Des Principes et Paramètres au Programme Minimaliste

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Des Principes et Paramètres au Programme Minimaliste
Equipe de Recherche Théories & Modèles linguistiques/ Séminaire sur la Grammaire Générative./août 2007/
Dr Bogny Yapo J. / ILA/Dépt. Des Sciences du Langage [email protected]/ [email protected]
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Le modèle chomskyen de la description linguistique :
Des Principes et Paramètres au Programme Minimaliste
1. Fondements théoriques
C’est en réaction contre le caractère taxinomique des études linguistiques, dans le
structuralisme en général et dans le distributionnalisme en particulier, que l’américain Noam
Chomsky 1 met au point la Grammaire générative, théorie linguistique constamment en
évolution, dont le postulat de départ est que le langage est inné et appartient au patrimoine
génétique de l’espèce humaine. Tout comme l’ADN est construit à partir de quatre éléments
qui se combinent, permutent pour « donner des informations différentes », source de
caractères différents, le langage est aussi fait d’un petit nombre d’unités qui s’associent,
permutent pour engendrer des structures acceptables. Les éléments ne se combinent pas
n’importe comment ; il existe des contraintes qui les sous-tendent. Ces contraintes sont
universelles et en nombre fini ; ce sont elles qui forment la Grammaire Universelle, partie
intégrante du bagage biologique de l’homme. L’application de ces contraintes est
paramétrique c’est-à-dire qu’elle varie d’une langue à l’autre. Construire la Grammaire d’une
langue revient à décrire comment sont appliquées les Contraintes. Cette appréciation
particulière des faits du langage est donc biologique. Cette approche du langage offre des
critères permettant d’évaluer les hypothèses. Cette situation crée des conditions propices à
l’évolution constante de la théorie. C’est pourquoi, les recherches en Générative sont axées
sur l’acquisition du langage, sur la typologie des langues (la variation d’une langue ou d’un
groupe de langues à l’autre) et sur l’intelligence artificielle (i.e. la possibilité de représenter en
langage machine la capacité linguistique des humains).
Le but de la Générative est de rendre compte de la Créativité du langage qui permet au sujetparlant de comprendre et de produire des phrases qu’il n’a jamais entendues. Chomsky
distingue alors la performance, ou activité linguistique réelle du sujet-parlant (équivalant à la
parole saussurienne) de la compétence, ou savoir implicite de la langue. Ce que la Grammaire
Générative décrit et explique, c’est la compétence linguistique i.e. cet ensemble fini de règles
qui permet d’engendrer (de dériver) un nombre infini de phrases.
1
Noam Avram Chomsky est disciple des philosophes West Churchman et Nelson Goodman et du linguiste
Zellig Harris.
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Selon la GG, la Grammaire est un ensemble constitué de modules, c’est un système de soussystèmes indépendants mais interagissants. Cette conception est abandonnée dans le dernier
développement de la théorie (Cf. §3).La Grammaire, elle-même selon la conception
chomskyenne est considérée comme un module indépendant à l’intérieur des capacités
cognitives de l’humain. « Le point de vue cognitif voit dans le comportement et ses effets
non un objet d’étude mais une source d’information apte à nous renseigner sur les
mécanismes internes de l’esprit et sur la façon dont ces mécanismes sont mis en œuvre dans
l’action et l’interprétation » 2 . Ce qui intéresse la GG, c’est moins l’étude du comportement et
de ses effets que les mécanismes qui sous-tendent la pensée et l’action humaines.
2. Les différents développements de la théorie
La Grammaire fait partie de l’étude générale de la cognition (i.e. la connaissance humaine. Le
langage est donc étudié comme un système cognitif internalisé dans le cerveau de l’homme.
Le but ultime de la GG est d’identifier la nature du système linguistique internalisé (le Ilangage) qui permet au locuteur de comprendre sa langue maternelle. Cette compétence
grammaticale se manifeste non seulement à travers l’intuition que le sujet-parlant possède de
la grammaticalité des structures syntaxiques mais aussi à travers l’intuition qu’il manifeste à
propos de l’interprétation des données. Etant donné que la Grammaire d’une langue est un
modèle de la compétence d’un sujet parlant idéal et que, cette compétence se révèle dans
l’intuition de la grammaticalité et de l’interprétation, la grammaire d’une quelconque langue
naturelle doit pouvoir décrire convenablement (descriptive adequacy) les faits (par exemple,
les propositions ambiguës, les phrases agrammaticales)
Exemple (1) Les étudiants regardaient la scène de la pelouse.
