Benjamin Britten

Transcription

Benjamin Britten
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AVANT PROPOS
Benjamin Britten, compositeur, chef d’orchestre et pianiste, apparaît comme une des figures phare de
l’opéra au XXe siècle et joue un rôle déterminant dans la vie musicale anglaise de l’après-guerre. A
travers ses seize opéras, de formes et de sujets pourtant variés, il développe un style profondément
personnel. En 1954, il décide d’adapter une célèbre nouvelle d’Henry James. En racontant la lutte
d’une gouvernante contre les esprits qui hantent et manipulent les deux enfants dont elle a la charge,
Britten signe un opéra thriller en un prologue et deux actes pour 13 musiciens et 8 chanteurs, construit
sur le thème musical de l’écrou qui donne son rythme à l’ouvrage et en resserre le suspens.
Durée 1 heure 45 sans entracte
Spectacle chanté en anglais, surtitré en français
Production : La Clef des Chants/Région Nord Pas de Calais
Coproduction : Le Théâtre d’Arras, scène conventionnée musique et danse. L’Orchestre-Atelier
OstinatO. Avec le soutien de La Caisse des Dépôts et Consignations.
Création : 29 et 30 septembre 2011 - Théâtre d’Arras suite à une résidence de création.
Direction musicale Jean-Luc Tingaud
Mise en scène Olivier Bénézech
Costumes Frédéric Olivier
Scénographie Alain Lagarde
Lumières Xavier Lauwers
Avec :
Le narrateur et Peter Quint David Curry Ténor
La Gouvernante Chantal Santon Jeffery Soprano
Mrs Grose, l’intendante Rachel Calloway Soprano
Miss Jessel, ancienne gouvernante Liisa Viinanen Soprano
Miles, garçon Matthieu Haering* / Clément Bayet* (en alternance) soprano-garçon
Flora, jeune fille Agathe Becquart* / Julie Dexter* (en alternance) soprano
* Solistes du Choeur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal, direction : Pascale Diéval-Wils
L’Orchestre-Atelier OstinatO
RECOMMANDATIONS
Afin de mieux appréhender la représentation de cet opéra, il est recommandé aux enseignants de
préparer leurs élèves en :
• lisant le livret donné en annexe et en se familiarisant avec les différents personnages, la
scénographie,… (voir partie Le livret, la mise en scène, la scénographie, les personnages).
• écoutant quelques extraits dans le guide musical et en prenant connaissance des instruments de
l'orchestre (voir partie La musique).
• approfondissant la démarche, par la lecture de la dernière partie du dossier (voir partie pour
aller plus loin).
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SOMMAIRE
PISTES PEDAGOGIQUES ............................................................................. 7
AUTOUR
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AUTOUR
DU LIVRET ......................................................................................................... 7
DE LA MUSIQUE ................................................................................................. 7
DE LA SCENOGRAPHIE ET DES COSTUMES ......................................................... 7
DU CONTEXTE HISTORIQUE............................................................................... 7
DES ADAPTATIONS ............................................................................................ 7
DES COULISSES DE L’OPERA.............................................................................. 7
LE LIVRET ................................................................................................... 9
RESUME DE L’HISTOIRE................................................................................................... 9
SYNOPSIS........................................................................................................................ 9
MISE EN PARRALLELE DES DEUX ACTES ........................................................................ 11
LA NOUVELLE D’HENRY JAMES ...................................................................................... 11
L’ADAPTATION .............................................................................................................. 11
LA MISE EN SCENE.................................................................................... 12
NOTE D’INTENTION D’OLIVIER BENEZECH, METTEUR EN SCENE ................................... 12
LA SCENOGRAPHIE ................................................................................... 13
ALAIN LAGARDE, SCENOGRAPHE ................................................................................... 13
LES PERSONNAGES ET LEUR VOIX ............................................................ 13
LE NARRATEUR/PETER QUINT : DAVID CURRY .............................................................. 14
LA GOUVERNANTE : CHANTAL SANTON-JEFFERY ........................................................... 14
MRS GROSE : RACHEL CALLOWAY .................................................................................. 15
MISS JESSEL : LIISA VIINANEN..................................................................................... 15
MILES : CLEMENT BAYET/MATHIEU HAERING ............................................................... 15
FLORA : AGATHE BECQUART/JULIE DEXTER .................................................................. 16
LA MUSIQUE ............................................................................................. 16
BENJAMIN BRITTEN, COMPOSITEUR BRITANNIQUE ...................................................... 16
THE TURN OF THE SCREW, OPERA DE BRITTEN ............................................................. 17
L’ORCHESTRE DE CHAMBRE ........................................................................................... 18
GUIDE D’ECOUTE ........................................................................................................... 24
LA PRODUCTION ....................................................................................... 29
LES METIERS ARTISTIQUES........................................................................................... 29
LES METIERS TECHNIQUES ............................................................................................ 30
LES METIERS ADMINISTRATIFS .................................................................................... 31
POUR ALLER PLUS LOIN ........................................................................... 32
INTRODUCTION A L’OPERA............................................................................................ 32
PETITE HISTOIRE DE L’OPERA....................................................................................... 33
ANNEXE – LIVRET ..................................................................................... 36
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PISTES PEDAGOGIQUES
AUTOUR DU LIVRET
• Lecture du livret, étude des personnages, des lieux et de l’époque (livret en annexe).
• Lire The turn of the screw d’Henry James et comparer l’œuvre avec le livret de Myfanwy Piper. Version
audio et texte sur http://www.bibliboom.com/rubrique,james-henry,652984.html
Version en anglais et en français chez plusieurs éditeurs.
• Créer une carte d'identité des personnages : âge, origine, caractère, lien entre-eux, …
• Jouer certaines scènes.
• A partir des personnages principaux, réinventer une histoire.
• Dessiner l'histoire sous forme de BD, la comparer à celle d’Hervé Duphot aux éditions Delcourt.
• Lire d’autres œuvres d’Henry James.
• Lire d’autres œuvres de la littérature fantastique de l’époque d’Henry James.
AUTOUR DE LA MUSIQUE
• Ecouter des extraits de The turn of the screw, opéra de Benjamin Britten en s’aidant du guide musical.
Comparer la musique au contenu de l’histoire.
• Ecouter d’autres opéras de Benjamin Britten :
- Peter Grimes, 1945
- Owen Wingrave, 1971
- Death in Venice, 1973
• Ecouter d'autres opéras de la même époque afin de comparer le style musical de Benjamin Britten à
celui de ses contemporains.
• Faire une recherche sur les différents instruments utilisés.
AUTOUR DE LA SCENOGRAPHIE ET DES COSTUMES
• Imaginer l'univers de The turn of the screw en dessinant les décors et les costumes, en créant une
maquette. Comparer le résultat avec le travail des artistes de la production.
AUTOUR DU CONTEXTE HISTORIQUE
•
Etudier le contexte social, économique et religieux de l’Angleterre de la fin du XIXème siècle.
AUTOUR DES ADAPTATIONS
Il existe de nombreuses adaptations du roman d’Henry James : opéra, téléfim, cinéma, BD, musique :
• Les Innocents (film, 1961) (The Innocents), réalisé par Jack Clayton avec Deborah Kerr sorti en 1961.
• Le Corrupteur (film, 1972) (The Nightcomers), réalisé par Michael Winner sorti en 1972 et constituant
une préquelle au roman.
• Le tour d'écrou (opéra-filmé, 2001) réalisé par Vincent Bataillon édité en DVD le 26 mai 2005.
• The turn of the screw (téléfilm, 1959), réalisé par John Frankenheimer avec Ingrid Bergman sorti en
1959.
• Scènes d'enfants (1974), œuvre pour orgue de Jean Guillou inspiré de la nouvelle d'Henry James créée
en 1974.
AUTOUR DES COULISSES DE L’OPERA
• Travailler autour des différents métiers de l'opéra en imaginant toutes les personnes nécessaires à son
bon déroulement : artistes, techniciens, habilleuses, ouvreuses, femmes de ménage…
• Visiter les sites internet des grandes maisons d'opéras : Bastille, Garnier, La Monnaie…
• Si cela est possible, visiter le lieu dans lequel se jouera The turn of the screw.
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LE LIVRET
Opéra écrit en 1954 sur un livret en anglais de Mifanwy Piper d’après la
nouvelle d’Henry James.
RESUME DE L’HISTOIRE
DANS LE VIEUX MANOIR ANGLAIS DE BLY (ESSEX), UNE GOUVERNANTE EST ENGAGEE POUR PRENDRE
SOIN ET AVOIR L’ENTIERE RESPONSABILITE DE MILES ET FLORA, DEUX JEUNES ENFANTS.
Après un moment de doute sur ses propres capacités à assurer cette charge, la gouvernante est séduite
par la beauté du lieu et le charme des deux enfants. Le charme est rapidement rompu par une série
d’apparitions mystérieuses : les deux enfants sont menacés par l’esprit de la gouvernante précédente et
surtout par celui de son amant, un ancien valet. S’agit-il bien de fantômes ou sont-ce des hallucinations
de la gouvernante ? Tous les efforts de cette dernière pour neutraliser l’emprise des deux esprits auront
des conséquences tragiques.
Dans la nouvelle originale aussi bien que dans ce livret d’opéra, il est impossible de démêler ce qui relève
du fantastique ou de l’imagination de la narratrice. Ici c’est le spectateur qui construit sa propre
interprétation et, là encore, les pistes sont brouillées de telle façon, le doute ne se dissipera jamais
totalement. Le mystère reste entier et c’est ce qui donne à l’œuvre ce climat envoûtant que la musique de
Benjamin Britten transfigure.
SYNOPSIS
Prologue : Un narrateur anonyme raconte l'histoire d'une jeune femme engagée, il y a déjà bien
longtemps, comme gouvernante de deux enfants dans une maison de campagne isolée. Leur tuteur, un
bel homme charmant et très occupé, vivait à Londres ; la mission de la gouvernante étant d'assumer
l'entière responsabilité du bien être des enfants, elle ne devrait jamais le déranger, par quelque moyen
de communication que ce soit. En dépit de divers pressentiments, elle accepte cet emploi.
PREMIER ACTE
Le voyage : Durant la dernière étape de son voyage, la confiance de la Gouvernante s'effondre et elle se
trouve en proie au doute.
L'accueil : À Bly, les enfants, Miles et Flora, attendent fébrilement son arrivée. La bonne, Mrs. Grose,
femme déjà âgée, tente de les calmer et de leur faire répéter leurs souhaits de bienvenue. La
gouvernante arrive et tombe aussitôt sous le charme des enfants. Mrs. Grose exprime son soulagement
d'avoir désormais auprès d'elle quelqu'un de jeune et d'énergique pour s'en occuper. Les enfants ont
hâte de faire visiter à leur nouvelle gouvernante la maison et le parc.
La lettre : Les semaines passent. Une lettre arrive pour la gouvernante : Miles a été renvoyé de son
école. La gouvernante s’intérroge fasse à ce renvoi et demande à Mrs. Grose si elle a déjà observé chez
Miles un comportement négatif. Mrs. Grose prend vigoureusement sa défense. La Gouvernante regarde
Miles, qui est en train de jouer tranquillement avec sa sœur et décide de ne pas réagir.
La tour : La gouvernante, seule, se promène dans le parc, savourant cette soirée d'été. Ses angoisses
initiales se sont dissipées. Elle est enchantée des enfants et s'est mise à aimer Bly. Son seul souhait
serait que le tuteur des enfants puisse la voir et l'approuve. Tandis qu'elle pense à lui, elle voit sur la
tour un homme - un homme qu'elle ne peut reconnaître. L'effroi et l'inquiétude l'envahissent.
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La fenêtre : Quelques jours plus tard. Les enfants s'amusent avec un cheval de bois. La Gouvernante les
appelle et s'apprête à sortir lorsque de nouveau lui apparaît le même homme, qui la regarde par la
fenêtre. La Gouvernante pâlit et Mrs. Grose s’en inquiète. La gouvernante décrit l'intrus et la bonne
reconnaît en lui Peter Quint, le valet de l'oncle des enfants. Quint était en charge de la demeure en
l'absence de son maître et abusa de son autorité. La précédente gouvernante, Miss Jessel, fut contrainte
de partir soudainement, et par la suite mourut ; Quint fut ensuite lui-même tué dans un accident. La
gouvernante horrifiée perçoit alors un monde maléfique dont elle n'avait jamais encore fait
l'expérience. Elle croit que Quint est revenu pour Miles. Son devoir est clair : elle doit protéger les
enfants.
La leçon : Dans la salle de classe, Miles récite ses déclinaisons latines ; Flora lui fait écho. Il chante une
petite chanson, étrange et désenchantée, que la Gouvernante n'avait jusqu'alors jamais entendue.
Le lac : Dans le parc, la Gouvernante et Flora sont au bord du lac que Flora appelle la Mer Morte. Elle
chante une berceuse à sa poupée, pour l'endormir, puis détourne son regard pendant que, de l'autre
côté de l'eau, une femme parait. La Gouvernante, levant les yeux, la voit et emmène précipitamment
Flora. C'était Miss Jessel, et Flora l'a parfaitement vue. Elle réalise avec horreur que les fantômes ont
d'ores et déjà assis leur emprise sur les enfants.
La nuit : Quint, sur la tour, appelle Miles. Par-delà la pelouse, Miles en chemise de nuit répond à cet
appel ensorceleur. Depuis le lac, Miss Jessel appelle alors Flora, qui se tient près de la fenêtre. La
gouvernante et Mrs. Grose découvrent que les enfants ont quitté leur lit. Mrs. Grose se charge de
Flora tandis que Miles dit à la gouvernante : « Vous voyez, je suis méchant ».
DEUXIÈME ACTE
Colloque et soliloque : En un lieu indéterminé, Miss Jessel accuse Quint de l'avoir trahie. Il est
désormais en quête d'un nouvel ami, obéissant et soumis, dont il pourra détruire l'innocence. Miss
Jessel cherche elle aussi quelque compagnon dans sa désolation. Ils exultent devant l'influence
croissante qu'ils exercent sur les enfants.
Effrayée, troublée, la Gouvernante se sent prise au piège, incapable de comprendre le mal qui l'entoure.
Les cloches : Par une lumineuse matinée d'automne. Miles et Flora se rendent à l'église en
chantant leur propre version du Benedicite. La Gouvernante est déprimée et apathique ; elle finit
par se rendre compte que leur psaume corrompu n’est pas un simple jeu d'enfants. Elle essaye de faire
comprendre à Mrs. Grose le danger qui menace les enfants. Mrs. Grose l'assure que tout va pour le
mieux et entre dans l'église avec Flora. Resté en arrière, Miles demande à la Gouvernante si elle a
discuté de ses propres peurs avec son oncle. C'est un défi, mais la Gouvernante se sent isolée et
impuissante à agir. Ayant perdu tout espoir, elle décide de quitter Bly immédiatement et rentre en hâte à
la maison...
Miss Jessel : ...pour trouver Miss Jessel à son bureau dans la salle de classe. La Gouvernante
rassemble son courage pour l'affronter et le fantôme disparaît. Elle réalise que son devoir est de rester
et de lutter pour les enfants. Mais elle a besoin d'aide et s'assied pour écrire à leur tuteur, demandant à
le voir au plus vite. Puis elle met la lettre au courrier en partance.
La chambre : Miles est assis sur son lit, à moitié déshabillé. La pièce est éclairée par une
bougie ; il est agité et chante son air de « Malo ». Il s'interrompt brusquement cependant que la
Gouvernante approche. Elle lui dit qu'elle a écrit à son oncle. Elle commence à l'interroger au sujet du
passé et de son école ; tandis que ses questions se font plus précises, Quint apparaît à Miles. Miles
pousse un cri et la chandelle s'éteint.
Quint : Quint encourage Miles à dérober la lettre.
Le piano : Miles travaille son piano, sous le regard admiratif de la Gouvernante et de Mrs. Grose. Flora,
jouant au jeu du berceau, est en train de bercer Mrs. Grose pour l'endormir. Tandis que le jeu de Miles
se fait plus éclatant, la Gouvernante se rend compte que Flora s'est éclipsée et s'est rendue au lac. Elle
réveille Mrs. Grose et partent toutes deux à sa suite.
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Flora : Les deux femmes trouvent Flora seule. Miss Jessel apparaît alors derrière le lac, et la
Gouvernante tente de forcer Flora à la reconnaître. Mrs. Grose console la fillette et l'assure que ce ne
sont là que des bêtises. Flora tourne alors le dos à la Gouvernante dans un mouvement violent et
haineux. Mrs. Grose la reconduit à la maison cependant que la Gouvernante anéantie est contrainte de
reconnaître que Flora est perdue pour elle.
Miles : A l'extérieur de la maison, le lendemain matin, Mrs. Grose agitée se prépare à conduire Flora
chez son oncle à Londres. Durant la nuit, la petite fille a révélé des horreurs qui ont convaincu Mrs.
Grose que quelque chose allait mal. La Gouvernante apprend que sa lettre n'a jamais été postée. Elle
décide de rester afin d'affronter Miles. Il reconnaît avoir volé la lettre, mais lorsqu'elle l'interroge,
Quint l'appelle depuis la tour et Miles s'abîme dans un désespoir croissant. Finissant par nommer Quint,
il se précipite dans les bras de la Gouvernante. Quint s'évanouit et la Gouvernante sur le moment
triomphe pour aussitôt réaliser que cette lutte a coûté la vie à Miles.
MISE EN PARRALLELE DES DEUX ACTES
SCENE
II
III
IV
V
VI
VII
VIII
ACTE I
Arrivée de la Gouvernante à Bly
Réception d’une lettre (Miles
renvoyé de l’école)
La Gouvernante aperçoit Quint
(le soir)
Description de Quint
Leçon de latin
Flora/Jessel au lac
(Auto-)accusation de Miles
(« I am bad »)
ACTE II
Désir de quitter Bly
Rédaction d’une lettre au
Tuteur
Quint appelle Miles
(tombée de la nuit)
Portrait en action de Quint
Leçon de piano
Flora/Jessel au lac
Accusation de Miles
(“Peter Quint, you devil”)
LA NOUVELLE D’HENRY JAMES
The turn of the screw (en français, Le tour d’écrou) est un roman d'Henry James, paru pour la première
fois en 1898. Il est constitué d’un prologue et 24 chapitres.
Cette œuvre courte est considérée comme une référence particulièrement réussie de la littérature
fantastique. Elle instaure une tension "du réel" et le lecteur oscille constamment entre une interprétation
rationnelle ou une interprétation surnaturelle des faits.
Pour créer cette tension, Henry James utilise la métaphore de la vis que l’on resserre. En anglais « Turn
the screw » signifie exercer une pression morale.
Ce roman fut largement salué lors de sa parution, autant par la critique que par des auteurs reconnus :
Oscar Wilde et, par la suite, Jorge Luis Borges - entre autres. Aujourd'hui encore, il ne cesse de nourrir la
réflexion de nombreux commentateurs du genre, Tzvetan Todorov en tête.
L’ADAPTATION
La librettiste Mifanwy Piper propose à Britten, le compositeur, de condenser l’ouvrage et de l’organiser en
deux actes de huit tableaux chacun qu’elle fait précéder d’un prologue. Elle invente les interventions de
Quint et de Miss Jessel, deux fantômes. Dans la nouvelle, James n’expose que le point de vue de la
Gouvernante et ne fait pas parler les fantômes de sorte qu’il laisse au lecteur le soin de juger si le
personnage central rencontre réellement les revenants ou s’ils sont le pur produit de son imagination.
Dans l’opéra, les enfants deviennent les personnages centraux.
Si certains commentateurs ont vu la matérialisation des deux fantômes comme une réduction de point de
vue par rapport au trouble constant existant dans la nouvelle, la musique apporte en elle-même une
dimension surnaturelle. Tout personnage chantant est en soi une représentation extrapolée, irréelle d’un
personnage. De plus, si les fantômes sont moins énigmatiques chez Britten que chez James, les autres
personnages le sont, en revanche, davantage. Il n’y a donc pas de perte de l’ambigüité mais plutôt des
transferts : transfert du trouble des fantômes vers celui des enfants qui perdent, chez Britten, l’innocence
que James leurs concède ; transfert de l’angoisse narrative vers une angoisse musicale. Benjamin Britten
ne dénature donc pas la nouvelle de James. Il renonce en toute logique à certains effets appartenant au
genre littéraire pour en créer d’autres qui appartiennent au genre de l’opéra.
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LA MISE EN SCENE
NOTE D’INTENTION D’OLIVIER BENEZECH, METTEUR EN SCENE
POUR UN TOUR D’ECROU ENCORE PLUS SERRE…
Benjamin Britten a découvert Le tour d’écrou d’Henry James en 1932. Il avait 18 ans, et fut alors
impressionné par l’aspect sinistre et effrayant de l’œuvre. Pendant 18 ans, la nouvelle de James
tourmente et fascine le compositeur, tout en le stimulant puisque l’Opéra qui en découle est l’un de ses
meilleurs ouvrages, doté d’une force subtile, sensuelle et angoissante. Cette inspiration n’est pas fortuite.
Britten a toujours été fasciné par le monde de l’enfance (dans son journal, il relate sa passion pour Hänsel
et Gretel), ou plutôt devrions-nous dire la perte de l’enfance, ou de ses rapports avec la marginalité (Peter
Grimes, Albert Herring, Mort à Venise).
Flora et Miles, les deux protagonistes enfants de la nouvelle de James, brisent le monde de l’enfance pour
entrer dans l’âge adulte. La petite fille entre brutalement dans le monde des adultes, à la fin, et c’est ce
qui la sauve. Le petit garçon, victime de pulsions plus violentes et incompatibles avec son âge, lui, en
meurt en tentant d’en sortir.
Naturellement aujourd’hui on aurait du mal à ne pas qualifier ces comportements de post freudiens. La
psychanalyse existait dans les années 1950 mais l’étude des comportements était moins libre
qu’aujourd’hui, surtout lorsqu’il est question de sexualité, permise ou non. C’est là où on touche à la force
inconsciente de l’œuvre : chez James, et a fortiori chez Britten, nous ne sommes pas en face d’un romanfeuilleton fantastique. Mais bien d’une véritable tragédie psychanalytique.
