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FOUTRAQUE - 8
FEEDBACK - PARIS (DIMANCHE 29 AOUT)
Homos, bobos, prolos, minots, vieux beaux, affreux jojos et autres animaux s’étaient donné
rendez-vous ce dernier dimanche d’août dans le Parc de la Villette, pour la seconde partie du
festival feed back, manifestation diurne à l’initiative d’un célèbre fabricant de jeans espagnol.
On avait hâte de revoir ce groupe dont tout le monde parle depuis des mois, qui n’a que quelques maxis à son effectif, mais dont le leader s’est fait un nom sur la scène rock mondiale.
James Murphy et son groupe LCD Soundsystem viendraient donc ensoleiller cet après-midi
grisâtre, avant que Samy Birnbach et les siens n’envahissent la petite scène soumise aux
tracas du climat.
Avant les new-yorkais, L’Amour à Trois ponctuait son warm-up de galettes obscures et
mythiques de Sonic Youth (aperçu l’avant-veille à Rock en Seine), DJ Assault ou encore
John Lennon. Eclectique et sans frontières.
L’ultime chanson d’amour Jealous Guy allait faire place au groupe américain, déjà aperçu dans
de très bonnes conditions à Benicàssim ainsi qu'à Saint-Malo. Rien de transcendant visuellement (James Murphy une main dans la poche, la petite Nancy Whang cachée derrière son
clavier), mais une grosse pêche au niveau du son : électro mutante sur Losing My Edge,
dance-rock avec The Beat Connection, rock’n’roll déviant sur Give It Up et punk digital pour le
stupide Yeah. D’autres extraits du « debut » album à sortir viendraient en outre rassurer les
aficionados du label DFA, même si on eut préféré par le passé les performances des Rapture,
autrement plus démonstratives.
Après ce bref show, le collectif L’Amour à Trois (pratique sexuelle en vogue ?), malgré une
pluie battante et un froid de canard dignes de la Bretagne, avait fort à faire pour contenter un
public mixte venu profiter des dernières opportunités de l’été.
The Undertones, Soulwax, The Gun Club, Alter Ego, The Beatles, Two Lone Swordsmen,
The Stranglers, The Buff Medways ou encore Hot Hot Heat passeraient dans les mains de
ces DJs, avant que ne déboulent sur scène les plus attendus du jour, Minimal Compact.
Auteurs de trois albums studio dans les années 80 (dont Deadly Weapons il y a tout juste 20
ans), les membres originels d’origine israélienne se sont reformés voici deux ans à la demande
des fans : Samy Birnbach (aka DJ Morpheus) au chant, Berry Sakharof et Rami Fortis à la
guitare, Malka Spigel à la basse et Max Franken à la batterie. Ce petit monde a bien survécu
au raz-de-marée électronique, proposant encore aujourd’hui un beau concentré d’énergie, mélange improbable entre traditions proche-orientales et sonorités occidentales. Oscillant entre
new-wave et punk-funk, avec des morceaux tels que Next One is Real, Statik Dancin’ ou Deadly Weapons... Une performance hallucinée, saluée à sa juste mesure par un public de
connaisseurs.
Les vieux étaient décidément dans la place…
A l’instar d’un sexagénaire sapé comme Gainsbarre, dansant sous la pluie comme pour mieux
se purger de ses excès.
Geoff - [email protected]
FOUTRAQUE Hors Série N°2
Une publication de Foutraque – l’Association
39 boulevard des Récollets
31400 Toulouse
[email protected]
Directeur de la publication : Jérôme Crépieux
Ont participé à ce numéro : Vincent Glad, Pierre Andrieu, Geoff, Samuel Charon, Mr
Hype.
ISSN : En cours
Commission paritaire : En cours
FOUTRAQUE
WWW.FOUTRAQUE.COM
Hors série N°2
Automne 2004
SPECIAL FESTIVALS
La rude saison des festivals estivaux semble bien loin.
Retour de façon aléatoire et non exhaustive sur un florilège de compte-rendus,
des équipes Foutraque, sur tous les fronts.