(2) *Nous se lavons ;
Comme corollaire du premier critère (le critère précédent), une telle grammaire doit avoir un
caractère universel, i.e. pouvoir décrire convenablement n’importe quelle langue dans le
monde (des langues indo-européennes autant que des langues niger-congo, pour ne citer que
celles-ci). Une telle grammaire doit pouvoir, en troisième lieu, expliquer convenablement les
faits (explenatory adequacy) i.e. pourquoi les grammaires des langues naturelles ont telles ou
telles propriétés ?
2
Chomsky, in Pollock 1997, P. XIV.
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Exemple : Pourquoi certaines langues sont tête finale et d’autres sont tête initiale ?
(Paramètre des têtes)
En quatrième lieu, une telle grammaire doit être le maximum restrictif possible, i.e. qu’elle ne
doit décrire rien d’autre que les langues naturelles.
La cinquième condition qu’une grammaire doit remplir est de permettre d’apprendre
n’importe quelle langue en un temps record (learnability)
Une telle grammaire doit permettre à un jeune enfant d’apprendre à parler une langue en une
période relativement courte. Une théorie linguistique efficiente est celle qui tend à élaborer un
appareil minimal susceptible de décrire adéquatement le phénomène du langage. C’est la
recherche de cette « minimalité » qui a conduit Chomsky à lancer le Programme Minimaliste
(Minimalist Program ou MP) dès 1993 ! Cette étape est l’aboutissement d’une longue
« errance générative » commencée depuis 1957 par la parution de Syntactic Structures 3 .
La Théorie Standard (1964-1967) ; la Théorie Standard Etendue (1967-1977) ; la Théorie
Standard
Etendue Révisée (1977-1979), le Gouvernement et Liage / les Principes et
Paramètres (1980), le Programme Minimaliste (1993). Dans le MP, les niveaux de
représentations sont réduits au Minimum nécessaire (FP et FL), les Principes & Paramètres
sont éliminés au maximum. Ainsi le système de fusion (Merging System) remplace la DStructure et l’Epel (Spell-out) est proposé en remplacement de la S-Structure. On fusionne
(merge) des items syntaxiques primitifs ou déjà construits de la même manière : c’est une
opération binaire qui associe deux éléments a et b, et en construit un troisième (de même
nature que a ou b… Les traits syntaxiques (ou les matrices de traits syntaxiques doivent être
vérifiés (Checking Theory) en Epel (notamment en FL et FP) sinon l’opération échoue
(Crash)…
Exemple : (3) * Me want to go home.
Dans cette structure, le trait Accusatif de Me ne peut être vérifié parce qu’il ne
peut être interprété. L’opération a échoué et la structure est donc rejetée…
3
Publié par Mouton à La Haye. En fait, la Théorie Standard est “annoncée” par la publication, en 1965, de
Aspects of the Theory of Syntax. Cambridge (Mass.) : MIT Press.
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En phonologie, Chomsky fonde avec Morris Halle, la Phonologie standard étendue en
publiant en 1968, au MIT,
The Sound Pattern of English (SPE). La Phonologie
Autosegmentale, puis maintenant la Théorie de l’Optimalité poursuivent cette initiative.
3. Les Principes et Paramètres
La variabilité des langues a toujours constitué une contradiction à l’unicité du langage et un
défi à une Théorie Générale (du langage), à la Grammaire Universelle. L’étape des Principes
et Paramètres est élaboré pour relever ce défi.
Le point de vue des Principes & Paramètres est que la quasi-totalité des
“connaissances linguistiques” dont l’homme fait montre n’est pas apprise mais fait plutôt
partie intégrante de l’esprit humain. Mais alors, si une quelconque connaissance langagière est
construite dans l’esprit de l’homme, cela doit être valable pour tous les humains et donc
universelle. De ce point de vue, les langues ne sont pas si différentes qu’on le pense et les
différences sont apparentes (ordre des mots dans l’énoncé, différences de mots, de sons, etc.).
