Jorge Luis Borges - art
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Jorge Luis Borges - art
Jorge Luis Borges - Le livre de sable Il m'en aura fallu du temps pour vous le raconter, tant cela était atroce. C'était en février 69. Il devait être dix heures du matin, je me reposais sur un banc Face à la mer, l'eau était grise ce jour-là, je pensais. Alentours, il n'y avait pas grand monde, sauf à côté de moi sur le banc, Quelqu'un était assis. J'aurais préféré être seul, mais je dois m'efforcer à être sociable De temps en temps. Nous essayâmes de communiquer et je me rendis compte Tout de suite que cet homme n'était rien de moins que moi. Nous sommes assis tous les deux sur ce banc, à regarder la mer. J'avais des cheveux gris, et lui, ceux de ma jeunesse. Dans un premier temps, il ne me crut pas lorsque je lui révélais cette vérité, Il m'a fallu donner quelques preuves des points communs nous liant D'une façon irrévocable. Je lui faisais alors l'inventaire de notre maison, Celle de notre enfance commune, tout y passa, du pot de chambre aux lustres, Des livres les plus divers aux dictionnaires les plus insipides, Sans oublier cette fin d'après-midi passé au premier étage d'un petit immeuble D'une place dont je ne me souvenais plus le nom. Il me le donna, Et me dit que nous rêvions certainement. Peut-être, peut-être pas, mais pour l'heure, Nous devons accepter cette aventure, nous ne pouvons faire autrement de toute manière. Et si le rêve se prolongeait ? dit-il avec anxiété. Pour le calmer, je lui dis : Mon rêve a duré soixante-dix ans et aujourd'hui je fais le point sur moi-même, C'est pourquoi tu es là. Veux-tu savoir quelque chose de mon passé, c'est à dire Ton avenir à toi ? Demande, et je te dirais tout. Aujourd'hui, mère est en pleine forme, Elle vit là-bas dans cette maison qu'on voit au loin, mais père est mort depuis trente ans D'une maladie de coeur. Grand-mère est également morte, Mais que veux-tu, on meurt chez nous comme partout. Je ris en disant cela, mais cela n'eut aucun effet sur mon interlocuteur. Elle avait dit avant de mourir : " Que personne ne s'affole, je suis une vieille femme En train de partir, il n'y a rien de plus normal ! ". Et père ? me demandes-tu. Toujours avec ses plaisanteries, il disait que Jésus ne voulant pas se compromettre Préféra se verser dans la religion... Et toi ? Moi, j'ai écrit beaucoup trop de livres, De la poésie aussi, elle te procurera un plaisir inouï, Tu verras par toi-même ! Il y a eu une autre guerre entre les mêmes protagonistes, Et les dictateurs n'ont pas manqué de par le monde. Aujourd'hui, Les choses vont mal, nous sommes coincés d'un côté par les Russes, de l'autre Par les Américains, et là maintenant, je ne sais où nous allons. Je ne le sentais pas très à l'aise dans cette situation. Il serrait un livre entre ses mains, C'était "Les Possédés" de Dostoïevski. J'avais oublié cette lecture. Il me fit part de ses projets d'écriture. Je demeurai pensif, les yeux rivés Sur les planches de cette plage. Je lui demandais s'il aimait les hommes, Les croque-morts, les facteurs, et puis ceux qui habitent des numéros pairs... Il me dit que son livre traitait des gens pauvres, des opprimés et des parias. Tout cela me paraît vague, lui dis-je et continuais à parler, mais c'était dans le vide. Sortant de ses pensées, il me fit : Si vous avez été moi, pourquoi avez-vous oublié cette rencontre de maintenant ? Je n'avais pas pensé à cette difficulté, alors je lui répondis n'importe quoi. Comment se porte votre mémoire après soixante années d'existence ? Elle retrouve encore ce qu'on lui demande, je la maintiens comme je peux, C'est important la mémoire d'un homme l'ayant utilisée plus qu'il n'aurait fallu. Et si nous n'étions pas un songe, mais le désir d'être deux ? À discuter ensemble ainsi, je compris que nous ne