L’intégralité des avis de nos envoyés, forcément, spéciaux est consultable sur :
http://www.foutraque.com
PARIS-PLAGE - TARMAC (MERCREDI 21 JUILLET)
Une reprise des Clash en ouverture - Lose This Skin -, une des Stranglers - Cruel
Garden - pour conclure (ou presque) : Tarmac aura donné une orientation délibérément
rock à son concert de clôture de la première soirée du Festival Indétendances,
événement musical organisé par un célébre agitateur culturel (?).
Sise sur les quais de Seine, à l'ouest du pont de Sully, juste derrière une piscine du plus
bel effet (grande nouveauté 2004 de Paris-Plage), la scène de la manifestation accueillait donc, pour ce grand raout de lancement (Laurent Korcia, Sylvain Luc, Ilene
Barnes et The Servant les auront précédés), Gaëtan Roussel et Arnaud Samuel,
co-leaders d'une formation comportant également comme membre de choix Philippe
Almosnino, guitariste des Wampas de son état.
Dans la foulée d'un excellent album live, enregistré au Réservoir et sorti le 24 mai dernier (Concert au Réservoir, Paris, 23/12/2003, 21:00 (Atmosphériques)), le quintet (un
bassiste et un batteur complètent le groupe) aura joliment revisité, une heure et des
poussières durant, son attachant répertoire, qui doit autant à de grands anciens de la
chanson française (Brassens, Brel...), qu'à des artistes plus contemporains (Violent
Femmes notamment).
Ne cachant pas son bonheur de jouer dans un tel cadre (les paroles de Chaque Ville
pourraient bien devenir l'hymne de la manifestation estivale - " Comment te dire si l'on
est Parisien, On est tout autant Barcelonais, C'est Paris bord de mer, Ou Barcelone au
cœur des terres, Chaque ville est la tienne..." -), le groupe lâche la bride, sourit sans
cesse, salue les touristes en goguette qui passent sur les bateaux-mouche, et plus que
tout emballe un public qui communie avec lui. Qu'elles soient de tonalité folk, reggae,
dub, rock ou chanson, les compositions des deux albums studio, L’Atelier et Notre époque, sont en effet transcendées en live, révélant toute leur richesse, que renforcent des
textes humanistes et parfois engagés.
Belle entame pour une manifestation qui verra défiler, pendant un mois, des artistes
aussi intéressants qu' A.S Dragon, Rhésus, Mig, Stanley Beckford, Julien Ribot,
Les Ogres de Barback, Perry Blake, Lætitia Sheriff ou Blonde Redhead.
Et tout ça pour pas un rond !
Jérôme Crépieux - [email protected]
FOUTRAQUE - 2
EUROCKEENNES DE BELFORT - PJ HARVEY (SAMEDI 3 JUILLET)
Le concert de PJ Harvey sur la grande scène des Eurockéennes de Belfort 2004 a grandement contribué à faire de ce samedi 3 juillet un Perfect day comme on n’en vit pas tous les
quatre matins… Voir la diva anglaise en vrai, c’est quand même autre chose que d’écouter
ses disques (même en boucle) ou de suivre en direct sur un écran géant son concert à l’Olympia en 2001 !