Les différences de surface sont ramenées à un paramètre abstrait de variation dans le but de
réduire les diverses options observées dans les grammaires individuelles. On impose des
contraintes sur le système des règles des langues naturelles ! Ces règles sont des principes
universels de grammaire qui autorisent l’existence d’options pour les langues individuelles :
ces options sont des paramètres de variation ! Chaque paramètre apparaît comme un choix
doté de deux valeurs : l’une positive et l’autre négative. Cette connaissance Universelle, la
Grammaire Universelle se constitue de Principes (des lois) qui fondent l’architecture de base
de n’importe quel système linguistique, et de Paramètres qui régissent les variations que
pourrait manifester cette architecture.
3.1 La Théorie X-barre
Ce module de la GG rend compte de l’architecture interne des syntagmes. Selon cette
théorie, tout syntagme est la projection maximale d’une tête. Le syntagme est de la même
catégorie que sa tête : c’est le principe d’endocentricité.
(4) [ L’ [ étudiant] ]
N
NP
Selon cette théorie un constituant ne peut assumer de fonction grammaticale que s’il a atteint
le niveau de projection maximale. Nous désignerons cette projection maximale par XP (x
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étant une variable pouvant prendre la valeur N(om), V(erbe), Adj(ectif), Adv(erbe),
P(réposition) ou P(ostposition), etc.
Soit la variable x, un constituant de niveau zéro ; en lui associant un Complément éventuel, ce
constituant se projette au niveau intermédiaire (ou niveau 1) appelé X’ ou X-barre (c’est
d’ailleurs ce constituant qui a donné son nom à ce module) ; ce constituant de niveau 1
associé à un Spécifieur éventuel atteint le niveau de la projection maximale appelée XP.
Soit le schéma :
XP
Spéc
X’
X
Compl
NP
D
N’
N
PP
P’
Les
étudiants
P
NP
de
Cocody
La notion de Catégories
On distingue deux sortes de constituants : les constituants pleins i.e. qui ont une réalisation
lexicale et les constituants vides (appelés catégories vides ou traces) qui sont dépourvus de
contenu phonique. La présence de catégories vides dans les structures syntaxiques découle du
Principe de Projection Etendu (EPP) et de la position non canonique de certains constituants
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dans des constructions particulières (passives, interrogatives partielles, etc.). Dans toutes ces
structures, la relation entre le constituant déplacé (antéposé) et une catégorie vide est
représenté sous forme de chaîne (tous les éléments de la chaîne porte le même indice).
3.2 La Thêta-Théorie
La Thêta-Théorie explique les relations sémantiques qui s’établissent entre les constituants
arguments et leur tête. La tête assigne un rôle sémantique appelé ɵ-rôle à son ou ses
arguments. Les rôles assignés par une tête font partie des informations données dans le
lexique en rapport avec l’item lexical. Cette théorie repose sur une condition de biunivocité
entre NP et rôles sémantiques, le ɵ-critère qui stipule que Tout NP argument doit porter un et
un seul rôle sémantique et que chaque rôle sémantique doit être assigné à un et un seul NP
argument.
3.3 La Théorie du Cas
Le Cas, c’est la forme que prend un NP en position d’argument pour assumer une fonction.
Cette théorie suppose que les NP ou les constituants fonctionnant comme tels doivent être
marqués de Cas, même quand celui-ci ne se manifeste pas morphologiquement (Cas abstrait).
En français et en anglais, par exemple, le Cas n’est morphologiquement marqué que pour les
pronoms. Toute phrase bien formée obéit à la Condition de bonne formation appelée Filtre de
Cas qui stipule que « Toute phrase qui contient un NP non vide, non pourvu de Cas est mal
formée ». Les têtes lexicales telles que les verbes, les pré- ou postpositions et les têtes
fonctionnelles telles que I [+fini] sont assigneurs de Cas. Ils attribuent leur Cas à un NP qu’ils
gouvernent. En d’autres termes, le Cas est assigné au NP par une tête dans une relation
structurale de gouvernement : I (traits de Temps, Aspects, modes et Accord) assigne le
Nominatif au NP sujet ; le verbe le Cas Accusatif (ou objectif) au complément direct ; la préou postposition, le Cas oblique (Datif ou Génitif) au complément indirect.
Exemple (5) [ Il ] écrit [ un mail ] à [Adou.]
