Spécial JM 2015

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Spécial JM 2015
Bulletin de Liaison Intermittent et Sporadique
SPÉCIAL
JEUNES MAJEURS
SCOLARISÉS
HORS SERIE
1er septembre 2015
MIGRANTS SANS ASILE JEUNESSE SANS PAPIERS, JEUNESSE VOLEE
JEUNES SANS PAPIERS
Ce qu'ils sont, ce qu'ils disent
CHOISIR LA FRATERNITÉ, PAS LA PEUR
Aux centaines de milliers de migrants demandant asile, droit
de circuler ou répit, l’Europe et le gouvernement français en
particulier opposent refus et fermeture, à de minimes
exceptions près. Là où il faudrait un vaste effort de solidarité
à l’égard d’hommes, de femmes et d’enfants fuyant la
guerre, l’oppression et la misère, ils alignent les forces de
l'ordre et des millions d'euros pour « sécuriser » les
frontières.
L'immigration présentée comme un problème, c'est le
discours de droite, qui a gangrené une partie de la gauche.
Rien d’étonnant à ce que ce gouvernement se montre tout
aussi incapable de répondre aux attentes des jeunes sans
papiers scolarisés et de ceux qui les soutiennent.
A ces quelques dizaines de milliers de jeunes étrangers
scolarisés, désireux d'apprendre, de se former, de travailler,
Hollande, Valls et Cazeneuve persistent à proposer précarité
du titre de séjour, arbitraire des préfectures et pour nombre
d'entre eux obligation de quitter le territoire (OQTF). Au
mépris de ce qui devrait être des droits fondamentaux, droit à
la vie privée et familiale, droit à la scolarité, droit de circuler
librement.
Le ministre de l'intérieur, poigne d’acier sous gant de velours
et discours lénifiant, apôtre, pareil à ses prédécesseurs, de la
brutalité dans l'humanité, ou le contraire, dit exclure toute
possibilité de légiférer sur les jeunes scolarisés. La loi
immigration débattue au cœur de l'été à l'Assemblée
nationale les ignore. Les jeunes scolarisés restent depuis
novembre 2012 soumis à l'application discrétionnaire de la
circulaire Valls, dans les faits un véritable instrument
d'exclusion de ces jeunes. Scolarisés MAIS arrivés après 16
ans, au jour près (!), REFUSES ! Dans certains départements,
les OQTF pleuvent, d'autres lâchent des Autorisations
provisoires de séjour de 3, 4 ou 6 mois, à la tête du client
attendant que les jeunes soient privés du soutien de leurs
établissements pour les expulser. D'autres délivrent des titres
étudiant aux jeunes en CAP. Pour tous ces jeunes, des heures
de classe perdues dans les files d'attente que Manuel Valls
prétendait ne plus vouloir voir aux portes des préfectures, ou
à tenter d'obtenir un rendez vous par internet.
Rien ne change, vraiment ! Si ce gouvernement hésite à
expulser les lycéens par peur des réactions de leurs
camarades, il a choisi de les maintenir dans la précarité
ANGERS RUTH, 15 ans, est en France avec sa mère depuis
3 ans. Celle-ci, déboutée de sa demande d'asile, sous le coup
d'une OQTF, est menacée d'expulsion. Chassées de leur
logement, elles se battent et ont obtenu le soutien des
enseignants, parents d'élèves et de plusieurs élus. Ruth vient
de réussir son brevet avec mention. En juin, elle s'est
adressée à François Hollande. « Vivre cette vie est très dur,
insupportable en vérité, je vous le dis, Monsieur, je suis
épuisée, mon cerveau, mon corps, veulent du repos. Je veux
juste aller en cours, que ma mère ait un emploi, reprendre
mes cours de danse classique que maman ne peut plus payer,
avoir une maison, une chambre, un chien, je veux pouvoir
aller en vacances comme tous les français, faire un échange
scolaire avec un pays, je veux aussi travailler bientôt, aider
ma mère à payer mes études, je pense que dans toutes mes
envies et espoirs, il n’y a rien qui puisse nuire à ce pays. »
Elle n’a reçu aucune réponse. Une honte pour le président de
la République.
quotidienne, avec la peur justifiée de l'arrestation et le
traumatisme des enfermements en rétention, refusant de leur
donner un avenir, aveugle et sourd au message qu'il envoie,
celui d'un pays replié face à la mondialisation des hommes et
des idées, excluant les pauvres, redoutant les jeunes.