Flora et Miles sont des enfants qui grandissent, comme tous les enfants, avec de véritables sentiments. La
pudeur puritaine (n’oublions pas que James a écrit l’œuvre en pleine époque Victorienne) les empêche de
s’exprimer quant à leurs rapports avec leurs anciens précepteurs, - prédateurs ? Mais si les circonstances
les autorisaient à le faire, alors il n’y aurait plus de situation théâtrale, ou simplement deviendrait-elle
sordide. Et c’est là le génie de James : le secret des enfants est d’ordre mental, une configuration
mystérieuse de l’esprit, un détour caché de l’intelligence, un refuge inabordable de l’âme. Et si nous,
adultes, voulons le percer, nous resterons dans un domaine spéculatif puisque James ne dit rien !
Tout de même, il y a une nuance de taille. Chez James, les précepteurs, morts accidentellement,
n’apparaissent que comme des ombres, presque comme un fantasme. Chez Britten, ils sont de chair et de
sang, et l’écriture vocale confiée au rôle de Quint est dotée d’une véritable sensualité. Voilà qui renforce la
construction freudienne de l’œuvre : il y a quatre protagonistes, Flora et Miles, en face de Peter Quint et
Miss Jessel. Quant à la nouvelle Gouvernante qui arrive et qui tente de supplanter l’impact moral de ces
deux créatures sur l’esprit des enfants, elle n’a pas de nom… La présence physique de ces deux créatures
soutenue par l’impressionnante vocalité imaginée par le compositeur ne fait qu’ajouter à l’ambiguïté de
l’œuvre, sans pour autant la pousser vers un matérialisme de mauvais goût. Britten représente le sommet
de la pureté musicale, de la finesse de l’expression, de la théâtralité efficace, mais pas appuyée – à
l’opposé de l’outrance du genre « Opéra ».
La nouvelle de James n’a pas toujours produit les mêmes effets subtils. Plusieurs adaptations
cinématographiques, ultérieures à la création de l’Opéra en 1954, sont tombées dans le racolage, voire le
voyeurisme mélangé à un fantastique de pacotille. C’est le cas des Innocents en 1961 (avec Deborah Kerr
dans le rôle de la gouvernante), et du film de James Clayton en 1972, Le corrupteur, avec Marlon Brando
dans le rôle de Quint… En 1994 Rutsy Lemorande réalise un film à l’atmosphère sensuelle et inquiétante à
la fois. Ces films ont eu l’avantage de donner à l’œuvre de nouvelles vies, avec des lectures en accord
avec leur temps. Ainsi dans le film de Michael Winner en 1972, le personnage de Quint interprété par
Brando a le mérite de rapprocher l’univers de James de celui des années 70, avec un Peter Quint qui brise
les conventions, renverse les valeurs et devient un asocial typique de ces années de liberté des mœurs.
Ces métamorphoses de l’œuvre nous séduisent terriblement. Ainsi, loin de nous l’idée de maintenir l’opéra
de Britten dans l’univers puritain des années victoriennes, ou celui du puritanisme hypocrite des années
50. Nous verrons comment rendre perceptible ces troubles de l’esprit aux générations contemporaines,
capables d’être en règle avec elles-mêmes, mais souvent en apparence seulement.
L’univers british, affirmé, est indispensable à l’ambiance musicale de Britten. Son esthétique sera celle
d’un passé proche.
Quint et Jessel ne seront pas des spectres ridicules mais des jeunes gens identifiables aux personnages de
la saga Twillight. C’est-à-dire des esprits à l’apparence humaine et charnelle.
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LA SCENOGRAPHIE
ALAIN LAGARDE, SCENOGRAPHE
The turn of the screw comprend seize scènes qui se déroulent dans onze endroits différents. L’option du
réalisme intégral est donc exclue dans un choix de scénographie. Il faut ajouter à cela le fait que cette
production tourne dans des lieux avec des plateaux de scène très différents et le décor doit donc s’adapter
à chaque nouveau lieu.
La scénographie représente une grande pièce encadrée par deux épaisseurs de tulles. Un jeu de lumières
sur ces derniers permet de changer de lieu rapidement en symbolisant une tapisserie anglaise de
l’intérieur de la maison de Bly, les arbres de la forêt, les fenêtres de la maison vues de l’extérieur…
Le fait que les lieux ne soient pas concrètement définis ajoute une dimension supplémentaire au
fantastique.
LES PERSONNAGES ET LEUR VOIX
Le narrateur/Peter Quint : David Curry - ténor
La Gouvernante : Chantal Santon-Jeffery - soprano
Mrs Grose : Rachel Calloway – mezzo-soprano
Miss Jessel : Liisa Viinanen – mezzo-soprano
Miles : Clément Bayet/Mathieu Haering - soprano garçon
Flora : Agathe Becquart/Julie Dexter - soprano
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LE NARRATEUR/PETER QUINT : DAVID CURRY
Le narrateur est un personnage anonyme qui n’apparaît qu’au moment du prologue. Il
replace l’histoire dans son contexte et présente les personnages principaux.
Peter Quint est à l’origine des maux qui se produisent à Bly. Il
est un esprit mauvais qui vient hanter et/ou posséder le petit
Miles. Sa présence fantomatique est menaçante, il est aussi le
symbole vivant de tout un ensemble de peurs et de terreurs.
Peter Quint était, avant de décéder accidentellement, le valet
particulier du tuteur de Miles et Flora. Lorsque ce dernier quitte le domaine, il
confie à Peter Quint la responsabilité du lieu et des domestiques. Ambitieux,
Quint a de trop grandes prétentions et abuse de son pouvoir sur les autres
domestiques de la maison.
Peter Quint est un fin séducteur : il a eu une relation privilégiée avec la
malheureuse Miss Jessel (relation taboue due à leur différence de classe
sociale) et semble avoir passé beaucoup trop de temps, seul avec le petit
Miles. Peter Quint est décrit comme un bel homme mais lâche, il est séduisant
et effrayant en même temps. Fondamentalement, Peter Quint représente tout
ce qui peut effrayer la Gouvernante.
David Curry est ténor, c'est la voix la plus aiguë des voix d’hommes. Benjamin
Britten rompt avec la tradition de l’opéra en confiant le rôle du Malin, Peter Quint à un ténor. Cette
tessiture appartient traditionnellement aux jeunes premiers au caractère pur. La voix brillante de David
Curry interprète des mélismes aux couleurs séduisantes. Elle est souvent accompagnée par le timbre clair
du célesta.
LA GOUVERNANTE : CHANTAL SANTON-JEFFERY
La gouvernante est le personnage principal de l’opéra, son profil psychologique est
véritablement fascinant ; le spectateur n’est jamais tout à fait certain qu’elle soit digne de
confiance. Elle est décrite par le narrateur comme inexpérimentée et innocente. Elle a des
enfants qui lui sont chers et qu’elle a laissés chez elle pour aller s’occuper de Miles et Flora
à Bly. Elle est romantique, au moins au début, et c’est sans doute
ce qui contribue au fait qu’elle accepte le travail à Bly. Elle n’a
rencontré son employeur qu’une fois mais elle tombe sous son
charme et passe le reste de l'histoire à l’aimer secrètement.
Cependant, la personnalité de la Gouvernante est plus complexe. Il est possible
d’envisager deux points de vue différents de son caractère. La première en tant
qu’héroïne et la deuxième comme anti-héroïne aliénée.
L’héroïne : personnage raisonnable, elle est en pleine possession de ses
compétences intellectuelles et donc, toutes les choses surnaturelles ont réellement
lieu dans le monde réel. Cette vision de la Gouvernante la place dans le rôle de
l’héroïne traditionnelle et suppose qu'elle agit vraiment pour le bien des enfants ;
elle suppose également que les enfants sont aux prises des visiteurs
fantomatiques, et que Flora et Miles sont de petits menteurs. De ce point de vue,
nous voyons la Gouvernante comme une jeune femme obstinée, intelligente, noble
et courageuse qui est finalement une victime de Peter Quint et de Miss Jessel,
comme les deux enfants.
L’anti-héroïne : la lecture alternative la plus populaire du personnage de la Gouvernante est qu’elle est
complètement aliénée, et que l'activité surnaturelle est toute une manifestation d’elle-même, personnage
tourmenté qui refoule ses instincts. Le critique littéraire influent Edmund Wilson a proposé la première fois
cette perspective psychologique dans un essai en 1938 intitulé « l'ambiguïté de Henry James ». Dans
l'essai, Wilson présente soigneusement plusieurs exemples dans lesquels il voit des signes de symbolisme
freudien ; la Gouvernante se tient en dehors de ses névroses, la femme sexuellement réprimée, dont les
désirs cachés la conduisent à la folie.
Chantal Santon-Jeffery est une soprano, c'est-à-dire la voix la plus aiguë des voix de femmes. Elle permet
d’exprimer la jeunesse et l’innocence du personnage grâce à la légèreté de sa voix.
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MRS GROSE : RACHEL CALLOWAY
Mrs Grose est une domestique âgée, au service du tuteur depuis très
longtemps. Elle a connu Peter Quint et Miss Jessel. Elle a un caractère
lisse. Elle est gentille et affectueuse. Elle est profondément investie
auprès des enfants. Elle est simple et aimable. Elle est la confidente de
la Gouvernante et informe cette dernière de ce qui s’est passé à Bly
avant son arrivée. Mrs Grose ne prend jamais d’initiative.
Mrs Grose aide et encourage la Gouvernante, elle s'avère être une
alliée. La plupart de ses scènes sont des discussions aves la Gouvernante dans
lesquelles cette dernière obtient des informations de Mrs Grose sur le passé de Bly ou
lui confie ce qu'elle a vu. Il est également important de noter que Mrs Grose croit en la
naïveté des enfants.
Rachel Calloway est mezzo-soprano, c’est à dire la voix moyenne des voix de femmes.
Le rôle est initialement écrit pour une soprano aux graves puissants, ce qui explique
qu’il puisse être interprété par une mezzo-soprano. Le grave de sa voix accentue la
vieillesse du personnage.
MISS JESSEL : LIISA VIINANEN
Miss Jessel est l’ancienne gouvernante des enfants. Elle est
décédée et réapparaît en fantôme. Nous ne savons pas grandchose à son sujet. Elle est issue d'une bonne famille (elle était
une « dame ») et était très jolie. Elle a été la maîtresse de
Peter Quint, rapport complexe de par leur différence de classe.
Liisa Viinanen est mezzo-soprano, c’est à dire la voix moyenne
des voix de femmes. Le rôle est initialement écrit pour soprano.
Ses interventions vocales sont souvent accompagnées par les tessitures
graves des instruments ou par le gong.
MILES : CLEMENT BAYET/MATHIEU HAERING
Miles est un des enfants que la Gouvernante a à sa charge.
Pour un personnage aussi important que celui de Miles, il est
surprenant que nous sachions aussi peu de choses à son sujet, c’est sans doute ce qui le
rend si mystique et intéressant. De façon générale nous avons peu d’informations sur les
personnages de cet opéra et c’est sans doute ce qui crée le mystère.
Miles est en âge d’aller à l’école, il est très futé et probablement beau. Il est étrangement
intuitif et très précoce. Mais il peut aussi être mauvais : il est renvoyé de l’école et
provoque sa Gouvernante à la fin de l’acte I. La cause de l'expulsion de Miles est l'un des
mystères centraux de l’opéra.
Les derniers mots de Miles sont mystérieux « Peter Quint – espèce de démon ! ». Nous
ne savons pas si ces mots sont adressés à Peter Quint ou à la Gouvernante. Nous ne
savons pas non plus pourquoi Miles meurt et s’il est vraiment mort. Il est probable que
l'esprit de Quint le laisse en état de choc. Dans sa nouvelle, Henry James laisse aux
lecteurs le choix de l’interprétation. Ce que ces derniers peuvent imaginer est sans doute
plus effrayant et obsédant que ce qu'il aurait pu écrire.
Clément Bayet et Mathieu Haering ont des voix de soprano garçon. Leur voix n’a pas mué
et ils chantent à la même hauteur que les voix de femmes soprano. Leur voix se différencie de ces
dernières par une absence de vibrato qui donne une impression de fraicheur et de pureté. Il faut deux
garçons pour interpréter le rôle de Miles car la loi interdit aux enfants de travailler deux jours de suite.
15
FLORA : AGATHE BECQUART/JULIE DEXTER
Flora est un des deux enfants que la Gouvernante a à sa charge. Elle est plus jeune
que son frère. C’est une petite fille adorable. Les deux enfants sont souvent
comparés aux anges. Leur beauté et leurs qualités sont mises en avant. La
Gouvernante tombe sous le charme des enfants à l’instant même où elle les voit.
Peu d’informations sont données sur Flora. Elle semble juste présenter moins
d’intérêt aux yeux de la Gouvernante que son frère. Le charme de Miles lui permet
d'être pardonné à maintes reprises par Mrs Grose et la Gouvernante, tandis que Flora
est la première à être soupçonnée. La Gouvernante la laisse rapidement tomber
après l’incident du lac disant qu’elle ne peut plus rien faire pour elle alors que jusqu’à
la fin elle tentera de sauver Miles.
Agathe Becquart et Julie Dexter ont des voix de soprano enfant. Elles chantent à la
même hauteur que les voix de femmes soprano mais ont un ambitus, une étendue,
moins grande que les voix d’adultes.
Les croquis des costumes sont réalisés par Frédéric Olivier, costumier.
LA MUSIQUE
BENJAMIN BRITTEN, COMPOSITEUR BRITANNIQUE (1913-1976)
Edward Benjamin Britten est un compositeur, chef d'orchestre, altiste et pianiste britannique, né le 22
novembre 1913 à Lowestoft dans le Suffolk et mort le 4 décembre 1976 à Aldeburgh.
Il est souvent considéré comme le plus grand compositeur britannique depuis Henry Purcell.
À cinq ans, Benjamin Britten compose sa première pièce musicale. En 1924, il étudie l’alto et apprend la
composition. A quinze ans, il compose ses Quatre chansons françaises pour soprano et orchestre sur des
poèmes de Victor Hugo et de Verlaine. En 1929, à seize ans, il étudie, en obtenant une bourse, au Royal
College of Music de Londres. Ayant obtenu sa licence en 1932, il veut se rendre à Vienne pour étudier
avec Alban Berg mais la direction du College le déconseille à ses parents, en raison de l'influence
prétendument néfaste de ce compositeur moderne. Son premier ouvrage publié, la Simple Symphony est
un succès.
De 1935 à 1939, il est engagé comme compositeur et directeur musical par la Documentary Cinema
Company qui dépend de la Poste britannique. En 1936, il y fait la connaissance de W.H. Auden qui écrit le
scénario de Night Mail (1936), puis collabore avec lui notamment sur le cycle musical Our Hunting
Fathers. Pendant un voyage d'Auden aux États-Unis, en 1936, il rencontre le ténor Peter Pears, son futur
compagnon et partenaire qui aura une grande influence dans sa vie musicale et à qui il dédicacera
plusieurs œuvres tout au long de sa vie. La création de ses Variations sur un thème de Frank Bridge,
op. 10 en 1937 au Festival de Salzbourg marque son premier succès international et son entrée dans le
monde musical. En 1938, il compose la musique de scène de L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau et un
concerto pour piano.
Accompagné de Peter Pears, il s'exile aux États-Unis peu avant la Seconde Guerre mondiale, de 1939 à
1942. Il y compose différentes œuvres pour instruments et son premier opéra Peter Grimes, qui
deviendra l'opéra le plus populaire de la moitié du XXe siècle. Après 1942, il retourne au Royaume-Uni où
il bénéficie du statut d’objecteur de conscience.
Il crée l'English Opera Group en 1947 avec pour objectif de faire renaitre l'opéra anglais. En 1948, il crée
le festival d’Aldeburgh (Suffolk). Britten y invite ses amis, Mstislav Rostropovitch et Sviatoslav Richter
notamment. Il devient également ami de Dmitri Chostakovitch.
De nombreux enregistrements de concerts ont été édités par la BBC, avec Britten à la direction ou en
soliste (au piano plus souvent).
Il est anobli par la reine en 1973 (baron) et devient Lord of Aldenburgh. Il a été décoré de l'Ordre du
Mérite et de l'Ordre des compagnons d'honneur.
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THE TURN OF THE SCREW, OPERA DE BRITTEN
De la fascination à la composition
Avant qu'il n'en entreprenne la composition, entre février et septembre 1954, le sujet du Tour d'écrou de
Henry James hanta la jeunesse de Benjamin Britten, comme l'attestent son journal intime et la correspondance
de ses années de jeunesse, notamment en 1932 et 1933. Toutefois, il faudra vingt ans, avant que de cette
fascination n'émerge une des œuvres les plus accomplies, les plus denses et les plus terrifiantes que Britten ait
écrites. Tendu comme un arc prêt à se rompre, menaçant comme une tumeur, Le Tour d'écrou de Britten
renchérit, par le sortilège d'une organisation musicale impitoyable, sur la sulfureuse nouvelle de James.
L'attirance du jeune Britten qui fut d'abord celle du mystère et de l'effroi, s'est visiblement muée, au fil du
temps, en une sorte d'identification à l'œuvre tout entière, à ses composantes psychologiques incarnées par ses
différents personnages : au point qu'il serait bien difficile de dire si c'est sur le petit Miles, la Gouvernante ou
sur le terrible Quint, que cette identification s'est le plus cristallisée […].
Peu d'œuvres - surtout scéniques - ont à ce point joué avec l'indicible, qui peut par instant revêtir son atour
le plus sombre et inquiétant : l'innommable. Au critique musical Desmond Shawe-Taylor, un des rares amis
qu'il eût dans cette profession, Britten concéda : « Je pense que tu as raison à plus d'un titre en pensant que
ce sujet est le plus proche de moi de tous ceux que j'ai choisis (même si je n'aimerais pas dire ce qu'il révèle
de ma propre personnalité) ». Tout comme pour son pénultième opéra, Owen Wingrave, en 1969, lui aussi
inspiré d'une nouvelle de James, Britten va jouer sur le « prétexte » du fantastique pour laisser dans l'ombre
les explications et éclaircissements que le spectateur attend en vain : de l'attitude du tuteur londonien quasi
démissionnaire de sa responsabilité, aux révélations de la petite Flora à Mrs. Grose (« des choses que je n'ai
jamais soupçonnées », dit-elle à la Gouvernante), en passant par le motif du renvoi de son collège du petit
Miles (« an injury to his friends »), rien ne sera explicité, pas plus chez James, d'ailleurs, que chez Britten.
Quant aux rapports qui ont unis les « fantômes » aux deux enfants, ils ressortissent de la même obscurité : le
livret de Myfanwy Piper nous dit, par la bouche de Mrs. Grose, que l'ancien valet Quint « was free with every
one», ce qui peut aussi bien signifier qu'il était prodigue, trop familier ou véritablement inconvenant...
Moyennant quoi, nous ne saurons jamais en quoi a consisté la relation et l'influence de Quint sur le jeune Miles
[…].
Miles est le personnage auquel Britten a accordé, à l'évidence, le plus d'importance. Si l'on en
croit les témoignages recueillis par l'un de ses biographes britanniques, l'attirance, mi-paternelle miamoureuse que Britten éprouva pour le Miles de l’acteur David Hemmings, alors âgé d'environ douze
ans et avec lequel il avait déjà travaillé, pourrait être une amorce d'explication. Mais Miles n'en est
pas moins déjà le personnage central de la nouvelle de James.
Le tour de l'écrou musical
Britten et sa librettiste avaient d'abord projeté de donner à l'opéra un titre original. Myfanwy Piper lui
en soumis certains, mais Britten finit par lui écrire « Merci pour tes suggestions de titres (...) mais je dois
avouer que j'ai le sentiment horrible et sournois que le titre original de Henry James décrit exactement !!
la structure musicale de l’œuvre ». Ce constat d'évidence, le compositeur ne put en tout état de cause
le formuler qu'après avoir arrêté la structure définitive de l'opéra, telle que nous la connaissons
aujourd'hui : non plus une classique répartition en trois actes, mais deux actes, constitués chacun
d'une série de huit scènes de durée quasi égale, reliées par des interludes orchestraux. Ceux-ci sont
autant de variations (quinze au total) sur le motif de « l'écrou », exposé dès le Prologue, et qui
contient le total des douze sons de la gamme chromatique, répartis en une série de quartes ascendantes.
Les deux actes se trouvent donc disposés en miroir, à moins qu'il ne faille voir le second comme une
sorte de négatif photographique du premier.
L’autre gageure à laquelle Piper et Britten furent confrontés était celle du silence de Quint et de Miss
Jessel. Le mutisme des anciens domestiques, chez James, est un élément si troublant qu'il justifie
qu'on ait pu les considérer comme la simple projection des fantasmes de la Gouvernante. Une telle
interprétation - diablement séduisante au demeurant - se heurte, dans l'opéra, à la représentation
scénique réelle des personnages (qu'un metteur en scène peut évidemment gommer jusqu'à un certain
point) et surtout, leur présence vocale. Le choix de Britten se fixa vite : il fallait faire chanter les
fantômes, « et leur faire chanter des mots (non pas de jolis grognements ou des fredonnements anonymes
et surnaturels). » (M. Piper). A charge pour la librettiste de trouver ces mots, absents de la nouvelle.
Elle s'en tira avec talent en utilisant d'autres sources, comme, par exemple, les vers de W.B. Yeats :
« The ceremony of innocence is drowned (La cérémonie de l'innocence a sombré) qui sera la base de la
première scène du second acte «Colloque et Soliloque», entre les deux maléfiques. De la même manière,
certaines extrapolations de Myfanwy Piper conduisirent à des trouvailles d'une intense densité
émotionnelle, comme le chant « Malo » du petit Miles (Acte I, sc. 6 ; Acte II, sc. 4), repris
significativement à la fin de l'opéra par la Gouvernante, après la mort du garçon, comme si s'était dès
lors opéré l'ultime transfert de la possession.