Nominatif
Accusatif
Datif
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3.4 La Théorie du Liage
Ce module régit les relations structurales entre les Anaphores (Réfléchis et Réciproques), les
Pronoms (les Pronominaux) et leurs antécédents dans la phrase. Les Anaphores sont soumises
à une coréférence obligatoire dans un domaine syntaxique défini appelé Catégorie
gouvernante, selon le Principe A du Liage. Selon le Principe B les Pronoms sont libre de toute
coréférence dans leur Catégorie gouvernante. Les Expressions référentielles (constituées de
mots sémantiquement autonomes) sont libres selon le Principe C du Liage.
Exemple (6) * Kofi i le i lave
Le Liage se définit lui-même comme une relation de coindexation entre deux constituants
dont l’un c-commande l’autre :
α c-commande β ssi le premier nœud branchant ϒ dominant
α domine aussi
(directement ou non) β
La Catégorie Gouvernante (CG) d’une Anaphore ou d’un Pronom (inal) x est la plus petite
catégorie syntaxique Y contenant x, son gouverneur et un SUJET. Outre le sujet nominal,
SUJET désigne soit un possessif (dans ce cas, la CG est un NP) ; soit le PRO des propositions
infinitives ou gérondives i.e. à I non-fini (dans ce cas la CG est la proposition infinitive ou
gérondive), soit encore l’Accord (Agreement) des propositions à I [+fini].
3.5 La Théorie des Barrières (ou des Bornes ou des Frontières)
Cette Théorie est aussi appelée théorie de la sous-jacence (subjacency, en anglais).
La Théorie des Barrières régit les conditions de localité limitant la distance entre un
antécédent (constituant déplacé) et une catégorie vide. Selon le principe de sous-jacence qui
est la principale contrainte entre un antécédent et sa ou ses traces la distance entre un
antécédent et sa trace ne peut outrepasser plus de deux bornes. Les bornes sont des
projections maximales (notamment les NP et les CP).
3.6 La Théorie du Contrôle
Ce module rend compte de la distribution et de l’interprétation de PRO, le sujet (sousentendu) des infinitives et des gérondives. Cette théorie détermine l’antécédent potentiel
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appelé contrôleur de l’élément PRO. Cet élément a les traits [+Anaphore, + Pronominal] ; il
est donc à la fois soumis au Principe A et au Principe B du Liage.
Exemples : (7) Akichi a permis à Adoui de PROi venir
(8) Akichi i a promis à Adou de PROi venir
Le contrôle peut être facultatif ou arbitraire (Cf. 9 et 10 ci-dessous).
(9) [ PROi/j ] Parler de Linguistique ennuie Yao i
(10) [ PRO ] Parler de Linguistique est exaltant.
3.7 La Théorie du Gouvernement
La notion de Gouvernement peut être comprise comme la relation qu’entretient une tête avec
son complément.
α gouverne β ssi α m-commande β et qu’aucune barrière n’intervient entre α et β
Il existe deux types de Gouvernement : le gouvernement par une tête (Head Government) où
le gouverneur est une tête et le gouvernement par antécédence (Antecedent Government) où le
gouverneur est un antécédent.
(11) Gouvernement par une tête :
Une tête x gouverne y ssi :
(i)
x Є {A, N, P, V, Agr, T, Asp}
(ii)
x m-commande y
(iii)
aucune barrière n’intervient
(iv)
le Principe de Minimalité Relativisé est respecté.
(12) Gouvernement par antécédence
x gouverne par antécédence y ssi :
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(i)
x et y sont coindicés
(ii)
x c-commande y
(iii)
aucune barrière n’intervient.
(iv)
Le Principe de minimalité Relativisé est respecté.
9
Le Principe de Minimalité relativisé a été élaboré par Rizzi (1990). Il énonce que :
(13) un gouverneur potentiel ne peut être gouverneur effectif s’il existe un autre
gouverneur potentiel ou effectif de même type (tête ou antécédent plus proche du
syntagme gouverné).
Il ne peut donc exister deux gouverneurs pour un gouverné.
Les traces doivent être gouvernées proprement par leur antécédent selon le Principe des
Catégories Vides (ECP).
(14) x gouverne proprement y ssi :
(i)
x thêta-gouverne y ou x gouverne par antécédence y
(ii)
x thêta-gouverne y ssi x gouverne y et thêta-marque y
(iii)
x gouverne par antécédence y ssi x gouverne y et x est coindicé avec y.