Et oui, ce n’est un secret pour personne, Polly Jean possède un incroyable charisme : avec sa
voix - absolument bouleversante - , son attitude (mi majorette délurée, mi strip teaseuse toxique), sa tenue de scène à la fois classe et sexy, ses petits rires rafraîchissants, les quelques
mots qu’elle prononce entre ses
morceaux magiques, la troublante brune ne rencontre aucun problème pour ensorceler une
assistance entière en moins de temps qu’il ne faut à Brian Molko pour plonger tout le monde
dans un ennui profond. PJ Harvey (principalement au chant mais aussi à la guitare abrasive et
aux maracas), Josh Klinghoffer (un guitariste survolté dévalant les morceaux en perpétuel
déséquilibre doublé d’un deuxième batteur déchaîné), Rob Ellis (parfait à la batterie, aux
chœurs et aux claviers) et un dénommé Dingo à la basse vrombissante forment un véritable
groupe capable de transcender un répertoire en 1 h 15 chrono… Tour à tour ultra rock, blues
déglingué, bruitiste ou pop, les morceaux sont servis par des interprétations habitées, évocatrices et délibérément brutes. L’auditeur/spectateur se retrouve embringué dans une sorte de
danse tribale presque vaudoue, encouragé qu’il est par une fascinante meneuse de revue ravie d’être là… PJ Harvey ne pouvait pas trouver meilleure promotion pour son nouvel album
Uh huh her qu’un concert comme celui-ci où sa foi rock/blues irradie sa musique à chaque
instant. Chaque spectateur a pu vérifier de visu que le magnétisme imparable qu’on lui prête
habituellement n’était en rien usurpé…
Devant un tel spectacle, on se rend compte très clairement que Polly Jean Harvey est dévorée par un incroyable feu intérieur. Puisse t’il brûler longtemps encore, on croise finalement
assez rarement des musiciens possédant cet atout si précieux.
Pierre Andrieu - [email protected]
FIB - FESTIVAL INTERNATIONAL DE BENICASSIM - (DIMANCHE 8 AOUT)
Place aux jeunes, ce dimanche ! Avec Brian Wilson et Arthur Lee, le Festival de
Benicàssim accueillait là deux « fringants » sexagénaires, bien décidés à faire la nique aux
plus jeunes. Entre la surf music des Beach Boys et la pop psychédélique de Love, laquelle
des deux allait survivre aux années (presque 40 ans...) ?
On ne pouvait malheureusement imaginer pire entame de concert pour ces derniers. Alors que
Lee, très affecté par la mort récente de son ami Rick James (éminent musicien de funk, auteur du tube Super Freak) titubait, balbutiant quelques mots - inaudibles -, ses musiciens
tentaient en vain de maintenir le show.
Ce qui ne manquait pas d'agacer le public espagnol, traitant le pathétique vieillard de « hijo de
puta » (fils de pute) ou de « cabrón » (enculé) : charmant… The Red Telephone, extrait de
Forever Changes, allait plus tard venir réconforter une assistance toute retournée…
Cali, hidalgo catalan que l'on a bien peu de chances d'applaudir un jour au FIB, chante C'est
quand le bonheur ?
On pourrait lui répondre : à un concert de Brian Wilson ! Même s'il a très peu joué des morceaux de son album inédit Smile, le public avait le sourire et l'ex-leader des Beach Boys également. A l'écoute des classiques California Girls, Good Vibrations, Surfin' USA, I Get
Around…, on se serait cru dans les années 60, le temps de l'insouciance. […]
La foule des grands soirs allait répondre présente à la performance commune des deux rois du
minimalisme, Richie Hawtin le génial canadien et Ricardo Villalobos le chilien fou, tous
deux exilés à Berlin, capitale de l’électro mondiale. Un set sur deux platines mais à deux têtes,
donc. Minimaliste mais pas seulement. Beaucoup de finesse dans le mix des deux compères,
(suite page 3)
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l’histoire de ce tout jeune festival. Il faut dire qu’on a le droit à un Jack White absolument
gargantuesque. Un Jack White à cheveux longs qu’on croirait sorti d’un clip de Metallica
s’il ne portait son sempiternel tee-shirt rouge. Un Jack White qui plaque ses accords guerriers avec une énergie démoniaque.
Soulevant et labourant une foule plus qu’enthousiaste, les White Stripes offrent
d’excellentes versions de leurs grands tubes : Hotel Yorba, The Hardest Button To Button,
I Don’t Know What To Do With Myself… Mais crédibilité oblige, le duo joue essentiellement
ses titres les plus blues plutôt que les titres plus simplement binaires comme Hypnotise.