17
D'un autre côté, donner la parole à ces revenants, c'était courir le risque de tomber dans le ridicule d'un
effroi de pacotille ou au contraire de leur en faire dire trop peu. En choisissant plutôt cette seconde
solution le compositeur et sa librettiste surent préserver cette ambiguïté qui fait sans conteste tout le sel
de l'œuvre, en même temps qu'elle nous permet de cerner de plus près l'indécision, si ce ne sont les
atermoiements, de Britten lui-même, quant à la « signification » de son œuvre «Ni Britten ni moi,
précise M. Piper, n'avons jamais cherché à interpréter l'œuvre [de James], mais seulement à la recréer
pour un autre medium […] Le Tour d'écrou s'édifie sur une vision du mal, sans jamais statuer sur le
genre de mal dont il s'agit. »
Ce qui est singulier à ce titre c'est, comme l'a justement souligné Jacques Lonchampt, que « Sombres,
terrifiants, dans leurs scènes avec la Gouvernante, [les fantômes] parlent aux enfants une langue
merveilleuse, promesse de bonheurs inconnus, en d'admirables vocalises presque montéverdiennes. » Les
mélismes intemporels de Quint ont, de fait, un pouvoir envoûtant, propres à nous leurrer sur ce
pouvoir de possession, à le rendre quasi inoffensif - en apparence tout du moins. A cela s'oppose le
style de la gouvernante qui, musicalement, s'apparente plutôt à une sorte de lyrisme vériste,
tandis que les enfants cultivent des lignes plus simples et modales, à la manière des Carols de Noël, ou
de mélodies populaires d'ailleurs intégrées, comme « Tom, Tom, the Piper's Son » et « Lavender's Blue ».
C'est de cette diversité harmonique que Britten parvient à obtenir la diversité des registres qui se
fondent paradoxalement dans un tissu unique.
Ecrit par Xavier de Gaulle et extrait du livret du CD de The turn of the screw chez Virgin classics.
L’ORCHESTRE DE CHAMBRE
L’ORCHESTRE-ATELIER OSTINATO, DIRECTION JEAN-LUC TINGAUD
L’Orchestre-Atelier OstinatO est un orchestre de chambre, formation de type Mozart, composé de jeunes
musiciens professionnels de haut niveau. Créé en 1997 à l’initiative de Manuel Rosenthal, son originalité
consiste à apporter à ses jeunes instrumentistes un apprentissage spécifique du métier de musicien
d’orchestre coordonné par le directeur musical Jean-Luc Tingaud et dispensé par une équipe pédagogique
constituée de solistes de grands orchestres permanents. Les musiciens sont admis sur audition pendant
deux saisons.
L’orchestre de The turn of the screw est composé de 13 musiciens et 28 instruments.
LES INSTRUMENTS A VENT
Une flûtiste qui joue de la flûte traversière, piccolo et alto.
La flûte traversière est un instrument à vent de la famille des ⇒
bois ayant la forme d'un tube allongé, le son est produit par
l’impact du souffle sur une embouchure latérale. C’est le plus agile
des instruments à vent et le plus souple de l’orchestre, avec des nuances d’articulations raffinées et de
nombreux effets sonores. Elle possède beaucoup de charme et de pureté dans les graves, devient
lumineuse dans le médium et l’aigu et sifflante dans le suraigu.
La flûte piccolo est aussi appelée "petite flûte", c’est le plus petit instrument de la famille des flûtes. Il
fait la moitié de la taille de la grande flûte et n'est constitué que de deux sections : la tête et le corps. Le
piccolo est le plus aigu des instruments de l'orchestre : il sonne à l'octave supérieure de la
grande flûte. Il est capable de dominer tout un orchestre, sa sonorité perçante,
voire stridente a surtout été utilisée par les symphonistes pour éclaircir les tutti
d'orchestre. ⇒
La flûte alto ressemble beaucoup à la flûte traversière, mais elle est plus longue et sonne une quarte
juste en dessous. Essentiellement utilisée dans des
ensembles de flûtes et en musique contemporaine, elle
apparaît parfois dans l'orchestre. ⇒
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Un hautboïste qui joue du hautbois et du cor anglais.
⇐ Le hautbois est un instrument à vent de la famille des bois, à tuyau de perce conique
à anche double. Sa sonorité est homogène sur toute son étendue, mais son ampleur
s’accroît dans le grave, puissant et d’une indéniable somptuosité. Il est par excellence un
instrument chanteur, doué d’une grande éloquence expressive.
Le cor anglais est un instrument de musique à vent de la famille des bois, à anche
double et de perce conique. C'est un hautbois, mais il est en fa, à la quinte juste
inférieure (alto de la famille). Comme le hautbois d'amour, son pavillon est piriforme (en
forme de poire) et son anche est reliée au corps du haut par un tube conique et courbe
appelé « bocal ». ⇒
Un clarinettiste qui joue de la clarinette en si bémol et basse.
⇐ La clarinette en si bémol est un instrument à vent de la famille des bois, à perce
cylindrique. Il se compose d'un bec - l'embouchure - sur lequel est fixée une anche
simple, d'un tuyau percé de vingt-quatre trous et muni de clefs destinées à les boucher,
ainsi que d'un pavillon peu ouvert. Instrument transpositeur, la clarinette, dont l'étendue
se divise ordinairement en cinq registres, existe en neuf tailles différentes. Son principe
acoustique original et la perfection de son mécanisme, lui confèrent une grande variété
de timbres et de couleurs expressives. C’est un instrument virtuose qui domine aisément
trilles, arpèges et autres traits de vélocité.
La clarinette basse est une clarinette sonnant exactement à l'octave inférieure de la
clarinette soprano en si bémol. Elle en possède les mêmes caractéristiques de registre :
le chalumeau (grave), timbré, chaud et fluide; le second registre (medium), un peu
sourd; le clairon (aigu), registre très chantant; le dernier registre (suraigu), assez criard
et angoissé. ⇒
Le bassoniste qui joue du basson.
⇐ Le basson est un instrument de musique à vent, en bois, à anche double, formant dans
l'orchestre la basse des bois. Dans le grave, il a une sonorité puissante d’une belle
plénitude; le médium, moins timbré, est accessible à toutes les nuances. Il possède une
belle homogénéité sur toute son étendue ainsi qu’une certaine éloquence et virtuosité, et
est capable d’une surprenante agilité.
Le corniste qui joue du cor .
Le cor est un instrument de musique à vent en métal, contourné en
spirale et terminé par une partie évasée. Sa sonorité peut-être
colorée de toutes les manières selon qu’il joue ouvert (sons
naturels), bouché (avec la main dans le pavillon), en sons cuivrés
avec une sourdine. ⇒
ou
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LES INSTRUMENTS A CORDES FROTTEES
Un violoniste qui joue la partie de premier violon.
Un violoniste qui joue la partie de second violon.
Le violon est un instrument de musique à cordes frottées par un archet, il se place entre la clavicule et le
menton. Il a acquis sa forme actuelle au cours du 17e siècle. Il est composé de plus de 80 éléments, dont
la table d’harmonie, la touche, les éclisses, le manche, le sillet, la volute, l’âme …
La main gauche, sur le manche, assure la justesse de l’intonation et la vélocité. Dans la main droite, qui
tient l’archet, réside l’intelligence du phrasé et la variété de l’expression.
Le violon est un instrument soliste incomparable et l’indispensable participant à la
musique de chambre et d’orchestre. Il possède une infinie diversité de nuances et
d’effets. Le premier et second violon jouent des parties différentes.
⇐
Un altiste qui joue de l’alto.
⇐ L’alto est un instrument à cordes frottées par un archet, il est de même facture
que le violon, de taille (longueur et épaisseur) légèrement supérieure. L’alto se
caractérise par ses sonorités mœlleuses, un mordant particulier de ses cordes
graves, l’accent "tristement passionné" de ses aigus et son timbre
mélancoliquement expressif. La technique est à peu près la même que celle du
violon. L'alto fait partie du quatuor à cordes, son répertoire soliste est encore
restreint.
Un violoncelliste qui joue du violoncelle.
Le violoncelle est un instrument de musique à cordes frottées par un archet, il
est apparu dans la seconde moitié du XVIe siècle. Il se tient entre les genoux et
repose sur une pique rétractable.
Son ancêtre est la basse de viole. On considère qu’il est l’instrument dont le
timbre se rapproche le plus de celui de la voix humaine. Il sonne avec plénitude et
exprime avec réussite l’éclat aussi bien que la douceur ou le velouté. ⇒
Un contrebassiste qui joue de la contrebasse.
⇐ La contrebasse est un instrument de musique à cordes frottées par un archet. La
contrebasse est le plus grave et le plus volumineux instrument du quintette à cordes.
Elle se joue debout ou assis sur une chaise haute. Ses quatre (ou cinq) cordes sont
accordées du grave à l'aigu à la quarte. La technique de la contrebasse est
sensiblement comparable à celle du violoncelle. Mozart et Beethoven ont été les
premiers à noter une partition spécifique pour la contrebasse qui, jusqu'alors, ne faisait
que doubler le violoncelle à l'octave inférieure. Ses ancêtres sont le violone et la viole
de gambe. Il existe plusieurs tailles de contrebasse, permettant ainsi d’en débuter
l’apprentissage dès sept ans. Elle est remarquable par la netteté de son timbre et sa
sonorité puissante. Elle est aussi très présente dans le jazz où elle assure le tempo de
sa voix sombre et ferme.
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LES INSTRUMENTS A CORDES PINCEES
Une harpiste qui joue de la harpe.
La harpe à pédales, ou harpe classique, est celle que l'on utilise dans les
orchestres symphoniques et dans les formations de musique de chambre
dites classiques. Elle est la plus sophistiquée des harpes. Elle possède de 42
cordes (pour les harpes d'étude) à 47 cordes (pour les harpes de concert), ce
qui lui donne une tessiture de six octaves. Ces cordes sont principalement en
boyau, à l'exception des cordes les plus graves. Certaines cordes sont
colorées pour permettre de repérer les notes principales : les do sont rouges
et les fa sont noirs ou bleus. Les autres cordes sont incolores. La harpe est un
triangle muni de cordes tendues de longueurs variables. C'est un instrument
asymétrique, contrairement à la lyre dont les cordes sont tendues entre deux
montants parallèles. ⇒
LES INSTRUMENTS A CORDES FRAPPEES
Un pianiste qui joue du piano et du célesta.
⇐ Le piano est un instrument de musique polyphonique à clavier et à
cordes frappées, il est donc classé parmi les percussions et les cordes. Le
son est produit par les cordes, tendues sur un cadre rigide, au-dessus de la
table d'harmonie. Elles sont frappées par des marteaux, couverts de feutre,
actionnés par l'enfoncement des touches du clavier. La vibration des cordes
est stoppée par un étouffoir lorsque la touche du clavier est relâchée. Un
dispositif mécanique, appelé « échappement », permet à la corde de vibrer
librement, puis au cours de son évolution, une répétition plus rapide de la
note.
Le célesta est un instrument de musique de la famille des percussions,
muni d'un clavier. Inventé en 1886, c’est un hybride entre le glockenspiel et le piano, les marteaux
actionnés par les touches du clavier frappant des lames métalliques. Également utilisé en musique de
chambre, il n'existe que très peu de concertos écrits pour lui. Il sert le plus
souvent à donner de l'effet dans les pièces orchestrales, pour traduire une
ambiance. Le son obtenu, quoique pauvre en harmoniques, est d'une très
grande pureté qui n'est pas sans rappeler les boîtes à musique. Dans
l'orchestre, c'est un des instruments les plus aigus. Il monte jusqu'au contre
ut du piccolo, et dans la douceur, alors que le flûtiste ne peut donner cette
note extrême que fortissimo. Ses notes graves sont peu sonores et rappellent
un peu le son de la cloche. Par contre, dès le médium et jusqu'à l'aigu, le
célesta sonne aussi pur et cristallin qu'il est possible. Il est donc souvent
utilisé pour des effets féeriques, merveilleux et célestes. ⇒
21
LES INSTRUMENTS A PERCUSSIONS
Le percussionniste joue différents instruments à percussion.
⇐ La timbale est un instrument de musique à percussion constitué par
une caisse métallique ayant généralement la forme d'un cylindre court à
fond hémisphérique sur lequel est tendue une membrane accordable
qu'on met en vibration avec des baguettes. Les timbales se jouent
généralement par paires (grande et petite timbale). On en utilise parfois
trois ou quatre de grandeurs différentes afin de dépasser quelque peu
l'étendue d'une octave, elles sont jouées par un timbalier.
Le glockenspiel est un instrument de musique à percussion de la famille
des idiophones, composé de lames de métal mises en vibration à l'aide d'un
maillet ou d'un clavier. Le mot allemand glockenspiel signifie carillon
(signifiant littéralement : "jeu de cloches") — cet instrument étant à l'origine
composé de clochettes. Le glockenspiel est construit comme un xylophone,
mais l'utilisation de lames métalliques lui donne une sonorité claire rappelant
celle d'un carillon. Le musicien les frappe à l'aide de maillets ou de
baguettes, en bois ou en caoutchouc, selon la sonorité recherchée. Le jeu de
lames permet de couvrir deux à trois octaves de la gamme chromatique. Son
registre aigu et son timbre brillant font qu'il reste perceptible au milieu d'un
orchestre symphonique. ⇒
⇐ Le tambour est un instrument de musique à percussion constitué d'un fût sur
lequel sont tendues une ou plusieurs peaux, frappées à l'aide des doigts ou de
baguettes prévues à cet effet. La vibration ainsi obtenue est amplifiée par le fût qui
fait office de caisse de résonance, parfois modifiée par un timbre en acier ou en
boyau naturel ou synthétique.
Le gong est un instrument de musique à percussion en
métal. Il ne faut pas le confondre avec les tam-tams, ce dernier a une hauteur
indéfinie alors que le gong est accordé. Le terme vient du malais et du javanais
mais est très répandu à travers l'Asie. L'instrument en lui-même provient
vraisemblablement des percussions en bronze de Chine et des cymbales d'Asie
centrale. ⇒
⇐ Le tom-tom
Un tom est l'élément d'une batterie. On en trouve généralement trois mais on peut en
rajouter tant que l'on veut. Il est constitué de multiples couches de bois collés les unes
sur les autres. Il en existe de diverses qualités car ils peuvent être réalisés avec des
essences de bois différentes. Il existe différents types d'attache, la plus répandue étant
un tube rentrant sur le côté du tom. On peut trouver aussi des suspensions qui se fixent
sur le cercle tenant la peau. En général utilisés pour enchaîner deux rythmes ou appuyer
des passages rythmés.
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Les cymbales sont des instruments de musique de la famille des percussions idiophones, consistant en
un disque de métal. Il est confectionné selon différents procédés. Sa forme
générale est précisée par un tournage en machine. Cela lui donne une forme
circulaire quasi parfaite. Sur certains modèles, une finition à la main est exécutée
au marteau, en donnant des petits coups sur la face supérieure de la cymbale. Ces
coups donnent un autre son à l'instrument, et confèrent un caractère propre à
chaque cymbale. ⇒
⇐ Le triangle est un instrument de musique à percussion fait d'une tige métallique pliée
en forme de triangle, mais dont les extrémités ne se touchent pas. Il est mis en vibration
au moyen d'une baguette également métallique et produit une sonorité cristalline.
Les cloches tubulaires ou cloches d'orchestre est un instrument de musique idiophone de la famille des
percussions. Il est constitué d'une série de cloches. Chaque cloche est un tube
métallique habituellement fait de laiton, dont le diamètre varie entre un pouce
un quart et un pouce et demie, et s'accorde en modifiant sa longueur. Les
carillons tubulaires sont habituellement regroupés en une série chromatique
d'une octave et demie. Les cloches sont habituellement frappées par un marteau
à tête de plastique ou de cuir vert. On peut aussi employer divers types de
matériaux allant de la mailloche aux baguettes de timbales, en bois, en peau ou
en mousse. Les cloches sont frappées dans leur partie haute. Elles ont été
inventées dans un but pratique pour reproduire au sein d'un orchestre
symphonique le son de cloches d'église tout en contournant le problème posé
par l'encombrement de telles cloches qui sont extrêmement lourdes : le
percussionniste dispose ici d'un unique instrument d'environ deux mètres de
hauteur et un mètre de largeur, avec lequel il peut jouer 17 notes (pour un jeu
standard de cloches tubulaires). Elles sont utilisées dans des œuvres
symphoniques mais également dans la musique populaire. ⇒
⇐ Le wood bock est un instrument de musique de percussion composé d'un
morceau de bois creux sur lequel on tape avec un morceau de bois plein. Il en
existe de différentes tailles.
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GUIDE D’ECOUTE
REALISE PAR SEBASTIEN BOUVIER, ENSEIGNANT DETACHE AUPRES DE L’OPERA DE LILLE
L’organisation de l’opéra traduit musicalement la métaphore du serrage progressif de la vis. L’œuvre est
centrée entièrement autour de la note La. Dans l’acte I, les pôles tonaux des scènes et variations
progressent par degrés conjoints, suivant l’ordre des touches blanches du piano jusqu’à atteindre La
bémol, pôle qui clôt l’acte I et ouvre l’acte II – tonalité associées à Quint. Dans l’acte II, le mouvement
s’inverse et chaque scène est enchaînée à la suivante par degrés descendants alternant tons et demi-tons
jusqu’au retour au La, tonalité liée à La Gouvernante.
L’architecture musicale de l’opéra est extrêmement élaborée du point de vue thématique : l’ensemble de
l’œuvre est soutenu par un thème qui sera modifié à travers quinze variations instrumentales. Ces
variations serviront de transition entre les différentes scènes :
ACTE I
Prologue
Thème de l’écrou
Variation I
Variation II
Variation III
Variation IV
Variation V
Variation VI
Variation VII
ACTE II
Variation VIII
La mineur
Si majeur
Ut majeur
Ré majeur
Mi majeur
Fa majeur
Sol majeur
La bémol majeur
Sc. 1
Sc. 2
5c. 3
Sc. 4
Sc. 5
Sc. 6
Sc. 7
Sc. 8
La bémol majeur
Variation
Variation
Variation
Variation
Variation
Variation
Variation
Fa dièse majeur
Fa majeur
Mi bémol mineur
Mi majeur
Ut majeur
Si bémol majeur
La majeur
Sc. 1 « Colloque et soliloque » (modulant vers Sol bémol
mineur)
Sc. 2 « Les cloches » (modulant vers Fa dièse mineur)
Sc. 3 « Miss Jessel » (modulant vers Fa mineur)
Sc. 4 « La chambre »
Sc. 5 « Quint »
Sc. 6 « Le piano »
Sc. 7 « Flora »
Sc. 8 « Miles » (modulant vers La bémol majeur)
24
IX
X
XI
XII
XIII
XIV
XV
«
«
«
«
«
«
«
«
Le voyage »
L'accueil »
La lettre »
La tour » (modulant vers Sol mineur)
La fenêtre » (modulant vers Mi mineur)
La leçon » (modulant vers Fa mineur)
Le lac »
La nuit »
EXTRAIT 1
Thème principal, Acte I, fin du prologue.
Le thème principal de l’opéra apparaît dès la fin du prologue :
> Réduction pour piano du thème principal.
Ce thème est constitué d’une série de douze notes (série dodécaphonique) :
- la, ré, si, mi, do#, fa#, ré#, sol#, fa, sib, sol, do (notes entourées) :
Ce thème possède plusieurs caractéristiques :
- il est constitué d’une série d’intervalles de quartes et de quintes qui représentent le serrage progressif
de la vis :
25
- il est constitué des douze notes de la gamme chromatique :
- Lorsqu’il est joué, le thème est souligné par l’ajout successif de certains instruments qui doublent le
piano et créent une résonance de chaque note (timbales, cor, contrebasses, basson, clarinette,
violoncelle, altos, violon II, hautbois, flûte traversière, violon I).
On remarquera qu’à la dernière mesure du thème, on entendra les douze notes jouées ensemble,
constituant ce que l’on appelle un cluster.
Avec les élèves :
- Ecoutez plusieurs fois le thème de cette œuvre.
- Expliquez ce qu’est un thème (c’est le matériel de départ du compositeur, il est constitué d’une série de
notes). Citez des thèmes connus, chantez ces thèmes.
- A l’aide de la fiche de l’orchestre nommez les différents instruments.
- Ecoutez à nouveau le thème et repérez quelques instruments qui jouent. Précisez la notion d’orchestre
symphonique et remarquez l’importance des percussions et l’ajout du piano dans cette œuvre.
EXTRAIT 2
Variation IV, Acte I, Scène 5.
Le compositeur se livre à une série de variations sur le thème qui en modifient l’organisation et le
caractère. Dans la variation IV qui se situe à la fin de la scène de La Tour, c’est sous forme de parodie de
marche militaire que le thème est présenté ; on distingue clairement la pulsation binaire de la mesure à
quatre temps, le rythme caractéristique de la marche joué par la caisse claire et les cordes en pizzicato et
la basse irrégulière jouée par le piano et la contrebasse qui rappelle le thème de l’écrou.
26
Avec les élèves :
- Quel est le caractère de cet extrait ?
- Quels sont les instruments que l’on peut entendre ? (caisse claire, cordes, piano, contrebasse).
- Essayez de reproduire le rythme joué par la caisse claire.
- Ecoutez d’autre marches que vous pouvez comparer à cet extrait (par exemple La Marche pour la
cérémonie des Turcs dans le Bourgeois Gentilhomme de Lully ou encore La Marche militaire op. 53 n°1, D.
733 de Schubert).
EXTRAIT 3
Variation IX, Acte II, Scène 2.
Le caractère de la neuvième variation est étrange et angoissant. Sur les trilles du piano et les accords en
crescendo et decrescendo de l’orchestre, les cloches énoncent le thème de l’écrou dont on peut distinguer
les intervalles de quarte. La tension est croissante lorsque les accents de plus en plus rapprochés de
l’ensemble instrumental sont joués dans une nuance forte.
Avec les élèves :
- Quels sont les instruments de l’orchestre que l’on peut distinguer ici ? (flûte, clarinette, basson, cor,
cloches, piano, les cordes).
- Qui joue le thème ? (Les cloches).
- Effectuez une recherche à propos des percussions en essayant de classer celles-ci (avec un clavier, avec
une peau, etc.). Décrivez précisément les cloches tubulaires employées ici (voir la fiche des instruments).
Extrait 4
The Journey, Acte I, Scène 1.
Il s’agit ici de la première apparition de la Gouvernante qui permet à l’auditeur de découvrir la
personnalité du personnage ainsi que le sentiment qu’elle éprouve à l’approche de Bly.
Un mouvement rapide et continu des timbales, rappelant le thème de l’écrou, symbolise de façon sonore
le voyage de la Gouvernante. La gravité du timbre, les accents irréguliers, le va-et-vient ascendant et
descendant, figurent les soubressauts de l’attelage et le tourment intérieur de la Gouvernante. Au milieu
de l’air, l’accompagnement instrumental se calme et le chant devient lyrique. Puis les timbales
reprennent.