4. Le Programme Minimaliste
Le Programme Minimaliste ou MP (Minimalist Program en anglais) élaboré par Chomsky
(1993, 1995 et travaux subséquents) constitue une rupture attendue mais radicale d’avec les
fondements des premiers travaux de la GG. Pour cette théorie, il n’y aurait pas autant de
différences qu’on pourrait le croire entre les langues (ce qui est supposé depuis les Principes
et Paramètres ou P&P) ; il s’agit d’écarts minimes facilement accessibles étant donné que les
enfants réussissent à les intégrer en un temps record. Il existe donc une structure inhérente à la
faculté du langage qui en facilite l’apprentissage. Cette structure est un système paramétrique
qui présente différentes options parmi lesquelles un choix doit être fait. Chez les nouveauxnés, ces paramètres ne sont pas fixés ; c’est pour cette raison qu’un jeune enfant peut
apprendre n’importe quelle langue de la même façon, i.e. avec autant de rapidité et d’aisance.
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En d’autres termes l’homme n’est pas programmé pour parler une langue plutôt qu’une autre !
Le processus de fixation des paramètres se déroule durant toute la phase d’apprentissage
allant de 0 à 6 ans ! Rappelons que dans les P&P, la variation dépendait des valeurs
paramétriques ; mais dans le PM la variation concerne les traits formels des catégories
fonctionnelles. Les Principes doivent donc être assez restreints pour que les premières
expériences linguistiques suffisent à fixer les valeurs paramétriques d’une grammaire. La
théorie est minimale dans la mesure où la variation interlangagière est minimale mais aussi et
surtout parce qu’elle se débarrasse des opérations jugées superflues de la Théorie générative.
Ainsi la S-Structure et la D-Structure ont disparu, la théorie X-barre est remplacée par
l’opération Fusion (quoique l’usage de X-barre soit permis), de même que la théorie du Cas
qui a été remplacé par la théorie de la Vérification des traits attachés aux items lexicaux ; c’est
d’ailleurs cette nécessité (de la vérification) qui exige le déplacement de constituants !
L’idée de base demeure cependant immuable : Pour les Générativistes, les Principes qui
régissent le langage (humain) sont universels et découlent d’une nécessité biologique plutôt
qu’historique. Le langage est une propriété de l’esprit humain, comme l’est par exemple la
capacité à reconnaître les êtres et les objets de notre environnement. Le langage est le miroir
de l’esprit et on peut penser qu’il a les mêmes structures que celles de la pensée. C’est
pourquoi, la théorie générative s’inscrivant dans la perspective des sciences cognitives et des
sciences expérimentales cherche à découvrir les principes abstraits qui gouvernent la structure
du langage et son emploi et à comprendre ainsi les caractéristiques spécifiques de
l’intelligence humaine. La recherche linguistique est toujours écartelée entre un objectif
double : satisfaire l’adéquation descriptive et l’adéquation explicative. La première
adéquation exige d’une théorie qu’elle soit efficiente pour décrire convenablement les
langues, c’est-à-dire rendre compte de tous les faits observables dans toutes les langues
quelles qu’elles soient , les propriétés spécifiques et les propriétés communes des langues du
monde; la seconde exige d’une théorie qu’elle fasse découler les propriétés spécifiques d’une
langue particulière d’un système invariant et universel de contraintes (élaborant ainsi une
théorie de l’acquisition du langage). C’est pour réduire cette tension que Chomsky élabore le
MP. Avec le MP, la GG devient de plus en plus abstraite et s’inscrit résolument dans la
catégorie des Sciences exactes. La théorie se focalise sur la Forme Phonétique ou PF (de
l’anglais Phonetic Form) et la Forme Logique ou LF (de l’anglais Logical Form), les deux
niveaux d’interface entre système interne et systèmes externes. PF est une représentation
abstraite de son et LF est une représentation abstraite de sens.
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4.1 Le modèle MP
Selon ce modèle les trois modules nécessaires de la Grammaire sont le lexique, le son et le
sens. Forme phonétique et forme logique sont l’aboutissement d’une dérivation qui est, en
fait, une mise en forme d’items provenant du lexique. La D-Structure et la S-Structure des
P&P sont éliminées ; seul le niveau des interfaces PF et LF est nécessaire dans l’approche du
MP ! Deux opérations conduisent à cette dérivation : la fusion ou assemblage (merging en
anglais) ; le déplacement (ou délocalisation de constituants (move F) et l’Epel (opération qui
consiste à séparer la composante phonologique de la forme logique).