pouvions pas nous comprendre. Nous étions trop différents, Trop semblables, nous étions chacun la copie caricaturale de l'autre. Écoute, lui dis-je, donne-moi une pièce de monnaie, pensant à un rêve, fait jadis Où après avoir traversé le paradis, on me donna une fleur et où à mon réveil Cette fleur était là dans un vase posé sur ma table de nuit. Sans trop comprendre, il me remit une grosse pièce contre laquelle je lui offris Un billet de banque daté d'aujourd'hui et c'est là qu'il se trouva confronté À la réalité de notre situation : j'étais bien lui, mais lui avec cinquante années de plus. Le billet était de 1964, il en fut tout bouleversé et pour dissiper son trouble, Il me parla de littérature comme si de rien n'était. Je le regardais, tranquille, Et lui proposais de nous revoir le lendemain, sur ce banc ayant reçu en même temps Une même personne à deux époques différentes de sa vie. Il accepta regardant la plage, les vagues, témoins de cette rencontre d'un autre type, Où le passé et le présent se confondaient. Je lui dis qu'on allait me chercher et lui, Qu'il avait un rendez-vous un peu plus loin, alors on se sépara, et Je ne pus m'empêcher de calculer l'âge que j'aurai lorsqu'il aura le mien, À ce moment-là, j'aurai perdu la vue. Le lendemain je n'allais pas au rendez-vous, Lui non plus probablement. Était-ce un rêve ou un produit de mon imagination ? Il me plait de jouer à ce jeu-là : me perdre dans des contes à n'en plus finir, Les uns venant à la suite des autres, racontant au jour le jour ce qui m'arrive ou Ce qui pourrait m'arriver, comme chacun le fait à sa manière par le truchement Des rêves, des phantasmes ou des actes bizarres. Il n'y a rien d'extraordinaire là dedans, C'est dans la nature même de l'homme de créer des images pour des raisons obscures, Qu'un homme un jour viendra peut-être nous dévoiler. Mais revenons à notre récit. Jeune, j'avais rencontré dans une ville anglaise une femme. Je vais vous raconter Par le détail, s'il vous plait, les toutes premières heures de cet évènement ayant marqué Mon existence à tout jamais. Cela se passa la nuit et puis aussi le matin qui a suivi. On se rencontra dans un endroit ordinaire, un bar, fréquenté principalement Par des hommes. Quelqu'un lui offrit un verre, elle le refusa, rétorquant n'aimer Ni l'alcool, ni le tabac. J'avais l'impression d'être au cinéma, dans un fim avec Jayne Mansfield... Elle était norvégienne et moi un jeune homme de passage, Un jeune homme comme les autres. Nous sommes donc en Angleterre, Je la regardais, car cette fille me plaisait à l'évidence pour sa beauté trouble Et sa douceur que je devinais, et puis son corps, mince, élancé me faisait penser À d'autres femmes que j'avais aimées auparavant. Les traits de son visage M'impressionnèrent. Son sourire me faisait rêver, il allait si bien Avec ses vêtements noirs et sa façon de parler accentuant les R. avec sensualité. Je lui dis être professeur et notre relation commença ainsi. Le lendemain je descendis de bonne heure dans la salle à manger. Dehors, il neigeait. Elle était là assise à une table, j'allais la rejoindre et nous allâmes nous promener Dans cette campagne maintenant recouverte d'un blanc NEIGEUX. J'étais amoureux d'elle, cela ne faisait l'ombre d'aucun doute, mais elle ne se troubla pas De me voir ainsi et m'annonça qu'elle allait à Londres, moi j'allais à Edimbourg, Nous ferons la route ensemble après le repas de midi. Je l'embrassai, Et pour me remercier, elle me promit d'être mienne dans une auberge où nous irons. Pour moi, cette aventure serait peut-être la dernière, mais pour elle, ce ne pouvait être Qu'une parmi d'autres, ce n'était pas son métier, mais en Norvège on vit Autrement ces choses-là, il y a les saunas, la nature, le sexe plus facile, Plus sain en quelque sorte. Nous reprîmes notre chemin la main