Tout jeune majeur étranger présent sur le territoire, ayant
été scolarisé en France ou engagé dans une formation, et
qui, par le passé, n’a pas reçu de titre de séjour à sa
majorité, doit être régularisé de droit avec un titre de
séjour pérenne.
Il faut l'inscrire dans la loi.
Le drapeau des valeurs républicaines hissé si haut dans les
discours au début de l'année flotte bien mou ces derniers
temps. Que les politiques ayant un peu de courage et un peu
plus d'imagination osent s'emparer de la situation des
étrangers dans ce pays et affronter ceux qui prennent des
décisions en notre nom. Il y a urgence à repenser un monde
respectueux des droits et de la dignité pour tous
JEUNESSE SANS PAPIERS, JEUNESSE VOLEE
interdit de venir à la remise des médailles car à sa majorité, il
est devenu sans papiers. ILLÉGAL. La décision déclenche
l'indignation de ses profs qui médiatisent largement.
Ce qu'ils sont, ce qu'ils disent
Armando sera finalement reçu avec la même pompe que ses
camarades et le jour même, le préfet de Loire lui délivre une
ANGERS. MILENA en France depuis 7 ans, vient de réussir autorisation provisoire de séjour, puis un titre Salarié.
son bac ES avec mention B au lycée Du Bellay d'Angers.
Inscrite en fac d'économie. Ses parents, Arméniens déboutés
LYCÉENS EN COURS DE SCOLARITÉ PLACÉS EN
à deux reprises de leur demande d'asile, sous le coup d'une
RÉTENTION
OQTF, doivent pointer chaque jour au commissariat. C’est
ANNÉE SCOLAIRE 2014/2015
« normal » ?
ESSONNE. MASSAMAN, malien, venu à 16 ans, rejoindre
sa mère en France après une agression qui l'avait laissé dans
le coma. La demande de regroupement familial avait été
rejetée. Massaman est en 1ere Bac Pro commerce au lycée
Baudelaire d'Evry ; il est aussi champion junior d'Ile de
France de saut en longueur, entre autres titres ! A 18 ans,
Massaman dépose un dossier de demande de régularisation
mais la préfecture de l’Essonne estime qu’il n’apporte pas la
preuve de son intégration en France et lui demande de quitter
le territoire français. Un préfet jaloux du fait de ses
médiocres performances ?La mobilisation des lycéens, des
habitants de Corbeil-Essonnes et de son club d’athlétisme va
sauver Massaman, la pétition réclamant sa régularisation et
une autre politique à l’égard des jeunes ramène plus de 1800
signatures. « A titre exceptionnel », le préfet jaloux revoit
sa copie, annule l'OQTF et régularise Massaman.
OISE CHRISTIAN revient vraiment de loin ! Mineur isolé
venu du Nigeria à 16 ans, mais déclaré majeur après avoir
passé des tests osseux. L'OFPRA, tenant compte de sa
minorité pour sa demande d'asile, ne l'a reçu en entretien qu'à
sa majorité mais pour la préfecture il reste majeur et sans
papiers. Entre temps, il a pu être scolarisé en CAP. La
préfecture tente à deux reprises de l'expulser alors qu'il doit
passer à la CNDA le 3 juillet 2015. Assigné à résidence pour
45 jours, il doit se présenter toutes les semaines à l'hôtel de
police. Le 29 juillet, il est sur le point d'être emmené en
centre de rétention, quand soudain il est libéré sur ordre de la
préfecture. La CNDA lui a accordé la protection
subsidiaire !!! Autrement dit, l’Etat français a persécuté
pendant des années, privé de toute aide, assigné à résidence,
et tenté d’expulser un garçon qui, finalement, est reconnu
réfugié malgré les critères très sélectifs de l’OFPRA.