A la fois artistique et belliqueux, ce soir-là, vraiment, on ne pouvait rien reprocher au
groupe. Tout juste d’avoir oublié l’imparable Seven Nation Army. Un reproche vite dissipé
par un rappel, autant prévisible que génial, où les White Stripes se payent le luxe de jouer
une version relookée de leur tube. En sortant d’une telle prestation, on se dit que Detroit
mérite mieux que sa sale réputation. Il n’y a pas que de la rouille sur les rives du Lac Erié.
Et puis vers 21h30, c’est au tour de la guimauve d’entrer en scène.
Comme une pub pour les stands de sucrerie disséminés ça ou là, la jeune Joss Stone
prend possession de la Scène de la Cascade. Une occasion de ravir les journalistes du
Parisien mais aussi d’endormir les autres.
La « nouvelle Norah Jones » a des petits seins, c’est à peu près tout ce qu’on en retient.
Quand arrivent les Chemical Brothers, la nuit est déjà bien entamée.
Et les jambes des festivaliers aussi. Ce qui fait que finalement peu de monde danse sur les
rythmes hypertrophiés des 2 anglais. Le show visuel, avec lasers et écrans géant, est impressionnant mais peut être un peu trop pour des adeptes du rock. Les premières gouttes
de pluie tombent tandis que résonnent les notes du splendide Star Guitar.
L’esprit encore rêveur, on se retourne alors, on fend la foule et on espère que le métro sera
moins bondé que si l’on attend la fin du set des Chemical Brothers.
Pas de chance, arrivés station Pont de Saint-Cloud, des mecs de la RATP nous obligent à
acheter des places pour le retour, tout en sachant qu’il n’y a qu’un seul automate disponible.
Et on finit la journée comme on l’avait commencée.
En attendant.
Vincent Glad - [email protected]
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FESTIVAL DE SEDIERES - THE NATIONAL (SAMEDI 27 JUILLET)
[…] Leurs disques sont exceptionnels, leurs concerts sont mémorables.
The National est parti pour aller très loin, le magistral concert d’une heure donné à
Sédières est un indice supplémentaire de la très grande forme de ces New-yorkais
doués…
Comme lors de leur concert à Thiers en juin 2004, The National a marqué durablement les esprits de ceux qui avaient eu la bonne idée de se déplacer en Corrèze. Si
l’exceptionnel violoniste Padma Newsome n’est pas présent cette fois-ci, il est
remplacé par le guitariste Nate Martinez, ce qui permet à la cathédrale de bois et de
pierres de Sédières de résonner aux sons de trois guitares gorgées d’effets delay.
L’effet, justement, est particulièrement saisissant, on reste tout simplement coi devant cet enchevêtrement d’arpèges acérés et d’accords spatiaux. Le chanteur Matt
Berninger étant toujours aussi impressionnant vocalement et gestuellement, les rythmiques - très Joy Division - provoquant une fois de plus des soubresauts réjouissants, on passe à nouveau de précieux instants (trop brefs) en compagnie de ce
groupe ami. […]
Pierre Andrieu - [email protected]
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ROCK EN SEINE - SAINT CLOUD (VENDREDI 27 AOUT)
Tout commence sous un soleil étincelant. Au milieu des aveuglantes affiches vantant les
mérites du dernier album de Soulwax, une foule à l’allure plutôt branchée attend que ça se
passe. Et qu’ENFIN, ils veuillent bien ouvrir les portes du festival. Et, putain de merde, qu’ils
se dépêchent de fouiller les gens pour qu’ENFIN on puisse rentrer.
Une fois à l’intérieur, on découvre assez ébahis un joli site avec de l’herbe verte partout. On
se dit que les pauses seront agréables et peu productives : aura t-on au moins la force de se
relever et d’aller faire la queue pour une bière ? Une fois la visite du site effectuée et le manque de chiottes déploré, on se dirige vers le premier concert de l’après-midi, Scène de la Cascade.