dans la main. Elle me parla d'un roi et d'une poterie, je ne comprenais rien, mon esprit Était ailleurs, je l'enlaçais déjà dans mes bras lorsqu'un loup hurla au loin, Et un oiseau se mit à chanter. Elle choisit ce moment-là pour m'annoncer qu'elle allait mourir. Je voulus traverser le bois pour aller dans la ville, mais elle m'en dissuada, Disant qu'il y avait danger à y entrer, alors nous prîmes le chemin le plus long, Celui de la lande. La tenant par la main, je désirais voir ce temps durer toujours, Mais ce mot toujours est-il du domaine des humains, aujourd'hui j'ai un nom, Une identité, mais demain, après-demain, je ne serais plus rien, Un grain de sable tout au plus. Son regard se porta sur moi, j'en fus troublé Et pendant un léger moment, j'oubliai qui elle était, quel était son prénom. Nous aurions pu être deux personnages sortants d'un livre, avec des rôles Si différents de notre vraie vie, et de cela nous en étions conscients tous les deux, Nous ralentîmes le pas pour placer notre histoire à une époque lointaine Où l'un des protagonistes reproche à l'autre d'interposer entre eux Une épée, mais une épée dans leur lit. Et pendant que je parlais, Nous nous trouvâmes devant un hôtel, un hôtel pour la nuit, Avec une chambre et un lit. Tout à coup, elle fut prise de panique, elle vit des loups partout. Je la rassurais tant que j'ai pu, la prenant même par le bras pour monter l'escalier À la tapisserie rouge sang et aux motifs les plus vulgaires. La chambre était des plus modeste, les mansardes me rappelèrent des souvenirs De ma tendre enfance et si je n'avais été accompagné d'une aussi belle jeune fille, Je me serais installé sur le rebord de la table pour écrire toutes ces impressions Se bousculant en moi et ne demandant qu'à sortir de ma plume. Maintenant, Elle se présenta à moi entièrement nue, me regarda avec le regard d'une femme Sachant parfaitement où elle mettait les pieds, mesurant parfaitement Ces jeux et enjeux du monde des adultes... Dehors, la neige tombait dru, Et dans la chambre, dans le lit, aucune épée ne s'était immiscée dans notre intimité. Le temps s'écoula comme le vent, comme le sable... Lorsque l'amour lâcha prise, Je compris avoir aimé pour la première fois, mais aussi pour la dernière. Je me réveille, j'ai un autre nom, il a une résonance guerrière, pourtant Je suis l'homme le plus doux, le plus inoffensif de la terre, J'ai les cheveux gris, j'ai soixante-dix ans déjà. Dans une chambre d'hôtel, Je continue à donner des cours d'anglais à des élèves pour continuer à payer Mon lit et ma pitance. Je vis seul, comme je l'ai toujours fait, par habitude Ou manque de courage, de confiance en moi, je ne suis pas marié, pas divorcé, Je suis seul depuis le premier jour de ma naissance. Je ne me plains pas N'ayant rien connu d'autre, et puis se supporter est déjà une sacrée affaire, Alors avoir sur le dos un autre cas Avec sa pathologie propre, non merci, trop peu pour moi... Je ne sais si c'est le fait de vieillir, mais depuis quelque temps Les choses m'intéressent de moins en moins, je m'en sens éloigné, Étranger à tout, aux hommes, à leurs actions surtout, je n'y trouve aucune couleur, Aucun appel à la joie. Rien n'est nouveau en ce bas monde, et ça, nous le savons Depuis la nuit des temps, alors pourquoi cette impression est-elle si forte, Si pesante aujourd'hui ? Quand j'étais jeune, je passais des heures à regarder le ciel Sans raison particulière, j'aimais le monde avec ses habitants, ses faubourgs, Ses banquiers, ses voyous. Le malheur des gens ne me faisait pas peur, Alors que maintenant, je préfère de loin la vie tranquille et la sérénité de mon jardin. Je ne pense plus à changer le monde, je me suis inscrit à un club du troisième âge, Où ma présence est des plus inutiles, j'essaie d'apprendre à jouer aux échecs. Vous qui aimez lire mes