Nigéria - Etudes Economiques – BNP Paribas
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Nigéria - Etudes Economiques – BNP Paribas
Nigeria Décembre 2012 Nigéria Economie dynamique en voie de diversification Le Nigéria, deuxième économie africaine, continuera de connaître une expansion rapide en 2013. Si les exportations pétrolières constituent toujours l’essentiel des recettes en devises de l’Etat, le PIB non pétrolier n’en constitue pas moins le principal moteur de croissance. Depuis le début des années 2000 et l’expansion du secteur des services, le Nigéria s’est engagé sur la voie de la diversification économique. Le pays devrait continuer à enregistrer une croissance soutenue dans les années à venir grâce aux investissements publics et à une classe moyenne importante et en progression. Pour autant, le Nigéria devra franchir des obstacles économiques et institutionnels pour que sa population connaisse une réelle amélioration de son niveau de vie. Forte croissance du PIB dans la deuxième économie africaine 1 PIB non pétrolier : principal moteur de la croissance économique En GA et en % ; contributions en points de pourcentage du PIB Le Nigéria est la deuxième économie du continent africain (PIB nominal d’USD 240mds en 2011) après l’Afrique du Sud (USD 420mds). Cependant, grâce à la forte croissance de son PIB, le Nigéria devrait sensiblement réduire l’écart qui le sépare de la première économie africaine au cours de la prochaine décennie. Avec une croissance annuelle moyenne du PIB de 8,6 % sur la période 2000-2011, le Nigéria se classe au 10ème rang mondial pour la rapidité de son expansion économique au cours de la dernière décennie. Sur les neuf premiers mois de l’année 2012 et en dépit du ralentissement économique mondial, la croissance du PIB n’a que légèrement baissé, s’inscrivant à 6,4 % en GA contre 7,4 % en moyenne en 2011. Alors que le dynamisme ne s’est pas démenti dans les secteurs de la construction et des services, l’agriculture a été pénalisée par de mauvaises conditions climatiques. Par ailleurs, les crues du fleuve Niger et les vols se sont soldés par une stagnation de la production pétrolière aux environs de 2,1 millions de barils/jour au cours des dix premiers mois de 2012. Cependant, même si les revenus pétroliers représentent 87 % des recettes à l’exportation du Nigéria et 75 % de ses recettes budgétaires, la croissance du PIB réel repose essentiellement sur le secteur non pétrolier. Le PIB non pétrolier a contribué à hauteur de 8 points de pourcentage à la croissance moyenne annuelle (8,6 %) enregistrée sur la période 2000-2011 (graphique 1). ▐PIB pétrolier ▌ PIB non pétrolier ▬ PIB, GA% 25 20 15 10 5 0 -5 2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012e 2014f Sources : Banque centrale du Nigéria, BNP PARIBAS Très dynamiques au cours des dernières années, les télécommunications (+34 % par an en moyenne depuis 2002) ainsi que le commerce (+14 % par an) recèlent toujours un fort potentiel de croissance, à la faveur de l’expansion rapide de la demande intérieure. La demande intérieure : réservoir de croissance La demande intérieure, qui représente 85 % du PIB, se répartit entre dépenses des administrations publiques (42 %), consommation privée (32 %) et investissement privé (13 %). Aux fins de renforcer la structure sous-jacente de l’économie nigériane, le gouvernement fédéral procède, depuis 2008, à une montée en charge de ses dépenses d’investissement et les plans adoptés prévoient une croissance considérable des dépenses en capital jusqu’à la fin de la décennie. Le développement des infrastructures de transport et l’alimentation en électricité restent au cœur des priorités. Ces projets vont doper les dépenses publiques, les investissements et les emplois au cours de la décennie à venir. Ils devraient également se traduire par un léger déficit budgétaire, qui pourrait être partiellement financé par un nouvel emprunt obligataire international en 2013. Par ailleurs, la population, qui s’élève à environ 165 millions de personnes en 2012 (un Africain sur six est Nigérian), connaît une assez forte croissance démographique (2,8 % par an en moyenne sur 2000-2011). Le Nigéria devrait se situer au 4ème rang mondial par la taille de sa population d’ici à 2050, avec plus de 400 millions de personnes dont une importante L’envolée des services L’expansion des services est le premier facteur de la diversification en cours de l’économie nigériane. La part du tertiaire dans le PIB total est passée de 25 % en 2000 à 37 % en 2011, soit plus que le secteur pétrolier, dont la part dans le PIB a reculé à moins de 15 % en 2011, contre 32 % en 2000. De leur côté, les secteurs de l’agriculture et de la construction, rapportés au PIB, sont restés plus ou moins stables depuis 2000, représentant, respectivement, 40 % et 2 % du PIB en 2011. Parmi les services, les branches les plus développées sont le commerce de gros et de détail (50 % des services et 19 % du PIB) et les communications (15 % des services et 6 % du PIB), suivis des finances 1 , du transport, et des services aux collectivités, chacun représentant environ 3 % du PIB. mds. Les réformes adoptées ultérieurement en matière