Avec les élèves :
- Quel sont les instruments principaux que l’on peut distinguer ? (timbales)
- Que symbolisent-t-elles ? (le rythme cardiaque de la Gouvernante, le paysage qui défile …)
- Quelle est la tessiture de la Gouvernante ? (soprano)
- Pourquoi Britten a-t-il choisi cette tessiture pour le personnage ? (jeunesse, innocence, beauté…)
- Quel sentiment exprime-t-elle ? (l’angoisse, la peur, le doute)
Extrait 5
La nuit, Acte 1, scène 8
C’est la première apparition vocale de Peter Quint. Il appelle Miles. Arabesques, vocalises, mélismes et
courbes sont les nombreux artifices déployés par Quint pour attirer Miles, le tout accompagnés par le
célesta. Le jeune garçon ne résiste pas au fantôme et lui indique sa présence par une phrase
descendante.
Avec les élèves :
- Quel instrument accompagne la voix de Quint, quelle est la couleur de son timbre ? (le célesta/clair,
pure)
- Pourquoi Britten a-t-il choisi cet instrument pour identifier le personnage de Quint ? (Le personnage de
Quint est séducteur)
- Quelle est la tessiture de Peter Quint ? (ténor)
- Pourquoi Britten a-t-il choisi cette tessiture pour le personnage ? (beauté, charme…)
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Découvrir une partition d’orchestre :
Le travail du chef d’orchestre consiste à préparer les répétitions avec l’ensemble des musiciens. Il effectue
un travail préparatoire en étudiant la partition, qu’il analyse afin d’en dégager la structure, les éléments
musicaux constitutifs. Il se représente également les gestes de direction. L’image ci-dessous présente
quelques éléments d’une partition que le chef d’orchestre devra assimiler. On notera que sa lecture et son
écoute devront être à la fois verticale (la mélodie) et horizontale (l’harmonie) :
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LA PRODUCTION
LES METIERS ARTISTIQUES
Le chef d’orchestre : Jean-Luc Tingaud
Lors des premières répétitions, il fait travailler séparément l'orchestre et les chanteurs (ces
derniers sont accompagnés par le chef de chant) en leurs donnant toutes les indications
musicales nécessaires (tempo, nuances, phrasés…). Ce n'est que quelques jours avant la
première représentation que les musiciens répètent avec les chanteurs. Il est le lien entre
tous les artistes et les dirige le jour de la représentation. Il travaille en collaboration avec le
metteur en scène afin de synchroniser la partie scénique et la partie musicale.
Jean-Luc Tingaud est directeur musical de l’Orchestre-Atelier OstinatO. Il a toujours eu
une prédilection pour l’opéra qu’il dirige partout dans le monde. Entre 2002 et 2007, il a
été chef associé à l’Opéra Comique. En 2004 il a fait ses débuts à Londres au Barbican à la tête du English
Chamber Orchestra. Ses prochains engagements comportent des concerts avec les orchestres
Philharmoniques de Varsovie et Cracovie, l’Orchestre National des Pays de la Loire, et ses débuts en
Amérique où il dirigera Carmen.
Les musiciens : l’Orchestre-atelier OstinatO
C’est un orchestre de chambre, de formation type Mozart, composé de jeunes musiciens professionnels de
haut niveau.
Pendant la création de l’opéra à Arras, l’orchestre répète à Paris. Ils arrivent pour répéter avec les
chanteurs une semaine avant la première représentation.
Le chef de chant - pianiste : Elisabeth Brusselle
Le chef de chant accompagne les chanteurs en jouant la partition réduite de l’orchestre au piano pendant
la durée de création de l’opéra à Arras jusqu’à l’arrivée de l’orchestre. Le chef de chant remplace le chef
d’orchestre lorsque celui-ci est absent. Il aide les chanteurs à répéter vocalement leur rôle.
Le chef de chœur des enfants : Pascale Diéval
Elle prépare les enfants vocalement avant les répétitions. Pendant la résidence de création, elle
accompagne les enfants en les échauffant vocalement avant les répétitions et reprend avec eux ce qui
n’est pas au point et qui ne convient pas au chef d’orchestre.
Le metteur en scène : Olivier Bénézech
Il traduit scéniquement les idées du livret et de la musique. Il travaille en lien avec le
costumier, le scénographe et l’éclairagiste afin de créer une homogénéité sur la scène. Il
existe un lien important avec le chef d’orchestre car il est nécessaire que les déplacements
sur scène correspondent à la durée de la musique.
Olivier Bénézech est diplômé de l’Ecole Supérieur des Arts et Techniques du Théâtre de
Paris et de l’institut d’Etudes théâtrales de la Sorbonne. Il met en scène de nombreux
opéras et comédies musicales tels qu’Un violon sur le toit, The Cradle will Rock ou Les
mamelles de Tiresias.
L’assistant du metteur en scène/topeur : Sébastien Fèvre
Il seconde le metteur en scène, prend des notes sur la mise en scène qui s’écrit au fur et à mesure des
répétitions, fait le lien entre le metteur en scène et les artistes...
En tant que topeur, il a la responsabilité de donner tous les départs du spectacle : entrée sur scène des
artistes, changements de lumières, de décors….
Le costumier : Frédéric Olivier
Il est chargé d’imaginer et de suivre la confection des costumes de tous les artistes. Il travaille en lien
avec le metteur en scène et le scénographe.
Le costume aide l’artiste à investir son personnage. Il faut également que les chanteurs se sentent
suffisamment à l’aise pour bouger et respirer. Une fois les croquis des costumes réalisés, le costumier
gère la confection. Durant les répétitions et le jour de la représentation, le costumier est aidé par les
habilleuses (voir l’équipe technique ci-dessous).
Le maquillage et la coiffure apportent la dernière touche à la création du personnage.
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Le scénographe : Alain Lagarde
Il est chargé de créer le décor du spectacle. Il construit une maquette avant d’envoyer les plans à l’atelier
de construction. Grâce à la maquette, les chanteurs visualisent l’espace dans lequel ils évolueront.
L’éclairagiste : Xavier Lauwers
Il crée les ambiances de lumière du spectacle (un plan de feu) et les inscrits sur la conduite lumière, c’est
un document sur lequel apparaissent la position et la couleur de chaque projecteur, ainsi que les moments
où ils sont utiles.
La lumière a un rôle très important, elle fait partie du décor et participe à la création des différentes
ambiances.
La créatrice maquillage : Elisabeth Delesalle
Elle travaille avec le costumier et le metteur en scène afin de créer un maquillage spécifique à chaque
rôle. Par le maquillage, elle accentue le caractère des personnages. Un maquillage de scène n’est pas
identique à un maquillage de ville, il faut qu’il puisse être vu de loin.
LES METIERS TECHNIQUES
Le directeur technique : Eric Tartinville
Il est le chef d’orchestre de la production. Il est le lien entre l’équipe artistique (chanteurs, metteur en
scène, chef d’orchestre…) et l’équipe technique (machinistes, habilleuses, …). Il se charge d’organiser la
tournée de l’opéra (déplacement du décor, planning des techniciens, …) et de son bon déroulement dans
les lieux (installation du décor, gestion du temps, …). Pendant la représentation, il gère ce qui se passe en
coulisses : changement de décors, gestion du temps de maquillage et habillage, entrée des artistes sur
scène, top départ pour l’ouverture des rideaux et la lumière, démontage du décor…
L’attachée de production : Zoé Gadenne
Elle gère le quotidien des chanteurs (voyages, repas,…). Elle met en place la feuille de route afin que le
personnel de la production sache quand il doit arriver, quand il travaille, ses temps de récupération… elle
organise également avec les lieux d’accueil le catering (petit encas pour les chanteurs).
Le régisseur lumière : François Pavot
Il travaille sous la direction du directeur technique et pendant la création de l’opéra avec le créateur
lumière. Avant les répétitions, il est chargé de gérer l’installation des lumières sur le plateau selon le plan
de feu. Pendant le déroulement de l’opéra, il dirige la console, sorte d’ordinateur qui permet d’effectuer
les changements de lumières.
Le régisseur plateau : Slimane Khelif
Il travaille sous la direction du directeur technique et pendant la création de l’opéra avec le scénographe.
Avant les répétitions, il est chargé d’installer le décor et de l’entretenir. Il gère tout ce qui a un rapport
avec le plateau.
La chef costumes : Bernadette Kozak
Elle travaille sous la direction du costumier. Pendant la création de l’opéra, elle aide le costumier à la
finalisation de la conception des costumes. Durant la tournée et les représentations, elle est chargée des
retouches et de l'entretien des costumes.
La maquilleuse : Mathilde Dhordain
Elle travaille sous la direction de la créatrice maquillage. Elle l’assiste durant les séances de maquillage
précèdent la représentation de l’opéra, il faut pouvoir reproduire à l’identique le maquillage à chaque
nouvelle représentation.
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LES METIERS ADMINISTRATIFS
Le directeur : Patrick Bève
Il assure la responsabilité artistique et la conduite politique de la Clef des Chants.
Il est le producteur du spectacle. Il finance le projet artistique et choisit la programmation. Il définit les
équipes artistiques, techniques et administratives et les supervise. Il auditionne les chanteurs.
L’assistante de direction : Brigitte Roux
Elle assiste le directeur dans ses fonctions.
L’administrateur : Christophe Fourneau
Il gère le budget global de la production.
Il réalise les contrats de l’ensemble du personnel et les conventions avec les partenaires.
Il fait les factures de vente du spectacle.
Le comptable : Arnaud Villez
Il assiste l’administrateur.
Il travaille en lien avec l’attaché de production sur le suivi des remboursements des défraiements.
Il fait les paies de l’ensemble du personnel.
Il s’assure de l’encaissement des recettes.
Le chargé de communication-presse : Franck Blanchard
Il est le lien entre la production et les médias.
Il travaille avec un graphiste à la réalisation des documents de communication (plaquette, flys, affiches,
programmes…) et à leur diffusion.
La chargée de diffusion : Marie Meyran
Elle est chargée de vendre les spectacles et assure le lien avec les lieux qui l’achètent.
La chargée de mission pédagogique : Marie-Astrid Stock
Elle est en charge de l’action culturelle et éducative.
La Clef des Chants
Association régionale de décentralisation lyrique
Région Nord Pas de Calais/Direction Patrick Bève
La Clef des Chants offre un nouveau type de rapport à l’art lyrique pour lui donner droit de cité auprès
d’un large public parfois éloigné des Maisons d’Opéra. Son projet artistique, autant atypique qu’inédit,
couvre de multiples champs d’actions : la production d’œuvres lyriques accompagnée de résidences de
création, la diffusion de spectacles en région Nord–Pas de Calais et la sensibilisation de nouveaux publics.
Dans un souci de revivifier une offre de proximité, chaque nouvelle saison artistique propose un large
éventail de genres et de formes allant de l’opérette à l’opéra contemporain en passant par l’opéra
baroque, le théâtre musical ou encore l’opéra de rue. Maître d’œuvre dans le montage d’événements
d’envergure, la Clef des Chants porte également une attention particulière aux formats plus intimistes afin
d’aller au plus près des publics, là où ils se trouvent.
Ainsi, la Clef des Chants a su initier et développer au fil de ses quatorze années d’existence un véritable
réseau de diffusion qui compte opéras, scènes nationales, théâtres municipaux et salles des fêtes mais
également des espaces plus inattendus tels que cafés, tramways, sites de production industriels ou
espaces urbains.
Au-delà de la confiance renouvelée des « compagnons » de la première heure, chaque nouvelle aventure
compte de nouveaux partenaires artistiques, producteurs et diffuseurs partageant l’ambition commune de
«penser» le lyrique autrement.
La Clef des Chants reçoit le soutien du Conseil Régional du Nord–Pas de Calais, du Ministère de la Culture
et de la Communication/Direction Régionale des Affaires Culturelles Nord–Pas de Calais - et l’aide des
départements du Nord et du Pas-de-Calais.
http://www.laclefdeschants.com
31
POUR ALLER PLUS LOIN
INTRODUCTION A L’OPERA
Du latin Opus, le mot italien "opera" signifie "œuvre", il s’agit d’un spectacle total qui met en musique et
en scène un drame, une comédie ou une tragédie.
Ce grand spectacle est interprété avec décors, costumes et lumières. Les opéras ont été inventés pour
associer tous les arts : lyrique, musical, littéraire, scénographique et chorégraphique.
LE LIVRET
Souvent, il est divisé en actes, eux-mêmes divisés en scènes.
A l'origine de l'opéra se trouvent les mots : pour une pièce de théâtre, il s’agit d’un manuscrit ; pour un
film un scénario ; pour un opéra un livret.
Avec un livret de quelques pages, on peut composer un opéra de plusieurs heures. Le texte chanté est
toujours plus long à dire que lorsqu’il est parlé.
Dans l’opéra, on oublie souvent le nom du librettiste pour ne garder en mémoire que celui du
compositeur. La collaboration entre le librettiste et le compositeur est souvent très intime.
La plupart des livrets mettent en scène des personnages à dimension surhumaine dans des situations
exceptionnelles. Les thèmes les plus souvent exploités sont l’amour, l’infidélité, la mort, la trahison.
Les mots ont une influence sur le rythme et la mélodie d’une phrase musicale. L’émotion qui se dégage du
texte nourrit l’ambiance. Souvent le déroulement de l’histoire conditionne la structure de la musique.
Quelques librettistes :
- Lorenzo Da Ponte : 1749-1838 (Don Giovanni, Le Nozze di Figaro, Cosi fan Tutte de Mozart)
- Arrigo Boito : 1842-1918 (Otello, Falstaff de Verdi)
- Meilhac et Halévy : (La vie parisienne, Orphée aux Enfers, La Périchole d'Offenbach)
LA MUSIQUE
• L'ouverture : composition instrumentale que l'on trouve au début d'un opéra.
• Le récitatif : il a été inventé par les premiers compositeurs italiens. Il fait avancer l’action d’une scène.
C’est une sorte de parlé-chanté sur une note ou deux, sans rime, assez libre dans l’interprétation.
L’accompagnement instrumental est très discret : notes tenues, accords.
• L’air : facile à mémoriser, il permet au personnage de révéler ses sentiments. Certains airs permettent
au chanteur de montrer ses qualités de virtuosité vocale (exemple : l’air de la Reine de la Nuit dans La
flûte enchantée de Mozart). La musique illustre les sentiments exprimés par le chanteur.
• Les ensembles : duos, trios,… Très souvent il y a aussi des chœurs.
• Le final : composition instrumentale et vocale qui termine l'opéra de façon grandiose et qui réunit
tous les acteurs de l'opéra (chanteurs, danseurs et chœur).
LA VOIX
Les chanteurs d’opéra (chanteurs lyriques) chantent sans micro. Leur voix doit porter suffisamment pour
être entendue dans toute la salle et ne pas être couverte par l’orchestre. Cependant dans certains opéras
contemporains, les chanteurs peuvent être légèrement amplifiés.
Les voix sont classées selon six catégories principales :
Chez les femmes (de la plus aiguë à la plus grave)
•
soprano (Marguerite, Faust de Gounod).
•
mezzo-soprano (Carmen, Carmen de Bizet).
•
contralto (Geneviève, Pelléas et Melisande de Debussy).
Chez les hommes (de la plus aiguë à la plus grave)
•
ténor (Tamino, La flûte enchantée de Mozart).
•
baryton (Don Juan, Don Juan de Mozart).
•
basse (Basile, Le Barbier de Séville de Rossini).
Les voix peuvent être aussi définies selon leur couleur et leur timbre.
32
PETITE HISTOIRE DE L’OPERA
A la fin du XVIe siècle, les interprètes, chanteurs, musiciens et compositeurs sont de plus en plus
spécialisés. De ce fait, les auditeurs sont plus exigeants. Tous ces éléments amèneront à ce genre
nouveau qu’est l’Opéra. Il naît en Italie au XVIIe siècle. Il évoluera beaucoup dans sa conception au fil des
siècles et des compositeurs.
Le premier compositeur de génie à écrire des opéras fut l’Italien Claudio Monteverdi. Le premier fut
l’Orfeo (1607).
L’OPERA BALLET
En France, le compositeur d’origine italienne Jean-Baptiste Lully, musicien de Louis XIV, fonda une école
française d’opéra. Les chœurs majestueux et lents aussi bien que les épisodes instrumentaux de ses
opéras reflètent le faste et la splendeur de la cour. Le ballet avait une place beaucoup plus importante
dans les opéras français de Lully que dans les opéras italiens. Ses livrets s’inspiraient de la tragédie
française classique et la mélodie respectait la prosodie particulière de la langue française. Lully collabora
avec Molière en écrivant les divertissements de plusieurs de ses pièces, exemple : Le Bourgeois
gentilhomme (1670) mais également avec Corneille et Quinault sur l’élaboration de sa tragédie-ballet
Psyché (1671).
L’Opéra ballet associe sur scène la musique et la danse de ballet. Exemple : le film de Jean-Paul
Rappeneau Le Roi danse.
L’opéra allemand, alors naissant, est submergé par l’opéra italien. En Angleterre, il est également
extrêmement populaire. L’allemand Friedrich Haendel s’y impose en composant des opéras italiens. Au
XVIIIe siècle, ce genre adopte de nombreux artifices. Par exemple, beaucoup de garçons italiens étaient
castrés afin de conserver leur voix aiguë (les castrats). Une telle voix associée à un développement
d’adulte donnait une qualité d’aigu et une agilité technique extrêmement prisées. Ces chanteurs jouaient
des rôles de femmes, ils étaient plus admirés pour la beauté de leur voix que pour leurs qualités de
comédiens. Exemple : Carlo Farinelli (film de Gérard Corbiau).
L’OPERA SERIA (opéra sérieux)
En général tragique, il est écrit sur un thème héroïque ou mythologique. Le chant et la musique sont
situés au premier plan, ils ont la même importance. Les récitatifs alternent avec les airs et les ensembles.
Exemple : Juditha Triumphans de Vivaldi.
L’OPERA BUFFA
Ce sont les Italiens qui créent ce genre à partir d’intermèdes comiques chantés pendant les entractes de
l’opéra seria pour divertir le public. Devant le succès de ces bouffonneries semi-improvisées par des
acteurs chanteurs de la comedia dell’arte, l’usage se généralisera. La naissance de ce genre est à l’origine
de la grande querelle des "bouffons". Elle oppose les partisans du roi et de Madame de Pompadour,
défenseurs de la musique française (dite trop savante), à ceux de la reine comprenant notamment les
Encyclopédistes, partisans de la musique italienne (dite naturelle).
La musique est simple et la langue est celle de tous les jours. Son sujet se situe généralement dans le
milieu bourgeois. Les personnages sont plus ou moins populaires et les événements tirés de la vie
quotidienne. L’issue est normalement heureuse. Exemple : Les Noces de Figaro de Mozart (1786), La
Cenerentola (Cendrillon) de Rossini (1817).
L’OPERA BOUFFE
Appellation française sans rapports étroits avec l’opéra buffa italien. Reprise par Offenbach pour désigner
ses grandes œuvres que leur caractère parodique différencie à la fois de l’opérette et de l’opéra-comique
(Belle-Hélène, Vie parisienne, Périchole, etc.) ; puis utilisée généralement par des compositeurs français
« savants » s’adonnant très occasionnellement à des sujets légers et même débridés en y investissant
toute leur science musicale, débouchant sur des partitions d’une élaboration plus proche de l’opéra que de
l’opérette : Chabrier dans l’Etoile, Poulenc dans Les mamelles de Tirésias.
33
L’OPERA-COMIQUE
Fondé sur la nature divertissante de ses sujets, ce nouveau genre mélange les scènes parlées et
chantées. Comme son nom ne l’indique pas, cet opéra n’est pas forcément comique, c'est-à-dire drôle,
mais il peut mettre en scène des drames tragiques. Exemple : Le Médecin malgré lui de Gounod (1858),
Carmen de Bizet (1875).
Ces différentes formes d’Opéra se prolongeront jusqu’au XXème siècle.
LE DRAME LYRIQUE
Appellation héritée du drama per musica qui, en Italie désigne l’Opéra en général. Ce genre surpasse
l’Opéra dans la mesure où il s’applique aux ouvrages dont l’unité profonde résulte de la continuité entre
l’action dramatique et l’élément symphonique (l’alternance airs/récitatifs est moins marquée, donnant
ainsi un flot musical et vocal plus homogène et continu). Exemple : La trilogie populaire de Verdi, Le
Trouvère (1853), La Traviata (1853) livret d’Alexandre Dumas fils, Rigoletto (1851) livret de Victor Hugo.
Les compositeurs recherchent de plus en plus une couleur vocale et orchestrale plutôt que la virtuosité.
L’orchestre est considérablement élargi et les instruments à vent sont reconsidérés.
LE DRAME MUSICAL
Cette appellation est propre au drame wagnérien. Pour Wagner, l’Opéra est un drame musical au sens où
c’est la musique qui est privilégiée, c’est toujours elle qui donne aux personnages leur signification pleine
et entière dans une fusion totale avec la poésie, le décor et la mise en scène. Il invente le leitmotiv,
phrase mélodique, harmonique ou rythmique exprimant un sentiment, une action, un personnage. Ainsi
l’opéra, depuis le prélude (qui remplace l’ouverture) jusqu’aux derniers accords, est tissé et unifié par ces
leitmotivs. Exemple : Tristan und Iseult (1865). Vocalement, le chant wagnérien demande des voix
puissantes capables de passer au-dessus d’un orchestre géant, et aussi de soutenir un effort de plusieurs
heures.
L’OPERETTE
Alors que l’opéra-comique se transforme progressivement et que des sujets de plus en plus tragiques
sont abordés, l’opérette apparaît vers 1850 et traite des sujets plus légers ou satyriques. Sa forme ne se
distingue pas de celle de l’opéra-comique, elle comporte des dialogues parlés, des intermèdes musicaux
et des danses à la mode (cancan, polka, galop…). Exemple : La Vie parisienne d’Offenbach (1866), La
Veuve joyeuse de Lehar (1905).
L’OPERA VERISTE
Le vérisme définit la tendance à choisir des sujets tirés de la vie du peuple, avec des personnages mus
par des passions humaines les plus simples et les plus immédiates (amour, haine, jalousie…) sans
héroïsme ou idéalisme. Exemple : Madame Butterfly (1904) ou Turandot (1926) de Puccini. Paillasse
(1892) de Léoncavallo.