Maintenant, il a son récépissé avec autorisation de travail. Il
peut retourner au lycée en toute tranquillité, ou travailler l'an
prochain. Il peut enfin se projeter dans l'avenir et vivre sans
la peur au ventre.
BELFORT. KARLEN, 4 ans et 7 mois de présence en
France avec ses parents et sa sœur, vient de réussir son Bac S
et s'est pré-inscrit en fac de médecine. Le 21 juillet, la police
intervient à leur domicile. Seul Karlen est présent, interpellé,
il est conduit au centre de rétention de Metz, avec un départ
pour l’Arménie prévu le lendemain. Un recours a été déposé
pour retarder ce départ. La voiture de police qui l'emmenait à
Roissy fait demi tour. La mobilisation des militants, des
habitants et des élus le sauve. Il est libéré mais pas
régularisé, sa famille non plus.
ST-ETIENNE. ARMANDO, jeune majeur isolé albanais,
meilleur apprenti de France en ébénisterie, alors en CAP au
CFA de St-Etienne. En mars 2015, le président du Sénat lui
14 LYCÉENS en cours de scolarité (en réalité davantage)
arrêtés et enfermés en rétention au cours de l'année scolaire
2014/2015. Libérés parce que leurs camarades, leurs profs,
des élus, et ceux qui estiment que ces jeunes sont avant tout
des lycéens, ont exprimé leur refus de l'expulsion.
144 JOURS DE RÉTENTION au total, des enfermements
de 2 à 30 jours, tous ont été libérés = un GACHIS de 144
jours. Traumatisme pour ceux qui en sont les victimes,
gâchis économique (un gouvernement à la mode Macron
devrait le comprendre). Et l'efficacité du message envoyé à
la droite, vraisemblablement nulle.
N'ont pas été décomptés les jours, les mois de prison,
pourtant infligés à Lyon à des mineurs isolés accusés, suite à
des tests osseux impropres à cet usage, d’avoir menti sur
leur âge
Camila Barbosa, brésilienne, arrivée à 15 ½ en France. 1ère
bac Pro au lycée Santos-Dumont de Saint-Cloud (92).
Régularisée depuis.
2 mois de prison pour Kelson, angolais, CAP chaudronnerie au lycée Louis Armand à Villefranche sur Saône,
accusé d'avoir menti sur son âge. Un exemple parmi près
d'une dizaine d'autres jeunes EMPRISONNES.
Cheik Traore, ivoirien, CAP Serrurier-métallier à l'EREA
Edith Piaf à Paris.
Kamel Nwazou, camerounais, 17 ans, CAP Bâtiment au
lycée Auguste Perret à Poitiers.
Yero Sall, mauritanien, CAP menuiserie au lycée Léonard de
Vinci à Paris 15ème.
Saïd Araike, tunisien, CAP Agent Polyvalent de
Restauration au lycée La Coudoulière à Six-Fours (Var).
Cheik Bouchiki, arrivé à 12 ans en France avec ses parents,
CAP au lycée Gallieni de Toulouse, OQTF en juillet 2014 !
Alaa Belkhir, algérien, Terminale Bac Pro Télécom et
Réseaux au LP la Tournelle La Garenne-Colombes (92).
Baptista Quinanga-Amigo, angolais, 19 ans, 2ème année de
CAP¨Froid -climatisation au lycée Edmond Labbé d’Oullins.
Karlen Tadevosyan, 21 ans, arménien, à Belfort depuis 4
ans et 7 mois, venant de passer son Bac S, interpellé et
conduit à Roissy le lendemain, LIBERE le même jour
Ali Sangare, CAP mécanique au lycée Chaplin-Becquerel
de Décines. Enfermé au CRA St Exupéry depuis le 3 août.