4. 1. 1 La fusion des éléments
La dérivation d’une phrase commence par la sélection des items nécessaires. Lors de la phase
de sélection tous les éléments nécessaires à la construction de la phrase sont sélectionnés.
L’ensemble des items sélectionnés est appelé numération. Pour la construction des phrases, le
système computationnel dispose de deux opérations majeures : la Fusion (ou Assemblage)
et le Déplacement (ou Délocalisation).
La fusion consiste à combiner deux éléments pour en engendrer un troisième. Ce dernier est
la projection des deux premiers ; la structure ainsi produite. L’hypothèse ici est que tout sujetparlant est doté d’une procédure générative récursive qui se réduit à une opération syntaxique
de base, l’opération de fusion ou d’assemblage, (merging, en anglais). Cette opération
remplace la théorie X-barre. Deux items (α et β) sont associés pour en former un troisième (γ)
(Cf. 15 ci-dessous).
(15)
γ
α
β
La fusion fournit une représentation des syntagmes sous une forme accessible au système
computationnel qui va en dériver les représentations aux niveaux PF et LF. Les opérations de
fusion successives engendrent une structure de base : une représentation arborescente dont les
nœuds terminaux sont occupés par des items lexicaux (ou entrées lexicales). Rappelons que la
fusion est binaire en ce sens où elle combine à chaque fois deux constituants de catégories
syntaxiques différentes de la numération à un constituant plus grand d’une catégorie
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syntaxique unique. L’opération de fusion est récursive i.e. elle est répétée tant qu’il y a des
éléments non encore pris en compte dans la numération.
Un item lexical est une matrice de traits – phonologiques, formels ou morphologiques et
sémantiques. Ce sont ces traits qui conditionnent le processus de dérivation de la structure
syntaxique de l’énoncé. Les traits phonologiques sont accessibles après l’Epel pour dériver la
forme phonétique FP ; les traits formels ou morphologiques ([+N], [+Plu], [+Fém], etc.)
servent tout au long de la dérivation vers la forme logique LF ; les traits sémantiques
([+humain], [+animé], [+abstrait], etc.) n’interviennent pas pendant la dérivation mais sont
nécessaires à l’interprétation.
4.1.2 Déplacement de constituants et Vérification de traits
Le Déplacement (move, en anglais) pour la Vérification de traits (feature-checking, en
anglais) est la deuxième opération de dérivation proposée par MP. Cette opération est rendue
nécessaire par la condition de pleine interprétation (Full interpretation) qui régit les niveaux
PF et LF, et qui exige que tout trait présent à l’une où l’autre de ces deux interfaces soit
interprétable. Les traits qui ne répondent pas à cette condition devront être effacés pour faire
converger la dérivation sinon elle capote (échoue) ! Or certains items ne contiennent que des
traits formels non-interprétables (c’est le cas des catégories fonctionnelles C, D, Agr, Asp,…).
Ces traits non-interprétables peuvent être vérifiés s’ils entrent en relation avec des éléments
lexicaux qui contiennent les mêmes items lexicaux possédant les mêmes traits fonctionnels.
Les constituants se déplacent vers les catégories fonctionnelles pour que les traits noninterprétables de ces catégories fonctionnelles puissent être effacés par l’association des traits
interprétables (des items lexicaux) qui y correspondent. En fait la tête fonctionnelle attire soit
sur son site soit sur le site de son Spécifieur l’item lexical dont les traits sont forts. Ce dernier
s’y délocalise pour vérifier les traits (identiques) de la tête fonctionnelle. Par exemple, le trait
[+ACCUSATIF] de l’argument objet en akyé est fort qu’il se déplace dans le Spécifieur de
AgrO (cf. 19), le nœud AgrO lui-même étant déjà occupé par le verbe qui y a été attiré pour la
vérification du trait [+ACCUSATIF]. Une fois que la vérification d’un trait non-interprétable
a eu lieu il est effacé ! Les opérations Fusion et Déplacement sont universelles, ce qui devrait
donner une uniformité dans les langues. Cependant, cette uniformité n’existe que dans la
forme logique. En fait, les langues varient dans leur structure. A quoi sont dues ces
variations ?