LA COMEDIE MUSICALE
Spectacle comportant de la musique, des dialogues, des danses, de conception contemporaine. Exemple :
Porgy and Bess de Gershwin (1935), West Side Story de Bernstein, Starmania (1978) de Luc Plamendon,
Notre Dame de Paris (1998) de Richard Cocciante.
34
L’OPERA DU XXe siècle
Le romantisme s’étend largement au XXe siècle. Cependant certains compositeurs vont lui tourner le dos.
Le premier est Claude Debussy qui renouvelle l’art du chant dans Pelléas et Mélisande (1902), son unique
opéra. La mélodie debussyste est entièrement au service du texte.
En Autriche, Arnold Schoenberg va encore plus loin. Dans le Pierrot Lunaire (1912), il invente la technique
du sprechgesang, déclamation à mi-chemin entre la voix parlée (pour le timbre) et la voix chantée (pour
les hauteurs et les durées). Son disciple Alban Berg se sert parfois du sprechgesang dans ses deux opéras
Wozzeck (1925) et Lulu (1937). Il réussit une synthèse entre les courants d’avant-garde et une
inspiration très personnelle.
La plupart des compositeurs modernes ont eu tendance à intégrer à l’opéra non seulement des techniques
symphoniques, mais également des styles issus de la musique traditionnelle, populaire ou jazz dans leurs
ouvrages. Exemple : L’enfant et les sortilèges (1925) de Maurice Ravel.
Une forme nouvelle apparaît, le théâtre musical qui associe des auteurs dramatiques et des musiciens.
Une pièce de théâtre est entrecoupée de chansons ou d’ensembles chantés, à caractère populaire.
Berthold Brecht et le musicien Kurt Weill écrivent des pièces didactiques, plaisant à un large public,
exemple : l’Opéra de quat’ sous (1928).
Utilisation de la voix au XXIe siècle
La deuxième moitié du XXe siècle voit ses courants se diversifier encore. Les compositeurs d’avant-garde
élargissent encore le vocabulaire vocal : dans sa Sequenza (1965) pour voix seule, Luciano Berio utilise
tous les bruits et sons de bouche naturellement exclus du chant classique. Dans un autre domaine, Pierre
Boulez se sert de la voix comme d’un instrument dans Le Marteau sans Maître (1955). Le texte est
volontairement déstructuré, ce qui le rend incompréhensible de la part de l’auditeur. Parallèlement, le
chant lyrique continue à se développer, toutes les techniques vocales cohabitent.
Après une période de déclin, l’engouement pour l’opéra renaît grâce à des chanteurs et chanteuses de
premier plan comme Maria Callas. Outre une technique vocale impressionnante, la cantatrice possédait un
sens exceptionnel de la scène. Le public d’aujourd’hui se montre beaucoup plus exigeant quant à l’aspect
visuel et scénique. L’opéra devient un spectacle total, où action musicale et scénique vont de pair.
35
ANNEXE – LIVRET
ACT ONE / PREMIER ACTE
PROLOGUE
The Narrator appears in front of a drop curtain.
It is a curious story.
I have it written in faded ink — a woman's hand, governess
to two children - long ago.
Untried, innocent, she had gone first
to see their guardian in London; a young man, bold, offhand,
and gay, the children's only relative.
The children were in the country
with an old housckeeper.
There had been a governess, but she had gone. The boy,
of course, was at school,
but there was the girl, and the holidays, now begun. This, then,
would be her task.
But there was one condition:
he was so much engaged;
affairs, travel, friends, visits, always something,
no time at all for the poor little things.
She was to do everything,
be responsible for everything,
not to worry him at all - no, not to write,
but to be silent, and do her best.
She was full of doubts.
But she was carricd away: that he,
so gallant and handsome, so deep in the busy world, should
need her help.
At last 'I will’ she said.
(The lights fade and the drop curtain rises in darkness.)
36
PROLOGUE
Le narrateur apparaît devant le rideau baissé.
C'est une étrange histoire.
Écrite jadis par la gouvernante de deux enfants ;
l'encre en est presque passée.
Inexpérimentée, innocente, elle était d'abord allée voir leur tuteur à
Londres ; un jeune homme audacieux, désinvolte et gai, leur
seul parent.
Les enfant s étaient à la campagne avec une vieille intendante.
Il y avait eu une gouvernante, mais elle était partie.
I.e garçon, bien sûr, allait à l'école,
mais il y avait une fille, et les vacances commençaient. Telle serait
alors sa tâche.
Mais il y avait une condition :
le tuteur était pris par tant d'engagements
affaires, voyages, amis, visites, toujours quelque chose, pas une
minute pour les pauvres petits anges,
aussi la gouvernante devrait-elle s'occuper de tout,
être responsable de tout, afin qu'il ne s'inquiète en rien- non, ne pas
lui écrire,
rester silencieuse, et faire de son mieux. Elle se
posait beaucoup de questions. Mais elle était
ravie que lui,
si galant, si beau, mais tellement pris par ses affaires,
eût besoin d'elle.
« J'accepte ». dit-elle à la fin.
(Les lumières baissent et le rideau se lève dans l'obscurité.)
Theme
Scene 1. The Journey
The lights go up on the interior of a coach. The
Governess is in travelling dress.
Thème
Scène 1. Le voyage
Les lumières éclairent peu à peu l'intérieur d'une calèche. La
gouvernante est en vêtements de voyage.
Governess
Nearly there.
Very soon I shall know,
I shall know what's in store for me.
Who will greet me? The children... the children. Will they
be clever? Will thcy like me?
Poor babies, no father, no mother.
But I shall love them as I love my own,
all my dear ones left at home,
so far away... and so different.
If things go wrong, what shall I do?
Who can I ask, with none of my kind to talk to?
Only the old housekeeper, how will she welcome me? I must
not write to their guardian, that is the hardest part of all.
Whatever happens, it is I, I must decide.
A strange world for a stranger's sake.
Oh why did I come?
La Gouvernante
Presque arrivée.
Bientôt je saurai,
je saurai ce qui m'est réservé.
Qui m'accueillera ? Les enfants... les enfants. Serontils intelligents ? M'aimeront-ils ? Pauvres petits, sans
père, ni mère.
Mais je les aimerai comme les miens,
les miens les plus chers, laissés à la maison, si loin...
Mais tout est si différent.
Si les choses tournent mal, que ferai-je ? À qui puis-je demander ?
Avec personne de ma condition à qui parler ? Seulement
l'intendante, comment m'accueillera-t-elle ? Je ne dois pas écrire à
leur tuteur, voilà le plus difficile. Quoi qu'il arrive, ce sera à moi
de décider.
Quel monde étrange pour une étrangère.
Oh ! pourquoi suis-je venue ?
No! I’ve said I will do it, and for him I will. There is
nothing to fear. What could go wrong? Be brave, be brave.
We're nearly there.
Very soon I shall know. Very soon I shall know... (The lights
fade.)
Non ! j'ai dit que je le ferai, et pour lui je le ferai. Il n'y a
rien à craindre. Allez ! Tout ira bien. Courage, courage,
presque arrivée.
Bientôt je saurai, bientôt je saurai...
(Les lumières baissent.)
Variation I
Scène 2. L'accueil
Governess
You must bc Mrs. Grose?
I’m so happy to see you...
The lights fade in on the porch at Bly.
Les lumières montent sur le porche de Blv.
so happy to be here.
si heureuse d'être ici.
Mrs. Grose, with the children dancing about.
Mrs. Grose ; les enfants qui dansent autour d'elle.
Mrs. Grose (curtseying)
Mrs. Grose (faisant la révérence)
Miles, Flora
Mrs. Grose! Mrs. Grose! Will she be nice?
Mrs. Grose! Will she be cross?
Miles, Flora
Mrs. Grose ! Mrs. Grose ! Sera-t-elle gentille ?
Mrs. Grose ! Sera-t-elle fachée ?
How do you do, Miss.
Comment allez-vous Mademoiselle ?
Welcome to Bly!
Bienvenue à Bly !
Why doesn't she hurry? Why isn't she here?
Que fait-elle ? Pourquoi n'est-elle pas là ?
Nous aimera telle ? L'aimerons-nous ?
Governess
This must be Flora? And Miles?
La Gouvernante
Will she like us? Shall we like her?
Mrs. Grose
(Flora curtseys, Miles bows.)
How charming they are, how beautiful too.
(Flora fait la révérence, Miles salue.)
Comme ils sont charmants, et beaux aussi.
La maison et le parc sont tellement splendides,
Scene 2. The Welcome
Mrs. Grose
Variation I
La Gouvernante
Vous devez être Mrs. Grose ?
Je suis si heureuse de vous voir...
Est-ce Flora ? Et Miles ?
Quiet, children!
Du calme, les enfants !
The house and park are so splendid.
Lord! How you do tease!
Seigneur ! Quels petits diables !
far grander than I am used to.
bien plus magnifiques que je n'imaginais.
Will she be this, will she be that,
a dozen, dozen times I do declare!
Sera-t-elle ceci, sera-t-elle cela,
dix fois ! Ah ! Par exemple !
I shall feel like a princess here.
Bly, I begin to love you.
Je vais me sentir comme une princesse ici.
Bly, je t'aime déjà.
You'll see soon enough. Now quietly, do!
Vous verrez bien assez tôt. Et maintenant du calme !
Miss Flora, your pinafore!
Miss Flora votre blouse !
(Elle donne à Flora une petite tape bienveillante, arrange
Mrs. Grose
I’m happy, so happy that you've come, Miss.
Mrs. Grose
(She gives Flora a little goodnatured tidying shake and pats
Miles's hair into place, smooths clown ber own apron.)
les cheveux de Miles, et lisse sa propre blouse.)
Miss Flora and Master Miles are happy,
Miss Flora et maître Miles aussi sont heureux,
Master Miles, your hair!
Keep still dearie, or you'll wear me out!
Maître Miles, vos cheveux !
Restez tranquilles, mes chéris, vous allez m'épuiser !
so happy that you're here too.
They're good children,
si heureux que vous soyez ici.
Ce sont des enfants sages,
Now show me how you bow.
Maintenant, montrez-moi comment vous saluez.
yes, they are, they're good, Miss.
oui, c'est vrai, ils sont sages, Mademoiselle.
(Miles bows.)
(Miles salue.)
But they're lively,
Mais ils sont vifs,
How do you curtsey?
(Flora curtseys.)
Comment faites-vous la révérence ?
(Flora fait la révérence.)
too lively for an ignorant old wornan.
They wear me out, indeed they do.
trop vifs pour une vieille ignorante.
Ils m'épuisent, vraiment.
Bow,! Curtsey!
Saluez ! Faites la révérence !
My poor head isn't bright enough.
Ma pauvre tête ne suit pas.
(They continue bowing and curtseying until Mrs. Grose
(Ils continuent à saluer et à faire la révérence jusqu'à ce que
The things that they think up!
Avec tout ce qu'ils inventent !
stops them.)
Mrs. Grose les arrête.)
Im far too old a body for games, Miss,
Je suis bien trop vieille pour les jeux, Mademoiselle,
Here she is now.
(Enter Governess.)
La voilà.
(La gouvernante fait son entrée.)
far too old, and now they'll do better
with a young thing as lively as they are themselves.
bien trop vieille, mais maintenant ils seront mieux
avec une jeune femme aussi vive qu'eux.
Je suis si heureuse que vous soyez venue, Mademoiselle.
37
LIBRETTO I ACT ONE 37
Master Miles is wonderful at lessons,
and Miss Flora's sharp too.
Yes, they're clever, they need their own kind, they're
far too clever for me!
They'll do better now,
They'll do better with a young thing.
(Pardon the liberty, Miss.)
They'll do better now you're here!
Maître Miles travaille très bien,
et Miss Flora est très douée aussi.
Oui, ils sont intelligents, il leur faut quelqu'un comme eux. Ils
sont bien trop intelligents pour moi ! Ils seront mieux
maintenant ;
ils seront bien mieux avec une petite jeune. (Pardonnezmoi cette liberté, Mademoiselle.) Ils seront mieux,
maintenant que vous êtes ici !
Mrs. Grose
Miss! Miss! A letter for you.
(The Governess enters from the bouse.)
Here!
(She the Governess who reads it quietly.)
(Aside) A good young lady, I'll be bound,
and a pretty one too.
Now all will be well, we were far too long alone!
Mrs. Grose
Mademoiselle ! une lettre pour vous.
(La gouvernante sort de la maison.)
Tenez !
(Elle tend la lettre à la gouvernante qui la lit calmement.)
(À part) Une jeune fille sérieuse, c'est sûr,
et jolie aussi. Tout va bien aller maintenant, nous
sommes seuls depuis trop longtemps !
Miles, Flora
Come along! Come along, do! We
want to show you the house. We want to
show you the park. Don't stay talking
here any more.
Miles, Flora
Venez ! allez, venez !
Nous allons vous montrer la maison. Nous
allons vous montrer le parc. Ne restez pas
là à parler !
Governess
Mrs. Grose! He’s dismissed his school.
La Gouvernante
Mrs. Grose ! Il a été renvoyé de l'école.
Mrs. Grose
Who?
Mrs. Grose
Qui ?
Mrs. Grose
Quiet, children! Lord, how you do tease.
In a trice they'll be dragging you all over the park.
Mrs. Grose
Du calme les enfants ! Seigneur, quels petits diables. En un clin
d'œil, ils vous feraient faire le tour du parc.
Governess
Little Miles.
La Gouvernante Le
petit Miles.
Governess
No, they must show me everything!
For Bly is now my home.
(The lights fade as the children lead the Governess off.)
La Gouvernante
Mais si ! Ils doivent tout me montrer !
Car désormais Bly est mon foyer.
(Les lumières baissent alors que les enfants emmènent la
gouvernante.)
Mrs. Grose
Miles!
Mrs. Grose
Miles !
Governess
What can it mean, never go back?
La Gouvernante
Qu'est-ce que cela signifie ? Qu'il n'y retournera jamais ?
Mrs. Grose
Never?
Mrs. Grose
jamais ?
Governess
Never! Oh, but for that he must be bad!
La Gouvernante
Jamais ! Oh ! mais alors il a dû être méchant !
Mrs. Grose
Him bad?
M rs . G ro s e
Lui, méchant ?
Variation II
Variation II
Scene 3. The Letter
The lights fade in again on the porch at Bly, to the side of which more
of the house is now visible, including a low window. Mrs. Grose
enters.
Scène 3. La lettre
Les lumières montent à nouveau sur le porche de Bly, on voit maintenant
la maison sur le côté, ainsi qu'une fenêtre basse. Mrs. Grose entre.
38
Governess
An injury to his fricnds.
La Gouvernante
Un danger pour ses camarades.
Mrs. Grose
Mrs. Grose
Him an injury? I won't believe i t !
Lui ? Je n'en crois rien.
Governess
Tell me, M r s . Grose, have you known Miles to be bad?
La Gouvernante
Dites moi Mrs. Grose, avez-vous vu Miles être méchant ?
Some to make hay, diddle, diddle,
Some to cut corn,
While you and I, diddle, diddle...
D'autres au foin, digue, digue,
Et d'autres à la moisson,
Pendant que toi et moi, digue, digue...
Governess, Mrs. Grose
See how sweetly he plays,
and with how gentle a look
La Gouvernante, Mrs. Grose
he turns to his sister.
Yes!The child is an angel!
qu'il adresse à sa soeur.
Oui ! Cet enfant est un ange !
Regardez comme il joue gentiment,
et ce doux regard
Mrs. Grose
Mrs. Grose
It is nonsense, nover a word of truth.
C'est insensé : il n'y a pas un mot de vrai ;
A boy is no boy for me who's never wild.
But bad, no, no!
Pour moi, un garçon n'est pas un garçon
it is all a wicked lie.
s'il n'est pas farouche, mais méchant, non, non !
(The window fades, and the children disappear.)
tout ça n'est qu'un vilain mensonge.
(La lumière baisse sur la fenêtre, et les enfants disparaissent.)
Governess
1 cannot think him really bad,
not really bad, not Miles. Never!
La Gouvernante
Je ne peux pas l'imaginer méchant,
méchant, non, vraiment, pas Miles. jamais !
Mrs. Grose
What shall you do then?
Mrs. Grose
Mais alors, qu'allez-vous faire ?
Governess
I shall do nothing.
Mrs. Grose
Never! Not Master Miles.
He
can
betowards
wild, but
bad. where the children are
(They
look
thenot
window
seen playing quietly together.)
Mrs. Grose
jamais ! Pas maître Miles,
i(Elles
l peutregardent
être farouche,
mais pas
méchant.
sers la fenêtre
où l'on
soit les enfants jouer
La Gouvernante
Je ne ferai rien
.
Mrs. Grose
Et que lu i direz-vous ?
Miles, Flora
Miles, Flora
Lavender's blue, diddle, diddle,
Lavender's green,
La lavande est bleue, digue, digue,
La lavande est verte,
When I am King, diddle, diddle,
You shall be Queen.
Quand je serai roi, digue, digue,
Tu seras reine.
Call up your men, diddle, diddle,
Set them to work,
Some to the plough, diddle, diddle,
Some to the cart.
Appelle tes hommes, digue, digue,
Mets-les au travail,
Les uns à la charrue, digue, digue,
Les autres à la charrette,
Mrs. Grose
And whal shall you say to him?
calmement.)
Governess
La Gouvernante
I shall say nothing.
Je ne dirai rien.
Mrs. Grose
Bravo! And I 'll stand by you.
Mrs. Grose
Bravo ! je serai à vos côtés.
Oh Miss, may I take the liberty?
(Mrs. Grose kisses her. The scene fades.)
Oh ! Mademoiselle, puis-je me permettre ?
(Elle l'embrasse. Les lumières baissent.)
V a ri a t i o n I I I
V a ri a t i o n III
39
LIBRETTO I A C T
ONE
Scene 4. The Tower
Scène 4. La t o u r
Who is it, who?
The lights f ade in again on the house. The tower is now
visible.It is evening, sweet summer. Enter the Governess,
strolling.
Les lumières montent de nouveau sur la maison.
On peut maintenant voir la tour. Une douce soirée d'été.
La gouvernante entre en flânant.
Who can it be? Who?
(The scene fades.)
Governess
La Gouvernante
V a ri a t i on IV
Va ri at i on IV
How beautiful it is.
Each day it seems more beautiful to me.
And my darling children enchant me more and more.
My first foolish fears are all vanished now,
Comme c'est beau.
Chaque jour me semble plus beau encore.
Et mes chers enfants m'enchantent de plus en plus.
Mes premières craintes insensées
Scene 5. The Window
The lights fade in on the interior of the hall at Bly, with
window. Flora and Miles ride in on a hobby-horse.
Scène 5. La fenêtre
Les lumières montent sur l'intérieur du hall de Bly et sur une
fenêtre. Flora et Miles montent un cheval de bois.
are all banished now.
Those fluttering fears
when I could not forget the letter.
When I heard a far off cry in the night,
and once a feint footstep passed my door.
Only one thing I wish, that I could see him
ont désormais disparu, envolées.
Ces craintes qui me troublaient
parce que je ne pouvais oublier la lettre ;
parce que j'ai entendu ce cri la nu it dans le loint ain,
et une fois ce léger bruit de pas derrière ma porte.
La seule chose que je souhaiterais, c'est de pouvoir le voir,
Miles, Flora
'Tom, 'Tom, the piper's son
Stole a pig and away he run.
Pig was eat and Tom was beat,
Tom ran howling down the strect.
and that he could see how well I do his bidding.
The birds fly home to these great trees,
I too am at home.
et qu'il puisse voir comme je suis fidèle à ses instructions.
Les oiseaux sont chez eux dans ces grands arbres,
moi aussi j'ai un foyer.
Miles
Now I 'l l steal the pig, I’ll steal the pig!
Seule, tranquille, sereine.
Flora
(Quint apparaît sur la tour)
Ha ! C'est lui !
Go on then, go on!
(Quint looks steadily at her, then turns and vanishes.)
No! No! Who is it? Who?
Who can it be?
Some servant - no! I know them all.
(Quint la regarde fixement, puis se tourne et disparaît.)
Non ! no n ! Qui est ce ? Qui,
Qui cela peut-il être ?
Un domestique ? non ! Je les connais tous.
Miles, Flora
Tom, Tom, the piper's son!
Stole a pig and away he run.
Who is it , who?
Who can it be?
Some curious stranger? But how could he get in?
Qui est-ce ?
Qui cela peut-il être,
U n étranger curieux ? Mais comment serait-il entré ?
Miles
Now chase me, chase me!
Who is it , who?
Some fearful madman locked away there?
Adventurer? Intruder?
Qui est-ce ? Qui ?
U n épouvantable fou, enfermé là-bas ?
Un aventurier ? Un intrus ?
40
Miles, Flora
Tom. Tom le fils du joueur de pipeau
vola un cochon et prit la fuite.
Le cochon fut mangé et Tom fut battu,
Tom dévala la rue en criant.
Miles
je vais voler le cochon, je vais voler le cochon !
Flora
Alone, tranquil, serene.
(Quint becomes visible on the tower.)
Ha! ‘Tis he!
Flora
I 'll catch you! I’ll
Qui est-ce ?
Qui cela peut-il être ? Qui ?
(Les lumières baissent.)
Vas-y donc, vas-y
catch you!
Miles, Flore
Tom, Tom le fils du joueur de pipeau!
vola un cochon et pr it la fuite.
Miles
Attrape-moi maintenant, attrape-moi !
Flore
je vais t'attraper, je vais t'attraper !
41
Miles, Flora
Miles, Flora
l'ig was rat and Tom was beat,
Tom ran howling down the Street.
Le cochon fut mangé et Tom fut battu,
Tom dévala la rue en criant.
Flora
Flora
Let’s do it again! Let’s do it again!
Governess (off)
Children! Are you ready? Run along then.
Miles, Flora
Tom, Tom, the piper's son...
(They ride off as the Governess enters.)
Les enfants vous êtes prêts ? Alors allons-y.
Miles, Flora
Tom, Tom, le fils du joueur de pipeau...
(Ils sortent tandis que la gouvernante entre.)
La Gouvernante
Je vous suis.
Miles, Flora (off)
Miles, Flora (en coulisse)
Vola un cochon et prit la fuite, etc.
(The Governess looks about for a moment, picks up a pair
of gloves and is about to go out when slip looks up and sees
Quint appear suddenly in the window. They gaze at each
other. He disappears. The Governess runs out and looks
through the window as Quint had done. Mrs. Grose enters
as the Governess rushes back into the room.)