Romik Amaryan, 2ème année CAP Constructeur en Ouvrages
d’Art au lycée Amyot d'Inville de Senlis. En France avec sa
famille depuis plus de 5 ans, scolarisé depuis 3 ans, demande
de régularisation rejetée.
Charles Ahmed, jeune majeur isolé nigérian, CAP serrurier
métallier au lycée Jean Lurçat à Fleury les Aubrais (45).
Ex-lycéens, s'ils n'ont pas été régularisés pendant leur
scolarité, ils se retrouvent ensuite particulièrement
menacés. A titre d'exemple :
Amine Triki, tunisien arrivé en France à 15 ans, pour
rejoindre ses oncles et tantes, qui subvenaient à ses besoins.
Bac pro outillage/modelage au lycée Hector Guimard à
Lyon. 1ère OQTF en janvier 2013. Arrêté sur son lieu de
travail, libéré grâce au soutien d'une forte mobilisation de ses
ex-enseignants et camarades.
César Dias Baptista, angolais, au CRA Saint-Exupéry
depuis le 6 août. Arrivé à 16 ans en France, pris en charge
par le Conseil général de l’Isère, bac SI au lycée Jacques
Brel de Vénissieux. Etudiant en licence de physiquesciences de l’ingénieur à Lyon 1.
ON N'EST PAS FATIGUÉ !
TROIS MOBILISATIONS TENACES, PARMI D'AUTRES
pouvoirs publics. Les télés s'en emparent, et l'Hôtel de ville
ne peut pas y être insensible : voilà à la Toussaint, puis à la
veille des vacances de Noël, des hébergements d'urgence
trouvés, que suivront des prises en charge par des structures
spécialisées. Des jeunes restent en rade, il faut intervenir
quotidiennement, des équipes d’enseignants interviennent (le
lycée Guimard en est l'exemple le plus connu, qui lui aussi
proclame sa volonté d'héberger ses lycéens à la rue pour
qu'ils soient également à l'abri). L'effort collectif paye : ces
jeunes sont maintenant logés, pris en charge, on peut parler
scolarité et avenir professionnel.
Avec deux bémols toutefois : les conditions matérielles sont
assurées au minimum (nourris, logés, des bourses scolaires
dans le meilleur des cas et c'est tout) et les questions
pratiques se posent tout le temps (pour les transports
notamment). On est content d'avoir avancé, mais on navigue
encore à vue.
Et se pose bien sûr la question des papiers, pour tous ces
jeunes qui accèdent progressivement à la majorité.
Sur ce point central, les maires d'arrondissement ont assuré
les jeunes de leur soutien. Le feront-ils avec force ? La
Mairie de Paris prendra-t-elle le relais ? La Préfecture
écoutera-t-elle ? L'expérience a montré qu'il faudra
construire une vraie pression. Ce qui a été possible pour
l'hébergement doit l'être pour les papiers.
L'accueil est le seul choix humainement possible, il faut s'en
donner les moyens matériels et juridiques.
AMIENS
LE COMBAT DES JEUNES ISOLES ETRANGERS, A la fin des classes, les internats scolaires ferment. Où vont
avec la FIDL, à PARIS
les lycéens isolés, tout juste majeurs ? A la rue, ou en
quémandant deux fois par jour, s'ils ont de la chance, dans
Le grand choc : pour tous ceux qui, solidaires, connaissaient
une structure du SAMU social, au quotidien avec des adultes
les familles sans-papiers dont les enfants sont scolarisés ou
plus âgés, en situation de grande misère.
les jeunes en fin d'études qui se heurtent à des barrages du
Ils sont six, suivis par RESF, sans doute plus nombreux, en
fait de leur situation administrative, la présence de jeunes à
CAP restauration, Seconde Bac Pro commerce (il avait
la rue, mineurs le plus souvent, une centaine à Paris, a été
demandé un apprentissage en boulangerie), Terminale CAP
une découverte.