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4.1.2 L’Epel, point de la variation linguistique.
Lorsque tous les éléments de l’énoncé ont atteint leur position de surface (la position dans
laquelle ils doivent être prononcés), un branchement a lieu dans la dérivation par l’application
de l’opération Epel, qui oriente d’une part vers la forme phonétique et d’autre part vers la
forme logique (cf. 16 ci-dessous).
La dérivation de la phrase peut être schématisée de la façon suivante :
(16)
Epel
Numération
LF
PF
Ce modèle peut expliquer pourquoi les "outputs" de la forme phonologique diffèrent d’une
langue (ou d’un groupe de langues) à l’autre.
La fusion et le déplacement ne jouent aucun rôle dans la composante phonologique. Dans
cette composante, seuls les processus phonologiques importent.
L’hypothèse est que les variations entre les langues sont la conséquence d’une variation du
moment où l’Epel (ou Epellation, Spell-out, en anglais) a lieu. Ainsi certains déplacements
ont lieu avant l’Epel dans une langue et après l’Epel dans une autre, ce qui explique la
différence dans l’ordre des mots. Mais alors, pourquoi cette différence dans le moment de
déplacement ? Selon Chomsky (1993) cela est dû à l’existence de deux types de traits
formels : des traits forts et des traits faibles. Les traits forts doivent être vérifiés avant
l’Epel de façon à ce que le résultat soit visible dans la forme phonologique ; les traits
faibles peuvent être vérifiés après l’Epel. Au-delà de l’Epel, le lexique n’est plus accessible
et les mouvements deviennent furtifs, i.e. ils n’ont plus d’incidence sur la forme phonétique
(la force de surface de l’énoncé). La force d’un trait dépend de la langue en question et cela
est inscrit dans le lexique mental. Expliquons en termes minimalistes, par exemple la variation
de la position du verbe par rapport à l’adverbe ou la négation : le mouvement du verbe a lieu
avant l’Epel en français alors que le verbe ne se déplace qu’après l’Epel en anglais (Cf. 17 et
18 ci-dessous). Le verbe doit donc être doté d’un trait formel fort en français et d’un trait
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faible en anglais. Sur le plan phonologique les deux langues diffèrent alors qu’elles sont
identiques au niveau de la forme logique.
17 a. Jean ne dort pas
b. Jean n’a pas dormi
c. Jean embrasse souvent Marie
d. Jean a souvent embrassé Marie
18 a. John doesn’t sleep
b. John didn’t sleep
c. John often kisses Mary
d. John often kissed Mary
Si les langues sont identiques au niveau de la forme logique, pourquoi alors le déplacement du
verbe est exclu en syntaxe ouverte (avant l’Epel) en anglais ?
4.2 Les contraintes d’économie universelles
Les computations du MP sont soumises à des contraintes d’économie universelles qui sont : le
principe du dernier recours appelé Procrastination (procratinate, en anglais) ; le principe
d’avarice et le principe de distance minimale. Ces principes limitent le déplacement des
constituants en fonction de certaines conditions d’économie computationnelle.
4.2.1 Le principe de dernier recours
Ce principe stipule qu’un syntagme ne se déplace que s’il y est contraint par la présence de
traits ininterprétables. Ce principe est aussi appelé procrastination. Selon ce principe, le
mouvement doit être retardé le plus longtemps possible car le mouvement en LF est plus
économique qu’un mouvement ouvert.
4.2.2 Le principe d’avarice
Ce principe exige que le déplacement ne s’opère que pour vérifier les traits du syntagme
concerné et de lui seul.
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4.2.3 Le principe de distance minimale
Ce principe réduit la portée du déplacement et demande que l’élément se déplace dans la cible
la plus proche.
4.3 Illustration
Soit les structures (a), (b), (c) en (19) ci-dessous obtenues par l’opération de fusion. Nous
allons en nous appuyant sur le Programme Minimaliste, expliquer la variation
morphophonologique qu’on observe dans le système verbal de l’akyé.