de régulation et de supervision bancaire ont permis d’asseoir des bases solides et propices à la stabilité du secteur. Le pays a connu en 2008-2009 une crise bancaire grave, qui a donné lieu à l’adoption d’un plan de sauvetage d’USD 21,5 1 27 economic-research.bnpparibas.com Nigeria • Gouvernance et risque politique Selon la Banque mondiale, la qualité de la réglementation et de la participation citoyenne a un peu progressé depuis 1998 (graphique 2) mais sur 213 pays étudiés, seuls 4 % présentaient un niveau de stabilité politique pire que le Nigéria en 2010 (derniers chiffres disponibles). Les tensions ethniques et religieuses se sont aggravées, comme en témoignent les attaques terroristes du groupe Boko Haram en 2011 et 2012. Avec celles du Delta du Niger, ces tensions constituent un facteur d’insécurité (déstabilisation politique) et de perturbation économique (baisses de la production pétrolière, destruction des infrastructures) sur le court à moyen terme. • Corruption Le Nigéria figure parmi les pays les plus corrompus au monde : il se situe à la 139ème place dans l’Indice 2012 de perception de la corruption publié par Transparency International, indice qui couvre 176 pays, faisant ainsi mieux que l’Angola (157ème) mais moins bien que l’Ethiopie (113ème). Malgré les enquêtes lancées par le Président Jonathan depuis son élection en avril 2011, aucune poursuite pour corruption de haut niveau n’a encore été engagée. La situation ne devrait guère s’améliorer avant la prochaine élection présidentielle de 2015. • Un climat des affaires difficile De sérieux risques politiques, une mauvaise gouvernance et une corruption généralisée sont autant de facteurs qui contribuent à créer un climat des affaires difficile. Dans l’enquête « Doing Business 2013 » de la Banque mondiale sur la facilité à faire des affaires, le Nigéria est 131ème sur 185 pays. Un classement meilleur que celui de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne (140ème place) mais pire que celui du Ghana (64ème) et du Kenya (121ème). Les goulets d’étranglement infrastructurels (ex : l’alimentation en électricité) et les problèmes liés à la réglementation (enregistrement de la propriété, paiement des impôts, transactions transfrontalières) entravent aussi le développement économique du Nigéria. classe moyenne, essentiellement composée de jeunes (70 % des Nigérians ont moins de 40 ans), futurs consommateurs de biens d’équipement. Défis économiques et institutionnels à moyen terme La croissance du PIB devrait rester dynamique en 2013, soutenue par les investissements publics et la mise en exploitation de nouveaux gisements pétroliers en eaux profondes. La croissance du PIB s’établira probablement autour de 6,5 % en moyenne sur la période 2013-2017. Il faudrait néanmoins un taux de croissance à deux chiffres pour que la population nigériane connaisse une réelle amélioration de son niveau de vie (estimation du PIB par habitant en 2012 : USD1650). Le secteur informel occupe toujours une place importante dans l’économie et, dans le secteur formel, le chômage est élevé, aux environs de 24 %. Pour garantir une croissance économique plus créatrice d’emplois et augmenter le revenu par habitant, le Nigéria devra, dans les prochaines années, surmonter un ensemble de problèmes d’ordre économique et institutionnel. • Faible compétitivité Jusqu’à présent, les recettes considérables que le Nigéria tire de ses ressources minières n’ont guère été affectées au renforcement de sa structure industrielle. Aussi, ses capacités à produire et exporter des produits manufacturés restent-elles très limitées. Sa compétitivité est également l’une des plus faibles au monde ; le Nigéria se classe en effet à la 127ème place sur les 142 pays inclus dans le rapport sur la compétitivité du Forum économique mondial. Pour progresser dans ce domaine, le Nigéria devra améliorer l’environnement institutionnel et le climat des affaires, moderniser ses infrastructures et faciliter l’offre de services financiers. Il lui faudra en particulier finaliser la réglementation de l’industrie pétrolière pour pouvoir compter sur de solides investissements directs étrangers à l’avenir. 2 Indicateurs de gouvernance Classement en percentiles par rapport à l’ensemble des pays, allant du meilleur (100) au pire (0). ▬ Nigeria 2010 ▬ Ghana 2010 Maîtrise de la corruption Jean-Loïc Guièze [email protected] ▬ Nigeria 1996 Etre à l'écoute et rendre compte 100 80 60 40 20 0 Synthèse des prévisions 2011 2012f 2013f 2014f Stabilité politique Efficacité des pouvoirs publics Etat de droit Décembre 2012 Qualité de la réglementation Source : Banque Mondiale PIB réel, v ariation annuelle, % 7,4 6,5 6,6 Inflation, IPC, v ar. annuelle, % 10,9 11,4 10,5 9,5 Solde budgétaire, % du PIB -3,0 -2,8 -2,5 -2,8 Dette des adm. publiques, % du PIB 17,9 17,5 17,7 18,0 Balance courante, % du PIB 6,2 7,3 5,3 4,5 Dette ex terne, % du PIB 4,4 4,2 4,6 4,5 Réserv es de change, mds USD 33 41 43 45 Réserv es de change, en mois d'imports 4,0 4,5 4,6 4,6 Taux de change NGN/USD (fin d'année) 162 155 158 162 Sources : FMI, sources nationales, BNP Paribas f : prévisions BNP Paribas 28 6,8 economic-research.bnpparibas.com