plomberie, 1ère Bac Pro logistique, Terminale Bac Pro
A la rue ? Certains sont sceptiques, la plus grande partie de
électrotechnique, Seconde générale.
l'opinion ignore l'existence de ces jeunes arrivés seuls et mal
Dès la mi-juin, la mobilisation des profs, des syndicats et des
accueillis à leur arrivée : l'Aide sociale à l'enfance (ASE),
élus s'amplifie. Un premier rassemblement sous la pluie
qui mérite peu son nom, refuse souvent de les prendre en
devant le rectorat est suivi le 2 juillet d'une installation de
charge, contestant leur minorité (mise en cause de
tentes devant la Préfecture d'Amiens. A quelques jours du
l'authenticité des papiers, usage des tests osseux et de
passage du Tour de France, ça fait désordre et la police est
simples impressions négatives); par contre ceux qui le
massivement déployée. L'initiative, qui compte plusieurs
demandent (une grande partie d'entre eux vient de l'Afrique
élus permet d'arracher différentes audiences (Rectorat,
de l'Ouest francophone) peuvent s'inscrire dans des
Préfecture, Conseil Départemental) et une solution de
établissements scolaires.
hébergement le temps des vacances en attendant mieux de la
Ceux que l'ASE rejette se sont ainsi retrouvés au mieux dans
part du Conseil Départemental, pour la rentrée scolaire 2015.
un coin de cuisine ou dans une chambre surpeuplée d'un
foyer de migrants; pour d'autres, à Paris, ce sont les gares, le
métro, les bus, avec la peur de se faire agresser, le manque
HERVÉ Mbadu Matsuela, né au Congo Brazzaville,
de nourriture.
orphelin, est arrivé au lycée Branly d'Amiens en septembre
A la rentrée 2014, l'arrestation et la mise en rétention de l'un
2013, actuellement en 1ère électrotechnique, accueilli à
d'eux, focalise l'attention. Il est libéré mais le fait qu'il doive
l’internat de ce lycée en 2014. Pris en charge par l'ASE en
aller à l'hôpital quelques jours plus tard (vivre à la rue n’est
tant que mineur.
pas très bon pour la santé !) est le point de départ d'une
A ses18 ans, l'ASE refuse de lui attribuer un contrat jeune
mobilisation très marquée dans le Nord-Est parisien même si
majeur, aux motifs qu'il fait « preuve de maturité et
d’autres arrondissements sont concernés.
d'autonomie dans les actes de la vie courante » et qu'il a
Les épisodes sont nombreux qui voient intervenir avec
« tissé de nombreux liens amicaux »(sic). A la rue depuis le
succès un syndicat lycéen, la FIDL. Celui-ci a l'idée
24 juin, date de fermeture de l'internat Branly jusqu'au 1
d'héberger démonstrativement une vingtaine de ces jeunes :
septembre. Il avait déjà dormi dehors le week-end du 31 mai
pas pour fournir une solution de remplacement (d’autant que
parce que le SAMU social n'avait pu l'accueillir.
les locaux ne s'y prêtent pas) mais pour interpeller les
UN AN D'ACTIONS DEPUIS JUIN 2014 EN SOUTIEN
AUX LYCÉENNES D'ANGERS MENACÉES
D'EXPULSION.
Au collège La Venaiserie, d'abord, autour de Ruth et de sa
mère : pétition, rassemblements, installation de tentes et
chorale ambulante devant la préfecture et autres lieux
stratégiques de la ville, journée de grève des enseignants,
pique nique, soirée festive, manif à vélo, interpellation
publique des élus, dépôt des mille premières signatures à la
préfecture, course solidaire, parrainage républicain de Ruth,
compte à rebours public annonçant l'occupation du collège.
Le Préfet ne fléchit pas. Qu'à cela ne tienne, Ruth écrit
publiquement à François Hollande. Le 24 juin, un
happening surprise rassemble plus d'une centaine de profs,
parents et élèves qui mettent en scène au pied du Grand
Théâtre la régularisation de Ruth. .En présence, mais oui !