Rappelons que la tête fonctionnelle I(nflexion), lieu de réalisation des marques de temps,
d’aspect et de mode et des traits d’accord du sujet et du verbe se divise en tête Agr(eement) et
en T(ense) ou Asp(ect). Les marques d’accord sont associées à Agr tandis que les marques de
temporelles ou aspectuelles du verbe sont respectivement associées à à T ou Asp. Agr se
divise en deux parties : AgrS qui permet au sujet de vérifier ses traits-φ et son Cas Nominatif ;
et AgrO qui joue le même rôle pour les traits φ de l’objet et lui permet aussi de vérifier son
trait casuel Accusatif. Rappelons aussi que certains items comme les catégories fonctionnelles
ne comportent que des traits non-interprétables ; or selon notre modèle, conformément à la
condition de l’interprétation pleine (Full interpretation principle), tout trait présent en forme
logique doit recevoir une interprétation dans le système conceptuel, de même que tout trait
présent en forme phonologique doit recevoir une interprétation dans le système articulatoire.
Les traits qui ne remplissent pas cette condition devront être effacés avant l’Epel au risque de
faire échouer la dérivation. Pour résoudre ce problème, il faut vérifier les traits noninterprétables en les mettant en relation avec des éléments lexicaux qui contiennent les mêmes
traits fonctionnels. Pour la vérification de ces traits on déplace les constituants qui les
contiennent vers les catégories fonctionnelles. Ainsi ces traits peuvent être effacés par
l’association des traits interprétables correspondants. Une fois que la vérification d’un trait
non-interprétable a eu lieu, il s’efface.
Le déplacement des constituants est donc rendu nécessaire par la contrainte de vérification des
traits formels dont ils sont pourvus ! Ainsi, en akyé, le verbe ayant le trait [+ACCUSATIF]
est contraint de se déplacer dans AgrO pour le vérifier ! En adjoignant cette position, le trait
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formel [+ACCUSATIF] du verbe est vérifié par le même trait ([+ACCUSATIF]) que possède
AgrO.
(19)
AgrSP
AgrS’
AgrS
AspP
Asp’
Asp
AgrOP
DP
AgrO’
AgrO
VP
DP
V’
D’
V
D’
D
(a) o≠
(b) w
(c) oÖ
°Ö
kaÖ i
DP
D
SfiÖ
tj
SEj
SeÖ i
ti
kaÖ 4
ti 5
kaÖ 6
5. Conclusion : Perspectives
L’évolution de la GG se fait au profit d’un rôle capital dévolu au Lexique qui fournit toutes
les informations (nécessaires à l’actualisation d’un item (lexical). Les propriétés
idiosyncratiques d’un item, quel qu’il soit, sont inscrites dans le Lexique. Ces propriétés sont
manifestes dans la structure où se réalise l’item en question.
4
3SG+Irréel/manger/qqch ; « Il va manger »
3SG+Inacc/manger+Inacc/qqch ; « Il mange »
6
3SG+Acc/manger+Acc/qqch ; « Il a mangé »
5
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Les langues diffèrent dans la force des traits formels qui composent les items lexicaux. Cette
différence morphologique rend compte de différences syntaxiques : le choix de l’une ou
l’autre option détermine la nature des constructions syntaxiques admises ou rejetées. Les traits
formels forts sont vérifiés avant le point d’Epel alors que les faibles le sont après ! Dans le
premier cas les variations sont visibles mais dans le second elles ne le sont pas. Ici se situe la
différence entre les langues du monde… Pourquoi ces variations existent-elles entre les
langues ? A quelle nécessité répondent-elles ? S’agit-il d’interactions entre la faculté du
langage et les autres composants du cerveau ? Pourquoi le déplacement d’items serait-elle
inhérente au langage ? Pourquoi les formes phonétiques doivent-elles être linéaires ? Tout en
inscrivant le Programme Minimaliste dans la perspective des sciences cognitives, Chomsky
(2002) amène l’humain à s’interroger sur la dimension de son pouvoir intrinsèque et la
quintessence de son être. En somme, jusqu’où l’esprit humain peut-il pousser sa
connaissance ? Le Programme Minimaliste, un programme pour la libération de l’esprit et de
la pensée !
Bibliographie
Bogny, Yapo J. 2007, “Towards the Categorization of Verbs with intrinsic X: A first
Approach through Ivorian Kwa Languages”
In M.E. Kropp Dakubu and E.K. Osam (editors), Studies in the Languages of
the Volta Basin 4. Legon: Linguistics Dept.
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Cambridge University Press.
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18