Mrs. Grose
Peur de quoi ?
Governess
A man looked through the window, a strange man.
But I saw him before, on the tower.
La Gouvernante
Un homme regardait par la fenêtre, un homme étrange.
Mais je l'ai déjà vu, sur la tour.
Mrs. Grose
Mrs. Grose
Quelqu'un du village ?
On recommence ! on recommence !
La Gouvernante (en coulisse)
Governess
I'Il follow.
Stole a pig and away he run, etc.
Mrs. Grose
What was it?
(La gouvernante balaye la pièce du regard, ramasse une paire
de gants, s'apprête à sortir lorsque, levant les veux, elle voit
Quint apparaître subitement à la fenêtre. Ils se regardent
fixement. Il disparaît. La gouvernante se précipite dehors et
regarde par la fenêtre comme Quint l'a fait. Mrs.Grose entre,
alors que la gouvernante revient précipitamment.)
Mrs. Grose
Mrs. Grose
Ah! My dear! You look so white and queer.
What's happened?
Oh ! Ma chère ! vous êtes si pâle, et semblez si faible.
Que se passe-t-il ?
Governess
I have been frightened.
La Gouvernante
J’ai eu très peur.
No one from the village?
Governess
No.
La Gouvernante
Non.
Mrs. Grose
A gentleman then?
Mrs. Grose
Un Monsieur alors ?
Governess
La Gouvernante
No! Indeed no!
Non, certainement pas !
Mrs. Grose
What was he like?
Mrs. Grose
Comment était-il ?
Governess
His hair was red, close-curling,
a long, pale face, small eyes.
His look was sharp, fixed, and strange.
He was tall, clean-shaven, yes, even handsome.
La Gouvernante
Les cheveux rouges, frisés,
le visage long et pâle, de petits yeux.
Son regard était acéré, fixe et étrange.
I l était grand, rasé de près, oui, beau même.
But a horror!
Mais quelle horreur !
Mrs. Grose
Qu i nt ! Peter Qu int !
Dear God, is there no end to his dreadful ways?
Mrs. Grose
Quint ! Peter Quint !
Mon Dieu, n'y aura-t-il jamais de fin à sa malfaisance ?
41
44
Governess
Peter Quint, who is that?
Tell me, Mrs. Grose!
Do you know him, then ? Tell me!
Mrs. Grose
Dear God! Is there no end?
(She weeps.)
Governess
Mrs. Grose, what has happened here, in this house?
La Gouvernante
Peter Quint, qui est-ce ?
Dites-moi Mrs. Grose !
Vous le connaissez donc ? Dites-moi !
Mrs. Grose
Seigneur, jamais de fin ?
(Elle pleure.)
La Gouvernante
Mrs. Grose, que s'est-il passé ici, dans cette maison ?
with lovely Miss jessel,
governess to those pets,
those angels, those innocent babes,
and she a lady, so far above him.
Dear God! Is there no end!
But he had ways to twist them round his lit t le finger.
He liked them pretty, I can tell you, Miss,
and he had his w i l l, morning and night.
avec la charmante Miss jessel,
la gouvernante de ces petits choux,
de ces petits anges, de ces innocents amours,
et elle, une dame, tellement supérieure à lui.
Mon Dieu ! Cela ne finira-t-il jamais !
I l les menait par le bout du nez.
Il les aimait jolies, je vous assure, Mademoiselle,
et il obtenait ce qu'il voulait, nu it et jour.
Governess
But why did you not tell your master?
Write to him? Send for him to come?
La Gouvernante
Mais pourquoi ne rien dire au Maître ?
Lui écrire ? Le faire venir ?
Mrs. Grose
I dursn't. He never liked worries.
'Twas not my place.
They were not in my charge.
Quint was too clever.
I feared him, feared what he could do.
No, Mr. Quint, I did not like your ways!
And then she went. She couldn't stay, not then.
She went away to die.
Mrs. Grose
Je n'ai pas osé. I l ne veut pas qu'on l'inquiète.
Ce n'était pas mon rôle.
Je ne m'occupais pas d'eux.
Et Quint était bien trop intelligent.
je le craignais, je craignais ce qu'il pourrait faire.
Non, M. Quint, je n'aimais pas vos façons de faire !
Et puis Miss Jessel s'en alla, elle ne pouvait plus rester,
elle s'en alla pour mourir.
Governess
To die? And Quint?
La Gouvernante
Pour mourir ? Et Quint ?
Mrs. Grose
He died too.
Mrs. Grose
I l est mort, aussi.
Governess
Died?
La Gouvernante
Mort ?
Mrs. Grose
Mrs. Grose
Quint, Peter Quint, the Master's valet.
Left here in charge.
It was not for me to say, Miss,
no indeed, I had only to see to the house.
But I saw things elsewhere I did not like,
when Quint was free with everyone,
w it h lit t le Master Miles!
Governess
Miles?
Mrs. Grose
Hours they spent together.
Governess
Miles!
Mrs. Grose
Yes, Miss. He made free with her too,
42
Quint, Peter Quint, le valet du maitre,
à qui on avait confié le domaine.
Ce n'est pas à moi de juger, Mademoiselle,
vraiment, je ne m'occupais que de la maison.
Mais j'ai vu par ailleurs des choses qui m'ont déplues.
Quand Quint prenait des libertés avec tout le monde,
avec petit maître Miles !
La Gouvernante
Miles ?
Mrs. Grose
Ces heures qu'ils passaient ensemble !
La Gouvernante
Miles !
Mrs. Grose
Oui, Mademoiselle, et i l prenait des libertés avec elle aussi,
Mrs. Grose
Fell on the icy road, struck his head,
lay there till morning, dead!
Dear God, is there no end to his dreadful ways?
Mrs. Grose
Il a glissé sur la route verglacée, il s'y est fracassé la tete,
il est resté là jusqu'au matin, mort !
Mon Dieu, n'y aura-t-il jamais de fin à sa malfaisance ?
Governess
I know nothing of these things.
is this sheltered place the wicked world
where things unspoken of can be?
La Gouvernante
Je ne sais rien de toutes ces choses.
Cet endroit protégé serait-il le lieu malin
où les choses indicibles peuvent arriver ?
Mrs. Grose
Dear God!
Mrs. Grose
Mon Dieu !
Governess
Only this much I know:
things have been donc here that are not good,
and have left a taste behind them.
That man: impudent, spoiled, depraved.
Mrs. Grose, I am afraid, not for me, for Miles.
He came to look for Miles, I'm sure of that,
and he will corne again.
La Gouvernante
Tout ce que je sais, c'est que des choses se sont passées ici,
et que ce n'est pas bien.
Elles ont laissé une trace derrière elles.
Cet homme : impudent, perverti, dépravé.
Mrs. Grose, j'ai peur, pas pour moi, pour Miles.
Il est venu chercher Miles, j'en suis sûre,
et il reviendra.
Mrs. Grose
I don't understand.
Mrs. Grose
Je ne comprends pas.
Governess
But I see it now, I must protect the children,
I must guard their quiet,
and their guardian's too.
See what I see, know what I know,
that they may see and know nothing.
La Gouvernante
Mais je sais maintenant, je dois protéger les enfants.
Je dois veiller à leur tranquillité,
et à celle de leur tuteur.
Avec ce que je vois, et ce que je sais,
il est certain qu'ils ne doivent rien voir ni rien savoir.
Mrs. Grose
Lord, Miss!
Don't understand a word of what you say.
But I'll stand by you. Lord, Miss, indeed I will.
(The lights fade.)
Mrs. Grose
Seigneur, Mademoiselle !
Je ne comprends pas un mot de ce que vous dites. Mais je
serai à vos côtés. Vraiment, Mademoiselle !
(Les lumières baissent.)
Variation V
Variation V
Scene 6. The Lesson
The lights fade in on the schoolroom. The Governess is
hearing Miles his Latin lesson. Flora is `helping'.
Scène 6. La leçon
Les lumières montent sur la salle de classe. La gouvernante
écoute Miles réciter son latin. Flora « l'aide ».
Miles (with Flora echoinq his words)
Many nouns in is we find
to the masculine are assigned:
amnis. axis, caulis, collis,
clunis, crinis, fascis, follis,
fust is, ignis, orbis, ens is,
panis, piscis, postis, mensis,
torris, unguis, and canalis,
vectis, vermis, and natalis,
sanguis, pulvis, cucumis,
lapis, casses, manes, glis...
Miles (et Flora, faisant écho à ses mots)
Beaucoup de no ms en i s sont
attribués au masculin :
amnis, axis, caulis, collis,
clunis, crinis, fascis, follis,
fustis, ignis, orbis, ensis,
panis, piscis, postis, mensis,
torris, unguis, et canalis,
vectis, vermis, et natalis,
sanguis, pulvis, cucumis,
lapis, casses, manes, glis...
Flora
... and glis, and mis, and lis, and guis,
and nis, and ris, and tis.
Flora
... et glis, et mis, et lis, et guis,
et nis, et ris, et tis.
Miles
Many nouns in is we find
to the masculine are assigned.
Miles
Beaucoup de noms en is sont
attribués au masculin.
43
LIBRETTO I A C T
Governess
That's good, Miles, you've learned that well!
Now say for me...
Flora
Can’t we stop now? Let's do history!
(She frisks around.)
Boadicea on her chariot! Look at me!
La Gouvernante
Très bien, Miles, vous avez bien appris !
Maintenant dites-moi...
Governess
Flora! Don't tease, dear!
We must do Miles's la t i n.
Come now! What else do you remember?
Now think.
Allons ! De quoi d'autre vous souvenez-vous ?
Réfléchissez.
Miles
Miles
Malo...I would rather be
Malo... in an apple tree
Malo... than a naughty boy
Malo... in adversity.
Governess
Why, Miles, what a funny song!
Did I teach you that?
Miles
No, I found it. I like it . Do you?
Malo... Malo... Malo...
(The scene fades.)
Variation VI
44
Scene 7. The Lake
The lights fade in on the lake in the park. A sunny morning.
Flora and the Governess wander in, Flora with a doll, the
Governess with a book.
Scène 7. Le lac
Les lumières montent sur le lac dans le parc. Une matinée
ensoleillée. Flora et la gouvernante se promènent, Flora avec
une poupée, la gouvernante avec un livre.
Flora
O rivers and seas and lakes!
Is this lake in my book?
Flora
Oh ! les fleuves, les mers, et les lacs !
Ce lac-ci est-il dans mon livre ?
Governess
No dear, it's far ton small.
La Gouvernante
Non chérie, il est hien trop petit.
Flora
On arrête maintenant ? Faisons de l'histoire !
(Elle s'égaye.)
Boadicée sur son char ! Regardez !
La Gouvernante
Flora ! Du calme, chérie !
Miles doit faire son latin.
Malo… je préférerais être
Malo... dans un pommier
Malo... qu'un méchant garçon
Malo... dans l'adversité.
La Gouvernante
Miles, quelle drôle de chanson !
Vous l'ai-je apprise ?
Miles
Non, je l'ai inventée. Je l'aime bien, pas vous ?
Malo... Malo... Malo.
(Les lumières baissent.)
Variation VI
°N F
Flora
Petit ? Mais i l est immense !
Flora
Small? It's huge!
It's a great wide sea!
C'est une mer gigantesque !
Governess
A sea? Then you must name it.
Come Flora, what seas do you know?
La Gouvernante
Une mer ? Alors i l faut lu i donner un nom.
Allons, Flora, quelles mers connaissez-vous ?
Flora
Adriatic and Aegean...
Flora
Adr iat ique, la mer Égée...
Governess
Yes.
La Gouvernante
Oui.
Flora
Baltic, Bosnian, and the Caspian...
Flora
La Baltique, la Bosnienne, et la Caspienne...
Governess
Good.
La Gouvernante
Bien.
49
Flora
Black, and Red, and White, and Yellow...
Flora
La mer Noire, la mer Rouge, la Blanche et la jaune...
Governess
And...
La Gouvernante
Et...
Flora
Medi-medi-terra-nean.
Flora
Médi Médi terra-née.
Governess
Go on!
La Gouvernante
Continuez !
Flora
And... and... and the Dead Sea.
Flora
Et... et... et... la mer Morte.
Governess
And this one?
La Gouvernante
Et celle-ci ?
Flora
Is the Dead Sea.
Flora
C'est la mer Morte.
Governess
Oh!
La Gouvernante
Oh !
Flora
How can a sea be dead?
Flora
Comment une mer peut-elle être morte ?
Governess
They call it dead hecause nothing can live in it.
La Gouvernante
On l'appelle ainsi car rien ne peut y vivre.
Flora
Then I wouldn't go in it, and neither would Miles.
Flora
Alors, je n'irai pas, et Miles non plus.
(They settle down, Flora on the ground with her doll, the
Governess on a bench with her book.)
(Elles s'assoient, Flora sur le sol avec sa poupée, la
gouvernante sur un banc avec son livre.)
Flore
Go to sleep, my dolly dear. Go to sleep.
Flora
Endors-toi ma poupée chérie. Endors-toi.
Governess
Sing to her, dear, dolly must sleep
wherever you choose.
La Gouvernante
Chante lui quelque chose, chérie.
La poupée doit dormir quand tu le veux.
Flora
Dolly must sleep wherever I choose.
(She rocks her doll.)
Today hy the dead salt sea,
Tomorrow her waxen lids may close
On the plains of Muscovy.
Flora
Poupée doit dormir quand je le veux.
(Elle berce sa poupée.)
Aujourd'hui au bord de la mer Morte salée,
demain ses paupières de cire se refermeront peut-être sur les
plaines moscovites.
And now like a Queen of the East she lies,
With a Turk to guard her bed,
But next, when her short-lived daylight dies,
She's a shepherdess instead.
Et maintenant, telle une reine de l'Est elle est étendue,
un Turc garde son lit,
puis quand la lumière éphémère du jour se meurt,
elle devint bergère.
But sleep, dear dolly, oh sleep, and when
You're lost in your journeying dream
The sea may change to a palace again,
For nothing shall stay the same...
Mais dors, chère poupée,
et si tu t'égares dans tes voyages,
la mer redeviendra un palais,
parce que rien ne doit rester pareil...
That's right, my darling. How good you are.
Go to sleep.
C'est bien ma chérie. Comme tu es sage. Dors.
(During this song Flora has rocked her doll, and put her down.
When the song is over she goes on fussing over the doll as she murmurs
the last two or three sentences, until Miss Jessel appears on the
other side of the lake.
(Pendant cette chanson, Flora a bercé sa poupée, puis l'a posée.
Lorsque la chanson est terminée, elle va s'occuper de la poupée en
murmurant les trois ou quatre dernières phrases, jusqu'à ce que Miss
Jessel apparaisse de l'autre côté du lac.
45
Flora silently and deliherately turns round to face the
audience away from Miss Jessel. Then the Governess, aware of
Flora's silence, looks up and sees Miss Jessel, who at once
disappears.)
Governess
Flora! Come along!
We must go now, go and find Miles.
Miles (shouting, off)
Hullo! Where are you, you two?
Governess
There he is! Go to him! Go to him!
Miles (off)
Hullo,
(Flora runs out.)
Governess
Miss Jessel! It was Miss Jessel!
She returns too, she too, she too.
And Flora saw, I know she saw, and said nothing.
They are lost! lost!
I neither save nor shield them.
I keep nothing from them.
Oh, I am useless. What can I do?
It is far worse than 1 dreamed.
They ar e lost ! Lost !... Lost !...
(The lights fade.)
46
Flora se tourne silencieusement et delibérément vers le public,
tournant le dos à Miss Jessel. La gouvernante, prenant alors
conscience de son silence, lève les yeux et voit Miss Jessel qui disparaît
aussitôt.)
La Gouvernante
Flora, venez !
Il faut y aller maintenant, allez chercher Miles.
Miles (en coulisse, criant)
Ohé ! où êtes-vous ?
La Gouvernante
Le voilà ! Allez le chercher ! Allez le chercher !
Miles (en coulisse)
Ohé !
(Flora sort en courant.)
La Gouvernante
Miss Jessel ! C'était Miss Jessel !
Elle est revenue, elle aussi, elle aussi.
Et Flora l'a vue, je sais qu'elle l'a vue, et elle n'a rien dit.
Ils sont perdus ! Perdus !
Je ne les sauve ni ne les protège.
Je n'arrive pas à les préserver.
Oh ! je suis inutile. Que puis-je faire ?
C'est bien pire que ce que j'imaginais.
Ils sont perdus ! Perdus !... Perdus !...
(Les lumières baissent.)
Variation VII
Variation VII
Scene 8. At Night
Scène 8. La nuit
Quint (unseen)
Miles! Miles! Miles! Ah, Miles!
Quint (invisible)
Miles ! Miles ! Miles ! Ah ! Miles !
The lights fade in on the front of the house and the tower.
Quint is on the tower, Miles in the gardes below him, in
his nightgown.
Les lumières montent sur la façade de la maison et sur la tour.
Quint est sur la tour, Miles en bas dans le jardin, en chemise de
nuit.
Miles
I'm here, oh, Im here!
Miles
Je suis là, je suis là !
Quint
I'm all things strange and bold,
The riderless horse
Snorting, stamping on the hard sea sand,
The hero-highwayman plundering the land.
I am King Midas with gold in his hand.
Quint
Je suis toute chose étrange et audacieuse,
le cheval sans cavalier
grognant, trépignant sur le sable ferme de la plage,
le héros bandit de grand chemin pillant le pays.
Je suis le roi Midas, de l'or plein les mains.
Miles
Gold, oh yes, gold!
Miles
De l'or, oh ! oui, de l'or !
Quint
I am the smooth world's double face,
Mercury's heels
Feathered with mischief and a god's deceit.
The britt le blandishment of count erfeil.
In me secrets, half-formed desires meet.
Quint
Je suis le double, le régulier visage de la Terre,
les talons de Mercure
empennés de malice, une duperie de Dieu.
La fragile flatterie de la contrefaçon.
En moi, secrets et désirs à demi formés s'unissent.
Miles
Secrets, oh secrets!
Miles
Des secrets, oh ! des secrets !
Quint
I am the hidden life that stirs
Quint
Je suis la vie cachée
When the candle is out;
Upstairs and down, the footsteps barely heard.
qui ranime la morte chandelle ;
les pas à peine audibles qui montent et descendent. *
The unknown gesture, the soft, persistent word,
Le geste inconnu, le verbe doux et incessant,
The long sighing flight of the night-winged bird.
le long vol gémissant de l'oiseau de nuit.
Miles
Bird !
Miles
Un oiseau!
Quint
Miles!
Quint
Miles !
Miles
I’m listening!
Quint
Miles!
Quint
Miles !
(The lights note come up on Flora at the window
(Les lumières se dirigent maintenant sur Flora à la fenêtre,
and Miss Jessel by the lake.)
et sur Miss Jessel au bord du lac.)
Flora
I’m here, oh, I’m here!
Flora
Je suis là, je suis là !
Miles
I'm listening, I’m here.
Miles
J'écoute, je suis là!
Quint
Miles!
Quint
Miles !
Miss Jessel
Their dreams and ours
Miss Jessel
Miles
J'écoute !
Can never be one;
ne feront qu'un ;
They will forsake us.
Oh come to me! Come!
ils nous abandonneront.
Oh ! Viens à moi ! Viens !
Flora
Tell me, what shall I see there?
Flora
Dites-moi, que verrai-je là-bas ?
Quint
Miles!
Quint
Miles !
Miles
I'm here!
Miles
Je suis là !
Quint
Miles!
Quint
Miles !
Miss Jessel (unseen)
Miss Jessel (invisible)
Flora! Dora! Come!
Flora ! Flora ! Viens !
Jamais leurs rêves et les nôtres
Quint (to Miles)
Quint (à Miles)
What goes on in your head, what questions?
Qu'as-tu à l'esprit, quelles sont tes questions ?
Ask, for I answer all.
Demande-moi, car j'ai réponse à tout.
Miles
Oh!
Miles
Oh!
47
Miss Jessel
All those we have wept for together;
Miss Jessel
Tous ceux que nous avons pleurés ensemble ;
Miles
I shall never fait.
Miles
Jamais je n'échouerai.
Beauty forsaken in the beast's demesne,
The little mermaid weeping on the sill,
Gerda and Psyche seeking their loves again,
Beauté abandonnée sur le domaine de la bête,
la petite sirène pleurant sur le rivage,
Gerda et Psyché à la recherche de leurs amours,
Yes, I shall be there.
Oui, je serai là.
Flora
Flora
Pandora, with her dreadful box, as well.
et aussi Pandore et sa terrible boite !
Yes, I shall be there.
I shall never fail.
Oui, je serai là.
Jamais je n'échouerai.
Quint
Quint
Ask! Ask! Ask!
Demande ! demande ! demande !
Mrs. Grose (approaching)
Mrs. Grose (s'approchant)
Flora! Are you there?
Flora ! êtes-vous là ?
Governess (approaching)
La Gouvernante (s'approchant)
Miles! Where are you?
Miles ! où êtes-vous ?
Quint
Viens ! Miles !
Flora
Flora
Pandora with her box as well!
Et aussi Pandore et sa boîte !
Quint (to Miles)
Quint (à Miles)
What goes on in your dreams? Keep silent!
I know, and answer that too.
Qu'est-ce qui habite tes rêves ? Tais-toi !
Quint
Je sais cela aussi et peux y répondre.
Come! Miles!
Miles
Oh!
Miles
Oh!
Miss Jessel
Miss Jessel
Their knowledge and ours
Miss Jessel
Jamais leur savoir et le nôtre
(The Governess appears in the porch, Mrs. Grose at the
window. Quint and Miss Jessel disappear. The Governess
(La gouvernante apparaît sur le porche, Mrs. Grose à la
fenêtre.Quint et Miss Jessel disparaissent. La gouvernante
Can never be one;
ne feront qu'un.
runs to Miles.)
se précipite vers Miles.)
They will despise us.
Ils nous mépriseront.
Oh come to me, come!
Oh ! viens à moi, viens !
Governess
La Gouvernante
Mrs. Grose! Go to Flora!
Mrs. Grose ! Allez chercher Flora!
Mrs. Grose
Why, whatever's going on? Miss Flora out of bed!
Mrs. Grose
Pourquoi, que se passe-t-il ? Miss Flora n'est pas au lit !
Governess
Miles! What are you doing here?