De Marianne, du préfet, de la ministre de l’Éducation
nationale, et du président de la République – presque – chair
et en os. Le collège de la Venaiseraie à Saint-Barthélemyd'Anjou, près d'Angers, ne désarme pas.
Blog : http://mobilisationcollegesaintbarthelemy.over-blog.com/
LA GRANDE BRADERIE DU DROIT À
L'ÉDUCATION
J'avais dix-huit ans. Je ne laisserai personne dire que c'est
le plus bel âge de la vie.
Majeur ou déclaré majeur sur la base de tests osseux
inadaptés, majeur à un jour près, dans le pays de Hollande et
de Valls, de Najat Vallaud Belkacem aussi, cela suffit pour
faire des jeunes étrangers des exclus de droits et
particulièrement du droit d'apprendre et de se former.
Manquerait-on de place dans les écoles ? Ou de courage et
de la conviction chevillée au corps et à l'esprit qu'une société
qui rejette plutôt que d'instruire court à sa perte. L'ignorance
plutôt que l'école ?
NANCY
Abdoulaye, confié à l’ASE 55, est inscrit en Bac Pro Aide à
la personne au LEP de Commercy alors qu'il a été admis en
formation de boulanger. Qui a décidé ? L'ASE 55 qui lui
refuse aussi l'hébergement de week-end quand il devient
majeur et sans papiers.
Eric, affecté par le conseil de classe dans un LEP public est
finalement scolarisé dans le privé payant, plutôt curieux ?
Alors que le même Conseil Départemental de Meurthe et
Moselle prétend qu'il manque de moyens pour prendre en
charge les mineurs isolés étrangers.
Boua. Rayé des listes de son collège, privé d'internat, parce
que majeur et condamné pour présentation de faux papiers.à
3 mois de prison avec sursis.
Région de LYON
Le Conseil départemental du Rhône a dégainé l'arme lourde
pour priver les jeunes étrangers isolés de leur droit à l'école.
Le verdict tombe à coups de résultats de tests osseux qui
presque tous les déclarent majeurs. S'en suivent, pour
plusieurs dizaines d'entre eux, des poursuites pénales et les
condamnations à des peines de prison, jusqu'à 4 mois pour
certains, avec sursis pour d'autres, et des amendes en milliers
d'euros. Plusieurs d'entre eux sortent de prison pour être
enfermés en centre de rétention. Et la rue, la misère. L'école
dans tout cela ? Les formations interrompues en plein milieu,
les examens auxquels on ne peut pas se présenter. La
ministre de l'Education dit faire campagne contre le
décrochage scolaire. Les décrocheurs sont tout près d'elle ...
les tests osseux, leurs
conséquences pour les MIE
expliqués au grand public
à paraître début septembre
ILE de FRANCE
A Paris, le CASNAV affecte les jeunes étrangers isolés dans
les établissements scolaires, après leur avoir fait passer des
tests de niveau. Avant 2015, 90% de ces jeunes présentés par
l'ADJIE (collectif d'associations pour l'accompagnement et
la défense des jeunes isolés étrangers) étaient scolarisés.
Depuis janvier, nouvelles consignes, seuls quelques rares
jeunes (des situations particulières) ont reçu une affectation.
Le couperet exclut les jeunes non suivis par l'ASE ou
majeurs.
Multiples refus d'inscription scolaire pour les enfants de
familles sans papiers logées en banlieue par le SAMU Social
de Paris. Les plus jeunes parviennent à être scolarisés à force
d'interventions répétées, les plus de 16 ans restent en rade.
Réseau Education Sans Frontières
www.educationsansfrontieres.org
Quelques abréviations
APS Autorisation
provisoire de séjour
ASE Aide sociale à l’Enfance
CRA Centre de
rétention administrative
MIE Mineur isolé étranger
OFPRA Office Français de Protection
des Réfugiés et Apatrides
OQTF Obligation de quitter
le territoire français
VPF Titre Vie privée et familiale