C’est la fanfare country-rock de Blanche qui a l’honneur (?) d’ouvrir cette deuxième édition
de Rock en Seine. Après leur annulation aux Eurockéennes, on les attendait au tournant : ontils les épaules pour soutenir la hype qui s’est créée autour d’eux, du fait notamment de leur
amitié avec les White Stripes ? Et, force est de constater que la réponse est affirmative. Si le
groupe ne cherche pas la performance à tout prix,
Blanche a tout le magnétisme nécessaire pour fasciner les foules. Un set des compères de
Detroit est quelque chose d’un peu surréaliste. Deux chanteurs très charismatiques et un
backing-band quasi inexistant. Des looks extravagants et des instruments country un peu improbables. Alors quand Blanche ose l’énergie rock et le larsen qui tue, le public, en manque
d’Heineken, finit par se réveiller. Un concert réussi mais mal programmé : en début d’aprèsmidi, le Parc de Saint-Cloud était encore bien vide. Blanche méritait mieux que ça.
Alors que les allées du festival commencent à se remplir, advient ce qu’on est bien obligé
d’appeler un trou. Hasard ou plutôt erreur de la programmation, il ne se passe pas grand
chose d’intéressant pendant plus d’une heure après le concert de Blanche et en attendant
Electrelane et The Roots. On flâne donc sur les différents stands et puis on se dit qu’on va
se payer une bonne tranche de rigolade en allant manger nos pâtes à la napolitaine devant
Flogging Molly, premier concert sur la Grande Scène. Erreur : on ne rit pas beaucoup, on est
plutôt dégoûté, on avale de travers et on essaye pour la première fois nos boules Quiès.
Flogging Molly est un horrible groupe irlandais qui joue un punk à cornemuse. A quelques
heures de Sonic Youth, c’est à rien y comprendre. Peut être que les organisateurs de Rock
en Seine voulaient lancer le pogo. Pour ça au moins, c’est réussi : quelques festivaliers
(probablement déjà bourrés) se font plaisir en attendant mieux. Un petit tour quand même sur
la Scène de la Cascade pour voir à quoi ressemble Wax Poetic. Là encore, on ne comprend
pas grand chose. On nous annonçait du simili-jazz à la Norah Jones et on voit une chanteuse
de soul devant un orchestre rock. Dommage qu’on ne soit pas motivé et que le son soit déplorable, on aurait peut être pu se faire plaisir.
Eu égard à leur excellent dernier album, on attendait beaucoup d’Electrelane. Peut être un
peu trop. Il faut dire que Rock en Seine ne leur a pas vraiment offert des conditions favorables
à l’expression de leur talent : sur une scène bien trop grosse pour elles, bien trop ouverte pour
leur expérimentations intimistes, les 4 anglaises n’ont que partiellement convaincu un public
enfin au rendez-vous. D’autant que le son n’était pas mieux réglé que pour les concerts précédents. Dommage, vraiment dommage.
classe dans la dissonance quand les 3 guitaristes, en un rituel quasi religieux, martyrisent
leurs pauvres objets.
Une vraie humiliation sonique.
Mais Rock en Seine est loin d’être fini.
A peine trente minutes pour respirer que voici déjà venu le deuxième concert monstre de la
soirée, The White Stripes. Dans un décor de cabinet dentaire, voilà qu’arrivent Jack et Meg
White, les 2 grandes stars du rock aux rapports toujours aussi ambigus (amants, frères et
sœurs… ?). Alors que certains spectateurs peinent encore à y croire (« Non mais putain t’as
vu ? on est à 20 mètres des White Stripes, putain mais t’imagines comment que c’est
ENORME ? »), le duo de Detroit commence un concert qui fera incontestablement date dans
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et une qualité dont devrait s’inspirer de nombreux DJs : l’humilité. 50° C dans le chapiteau,
impossible de tenir plus de 20 minutes…
Beaucoup moins de monde assisterait par la suite au set de Tiga, le chouchou de ses dames,
auteur de tubes à la pelle (la reprise de Hot in Herre de Nelly, London Burning et récemment
Pleasure From The Bass). Un mix propre, progressif, impeccable. La star électro du moment,
à l’affiche du FIB pour la seconde année consécutive.
