la france, nouveau berceau des entrepreneurs numériques

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la france, nouveau berceau des entrepreneurs numériques
À
l’époque des grands explorateurs, la préparation d’une
expédition était parsemée d’obstacles et de raisons objectives
pour renoncer au projet. La traversée d’un océan s’avérait toujours
incertaine, mouvementée, chaotique mais la promesse de territoires
inexplorés décuplait les forces et fédérait les énergies. L’acceptation du
risque par un petit nombre d’aventuriers visionnaires faisait de cette
période l’une des plus fécondes en termes de découvertes, de création
de richesses et de valeur. Nous vivons aujourd’hui une situation très
similaire avec de nouveaux territoires à conquérir, virtuels, abstraits
ou numériques, à la croisée de l’homme, de la machine et de son
évolution. Si les risques ne sont plus les mêmes, les enjeux de cette
exploration conservent une dimension universelle.
Les NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, sciences
Cognitives) offrent autant de territoires vierges à découvrir dont on ne
perçoit aujourd’hui que les premiers rivages. Désormais, les nouveaux
explorateurs sont les inventeurs, les chercheurs et les entrepreneurs.
Cinq siècles après l’époque des grandes découvertes de Christophe
Colomb, de Vasco de Gama, et de Fernand de Magellan, ce sont
finalement la même audace, le même esprit d’aventure et une certaine
soif de conquête qui permettent de conduire un projet, de construire
une entreprise et de la pérenniser.
LA FRANCE,
NOUVEAU BERCEAU
DES ENTREPRENEURS
NUMÉRIQUES !
ERIC COHEN
Notre siècle sera celui de la maitrise de l’Information et de l’Intelligence
Artificielle. Nous ressentons dès à présent les effets de cette innovation
numérique qui marque une rupture darwinienne sur notre échelle
évolutive. La convergence des technologies NBIC nous procure
de nouvelles clés pour maitriser notre destin et pour augmenter
nos capacités d’actions et de compréhension du réel. Elle réduit
également la part d’aléatoire qui a jusqu’à présent dirigé l’évolution
d’Homo Sapiens. En impactant tous les secteurs de l’activité humaine,
la transformation numérique bouleverse les équilibres économiques,
sociologiques et géopolitiques. La médecine, l’enseignement, le
secteur juridique, la défense et la sécurité, la finance, le marketing
ou le journalisme... vont connaitre de profondes mutations sous
l’effet conjugué de la robotisation et de la montée en puissance de
l’intelligence artificielle.
Les systèmes de collecte et d’analyse des données massives et multistructurées permettent d’ores et déjà d’optimiser des processus
complexes et de construire des prévisions très fiables. En se
généralisant, ces systèmes vont élargir leur spectre fonctionnel et vont
devenir accessibles à toutes les entreprises, quel que soit leur taille et
leur secteur. Il n’existera plus de domaine réservé à la seule expertise
humaine. Les études prospectives affirment que plus de la moitié des
métiers des années 2030 n’existent pas encore mais qu’ils devraient
privilégier la créativité et l’intelligence collective ou émotionnelle (*).
Les grands acteurs de l’économie numérique occupent désormais des
positions stratégiques sur l’échiquier mondial. En termes d’influence,
ils sont en mesure de concurrencer très directement les Etats dans leurs
politiques publiques et industrielles. Si l’on additionne les valeurs de
capitalisations boursières des quinze premières sociétés du numérique
(**), dans le classement mondial, on obtient exactement la valeur du
#InsightIntoValue
PIB-2015 de la France, soit 2400 milliards de dollars. Cette puissance
financière transforme la texture économique mondiale. Elle agit aussi
comme un moteur de l’innovation et du progrès scientifique lorsque
les bénéfices sont redirigés vers les départements de recherche et
développement de ces grands groupes ou vers des laboratoires publics
partenaires. Les dispositifs nationaux d’accompagnement à la création
d’entreprise ont montré toute leur efficacité. Ainsi, la Banque Publique
d’Investissement (Bpifrance) soutient une FrenchTech particulièrement
dynamique et reconnue à l’international. Sa devise «Servir l’avenir»
s’inscrit dans une volonté affirmée de faire émerger les champions de
demain, de l’amorçage jusqu’à la cotation en bourse. La cuvée 2016
des innovateurs de moins de 35 ans décernée par le MIT Technology
Review*** vient de récompenser, dans la catégorie France, dix créateurs
de startups extrêmement prometteuses, confirmant une fois de plus
l’excellence de l’innovation à la française.
De nouveaux écosystèmes à très haut potentiel technologique
émergent sur tous les continents, depuis la Silicon Valley californienne,
la Start-up nation israélienne, la Fintech Londonienne ou la Health Valley
en Suisse Romande. Ces îlots d’intense innovation agissent comme
de véritables réacteurs, producteurs de croissance et de richesse pour
les Etats qui les hébergent. La France a souhaité la création en 2014
du pôle technologique Paris Saclay et de l’Université Paris Saclay,
réunissant au sein d’un grand hub deux universités, une dizaine de
grandes écoles et sept organismes de recherche. Cette construction
devrait atteindre une taille critique suffisante pour concurrencer
des structures de recherche et de formation de haut niveau comme
l’Université de Stanford, le Caltech ou le MIT.
De grandes sociétés françaises contribuent à la construction et
au rayonnement du pôle Paris Saclay , notamment en tant que
partenaires de la Chaire «Data Scientist» créée en octobre 2014 à
l’Ecole polytechnique et qui forme aujourd’hui les nouveaux bataillons
d’experts de l’analyse des données (Data & Computer Sciences). De
la même façon, la Chaire «Machine Learning for Big Data» créée par
Télécom ParisTech répond aux besoins des entreprises en Big Data
avec une offre de formation très large. A l’international, ces mêmes
sociétés on su s’associer avec les plus grands centres de recherche
(comme l’Université de Cambridge), pour proposer à leurs clients des
modèles prédictifs d’analyse des données émotionnelles (Feel Data
Sciences) et comportementales (Computational Behavioural Sciences)
toujours plus pertinents.
Ce type de coopération entre le secteur privé et des centres de recherche
et d’enseignement académique représente aujourd’hui pour la France
le meilleur vecteur d’innovation, d’incubation et d’entreprenariat. C’est
le modèle le plus pertinent pour réussir sa transformation numérique
et relever ainsi les défis complexes de la convergence NBIC.
(*) Rapport Wagepoint (infographie) , «Jobs in the Future - The Career Path of Generation Y & Z», Canada,
2013 (**) Global Top 100 Companies by market capitalisation - Pwc, 31 march 2015 update, pp 40 (***) MIT
Technology Review – Innovators under 35
ERIC COHEN
FONDATEUR & P - DG DE KEYRUS
www.keyrus.com