La Gouvernante
Miles, que faites-vous ici ?
Quint, Miss Jessel
Quint, Miss Jessel
On the paths. in the woods, on the banks,
by the walls, in the long, lush grass,
or the winter leaves, fallen leaves, I wait.
Sur les sentiers, dans les bois, sur les talus,
le long des murs, dans les herbes hautes et luxuriantes,
ou les feuilles mortes, les feuilles d'hiver, j'attends.
You must not fail!
I shall be there!
Vous ne devez pas échouer!
je serai là !
48
Flora! Come to me!
Miss Jessel
Flora, viens à moi !
(Mrs. Grose takes Flora away.)
Miles
You see, I am bad, I am bad, aren't I?
(Miles goes into the house followed by the Governess as the
lights fade.)
ACT TWO
DEUXIÈME ACTE
Variation VIII
Variation VIII
Scene 1. Colloquy and Soliloquy
The lights fade in on Quint and Miss Jessel — nowhere.
Scène 1. Colloque et soliloque
Les lumières montent sur Quint et Miss Jessel.
Lieu indéterminé.
Miss Jessel
Pourquoi m'as-tu arrachée à mes rêves d'école ?
(Mrs. Grose emmène Flora.)
Miles
Vous voyez, je suis méchant, je suis méchant, n'est-ce pas ?
(Miles entre dans la maison suivi de la gouvernante, alors que les lumières
baissent.)
Miss Jessel
Why did you call me from my schoolroom dreams?
Quint
I call? Not I !
You heard the terrible sound of the wild swan's wings.
Quint
Moi ? Jamais de la vie ! C'est l'effroyable bruissement
d'ailes du cygne que tu as entendu.
Miss Jessel
Cruel! Why did you beckon me to your side?
Miss Jessel
Cruel ! Pourquoi m'as-tu rappelée à tes côtés ?
Quint
I beckon? No, not I !
Your beating heart to your own passions lied.
Quint
Rappelée ? Jamais de la vie !
Ton coeur palpitant a trompé tes propres passions.
Miss Jessel
Betrayer! Where were you when in the abyss I fell?
Miss Jessel
Traître ! Où étais-tu quand dans l'abîme je tombais ?
Quint
Betrayer? Not I!
I waited for the sound of my own last bell.
Quint
Traître ? Pas moi !
J'attendais le son de mon propre glas.
49
Q u i n t
No!Self-
Miss Jessel
And now, what do you seek?
Quint
Miss Jessel
Et maintenant, que cherches tu ?
Quint
Quint
I seek a friend.
Je cherche un ami.
Miss Jessel
Miss Jessel
She is here!
Me voilà !
Quint
No ! Self-deceiver!
Quint
Non ! Tu te trompes toi-même !
Miss Jessel
Ah! Quint, Quint, do you forget ?
Miss Jessel
Ah ! Quint, Quint, as-tu oublié ?
Quint
I seek a friend...
Obedient to follow where I lead,
Slick as a juggler's mate to catch my thought,
Proud, curious, agile, he shall feed
My mounting power.
Then to his bright subservience I’ll expound
The desperate passions of a haunted heart,
And in that hour
'The ceremony of innocence is drowned.'
Quint
Je cherche un ami..,
prêt à me suivre là oui je l'emmènerai,
aussi habile que l'assistant du jongleur
à saisir mes pensées,
fier, curieux, agile, il nourrira mon pouvoir croissant.
Et à sa suprême servilité, j'exposerai
les passions désespérées d'un coeur hanté,
et désormais
« La cérémonie de l'innocence a sombré. »
Miss Jessel
I too must have a soul tu share my woe
Despised, betrayed, unwanted she must go
Forever to my joyless spirit bound.
'The ceremony of innocence is drowned.'
Miss Jessel
À moi aussi, il faut une âme pour partager mon malheur.
Méprisée, trahie, rejetée, elle sera
à tout jamais enchaînée à mon esprit désolé.
« La cérémonie de l'innocence a sombré. »
50
Quint, Miss Jessel
Day by day the bars we break,
Break the love that laps them round,
Cheat the careful watching eyes,
“the ceremony of innocence is drowned.”
“The ceremony of innocence is drowned”...
(The lights fade out on Quint and Miss Jessel and fade in on
the Governess.)
Quint, Miss Jessel
Jour après jour, nous brisons les barreaux, nous
brisons l'amour qui les enveloppe,
nous trompons l'oeil bienveillant qui observe,
« La cérémonie de l'innocence a sombré »,
« La cérémonie de l'innocence a sombré »...
(Les lumières baissent sur Quint et Miss Jessel, et montent sur la
gouvernante.)
Governess
Lost in my labyrinth I see no truth,
only the foggy walls of evil press upon me.
Lo st in my labyr int h I see no t rut h.
Oh innocence, you have corrupted me,
which way shall I turn?
I know nothing of evil
yet I fear it, I feel it, worse, imagine it.
Lost in my labyrinth
which way shall I turn?...
(The lights fade.)
La Gouvernante
Perdue dans mon labyrinthe, je ne vois plus la vérité,
seulement les murs douteux du mal qui m'oppressent.
Perdue dans mon labyrinthe, je ne vois plus la vérité.
Oh ! innocence tu m'as corrompue,
quel chemin dois-je emprunter ?
Je ne connais rien du mal
et pourtant je le crains, je le sens, pire, je l'imagine.
Perdue dans mon labyrinthe,
quel chemin dois-je emprunter ?...
(Les lumières baissent.)
Variation IX
Scene 2.The Bells
The lights fade in on the churchyard with a table tomb and
indications of a church.
Miles, Flora (chanting off, approaching)
Oh sing unto t hem a new song:
let t he congregat ion praise him.
O ye works and days:
bless ye the lord.
Variation IX
Scène 2. Les cloches
Les lumières montent sur le cimetière, une pierre tombale ; un
office va commencer.
Miles, Flora (s'approchent en chantant)
Oh !chantons-leur un chant nouveau :
que l'assemblée Le glorifie.
Que les travaux et les jours
soient bénis par le Seigneur
(They walk in like choirboys.)
0 ye rivers and seas and lakes:
bless ye the Lord.
0 amnis, axis, caulis, collis,
clunis, crinis, fascis, follis:
Hess ye the Lord.
Praise him and magnify him for ever.
(the children settle themselves on the tomb as the Governess and Mrs.
Grose enter.)
(Ils marchent comme des enfants de choeur)
Que les rivières, les lacs et les mers :
soient bénis par le Seigneur.
Ô amnis, axis, caulis, collis,
clunis, crinis, fascis, follis :
que le Seigneur vous bénisse.
Glorifiez-Le et magnifiez-Le pour l'éternité.
(Les enfants s'installent sur la tombe alors que la gouvernante et Mrs.
Grose entrent.)
Mrs. Grose
Oh Miss, a bright morning to be sure.
Mrs. Grose
Oh ! Mademoiselle, quelle claire matinée, n'est-ce pas ?
Governess
Yes.
La Gouvernante
Oui.
Miles, Flora
0 ye tombstones and Crees: praise him.
Miles, Flora
Ô pierres tombales, arbres : glorifiez-Le.
Mrs. Grose
Bright as the Sunday morning bells,
how I love the sound.
Mrs. Grose
Claire comme les cloches du dimanche matin, comme
j'aime leur son.
Governess
Yes.
La Gouvernante
Oui.
Miles, Flora
O ye bells and towers: praise him.
Miles, Flora
Ô cloches, et tours : glorifiez-Le.
Mrs. Grose
And the dear children, how sweet they are together.
Mrs. Grose
Et ces chers enfants, comme ils sont gentils.
Governess
Yes.
La Gouvernante
Oui.
Miles, Flora
O ye paths and woods: praise him.
O ye frosts and fallen leaves: praise him.
O ye dragons and snakes, worms and feathered fowl:
rejoice in the Lord.
Miles, Flora
Ô sentiers et bois : glorifiez-Le.
Ô gelées et feuilles mortes : glorifiez-Le.
Ô dragons et serpents, vers et volatiles à plumes :
réjouissez-vous dans le Seigneur.
Mrs. Grose
Come Miss, don't worry.
It will pass, I'm sure.
They're so happy with you.
You're so good to t hem.
We all love you, Miss.
Mrs. Grose
Venez. Mademoiselle, ne vous inquiétez pas.
Cela va passer, j'en suis sûre.
Ils sont si heureux avec vous.
Vous êtes si bonne pour eux.
Nous vous aimons tous, Mademoiselle.
Miles, Flora
O Mrs. Grose, bless ye the lord:
may she never be confounded.
Miles, Flora
Ô Mrs. Grose, que le Seigneur vous bénisse :
puisse-t-elle n'être jamais confondue.
Governess
Dear good Mrs. Grose, they are not playing,
they are talking horrors.
La Gouvernante
Seigneur ! Mrs. Grose, ils ne jouent pas,
ils disent des horreurs.
Mrs. Grose
Oh! Never!
Mrs. Grose
Oh ! non, jamais !
Governess
Why are they so charming?
Why so unnaturally good?
I tell you they are not with us,
but with the others.
La Gouvernante
Pourquoi sont-ils si charmants ?
Pourquoi si anormalement sages ?
Je vous le dis, ils ne sont pas avec nous, ils sont
avec les autres.
51
Mrs. Grose
With Quint and that woman?
Mrs. Grose
Avec Quint et cette femme ?
Governess
With Quint and that woman.
La Gouvernante
Avec Quint et cette femme.
Mrs. Grose
But what could they do?
Mrs. Grose
Mais que peuvent-ils faire ?
Governess
Do? They could destroy them.
La Gouvernante
Ce qu'ils peuvent faire ! Ils peuvent les détruire.
Mrs. Grose
Miss! You must write to their uncle.
Mrs. Grose
Mademoiselle ! vous devez écrire à leur oncle.
Governess
That his house is poisoned,
the children mad, or that I am?
I was charged not to worry him.
La Gouvernante
Que cette maison est empoisonnée,
que les enfants sont fous, ou que je le suis ?
J'avais obligation de ne pas l'inquiéter.
Mrs. Grose
Yes. He does hate worry.
Mrs. Grose
Oui, il déteste qu'on l'inquiète.
Governess
I shall never write to him.
Can you not feel them round about you?
They arc here, there, everywhere.
And the children are with them, they arc not with us.
La Gouvernante
Je ne lui écrirai jamais.
Ne les sentez-vous pas tout autour de vous ?
Ils sont ici, là, partout.
Et les enfants sont avec eux, ils ne sont pas avec nous.
Mrs. Grose
Come Miss, dont worry.
It will pass I’m sure.
Mrs. Grose
Venez Mademoiselle, ne vous inquiétez pas.
Cela passera, j'en suis sûre.
They're so happy with you,
you're so good to them.
We all love you so.
Never you mind, we'll be all right, you'll see.
Ils sont si heureux avec vous,
vous êtes si bonne pour eux.
Nous vous aimons tous tellement.
Ne vous en faites pas, tout ira bien, vous verrez.
Miles, Flora
O ye paths and woods: bless ye the Lord.
O ye walls and towers: bless ye the Lord.
O ye moon and stars, windows and lakes:
praise him and magnify him for ever.
Miles, Flora
Ô sentiers et bois : le Seigneur vous bénisse.
Ô murs et tours : le Seigneur vous bénisse.
Ô lune et étoiles, fenêtres et lacs :
glorifiez-Le et rendez-Lui grâce pour l'éternité.
Mrs. Grose
Come Miss! It is time we went in.
Come to church my dear,
it will do you good. Flora! Miles!
Come along dears.
(She collects the children and goes towards the church, but
Miles hangs back and turns to the Governess.)
Mrs. Grose
Venez Mademoiselle, il est temps d'entrer.
Entrez dans l'église, ma chère,
cela vous fera du bien. Flora ! Miles !
Venez mes chéris.
(Elle rassemble les enfants et se dirige vers l'église, mais Miles reste en
arrière et se tourne vers la gouvernante.)
Miles
Do you like the bells? I do.
They're not half finished yet.
Miles
Aimez-vous les cloches ? Moi oui.
Elles ne sont pas près de s'arrêter.
Governess
No.
La Gouvernante
Non.
Miles
Then we can talk, and you can tell me
when I'm going hack to school.
Miles
Alors nous pouvons discuter et vous pourrez me dire quand
je retournerai à l'école ?
Governess
Are you not happy here?
La Gouvernante
Vous n'êtes pas heureux ici ?
52
Miles
I'm growing up, you know. I want my own kind.
Miles
Je grandis, vous savez. Il me faut des gens comme moi.
Governess
La Gouvernante
Yes, you're growing up.
Oui, vous grandissez.
Miles
Miles
So much I want to do, so much I might do.
J’ai tant à faire, il y a tant de choses que je pourrais faire.
Governess
La Gouvernante
But I trust you, Miles.
Mais j'ai confiance en vous, Miles.
Miles
You trust me, my dear, but you think and think...
of us, and of the others.
Miles
Vous avez confiance, ma chère,
mais vous pensez et pensez... à nous, et aux autres.
(Miles goes off into the church. The bells reach their climax and
then stop. The Governess sits down suddenly on the table tomb.)
away from my fears,
away from those horrors,
away from this poisoned place,
away, away!
(The lights fade as she runs awats)
Variation X
loin de mes peurs,
loin de ces horreurs,
loin de ce lieu empoisonné,
loin, loin !
(Les lumières baissent alors qu'elle s'enfuit.)
Variation X
Scene 3. Miss Jessel
The light fades in on the schoolroom. The Governess
enters immediately. Miss Jessel is sittng at the desk.
Scène 3. Miss Jessel
Les lumières éclairent peu à peu la salle de classe. La
gouvernante entre brusquement. Miss Jessel est assise au
bureau.
Governess
She is here! Here, in my own room!
La Gouvernante
Elle est ici ! ici, dans ma propre classe !
Miss Jessel
Here my tragedy began, here revenge begins.
Miss Jessel
Ici a commencé ma tragédie, ici commence la revanche
(Miles entre dans l'église. Les cloches atteignent leur apogée et
cessent.La gouvernante s'assoit soudain sur la pierre tombale.)
Mrs. Grose, Flora, Miles (from the church)
Mrs. Grose, Miles, Flora (dans l'église)
Praise him and magnify him for ever!
Glorifiez-Le et rendez-Lui grâce pour l'éternité !
Does my uncle think what you think?
Est-ce que mon oncle pense ce que vous pensez ?
Governess
It was a challenge!
He knows what I know, and dares me to act.
But who would believe my story? Mrs. Grose?
No, she's no good. She has doubts.
I am alone, alone.
I must go away, now, white they are at church;
away from those false little lovely eyes;
La Gouvernante
C'était un défi !
Il sait ce que je sais, et me pousse à agir.
Mais qui croirait mon histoire ? Mrs. Grose ?
Non, elle n'est pas sûre ; elle a des doutes.
Je suis seule, seule.
Je dois partir, maintenant, pendant qu'ils sont à l'église ;
loin de ces jolis petits yeux perfides ;
Governess
Nearer and nearer she comes,
from the lake, from the stair.
La Gouvernante
Elle s'approche de plus en plus près, venant
du lac, de l'escalier.
Miss Jessel
Ah, here I suffered, here I must find my peace.
Miss Jessel
Ah, ici j'ai souffert, ici je dois trouver la paix.
Governess
From the stair, from the passage.
La Gouvernante
De l'escalier, du corridor.
Miss Jessel
Peace did I say? Not peace,
but the fierce imparting of my woe.
Miss Jessel
La paix, ai-je dit ? Non pas la paix,
mais l'ardent désir de partager ma peine.
53
Governess
From the passage, into the very heart of my kingdom.
Miss Jessel
La Gouvernante
Du corridor, dans le coeur même de mon domaine.
I shall corne closer, closer, and more often.
Miss Jessel
Je m'approcherai de plus en plus, et de plus en plus souvent.
Governess
La Gouvernante
There she sheds her ghastly influence.
La voilà qui diffuse sa pernicieuse influence.
She shall not! She shah not!
I won't bear it!
Non, elle ne le fera pas ! elle ne le fera pas !
Miss Jessel
Miss Jessel
So I shall be waiting, waiting, hovering,
ready for the child.
J'attendrai, j'attendrai, rôdant,
(The Governess braces herself to speak directly to her.)
(La gouvernante rassemble ses forces pour lui parler directement.)
Governess
Why are you here?
Miss Jessel (risinq, oblivious)
Alas, alas!
Governess
It is mine, mine, the desk.
Miss Jessel
Alas, alas!
Governess
They are mine, mine, the children.
I will never abandon them.
54
Je ne le supporterai pas !
prête à m'emparer de l'enfant.
La Gouvernante
Que faites vous ici ?
Miss Jessel (se levant, inconsciente)
Hélas, hélas !
La Gouvernante
Il est à moi, à moi, ce bureau.
Miss Jessel
Hélas, hélas !
La Gouvernante
Ils sont à moi, à moi, les enfants.
Je ne les abandonnerai jamais.
Miss Jessel
Alas, alas, I cannot rest.
I am weary and I cannot rest.
Governess
Miss Jessel
Hélas, hélas, je ne puis trouver le repos.
Je suis lasse mais ne puis trouver le repos.
La Gouvernante
Begone! Begone! You horrible, terrible woman!
Hors d'ici ! hors d'ici ! Horrible femme, terrible femme !
Miss Jessel
Alas!
(Miss Jessel disappears. The Governess sinks down
in her place.)
Miss Jessel
Hélas!
(Miss Jessel disparaît. La gouvernante se laisse choir
à sa place.)
Governess
I can't go, I can't, I can’t.
But I can no longer support it alone.
I must write to him, write to him now.
La Gouvernante
Je ne peux pas partir, je ne peux pas.
Mais je ne peux plus faire front toute seule.
Je dois lui écrire, lui écrire maintenant.
(She writes. She reads what she has written.)
'Sir, dear sir, my dear sir,
I have not forgotten your charge of silence,
but there are things that you must know,
and I must see you, must see and tell you,
at once. Forgive me'
That is all.
(The scene fades.)
(Elle écrit puis lit ce qu'elle a écrit.)
« Monsieur, cher Monsieur, mon cher Monsieur :
je n'ai pas oublié vos consignes de silence,
mais il y a des choses que vous devez savoir,
et il faut que je vous voie, que je vous voie et vous parle
immédiatement. Pardonnez-moi. »
C'est tout.
(Les lumières baissent.)
Variation X1
Variation XI
Scene 4. The Bedroom
The lights fade in on Miles's bedroom. He is sittinq on the
edge of his bed with his shoes and jacket off. He is restless.
The room is lit by a candle.
Scène 4. La chambre
Les lumières montent sur l'intérieur de la chambre de Miles. Il est
assis sur le bord de son lit, il a enlevé ses chaussures et sa veste. Il est
agité. La chambre est éclairée à la chandelle.
Miles
Mato, Malo, than a naughty boy..
Malo in...
(The Governess is seen approaching the room.)
I say, what are you waiting for?
(The Governess comes in.)
Miles
Malo, Malo, qu'un méchant garçon...
Malo, dans..
(On voit la gouvernante s'approcher de la chambre.)
Dites moi, qu'attendez-vous ?
(La gouvernante entre.)
Governess
Why Miles, not yet in bed?
Not even undressed?
La Gouvernante
Eh bien Miles, vous n'êtes pas encore au lit ? Même
pas déshabillé ?
Miles
Oh I've been sitting, sitting and thinking.
Miles
0h, j'étais assis, assis en train de penser.
Governess
Miles, I've just written to your guardian.
Miles
What a lot you’ll have to tell him.
Governess
La Gouvernante
Thinking? Of what were you thinking?
Penser ? à quoi pensiez-vous ?
Miles
Of this queer lite, the life we've been living.
Miles
À cette vie étrange, cette vie étrange que nous avons vécue.
Governess
What do you mean by that? What life?
La Gouvernante
Que voulez-vous dire ? Quelle vie ?
Miles
Miles
My dear, you know. You're always watching.
Ma chère, vous savez. Vous surveillez sans cesse.
Governess
I dont know. Miles, for you've never told me,
you've told me nothing,
nothing of what happened before I came.
I thought till today that you were quite happy.
Miles
I am, I am. I’m always thinking, thinking.
Miles
Je le suis, je le suis, mais je pense, je pense sans cesse.
La Gouvernante
Miles, je viens d'écrire à votre tuteur.
Miles
Vous aurez tant à lui dire.
Governess
So will you, Miles.
(Miles changes his position, but does not answer.)
Miles, dear little Miles,
is there nothing you want to tell me?
(Miles shifis again.)
La Gouvernante
Vous aussi, Miles.
(Miles change de position, mais ne répond pas.)
Miles, cher petit Miles,
N'y a-t-il rien que vous ne vouliez me dire ?
(Miles change encore de position.)
Quint (unseen)
Miles! Are you listening?
Quint (invisible)
Miles ! m'entends-tu ?
Governess
Miles, what happened at school?
What happened here?
(Miles turns away from her.)
La Gouvernante
Miles, que s'est-il passé à l'école ?
Que s'est-il passé ici ?
(Miles lui tourne le dos.)
Quint (unseen)
Miles! I am here.
Quint (invisible)
Miles ! je suis là.
Governess
Miles, if you knew how I want to help you,
how I want you to help me save you.
La Gouvernante
Miles, si vous saviez comme je veux vous aider,
comme je veux que vous m'aidiez à vous sauver.
La Gouvernante
Je ne sais pas, Miles, car vous ne m'avez rien dit,
jamais rien dit,
rien de ce qui s'est passé avant que j'arrive.
Jusqu'à maintenant je pensais que vous étiez très heureux.
55
Quint (unseen)
Miles! I’m wait ing, I'm wait ing, wait ing, Miles.
(Miles shrieks, and the candle goes out.)
Quint (invisible)
Miles, j'attends, j'attends, j'attends, Miles.
(Miles hurle, et la chandelle s'éteint.)
Governess
Oh, what is it, What is it?
Why, the candle's out!
La Gouvernante
Oh ! que se passe-t-il ? Que se passe-t-il ?
La chandelle s'est éteinte !
Miles
'Twas I who blew it, who blew it, dear!
(The scene fades.)
Miles
C'est moi qui l'ai soufflée, c'est moi, ma chère !
(Les lumières baissent.)
Variation XII
(Durinq this variation Quint is seen hoverinq. He sings.)
Variation XII
(Pendant cette variation, on voit Quint rôder. Il chante.)
Quint
So!She has written.