Sur la grande scène, Franz Ferdinand démontrait, une fois de plus, toute l'étendue de son
talent, livrant, pied au plancher, une prestation éblouissante de classe. Toujours aussi radieux, Alex Kapranos, Nick McCarthy et Paul Thomson (seul Bob Hardy, le bassiste, tire
la gueule, comme à son habitude - un rôle de composition), proposèrent 50' magistrales,
jouant même pour la 1ère fois en live, This Boy, composé quatre jours auparavant sur les routes de leur infernal périple estival. On retiendra plus que tout l'hystérie, très beatlesienne,
prévalant sur Take Me Out : électrique !
Le challenge qui s'offrait à Jason Pierce, leader de Spiritualized, était dès
lors particulièrement difficile à relever. Même si l'audience de son concert paraissait relativement modeste par rapport à celle de ses devanciers écossais, nul doute que personne n'aura
regretté d'avoir passé 3/4 d'heure en compagnie de la formation, ses compositions psychédéliques, fortement opiacées, transportant vers des cieux parsemés d'étoiles. Des moments
d'une grande intensité...
Bien moins convaincants, les Dandy Warhols avaient beaucoup de mal à justifier leur présence sur la grande scène, très brouillons dans l'exécution de leurs hymnes pourtant taillés
pour les stades : Bohemian Like You, Get Off, Every Day Should Be A Holiday...
Avec une Zia McCabe au ventre bien rebondi, enceinte jusqu'au fond des yeux, doit-on leur
souhaiter de prendre un congé parental prolongé ?
A un journaliste qui leur demandait lors de la conférence de presse : « Vous vous appelez
quand même les Chemical Brothers, quelle position adoptez-vous par rapport aux drogues ? », un Tom Rowlands visiblement embarrassé répondait : « For some people it works,
for some others not » (est-il besoin de traduire ?).
Le duo avait pour mission de clore les débats, avec son show huilé et acidulé, devant une
assemblée de festivaliers manifestement aussi en forme, après 4 jours infernaux, que des
cyclistes de la grande boucle lancés à 70 km/h sur les Champs-Elysées après 3 semaines de
course... L’habituel Hey Boy Hey Girl en ouverture allait être suivi des tubes Block Rockin’
Beats, Music: Response, Out Of Control ou encore Star Guitar, ainsi que de larges extraits de
leur prochain opus, très techno, à l'image de Come With Us. Un live énergique appuyé par
des visuels de qualité qui font que Rowlands et Simmons restent 10 ans après leurs débuts
les maîtres de cérémonie des plus grands festivals de rock. Un paradoxe ?
Dans le FIB Club, les sympathiques belges de Girls in Hawaii avaient la lourde tâche de
jouer en fin d’après-midi par une chaleur étouffante : ils emballèrent sans coup férir les quelques courageux à s'être présentés tôt (18h30) sous le chapiteau, faisant preuve d'une envie
d'en découdre peu commune. S'ils gardent la flamme, ces p'tits jeunes iront loin ! On leur souhaite d'être aussi fringants, dans quelques années, que les quadragénaires de Wire, dont le
punk-rock noisy n’a rien à envier, bien au contraire, à d'autres formations plus contemporaines. Jeunes, les musiciens de Pleasure le sont assurément, à l’aise dans leur électro-funk
teinté de disco. Jeunes et jolis, même… De vrais figures de mode.
Bien moins branchouilles, Kurt Wagner et ses compagnons de Lambchop, mais toujours
aussi classieux dans l'exécution de leur répertoire country/folk.
La nuit Output avait pour mission de réveiller les troupes une dernière fois avant l’adieu au
site, par une performance live des barrés Dead Combo, du troublant Colder et des « DJs
with attitude » Ivan Smagghe et Arnaud Rebotini (Black Strobe), pour une performance
platines + effets. Ouais, pas mal… Mais un peu trop dans l’air du temps sexy/dark/électro,
avec toutes ces grosses montées et ces faux délires acid. On espérait mieux des parisiens,
malgré la pertinence de leur tube The Abwehr Disco. Beaucoup trop froid, comparé à la spontanéité et la fraîcheur d’Ellen Allien.Stop. Fermez le ban.