textes, si vous allez dans votre bibliothèque de quartier, Vous risquez avec un peu de chance de tomber sur mon livre Qui mérite une nouvelle version avec moins de fautes d'orthographe. Si je vous signale cet objet sans importance pour quiconque, ce n'est nullement Pour en faire sa publicité, mais le directeur de Bibliothèque où je vais, Homme fort instruit par ailleurs comme il se doit, m'a demandé expressément Je ne sais pour quelle raison, d'en parler ici, alors voilà, vous êtes informé. Un jour je vous raconterai des choses sur lui, mais pour l'instant, Je veux vous parler de moi. Je vis donc seul. Il y a quelques jours, Je croisais dans l'escalier mon voisin de palier, il m'annonçait la mort D'un homme connu de nous deux. Des décès il y en a toutes les heures, Alors pourquoi celui-ci m'affecta plus qu'il ne fallût ? Je passais ma journée Tristement à rien pouvoir faire, à rien penser d'intéressant, et pourtant Je ne connaissais pas particulièrement cet homme, il m'était étranger, Je l'avais vu tout au plus une ou deux fois, mais j'avais fait à son sujet Une obsession mentale, une fixation. Je me sentis encore plus seul et le souvenir D'un Congrès très ancien me revint à l'esprit et je me rendis compte d'un fait, J'étais le dernier survivant de cette fameuse assemblée, et donc, De ce qui s'y était passé, je ne peux rien dévoiler à personne. C'est terrifiant ! Bien évidemment, des congressistes, ce n'est pas ce qui manque dans nos villes, Ils le sont tous, et moi, je le suis à ma manière, je le suis d'une façon différente. Je lève la tête, fier comme un coq dans une salle de cinéma, Et mes collègues de bureau peuvent aller se faire voir ailleurs, J'en ai rien à faire. Je me souviens de la date et de ce qui s'est passé ce jour-là. Nous avons juré tous les Dieux de la terre de rester muets Quant à ce qui se passerait lors de notre congrès. Mais par le seul fait de vous en parler, ne deviens-je pas un parjure ? Je regarde le dictionnaire et la définition de ce mot, Je ne l'aime pas, il me salit, pouah ! Parfois en écrivant je ne suis pas d'une grande clarté, mais dans le fond Pourquoi ne pas mettre mes lecteurs dans la difficulté, dans la vie les choses Ne sont pas toujours simples et ça, vous le savez aussi bien que moi... Je n'ai jamais été du genre à raconter une histoire avec un début, un milieu, une fin, Plan par plan comme au cinéma, j'ai préféré dès mes débuts être Dans l'invraisemblance, d'autres auteurs, d'autres poètes, Avant mon arrivée dans l'arène du verbe, ont fait ce choix soit volontairement Soit pour d'autres raisons obscures que nous respecterons absolument. Je quittais ma ville natale très jeune en 1899 pour atterrir à Buenos Aires, Et il m'a fallu me faire à cette ville comme on se fait à n'importe quoi, Sans espoir d'y vivre longtemps : j'avais la conviction que mon expérience Sur cette terre serait réduite, je mourrai bientôt, et donc, Je ne dois pas perdre à mon temps à vous parler pour rien dire. Certains ont la conviction qu'avec le temps ils changeront, certes physiquement, Mais pour le reste, on reste comme on est venu, pas terrible en général, Parfois pire encore. Je connu l'instinct de vie poussant à faire, À me présenter au Congrés du Monde ou à devenir un jour rédacteur d'un journal, Ce qui pour beaucoup représenterait le summum de la réussite sociale. Ce métier de journaliste ne m'a jamais déçu, dès le début je savais que par ce biais, Je ne changerai pas le monde avec mes articles, les gens les lisent, Puis les jettent aussitôt après. Il ne reste rien de ces mots sinon le vide complet. Comme tout écrivain j'aurai voulu laisser une trace dans l'esprit de mes concitoyens Et de leurs enfants pour les voir plus tard se battre pour mes causes. La politique me prit assez rapidement après cette prise de conscience, Je me devais de