What has she written?
What has she written?
What has she written?
Quint
Alors ! elle a écrit.
Qu'a t elle écrit ?
Qu'a t-elle écrit ?
Qu'a-t-elle écrit ?
She has told all she knows.
What does she know?
What does she know?
What does she know?
Elle a dit tout ce qu'elle sait.
Que sait elle ?
Que sait-elle ?
Que sait-elle ?
It is there on the desk,
there on the desk.
Easy to take
easy to take
easy to cake!
La lettre est là sur le bureau,
là, sur le bureau.
Facile à prendre
Facile à prendre
Facile à prendre !
56
Scene 5. Quint
Miles is seen hesitating in his room
Quint
Take it!
Take it!
Take it!
(Miles creeps across the stage to the schoolroom desk.)
Take it!
Take it!
(Miles takes the Governess's letter back to his bedroom.
The lights fade.)
V a ri a t i o n XIII
Scène 5. Quint
On voit Miles dans sa chambre, il hésite.
Quint
Prends-la !
Prends la!
Prends la!
(Miles traverse la scène en rampant vers le bureau
de la salle de classe.)
Prends-la!
Prends la!
(Miles prend la lettre de la gouvernante, et l'emporte dans sa chambre.
Les lumières baissent.)
Variation XIII
Scene 6. The Piano
The lights fade in on the schnolroom. Miles is sitting at the
piano, playing. The Governess and Mrs.Grose are hovering
about, listening to him. Flora is sitting on thefloor, playing
at 'cats cradle'.
Scène 6. Le piano
Les lumières montent sur la salle de classe. Miles est assis au
piano et joue. La gouvernante et Mrs. Grose tournent autour
en écoutant. Flora est assise sur le sol, et joue au « berceau
du chat ».
Governess, Mrs. Grose
Oh what a clever boy;
why, he must have practised very hard.
La Gouvernante, Mrs. Grose
Oh ! quel brillant garçon ; il a dû beaucoup travailler.
Mrs. Grose
I never knew a Little boy so good.
Mrs. Grose
Je n'ai jamais connu un garçon aussi sérieux.
Governess
Ah! yes, there is no mistake,
he is clever, they both are.
La Gouvernante
Ah ! oui, il n'y a pas d'erreur,
il est brillant, ils le sont tous les deux.
Mrs. Grose
T'hey've come on wonderfully well with you, Miss.
Mrs. Grose
Vous avez si merveilleusement réussi avec eux, Mademoiselle.
Governess
My dear, with such children anything is possible.
(She takes Mrs. Grose aside and whispers.)
I've done it!I've written it! It's ready for the post.
La Gouvernante
Ma chère, avec des enfants comme ceux-là, tout est possible.
(Elle prend Mrs. Grase à part et murmure.)
C'est fait ! je l'ai écrite ! elle est prête pour la poste.
Mrs. Grose
That's right, Miss.
I'm sure that's right.
Mrs. Grose
Très bien, Mademoiselle.
Je suis sûre que c'est une bonne chose.
Governess (aloud to Miles)
Go on, dear. Mrs. Grose is enjoying it.
We’re all enjoying it.
La Gouvernante (tout haut à Miles)
Allez-y, mon cher, Mrs. Grose apprécie beaucoup.
Nous apprécions tous.
Governess, Mrs. Grose
()h what a clever boy!
1 nover knew a little boy so good.
(The Governess stays by the piano hanging over Miles.He
finishes his first piece and turns the pages for the second.)
La Gouvernante, Mrs. Grose
Oh ! quel brillant garçon !
Je n'en ai jamais connu de meilleur.
(La gouvernante se tient à côté du piano au-dessus de Miles.
Il termine son premier morceau et tourne les pages pour le second.)
Mrs. Grose (walking over to watch Flora)
And Miss Flora, playing at cats cradle.
There's a nimble-fingered litt le girl.
(She settles down near Flora.)
Mrs. Grose (s'avançant pour regarder Flora)
Et Miss Flora qui joue au berceau du chat.
Voilà une petite fille aux doigts de fée.
(Elle s'assoit à côté de Flora.)
Mrs. Grose (with Flora echoing her words) Cradles for cats
Are string and air.
If we let go
There's nothing there.
Mrs. Grose (et Flora répétant ses mots)
Les berceaux des chats
sont du fil et de l'air.
Si on les lâche
ils disparaissent
But if we're neat
And nimble and clever
Pussy cat's cradle will
Go on for ever.
(During this conversation Miles begins showing off at the
piano.)
mais si on est malin
doué et adroit
les berceaux des chatons
ne cesseront jamais d'exister.
(Pendant cette conversation, Miles commence à parader
au piano.)
Flora
Mrs. Grose, are you tired?
Flora
Mrs. Grose, vous êtes fatiguée ?
Mrs. Grose
Well, my head do keep nodding...
It's this warm room.
Mrs. Grose
Oui, ma tête ne cesse de dodeliner...
C'est la chaleur de cette pièce.
Flora
Shut your eyes then and you shall have a cradle,
a cradle, Mrs. Grose's cradle.
Flora
Alors, fermez les yeux et vous aurez un berceau,
un berceau, un berceau , le berceau de Mrs. Grose.
Governess (softly)
Ah, Miles! Miles!
La Gouvernante (doucement)
Ah, Miles ! Miles !
Mrs. Grose
And Master Miles's playing.
Mrs. Grose
Et Maitre Miles qui joue !
Flora
Go to sleep! Go to sleep!
(She slips away unnoticed.)
Flora
Dormez !dormez !
(Elle s'éclipse sans se faire remarquer.)
Governess (softly)
Ah, Miles! Miles!
(Suddenly she stops him.)
Flora! Flora! Mrs. Grose! Wake up! She is gone.
La Gouvernante (doucement)
Ah, Miles ! Miles !
(Elle l'arrête soudainement.)
Flora ! Flora! Mrs. Grose ! réveillez-vous ! elle est partie.
57
Mrs. Grose
What? Who, Miss?
Mrs. Grose
Comment ? Qui, Mademoiselle ?
Governess
Flora's gone, gone out to her.
Come, we must go and find her!
La Gouvernante
Flora est partie, partie la rejoindre.
Venez, il faut aller la chercher !
Mrs. Grose
Lord, Miss! Rut you'll leave the boy?
Governess
Oh I don't mind that now, he's with Quint!
He's found the most divine little way
to keep me quiet while she went.
Come! Come!
(They rush off as Miles goes on playing triumphantly and the
scene slowly fades.)
Mrs. Grose
Seigneur, Mademoiselle ! Mais vous allez laisser le garçon ?
La Gouvernante
Oh ! cela n'a plus d'importance maintenant, il est avec Quint !
Il a trouvé la plus divine ruse
pour que je m'assoupisse pendant qu'elle partait.
Venez ! Venez !
(Elles sortent précipitamment alors que Miles continue à jouer
triomphalement et les lumières baissent lentement.)
Variation XIV
Scene 7. Flora
The scene fades in on Flora by the lake, watching.
Scène 7. Flora
Les lumières montent sur Flora au bord du lac, elle regarde.
Mrs. Grose (off)
Mrs. Grose (en coulisse)
Flora!
Flora !
Governess (off)
Flora !
La Gouvernante (en coulisse)
Flora !
Mrs. Grose, Governess (off)
Flora
(They rush on and see the girl by the lake.)
Mrs. Grose, La Gouvernante (en coulisse)
Flora
(Elle se précipitent et voient la fille au bord du lac.)
Mrs. Grose
There she is!
(She runs over to Flora.)
Fancy running off like that,
and such a long way, too,
without your hat and coat.
You are a naughty girl,
whatever made you leave us all?
(The Governess slowly walks over to them.)
Mrs. Grose
La voilà !
(Elle court vers Flora.)
Quelle idée de partir comme ça,
et si loin,
sans chapeau et sans manteau.
Vous êtes une vilaine fille,
qu'est-ce qui a bien pu vous faire partir ainsi ?
(La gouvernante les rejoint lentement.)
Governess
And where, my pet, is Miss jessel?
(Miss Jessel appears on the other side of the lake.)
La Gouvernante
Et où est Miss Jessel, ma chérie ?
(Miss Jessel apparaît de l'autre côté du lac.)
Miss Jessel
Flora! Flora!
Do not fail me!
Miss Jessel
Flora Flora
Ne m'abandonne pas !
Governess
Ah! She is there!
Look! She is there!
(pointing)
Look, you little unhappy thing!
Look, Mrs. Grose! She is there!
La Gouvernante
Ah ! Elle est là !
Regardez ! elle est là!
(la désignant)
Regardez ! petite malheureuse !
Regardez Mrs. Grose ! Elle est là !
Mrs. Grose
Indeed, Miss, there's nothing there.
Mrs. Grose
Vraiment, Mademoiselle, il n'y a rien là-bas.
Governess
Only look, dearest woman, don't you sce!
Now! Now!
La Gouvernante
Mais regardez seulement, chère Madame,
ne voyez-vous pas ! Là ! là !
58
Miss Jessel
Nothing shall they know.
Miss Jessel
Ils ne sauront rien.
Mrs. Grose (to Flora)
She isn't there, little lady,
nobody is there.
Mrs. Grose (à Flora)
Elle n'est pas là, ma petite,
il n'y a personne l'a-bas.
Governess
But look!
La Gouvernante
Mais regardez !
Flora
I can't see anybody, can't see anything,
nobody, nothing, nobody, nothing;
don't know what you mean.
Flora
Je ne vois personne, je ne vois rien,
personne, rien, personne, rien ;
je ne vois pas ce que vous voulez dire.
Mrs. Grose
There's nobody there.
Mrs. Grose
Il n'y a personne là-bas.
Miss Jessel
We know all things, they know nothing.
Don't betray me. Silence! Silence!
Miss Jessel
Nous savons tout, ils ne savent rien.
Ne me trahis pas. Silence ! silence !
Flora
You're cruel, horrible, hateful, nasty.
Why did you come here?
I don't know what you mean.
Flora
Vous êtes cruelle, horrible, odieuse, méchante.
Pourquoi êtes-vous venue ici ?
Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
Mrs. Grose
She isn't there.
Why, poor Miss Jessel's dead and buried,
we know that, love.
It's all a mistake.
Mrs. Grose
Elle n'est pas là.
Voyons ! la pauvre Miss Jessel est morte et enterrée,
nous savons tout cela, chérie.
Tout cela n'est que méprise.
Flora
Take me away! Take me away! I
don't like her!
(pointing al the Governess)
I hate her!
Flora
Emmenez-moi loin d'ici, loin d'ici !
Je ne l'aime pas !
(désignant la gouvernante)
Je la déteste !
Governess
Me!
La Gouvernante
Moi ?
Mrs. Grose
Yes, it's all a mistake,
and we'll get home as fast as we can.
There, there, dearie, there, there.
We'll get home as fast as we can.
Mrs. Grose
Oui, tout cela n'est que méprise,
et nous allons rentrer à la maison au plus vite.
Allez ! allez ! chérie ;
nous allons rentrer au plus vite.
Miss Jessel
Ah! Flora, Flora,
do not fail me.
Flora!
Miss Jessel
Ah ! Flora, Flora,
ne m'abandonne pas.
Flora !
Governess
Yes! Go! Go! Go!
La Gouvernante
Oui ! Allez-y ! allez-y ! allez-y !
Flora
I can't see anyhody, can't see anything,
nobody, nothing.
I don't know what she means.
Cruel, horrible, hateful, nasty,
we don't want you ! We don't want you!
Take me away, take me away from her!
H a t e f u l, c r u e l , n a s t y, ho r r i b l e .
(Flora and Mrs. Grose go off.
Flora
Je ne vois personne, je ne vois rien,
personne, rien.
le ne vois pas ce qu'elle veut dire.
Cruelle, horrible, odieuse, méchante,
nous ne voulons pas de vous !
Emmenez-moi ! Emmenez-moi loin d'elle !
Od ieu se, cr ue lle, méc ha nt e, ho r r ible.
(Flora et Mrs. Grose sortent.
59
LIBRETTO I ACT TWO 81
LIBRETTO I ACT TWO 80
The Governess matches them go, while Miss Jessel slowly
disappears.)
La gouvernante les regarde partir, et Miss Jessel disparaît
progressivement.)
Governess
Ah, my friend, you have forsaken me!
At fast you have forsaken me.
Flora, I have lost you.
She has taught you how to hale me.
Am I then horrible?
No! No! But I have failed,
most miserably failed,
and there is no more innocence in me.
And now she hates me!
Hates me! Hates me!
(The lights fade.)
La Gouvernante
Ah ! mon amie, vous m'avez abandonnée !
Finalement vous m'avez abandonnée.
Flora, je vous ai perdue.
Elle vous a appris à me hair.
S u is- je do nc s i ho r r ible ?
Non ! non ! Mais j'ai échoué,
misérablement échoué,
et j'ai perdu mon innocence.
Et maintenant elle me déteste !
Elle me déteste ! Me déteste !
(Les lumières baissent.)
Variation XV
Variation XV
Scene 8. Miles
The house and grounds. As the lights fade in, Mrs. Grove
and Flora appear in the porch,, dressed for travelling. Flora
has her doll and a little bag. The Governess walks towards
them; Flora deliberately turns her back. Mrs. Grove comes
to meet ber.
Scène 8. Miles
La maison et le parc. Alors que les lumières montent, Mrs. Grose et
Flora apparaissent sous le porche en tenue de voyage. Flora tient sa
poupée et un petit sac. La gouvernante s'avance vers eux ; Flora lui
tourne délibérément le dos. Mrs. Grose vient à sa rencontre.
Governess
Mrs. Grose.
Mrs. Grose
Oh Miss, you were quite right,
I must take her away.
Such a night as I have spent...
60
La Gouvernante
Mrs. Grose.
Mrs. Grose
Oh ! Mademoiselle, vous aviez bien raison,
je dois l'emmener.
j'ai passé une telle nuit...
(She cries.)
No, don't ask me.
What that child bas poured out in lier dreams,
t hings I never knew nor hope t o kno w,
nor dare remember.
(Elle pleure.)
Non, ne me demandez rien. Rien de ce que
cette pauvre enfant a pu raconter dans son sommeil,
des choses que je n'ai jamais soupçonnées,
ni n'ai voulu savoir et dont je n'oserais me souvenir.
Governess
My dear, I thought I had lost you,
thought you couldn't believe me, my dear.
La Gouvernante
Ma chère, j'ai cru vous avoir perdue,
j'ai cru que vous ne pourriez me croire, ma chère.
Mrs. Grose
I must take her away.
Mrs. Grose
Je dois l'emmener.
Governess
Yes, go to their uncle.
He knows now that all is not well,
he has had my letter.
La Gouvernante
Oui, allez chez son oncle.
Il sait maintenant que tout ne va pas bien,
il a reçu ma lettre.
Mrs. Grose
My dear, your letter never went,
it wasn't where you put it.
Mrs. Grose
Ma chère, votre lettre n'est jamais partie,
elle n'était pas là où vous l'aviez mise.
Governess
Miles?
La Gouvernante
Miles ?
Mrs. Grose
Miles must have taken it.
Mrs. Grose
Miles a dû la prendre.
Governess
All the same, go, and I shall stay
and face what I have t o face wit h t he bo y.
(Mrs. Grose goes quickly to Flora and takes her off)
La Gouvernante
Peu importe, allez, je resterai
et j'affronterai ce que je dois affronter avec le garçon.
(Mrs. Grose rejoint rapidement Flora et l'emmène.)
Oh Miles, I cannot bear to Jose you!
You shall be mine, and I shall save you.
(Miles saunters on.)
Oh ! Miles, je ne supporterais pas de vous perdre !
Vous serez à moi et je vous sauverai.
(Miles entre avec nonchalance.)
Miles
Yes. yes.
If I’ll do something now for you.
Miles
Oui, oui.
Et si je faisais quelque chose pour vous maintenant.
Miles
So, my dear, we are alone.
Miles
Alors, ma chère, nous sommes seuls.
Governess
Are we alone?
La Gouvernante
Sommes-nous seuls ?
Governess
To tell me what it is then
you have on your mind.
(Miles looks round desperately, but cannot see Quint.)
La Gouvernante
Dites-moi alors
ce que vous avez à l'esprit.
(Miles regarde désespérément autour de lui, mais ne trouve
pas Quint.)
Miles
Oh, I'm afraid so.
Miles
Oh ! j'en ai peur.
Quint (unseen)
Miles!
Quint (invisible)
Miles !
Governess
Do you mind?
Do you mind being left alone?
La Gouvernante
Cela vous ennuie ?
Cela vous ennuie d'être seul ?
Governess
I still want you to tell me.
La Gouvernante
Je veux que vous me le disiez.
Miles
Do you?
Miles
Et vous ?
Miles
Now?
M i l e s
Maintenant ?
Governess
Dearest Miles, I love to be with you.
What else should I stay for?
La Gouvernante
Mon cher Miles, j'aime tant être avec vous.
Pour quelle autre raison resterais-je ?
Governess
Yes, it would be best, you know.
La Gouvernante
Oui, cela vaudrait mieux, vous savez.
Miles
So, my dear, for me you stay?
Miles
Alors, ma chère, c'est pour moi que vous restez ?
Quint (unseen)
Beware!
(Miles looks about again.)
Quint (invisible)
Prends garde !
(Miles regarde de nouveau autour de lui.)
Governess
Governess
I stay as your friend, I stay as your friend.
Miles, there is nothing
I would not do for you, remember.
La Gouvernante
Je reste comme amie, je reste comme amie.
Miles, il n'y a pas une chose
que je ne ferais pour vous, souvenez-vous-en.
La Gouvernante
Que se passe-t-il Miles ?
Voulez vous retourner jouer ?
Miles
Oui, vraiment ! je vous dirait tout. Tout !
What is it, Miles?
Do you want to go and play?
Miles
Awfully! I will tell you everything. I will!
61
Quint (unseen)
Quint (invisible)
No!
Non !
Miles
But not now.
Miles
Mais pas maintenant.
Governess
Miles, did you steal my letter?
(Quint appears on the tower.)
La Gouvernante
Miles avez-vous volé ma lettre ?
(Quint apparaît sur la tour.)
Quint
Miles! You're mine! Beware of her!
Quint
Miles ! tu es à moi ! Prends garde à elle !
(The Governess sees Quint and pushes Miles around so that
he can't see him.)
(La gouvernante voit Quint et détourne Miles pour qu'il
ne le voie pas.)
Governess
Did you? Did you?
La Gouvernante
Miles
No. Yes. I took it.
Miles
Non. Oui. Je l'ai prise.
Governess
Why did you take it?
La Gouvernante
Pourquoi l'avez-vous prise ?
Miles
Te see what you said about us.
Miles
Pour savoir ce que vous aviez dit à notre sujet.
Quint
Be silent!
(He descends the tower.)
Quint
Silence !
(Il descend de la tour.)
Vous l'avez prise ? N'est-ce pas ?
Governess
Miles, dear lit t le Miles, who is it you see?
Who do you wait for, watch for?
La Gouvernante
Miles, cher petit Miles, qui est-ce que vous voyez ?
Qui attendez-vous ? qui guettez-vous ?
Quint
Do not betray our secrets.
Beware, beware of her!
Quint
Ne trahis pas nos secrets.
Prends garde ! Prends garde à elle !
Miles (desperately)
I don't know what you mean.
Miles (désespérément)
Je ne vois pas ce que vous voulez dire.
Governess
Who is it, who? Say, for my sake!
La Gouvernante
Qui est-ce ? Dites, de grâce !
Quint
Miles, you are mine.
Quint
Miles, tu es à moi !
Miles
Is he there? Is he there?
Miles
Est-il là ? Est-il là ?
Governess
Is who there, Miles? Say i t ! Say it !
La Gouvernante
Qui, Miles ? Dites-le ! Dites-le !
Quint
Don't betray us, Miles!
Quint
Ne nous trahis pas, Miles !
Miles
Nobody! Nothing!
(Quint comes even nearer.)
Miles
Rien, personne !
(Quint se rapproche.)
Governess
Who? Who? Who made you take the letter?
La Gouvernante
Qui ? Qui ? Qui vous a fait prendre la lettre ?
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Who do you wait for, watch for?
Only say the name
and he will go for ever, for ever.
Qui attendez-vous ? Qui guettez-vous ?
Dites seulement son nom
et il s'en ira pour toujours, pour toujours.
Ah! Don't leave me now!
(She holds him until at last she realises that he is dead
and lays him down on the ground.)
Ah ! Ne m'abandonnez pas !
(Elle le tient, se rend finalement compte qu'il est mort et le
dépose sur le sol.)
Quint
On the paths, in the woods,
remember Quint.
At the window, on the tower,
when the candle is out,
remember Quint.
He leads, he watches, he waits, he waits.
Quint
Sur les sentiers, dans les bois,
souvenez-vous de Quint.
A la fenêtre, sur la tour,
quand la chandelle s'éteint,
souvenez-vous de Quint.
Il dirige, il guette, il attend, il attend.
Ah! Miles! 'Malo, Malo!
Malo than a naughty boy
Malo in adversity.'
What have we done between us?
Malo, Malo, Malo, Malo.
Ah ! Miles ! « Malo, Malo !
Malo... qu'un méchant garçon
Malo... dans l'adversité. »
Qu'avons-nous fait de nous-mêmes ?
Malo, Malo, Malo, Malo.
Miles (shrieking)
Peter Quint, you devil!
(The boy runs into the Governess's arms.)
Miles (criant)
Peter Quint, espèce de démon !
(Il se précipite dans les bras de la gouvernante.)
Governess
Ah, Miles, you are saved!
Now ail will be well.
Together we have destroyed him.
La Gouvernante
Ah !Miles, vous êtes sauvé,
tout ira hien maintenant.
Ensemble nous l'avons détruit.
Quint
Ah, Miles, we have failed.
(Quint slowly disappears.)
Now I must go. Farewell.
(off)
Farewell, Miles, farewell.
Quint
Ah ! Miles, nous avons échoué.
(Il disparaît lentement.)
Je dois m'en aller maintenant. Adieu.
(en coulisse)
Adieu, Miles, adieu.
Governess
No, what is it? What is it?
Miles, speak to me, speak to me.
Why don't you answer? Miles? Miles?
La Gouvernante
Non, que se passe t-il ? Que se passe-t-il ?
Miles, parlez-moi, parlez-moi.
Pourquoi ne répondez-vous pas ? Miles ? Miles ?
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