Geoff - [email protected] (Ecrit en collaboration avec Jérôme Crépieux et Nicovara).
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LA ROUTE DU ROCK—ST MALO (VENDREDI 13 AOUT)
AZKENA ROCK FESTIVAL - VITORIA GASTEIZ (JEUDI 9 SEPTEMBRE)
Now It’s Overhead, après la mise en bouche citadine de l’après-midi (CocoRosie, donc, et
Velma, un duo suisse relativement farfelu), a le rude privilège d’ouvrir les débats au Fort de
Saint-Père.
A dire vrai, on a un peu de mal à comprendre les incessants louanges émanant de Bernard
Lenoir, « l’illustre » conseiller à la programmation officieux de la manifestation malouine.
Après leur performance, on peut en effet douter de les voir remplacer un jour R.E.M. dans le
cœur des habitants d’Athens (Ohio / Etats-Unis), d’où est également originaire la bande de
Michael Stipe.
Pas vraiment mauvais, mais facilement dispensable, dans un registre pop/rock où les groupes
bien plus intéressants sont légion.
The Beta Band, qui leur fait suite, ne fait guère plus impression, même si on sent que le fait
d’avoir annoncé leur split il y a quelques jours les a soulagés.
A contrario de leur concert parisien donné en mai, les tensions ne sont plus trop perceptibles,
et c’est tant mieux, même si le groupe a perdu énormément de sa folie et extravagance scéniques d’antan. Un « Au revoir », en français dans le texte, conclut la performance, après un
Broke explicite (« You won't cry for me »). Un « Au revoir », à défaut d'« Adieu », dû à une
maîtrise insuffisante de la langue de Voltaire ? (dernière date française avant séparation).
Succédant à des Kills anecdotiques (intéressants 5 minutes, l’espace, peu ou prou, de 2
morceaux ; leur formule rock'n'roll minimaliste tournant un peu en rond), la bande de Tom
Barman, le leader de dEUS, l'une des têtes d'affiche du week-end, semble accuser le poids
des années.
Le chanteur admet même, lors de la conférence de presse, avoir un mal certain à jouer les
titres les plus explosifs de son répertoire (Everybody’s weird, par exemple, qu’ils n’arrivent plus
à reproduire).
Bref, malgré un départ sur les chapeaux de roue (Theme from Turnpike / Instant Street), la
performance est plus ronronnante qu’autre chose, même si For The Roses, notamment, vient
rehausser l’intensité d’une set-list qui privilégie les titres mid-tempo.
Les nouveaux morceaux qui y sont inclus, au nombre de quatre, dont un achevé l’après-midi
même, en rapport manifestement avec la route du rock, laissent même planer quelques doutes
sur la qualité de la galette en cours d’enregistrement. Très décevant de la part d’un tel
groupe…
LCD Soundsystem réveillera quelque peu les festivaliers : même si James Murphy, le génial
producteur qui chapeaute la formation (le son The Rapture, Radio 4, c’est lui), chante un peu
comme une patate, le live fonctionne mieux que bien, et les boucles électroniques explosives,
les lignes de basse démoniaques agrémentées par des percussions déchaînées sauront faire
se remuer la maigre assemblée (sur les 5500 spectateurs du vendredi, une grande partie aura
quitté le Fort après dEUS), notamment sur la fin, à l’occasion du redoutable enchaînement
Losing my edge / Yeah.
RJD2, qui conclut, surveille, à l’instar d’un grand chef, ses galettes vinyliques comme le lait sur
le feu.
Le voir courir sans cesse entre son bac de disques et les quatre platines disposées sur une
vaste table est un spectacle ahurissant, d’autant plus quand on s’aperçoit qu’il n’est même pas
muni d’un casque !