trouver un autre moyen d'expression pour me faire entendre, Le Congrès s'imposa à moi à l'issue du premier mois de mon travail de journaliste. Je me souviens très précisément comment je fis connaissance avec cette institution. J'avais invité un collègue de bureau avec qui j'avais sympathisé pour fêter Mon premier salaire, mais il avait autre chose à faire. Une réunion de la plus grande importance se passait en un lieu mystérieux Et il n'était pas question pour lui de la louper en aucune façon. Cela m'intrigua Dans un premier temps, je le questionnais et j'appris ce que la majorité De notre peuple ignorait. Un samedi, Irala m'invita à l'accompagner, avant Il avait fait le nécessaire pour m'obtenir l'autorisation d'entrer avec lui. C'était à la fin de la journée, dans l'autobus il me parla de ces réunions, Elles se passaient dans un salon de thé et il y avait quinze à vingt congressistes. Nous entrâmes dans ladite pièce où en son milieu se tenait une vaste table Et autour, ces hommes dont mon ami m'avaient parlé, Mon regard se porta immédiatement sur le président. Ce ne pouvait être que lui, cet homme aux cheveux gris et au regard fixe Plein d'assurance et au volume imposant de son corps. Le Président, De sa main droite, s'appuya énergiquement sur cette canne d'or pour ne pas tomber Et puis de l'autre, tenait une feuille de papier où son discours était écrit dessus. Autour de lui, de jeunes garçons aux allures de frêles mannequins, le regardaient Droit dans les yeux affectivement et surtout admirativement. Ils quittèrent tous la salle pour se diriger en coeur au buffet dressé à leur intention Et où un brunch les attendait avec thé, café et chocolat chauds Accompagnés de petits croissants et de marmelades d'oranges et de citrons Venant directement de Londres, lieu idéal pour ce procurer ces produits de luxe. Depuis un temps difficile à définir, une jeune femme les attendait patiemment Alors ils s'attablèrent à côté d'elle et d'un enfant de dix ans, probablement Son fils naturel ou d'adoption, portant un habit de marin mais ayant l'air bien fatigué. À cette table, d'autres invités furent heureux de voir venir leur matador, leur Dieu, Toutes les religions étaient représentées et aussi toutes les couleurs de peau. Malgré la clarté de ma description ici développée tant bien que mal et Mes maigres possibilités d'écrivaillon, l'ensemble de la scène Reste toutefois encore flou dans ma tête, elle se présente à moi Comme une photo un peu jaunie par le temps, les photographes vous diraient D'une couleur sépia, peut-être, mais je préfère la garder en moi, Ne pas la divulguer à l'ensemble de mes lecteurs, car elle donnerait une idée Trop déformée de la réalité, un peu kitch par rapport aux personnages Auxquels nous devons un minimum de respect. Tous les groupes humains, Qu'ils soient artistiques, politiques ou de toutes autres natures, Ont un point commun : leur langage est incompréhensible si par malheur Vous ne faites pas partie de leur cellule. Et c'est encore pire Lorsqu'il s'agit comme ici d'un congrès dont chaque participant, petit à petit, Se doit d'enregistrer ce qui est dit, et pourquoi on le dit de cette manière, Puis aussi, dans un laps de temps très court, retenir les noms De tous les congressistes connus ou inconnus, sans oublier évidemment Votre voisin de table comme il se doit. Comment devais-je me comporter dans ce monde si nouveau pour moi ? Je pris la posture de ne pas poser de questions à celui qui avait bien voulu Me faire entrer dans cette confrérie, lui comme moi, restions muets en ce lieu. Les réunions se passaient tous les samedis, alors pendant près de deux mois J'y suis allé religieusement, ne voulant en aucune façon en louper une seule, D'autant qu'avec le temps je fis des connaissances dont une me permit De recevoir gratuitement des leçons d'anglais...