cela aide à faire goûter au plaisir de bien manger.