Cale-t-il ses disques seulement en fonction des sillons, y’a-t-il des marques disposées sur les
faces ?
Quoiqu’il en soit, la démonstration est époustouflante, même si le bonhomme met un certain
temps à trouver la ligne musicale appropriée :
les deux dernières jams seront en effet bien plus convaincantes que la première. Techniquement au top, même si l’artistique est parfois à revoir !
Un inventaire exhaustif de la biographie des New York Dolls devait être effectué en urgence
avant leur apparition scénique, devant 3 000 personnes, en ouverture de la 3ème édition de
l’Azkenarockfestival (A.R.F.).
Un membre originel étant récemment disparu (le bassiste Arthur Kane), il devenait indispensable d’énumérer les survivants (soit les quinquas David Johansen et Sylvain Sylvain),
vérifier les absents (le sexpistolisé Steve Jones, pourtant annoncé à renforts de publicité) et
tenter d’identifier les « remplaçants », au jeu du qui est qui.
Jouer les poupées fatales de Big Apple en 2004 pourrait prêter à sourire. Comment imaginer
les Dolls se dandiner sur des titres gravés il y a 30 ans, alors qu’elles ont déjà célébré, dans la
plus grande des discrétions, leurs demi-siècle de « rock’n’roll attitude » ?
Mais l’A.R.F. est familier avec ce type de résurrection : en 2003 ce furent les Stooges, les
Dictators ou encore Ray Davies qui furent à l’honneur.
Et finalement ce type de festival demeure une aubaine pour ceux qui n’ont pas vécu les
épopées musicales, en temps réel.
Fraîchement permanenté et techniquement au point en terme de régime minceur, David
Johansen (désormais vague sosie de Mick Jagger)
ressurgissait de l’underground, vers 3 heures du matin, sur les planches du Recinto Mendizabala.
Sylvain Sylvain, fougueux comme un jeune étalon, et parfait en maître de cérémonie, allait
donner le La de la soirée.
Du riff, du brut, du pur, du rentre-dedans. Bref, du wock’n’woll !! On s’imagine, en revanche,
que les volets sexe et drogues sont devenus de vagues souvenirs pour les N.Y.D. !
Appuyé par de jeunes musiciens - basse, guitare, et clavier sosie de Charlot (!) - le « duo »
historique relève le défi d’atténuer 30 années de vie, de succès fulgurant et de descente aux
enfers, en quelques secondes. Afin de scander quelques uns de ses hymnes favoris Personality crisis, Looking for a kiss, Trash… A la plus grande satisfaction du public espagnol, réactif et érudit, comme à son habitude.
Et qui en redemande indéfiniment.
Seul, léger, bémol à cette pertinente reformation, l’ignoble pupitre dont Johansen fait usage
(où figurent textes et éventuellement onomatopées à éructer comme yeah, c’mon…). Sitôt les
lumières rallumées, un seul terme vient à l’esprit.
Encore.
Jérôme Crépieux - [email protected]
Samuel Charon - [email protected]
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La rentrée est passée, profitez-en pour compter (sur) vos amis*...
Le constat :
L’ami est comme l’or ou l’immobilier, c’est une valeur refuge. Considéré à juste titre
comme une bonne pâte, l’ami est toujours disposé à vous prêter du sel quand le manque
se fait sentir. Mais plus que ça, l’ami se révèle être un véritable atout social : remplissant
une ligne de votre répertoire, envoyant parfois des SMS, faisant votre promotion auprès
de tierces personnes, il est multifonctions et ne nécessite aucune prise USB.
Le problème :
Tout le monde ou presque a des amis et de fait, malgré son indiscutable utilité, l’ami
n’est en soit pas plus hype qu’un porte-clés.
La solution :
Bânissez l’ami lambda et choisissez des amis branchés. Ça marche à tous les coups: les
gens trinqueront avec vous et vous appelleront par votre prénom.
Le début de la célébrité.
(*Dr Branchouille étant actuellement en cure d’érudition, Mr Hype assure le relai)